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25/11/2005

E galleg, mar plij !*

France Télécom et Josep Borrell, président du parlement européen distingués pour leur "acharnement" à promouvoir l'anglais.

"AP | 23.11.05 | 21:05
PARIS (AP) -- France Télécom et le président du Parlement européen Josep Borrell ont été distingués mercredi par l'Académie de la carpette anglaise, pour leur "acharnement" à promouvoir la langue anglaise au détriment du français. Chaque année depuis 1999, l'Académie de la carpette anglaise distribue ses mauvais points. Pour cette édition 2005, l'opérateur France Télécom présidé par Didier Lombard a été désigné au premier tour de scrutin pour "la mise en place de services et produits aux dénominations anglaises ("Business Talk", "Live-Zoom", "Family Talk"...) par huit voix contre quatre à Yves Daudigny, président du conseil général de l'Aisne pour sa "grotesque" campagne publicitaire en anglais "L'Aisne, it's Open!".

Par ailleurs, le "prix spécial à titre étranger" attribué à un "membre de la nomenklatura européenne ou internationale, pour sa contribution servile à la propagation de la langue anglaise" est allé au président du Parlement européen Josep Borrell. L'académie l'a "distingué" pour "avoir avantagé l'anglais lors de la session de l'assemblée parlementaire Euro-Méditerranée qu'il vient de présider à Rabat au Maroc (...) sans prévoir la traduction des documents de travail".
L'Académie de la carpette anglaise, présidée par Philippe de Saint Robert, compte entre autres membres l'ancien président du Conseil supérieur de l'audiovisuel Hervé Bourges, la journaliste Christine Clerc et l'écrivain Dominique Noguez. AP"

* En français s'il vous plaît ! 

23/11/2005

Wanadoo ne veut pas trop de "patois" sur son T'chat...

Extrait du règlement intérieur du t'chat wanadoo :

"Un salon de t'Chat est peuplé de pseudos connectés qui sont autant de personnes et il est demandé de respecter autrui en appliquant du mieux possible les règles édictées dans ce document. Ecrire n'importe quoi est considéré comme polluant. Si vous souhaitez discuter d’un sujet précis sur un sujet épineux, ouvrez un salon privé et invitez les pseudos que cela intéresse ; mais en aucun cas vous avez le droit de monopoliser un salon public pour une discussion à deux ou en petit comité.
De même, les lois françaises s’appliquent dans le t’Chat : chaque personne est responsable du pseudo t'Chat qu'il choisit et des discussions qu'elle entretient avec autrui en public ou en privé ou de toute autre activité sur les serveurs de t’Chat (connexion de robots ou clones). Toute personne envoyant un message vulgaire ou à caractère ouvertement pornographique sur un salon public se verra sanctionnée par une exclusion temporaire du service et risquera une suspension de sonabonnement en fonctionde la gravité de ses propos.Tout appel à la haine raciale ou tout propos irrespectueux de la dignité humaine sont passibles de poursuites. Les insultes, propos calomnieux ou diffamatoires ne sont pas admis.
Les conversations dans les différents patois (alsacien, breton, provençal…) sont admises dans les salons géographiques adéquats et laissées à l'appréciation des @: il ne faut pas que ce parler noie le salon au détriment de la langue comprise des francophones: le français classique."

aller voir :
http://www.wanadoo.fr/bin/frame2.cgi?u=http%3A//tchat.wanadoo.fr/page.php%3Fpage%3Dus_et_coutumes
 

21/11/2005

An archerion hag ar baobab

N’eus ket pell zo e oan e vonet en dro d’an Hen Bont, e lec’h eh on e chom. War bali ar Republik e oan, ha petra m’boa gwellet ? Ur baobab war ti an archerion, ti ar jandarmed ! Nompas ur baobab da vat, ur wezenn, met ur baobab treset. Bizkoazh m’boa gwellet tresadennoù war ar vangoerioù-se ha souezhet oan. Ne oa ket un tag met ur pub, ur vruderezh vras evit ur stall e lec’h ma vez gwerzhet traoù al liorzh. Ar panel bras spontus se oa bet lakaet, hag a zo c’hoazh, tost tre da di an archerion, met pas warnan, just a goste, barzh liorzh o voisined...
Difennet eo lakaat bruderez ar vangoerioù tier an archerion d’am sonj. Sonjit ta : ar jandarmed sponsoriset get markoù zo : alkohol, gwin, butun pe kirri-tan. “An torfetourion a vez tapet hag arrestet buanoc’h a gres d’an otoioù Truc”; nag ur vruderezh a feson ! Pub vez lakaet un tammig partout bremañ, muioc’h mui, met pas c’hoazh war savadurioù publik ha gwell a se...

