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14/11/2005

Breizh d'ar Vretoned ?

Bep hañv 'vez lakaet e Breizh war pontoù hentoù bras skritelloù a lâr : “La Bretagne aux Bretons”, skrivet e galleg. Ur skritell all a ziskouezh ur moske : “Mod-se eman Bro C’hall...” Ya, moskeoù a zo e Bro-C’hall, ha neuze ? Musulmaned ‘zo e Breizh, perak nompas sevel moskeioù evite ? Unan zo e Roazhon. Un dra a bouez eo bout anavet an islam evel ur relijion par d'ar relijionoù all e Frans, dre ar "Conseil du culte musulman" savet bloavezhioù. Mod-se lec’hioù dign vo savet evit pediñ o doué e respetiñ al laikerezh, evel rezon. Met aliez c'hoazh 'vez pedet get ar Musulmaned e lec'hioù n'int ket dign.
Mard n’int ket sikouret genomp, sikouret e vint (ha sikouret int dija abaoe pell) get tud a vroioù all evel Arabia Saoudite, Turki, Maroko, da skouer, tud a zo, aliez, re strizh o feson da vout musulman. Paiet vez ar moskeioù gete, ha kaset gete ivez imamed n'anavezont ket anezhe lezennoù ha kustumoù a Frans. Gwasoc'h c'hoazh ul lodenn vras ag an imamed 'vez stummet evit stourm a enep hor c’hustumoù ha lezennoù. Gwelloc'h vehe stumman imamed aman, e Bro C'hall, evel ma vez stummet ar veleion...
Hiriv an deiz ur bochad tud yaouank kenidig ag ar broioù musulman ne gavont ket labour pe tier. Ur gwir gouennelouriezh (“racisme”) spontus zo. Emen 'vez degemeret mat ar re yaouank se...? Er moskeioù, evel rezon, ha levezonet int get imamed strizh o doare da vout musulman. Met meur a feson zo da vout musulman. Ar musulmaned e Bro C’hall a faota dezhe pediñ o doue, monet d’an overenn ha lidañ o festoù sioul ha trankil evel ar Gatoliked, ar Brotestanted, ar Juvezion, ar Voudisted, ha c’hoazh. Ar relijion zo un dra privez en ur vro laik. Met, seul muioc'h vo anavet an islam evel ur relijion par d'ar re all, seul bihanoc'h vo levezonet ar Musulmaned get an integristed.
Setu, ar pezh a sonjan e lenn ar gwall skritelloù lakaet war pontoù hentoù bras. “La Bretagne aux Bretons”. Strolladoù all a lâr : “La France aux Français”. Kavet m’eus ur slogan nevez : “La France aux Français ; la Bretagne aux Bretons et la Champagne aux Champignons”. Klotiñ a ra... Pep hini en e di hag ar re all er maez ! Met bon, marteze ne vehe un dra ken mat : sonjit ta, razh ar potironed, razh an tokoù touseg, razh ar c’habelloù touseg skarzhet e Bro Champagne ! Ne chomehe netra aman da lakaat war hor c’hrampouezh deomp-ni ! Nag ur spont...
Christian Le Meut

La Bretagne aux Bretons et... ?

Tous les ans fleurissent de belles affiches sur les routes bretonnes pour souhaiter la bienvenue aux gens qui viennent nous voir. Elles disent : “La Bretagne aux Bretons”. Une autre montre une affiche avec une mosquée et dit, je cite de mémoire “C’est ça la France”... Et oui, il y a des mosquées France, notamment en Bretagne, à Rennes. S’il y a des musulmans en Bretagne, ils ont droit à des lieux de cultes dignes, comme les catholiques, les protestants, les juifs, les bouddhistes et les autres. Et il est d’ailleurs particulièrement important de reconnaître à part entière l’islam dans la société française et de l’aider à se structurer, ce qui se fait depuis la création du Conseil français du culte musulman.
Ce type de structure existe également pour les églises chrétiennes et juives. Certes, cet organisme fonctionne de manière un peu chaotique et pas toujours très claire mais c’est probablement une voie pour intégrer l’islam et les musulmans, en France dans le cadre des lois sur la laïcité.

