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05/11/2005

Asie : les effets d'un tsunami humanitaire

Le collectif Pêche et développement, basé à Lorient, suit de près l’évolution du monde de la pêche artisanale, et notamment la situation en Asie après le tsunami de décembre dernier. Une fois passée le temps de l’aide d’urgence (secours médicaux, accueil des réfugiés sans toit...), vient celui de la reconstruction. Or une aide venant de toute part (intéressée parfois : des Eglises ou des Etats cherchent à s’implanter ainsi), non planifiée, non maîtrisée par le pays d’accueil, peut avoir des effets pervers sur la population et la nature. Par exemple, si le nombre de bateaux de pêche augmente trop, le stock de poissons pêchés va augmenter rapidement et la ressource risque de s’épuiser, elle aussi, rapidement... Témoignage transmis par Pêche et développement :

“Sur la plage de Tharangambadi, ancienne colonie hollandaise au sud de l'Inde, là où le Tsunami du 26 décembre a emporté des enfants, des maisons et des moyens de subsistance, on voit des bateaux en fibre de verre tout neufs à perte de vue. Les noms peints sur les bateaux témoignent de l'étendue de la réponse à l'une des catastrophes naturelles les plus dramatiques : « L'église du Christ d'Oklahoma City », « L'association du Temple indien du New Jersey », « L'école de l'ambassade Américaine de New Delhi » parmi tant d'autres.

A Tharangambadi, ainsi que dans le reste du district de Nagapattinam, où l'on a dénombré les 2/3 des victimes du Tsunami sur le continent indien, le nombre de bateaux de pêche dépasse presque celui des pêcheurs et cela pose de nouveaux problèmes aux communautés traumatisées. « Le nombre de bateaux de pêche est une fois et demie ce qu'il était à l'origine » a déclaré à l'agence Reuters A. Radhakrishan, administrateur en chef du district.

Certains des nouveaux bateaux n'ont pas encore été mis à l'eau. Beaucoup d'autres s'entassent dans les chantiers navals du district – attendant ceux qui n'en ont pas encore reçu. Cette ruée pour remplacer les bateaux de pêche dans les semaines qui ont suivi le Tsunami ayant fait 232 000 victimes dans une douzaine de pays de l'océan Indien – la plupart d'entre elles membres des communautés de pêcheurs – s'expliquait par la volonté de restaurer au plus vite un moyen d'existence pour ces populations. Mais dans certains villages, on manque de personnel pour équiper ces bateaux qui ne sont pas tous en état de naviguer.

Un inspecteur de la FAO, détaché en Indonésie sur les sites du Tsunami, a été témoin du lancement de bateaux offerts par les donateurs qui ont sombré au bout d'une demi-heure. La même chose s'est produite à Hut Bay sur la petite île indienne d'Adaman en juillet. « Tout le monde veut construire des bateaux parce qu'on leur a donné de l'argent pour cela » dit Lahsen Abadouch de la FAO à Sydney.

Les grands bateaux en forme de canoë que l'on trouve en général autour de l'océan Indien ont besoin d'au moins 5 hommes pour travailler avec efficacité. Maintenant qu'un grand nombre de pêcheurs possèdent leur propre bateau, très peu de gens acceptent de travailler pour leur voisin”.

Source : Bill Tarrant (Reuters), extrait d' Alert News d'ICSF, traduit par Danièle Le Sann (Pêche et Développement).

04/11/2005

Rosa Parks

Marv eo Rosa Parks n'eus ket pell zo; ma faota deoc'h gouzout un tammig muioc'h a ziouti, sellit doc'h
www.rosaparks.org

Ur pennad skrid a feson zo war al lec'hienn internet Grioo.com :
http://grioo.com/info5692.html 

Rosa Parks est décédé il y a quelques jours; deux sites internet présentent cette femme courageuse qui a déclenché le mouvement des droits civiques aux Etats-Unis.

02/11/2005

Ils font face à l'invasion publicitaire : le collectif des déboulonneurs

Voici la présentation d'un nouveau groupe, les Déboulonneurs, qui veulent résister à l'invasion des panneaux publicitaires par des actions non-violentes.

«La désobéissance civile est le droit imprescriptible de tout citoyen. Il ne saurait y renoncer sans cesser d'être un homme.» Gandhi (extrait de "Tous les hommes sont frères").

Un Collectif des déboulonneurs s’est créé en 2005, en région parisienne. Il invite les personnes de bonne volonté à en créer un dans leur propre ville, au plus vite, pour se lancer dans l’action non-violente qui est présentée dans cet écrit. Ce collectif se propose de déboulonner la publicité, c’est-à-dire de la faire tomber de son piédestal, de détruire son prestige. Non pas de la supprimer, mais de la mettre à sa place, pour qu'elle soit un outil d’information au service de toutes les activités humaines.

Notre objectif: 50x70 cm
Obtenir des pouvoirs publics une nouvelle loi et un décret d’application qui ramènent la taille maximale des affiches à celle pratiquée pour l’affichage associatif à Paris: 50 x 70 cm; limiter les dispositifs à 2 m2 maximum, avec une densité raisonnable, fonction du nombre d’habitants. Atteindre cet objectif précis et limité constituera une première brèche dans le système publicitaire.

Moyen utilisé: le barbouillage
Actions collectives mensuelles de désobéissance civile (barbouillages), partout en France au même moment, le 4e vendredi du mois, ou le samedi ou le dimanche suivants; notons dès maintenant, pour ne pas les manquer, les dates prévues dans nos agendas: 25 novembre, 23 décembre 2005, 27 janvier, 24 février, 24 mars, 28 avril, 26 mai, 23 juin, 28 juillet 2006…

Dégâts du système publicitaire
La publicité, légitime en tant qu’activité informative, s’est muée en un système de harcèlement en perpétuelle expansion, mettant en œuvre des procédés toujours plus contraignants et envahissants. Pour piéger les individus, la publicité fait fi de toute déontologie et n’hésite pas à bafouer les lois. Par exemple, un tiers des panneaux sont illégaux (Que Choisir, avril 2002). Sous couvert de liberté d’expression… d’une minorité d’annonceurs, elle impose à toute la population son idéologie antisociale (compétition, domination, accumulation).
a) Le système publicitaire monopolise toujours plus l’espace public : rues, transports, cinémas, stades, musées, universités, écoles. Il parasite les activités culturelles et pervertit les manifestations sportives. Antidémocratique, il favorise les annonceurs les plus puissants.
b) Les médias financés par la publicité sont condamnés à une course à l’audience, perdent leur liberté éditoriale et s’interdisent de critiquer les annonceurs, sous peine de voir se fermer le robinet à finance. Ainsi deviennent intouchables les industries qui font le plus de publicité (agro-alimentaire, automobile, nucléaire, pétrochimie, grande distribution, loisirs et tourisme, cosmétiques).
c) Le système publicitaire sacrifie la santé et l’écosystème au commerce. Il occulte les conséquences sanitaires (mauvaise alimentation, obésité, anorexie…) et se moque du principe de précaution (nucléaire, produits chimiques, organismes génétiquement modifiés [OGM], téléphones portables…).
d) Il incite à la surconsommation, au gaspillage, à la pollution et fait souvent l’apologie de comportements irresponsables et individualistes. En entretenant la convoitise et la frustration, il est source de surendettement, de délinquance, de violence pour les plus démunis.
e) Il déshabille femmes, hommes et enfants comme un proxénète, propage des modèles artificiels et uniformes, et entretient le culte d’une perfection physique et d’une éternelle jeunesse, engendrant – notamment chez les personnes handicapées, malades ou âgées – le sentiment d’être rejeté.
f) Il réduit l’existence à la consommation, les fêtes à des opérations commerciales, l’imaginaire et les idéaux à des arguments de vente.
g) C’est le consommateur qui paie la publicité (en moyenne 500 euros par an et par personne), car, tel un impôt caché, le coût des campagnes publicitaires est répercuté sur le prix des produits achetés.

