30/11/2005
Le chant du peuple au fond de la cour...
Il y avait, à l’entrée de la ferme, un fjord. oui, un fjord, c’est-à-dire une espèce de cheval, à peine plus grand qu’un poney... Il accueillait les visiteurs, mordillant légèrement leurs bras à la recherche de caresses.
Il y avait aussi un coq, une coq “marans”, c’est le nom de son espèce, mais qui justement, n’est pas marrant du tout : il agresse et blesse les poules. Sa maîtresse a voulu le rentrer dans sa cage mais le coq pas marrant du tout a fait de la résistance et est resté sur son toit... Il y avait aussi une quarantaine d’êtres humains réunis dans une salle de ferme d’un village de Brec’h, près d’Auray (Morbihan) pour écouter un spécialiste parler des chants bretons. Jorj Belz est le nom de ce spécialiste qui est arrivé avec une quantité d’enregistrements sur cassettes qu’il nous a fait écouter sur d’improbables magnétocassettes.
Cette soirée était organisée, fin octobre, dans le cadre des fêtes Douar Alre Gouil Bamdé, par l'association Sten Kidna-komzomp asampl. Jorj Belz, cheville ouvrière de Douar Alré (Terre alréenne), sillonne le Morbihan depuis des décennies, enregistrant les chanteurs et sonneurs. Organiste, et chanteur lui-même, dans le groupe Les Trouzerion, il analyse les évolutions, cherche les origines, traque les différentes interprétations, goûte les différents styles.
Le chant n’a pas de pays
Il nous a fait écouter des chants dans leurs différentes interprétations, (carnacoise, pontyvienne, séglienne, etc), pour conclure qu'il ne croit pas à la dimension de pays dans le domaine du chant comme il y en a pour la langue bretonne, les danses, les costumes... Jorj Belz croit plutôt au talent de chaque chanteur et chanteuse. La plupart des chants populaires bretons ont de multiples versions tant pour les paroles que les airs. Musiques et paroles circulent et évoluent au fil du temps. Le conférencier l'a démontré en faisant écouter différentes versions d’un chant connu, "Me zo ganet e kreiz ar mor" (“je suis né au milieu de la mer), poème écrit par Yann-Ber Kalloc'h, poète de l’île Groix, et mis en musique par Jef Le Penvern quelques décennies plus tard. L’enregistrement datait des années 50 et nous avons entendu une sorte de Castafiore d'origine bretonne, certes, mais ignorant la langue bretonne, et ça s'entendait un peu...
Kanomp Noël : différentes versions
L'introduction des instruments de musique comme l'accordéon, la guitare, le piano, a également eu une influence sur l'interprétation et sur les airs eux-mêmes qui, il n'y a pas si longtemps encore, se transmettaient uniquement de bouche à oreille. Il y avait aussi des feuilles volantes vendues avec les paroles et la musique, mais peu de gens savaient lire les notes, ni même les textes. Jorj Belz a cité le célèbre "Kanomp Noël" ("Chantons Noël") qui semble s'être figé aujourd’hui dans sa version écrite par le poète-paysan hennebontais Loeiz Herrieu, alors même que d'autres variantes étaient interprétées en pays d'Auray, variantes sur l'air et le rythme. Mon arrière-grand-père de Ploemel, Pierre Thomas, chantait Kanomp Noël plus vite que dans la version dominante aujourd’hui.
Kas a barzh ou an dro daou ha daou ?
Tel air venu de Paris au début du siècle dernier, a été repris à Carnac pour en faire un an dro - kas a barh sur lequel des paroles bretonnes ont été mises. Et ce que l'on prend parfois pour un patrimoine immémorial est en fait daté. Jorj Belz l’a très bien montré. Il a d’ailleurs indiqué que le nom de la danse bretonne “kas a barh” aurait été créé dans les années 60 : “Les anciens disaient “an dro daou ha daou” (an dro deux par deux). D’autres chants, pourtant écrits au début du XXe siècle, sont passés à la postérité jusqu’à en oublier le nom de leurs auteurs. Ce phénomène était courant et l’on a vu, il y a quelques années, un groupe appelé Manau mettre des paroles en français sur l’air de Tri martelod yaouank, paroles qui n’avaient rien à voir avec les paroles bretonnes... Quelques musiciens bretons ont eu l’air de grincer des dents alors même que leur propre répertoire est truffé de reprises de chansons traditionnelles...
Bec’h au Kan ar bobl
Le conférencier a souligné l’importance des paroles, écrites par des gens du peuple comme vous et moi. Il nous a fait écouter ce chanteur qui avait écrit en breton une chanson plutôt anticléricale sur les curés de sa commune. Ce chanteur participait à un concours Kan ar bobl et entama tranquillement son chant. Mais il vit que le technicien bénévole de service qui s’occupait du micro supportait de moins en moins sa diatribe anticléricale. Et le chanteur d’accélérer le chant; et le technicien bénévole de lui couper la chique au bout de quelques minutes ! Bec’h zo bet er C’Han ar Bobl. Ces chansons populaires du cru provoquaient parfois des tensions mais écrites et transmises depuis des siècles elles sont un patrimoine artistique et littéraire de première importance. Une forme de littérature orale.