Bruderezh war un oto
Bon, ar jandarmed a chomo divruderezh c’hoazh en Hen Bont, ar pezh n’eo ket gwir evit an CCAS... Ar Centre communal d’action sociale... E penn kentañ ar bloaz mañ oan bet souezhet ivez e wellet un oto mont ha dont dirak ma zi (ma ranndi evit bout rezis), get ur bern pub warni. Anv ur stall bras brudet skrivet warni, ha markoù all ivez... Hag ar c’har-se a arreste e ti amezeion din bemdez da gas predoù ... Souezhus oa. Un tammig goude m’boa komprenet an traoù. Lakaet oa bet bruderezh war ur c’har-yenerezh, un oto get ur frigo, bet prenet get ar CCAS. Hag a gres d’ar pub se e vo paiet an oto-se a benn un nebeut bleadeù...
Kaer eo met bremañ e vez gwellet bemdez an oto divalav se e vonet hag e tonet er stradoù an Hen Bont. Kaset vez bemdez boued d’ur bochad tud mod-se; ouion ket mard int laouen, ar re se, bout kaset dezhe o fredoù get un oto livet evel se ha remerchet get razh an dud ag ar c’hornad ! Kaset vez ivez boued d’ar skolioù get ar c’harr se. Ha setu bruderezh e vonet barzh ar skolioù, ar pezh a zo difennet, d’am sonj, met pas en Hen Bont... Ti ker an Hen Bont ‘vez dalc’het abaoe pell get tu a glev, kommunisted ha sosialisted. Ne seblantont ket bout chalet kement-se e wellet ar vruderezh-se. Ha perak pas lakaat pub war ar vangoerioù kreñv pe war ar vazilikenn evit kas argant d’o c’hempenn ?

An "deboulennourion"
Gouniet eo bet un tammig argant get ar CCAS a drugarez d’ar pub se, met gouniet eo bet plas get ar pub e straedoù an Hen Bont, ar pezh a gavan domaj. Rak muioc’h mui a vruderezh e wellomp e pep lec’h. Lec’hioù zo a zeu da vout divalav a gaos d’ar panneloù bras lakaet e pep lec’h, war an tier, el liorzhoù, war ar maezioù...
Tud zo o deus savet ur strollad nevez evit sevel a-enep d’an dra se : “Strollad an deboulennourion”, le “collectif des déboulonneurs”, a vez graet anezhe. O fall : lakaat ar gouarnamant da chench lezennoù zo evit bihannat ar pannelloù bruderezh, nompas lakaat re a bannelloù en ur gummun, ha c’hoazh... Ar strollad se a c’halv an dud da livañ, da “varbouillañ” pannelloù pub zo en o c’hornad. O feson da stourm a zo er maez ag al lezenn hervez doare an “désobéissance civile”. Ma faota deoc’h gouiet pelloc’h, c’hwi hell skrivañ d’ar Collectif des déboulonneurs, 24 ru Louis Blanc 75010 Paris.
Un tammig nebeutoc’h a vruderezh barzh hor buhez pemdeziek ne rahe ket droug deomp, me lâr deoc’h...
Christian Le Meut

Lec'hienn : deboulonneurs.free.fr

20/11/2005

Les gendarmes et le baobab

Il y a quelques semaines j’ai été surpris en venant de Lorient à Hennebont par l’avenue de la République : il y avait un baobab sur la gendarmerie ! Pas un vrai baobab, ni même un tag, non, un panneau publicitaire pour une grande surface de jardinage... Et un panneau publicitaire énorme. En fait, il était installé dans le jardin de voisins de la gendarmerie, mais suffisamment près pour que l’on puisse le croire installer sur les murs de ce bâtiment public. Or l’on voit peu de publicité, sur les bâtiments publics, et c’est heureux. Cela doit être, probablement, interdit. Imaginez donc des panneaux publicitaires sur les gendarmeries, pour des marques d’alcool par exemple, cela pourrait faire jaser. Ou encore pour des marques de voitures. “Avec les véhicules machin, les criminels sont arrêtés plus rapidement !”; ou “Les 4-4 bidules facilitent la vie de nos gendarmes !”... La pub envahit nos vies quotidiennes, pas encore jusque là, heureusement.