Les ravages du racisme
Trop souvent encore, les mosquées ou les salles de prières sont érigées avec de l’argent venant de pays étrangers, d’Arabie saoudite, de Turquie, du Maroc, et d’autres pays, en fonction des origines de la communauté qui, en France, érige le lieu de culte. L’imam est souvent de la même origine que l’argent ayant financé le bâtiment. Il n’est pas toujours français, ne parle pas toujours le français, et ne connaît pas forcément les lois et les usages de notre pays. Parfois même, il a été formé pour lutter contre ces lois et ces usages considérés comme contraire à l’islam...
Il est donc important de savoir d’où vient l’argent et de former des imams en France. Car une grande partie de la jeunesse d’origine musulmane cherche ses racines et son identité dans une société française où il est beaucoup plus difficile de trouver du travail et un logement quand on s’appelle Mouloud ou Mohamed, que quand on s’appelle Christian. Et la mosquée est l’un des rares endroits où ces jeunes sont accueillis à bras ouverts et pas toujours sans arrières pensées d’embrigadement.

Mille façons de vivre l'islam
Or il y a beaucoup de façons de vivre l’islam. La grande majorité des musulmans pratiquants de France veut pouvoir vivre sa foi tranquillement, prier dans des conditions décentes. Elle a intégré les règles de la laïcité, si tant est que la République traite à égalité l’islam et les autres religions. Si tant est également que les populations d’origine musulmane ne soient pas rejetées pour des raisons de couleur de peau.
Voilà les considérations qui me venaient en voyant, comme chaque année, hélas, ces affiches collées tout au long des routes bretonnes.
Dans le jeu des slogans débiles, mais dangereux, nous avons donc “La Bretagne aux Bretons”; d’autres disent “La France aux Français”. J’en ai trouvé un autre, encore mieux : “La Champagne aux champignons”. Oui mais voilà, si on expulse tous les champignons en Champagne, il ne nous restera plus grand chose à mettre sur nos galettes bretonnes... Des berniques peut-être ?

Christian Le Meut

08/11/2005

L'agriculteur Albert de Monaco bénéficie de la Politique agricole commune

L'AFP (lundi 7/11 - 19h50) livre une information qui n'a, semble-t-il, pas beaucoup été reprise dans les médias, c'est pourquoi je me permets...

"Le prince Albert de Monaco et plusieurs riches propriétaires terriens sont parmi les grands bénéficiaires des subventions versées en France dans le cadre de la Politique agricole commune (PAC) européenne, a accusé l'organisation humanitaire britannique Oxfam lundi. Selon cette ONG britannique "70% des petits agriculteurs ont reçu 17% des subventions totales versées à la France", alors que 60% de ces subventions sont allées aux 15% d'entreprises agricoles françaises les plus prospères. "Ces chiffres montrent que l'argument français selon lequel la PAC sert principalement à aider ses petits exploitants sonne faux", a précisé Oxfam dans un communiqué.

Le prince Albert de Monaco "dont la fortune personnelle est estimée à 2 milliards d'euros, a reçu 287.308 euros de subventions agricoles de l'UE en 2004", précise encore Oxfam. Il possède en effet quelque 700 hectares de terres céréalières dans l'Aisne, dans le nord de la France. "Les deux plus grands bénéficiaires français de la politique agricole commune se sont partagés 1,7 million d'euros", affirme également l'ONG sans donner de nom. Le quotidien français La Tribune, qui ne donne pas non plus de nom, évoquait jeudi un riziculteur camarguais possédant 1.733 hectares, et le propriétaire de 1.500 hectares de maïs irrigué en Aquitaine. (...).

En mars dernier, sous la pression d'Oxfam, le gouvernement britannique avait rendu publique la liste des principaux bénéficiaires de la PAC. La compagnie sucrière Tate & Lyle (London: TATE.L - actualité) arrivait en tête en 2003-2004, avec 120 millions de livres (177 millions d'euros), suivie de plusieurs grandes figures de l'aristocratie britannique dont le duc de Westminster, l'un des hommes les plus riches de Grande-Bretagne (448.000 livres soit 663.000 euros), le duc de Malborough (511.000 livres, 756.000 euros), et même la reine Elizabeth, en 93è position avec une subvention d'environ 400.000 livres (592.000 euros)."