Chants de tous pays... Tel autre air populaire présenté comme un air breton, est aussi connu dans d'autres régions qui le revendiquent également comme un air traditionnel de chez elles. L'érudition et les recherches de Jorj Belz aident à mieux comprendre ces phénomènes et à faire tomber quelques préjugés, voire quelques œillères.
La conférence, en français ponctué de breton, s'est terminée en chansons interprétées par le conférencier et par plusieurs autres membres de l'assistance, jusqu'à minuit passé. Le coq marans pas marrant n’a pas ouvert son bec de la soirée, quant au cheval fjord, il a exigé à la sortie son dû en caresses et en compliments... Lui aussi semblait avoir apprécié les chants populaires bretons.
Christian Le Meut
09:54 Publié dans Arzoù/Arts, Breizh/Bretagne, Brezhoneg/Langue bretonne, Istor/Histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Bretagne forever !
29/11/2005
Kan ar bobl e don ar c'hourt
Ur fjord oa e porzh an dachenn : ur fjord, da lâret eo ur sort jao bihan, ur poney bras ha graet vez graet “fjord” ag ar sort ronsed se. Hennezh a doste d’an dud hag a binse o divrec’h evit bout moumounet gete...
Ur “marans” oa ivez en dachenn-se. Ur c’hog “marans” a vez graet ag ar sort kog se met n’eo ket “marrant” anezhan tamm ebet, na fentus, na farsus : fardeiñ a ra ar ar yer, hag int da vout gloazet getan. E vestrez a faote dezhi her lakaat en e doull, met ne oa ket posupl. Ar c’hog zo chomet war an doenn e pad an noz...
Broioù ebet evit ar c’han
Bez oa ivez daou ugent den daet d’ar ferm se, e parrez Brec’h, da selaou prezegenn Jorj Belz a ziout ar sonennoù poblek a Vreizh... Savet oa bet an abadenn se e pad gouélioù bras “Douar Alre”, e fin mis Gouel Mikael, get ar gevredigezh Sten Kidna-komzomp asampl. Abaoe pell Jorj Belz a zastum sonnenoù kanet er vro-mañ. Sonour eo, ha kanour ivez er strollad An trouzerion. Deuet oa get ur yoc’h kasedigoù a bep sort. Ha setu penaos hon eus selaouet sonnenoù ag ar vro kanet get tud dishenvel hag e doareioù dishenvel. Hervez Jorj Belz n’eus ket a vroioù evit ar sonennoù, evel ma z’eus evit an dans, ar yezh pe ar gwiskamentoù... Nann, n’eus ket broioù ebet, pep hini a gane, hag a gan, reve e c’hoant, e spered hag e vouezh... Ur sonnen a c’hell bout sonet ha kanet founapl, buan, pe difonnoc’h. Klevet hon eus ur sonnen vrudet “Me zo ganet e kreiz ar mor”, kanet d’an doare opera get ur sort Kastafiore a Vreizh, met ne ouie ket komz brezhoneg anezhi ha distaget oa hor yezh a dreuz geti memestra.
Gwezhall e veze desket ar sonnenoù e selaou hag e kanal. Gwerzhet veze folennoù lec’h ma veze embannet ar c’homzioù hag an ton, met tud ar bobl ne ouie lenn ar sonerezeh (nag an testennoù ivez alies bras). Komzioù ha tonioù a valee mod-se hag a chanche hervez al lec’hioù hag ar prantadoù. Lakaet veze ivez tonioù dishenvel war ar memes komzoù; pe chanchet veze an destenn, ha c’hoazh. A gaos d’an dra se e kavomp doareieù dishenvel da gan ha da son ar memes sonnen hiriv an deiz c’hoazh. Memestra e eo galleg get sonenoù poblek. Met chanchet eo bet an dra se hiziv an deiz a gaos d’ar binvigoù sonerezh ha d’ar magnetofone.
Penaos kaniñ “Kanomp Noël” ?
Ar c’hantik brav Kanomp Noël a oa bet embannet get Loeiz herrieu, barzh ha labourer douar en Hen Bont. Hag e zoare zo daet da vout kazimant an doare nemeti da gan ar c’hantik se hiriv an deiz, tra ma z’eus doareieù all, founaploc’h lakoomp, evel ar pezh a veze graet get tad ma zad kozh, Pierre Thomas, e Plenuer. Roet oa bet skouerioù all get Jorj Belz : un ton daet a Baris kant vloaz zo ha klevet e Karnag, oa daet da vout ur “c’has a barzh” get komzoù e brezhoneg ! Hervez Jorj Belz e veze lâret get ar re gozh “an dro daou ha daou” ha pas “kas a barzh” : ar feson se da gomz zo bet savet er bleadeù tri ugent hervez ar prezegenour...
Manau hag an tri martelod
Dek vloaz zo ur strollad a Baris, anvet Manau ’doa lakaet komzoù galleg war ar sonnen “Tri martelod yaouank”, komzioù pell ag ar pezh lâret e brezhoneg. Berzh oa bet gete, millionoù a bladennoù gwerzhet... Sonerion a Vreizh oa, o doa en em savet a enep d’an dra se, met graet vez gete d’ar memes mod, benn ar fin. Tonioù ha komzioù hengounel, poblek, a vez sonnet ha chanchet mod se a hed an amzer abaoe kantvedoù ha kantvedoù...