Même le CCAS s'en mêle
Mais on s’en approche peut-être doucement, du moins dans ma belle ville d’Hennebont. Là, au début de cette année, j’ai remarqué un drôle de véhicule réfrigéré, bariolé de partout, avec des marques dessus, et qui s’arrêtait tous les jours près de chez moi... Je ne l’avais jamais remarqué auparavant et j’ai appris quelque temps plus tard qu’il s’agissait d’une voiture du CCAS... Oui, le Centre communal d’action social. Les responsables du CCAS, dont le maire fait partie, ont eu l’idée lumineuse de financer l’achat d’un véhicule réfrigéré par de la publicité peinte ou collé dessus. Les personnes chez qui les repas sont livrés tous les jours apprécient-elles un tel tapage publicitaire et aussi peu de discrétion ? Il n’est pas certain qu’on leur ait demandé leur avis... Ce véhicule du CCAS livre également des repas dans les écoles. La pub fait ainsi une entrée de plus dans les espaces scolaires hennebontais. Merci donc au CCASP, Centre communal d’action sociale et publicitaire.

Hennebont est une ville dirigée depuis quelques décennies par des élus de gauche. Mais des élus de droite oseraient-ils aller aussi loin ? Pourquoi pas de la pub sur les remparts ou sur la basilique, pour en financer les travaux de restauration ? Ou sur l’église de Saint Caradec, fermée et dont on ne sait pas quand elle sera restaurée, si elle l’est un jour ? Mais je m’arrête là parce qu’on ne sait jamais, certains pourraient prendre ces idées au sérieux du côté de la municipalité hennebontaise...

Les déboulonneurs débarquent
La publicité envahit notre vie quotidienne. Elle pollue les paysages de nos villes et nos campagnes avec ses panneaux publicitaires énormes qui font tâche. Un collectif de citoyens vient de se créer pour organiser des actions contre ce type de publicité. Le “collectif des déboulonneurs”, c’est son nom, propose d’organiser des actions publiques de désobéissance civile en barbouillant ces panneaux publicitaires à des moments précis, en avertissant la presse et en assumant publiquement ses actes. C’est illégal, mais il s’agit de faire pression sur le gouvernement afin qu’il édicte des règles limitant la surface de ces panneaux publicitaires. Ce collectif ne veut pas interdire la publicité, mais en limiter les effets négatifs. Les renseignements peuvent être demandés au Collectif des déboulonneurs, 24 rue Louis Blanc, 75010 Paris (lire également la note du 2/11 où les déboulonneurs se présentent eux-mêmes).

Un peu moins de pub dans nos vies quotidiennes, cela ne nous ferait pas de mal, non ?

Christian Le Meut

Site : deboulonneurs.free.fr

19/11/2005

Levr nevez : Eil derez

Setu ul levr nevez embannet get Keit vimp bev, evit ar grennarded, skrivet get Gi Bideau, e gwenedeg... Bourrapl eo, n’eus ket kement se a levrioù embannet e gwenedeg. Tri ugent pajenn zo. Istoer ur verc’h yaouank, Anna ar Borgn, ur verc’h a feson, jentil hag a zesk mat er skolaj... Dispartiet eo he zud, Mari, he mamm ha Yann, he zad. Yann zo un den trist awalc’h, tapet get poan spered alies, met karet get e verc’h memestra. Chomet eo en e unan goude an disparti, met Mari zo aet get un den all, Mark...
Un deiz he zad a bellgomz da Anna. Laouen bras eo, ar pezh n’eo ket bemdez: ur dra nevez ha souezhus n’eus da lâret d’e verc’h, met ur souezhadenn eo, ha ne lâr ket netra da Anna doc’htu. Ret vo gortoz o emgav kentañ, e fin ar sizhun... Ya, met an deiz ar lerc’h emañ kavet Yann marv en e di... En em lazhet en deus e tapout re a louzou ! Trist eo Anna met n’hella ket krediñ anezhi en deus en em lazhet he zad...
Ya, met, mard emañ bet lazhet Yann, perak ha get piv ?... Doérieù all zo ar sizhun se : un den n’eus gouniet el loto e memes ker e lec’h m’emañ e chom Yann ha Anna ... Hag ur mignon da Yann eo ! Anna a grog da furchal ha petra vo kavet geti ? Ne z'in ket pelloc'h. Deoc’h c’hwi da lenn : Eil derez... Ur romant a blijo ivez d’an tud a vour dezhe ar matematikoù !

Eil derez, Gi Bideau, embannet get Keit vimp bev (29250 Laz - 02 98 26 87 12), 5 €.. Kavet 'vez al levrioù se er stalioù zo (Lenn ha dilenn e Gwened, Koop Breizh An Oriant...).

