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29/07/2007

Moranvioù e brezhoneg/surnoms bretons

"Lamm a ma hent" : "Enlève-toi de ma route", "Dégage de mon chemin"; setu ul lesanv, ur moranv, roet d'un den hag a veze imoret fall alies awalc'h (klevet genin e Bro An Alré). Moranvioù evel-se a veze roet d'ur bochad tud ha familhoù, e Breizh-Izel... Ur bern lesanvioù a zo bet dastumet get Mikael Madeg (lennit da heul).

Les Bretons se donnaient des surnoms entre eux, à telle personne, à telle famille, au point que, parfois, les noms officiels, d'état civil, étaient presque oubliés. Mikael Madeg a recolté beaucoup de ces surnoms (lire à la suite).

Livre : "Choix de surnoms bretons du Pays vannetais"

a0f8d41d043f9955ad04d994486f83c3.jpgDans la Bretagne d’il y a quelques décennies seulement, le surnom était tout un art. Un art qui se perd un peu aujourd’hui, dans la Bretagne des villes. Cette pratique était tellement courante dans les milieux populaires que les noms officiels de certaines familles ou personnes étaient beaucoup moins utilisés que leurs surnoms (“lesanv” ou “moranv” en breton vannetais).

Vers 1980 Mikael Madeg, titulaire de deux doctorats d’études celtiques, a collecté plus de 3.000 surnoms dans la Pays vannetais bretonnant, soit dans la moitié ouest du Morbihan, de Gourin à Surzur, de Kergrist à Locmiquélic... 300 de ces surnoms sont présentés dans un livre intitulé “Choix de surnoms bretons du pays vannetais”. Il s’agit d’une réédition, d’allure modeste, mais agrémentée de dessins de Reun An Honseg.
Chaque surnom est expliqué en français, et cette explication renvoie aux us et coutumes de la société rurale. Les surnoms étaient rarement élogieux, souvent moqueurs, voire plus. Ainsi en était-il de Pierre “douroù”, soit littéralement “Pierre les eaux”, surnom collecté du côté de Kergrist.

Selon Mikael Madeg ce paysan n’était pas réputé pour sa sobriété, ce qui eut été une qualité, non, il s’agissait d’autre chose. Les travaux des champs demandaient beaucoup de personnels avant la mécanisation. Et les voisins allaient travailler les uns chez les autres. Mais il fallait nourrir toute cette main d’oeuvre, et l’arroser aussi, avec forces barriques de cidre. Afin de limiter les frais, Pierre coupait son cidre d’eau, ce dont les voisins se rendirent compte, évidemment. Et, je cite l’auteur, “ce comportement moralement inacceptable lui avait valu la seule sanction possible : un surnom. Car nul ne pouvait se passer du voisin, si avare soit-il”...

Ce livre est ainsi parsemé d’anecdotes humoristiques, voire sociologiques sur les us et coutumes de l’époque. Certains surnoms sont même entrés dans la toponymie officielle comme “Fine Skarzh ar poch”, du côté de Locmariaquer, qui correspond au lieu-dit “Sarpoch”. Il s’agissait du surnom d’une tenancière de café... “Skarzh ar poch” signifie “vide le sac”, mais de quel sorte de sac ou de poche s’agissait-il ? Pourquoi tel marin a-t-il été surnommé “Krev an avel” du côté de Quiberon ? Tel prêtre de grande taille “Skeul ar baradoz”, “Echelle du paradis”, du côté d’Auray; ou encore tel habitant de Camors “Jamari hej e gorf” ? Les réponses sont dans ce petit livre.

Christian Le Meut 

“Choix de surnoms bretons du Pays vannetais” réédité par Label LN, maison d’édition basée à Ploudalmézeau dans le Finistère. Tél.02.98.48.14.57. Prix : 14 euros.

Ul levr : “Choix de surnoms bretons du pays vannetais”

8be20abae6f343f5ac6865ff6fb6faf7.jpgD'an amzer a-gent e veze roet d’an dud lesanvioù (pe moranvioù e vez lâret ivez e brezhoneg), e Breizh Izel. Tost echu eo an dra-se hiziv an deiz met moian zo da zizoleiñ moranvioù barzh ul levr anvet : “Choix de surnoms bretons du pays vannetais”, skrivet get Mikael Madeg. Ugent vloaz zo Mikael Madeg en’doa dastumet, tri mil lesanv. Tri c’hant zo kinniget getan barzh al levr-se, e galleg. N’eo ket kaer bras al levr-se met danvez zo e barzh memestra, ha tresadennoù graet get Reun An Honseg.