Ar sonnenoù n’int ket graet nemet evit dañsal : ar c’homzoù zo talvoudus, pouezus bras ivez ! Selaouet hon eus un den a gane e pad ar C’han ar Bobl, pell zo. Hennezh doa savet ur sonnen a enep beleion e barrez... Kroget en doa da ganiñ, trankil ha sioul, met ar paotr a rahe ar dro ar mikro ne oa ket evit klevout ar pezh a lâre ar c’hanour. Setu hennezh da vont fonnaploc’h tamm ha tamm, ha da vout troc’het get an teknikour kounaret ! Bec’h zo e Bro ar C’han ar bobl a wezhoù. Skrivet vez mod-se sonennoù get tud ar bopl abaoe pell zo. Ar sonnenoù se zo ur sort “lennegezh dre gomz” kaer ha talvoudus tre evit hor yezh hag evit kompreiñ hon istoer, taol spered ha buhez hor gourdadeù. N’int ket da vout dispriziet evel ma veze graet gwezhall...
Bourrapl oa bet an nozh se : ar c’hog “marans” zo chomet trankil ha didrouz. Gwell a se. E fin an abadenn, ar fjord n’doa tostaet c’hoazh d’an dud a oa e vont kuit evit bout moumounet en dro.
Christian Le Meut
18:51 Publié dans Arzoù/Arts, Breizh/Bretagne, Brezhoneg/Langue bretonne, Buhez pemdeziek/Vie quotidienne, Istor/Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Bretagne forever !
27/11/2005
Dour dour, an amzer !
Tommoc’h tomm eo an amzer. Un derez tommoc’h abaoe kant vloaz e Frans, ha muioc’h evit ar c’hant vloaz ma za : war dro tri derez ouzhpenn... Er menezhioù bras, evel en Alpoù; en Artik hag en Antartik, ar skorn e teuz evit dont da vout dour dous... Hag an dour dous se en em geja get an dour sal e morioù bras... A gaos d’an dra se ur risk a bouez zo evidomp-ni, en Europa kornog. Ar Gulf Stream, ar ster tomm a zo en Atlantel hanternoz, a c’hell bout arrestet, arsavet get an dour dous se, ar pezh ne vehe ket mat evidomp-ni. Tomm awalc’h eo an amzer amañ, e Breizh hag en Europa kornog, a gres d’ar Gulf Stream. Ma vehe gwanoc’h hennezh e chanchehe ivez an amzer amañ un tammig evel an amzer a zo e Bro gKebek : gouiañv hir ha yen spontus, hañv berr ha pounner, pouk spontus... Kreskiñ a ra ivez live ar mor, ar pezh a zo arvarus bras evit an dud a zo e chom war an aod hag en inizi.
Dour ag an Antartik
Un arzour ag ar Stadoù Unanet, Wayne Hill, a faote dezhan diskouez d’an dud pegen danjerus eo chanchamentoù an amzer. Lakaet en doa dour ag an Antartik, sanset, barzh ur voutailh blastik ha skrivet en doa warni : “Arm a c’hell distruj kalz”, “arme de destruction massive” e galleg. Hag ar voutailhad-se oa bet lakaet war un daol vihan e mezk oberennoù arz all, livadurioù ha kizelladurioù. Ya, kar hervez Wayne Hill, ar voutailhad dour-se oa un oberenn arzh hag a dalve tri ugent mill euro memestra ! N’ouion ket mard eo brudet an den-se, met bon, ker oa un tamm evit ur voutailhad dour ag an Antartik ! Arzourion zo en em gava memestra !
Met bremañ, ne dalv ket mui netra an oberenn arzh peogwir emañ bet laeret se an hañv paseet. Lakaet oa bet an “oberenn” se e mesk oberennoù arz all a vremañ staliet e Devon, e Bro Saoz. Ha setu kemeret ar voutailhad ha, moarvat, lonket an oberenn arz ! Aet eo kuit an torfetour hep goulenn e begement... Ha, marteze, hep gouiet pegement a dalve ar pezh lonket getan ! Ha mat eo da evañ, dour ag an Antartik ? N’ouion ket, met mechal a ouiet pegement a dalvehe un titich, ur banne pisejenn, daet ag an Antartik ha lakaet en ur voutailhad plastik, Hervez Wayne Hill...
Christian Le Meut
21:01 Publié dans Arzoù/Arts, Breizh/Bretagne, Brezhoneg/Langue bretonne, Endro/environnement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Bretagne forever !
Quand l'art s'empare du réchauffement climatique...
Le climat se réchauffe (enfin pas trop ces jours-ci !); les températures auraient augmenté d’un degré en moyenne en France au vingtième siècle. Les glaciers fondent dans les Alpes, les glaces polaires de l’Antarctique et de l’Arctique fondent... L’eau douce se mélange ainsi à l’eau salée, ce qui risque de perturber durablement les courants marins. Or le Gulf Stream, ce courant marin chaud qui vient du Golfe du Mexique, adoucit le climat de l’Europe de l’Ouest. Si le Gulf stream faiblit, voire s’arrête sous l’effet de la fonte des glaces, notre climat risquerait de ressembler à celui... du Québec ! Hiver long, froid et rigoureux; été court et lourd... Le réchauffement du climat mondial pourrait signifier, à terme, un refroidissement des températures par chez nous ! Quant aux conséquences de l’augmentation du niveau des océans, elles risquent aussi d’être importantes, voire catastrophiques sur certaines îles et certaines côtes...