En français : petite note sur "Eil derez" (second degré) un livre en breton qui vient de paraître à destination des adolescents brittophones (parlant breton). Depuis vingt ans les écoles bilingues se sont développées, mais les enfants évoluent souvent dans un univers uniquement francophone hors de l'école. Le breton, langue interdite à l'école pendant près d'un siècle, devient pour eux la langue scolaire, avec ses contraintes, et le français celle du plaisir ! D'où l'importance d'éditer des ouvrages à leur destination. Encore faut-il qu'ils les lisent ! Certains passent plus de temps devant la télé ou l'ordinateur qu'à lire des livres...

Christian Le Meut

18/11/2005

Sinema : Nedeleg laouen - Joyeux Noël

Nedeleg laouen - Joyeux Noel a grog get un emgann bras. Soudarded a Vro c’hall hag a vro Skoss a fard war an Alamaned e redek betag o fongelloù. Met ur yoc’h zo lazhet hag emañ ret dezhe mont war gill... Da vare Nedeleg 1914 eo. Da noz Nedeleg un Alaman a gan, d’e du. Brav eo, ur c’hanour opera a vicher eo an den se. Met un den all, a vro Skoss, a gomans da soniñ ar memes ton get e binioù bras, d’e du ivez. An Alaman a sav evit mont war zu ar Skossed, hep bout lazhet gete. Ur beleg skoss ha soudarded all a ya er maez ag o fongelloù ivez... Un overenn a zo lidet get ar beleg evit an tri strollad, e latin... Ur sort troc’h brezhel a zo divizet get an tri ofisour yaouank ag ar c’hornad. Ar re varv a oa chomet war al leurenn, skornet, zo kemeret get bep arme, ha douaret int.
An deiz ar lerc’h, ar soudarded alaman, skoss ha gall a c’hoari football pe kartoù asambles, hag an ofisourien a ev ur banne kafe asambles !
Ar film se zo bet savet hervez traoù gwir. “Fraternisation” zo bet etre ar soudarded, met monet a ra un tammig re bell geti, d’am sonj. Un ofisour yaouank a zeu da welled e enebourion evit lâr dezhe e vint bombezennet araok pell, hag e c’hellint dont d’e du evit nompass bout lazhet... Digredapl !

Ar c'hazh : un treitour !
Ur c’hazh a ya d’an daou du, get an Alamaned ha get ar Franzision ar lerc’h. Toul bac’het eo e fin ar film evel “treitour”... Met, hervez ar pezh m’eus klewet, fuzuillet oa bet ar paour kaezh c'hazh se da vat ! Ar brezel zo krivoc’h evit ar pezh diskouezet er film-se. Ur film bourrapl eo, a gas da gompreiñ pegen sot eo ar brezel, met ne ziskoueza ket ar brezel da vat. Ur sort kontadenn eo, benn ar fin. Brav da welled, ha get krennarded, perak pas ?

Résumé en français : Le film "Joyeux Noël" montre un exemple de fraternisation, la nuit de Noël 1914. Le film comporte de très belles scènes, et montre l’absurdité de la guerre et de la violence. Mais il n’est probablement pas un tableau fidèle de ce qui s’est passé sur le front, ni même de ces fraternisations. Il raconte une belle histoire d'amour, ainsi qu'une histoire d’amitié impossible. C’est un beau conte, une réflexion sur la guerre et contre l’embrigadement...

Christian Le Meut

17/11/2005

Beajoù hir - les grands voyages...

Beajoù hir a blij deoc'h ? Kit da welled blog Gérard Ponthieu, ur c'hazetennour a zo e tond en dro ag an Afrika war ur vag vras spontus (porte containers). Souezhus eo, ha kentelius ouzhpenn.
Les grands voyages vous plaisent ? Allez voir le blog de Gérard Ponthieu, journaliste de retour d'Afrique sur un porte-containers
géant... Etonnant et instructif !

http://gponthieu.blog.lemonde.fr/gponthieu/

15/11/2005

Mahmoud Mouhammad Taha : le "Gandhi soudanais"

Et si le message principal de l’islam était la non-violence, l’égalité entre les sexes, une forme de socialisme, l’abolition de la guerre sainte ? C’est ce que soutenait le philosophe soudanais Mahmoud Taha (1908-1985), fondateur des “Frères républicains”, pendu à Khartoum en 1985 par un régime militaire voulant donner des gages aux islamistes.

Le 18 janvier 1985, le penseur musulman Mahmoud Mouhammad Taha est pendu dans une prison de Khartoum pour délit d’opinion et sous la pression des musulmans intégristes. Ancienne colonie britannique, le Soudan, dirigé par le général Nemeyri a adopté en 1983 un code pénal issu de la “Charia”. Les thèses du penseur deviennent passibles de la peine de mort. Il est vrai qu’elles tranchent avec la pensée dominante de l’Islam à cette époque, et encore aujourd’hui.