Haro sur l’affichage !
En matière de publicité, l’affichage constitue l’agression majeure, la plus ancienne, celle à laquelle personne n’échappe. On est libre de regarder ou non la télévision, d’écouter ou non la radio, d’acheter ou non un journal, pas de circuler sans être confronté à un incessant défilé d’images et de slogans. Cette débauche graphique gêne la vue et la perception de la signalisation routière.
Elle salit notre cadre de vie, réduit notre liberté de penser et limite notre faculté de rêver. La confiscation de l’espace public et son exploitation mercantile sont d’autant plus inadmissibles que la loi elle-même qualifie les paysages de «bien commun de la nation» et que les dispositions régissant l’affichage publicitaire sont intégrées au livre V du Code de l’environnement, intitulé… «Prévention des pollutions, des risques et des nuisances»!
Par l’affichage, le système publicitaire s’immisce dans notre quotidien de la façon la plus évidente. Par l’action directe non-violente contre l’affichage, nous ouvrirons une brèche dans le système publicitaire et répondrons à son agression. Ce, d’autant plus facilement que les panneaux sont à portée de main !

Halte au gigantisme! changeons la loi
Qu’il s’agisse des « 4 x 3 » (12 m2) autorisés par la loi ou des monstrueuses bâches de 600 m2, aujourd’hui règne l’excès, le gigantisme. Mais aucun règne n’est éternel, et demain – si nous le voulons – peut voir le retour à l’harmonie. Vous êtes-vous souvent senti agressé par une affiche de 50 x 70 cm ? Et si l’on imposait ce format à toutes les affiches? Utopique? Pas tant que cela: à Paris, la municipalité impose ce format maximal aux affiches… d’opinion ou associatives, certes, mais pourquoi ce cas particulier en vigueur dans la capitale ne s’étendrait-il pas à TOUTES les affiches, commerciales et autres, sur TOUT le territoire ? Et en sous-sol aussi bien qu’en surface ?
Dans la foulée, pourrait être mis un terme à ces procédés vicieux et énergivores que constituent les dispositifs publicitaires lumineux, animés, voire sonores ou odorants.
Et tout cela dans le respect d’une densité raisonnable : par exemple limiter la taille des dispositifs (les supports) à 2 m2 maximum, et déterminer leur nombre en fonction du nombre d’habitants de la commune. Utopique ? Pas tant que cela: la loi le prévoit déjà pour l’affichage d’opinion.
L’adoption de telles mesures entraînerait : le repos de l’œil et de l’esprit ; une visibilité plus égalitaire pour les annonceurs ; des économies d'énergie et de ressources (papier, encre, plastique, électricité). Enfin, qu’il soit permis de mettre en doute deux fonctions supposées de l’affichage : le «supplément d’âme» apporté aux rues de nos villes et de nos villages, et l’«information» destinée à nos pauvres esprits désorientés. Nos paysages, urbains ou ruraux, ont-ils vraiment besoin de «4x3» pour «s’animer», et une information digne de ce nom a-t-elle besoin de 12m2 pour forcer la carapace de nos cerveaux ? Et, en outre, pourquoi ne pas imaginer des espaces (50 x 70) dédiés à l'art et à la vie associative?

Désobéissance civile et non-violence : un choix
(1) La non-violence n’est ni passivité ni résignation. Mais une force politique moralement acceptable et qui a fait ses preuves. En privilégiant l’action directe, en excluant l'atteinte à la dignité d'autrui par l'injure ou les coups, en imposant une attitude de respect à l'égard de l’adversaire, l’action non-violente permet de sensibiliser l’opinion publique.La logique de la non-violence exige que ses militants se portent responsables de leurs actes devant les tribunaux (par exemple, quand ils ont opté pour la dégradation volontaire et préméditée de panneaux d’affichage). Dans ce contexte, être arrêté par la police pour avoir barbouillé des dispositifs publicitaires puis avoir un procès ne sont pas vécus comme une honte mais déjà comme le signe d'une victoire, même si les prévenus sont ensuite condamnés à une peine de prison. L'opinion publique, n'acceptant pas que des personnes soient punies si elles n’ont commis aucune violence, se voit alors encore plus mobilisée.
(2) L'expression «désobéissance civile» est apparue en 1866 comme titre de l'œuvre posthume de Henry-David Thoreau. Cet écrivain nord-américain, pour protester contre la politique de son pays qui maintenait l'esclavage et menait une guerre impérialiste contre le Mexique, avait refusé de payer l'impôt, ce qui lui avait valu la prison. Ce livre a inspiré Tolstoï, Gandhi (libération de l'Inde du joug colonial britannique), Martin Luther King (reconnaissance des droits civiques des Noirs américains), Nelson Mandela et Desmond Tutu (contre l'apartheid en Afrique du Sud), les paysans du Larzac (contre l'extension d'un camp militaire) et, aujourd’hui, les faucheurs volontaires de maïs OGM. Au tour, maintenant, des «déboulonneurs» de neutraliser la publicité et son emprise sur les paysages et les esprits !
(3) Quand tout a déjà été dit sur une loi inique – celle, par exemple, qui autorise une poignée d'afficheurs à envahir l'espace public –, quand ont déjà été prises maintes initiatives (manifestations, pétitions, débats, notamment au Parlement), quand des ministres eux-mêmes, parlant de «catastrophe», ont appelé à une refonte de la loi, et que la loi n'est pas changée, il est du devoir des citoyens d'exercer sur les responsables politiques une pression plus importante, aussi longtemps que cette situation perdurera. Quitte à commettre en groupe des actes symboliques illégaux.
(4) La désobéissance civile n'a pas pour but de faire croire que l'on pourrait vivre dans une société sans lois ni règles. Elle se distingue de la désobéissance criminelle dans la mesure où les transgresseurs annoncent leur intervention, agissent en public, à visage découvert, et assument leurs actes, témoignant, par là même, d’un intérêt supérieur pour le droit et la justice.
(5) Face à l’agression publicitaire, face à l’inertie des autorités, la désobéissance civile est une «légitime réponse». Les barbouillages de panneaux de 4 x 3 m doivent apparaître dans les médias comme un événement récurrent. En se produisant partout en France le 4e vendredi du mois (ou le samedi/dimanche suivants), ces actions doivent défrayer la chronique. Barbouillons la publicité jusqu’à satisfaction de notre revendication! Nous verrons bien jusqu'où il faudra aller...
Cessons de commenter l’actualité, faisons-la !