Hervez Mikael Madeg al lesanvioù veze savet kentoc’h evit diskouez techoù fall, traoù rebechet d’an dud; pe evit gober goap doc’h ar re-lesanvet. Ur skouer : koste Kergrist un den oa bet lesanvet “Pierre Douroù”. Perak ta ? Ne veze ket evet dour kement-se getan, un dra all eo. D'an termen-se e veze ret d’al labourision douar mont da sikour get o voizined, kenlabourad e-pad an eost, da skouer. Pierre hag e familh a yae da labourat barzh tachennoù e amezeion. Hag ar re se a zeue da labourat barzh e dachenn. Ret e veze mageiñ ar re-se, ha reiñ sistr dezhe da eved ha pas dour... Ya, met sistr Pierre ne oa ket ken mat : re a zour oa a barzh. Lakaet veze dour barzh e sistr get Pierre, ar pezh ne blije ket d’e amezeion, tamm ebet... Met ne oa ket bet rebechet dezhan, rak e veze ret kenlabourat getan memestra; dober veze ag ur bern tud da eostiñ, d’ar c’houlz-se. Met an amezeion, kounnaret un tamm, ‘doa kastiet Pierre e reiñ dezhan ar moranv-se : “Pierre douroù”.

Lesanvioù, moranvioù a-bep sort e gaver barzh al levr-se, cherret e Bro Gwened koste Pondi, Sarhau, An Oriant, an Alre, Gwened, ha c’hoazh. Displeget int d’an doare fentus ha speredek. Dre-se e c’heller kompreiñ gwelloc’h spered ha buhez pemdezieg ar Vretoned hiriv hag en amzer paseet... Perak veze graet “Job an Alc’hwezioù” ag ur paotr a Sant Thual ? “Job ar Chtou” ag unan all e Pleuigner ? “Krev an avel” ag ur martolod koste Kiberen pe c’hoazh “Fine Skarzh ar Poc’h” d’ur vaouez a zalc’he un davarn koste Lokmariaker ? Ha peseurt pochoù veze skarzhet ? Doc’h-c’hwi da ouiet e lenn al levr-se.

Christian Le Meut

Choix de surnoms bretons du pays vannetais” zo bet adembannet get Label Ln, e Ploudalmézeau. Niverenn pellgomz : 02 98 48 14 57. 14 €.

19/07/2007

Livre : Terre et mer, sagesse et proverbes de Bretagne

36004df8fee66515ed00841256a23bd7.jpg"Terre et mer, sagesse et proverbes de Bretagne" est le titre d'un livre qui vient de paraître aux éditions du Chasse Marée; 430 pages de photos (superbes) et de rimes, proverbes et jeux de mots en breton, traduits en français (il y en a quelques-uns uniquement en français ou en gallo).

Les photos sont de Michel Thersiquel, photographe breton récemment décédé. Elles nous donnent à voir paysages, couleurs, pêcheurs artisans et agriculteurs au travail... La Bretagne de la terre et de la mer, mais pas celle des villes.

Les citations ont été choisies par l'ethnologue Daniel Giraudon. Certaines sont facilement compréhensibles comme "Bern n'eo ket mammenn" ("Un tas n'est pas une source"); d'autres sont uniquement des jeux sur les sons et enfin quelques citations auraient mérité plus d'explications :"Malarjez, Malarjez/Me garje vije bemdez,/An eost teir gwech ar bloaz/Ha Gouel-Mikael/Bep seizh vloaz/"...  "Mardi gras, mardi gra/j'aimerais que ce soit tous les jours/la moisson trois fois par an et la Saint Michel tous les sept ans"... Pourquoi la Saint-Michel tous les sept ans ? Parce que les paysans payaient leurs fermages (loyers) à cette date et certains la voyaient approcher avec appréhension.

Enfin, si la matière du livre est en breton avec traduction en français, les pages de couverture sont, elles, uniquement en français. Allez comprendre pourquoi ? "Terre et mer" sont, pourtant facilement traduisibles ("Douar ha mor")... Malgré ces quelques réserves, cet ouvrage est un beau livre, plaisant à feuilleter, instructif, et drôle parfois.