Mahmoud Taha estime, en effet, qu’il faut distinguer deux époques dans la vie de Mahomet. La première, lorsqu’il vivait à La Mecque (610-622), qui fonde une religion basée sur la responsabilité de l’être humain, et la seconde, dite “période médinoise” (622-632). Chassé de La Mecque, il faillit y être massacré avec ses fidèles, Mahomet se réfugie à Médine. Il se mue alors en chef de guerre et adapte son message spirituel à ce nouveau contexte.

La “seconde mission” de l’islam
Un prêtre jésuite français, Henry Coudray, a étudié la pensée de Taha et s’est rendu en 1973 au Soudan, où il a rencontré Taha et sa communauté des “Frères républicains”. Il présente ainsi l’approche du penseur : pour Taha, “L’islam véritable et définitif, c’est celui de la “seconde mission”, celui qui a été prêché par Mahomet à La Mecque, mais qui a été temporairement supplanté par la prédication de Médine. En effet, lorsque Mahomet a commencé à proclamer son message, il a appelé à la religion parfaite, qui repose sur la responsabilité et la raison de ses membres et fait appel à leur liberté. Mais, à cause de l’impréparation de ses concitoyens et du niveau encore grossier de la civilisation au VIIe siècle, eu égard à un si sublime message, il a été obligé, de rabattre ses ambitions et, pour des raisons pédagogiques, de condescendre au sous-développement culturel et religieux de son époque.
Il prêcha donc alors une religion qui faisait appel à la croyance plus qu’à la connaissance. C’est au niveau de cette première mission que les musulmans ont vécu jusqu’à présent. Mais, désormais, à cause du progrès accompli par l’humanité, le moment est venu de passer à la deuxième mission. Il faut donc abandonner la première Loi (charia) instituée à Médine (...) pour établir la deuxième Loi, qui correspond à l’Islam parfait et qui s’inspire des “racines” de la religion. Ainsi, dans la nouvelle Loi, plus de guerre sainte, ni d’esclavage, ni de capitalisme, ni d’inégalité entre homme et femmes, ni de polygamie, ni de port du voile, ni de séparation des sexes”.
A la question posée par Henry Coudray de savoir s’il était un utopiste, il répondit : “Utopie, si vous voulez, mais utopie réaliste reposant sur une analyse scientifique de la réalité”.

Les “Frères républicains”
Et ces principes, Taha les a mis en application dans les communautés qu’il a créées. Une douzaine existaient à Khartoum en 1973 lors du séjour d’Henry Coudray. Ces “Frères et sœurs républicains” vivaient sous le signe des partage des biens, de la mise en commun d’une partie du salaire, dans des logements séparés mais proches pour pouvoir prier en commun, organiser des soirées de réflexions et préparer les actions militantes visant à faire connaître la pensée de Mahmoud Taha. Celui-ci ne s’est, semble-t-il, jamais engagé sur le terrain électoral.
Ni proche du Parti communiste, dominant à gauche, ni des droites nationalistes ou fondamentalistes, Taha et ses disciples ont pu s’exprimer librement sur les campus et dans les rues jusqu’au début des années 80. Il semble que les Frères républicains avaient une certaine influence sur le monde étudiant.

Lecteur de Darwin
Les lois de l’époque étaient encore sous influence des lois coloniales et le régime de Nemeiry, en place depuis 1969 suite à un coup d’Etat, n’a adopté la charia qu’en 1983 alors qu’il avait doté le Soudan d’une constitution démocratique basée sur les droits de l’Homme, en 1973.
Mahmoud Taha a goûté de la prison en 1938, durant deux ans, pour s’être opposé au régime colonial britanniques. Il en a profité pour lire Darwin, Marx, Auguste Comte... En 1968, il est condamné par des responsables religieux et, en 1972, l’Académie des recherches islamiques du Caire juge hérétique son principal livre, “La deuxième mission de l’Islam”(1).
Aussi, lors de l’adoption de la Charia comme code pénal en 1983, Taha la conteste, signalant les contradictions entre la Constitution en vigueur et le nouveau code pénal. Arrêté, il est libéré mais continue de contester. La charia est, pour lui, “une insulte au Soudan et à l’Islam”.
Arrêté de nouveau en janvier 1985, avec quatre disciples, il est condamné pour “menées contre le gouvernement”, sentence confirmée en appel. Ses disciples se repentent et ont la vie sauve mais Taha refuse, lui de se rétracter.
Malgré des appel du monde entier, il est pendu le 18 janvier, ses écrits sont condamnés à être brûlés. En avril, un soulèvement populaire renverse Nemeiry...