Un barbouillage en action
Une bonne quarantaine de militants non-violents antipublicitaires et plusieurs journalistes ont un rendez-vous précis ce vendredi-là. L'action a été minutieusement préparée depuis quinze jours : repérage de quelques grands panneaux d'affichage en plein centre-ville, des volontaires pour barbouiller, des contacts avec des journalistes…

La chronologie qui suit est inspirée d'actions vécues.
16 h 50 : Le carrefour a son aspect habituel. Aucun signe d'un quelconque rassemblement imminent.
16 h 55 : Les quarante militants sortent de nulle part et se retrouvent discrètement au lieu du rendez-vous, à 50 mètres des panneaux.
16 h 59 : Le signal du début de l'action est donné par les barbouilleurs. Ils se lancent d'un pas décidé en direction des panneaux. Les autres les accompagnent. Les journalistes sortent de l'ombre avec leur matériel. Tout va maintenant très vite. Chaque militant a un rôle à tenir ; tous les rôles sont importants.
17 h 00 : Les barbouilleurs sortent leurs bombes et peignent lisiblement quelques mots sur les affiches : «Pollution visuelle», «Publicité = Violence»... Les autres s'attroupent pour soutenir l’action de leur présence. Ils ne gênent ni les piétons ni les voitures. Des tracts sont distribués. Afin de respecter la propreté des lieux, un militant ramasse ceux qui sont jetés au sol. Arrive un policier qui s'occupait de la circulation à 100 mètres de là. Stupéfait, il téléphone à son chef.
17 h 05 : Les affiches sont barbouillées. Aucune trace de peinture sur les surfaces environnantes (trottoir, mur…). Appareils photo et caméras continuent leurs prises de vue. L'atmosphère est sereine, ça chante. Les passants, ne se sentant pas agressés, s'arrêtent, discutent. Pour le cas où l’un d’eux ferait un scandale, braquant inutilement l'attention sur lui, trois militants formés à la résolution non-violente des conflits sont prêts à intervenir.
17 h 15 : Deux fourgons cellulaires déboulent, gyrophares en action et sirènes hurlantes, comme pour un braquage de banque! Que voient les policiers qui débarquent? Deux ou trois panneaux barbouillés, un attroupement joyeux autour d'une personne juchée sur un tabouret, en train d’expliquer les raisons de l’action.
17 h 20 : Les barbouilleurs se laissent découvrir par les policiers. Chacun leur tend sa carte d'identité : «C'est moi qui ai barbouillé cette affiche ; c'est un acte antipublicitaire de désobéissance civile ; je le revendique.» Tête ahurie des policiers. Les barbouilleurs finissent d'expliquer devant les journalistes que des actions semblables se déroulent partout en France au même moment, comme chaque 4e vendredi du mois (ou le samedi/dimanche suivants).
17 h 30 : Les barbouilleurs sont embarqués sous les applaudissements. L'action est terminée. Dispersion générale. Les barbouilleurs restent au commissariat une ou deux heures. Pour leur déposition, ils adoptent la tactique convenue, sans oublier de mentionner le comité de soutien (personnalités).
En soirée ou le lendemain : bilan de l'action par l'ensemble des militants, préparation de l'action du mois prochain. Les jours suivants : mentions de l’action dans la presse.

Contact national
Coordination nationale du Collectif des déboulonneurs, 24, rue Louis Blanc, 75010 Paris.
Courriel : deboulonneurs@no-log.org

Site : deboulonneurs.org
Ont participé à la rédaction du présent document : Alex Baret (humaniste engagé), Yvan Gradis (militant antipublicitaire), François Jourde, David Sterboul (militant associatif pour la protection de l'environnement), François Vaillant (membre du MAN – Mouvement pour une alternative non-violente).

31/10/2005

Septembre, le mois des cendres...

J’aime le mois de septembre. Le temps est souvent beau, la mer est encore chaude pour y nager; il y a de la place sur les plages et sur la côte pour se promener tranquille... Il y a deux ans, au mois de septembre, j’étais sur la route de Plouhinec, justement, aux environs de cinq heures... Il y avait, bizarrement, beaucoup de monde entre le bourg de Plouhinec et la plage du Magouero... Une douzaine de voitures en file indienne me précédaient, allant dans la même direction que moi, comme un cortège de mariage, mais sans crinolines ni coups de klaxon. Ces voitures se garèrent, comme moi, sur le parking et je vis alors des gens sortir en habit du dimanche, et pas des plagistes. Ils ont formé un cortège... funèbre. Une urne funéraire en tête, des couronnes de fleurs ensuite...

Ils ont fait comme s’ils allaient au cimetière, mais il n’y  avait pas de cimetière au bout, juste une plage et l’océan. Sur la plage, justement, d’autres personnes bronzaient, faisaient la sieste, jouaient ou nageaient dans l’eau. Le cortège funèbre est passé à côté des plagistes en slip, surpris, pour aller un peu plus loin, vers un blockhaus et des rochers, déposer la cendre et les couronnes. Je ne suis pas resté les regarder. J’étais venu nager alors j’ai nagé, un peu plus loin, hors de leur vue. Plus tard, je suis passé à l’endroit où les cendres avaient été déposées. Les vagues commençaient à démanteler les couronnes de fleurs...

Les cendres de tonton Nestor
Si vous avez les cendres de votre grand oncle Nestor à répandre quelque part, vous ne pouvez pas faire comme ce jour-là, à Plouhinec. La loi dit clairement que l’on ne peut répandre des cendres humaines sur des lieux publics. Et une plage, au mois de septembre, c’est un lieu public. Si la volonté du défunt, ou la vôtre, est de jeter les cendres dans la mer, il faudra prendre la mer sur un bateau, et aller au moins à 300 mètres au large pour lancer l’urne ou la cendre dans l’océan. 300 mètres, c’est un minimum car il faut penser aux nageurs et nageuses qui n’ont pas forcément envie d’avaler de la cendre humaine...

