Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04/08/2005

Claude Hagège : 25 langues meurent par an !

medium_Hagsouffle193.jpgJe suis allé écouter Claude Hagège, le célèbre linguiste à Mellac, dans le Finistère. 700 personnes étaient venues entendre ce professeur au Collège de France. Passionné depuis l’enfance par les langues, Claude Hagège en parle avec ferveur. 5.000 langues sont encore parlées de par le monde, mais 25 disparaissent chaque année, selon Hagège. Les langues parlées par les Indiens d’Amérique du nord, par exemple, sont en grand danger. Claude Hagège travaille avec eux, notamment avec les Sioux. Ces peuples sont, encore aujourd’hui, confinés dans des réserves, sans perspectives d’avenir, et beaucoup d’Indiens, chômeurs, sombrent dans l’alcoolisme...


L'allemand de Goethe et l'italien de Dante
Les explications de Claude Hagège sur les langues dans quelques pays d’Europe proches ont été très intéressantes. En France, la langue parlée à Paris et autour de Paris est devenue langue officielle du royaume suite à la décision de France Ier. Rien de commun en Allemagne, par exemple, où l’allemand littéraire, l’allemand écrit, s’est formé sur la base de la traduction de la bible par Martin Luther. Celui-ci a traduit les évangiles dans le dialecte allemand parlé dans sa région, qui est devenu la base écrite. Une forme d’unité linguistique s’est formée avant l’unité politique, alors qu’en France, la langue a été un outil du pouvoir en place pour imposer l’unité politique. En Italie, c’est le dialecte italien écrit par Dante, et sa Divine comédie, qui a servi de base à l’écriture et à l’italien contemporain. Mais beaucoup de dialectes sont encore parlés et écrits, comme dans le Piémont, par exemple.
Le cas de l’Inde est également intéressant. Ce pays compte plusieurs langues officielles mais, surtout, des millions de personnes polyglottes, parlent plusieurs langues. Certains pays d’Europe, comme la Belgique et la Suisse, comptent également plusieurs langues officielles, pas moins de huit pour la Suisse. Mais Hagège regrette de constater que peu de Belges et peu de Suisses maîtrisent une autre langue parlée dans leur pays. Les francophones ne sont que francophones et peu pratiquent le flamand en Belgique, l’allemand ou l’italien en Suisse. Il regrette également que si peu de Bretons parlent la langue bretonne... Il n'est pas le seul !

Une sorte de show... à l'américaine ?
il nous a d’ailleurs parlé un peu breton et soutenu qu’il aurait ét é capable de faire sa conférence en breton s’il avait été sûr de pouvoir être compris... Vrai ou faux ? Le monsieur est un peu cabot et nous a fait un show, tel un acteur, multipliant les pics à l’égard des Etats-Unis. Mais, revenons à la Bretagne. Hagège estime que le breton sera sauvé si les familles envoient massivement leurs enfants apprendre la langue bretonne à l’école... L’Etat français devra fournir les professeurs en nombre suffisant pour la demande. Il estime, par contre, qu’il ne faut pas rendre obligatoire le breton à l’école. Point sur lequel je me permettrai d’êtr en désaccord avec cet éminent linguiste. Enfant, j’ai dû faire une “initiation au latin” au collège, sans que l’on me demande mon avis. selon les professeurs, cette initiation me servait car je pouvais, ainsi, mieux comprendre l’origine des mots français... Mais, en Basse bretagne, la très grande majorité des noms de lieux et de familles viennent du breton ! Pourquoi ne pas instaurer une initiation au breton en cinquième, par exemple, afin de donner une connaissance minimale de la langue et de l’histoire de la Bretagne aux enfants qui, comme bien souvent leurs parents, en ignorent tout ou quasiment ?

Claude Hagège est partisan de l’apprentissage précoce des langues vivantes : avant dix ans, il préconise d’apprendre trois langues vivantes à l’école primaire et affirme que les enfants en sont capables. Mais il est inquiet devant la place prédominante de l’anglo-étasunien, et préconise l’introduction d’autres langues comme l’espagnol, l’allemand, voire les langues dites régionales... Cela contribuerait à élargir l’esprit des enfants et leurs capacités d’apprentissage d’autres langues.

Charlemagne, un germanophone !
Pour finir, voici une information que j’ai apprise ce soir là : certains rois de France ne parlaient pas le français ! Ainsi, les Mérovingiens et les Carolingiens ne parlaient pas le vieux français parlé à l’époque, mais une langue germanique, puisqu’il s’agissait de Francs, un peuple d’origine germanique. Clovis parlait une langue germanique dont serait proche le francisque mosellan, une langue encore parlée dans le département de la Moselle, mais par de moins en moins de gens... La même chose pour Charlemagne ! Ce que l’histoire officielle française se garde bien d’apprendre aux enfants.

Christian Le Meut (2003)



Les commentaires sont fermés.