Un artiste étasunien du nom de Wayne Hill a voulu s’exprimer sur ce sujet (Marianne du 06/08/2005). Il a rempli une bouteille avec de l’eau venant, selon ses dires, de l’Antarctique et a écrit sur cette bouteille les mots “Arme de destruction massive”, pour montrer la menace que fait peser sur l’humanité le réchauffement du climat...
Poursuivant dans son idée, il a exposé cette bouteille, pardon, cette œuvre d’art, dans une galerie, posée sur une table avec un prix : 63.000 euros ! Rien que ça... De quoi se payer quelques milliers de bouteilles d’eau !
Mais le caractère artistique de cette bouteille n’a pas sauté au yeux d’un visiteur, ou d’une visiteuse, l’été dernier lors d’une exposition d’art contemporain à Devon, dans le sud de l’Angleterre. Cette personne a pris la bouteille pour la boire, probablement. Disparue, l’oeuvre d’art ! Avalée l’eau de l’Antarctique. Evaporés, les 63.000 euros... ! Et ce vol ne sera même pas puni puisque le voleur ou la voleuse n’a pas été identifié; pire, il ou elle ignore probablement avoir bu à la fois de l’eau de l’Antarctique et une œuvre d’art estimée à 63.000 euros par son créateur; ça fait cher de la gorgée quand même ! Et un pipi de l’Antarctique dans une bouteille, ça vaudrait combien selon Wayne Hill ? Quand
Christian Le Meut
17:00 Publié dans Arzoù/Arts, Breizh/Bretagne, Endro/environnement | Lien permanent | Commentaires (0)
25/11/2005
E galleg, mar plij !*
France Télécom et Josep Borrell, président du parlement européen distingués pour leur "acharnement" à promouvoir l'anglais.
"AP | 23.11.05 | 21:05
PARIS (AP) -- France Télécom et le président du Parlement européen Josep Borrell ont été distingués mercredi par l'Académie de la carpette anglaise, pour leur "acharnement" à promouvoir la langue anglaise au détriment du français. Chaque année depuis 1999, l'Académie de la carpette anglaise distribue ses mauvais points. Pour cette édition 2005, l'opérateur France Télécom présidé par Didier Lombard a été désigné au premier tour de scrutin pour "la mise en place de services et produits aux dénominations anglaises ("Business Talk", "Live-Zoom", "Family Talk"...) par huit voix contre quatre à Yves Daudigny, président du conseil général de l'Aisne pour sa "grotesque" campagne publicitaire en anglais "L'Aisne, it's Open!".
Par ailleurs, le "prix spécial à titre étranger" attribué à un "membre de la nomenklatura européenne ou internationale, pour sa contribution servile à la propagation de la langue anglaise" est allé au président du Parlement européen Josep Borrell. L'académie l'a "distingué" pour "avoir avantagé l'anglais lors de la session de l'assemblée parlementaire Euro-Méditerranée qu'il vient de présider à Rabat au Maroc (...) sans prévoir la traduction des documents de travail".
L'Académie de la carpette anglaise, présidée par Philippe de Saint Robert, compte entre autres membres l'ancien président du Conseil supérieur de l'audiovisuel Hervé Bourges, la journaliste Christine Clerc et l'écrivain Dominique Noguez. AP"
* En français s'il vous plaît !
18:00 Publié dans Buhez pemdeziek/Vie quotidienne, Galleg/français | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Langue française
23/11/2005
Wanadoo ne veut pas trop de "patois" sur son T'chat...
Extrait du règlement intérieur du t'chat wanadoo :
"Un salon de t'Chat est peuplé de pseudos connectés qui sont autant de personnes et il est demandé de respecter autrui en appliquant du mieux possible les règles édictées dans ce document. Ecrire n'importe quoi est considéré comme polluant. Si vous souhaitez discuter d’un sujet précis sur un sujet épineux, ouvrez un salon privé et invitez les pseudos que cela intéresse ; mais en aucun cas vous avez le droit de monopoliser un salon public pour une discussion à deux ou en petit comité.
De même, les lois françaises s’appliquent dans le t’Chat : chaque personne est responsable du pseudo t'Chat qu'il choisit et des discussions qu'elle entretient avec autrui en public ou en privé ou de toute autre activité sur les serveurs de t’Chat (connexion de robots ou clones). Toute personne envoyant un message vulgaire ou à caractère ouvertement pornographique sur un salon public se verra sanctionnée par une exclusion temporaire du service et risquera une suspension de sonabonnement en fonctionde la gravité de ses propos.Tout appel à la haine raciale ou tout propos irrespectueux de la dignité humaine sont passibles de poursuites. Les insultes, propos calomnieux ou diffamatoires ne sont pas admis.
Les conversations dans les différents patois (alsacien, breton, provençal…) sont admises dans les salons géographiques adéquats et laissées à l'appréciation des @: il ne faut pas que ce parler noie le salon au détriment de la langue comprise des francophones: le français classique."
aller voir :
http://www.wanadoo.fr/bin/frame2.cgi?u=http%3A//tchat.wanadoo.fr/page.php%3Fpage%3Dus_et_coutumes
08:20 Publié dans Brezhoneg/Langue bretonne, Gwirioù mab den/droits de l'être humain, Web | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Bretagne forever !