La loi vous autorise aussi à lancer la cendre depuis un avion, mais pas dans une rivière, qui est considérée comme un lieu public. Vous pouvez également répandre la cendre dans les bois ou à la campagne mais toujours dans des lieux privés. Vous pouvez également les mettre dans votre jardin, il paraît que c’est bon pour les plantes... Mais n’oubliez pas que vous mangez vos légumes ensuite ! Si, par contre, vous avez enterré l’urne de la grand tante Ursule dans votre jardin, il faudra la reprendre le jour où vous vendrez le jardin.

20 % des morts incinérés en 2004
Mieux vaut se renseigner, donc, auprès de professionnels des rites funéraires car la crémation se développe rapidement. En 2004 20 % des personnes décédées en France  ont été brûlées et réduites en cendre. Soit 120.000 personnes. Une petite partie place les urnes funéraires dans des murs prévus à cet effet dans les cimetières. D’autres les répandent dans des “jardins du souvenir” prévus également à cet effet dans certaines communes, mais il faut l’autorisation de la mairie... Mais 70% des familles gardent les cendres avec elles. Parfois ces cendres font l’objet de litige et de partage...

Je suis retourné nager à Plouhinec depuis cette cérémonie funéraire. Mais je ne vais plus à l’endroit exact où ces cendres humaines et ces couronnes de fleurs furent déversées... Je n’aime pas l’idée de nager là, ni de marcher sur ces cendres alors qu’elles ont dû être dispersées par l’océan depuis longtemps. Quel respect pour nos défunts, si nous ne respectons pas un minimum de rites envers eux ? Quel respect également pour les vivants, ces vacanciers par exemple, surpris, choqués peut-être, associés malgré eux à ce deuil qui ne les concernait pas alors qu’ils étaient sur un lieu de détente et de vacances ? La loi impose des normes car la crémation se développe mais ce n’est pas pour autant que nos plages, nos champs et nos bois doivent devenir des sites funéraires...


Amzer zo !
J’aime le mois de septembre. Celui de  2005 a été exceptionnellement beau. Un soir, alors que je nageais tout seul sur la plage du Magouero, un peu à l’écart de l’endroit des cendres, je vis arriver un couple de jeunes mariés, avec crinolines et fanfreluche, marchant maladroitement dans le sable, vêtus comme s’il allait voir le maire ou le curé. Mais il n’y avait pas de mairie, ni d’église, seulement l’océan et la plage... Ils étaient venus là avec un photographe professionnel pour faire des photos.

Le temps était beau, la lumière du soleil se reflétait sur les dunes de Plouhinec, en face de l’île de Groix. Je les observais tous les trois, la mariée, le marié, le photographe, tout en nageant. Poussière dans l’océan, poussière dans l’univers. Poussière mais pas encore cendre. Un jour, peut-être, qui sait, mais y’a le temps ! Amzer zo.
Christian Le Meut

30/10/2005

Miz Gwenholon, miz al ludu ?

Me vour Miz Gwenholon... Brav eo an amzer c’hoazh, klouar eo ar mor evit neuial e barzh, plas zo war an aod evit bourmen trankil ha sioul...

Daou vloaz zo, e miz Gwenholon, e oan war hent Pleheneg, evit monet da neuial, justawalc’h, trankil ha sioul. War dro pemp eur d’enderv oa hag e oan souezhet un tammig e wellet kement-se a dud war an hent etre bourc’h Pleheneg hag ar Magouero, e lec’h ma ez aen da neuial. War dro daouzek oto oa dirakzin unan ar lerc’h eben, evel ma vehe bet tud un eured, met hep taolioù klaxon na krinoline ebet... Hag ar re se a yae ivez d’ar Magouero... Lakaet o doa o otoioù er parklec’h, ha me ivez... Ha petra m’boa gwellet ? Tud gwisket kañv, gwisket begin, get bokedoù  hag e tougiñ ur pod, un “urne funéraire”, get ludu un den marv e barzh. Pemp eur d’enderv oa, en ul lec’h publik, un draezhenn, hag ar re se oa deuet d’ober ur sort obidoù... Graet o doa evel ma vehent bet war hent ar vered : un den get ar pod ludu  e penn kentañ, ar re e tougiñ ar bokedoù ar lec’h, hag ar re all ardren... Heuliet m’boa anezhe dre sell... Tud all oa war an draezhenn, hanter noazh, ec’h ober ur chouk, e rouziñ edan un heol ken braw, e c’hoari pe e neuial ! Souezhet bras oant e wellet ar pod ludu e tremen dirakze hag an dud ar e lerc’h...
Nag ul lec’h drol evit gober kement-se !

Me, m’boa komprenet ar pezh a faote d’an dud e begin gober : teurel al ludu hag ar bokedoù er mor, e tal rec’hier ha tost d’ur blockaus... Setu me, aet un tammig pelloc’h da neuial, hep chom da sellet doc’hte. Ar lerc’h, Ur wezh aet kuit ar re se, paseet m’boa e tall ar rehier hag ar blockaus e lec’h ma oa bet taolet gete al ludu hag ar bokedoù; ar re se a gomanse bout flastret get ar mor...


Ludu : pas e lec'hioù publik, mar plij !

Hiziv an deiz 20 % ag an dud marv a vez losket. 120.000 den er bloaz 2004. Ul lodenn a vez lakaet  e mangoerioù ispisial savet e beredoù zo. Kolombarium e vez graet ag ar mangoerioù se. Ar familhoù hag ar mignonned a c’hell monet ur wezh an amzer da wellet pod an tad kozh ha da lakaat bokedoù e tal dezhan... Bez zo ivez e parrezioù zo “liorzhoù ar souvenir” e lec’h ma c’heller teuler al ludu get aotre an ti ker... Met al lodenn vrasan ag ar podoù ludu a vez kemeret get ar familhoù : 70 % !  Petra vez graet ar lerc’h ?  Chom a reont  e tall ar siminal, e tall ar skinwell, pe er c’hav ?... Taolet vez al ludu el liorzh ? Un dra vat eo evit lakaat ho legumajoù da greskiñ met arabat disonjal e vo debret ganeoc’h ar lerc’h...

Me vour miz Gwenholon memestra... Ar bloaz man m’eus gwellet un dra all. Tud tost d’en em zimezeiñ, deuet d’ober skeudennoù get un tennour poltrejoù a vicher.  Gwisket sul ar re-se, get krinoline. Kaer oa livioù an heol war tevennoù Pleheneg, a dal d’an enez Groe... Ha me, barzh ar mor, e sellet doc’hte. N’on ket ludu c’hoazh. Dont a ray marteze, un deiz bennak. Met n’eus ket press warnon, me lâr deoc’h !

Christian Le Meut

29/10/2005

Quel développement durable pour les langues de la planète ?

