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29/07/2007

Livre : "Choix de surnoms bretons du Pays vannetais"

a0f8d41d043f9955ad04d994486f83c3.jpgDans la Bretagne d’il y a quelques décennies seulement, le surnom était tout un art. Un art qui se perd un peu aujourd’hui, dans la Bretagne des villes. Cette pratique était tellement courante dans les milieux populaires que les noms officiels de certaines familles ou personnes étaient beaucoup moins utilisés que leurs surnoms (“lesanv” ou “moranv” en breton vannetais).

Vers 1980 Mikael Madeg, titulaire de deux doctorats d’études celtiques, a collecté plus de 3.000 surnoms dans la Pays vannetais bretonnant, soit dans la moitié ouest du Morbihan, de Gourin à Surzur, de Kergrist à Locmiquélic... 300 de ces surnoms sont présentés dans un livre intitulé “Choix de surnoms bretons du pays vannetais”. Il s’agit d’une réédition, d’allure modeste, mais agrémentée de dessins de Reun An Honseg.
Chaque surnom est expliqué en français, et cette explication renvoie aux us et coutumes de la société rurale. Les surnoms étaient rarement élogieux, souvent moqueurs, voire plus. Ainsi en était-il de Pierre “douroù”, soit littéralement “Pierre les eaux”, surnom collecté du côté de Kergrist.

Selon Mikael Madeg ce paysan n’était pas réputé pour sa sobriété, ce qui eut été une qualité, non, il s’agissait d’autre chose. Les travaux des champs demandaient beaucoup de personnels avant la mécanisation. Et les voisins allaient travailler les uns chez les autres. Mais il fallait nourrir toute cette main d’oeuvre, et l’arroser aussi, avec forces barriques de cidre. Afin de limiter les frais, Pierre coupait son cidre d’eau, ce dont les voisins se rendirent compte, évidemment. Et, je cite l’auteur, “ce comportement moralement inacceptable lui avait valu la seule sanction possible : un surnom. Car nul ne pouvait se passer du voisin, si avare soit-il”...

Ce livre est ainsi parsemé d’anecdotes humoristiques, voire sociologiques sur les us et coutumes de l’époque. Certains surnoms sont même entrés dans la toponymie officielle comme “Fine Skarzh ar poch”, du côté de Locmariaquer, qui correspond au lieu-dit “Sarpoch”. Il s’agissait du surnom d’une tenancière de café... “Skarzh ar poch” signifie “vide le sac”, mais de quel sorte de sac ou de poche s’agissait-il ? Pourquoi tel marin a-t-il été surnommé “Krev an avel” du côté de Quiberon ? Tel prêtre de grande taille “Skeul ar baradoz”, “Echelle du paradis”, du côté d’Auray; ou encore tel habitant de Camors “Jamari hej e gorf” ? Les réponses sont dans ce petit livre.

Christian Le Meut 

“Choix de surnoms bretons du Pays vannetais” réédité par Label LN, maison d’édition basée à Ploudalmézeau dans le Finistère. Tél.02.98.48.14.57. Prix : 14 euros.

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