Terre et mer, Daniel Giraudon-Michel Thersiquel, Le Chasse marée (abri du marin, 29177 Douarnenez cedex, Tél : 02.98.92.66.33); 19,9 €, 430 pages, édité en 2007. 

Christian Le Meut

Levr : Terre et mer, sagesse et proverbes de Bretagne

b5b54e8d27e44a31b31f8752c687f935.jpg "Terre et mer, sagesse et proverbes de Bretagne", setu ar pezh a zo skrivet war pajenn gentañ al levr nevez-se, embannet get ar Chasse-Marée. Ger ebet e brezhoneg war ar pajennoù kentañ ha diwezhañ daoust d'ar "rimadelloù a bep sort" embannet e-barzh bout skrivet e brezhoneg ha troet e galleg (un nebeut a zo nemet e galleg pe e gallaoueg). An danvez diabarzh a zo e div yezh met pas an diavaez, kit da gompren perak...

Bourrapl eo memestra al levr-se : ur foto tennet get Michel Thersiquel, tenner poltridi a Vreizh, marv n'eus ket pell zo, a zo embannet get pep rimadell. Breizh ar mor hag ar maezioù a zo diskouezhet dre ar  fotoioù ha dre an troioù-lâret dastumet ha dibabet get Daniel Giraudon, ethnologour a Vro Dreger. Labourerion douar ha pesketourion e labourat, an natur, tud ha livioù ar vro : setu temoù ar fotoioù kaer tennet get M. Thersiquel. Bez ez eus ivez kêrioù e Breizh, met n'int ket diskouezhet amañ. 

Rimadelloù a zo aes da gompren evel "Bern n'eo ket mammenn". Ul lodenn a zo c'hoarioù war ar gerioù ha n'o deus ket ster ebet met un nebeut all a zo diaes da gompren ha n'int ket displeget : "Malarjez, Malarjez/Me garje vije bemdez,/An eost teir gwech ar bloaz/Ha Gouel-Mikael/Bep seizh vloaz/"... perak "Gouel Mikael bep seizh vloaz"? Rak paeet e veze o koumanantoù get al labourerion douar d'ar miz-se.

Daoust d'an traoudigoù-se, ul levr brav ha dudius eo, farsus ha kentelius a wezhoù ivez.

Terre et mer, Daniel Giraudon-Michel Thersiquel, Le Chasse marée (abri du marin, 29177 Douarnenez cedex, pellgomz : 02.98.92.66.33); 19,9 €, 430 pajenn, embannet e 2007.  

Christian Le Meut 

11/07/2007

Mais pourquoi aurions-nous une autre langue ?

Il y a quelques mois j'éditais une note essayant d'expliquer pourquoi certaines personnes, comme moi, tenons à maintenir vivante une langue, la langue bretonne, dont l'avenir est incertain et le présent compliqué : le nombre de locuteurs est en régression permanente malgré l'apparition des écoles bilingues qui ne compensent pas la disparition des dernières générations de bretonnants de langue maternelle; le statut des langues régionales reste ambigu puisque la seule langue officielle en France est le français, etc. Lectrices et lecteurs de ce blog, vous avez déjà eu l'occasion de lire des choses la-dessus. Histoire d'alimenter le débat, un de mes amis, Georges, enseignant, habitant à Saint-Etienne, livre ici ses remarques par rapport à cette note parue en avril et que vous pouvez lire ou relire en cliquant sur le lien direct. Les intertitres sont de la rédaction!

" D'accord avec ce que tu dis... avec trois réserves et une question :

Une strictement personnelle à moi la mienne, qui, tu verras tourne quand même au débat linguistique...
 J'ai compris, au sens de l'intelligence de la chose, ta démarche et tu sais que je la respecte. D'une part par sympathie pour toi mais aussi, et c'est sans doute plus intéressant, parce que c'est une démarche sincère, profonde et fondamentalement enracinée dans le respect de l'autre (en particulier le non Breton ou le non bretonisant). Tes arguments portent, il m'ont fait beaucoup avancer dans la compréhension d'un phénomène qui m'est très étranger et qui m'apparaît encore souvent comme porteur de haine ou de xénophobie. Pas chez toi, pas dans ta démarche, et tu es le premier à dénoncer les ayatollahs dont je parle ! Mais tu sais de quoi je veux parler et ce n'est pas la peine d'en discuter plus longtemps.