L’expression “développement durable” fait florès, mais il est surprenant de constater que la question des cultures et les langues ne semble pas être intégrées dans cette dynamique, en tout cas en France. Pourquoi ne pas envisager un “développement durable des langues” dans le but de sauvegarder la diversité linguistique et culturelle mondiale comme le soulignent, un livre remarquable paru en 2003, “Ces langues, ces voix qui s’effacent”, Daniel Nettel, anthropologue, et Suzanne Romaine, professeur d’anglais à Oxford (ed. Autrement).

Environ 6.000 langues sont parlées actuellement dans le monde, et la moitié risque de disparaître durant ce siècle. En australie “90 % des langues aborigènes sont proches de l’extinction”, et c’est aussi le cas de beaucoup de langues amérindiennes. Les zones de grandes diversité linguistique correspondent aux zones de grande biodiversité, constatent les auteurs mais “la disparition des langues semble refléter l’effondrement général des écosystèmes dans le monde”... Imposer à une population de changer de langue est, de ce point de vue, un crime culturel que certains textes fondamentaux sur les droits de l’Homme définissent clairement.

“L’importance culturelle du poisson”
“Le vocabulaire d’une langue est l’inventaire de tout ce dont une culture parle et de ce qu’elle a classifié afin de donner un sens au monde et de survivre dans un écosystème local. Ainsi, l’importance économique et culturelle du poisson se reflète dans les langues océaniques du Pacifique” (p. 65) notent les auteurs.

“Le savoir scientifique occidental sur la gestion des ressources marines, par exemple, est toujours très faible. La gestion des ressources est particulièrement difficile sous les tropiques, en raison de la grande diversité des fonds marins et de la multitude de formes de vie qui s’y trouvent” (...) “Malheureusement, à cause de l’influence de la technologie occidentale sur les pratiques de pêche traditionnelles dans les communautés des petits atolls, de nombreuses zones coralliennes du Pacifique subissent une pêche intensive, tandis que d’autres ne sont pas du tout utilisées. En outre, la connaissance détaillée des insulaires de leur environnement, essentielle à leur autosuffisance, a été érodée par l’introduction de l’éducation occidentale et de l’économie de marché.

Une connaissance approfondie des milieux
Jusqu’à récemment, les habitants de l’île de Kapingaramangi (Micronésie) pratiquaient des techniques de pêche sur plus de 200 espèces de poissons, aucune d’entre elle n’étant exploitée au point d’être menacée d’extinction.” Selon les auteurs, les techniques de pêche traditionnelle s’avéraient souvent supérieure aux techniques introduites. Certains types d’organisation sociale permettaient la préservation des espèces (zones de pêche interdite)...

“Les pêcheurs traditionnels, en particulier sur les petits îles où les gens dépendent toujours de la mer pour leur nourriture, constituent toujours de riches sources d’information, inconnues des scientifiques occidentaux. Des siècles avant l’apparition des biologistes, les habitants du Palau savaient que certains types de vibration pouvaient être utilisés pour attirer les requins. Les concombres de mer, par exemple, étaient traditionnellement utilisés en Océanie comme poison pour les poissons, mais les biologistes n’ont établie leur toxicité que dans les années 1950”. Les auteurs citent de nombreux autres exemples de connaissances véhiculées par les langues, notamment pour définir les différents stades de croissance de chaque espèce de poisson... Or ces savoirs risquent de disparaître avec ces langues. Les auteurs pointent également la recherche scientifique occidentale, peut portée sur l’étude des savoirs ancestraux. Ces savoirs pourraient, pourtant, apporter de nouvelles connaissances, voire de nouveaux outils d’analyse.

L’écologie des langues
“La langue fait partie d’une écologie complexe qui doit être protégée pour maintenir la biodiversité” soutiennent les auteurs qui constatent également que “La différence linguistique condamne l’Autre à être le sauvage” (p. 63). Un complexe colonial demeure, en effet, entre les langues dites “indigènes”, d’une part, et les langues colonisatrices d’autre part (anglais, français, espagnol...), qui jouissent d’un prestige culturel et d’un poids économique toujours très fort. Chaque année, des dizaines de langues meurent. Ce sont des outils de connaissances et des biens précieux de l’humanité qui disparaissent ainsi.

Christian Le Meut

Ces langues, ces voix qui s'effacent, D. Nettel, S. Romaine, Ed. Autrement, 19 €.

27/10/2005

Le Lay, Katrina, ar Gajuned hag ar Vretoned

E penn kentañ miz Gwengolo an aotrou Le Lay, pennrener TF1, n’doa lâret traoù kriz a ziout Bro Frans hag ar pezh graet geti a enep d’ar brezhoneg. “Génocide culturel” eme ar paotr Le Lay. Goude se, ur bern tud n’eus reskontet dezhan, barzh kazetennoù zo pe war internet. Me, m’eus lâret amañ e sonjen oa aet Patrick Le Lay un tammig re bell e komz ag ur “genocide”. Un “ethnocide” a zo bet graet e Breizh a enep d’ur yezh, met pas ur “genocide” a enep d’ur bobl, e klask lazhiñ razh an dud. Un difor bras eo, memestra. Traoù all zo bet lâret a ziar benn Le Lay : “communautarisme”, “broadelour”, “nationaliste”, ha c’hoazh. Tabut zo bet un tammig... Met piv zo deuet amañ, e Breizh, da wellet an traoù ? Labour ar gazetennerion zo da vonet da wellet “war an dachenn” ar pezh zo gwir hag ar pezh zo gaou... Netra. Gwellet m’eus netra; enklask ebet. Kazetenner ebet deuet da wellet amañ e Breizh mard oa faos pe pas ar pezh lâret get Patrick Le Lay. Petra eo labour ar gazetennerion ma n’eo ket da glask gouiet ar wirionez ? Un den brudet bras, ur penn bras a lâr traoù ken kriz ha den ebet a glask da ouiet pelloc’h ? Souezhus, n’eo ket ?...

Digarezioù a villiadoù
Tud zo a lâr n’heller ket selaou ar paotr Le Lay e komz ag ar sevenadur a gaos ma z’eus berped programmoù sot war TF1... Marteze.  Tud all a lâr emañ Le Lay ur “broadelour”, ha ne vehe ket dereat, jaojapl, selaou ur den get sonjoù evel-se ... Marteze. Ha ma ne vehe digarezioù ? Digarezioù evit nompass monet pelloc’h ? Digarezioù evit nompass digoriñ an daoulagad war tud dishenvel ? Evit nompass gwellout ar wirionez evel m’emañ ? Daou vloaz zo e oamp ugent mill war straedoù Roazhon evit goulenn get ar Stad ur statut ofisiel evit ar brezhoneg hag ar yezhoù rannvroel all. N’omp ket bet selaouet; reportaj ebet war an tele. Traoù pouesusoc’h, siriusoc’h, oa d’ar c’houlz se, evel ar brezel en Irak... Bremañ, ne faota ket da tud ag ar mediaioù, selaoù Le Lay, ne vehe ket un den sirius. Penaos gober, neuze, evit bout selaouet ? Evit lakaat stad Bro C’hall hag e lezennoù ken pounner da vourjal ?