Une “nouvelle charia” ?
Mahmoud Taha cherchait une nouvelle charia qui, selon Henry Coudray, “correspondrait, en gros, à la Déclaration universelle des droits de l’Homme, en allant encore plus loin sur les questions de non-violence, de respect de la femme, de l’étranger, etc. Il se prononçait contre le port du voile car l’islam, disait-il est pour la liberté".
Mahmoud Mouhammad Taha a été surnommé le “Gandhi soudanais” au moment de sa mort. Comme Gandhi, il a été assassiné, mais, contrairement au Mahatma, sa pensée est tombée dans l’oubli. Elle mériterait d’être mieux connue et reconnue à l’heure actuelle mais aucun de ses livres n’a été traduit en français.
Christian Le Meut

* Texte uniquement en version française.

(1) Mais ce livre a été traduit en anglais. Les sources divergent quant à la date de naissance de Taha : 1908 ou 1916.

14/11/2005

Breizh d'ar Vretoned ?

Bep hañv 'vez lakaet e Breizh war pontoù hentoù bras skritelloù a lâr : “La Bretagne aux Bretons”, skrivet e galleg. Ur skritell all a ziskouezh ur moske : “Mod-se eman Bro C’hall...” Ya, moskeoù a zo e Bro-C’hall, ha neuze ? Musulmaned ‘zo e Breizh, perak nompas sevel moskeioù evite ? Unan zo e Roazhon. Un dra a bouez eo bout anavet an islam evel ur relijion par d'ar relijionoù all e Frans, dre ar "Conseil du culte musulman" savet bloavezhioù. Mod-se lec’hioù dign vo savet evit pediñ o doué e respetiñ al laikerezh, evel rezon. Met aliez c'hoazh 'vez pedet get ar Musulmaned e lec'hioù n'int ket dign.
Mard n’int ket sikouret genomp, sikouret e vint (ha sikouret int dija abaoe pell) get tud a vroioù all evel Arabia Saoudite, Turki, Maroko, da skouer, tud a zo, aliez, re strizh o feson da vout musulman. Paiet vez ar moskeioù gete, ha kaset gete ivez imamed n'anavezont ket anezhe lezennoù ha kustumoù a Frans. Gwasoc'h c'hoazh ul lodenn vras ag an imamed 'vez stummet evit stourm a enep hor c’hustumoù ha lezennoù. Gwelloc'h vehe stumman imamed aman, e Bro C'hall, evel ma vez stummet ar veleion...
Hiriv an deiz ur bochad tud yaouank kenidig ag ar broioù musulman ne gavont ket labour pe tier. Ur gwir gouennelouriezh (“racisme”) spontus zo. Emen 'vez degemeret mat ar re yaouank se...? Er moskeioù, evel rezon, ha levezonet int get imamed strizh o doare da vout musulman. Met meur a feson zo da vout musulman. Ar musulmaned e Bro C’hall a faota dezhe pediñ o doue, monet d’an overenn ha lidañ o festoù sioul ha trankil evel ar Gatoliked, ar Brotestanted, ar Juvezion, ar Voudisted, ha c’hoazh. Ar relijion zo un dra privez en ur vro laik. Met, seul muioc'h vo anavet an islam evel ur relijion par d'ar re all, seul bihanoc'h vo levezonet ar Musulmaned get an integristed.
Setu, ar pezh a sonjan e lenn ar gwall skritelloù lakaet war pontoù hentoù bras. “La Bretagne aux Bretons”. Strolladoù all a lâr : “La France aux Français”. Kavet m’eus ur slogan nevez : “La France aux Français ; la Bretagne aux Bretons et la Champagne aux Champignons”. Klotiñ a ra... Pep hini en e di hag ar re all er maez ! Met bon, marteze ne vehe un dra ken mat : sonjit ta, razh ar potironed, razh an tokoù touseg, razh ar c’habelloù touseg skarzhet e Bro Champagne ! Ne chomehe netra aman da lakaat war hor c’hrampouezh deomp-ni ! Nag ur spont...
Christian Le Meut

La Bretagne aux Bretons et... ?

Tous les ans fleurissent de belles affiches sur les routes bretonnes pour souhaiter la bienvenue aux gens qui viennent nous voir. Elles disent : “La Bretagne aux Bretons”. Une autre montre une affiche avec une mosquée et dit, je cite de mémoire “C’est ça la France”... Et oui, il y a des mosquées France, notamment en Bretagne, à Rennes. S’il y a des musulmans en Bretagne, ils ont droit à des lieux de cultes dignes, comme les catholiques, les protestants, les juifs, les bouddhistes et les autres. Et il est d’ailleurs particulièrement important de reconnaître à part entière l’islam dans la société française et de l’aider à se structurer, ce qui se fait depuis la création du Conseil français du culte musulman.
Ce type de structure existe également pour les églises chrétiennes et juives. Certes, cet organisme fonctionne de manière un peu chaotique et pas toujours très claire mais c’est probablement une voie pour intégrer l’islam et les musulmans, en France dans le cadre des lois sur la laïcité.

