31/10/2005
Septembre, le mois des cendres...
J’aime le mois de septembre. Le temps est souvent beau, la mer est encore chaude pour y nager; il y a de la place sur les plages et sur la côte pour se promener tranquille... Il y a deux ans, au mois de septembre, j’étais sur la route de Plouhinec, justement, aux environs de cinq heures... Il y avait, bizarrement, beaucoup de monde entre le bourg de Plouhinec et la plage du Magouero... Une douzaine de voitures en file indienne me précédaient, allant dans la même direction que moi, comme un cortège de mariage, mais sans crinolines ni coups de klaxon. Ces voitures se garèrent, comme moi, sur le parking et je vis alors des gens sortir en habit du dimanche, et pas des plagistes. Ils ont formé un cortège... funèbre. Une urne funéraire en tête, des couronnes de fleurs ensuite...
Ils ont fait comme s’ils allaient au cimetière, mais il n’y avait pas de cimetière au bout, juste une plage et l’océan. Sur la plage, justement, d’autres personnes bronzaient, faisaient la sieste, jouaient ou nageaient dans l’eau. Le cortège funèbre est passé à côté des plagistes en slip, surpris, pour aller un peu plus loin, vers un blockhaus et des rochers, déposer la cendre et les couronnes. Je ne suis pas resté les regarder. J’étais venu nager alors j’ai nagé, un peu plus loin, hors de leur vue. Plus tard, je suis passé à l’endroit où les cendres avaient été déposées. Les vagues commençaient à démanteler les couronnes de fleurs...
Les cendres de tonton Nestor
Si vous avez les cendres de votre grand oncle Nestor à répandre quelque part, vous ne pouvez pas faire comme ce jour-là, à Plouhinec. La loi dit clairement que l’on ne peut répandre des cendres humaines sur des lieux publics. Et une plage, au mois de septembre, c’est un lieu public. Si la volonté du défunt, ou la vôtre, est de jeter les cendres dans la mer, il faudra prendre la mer sur un bateau, et aller au moins à 300 mètres au large pour lancer l’urne ou la cendre dans l’océan. 300 mètres, c’est un minimum car il faut penser aux nageurs et nageuses qui n’ont pas forcément envie d’avaler de la cendre humaine...
La loi vous autorise aussi à lancer la cendre depuis un avion, mais pas dans une rivière, qui est considérée comme un lieu public. Vous pouvez également répandre la cendre dans les bois ou à la campagne mais toujours dans des lieux privés. Vous pouvez également les mettre dans votre jardin, il paraît que c’est bon pour les plantes... Mais n’oubliez pas que vous mangez vos légumes ensuite ! Si, par contre, vous avez enterré l’urne de la grand tante Ursule dans votre jardin, il faudra la reprendre le jour où vous vendrez le jardin.
20 % des morts incinérés en 2004
Mieux vaut se renseigner, donc, auprès de professionnels des rites funéraires car la crémation se développe rapidement. En 2004 20 % des personnes décédées en France ont été brûlées et réduites en cendre. Soit 120.000 personnes. Une petite partie place les urnes funéraires dans des murs prévus à cet effet dans les cimetières. D’autres les répandent dans des “jardins du souvenir” prévus également à cet effet dans certaines communes, mais il faut l’autorisation de la mairie... Mais 70% des familles gardent les cendres avec elles. Parfois ces cendres font l’objet de litige et de partage...
Je suis retourné nager à Plouhinec depuis cette cérémonie funéraire. Mais je ne vais plus à l’endroit exact où ces cendres humaines et ces couronnes de fleurs furent déversées... Je n’aime pas l’idée de nager là, ni de marcher sur ces cendres alors qu’elles ont dû être dispersées par l’océan depuis longtemps. Quel respect pour nos défunts, si nous ne respectons pas un minimum de rites envers eux ? Quel respect également pour les vivants, ces vacanciers par exemple, surpris, choqués peut-être, associés malgré eux à ce deuil qui ne les concernait pas alors qu’ils étaient sur un lieu de détente et de vacances ? La loi impose des normes car la crémation se développe mais ce n’est pas pour autant que nos plages, nos champs et nos bois doivent devenir des sites funéraires...
Amzer zo !
J’aime le mois de septembre. Celui de 2005 a été exceptionnellement beau. Un soir, alors que je nageais tout seul sur la plage du Magouero, un peu à l’écart de l’endroit des cendres, je vis arriver un couple de jeunes mariés, avec crinolines et fanfreluche, marchant maladroitement dans le sable, vêtus comme s’il allait voir le maire ou le curé. Mais il n’y avait pas de mairie, ni d’église, seulement l’océan et la plage... Ils étaient venus là avec un photographe professionnel pour faire des photos.
Le temps était beau, la lumière du soleil se reflétait sur les dunes de Plouhinec, en face de l’île de Groix. Je les observais tous les trois, la mariée, le marié, le photographe, tout en nageant. Poussière dans l’océan, poussière dans l’univers. Poussière mais pas encore cendre. Un jour, peut-être, qui sait, mais y’a le temps ! Amzer zo.
Christian Le Meut
08:29 Publié dans Breizh/Bretagne, Buhez pemdeziek/Vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Bretagne forever !
Commentaires
Nous voudrions jeter l'urne des centres d'un défunt de notre famille dans la mer de Saint Malo en Avril-Mai ou Juin
Quelle est la procédure à suivre ?
Quel en est le coût ?
VICTOR
9 Rue Sadi Carnot
92170 VANVES
01 46 38 85 15 TELEPHONE FAX
Écrit par : VICTOR | 14/02/2006
Bonjour : mieux vaudrait vous adresser directement à une Pompes funèbres pour en savoir plus, ou à une société qui organise des sorties en mers (vedettes) ou à la capitainerie du port de plaisance de Saint-Malo, ou encore à un pêcheur professionnel... Christian
Écrit par : christian | 14/02/2006
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