New Orleans pe Nouvelles Orléans ? Un "ethnocide" e Louisiane
Ma faota d’ar gazetennerion a Baris komprein ar ger “ethnocide”, ne ket ret dezhe dont amañ. Bez zo lec’hioù all, pelloc’h, exotikoc’h, evit gwellout un "ethnocide"... En Nouvelle Orléans, da skouer. Beuzet eo bet ar-dro mill daou gant den du hont n’eus ket pell. Met beuzet eo bet ivez, aboae kant vloaz, ar galleg get ar saozneg...
Ker Nouvelles Orléans oa bet savet, krouet, get Fransizion, tri c’hant vloaz zo... Ha chom a ra daou gant mill den a gomz galleg e Louisiane, met kentoc’h war er maezioù hag e kerioù bihannoc’h ... Klewet peus c’hwi komz galleg e ker Nouvelles Orléans barz ar reportajoù gwellet ganeoc’h war an tele da vare ar gorventenn Katrina ? Me, m’eus klewet galleg ebet, nemet anvioù karterioù zo (“quartier français”)... E Lousiane e oa bet difenet dre lezennoù komz galleg ha deskiñ galleg er skol. Lakaet oa bet mezh war an dud a gomze galleg, yezh ar Blouked oa,  hervez an tud a oa e penn ar vro ! Saoznegerion anezhe...
Echu eo abaoe daou ugent vloaz bremañ get al lezennoù fall se. Skolioù zo bet savet evit deskiñ galleg dre “soubidigezh”, evel skolioù Diwan amañ. Met kazi razh an dud hiriv an deiz a gomz saozneg, pe spagnoleg, e ker “New Orleans”. N’eo ket doc’h ar c’hiz komz galleg. Echu eo get ar galleg du-hont evel amañ, tost echu eo ar brezhoneg e straedoù ker An Oriant pe Gwened... Setu, pal un ethnocide : lazhiñ ur yezh. Amañ, ar brezhoneg; e Louisiane, ar galleg.  N’eus difor ebet, benn ar fin.  Ar galleg hag ar brezhoneg zo c’hoarezed dirak an “ethnosidoù”...

Ar Gajuned (pennad skrivet e miz Genver 2004)
Ar sul kentan ag ar bloazh man m’eus klevet un abadenn a feson war France Inter a ziout ur yezh rannvroel ha n’eo ket ar yezh se ar yezh ofisiel en he bro. Komzet e vez abaoe kantvedoù met kollet  e vez tamm ha tamm. Lakaet eo bet an dispriz warni  get ar stad, er skolioù, ha c’hoazh. Plouked oa ar re a gomze ar parlant se.  Hiriv an deiz ar re yuvank o deus ankoueit yezh o zud kozh, ha gomz a reont ar yezh ofisiel hepken...  Tud kozh a lâre da France Inter a oa kounnaret anezhe e wellet stad o yezh a vihannig...
Sonjet m’eus oa a bouez an abadenn se evit diskouez d’ar selaouerien penaos eo an traoù evit ar yezhoù en arvar, ar yezhoù hep statut ofisiel, evel ar brezhoneg e Frans, laakomp... Met ne  oa ket un abadenn war ar brezhoneg, pe an okitaneg, pe an euskarreg, ha c’hoaz...  Komprenet peus marteze, oa an abadenn radio se a ziout ar galleg e Bro Lousiane, bro ar Gajuned ! Fall bras eo stad ar galleg du-hont. Bez ez eus tud yaouank a faota dezhe deskiñ Kajuneg, met desket e vez kentoc’h ar galleg ofisiel... Ha, geti, diaes eo d’en em gompreñ get ar re gozh a gomz c’hoazh kajuneg !
Pegoulz vo graet abadennoù war France Inter war ar yezhoù rannvroel en arvar e bro France ? N’ouion ket met, mard eo komprenan mat, interesusoc’h, eo evit ar radio publik se, ar pezh a zo e Bro Louisiane evit ar pezh  a zo e Breizh pe Okitania, pe Elzas... “
Christian Le Meut

26/10/2005

Immigration : l'Europe forteresse va droit dans le mur de la honte

Plusieurs associations, dont la Ligue des droits de l'Homme, diffusent cet appel concernant la politique d'immigration de la France et l'Europe, et les événements de Ceuta et Melilla.

Appel à signatures à l'initiative de l'AEDH, FIDH, LDH France, LDH Belgique, APDHA

"Tous les jours, des migrants venus d'Afrique meurent aux frontières de l'Europe pour avoir eu l’audace de croire qu’ils pourraient y vivre en paix et dans la dignité.

A Ceuta, à Melilla, la situation a atteint un seuil intolérable : un mur de barbelés se dresse entre l'Union européenne et l'Afrique et on n’hésite pas à tirer, quitte à tuer, pour empêcher qu’il soit franchi.

Au Maroc même, une véritable chasse s’est organisée. Des enfants, des femmes, des hommes, assoiffés, affamés, sont traqués et abandonnés en plein désert.

 

Est-il tolérable que l'Union européenne renie ainsi son obligation morale d’au moins entendre la demande de ceux qui viennent chercher asile ? Comment un tel traitement est-il possible ? Comment, au prétexte de réguler des flux migratoires, la politique de l'Union européenne peut-elle conduire l'Espagne à fermer ses frontières, en érigeant un mur comme si elle était assiégée par un ennemi redoutable ? Comment l'Union européenne ose-t-elle décharger ses responsabilités sur des « États tampons », en l’espèce le Maroc qu’elle laisse, sans réagir, envoyer des migrants à la mort ? Pour tenter de pénétrer sur le territoire de l'Union européenne, ils ont parcouru à pied des centaines de kilomètres, au risque de leur unique bien qui est la vie. Est-il acceptable que ceux qui fuient la pauvreté, la guerre et les conflits politiques ne trouvent comme réponse que la répression, voire la mort, quand ils tentent, dans un suprême sursaut collectif, de franchir un mur de barbelés qui se dresse entre eux et la liberté ?

 

Cette situation, aussi absurde qu’inhumaine, qui donne une telle image de l'Europe et que montrent quotidiennement les télévisions, doit cesser.

 

Aujourd’hui, nous appelons solennellement :

 

  • Le gouvernement espagnol, les gouvernements des États de l'Union et la Commission européenne,

à en finir avec ces atteintes massives et répétées aux droits de l'Homme, conséquence d’une politique migratoire de fermeture et d’externalisation qui ne mène qu’à l’impasse et à la violence ;

 

  • Le gouvernement marocain,

à cesser ses pratiques mortelles à l’égard de ceux qui transitent sur son territoire dans le seul but de trouver en Europe une réponse à leur misère ;

 

  • L'Union européenne

à mettre en œuvre, sans tarder, une politique véritable d’asile et d’immigration, respectueuse des droits, de l’intégrité physique et de la dignité des personnes.