Par contre, je veux préciser ce que je dis quand je dis que je ne "comprends pas". C'est beaucoup plus ancré en moi que le niveau de compréhension emphatique ou 'intelligent' que je viens de décrire. Cette démarche m'est complètement étrangère, et c'est en ce sens là que je dis que je ne te comprends pas ! C'est, je pense du à mon histoire personnelle... et à celle de mon "terroir". Je ne suis pas un homme de racine ! La seule lignée familiale que je connaisse est celle de ma mère et elle n'est pas très fournie. J'avoue ne pas y attacher non plus beaucoup d'importance... Je ne dépasse pas le niveau de mes grands parents (et encore !) dans la construction mentale de mon arbre généalogique... Et ces gens là parlaient déjà français !.. Qu'eux ou leurs aieux aient souffert d'une déculturation linguiste ne fait pas l'ombre d'un doute, mais je n'en suis même pas le témoin indirect ! Quant à ma lignée paternelle, je n'en connais rien si ce n'est le nom et le prénom de celui qui n'a été guère plus que mon géniteur ! Cette histoire personnelle sans être en aucun cas douloureuse n'invite pas trop au culte des racines ! Un psychanalyste y verrait sans doute beaucoup de choses... j'avoue humblement me satisfaire d'un inconscient discret à ce niveau là ! Et, quitte à me chercher une quelconque névrose, de la situer dans ce secteur !

Saint-Etienne et le Forez 
Pour ce qui est de mon "terroir", je suis profondément un citadin, un Stéphanois. J'aime à me promener dans ma région natale et la trouve fort belle, mais de là à revendiquer là aussi une appartenance il y a loin ! Le Forez n'a pas grande unité ni géographique ni historique ni linguistique. Il s'y parlait une langue d'oc, bien entendu, mais très rapidement mâtinée de français et sans doute partie prenante dans la création de cette langue. Les patois ont été rapidement supplantés par un français qui n'est pas, loin s'en faut, un standard de pureté ! Par contre, je suis très attaché aux expressions locales et à l'accent spécifique de Saint Etienne. Ces mots de mineurs et d'ouvriers dans lesquels j'ai grandi me sont chers et j'aime à les employer. Leurs origines sont surprenantes : patois locaux des paysans descendus à la ville, parlés des mineurs polonais passés par la Lorraine, expressions des patrons lyonnais, plus récemment quelques mots d'arabe... Ce mélange chaleureux et créatif m'enchante ! Il y a des mots dont je n'ai pas la traduction en français "pointu" (c'est comme ça qu'on appelle le parlé des Parisiens chez nous).

Babel : une félicité ! 
Mais ce n'est pas la transmission qui m'obsède. Seulement le plaisir des sens et du sens. J'aime à jouer avec les mots, surtout ceux là ! J'aime à partager mon bonheur mais je suis persuadé que mes enfants trouveront d'autres mots ailleurs pour trouver ce plaisir... C'est la fonction de la langue qui m'intéresse dans ces "jeux", pas la langue elle même. J'aime aussi à jouer avec le parler SMS ou ce que j'appelle le shortenglish, l'anglais de boutasse qui me permet de parler à un Espagnol ! Je serais plus près de la Bretagne ou nous parlerions plus ensemble je suis certain que je pidgimiserais aussi la langue celte avec délectation ! Aucune ferveur si ce n'est un respect total pour cet instrument de pensée, de structuration, de beauté, d'expression, d'échange, de compréhension qu'est une langue. Babel n'est pas une damnation mais une félicité ! C'est parce qu'on ne se comprend pas qu'on peut chercher à se comprendre ! Mais peu importe l'idiome. Il sera toujours porteur de sens et ouvrira à la poésie, à la science ou à l'échange si on veut la poésie, la science ou l'échange. Il ouvrira aussi à l'ostracisme et à la guerre si on veut l'ostracisme ou la guerre ! Donc, et " deomp d'ar gêr " , peu m'en chaut du breton, mais vive le breton !