21/11/2005
An archerion hag ar baobab
N’eus ket pell zo e oan e vonet en dro d’an Hen Bont, e lec’h eh on e chom. War bali ar Republik e oan, ha petra m’boa gwellet ? Ur baobab war ti an archerion, ti ar jandarmed ! Nompas ur baobab da vat, ur wezenn, met ur baobab treset. Bizkoazh m’boa gwellet tresadennoù war ar vangoerioù-se ha souezhet oan. Ne oa ket un tag met ur pub, ur vruderezh vras evit ur stall e lec’h ma vez gwerzhet traoù al liorzh. Ar panel bras spontus se oa bet lakaet, hag a zo c’hoazh, tost tre da di an archerion, met pas warnan, just a goste, barzh liorzh o voisined...
Difennet eo lakaat bruderez ar vangoerioù tier an archerion d’am sonj. Sonjit ta : ar jandarmed sponsoriset get markoù zo : alkohol, gwin, butun pe kirri-tan. “An torfetourion a vez tapet hag arrestet buanoc’h a gres d’an otoioù Truc”; nag ur vruderezh a feson ! Pub vez lakaet un tammig partout bremañ, muioc’h mui, met pas c’hoazh war savadurioù publik ha gwell a se...
Bruderezh war un oto
Bon, ar jandarmed a chomo divruderezh c’hoazh en Hen Bont, ar pezh n’eo ket gwir evit an CCAS... Ar Centre communal d’action sociale... E penn kentañ ar bloaz mañ oan bet souezhet ivez e wellet un oto mont ha dont dirak ma zi (ma ranndi evit bout rezis), get ur bern pub warni. Anv ur stall bras brudet skrivet warni, ha markoù all ivez... Hag ar c’har-se a arreste e ti amezeion din bemdez da gas predoù ... Souezhus oa. Un tammig goude m’boa komprenet an traoù. Lakaet oa bet bruderezh war ur c’har-yenerezh, un oto get ur frigo, bet prenet get ar CCAS. Hag a gres d’ar pub se e vo paiet an oto-se a benn un nebeut bleadeù...
Kaer eo met bremañ e vez gwellet bemdez an oto divalav se e vonet hag e tonet er stradoù an Hen Bont. Kaset vez bemdez boued d’ur bochad tud mod-se; ouion ket mard int laouen, ar re se, bout kaset dezhe o fredoù get un oto livet evel se ha remerchet get razh an dud ag ar c’hornad ! Kaset vez ivez boued d’ar skolioù get ar c’harr se. Ha setu bruderezh e vonet barzh ar skolioù, ar pezh a zo difennet, d’am sonj, met pas en Hen Bont... Ti ker an Hen Bont ‘vez dalc’het abaoe pell get tu a glev, kommunisted ha sosialisted. Ne seblantont ket bout chalet kement-se e wellet ar vruderezh-se. Ha perak pas lakaat pub war ar vangoerioù kreñv pe war ar vazilikenn evit kas argant d’o c’hempenn ?
An "deboulennourion"
Gouniet eo bet un tammig argant get ar CCAS a drugarez d’ar pub se, met gouniet eo bet plas get ar pub e straedoù an Hen Bont, ar pezh a gavan domaj. Rak muioc’h mui a vruderezh e wellomp e pep lec’h. Lec’hioù zo a zeu da vout divalav a gaos d’ar panneloù bras lakaet e pep lec’h, war an tier, el liorzhoù, war ar maezioù...
Tud zo o deus savet ur strollad nevez evit sevel a-enep d’an dra se : “Strollad an deboulennourion”, le “collectif des déboulonneurs”, a vez graet anezhe. O fall : lakaat ar gouarnamant da chench lezennoù zo evit bihannat ar pannelloù bruderezh, nompas lakaat re a bannelloù en ur gummun, ha c’hoazh... Ar strollad se a c’halv an dud da livañ, da “varbouillañ” pannelloù pub zo en o c’hornad. O feson da stourm a zo er maez ag al lezenn hervez doare an “désobéissance civile”. Ma faota deoc’h gouiet pelloc’h, c’hwi hell skrivañ d’ar Collectif des déboulonneurs, 24 ru Louis Blanc 75010 Paris.
Un tammig nebeutoc’h a vruderezh barzh hor buhez pemdeziek ne rahe ket droug deomp, me lâr deoc’h...
Christian Le Meut
Lec'hienn : deboulonneurs.free.fr
07:15 Publié dans Breizh/Bretagne, Brezhoneg/Langue bretonne, Buhez pemdeziek/Vie quotidienne, Endro/environnement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Bretagne forever !
20/11/2005
Les gendarmes et le baobab
Il y a quelques semaines j’ai été surpris en venant de Lorient à Hennebont par l’avenue de la République : il y avait un baobab sur la gendarmerie ! Pas un vrai baobab, ni même un tag, non, un panneau publicitaire pour une grande surface de jardinage... Et un panneau publicitaire énorme. En fait, il était installé dans le jardin de voisins de la gendarmerie, mais suffisamment près pour que l’on puisse le croire installer sur les murs de ce bâtiment public. Or l’on voit peu de publicité, sur les bâtiments publics, et c’est heureux. Cela doit être, probablement, interdit. Imaginez donc des panneaux publicitaires sur les gendarmeries, pour des marques d’alcool par exemple, cela pourrait faire jaser. Ou encore pour des marques de voitures. “Avec les véhicules machin, les criminels sont arrêtés plus rapidement !”; ou “Les 4-4 bidules facilitent la vie de nos gendarmes !”... La pub envahit nos vies quotidiennes, pas encore jusque là, heureusement.