 

Les migrants, aussi, ont le droit d’être traités dans le respect des conventions internationales : les droits de l'Homme ne se divisent pas, ils s’appliquent à tous.

 

Paris, le 13 octobre 2005"

Pour signer cet appel, envoyer un courrier à :

 

  • l’Association européenne pour la défense des droits de l’Homme : fidh_ae@yahoo.fr

ANPE : le bilinguisme n'a pas cours

"L'ANPE refuse de publier en breton des offres d'emploi pour Diwan" : Sous ce titre, l'association Diwan s'élève contre une décision administrative de l'ANPE refusant les annonces bilingues (français-breton) envoyées par cette association pour des postes de travail réclamant une connaissance de la langue bretonne...

"BREIZH - Le 29 septembre 2005 l'association Diwan demande à l'ANPE de publier deux offres d'emploi rédigées en français et en breton. Le 5 octobre, nous avons reçu en retour un courrier de la directrice de l'ANPE de Brest notifiant son refus de donner suite à notre demande. Ce refus était motivé ainsi : " Suite à votre courrier en date du 29.09.05 et après contact avec notre service juridique, nous sommes au regret de ne pouvoir diffuser vos offres d'emploi en langue bretonne. En effet, les offres d'emploi en langue bretonne seraient considérées avoir un caractère discriminatoire et, à ce titre, nous ne pouvons donc donner une suite favorable à votre demande. "

Nous protestons vivement contre une telle décision qui montre une fois de plus le mépris des institutions pour les langues régionales. Il est tout d'abord normal que l'annonce soit bilingue, puisque les emplois concernés nécessitent la connaissance et la pratique des deux langues. Cela étant acquis, la parution des offres d'emploi en breton et en français ne saurait être discriminatoire, car elle est conforme au profil des postes à pourvoir

D'ailleurs notre demande de publication est légale : elle est aussi publiée en français, permettant même à des personnes qui ne maîtrisent pas suffisamment le breton d'y avoir accès. A ce titre, l'offre d'emploi en français serait tout aussi discriminatoire, car accessible uniquement aux personnes connaissant le français. De plus la loi Toubon du 04.08.1994, à laquelle font référence sans doute les services juridiques de l'ANPE, précise bien dans son article 21 : " Les dispositions de la présente loi s'appliquent sans préjudice de la législation et de la réglementation relatives aux langues régionales de France et ne s'opposent pas à leur usage ". L'ANPE outrepasse donc la loi en refusant de faire paraître notre demande. Celle-ci s'inscrit également dans le cadre du programme de politique linguistique pour la Bretagne voté à l'unanimité des conseillers régionaux le 17 décembre 2004. Il s'agit de développer l'emploi du breton dans la vie sociale et professionnelle. Elle s'inscrit aussi dans le cadre des conventions internationales pour les droits de l'homme, le Pacte international pour les droits civils et politiques, la Convention internationale sur les droits économiques, sociaux et culturels, la déclaration universelle de l'UNESCO pour la diversité culturelle, et les objectifs de protection de la diversité des langues affichés par l'Etat et les organismes internationaux.

En outre, ce que la loi interdit, ce sont les publications en langues étrangères. Faut-il considérer le breton comme une langue étrangère en Bretagne ?

En conséquence, nous demandons à l'ANPE la publication en français et en breton de nos offres d'emploi. En cas de nouveau refus, nous souhaitons avoir connaissance des éléments juridiques qui, selon elle, s'opposeraient à la publication bilingue d'une offre d'emploi." Signé : Le Bureau Diwan.

 

Daou ginnig labour nac'het get an ANPE

 Setu ar gemenadenn kaset get Diwan e brezhoneg iwez :
"D'an 29 a viz gwengolo 2005 he deus ar gevredigezh Diwan goulennet digant an ANPE embann daou ginnig labour skrivet e galleg hag e brezhoneg. D'ar 5 a viz Here ez eus bet degemeret ul lizher digant renerez ANPE Brest o kemenn deomp penaos e nac'he asantiñ d'hor goulenn. En doare-mañ e oa abeget an nac'hadenn-se : "Da heul ho lizher eus an 29.09.05 ha goude bezañ bet e darempred gant servij al lezennoù, eo gant keuz e kemennomp deoc'h ne c'hellomp ket skignañ ho kinnigoù labour e brezhoneg. Evit gwir ar c'hinnigoù labour e brezhoneg a vefe lakaet evel diforc'hus hag abalamour da se ne c'hellomp ket asantiñ d'ho koulenn.

Gant nerzh e klemmomp ouzh seurt diviz hag a ziskouez ur wech ouzhpenn penaos e vez graet fae war ar yezhoù rannvro gant an ensavadurioù. Da gentañ ez eo reizh e vefe divyezhek ar gemennadenn dre ma z'eo ur redi evit an implijoù meneget gouzout hag implij an div yezh. Se o vezañ splann, ne vefe ket diforc'hus embannadur ar c'hinnigoù labour e brezhoneg hag e galleg rak e vefe hervez doare ar postoù da bourveziñ.

Hervez lezenn eo hon goulenn embannadur : embannet e vez ivez e galleg, o reiñ tro zoken d'an dud na vestroniont ket a-walc'h ar brezhoneg da dizhout anezho. Dre-se ar c'hinnig labour e galleg a vefe ken diforc'hus all dre ma vefe graet nemet evit an dud a ouife galleg. Ouzhpenn-se al lezenn Toubon eus ar 04.08.1994 a zo resis en he mellad 21 : reolennoù al lezenn-mañ a dalvez hep ober gaou ouzh lezennoù ha reolennoù diwar-benn ar yezhoù rannvro ha ne yeont ket a-enep o implij En tu all d'al lezenn e ya an ANPE eta pa nac'h lakaat embann hor goulenn. Hor goulenn a gemer plas ivez e framm ar program politikerezh yezh evit Breizh votet a-unvouezh gant ar guzulierien rannvro d'ar 17 a viz Kerzu 2004. Ar pal eo kreskiñ implij ar brezhoneg er vuhez sokial ha micherel.

Kemer a ra plas ivez e framm an emglevioù etrevroadel evit gwirioù mab-den, an emglev etrevroadel evit ar gwirioù keodedel ha politikel, an emglev etrevroadel war ar gwirioù ekonomikel, sokial ha sevenadurel, diskleriadur hollek an UNESCO evit al liested sevenadurel ha palioù gwareziñ ar yezhoù embannet gant ar Stad hag an ensavadurioù etrevroadel. Ouzhpenn ez eo an embannadurioù e yezhoù estren a vez difennet gant al lezenn. Daoust hag e ranker gwelet ar brezhoneg evel ur yezh estren e Breizh ?