Les ravages du racisme
Trop souvent encore, les mosquées ou les salles de prières sont érigées avec de l’argent venant de pays étrangers, d’Arabie saoudite, de Turquie, du Maroc, et d’autres pays, en fonction des origines de la communauté qui, en France, érige le lieu de culte. L’imam est souvent de la même origine que l’argent ayant financé le bâtiment. Il n’est pas toujours français, ne parle pas toujours le français, et ne connaît pas forcément les lois et les usages de notre pays. Parfois même, il a été formé pour lutter contre ces lois et ces usages considérés comme contraire à l’islam...
Il est donc important de savoir d’où vient l’argent et de former des imams en France. Car une grande partie de la jeunesse d’origine musulmane cherche ses racines et son identité dans une société française où il est beaucoup plus difficile de trouver du travail et un logement quand on s’appelle Mouloud ou Mohamed, que quand on s’appelle Christian. Et la mosquée est l’un des rares endroits où ces jeunes sont accueillis à bras ouverts et pas toujours sans arrières pensées d’embrigadement.

Mille façons de vivre l'islam
Or il y a beaucoup de façons de vivre l’islam. La grande majorité des musulmans pratiquants de France veut pouvoir vivre sa foi tranquillement, prier dans des conditions décentes. Elle a intégré les règles de la laïcité, si tant est que la République traite à égalité l’islam et les autres religions. Si tant est également que les populations d’origine musulmane ne soient pas rejetées pour des raisons de couleur de peau.
Voilà les considérations qui me venaient en voyant, comme chaque année, hélas, ces affiches collées tout au long des routes bretonnes.
Dans le jeu des slogans débiles, mais dangereux, nous avons donc “La Bretagne aux Bretons”; d’autres disent “La France aux Français”. J’en ai trouvé un autre, encore mieux : “La Champagne aux champignons”. Oui mais voilà, si on expulse tous les champignons en Champagne, il ne nous restera plus grand chose à mettre sur nos galettes bretonnes... Des berniques peut-être ?

Christian Le Meut

08/11/2005

L'agriculteur Albert de Monaco bénéficie de la Politique agricole commune

L'AFP (lundi 7/11 - 19h50) livre une information qui n'a, semble-t-il, pas beaucoup été reprise dans les médias, c'est pourquoi je me permets...

"Le prince Albert de Monaco et plusieurs riches propriétaires terriens sont parmi les grands bénéficiaires des subventions versées en France dans le cadre de la Politique agricole commune (PAC) européenne, a accusé l'organisation humanitaire britannique Oxfam lundi. Selon cette ONG britannique "70% des petits agriculteurs ont reçu 17% des subventions totales versées à la France", alors que 60% de ces subventions sont allées aux 15% d'entreprises agricoles françaises les plus prospères. "Ces chiffres montrent que l'argument français selon lequel la PAC sert principalement à aider ses petits exploitants sonne faux", a précisé Oxfam dans un communiqué.

Le prince Albert de Monaco "dont la fortune personnelle est estimée à 2 milliards d'euros, a reçu 287.308 euros de subventions agricoles de l'UE en 2004", précise encore Oxfam. Il possède en effet quelque 700 hectares de terres céréalières dans l'Aisne, dans le nord de la France. "Les deux plus grands bénéficiaires français de la politique agricole commune se sont partagés 1,7 million d'euros", affirme également l'ONG sans donner de nom. Le quotidien français La Tribune, qui ne donne pas non plus de nom, évoquait jeudi un riziculteur camarguais possédant 1.733 hectares, et le propriétaire de 1.500 hectares de maïs irrigué en Aquitaine. (...).

En mars dernier, sous la pression d'Oxfam, le gouvernement britannique avait rendu publique la liste des principaux bénéficiaires de la PAC. La compagnie sucrière Tate & Lyle (London: TATE.L - actualité) arrivait en tête en 2003-2004, avec 120 millions de livres (177 millions d'euros), suivie de plusieurs grandes figures de l'aristocratie britannique dont le duc de Westminster, l'un des hommes les plus riches de Grande-Bretagne (448.000 livres soit 663.000 euros), le duc de Malborough (511.000 livres, 756.000 euros), et même la reine Elizabeth, en 93è position avec une subvention d'environ 400.000 livres (592.000 euros)."