Même le CCAS s'en mêle
Mais on s’en approche peut-être doucement, du moins dans ma belle ville d’Hennebont. Là, au début de cette année, j’ai remarqué un drôle de véhicule réfrigéré, bariolé de partout, avec des marques dessus, et qui s’arrêtait tous les jours près de chez moi... Je ne l’avais jamais remarqué auparavant et j’ai appris quelque temps plus tard qu’il s’agissait d’une voiture du CCAS... Oui, le Centre communal d’action social. Les responsables du CCAS, dont le maire fait partie, ont eu l’idée lumineuse de financer l’achat d’un véhicule réfrigéré par de la publicité peinte ou collé dessus. Les personnes chez qui les repas sont livrés tous les jours apprécient-elles un tel tapage publicitaire et aussi peu de discrétion ? Il n’est pas certain qu’on leur ait demandé leur avis... Ce véhicule du CCAS livre également des repas dans les écoles. La pub fait ainsi une entrée de plus dans les espaces scolaires hennebontais. Merci donc au CCASP, Centre communal d’action sociale et publicitaire.
Hennebont est une ville dirigée depuis quelques décennies par des élus de gauche. Mais des élus de droite oseraient-ils aller aussi loin ? Pourquoi pas de la pub sur les remparts ou sur la basilique, pour en financer les travaux de restauration ? Ou sur l’église de Saint Caradec, fermée et dont on ne sait pas quand elle sera restaurée, si elle l’est un jour ? Mais je m’arrête là parce qu’on ne sait jamais, certains pourraient prendre ces idées au sérieux du côté de la municipalité hennebontaise...
Les déboulonneurs débarquent
La publicité envahit notre vie quotidienne. Elle pollue les paysages de nos villes et nos campagnes avec ses panneaux publicitaires énormes qui font tâche. Un collectif de citoyens vient de se créer pour organiser des actions contre ce type de publicité. Le “collectif des déboulonneurs”, c’est son nom, propose d’organiser des actions publiques de désobéissance civile en barbouillant ces panneaux publicitaires à des moments précis, en avertissant la presse et en assumant publiquement ses actes. C’est illégal, mais il s’agit de faire pression sur le gouvernement afin qu’il édicte des règles limitant la surface de ces panneaux publicitaires. Ce collectif ne veut pas interdire la publicité, mais en limiter les effets négatifs. Les renseignements peuvent être demandés au Collectif des déboulonneurs, 24 rue Louis Blanc, 75010 Paris (lire également la note du 2/11 où les déboulonneurs se présentent eux-mêmes).
Un peu moins de pub dans nos vies quotidiennes, cela ne nous ferait pas de mal, non ?
Christian Le Meut
Site : deboulonneurs.free.fr
08:45 Publié dans Breizh/Bretagne, Buhez pemdeziek/Vie quotidienne, Endro/environnement, Politikerezh/Politique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Bretagne forever !
19/11/2005
Levr nevez : Eil derez
Setu ul levr nevez embannet get Keit vimp bev, evit ar grennarded, skrivet get Gi Bideau, e gwenedeg... Bourrapl eo, n’eus ket kement se a levrioù embannet e gwenedeg. Tri ugent pajenn zo. Istoer ur verc’h yaouank, Anna ar Borgn, ur verc’h a feson, jentil hag a zesk mat er skolaj... Dispartiet eo he zud, Mari, he mamm ha Yann, he zad. Yann zo un den trist awalc’h, tapet get poan spered alies, met karet get e verc’h memestra. Chomet eo en e unan goude an disparti, met Mari zo aet get un den all, Mark...
Un deiz he zad a bellgomz da Anna. Laouen bras eo, ar pezh n’eo ket bemdez: ur dra nevez ha souezhus n’eus da lâret d’e verc’h, met ur souezhadenn eo, ha ne lâr ket netra da Anna doc’htu. Ret vo gortoz o emgav kentañ, e fin ar sizhun... Ya, met an deiz ar lerc’h emañ kavet Yann marv en e di... En em lazhet en deus e tapout re a louzou ! Trist eo Anna met n’hella ket krediñ anezhi en deus en em lazhet he zad...
Ya, met, mard emañ bet lazhet Yann, perak ha get piv ?... Doérieù all zo ar sizhun se : un den n’eus gouniet el loto e memes ker e lec’h m’emañ e chom Yann ha Anna ... Hag ur mignon da Yann eo ! Anna a grog da furchal ha petra vo kavet geti ? Ne z'in ket pelloc'h. Deoc’h c’hwi da lenn : Eil derez... Ur romant a blijo ivez d’an tud a vour dezhe ar matematikoù !
Eil derez, Gi Bideau, embannet get Keit vimp bev (29250 Laz - 02 98 26 87 12), 5 €.. Kavet 'vez al levrioù se er stalioù zo (Lenn ha dilenn e Gwened, Koop Breizh An Oriant...).