Setu perak e c'houlennomp digant an ANPE embann hor c'hinnigoù labour e galleg hag e brezhoneg. Ma vez nac'het adarre e karfemp gouzout peseurt elfennoù lezennel, hervez an ANPE, a yafe a-enep embannadur divyezhek ur c'hinnig labour.
Ar Burev Diwan"

Pennadoù embannet war :
http://www.agencebretagnepresse.com/fetch.php?id=2702


25/10/2005

Carcassonne : grosse manifestation pour l'occitan

Une forte mobilisation pour l'occitan a eu lieu samedi dernier dans les rues de Carcassonne. La cause des langues régionales mobilise : 20.000 personnes avaient manifesté pour la langue bretonne en mars 2003 dans les rues de Rennes. Pour autant, il n'y a toujours pas de statut officiel pour les langues régionales en France, en contradiction avec les lois européennes et les déclarations officielles sur la diversité culturelle (qui, semble-t-il, valent pour l'extérieur des frontières afin de lutter contre l'influence étasunienne et anglo-saxonne, mais pas à l'intérieur).

"CARCASSONNE : Plus de 10,000 personnes samedi dernier à Carcassonne pour la défense et la  promotion de la langua Occitane. Un collectif demandait un statut de langue officielle à l'occitan dans l'Etat français, statut que cette langue a déjà en Espagne (Val   d'Aran, Catalogne) et en Italie (Vallées Occitanes du Piémont).
L'occitan est gravement menacé, et alors que Chirac défend la diversité culturelle dans le monde entier, le gouvernement français méprise la langue de Corrèze et la diversité linguistique du territoire dont il a la charge.
Une chaîne de télévision, une radio publique, une loi qui permet aux initiatives privées de s'exprimer dans ces domaines, l'occitan dans la vie publique, des aides à la création, une véritable politique pour  l'enseignement de la langue en immersion et à parité horaire, voilà quelles étaient les revendication exprimées hier par plus de 10,000   personnes de toutes générations. De nombreux bretons (dont des journalistes de Breman et Radio Kerne),  catalans, basques et corses étaient présents aux côtés des occitans.  L'occitan est parlé chaque jour par 1 million de personnes, 2 autres millions pourraient le parler, et 6 autres millions le comprennent dans   33 départements du sud de l'Etat français. Jaume Còsta"               

Communiqué publié sur le site :
 http://www.agencebretagnepresse.com/

22/10/2005

“Bretagne, centre du monde habité !”

Petit complément à l'article "Nos ancêtres les Gaulois..." : Adolescent, j’écoutais le chanteur Alan Stivell. Dans un très beau chant appelé “Délivrance”, il parlait d’un Bretagne rêvée, indépendante, protectrice des personnes opprimées, de la nature, et... “centre du monde habitée”... Comment peut-on se représenter la Bretagne comme le “centre du monde habitée” me demandais-je ? Et bien certains géographes y sont arrivés en tronquant l’Australie, une partie de l’Afrique et de l’Amérique latine. Cette carte figure dans “L’Atlas historique de la Bretagne”, édition de 1986. Elle a été enlevée d’une réédition plus récente... Mais finalement chaque peuple ne se prend-il pas pour le centre du monde ? Et chaque Etat ? La France et l’Europe ne sont-elles pas au centre de nos représentations cartographiques ? Et surdimensionnées par rapport à leur surface réelle?
Christian Le Meut

19/10/2005

Ils ne tuent pas en mon nom !

Les soldats espagnols et marocains qui ont tiré sur des immigrants, qui en ont tué certains, blessé et tabassé d’autres, passeront-ils en procès ? Probablement pas car ils ont, je présume, obéi aux ordres. Alors leurs supérieurs seront-ils jugés ? Et les ministres responsables, en Espagne, au Maroc ?
Des soldats d’armées régulières tirent sur des hommes désarmés qui ne les menacent pas, qui ne menacent personne mais cherchent à forcer un passage pour espérer gagner l’Europe, et aucune suite judiciaire n’est envisagée ? C’est donc que la guerre est vraiment déclarée ?
Qu’il est normal de tuer sans avoir à répondre de ses actes ?
Que vouloir passer clandestinement en Europe est passible de la peine de mort ?
Allons-nous ressortir l’huile bouillante pour la lancer sur les assaillants ?
En sommes-nous arrivés là ?
Car la barbarie, ces temps-ci, n’est pas du côté de ces hommes qui tentent de venir travailler chez nous pour nourrir les leurs. Mais de nôtre côté. L’Afrique nous est trop souvent montrée comme le théâtre de guerres, de famines, de misère... Mais qui fait la guerre ? Nous, Européens. Des soldats tuent pour empêcher des immigrants d’entrer en Europe et nous, tranquillement, laissons faire. Et les survivants, on les lâche dans le désert sans eau ! Après la fusillade, la torture par la soif !
Ces crimes là ne relèveraient-ils pas du Tribunal pénal international ?
Je veux dire aujourd’hui que ces soldats qui ont tiré, et parmi eux des soldats de l’armée d’Espagne, donc des soldats européens; que ces soldats donc, je condamne leur acte. Je demande que les responsables civils et militaires de ces meurtres rendent compte devant la justice.
Moi, citoyen européen, ils ne me défendent pas. Ils m’agressent, au contraire, en tuant des hommes désarmés. Ils me font honte. Ils me révoltent. Ils ne protègent pas l’Europe ni ses citoyens mais ils appliquent d’une certaine manière -violente- une politique décidée par des gouvernements européens; ce n’est pas la même chose.
Ils foulent aux pieds, ainsi, les valeurs sur lesquelles l’Europe devrait se fonder. Les valeurs de respect de la personne humaine et d'Etat de droit, en premier lieu.
Si nous croyons, nous, Européens, que ces soldats protègent nos intérêts, nous nous trompons complètement. Les lignes Maginot, les grandes murailles de Chine, ne sont que des fantasmes trompeurs, elles n’assurent pas la sécurité, bien au contraire, elles engendrent la violence et la guerre car elles nous empêchent de voir plus loin.
Le monde aujourd’hui est suffisamment prospère pour nourrir tous les êtres humains. Pour les scolariser, les soigner, permettre leur épanouissement. La source de la violence actuelle, c’est l’absence de démocratie et de respect réel des droits de l’Homme, c’est la répartition inégale des richesses et l’accaparement des ressources mondiales par des minorités de plus en plus riches. Ce sont ces fortunes là, que nos lignes Maginot protègent, pas les citoyennes et citoyens européens.
Notre intérêt à nous, simples citoyens, est, au contraire, de faire tomber les murailles et de construire des solidarités. D’ouvrir les portes.
Non, décidément non, ces militaires n’ont pas tué en mon nom.

Christian Le Meut