Une société patrimoniale
Une autre réserve sur la notion de patrimoine et de sa conservation qui confine à la question philosophique.  Notre société actuelle est une société patrimoniale. Il faut conserver, protéger, restaurer, accumuler, transmettre... Je ne suis pas persuadé que ce soit une voie pérenne ! Je pense plutôt que cette volonté d'attachement matériel à la chose matérielle est un symptôme d'un mal beaucoup plus profond. Nous vivons une époque qui a perdu le sens de l'humain et qui à la fois scie la branche sur laquelle elle est assise tout en traitant le bois pour qu'il ne pourrisse pas ! Notre humanité se raccroche à ce qu'elle peut pour ne pas voir le néant dans laquelle elle se jette à corps perdu... Nous sommes essentiellement des êtres de passage, sitôt venus, sitôt partis. C'est dur à admettre mais c'est notre destinée humaine, environ 80 ans pour nous (et c'est déjà beaucoup plus qu'il n'y a pas si longtemps ! ) point à la ligne ! Les obélisques ou les pyramides de verre n'y changeront rien !

Heureusement, il n'y avait pas que des râleurs
Je ne crois pas au Progrès et ne veux faire ni table rase du passé ni fi de la modernité ! J'entends Hagège qui se lamente avec raison de la richesse perdue pour chaque mot oublié ! Mais je l'entends aussi dire la dynamique créative, intégrative de toute langue. Je suis certain que conserver s'oppose souvent à créer ! Créer c'est faire du nouveau avec l'ancien ! C'est dépasser l'ancien, le vu, le su pour en faire un à voir et un à savoir. Une langue, comme tout patrimoine doit vivre, créer, innover et... pourquoi pas disparaître ! Je ne suis pas nostalgique de toutes les grottes décorées à jamais disparues... mais je suis touché aussi par l'humanité qui a présidé à la décoration de celles que nous connaissons ! Je suis aussi persuadé qu'il a du se trouver des cro-magnons pour râler contre ces salopeurs de biotopes qu'étaient ces peintres à la noix qui passaient leur temps à taguer les cavernes ! Heureusement qu'il n'y avait pas que des râleurs...

Le débât n'est pas clôt
Une dernière réserve, historique celle là ! Tu la connais déjà, j'en ai déjà parlé... La construction de la France s'est faite essentiellement autour de l'imposition d'une langue comme langue commune. C'est un traumatisme important et je n'en nierais jamais ni les souffrances, ni les outrances ! Avec le recul du temps, nous, nous pouvons faire l'analyse d'une autre voie possible, une voie de respect et de bilinguisme... Je pense que ce point de vue est une reconstruction a posteriori et que d'une part elle n'apporte pas grand chose puisque les choses sont faites et que d'autre part les choix faits à l'époque étaient sans doute vécus comme nécessité historique ! Ça n'excuse rien pour la barbarie de la chose mais je crois importante la démarche historique évitant les reconstructions a posteriori.

Enfin une question, à prendre avec le sourire, mais pour réfléchir quand même : Quelle langue parlait les autochtones* avant que des Celtes leur tombent dessus et leur imposent leur langue ?

Tu vois, le débat n'est pas clôt ! mais je suis certain que toi comme moi continueront notre petit chemin fait de plus d'interrogations que de  réponses ! ce qui ne nous empêche pas de répondre... ou de chercher une réponse !

Merci pour le temps passé à écrire et à lire ! ce n'est pas du temps perdu même s'il n'est pas consacré à l'étude du breton.

Amicalement, GG"

* Note de la rédaction : Avant l'arrivée des Celtes, qui ont dominé l'Europe occidentale, et la Bretagne, pendant les siècles précédents l'empire romain (à partir du VIIIe siècle av-JC), le territoire de l'actuelle Bretagne était peuplé mais on ne sait pas grand-chose de ces populations, et encore moins de leurs langues. Il s'agissait peut-être des descendants des populations mégalithiques qui avaient dressé les menhirs il y a environ 5.000 ans...

Cette note répond à une note parue en avril que vous pouvez lire en cliquant ici : 

http://rezore.blogspirit.com/archive/2007/03/31/perak-e-v... 

Hag an destenn e brezhoneg :

http://rezore.blogspirit.com/archive/2007/03/31/perak-e-v...

05/07/2007

Ecoles bilingues : bons résultats et inquiétudes

L'association Div Yezh ("deux langues", parents d'élèves des écoles bilingues publiques), dans un communiqué, se félicite des résultats des élèves issus de cette filière au Bac et s'inquiète des projets du ministre Darcos : 

"Div Yezh  se félicite des 100 % de réussite des élèves des filières bilingues publiques au baccalauréat mais s’inquiète des projets du ministère de l’Education Nationale.