Le gouvernement britannique a proposé de plafonner les aides, ce qui serait une bonne chose. En matière de répartition équitable, il y a beaucoup à faire !

07/11/2005

Cajun - breton : deux ethnocides invisibles des médias ?

Les événements récents de Louisiane m’ont fait remettre à jour une chronique écrite en janvier 2004 sur une émission de France Inter qui aurait pu concerner la langue bretonne si l’on avait pu remplacer le mot “français” par “breton”. Car c’était de la Louisiane, dont il était question, région où la langue française a fait l’objet d’une politique d’éradication... J’ai été surpris, d’ailleurs, de ne pas entendre un seul francophone témoigner, en septembre, des ravages de l’ouragan Katrina en Louisiane, même sur les médias français, pourtant les premiers à se gargariser de la francophonie. Car plus de 200.000 personnes parlent encore français en Louisiane, mais pas à la Nouvelle-Orléans !
Selon Elaine F. Clément, membre du Conseil pour le développement du français en Louisiane : “Il y a très peu de francophones à La Nouvelle-Orléans. Pourquoi - c'est toute une histoire - l'américanisation, l'assimilation, l'avidité. La plupart des francophones sont dans les endroits plus ruraux. Les villes de Lafayette et Houma sont les plus grandes villes francophones. L'Ouragan Rita a frappé des endroits plus francophones. Dans la presse américaine, on était encore invisible”.

Le Lay : pas d'enquêtes mais des réfutations
Mais, autre constat surprenant, si les déclarations de Patrick Le Lay sur le “génocide culturel” pratiqué par la France à l’égard de la langue bretonne, ont suscité des commentaires dans certains médias parisiens, je n’ai vu aucun reportage, aucune enquête de terrain dans ces mêmes médias pour savoir si Patrick Le Lay disait vrai ou pas ! Aucun journaliste n’est, à ma connaissance, venu en Basse-Bretagne (la Bretagne bretonnante) pour établir sur les propos du patron de TF1 relèvent de l’élucubration “nationaliste” ou ont un fond de vérité... Par indifférence ? Par peur qu’il ait raison ?
Comme si établir les faits importait peu; comme si la réalité n’était pas importante... Comme si le commentaire valait plus que la compréhension de la réalité. Comme si le simple fait que cela soit dit par Patrick Le Lay lui ôte tout crédit... Mais les journalistes désireux de comprendre ce qu'est un ethnocide ne sont pas obligés de venir en Bretagne. Ils peuvent aussi se rendre en Louisiane où se trouve également une minorités "invisible" : à bien des égards, les francophones de Louisiane et les bretonnants de Bretagne sont dans le même bateau.

“Les Cajuns (chronique de janvier 2004)
“Le premier dimanche de cette nouvelle année, j’ai entendu, sur France inter, une émission surprenante. Elle était, en effet, consacrée à une langue régionale, sujet que les médias parisiens abordent assez peu d’habitude... Une langue régionale donc, sans statut officiel mais parlée depuis des siècles et transmise de génération en génération sauf pour les dernières qui n’ont pas appris la langue de leurs parents, mais uniquement la langue officielle.
En effet, l’école, l’Etat et quasiment toutes les institutions ont adopté une politique d’abandon de cette langue régionale. Méprisée, dépréciée, elle n’est plus parlée aujourd’hui, quotidiennement que dans certains coins à l’écart. Des personnes âgées ont dit à France Inter leur tristesse et leur colère de voir leur langue maternelle se perdre...
Je me suis dit qu’entendre une telle émission sur un radio nationale était une bonne chose pour montrer aux auditeurs français ce que signifie une politique délibérée visant à la disparition d’une langue... Mais, vous l’avez probablement compris, cette émission de radio n’était pas consacrée aux langues régionales en France, mais à une langue régionale aux États-Unis, le cajun. Nous étions en Louisiane mais il aurait suffi de pas grand chose pour se croire en Bretagne, en Occitanie, en Corse, au Pays-Basque... Déplorable est l’état de la langue française, dans son dialecte cajun, aux États-Unis : pas de statut officiel, un enseignement bilingue très récent et très partiel... Qui plus est, c’est le français de France qui est enseigné dans les écoles, pas le cajun ! Dur dur, alors, de se comprendre avec les anciens qui parlent encore la langue...
Mais quand aurons-nous droit, sur les médias dits nationaux, à des émissions permettant de mieux comprendre la situation des langues régionales en péril dans l’Hexagone ? A moins que ce qui se passe en Louisiane soit plus intéressant que ce qui se passe en Occitanie, en Alsace, en Corse ou en Bretagne...”
Christian Le Meut