En français : petite note sur "Eil derez" (second degré) un livre en breton qui vient de paraître à destination des adolescents brittophones (parlant breton). Depuis vingt ans les écoles bilingues se sont développées, mais les enfants évoluent souvent dans un univers uniquement francophone hors de l'école. Le breton, langue interdite à l'école pendant près d'un siècle, devient pour eux la langue scolaire, avec ses contraintes, et le français celle du plaisir ! D'où l'importance d'éditer des ouvrages à leur destination. Encore faut-il qu'ils les lisent ! Certains passent plus de temps devant la télé ou l'ordinateur qu'à lire des livres...
Christian Le Meut
09:30 Publié dans Brezhoneg/Langue bretonne, Levrioù/Livres/BT/BD | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Bretagne forever !
18/11/2005
Sinema : Nedeleg laouen - Joyeux Noël
Nedeleg laouen - Joyeux Noel a grog get un emgann bras. Soudarded a Vro c’hall hag a vro Skoss a fard war an Alamaned e redek betag o fongelloù. Met ur yoc’h zo lazhet hag emañ ret dezhe mont war gill... Da vare Nedeleg 1914 eo. Da noz Nedeleg un Alaman a gan, d’e du. Brav eo, ur c’hanour opera a vicher eo an den se. Met un den all, a vro Skoss, a gomans da soniñ ar memes ton get e binioù bras, d’e du ivez. An Alaman a sav evit mont war zu ar Skossed, hep bout lazhet gete. Ur beleg skoss ha soudarded all a ya er maez ag o fongelloù ivez... Un overenn a zo lidet get ar beleg evit an tri strollad, e latin... Ur sort troc’h brezhel a zo divizet get an tri ofisour yaouank ag ar c’hornad. Ar re varv a oa chomet war al leurenn, skornet, zo kemeret get bep arme, ha douaret int.
An deiz ar lerc’h, ar soudarded alaman, skoss ha gall a c’hoari football pe kartoù asambles, hag an ofisourien a ev ur banne kafe asambles !
Ar film se zo bet savet hervez traoù gwir. “Fraternisation” zo bet etre ar soudarded, met monet a ra un tammig re bell geti, d’am sonj. Un ofisour yaouank a zeu da welled e enebourion evit lâr dezhe e vint bombezennet araok pell, hag e c’hellint dont d’e du evit nompass bout lazhet... Digredapl !
Ar c'hazh : un treitour !
Ur c’hazh a ya d’an daou du, get an Alamaned ha get ar Franzision ar lerc’h. Toul bac’het eo e fin ar film evel “treitour”... Met, hervez ar pezh m’eus klewet, fuzuillet oa bet ar paour kaezh c'hazh se da vat ! Ar brezel zo krivoc’h evit ar pezh diskouezet er film-se. Ur film bourrapl eo, a gas da gompreiñ pegen sot eo ar brezel, met ne ziskoueza ket ar brezel da vat. Ur sort kontadenn eo, benn ar fin. Brav da welled, ha get krennarded, perak pas ?
Résumé en français : Le film "Joyeux Noël" montre un exemple de fraternisation, la nuit de Noël 1914. Le film comporte de très belles scènes, et montre l’absurdité de la guerre et de la violence. Mais il n’est probablement pas un tableau fidèle de ce qui s’est passé sur le front, ni même de ces fraternisations. Il raconte une belle histoire d'amour, ainsi qu'une histoire d’amitié impossible. C’est un beau conte, une réflexion sur la guerre et contre l’embrigadement...
Christian Le Meut
21:05 Publié dans Brezhoneg/Langue bretonne, Didaerded/Non-violence, Sinema/Cinéma | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Bretagne forever !
17/11/2005
Beajoù hir - les grands voyages...
Beajoù hir a blij deoc'h ? Kit da welled blog Gérard Ponthieu, ur c'hazetennour a zo e tond en dro ag an Afrika war ur vag vras spontus (porte containers). Souezhus eo, ha kentelius ouzhpenn.
Les grands voyages vous plaisent ? Allez voir le blog de Gérard Ponthieu, journaliste de retour d'Afrique sur un porte-containers
géant... Etonnant et instructif !
http://gponthieu.blog.lemonde.fr/gponthieu/
22:11 Publié dans Etrebroadel/International | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Bretagne forever !
15/11/2005
Mahmoud Mouhammad Taha : le "Gandhi soudanais"
Et si le message principal de l’islam était la non-violence, l’égalité entre les sexes, une forme de socialisme, l’abolition de la guerre sainte ? C’est ce que soutenait le philosophe soudanais Mahmoud Taha (1908-1985), fondateur des “Frères républicains”, pendu à Khartoum en 1985 par un régime militaire voulant donner des gages aux islamistes.
Le 18 janvier 1985, le penseur musulman Mahmoud Mouhammad Taha est pendu dans une prison de Khartoum pour délit d’opinion et sous la pression des musulmans intégristes. Ancienne colonie britannique, le Soudan, dirigé par le général Nemeyri a adopté en 1983 un code pénal issu de la “Charia”. Les thèses du penseur deviennent passibles de la peine de mort. Il est vrai qu’elles tranchent avec la pensée dominante de l’Islam à cette époque, et encore aujourd’hui.
Mahmoud Taha estime, en effet, qu’il faut distinguer deux époques dans la vie de Mahomet. La première, lorsqu’il vivait à La Mecque (610-622), qui fonde une religion basée sur la responsabilité de l’être humain, et la seconde, dite “période médinoise” (622-632). Chassé de La Mecque, il faillit y être massacré avec ses fidèles, Mahomet se réfugie à Médine. Il se mue alors en chef de guerre et adapte son message spirituel à ce nouveau contexte.