Les sections bilingues publiques des lycées de Lannion, Lanester, Rennes et Landerneau présentaient des candidats au Baccalauréat. Tous les élèves présentés ont été reçus et les 2/3 d’entre eux ont obtenu une mention. Ces résultats confirment ce qui a déjà été observé dans de nombreux pays : l’enseignement bilingue est une aide au développement des capacités intellectuelles et plus généralement au développement global des enfants. Ces résultats prouvent aussi l’excellence de l’enseignement public qui sait être  performant et novateur quand il s’en donne les moyens.

Pourtant, le ministère s’apprête à redéfinir des niveaux de compétences pour les enfants des filières bilingues, en particulier en fin de CM2*. Le choix actuel du ministère se porterait sur le niveau européen A2 qui est notoirement insuffisant pour des filières bilingues.
Les résultats obtenus lors des évaluations en breton de 2003 montrent que les élèves bilingues de CM2 avaient, pour la plus grande majorité, un niveau moyen B2, résultats attendus en application de la circulaire de 2001 qui précisait : « À la fin du CM2, les compétences seront du même ordre, sinon de la même ampleur, que celles acquises en français ». Cela correspond environ au niveau B2. Alors pourquoi cette volonté de réduire, sans raison,  les objectifs d’un enseignement performant, moderne et tellement bénéfique pour les enfants ? "

* Le ministre de l’Education nationale Xavier Darcos s’apprête à prendre un arrêté fixant les objectifs en langues régionales.

www.div-yezh.org 

Langues régionales : audition au Parlement européen


L'association EBLUL-France comité français du Bureau Européen pour les Langues Moins Répandues, a été auditionnée au Parlement européen sur la question de la discrimination inguistique. Voici son communiqué de compte-rendu :

" A l'initiative du groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe, les 2 et 3 juillet, une audition s'est tenue au Parlement européen à Bruxelles sur la question des conséquences de la discrimination linguistique en Europe. La perte d'estime de soi-même, la non-transmission de la langue, l'uniformisation et le fait d'être traités en citoyens de seconde zone ont été soulignés. Tangi Louarn est intervenu au nom d'EBLUL-France, le comité français du Bureau européen des langues moins répandues. Il a présenté le rapport remis en mai au Comité des droits économiques sociaux et culturels de l'ONU qui montre les discriminations que les locuteurs de langues régionales en France subissent au quotidien quand ils veulent faire usage de leur langue : refus d'ouverture de classes bilingues, refus de subventions pour des crèches dans la langue régionale, refus de la présence de la langue dans la vie publique. Il a mis en évidence que la loi est discriminatoire en France, car elle ne vise à protéger que le français. Un intervenant a rappelé la citation de Lacordaire : « entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, c'est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit ».

Mais en France la loi ignore les langues régionales et ne protège que la langue dominante, le français. La France n'a en outre ratifié aucune convention sur le droit des minorités ni même la Charte européenne des langues régionales. La Fance n'a pas ratifié non plus le protocole additionnel n° 12 à la convention européenne des droits de l'homme qui prévoit la non discrimination notamment par rapport à la langue. Certains intervenants ont évoqué l'hypothèse d'une « lingua franca » commune à tous, l'anglais ayant acquis, en l'occurrence, un avantage certain en Europe. Mais elle met les locuteurs natifs de cette langue dans une situation de pouvoir privilégié, ce qui est le cas pour toute langue dominante. D'autres au contraire ont mené des charges, parfois assez violentes, contre l'anglais accusé de faire disparaître toutes les autres langues et imposé de fait à tous, se substituant même de plus en plus aux langues nationales dans les échanges et devenant un facteur de discrimination à l'embauche.

La solution TSA (Tout Sauf l'Anglais) de privilégier l'apprentissage de quatre langues, allemand, italien, espagnol et français, en y ajoutant éventuellement l'anglais (Claude Hagège), n'a pas forcément convaincu les locuteurs des langues régionales ou minoritaires de la sincérité d'une démarche de réelle volonté de promotion de la diversité linguistique européenne. La politique française, en tout cas, ne plaide pas en ce sens. La question de la diversité linguistique européenne au-delà du privilège des langues des Etats, voire seulement de certains Etats, est plus que jamais posée."