La “seconde mission” de l’islam
Un prêtre jésuite français, Henry Coudray, a étudié la pensée de Taha et s’est rendu en 1973 au Soudan, où il a rencontré Taha et sa communauté des “Frères républicains”. Il présente ainsi l’approche du penseur : pour Taha, “L’islam véritable et définitif, c’est celui de la “seconde mission”, celui qui a été prêché par Mahomet à La Mecque, mais qui a été temporairement supplanté par la prédication de Médine. En effet, lorsque Mahomet a commencé à proclamer son message, il a appelé à la religion parfaite, qui repose sur la responsabilité et la raison de ses membres et fait appel à leur liberté. Mais, à cause de l’impréparation de ses concitoyens et du niveau encore grossier de la civilisation au VIIe siècle, eu égard à un si sublime message, il a été obligé, de rabattre ses ambitions et, pour des raisons pédagogiques, de condescendre au sous-développement culturel et religieux de son époque.
Il prêcha donc alors une religion qui faisait appel à la croyance plus qu’à la connaissance. C’est au niveau de cette première mission que les musulmans ont vécu jusqu’à présent. Mais, désormais, à cause du progrès accompli par l’humanité, le moment est venu de passer à la deuxième mission. Il faut donc abandonner la première Loi (charia) instituée à Médine (...) pour établir la deuxième Loi, qui correspond à l’Islam parfait et qui s’inspire des “racines” de la religion. Ainsi, dans la nouvelle Loi, plus de guerre sainte, ni d’esclavage, ni de capitalisme, ni d’inégalité entre homme et femmes, ni de polygamie, ni de port du voile, ni de séparation des sexes”.
A la question posée par Henry Coudray de savoir s’il était un utopiste, il répondit : “Utopie, si vous voulez, mais utopie réaliste reposant sur une analyse scientifique de la réalité”.
Les “Frères républicains”
Et ces principes, Taha les a mis en application dans les communautés qu’il a créées. Une douzaine existaient à Khartoum en 1973 lors du séjour d’Henry Coudray. Ces “Frères et sœurs républicains” vivaient sous le signe des partage des biens, de la mise en commun d’une partie du salaire, dans des logements séparés mais proches pour pouvoir prier en commun, organiser des soirées de réflexions et préparer les actions militantes visant à faire connaître la pensée de Mahmoud Taha. Celui-ci ne s’est, semble-t-il, jamais engagé sur le terrain électoral.
Ni proche du Parti communiste, dominant à gauche, ni des droites nationalistes ou fondamentalistes, Taha et ses disciples ont pu s’exprimer librement sur les campus et dans les rues jusqu’au début des années 80. Il semble que les Frères républicains avaient une certaine influence sur le monde étudiant.
Lecteur de Darwin
Les lois de l’époque étaient encore sous influence des lois coloniales et le régime de Nemeiry, en place depuis 1969 suite à un coup d’Etat, n’a adopté la charia qu’en 1983 alors qu’il avait doté le Soudan d’une constitution démocratique basée sur les droits de l’Homme, en 1973.
Mahmoud Taha a goûté de la prison en 1938, durant deux ans, pour s’être opposé au régime colonial britanniques. Il en a profité pour lire Darwin, Marx, Auguste Comte... En 1968, il est condamné par des responsables religieux et, en 1972, l’Académie des recherches islamiques du Caire juge hérétique son principal livre, “La deuxième mission de l’Islam”(1).
Aussi, lors de l’adoption de la Charia comme code pénal en 1983, Taha la conteste, signalant les contradictions entre la Constitution en vigueur et le nouveau code pénal. Arrêté, il est libéré mais continue de contester. La charia est, pour lui, “une insulte au Soudan et à l’Islam”.
Arrêté de nouveau en janvier 1985, avec quatre disciples, il est condamné pour “menées contre le gouvernement”, sentence confirmée en appel. Ses disciples se repentent et ont la vie sauve mais Taha refuse, lui de se rétracter.
Malgré des appel du monde entier, il est pendu le 18 janvier, ses écrits sont condamnés à être brûlés. En avril, un soulèvement populaire renverse Nemeiry...
Une “nouvelle charia” ?
Mahmoud Taha cherchait une nouvelle charia qui, selon Henry Coudray, “correspondrait, en gros, à la Déclaration universelle des droits de l’Homme, en allant encore plus loin sur les questions de non-violence, de respect de la femme, de l’étranger, etc. Il se prononçait contre le port du voile car l’islam, disait-il est pour la liberté".
Mahmoud Mouhammad Taha a été surnommé le “Gandhi soudanais” au moment de sa mort. Comme Gandhi, il a été assassiné, mais, contrairement au Mahatma, sa pensée est tombée dans l’oubli. Elle mériterait d’être mieux connue et reconnue à l’heure actuelle mais aucun de ses livres n’a été traduit en français.
Christian Le Meut
* Texte uniquement en version française.
(1) Mais ce livre a été traduit en anglais. Les sources divergent quant à la date de naissance de Taha : 1908 ou 1916.
20:03 Publié dans Didaerded/Non-violence, Etrebroadel/International, Gwirioù mab den/droits de l'être humain, Istor/Histoire | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : Bretagne forever !