EBLUL-France 04:07:07 (source : Agence Bretagne presse)

EBLUL-France comité français du Bureau Européen pour les Langues Moins Répandues, association inscrite au registre des associations du Tribunal d'Instance de Strasbourg et régie par les articles 21 à 79 du Code civil local adresse postale : EBLUL-France c/o Conseil Culturel de Bretagne 7 rue Général Guillaudot F-35069 RENNES cedex tél / fax : 02 99 87 17 65 tél : 02 99 63 18 83 Adresse : eblul-fr@orange.fr - site :

http://www.eblul.org

03/07/2007

Blogoù nevez e brezhoneg

Blogoù nevez e brezhoneg a zo, evel :

http://chwezetablog-rezkebil.blogspot.com/

Ur blog savet get ur paotr "a zo dedennet get an urzhiaterezh hag ar merc'hed".

Un bochad blogoù a zo bet savet get Nireblog, ur benveg nevez : gallout a reer sevel getan blogoù e brezhoneg penn da benn (get ar rubrikennoù e brezhoneg ivez) :

Muioc'h a ditouroù a zo ivez war lec'hienn internet Ofis ar brezhoneg (rubrikenn "Keleier"). Sellit doc'h all liammoù.

Goude bout savet an dra-se, pennadoù zo bet embannet barzh kazetennoù zo, abadennoù radio a zo bet graet ivez, evel ma vehe ar blogoù e brezhoneg un dra nevez ar pezh n'eo ket. Blogoù e brezhoneg a zo abaoe daou vloaz pe tri, da nebeutan (Rezore oa bet savet e Miz Meurzh 2005).

Setu ur blog all a gavan brav hag interesus, e brezhoneg ivez : 

http://red-an-dour.blogspot.com/ 

Hag ur blog nevez awalc'h e brezhoneg ha galleg (barzhonegoù, sonerezh, politikerezh...), savet get ur mignon din.

http://kelionenn.blogs.letelegramme.com/ 

Petite sélection de blogs en breton, nouveaux ou pas. On peut désormais créer des blogs présentés uniquement en breton par le biais de la plateforme Nireblog (plus d'info en français sur le site de l'Office de la langue bretonne, en lien permanent ci-dessous, dans la rubrique actualité).

02/07/2007

Rezore : 40.944 bajenn digoret e miz Mezheven/40.944 pages ouvertes en juin

Mersi bras d'an dud a zo deuet war Rezore ar miz paseet : 4.326 den; 7.031 vizit ha 40.944 bajenn digoret (n'ouion ket mard int bet lennet tout...). N'eus ket bet kement-se a bajennoù digoret e korf ur miz abaoe Meurzh 2005, pa oa bet savet Rezore genin. Marteze... an amzer fall a zo kaoz ?

Merci au 4.366 visiteurs venus 7.031 fois rendre visite à Rezore le mois passé pour ouvrir 40.944 pages. Ce dernier chiffre est un record depuis la création de ce blog bilingue en mars 2005. Le mauvais temps en serait-il la cause ?

Trugarez c'hoazh ha kenavo

Merci encore et à bientôt

Christian 

20/06/2007

L'Express et la langue bretonne : toute l'enquête est sur internet

medium_L_express187.jpg

Suite à cette note publiée le 31 mai, un internaute, Alwenn (trugarez - merci), nous indique que le dossier de l'Express sur la langue bretonne est accessible sur internet (toute l'enquête et pas que l'interview d'Hagège comme je l'ai indiqué par erreur), aux adresses suivantes :

http://www.lexpress.fr/info/france/dossier/bretagne/dossi...

Un autre article : 

http://www.lexpress.fr/info/france/dossier/bretagne/dossier.asp?ida=457854 

Une mention dans l'ours de la version papier précise bien que le supplément sur la langue bretonne n'a été diffusé qu'en Bretagne. C'est déjà ça, mais le sujet (la langue bretonne, ou plus généralement les langues régionales en France) ne vaut pas une "une" nationale ? Voici la note telle que parue le 31/05 (lire également les commentaires et les liens avec les compte-rendus en breton et en français d'une conférence de Claude Hagège, parus fin 2005 sur Rezore) :

"L'hebdomadaire l'Express consacre sa "une" à la langue bretonne cette semaine, (édition du 24/05) mais il s'agit manifestement d'une "une" régionale et le dossier central sur la langue bretonne n'apparaît pas dans le sommaire (il est numéroté en chiffres romains...). C'est donc un coup marketing pour augmenter les ventes dans en Bretagne.  Dommage, ce sujet n'intéresserait-il que les Bretons ? Ne serait-il vendeur qu'en Bretagne? Le débat et l'information sur les langues régionales restent, hélas, en France, confinés à certains médias régionaux et locaux... Si les pages qu'y consacre l'Express ne paraissent qu'en Bretagne, cela réduit la portée de l'événement : il est rare qu'un média parisien (on dit aussi "national") se penche sur la question des langues régionales, et l'opinion publique française est largement sous-informée dans ce domaine.

medium_Haghalte194.jpgL'interview du linguiste Claude Hagège* est intéressante (elle était déjà parue dans un dossier de l'Express sur la langue basque il y a quelques semaines...). "Si nous voulons défendre la francophonie dans le monde et être crédibles, dit-il, cela suppose d'abord que la France montre qu'elle respecte chez elle sa propre diversité linguistique. Ratifier la charte (européenne des langues minoritaires - Ndlr), en expliquant aux parlementaires qu'elle est très souple et donc peu dangereuse, irait dans le bon sens. Certes, depuis quelques années, l'Etat a accompli des efforts, mais largements insuffisants. Les langues régionales sont dans un tel état de précarité que, pour leur permettre d'chapper à l'extinction totale qui les menace, il faudrait un investissement énorme et accepter de prendre des risques, comme l'ont fait les Espagnols en donnant une grande autonomie aux Basques et aux Catalans". 

Dans une autre interview, le journaliste Fañch Broudig rappelle que, si les Bretons sont attachés à leur langue, d'après une enquête d'opinion de 2001, peu sont prêts à l'apprendre : 2 % estimaient en 2001 son apprentissage "absolument indispensable" et 41 % "assez utile"... Seuls 15.000 locuteurs du breton auraient  moins de 40 ans.

Dañvez da brederiañ ! Matière à réflexion !

Christian Le Meut

* Compte-rendu en français d'une conférence de Claude Hagège en Bretagne, fin 2005 : 

http://rezore.blogspirit.com/archive/2005/08/04/claude-ha...

E brezhoneg : 

http://rezore.blogspirit.com/archive/2005/08/04/claude-ha...

15/06/2007

Lorient : la gaffe de Maria Colas sur la langue bretonne

Les propos de la candidate UMP de la circonscription de Lorient, Maria Colas, sur les écoles bilingues (lire note suivante) dans le Télégramme de jeudi suscitent plusieurs réactions aujourd'hui, notamment celle de Yann Syz (Union démocratique bretonne), du Parti breton, du Pacte des langues... Son suppléant, Jean-Pascal Descomps, préfère ne pas commenter : il a un enfant inscrit dans la filière bilingue breton-français à Lorient (Le Télégramme d'aujourd'hui, édition de Lorient, page 16) ! 

Voici le communiqué de Yann Syz (maire-adjoint de Lorient - UDB) : "Si, Mme Colas l'ENSEIGNEMENT DU BRETON EST UNE PRIORITE. Contrairement à l'opinion exprimée par Madame COLAS(UMP) dans l'entretien publié dans le Télégramme du 14 juin l'Union Démocratique Bretonne affirme que l'enseignement du breton est une priorité. C'est une priorité pédagogique car l'enseignement précoce des langues régionales (le seul enseignement bilingue en France qui commence dès la maternelle) permet, comme le démontrent de nombreuses études concordantes, le développement des capacités intellectuelles, amèliore la maîtrise des deux langues utilisées et favorise l'apprentissage ultérieur d'autres langues.
C'est une priorité culturelle car chaque individu a besoin, notamment face à la mondalisation des relations, d'un enracinement culturel et, en Bretagne, la langue bretonne apporte une bonne réponse. La diversité culturelle, défendue par la France hors de ses frontières, doit aussi s'appliquer sur son territoire comme le font les pays démocratiques.

C'est une priorité économique car la langue bretonne permet d'accéder, en Bretagne, à des emplois de plus en plus nombreux. Près d'un miller a été recensé en 2006.

L'UDB constate avec satisfaction que la question de l'enseignement de la langue bretonne et de son usage dans la société sont de plus en plus présents dans les programmes électoraux. Il est vrai que les parents des onze mille élèves bilingues de Bretagne en 2006 (50.000 en France), plus nombreux chaque année malgré les obstacles, constituent un électorat qui doit être pris en considération. En devenant un enjeu électoral la langue bretonne renforce ses chances de développement et ceux qui l'ignorent ou s'élèvent contre elle réduisent leurs chances d'être élus. Yann SYZ"