Le gouvernement britannique a proposé de plafonner les aides, ce qui serait une bonne chose. En matière de répartition équitable, il y a beaucoup à faire !

07/11/2005

Cajun - breton : deux ethnocides invisibles des médias ?

Les événements récents de Louisiane m’ont fait remettre à jour une chronique écrite en janvier 2004 sur une émission de France Inter qui aurait pu concerner la langue bretonne si l’on avait pu remplacer le mot “français” par “breton”. Car c’était de la Louisiane, dont il était question, région où la langue française a fait l’objet d’une politique d’éradication... J’ai été surpris, d’ailleurs, de ne pas entendre un seul francophone témoigner, en septembre, des ravages de l’ouragan Katrina en Louisiane, même sur les médias français, pourtant les premiers à se gargariser de la francophonie. Car plus de 200.000 personnes parlent encore français en Louisiane, mais pas à la Nouvelle-Orléans !
Selon Elaine F. Clément, membre du Conseil pour le développement du français en Louisiane : “Il y a très peu de francophones à La Nouvelle-Orléans. Pourquoi - c'est toute une histoire - l'américanisation, l'assimilation, l'avidité. La plupart des francophones sont dans les endroits plus ruraux. Les villes de Lafayette et Houma sont les plus grandes villes francophones. L'Ouragan Rita a frappé des endroits plus francophones. Dans la presse américaine, on était encore invisible”.

Le Lay : pas d'enquêtes mais des réfutations
Mais, autre constat surprenant, si les déclarations de Patrick Le Lay sur le “génocide culturel” pratiqué par la France à l’égard de la langue bretonne, ont suscité des commentaires dans certains médias parisiens, je n’ai vu aucun reportage, aucune enquête de terrain dans ces mêmes médias pour savoir si Patrick Le Lay disait vrai ou pas ! Aucun journaliste n’est, à ma connaissance, venu en Basse-Bretagne (la Bretagne bretonnante) pour établir sur les propos du patron de TF1 relèvent de l’élucubration “nationaliste” ou ont un fond de vérité... Par indifférence ? Par peur qu’il ait raison ?
Comme si établir les faits importait peu; comme si la réalité n’était pas importante... Comme si le commentaire valait plus que la compréhension de la réalité. Comme si le simple fait que cela soit dit par Patrick Le Lay lui ôte tout crédit... Mais les journalistes désireux de comprendre ce qu'est un ethnocide ne sont pas obligés de venir en Bretagne. Ils peuvent aussi se rendre en Louisiane où se trouve également une minorités "invisible" : à bien des égards, les francophones de Louisiane et les bretonnants de Bretagne sont dans le même bateau.

“Les Cajuns (chronique de janvier 2004)
“Le premier dimanche de cette nouvelle année, j’ai entendu, sur France inter, une émission surprenante. Elle était, en effet, consacrée à une langue régionale, sujet que les médias parisiens abordent assez peu d’habitude... Une langue régionale donc, sans statut officiel mais parlée depuis des siècles et transmise de génération en génération sauf pour les dernières qui n’ont pas appris la langue de leurs parents, mais uniquement la langue officielle.
En effet, l’école, l’Etat et quasiment toutes les institutions ont adopté une politique d’abandon de cette langue régionale. Méprisée, dépréciée, elle n’est plus parlée aujourd’hui, quotidiennement que dans certains coins à l’écart. Des personnes âgées ont dit à France Inter leur tristesse et leur colère de voir leur langue maternelle se perdre...
Je me suis dit qu’entendre une telle émission sur un radio nationale était une bonne chose pour montrer aux auditeurs français ce que signifie une politique délibérée visant à la disparition d’une langue... Mais, vous l’avez probablement compris, cette émission de radio n’était pas consacrée aux langues régionales en France, mais à une langue régionale aux États-Unis, le cajun. Nous étions en Louisiane mais il aurait suffi de pas grand chose pour se croire en Bretagne, en Occitanie, en Corse, au Pays-Basque... Déplorable est l’état de la langue française, dans son dialecte cajun, aux États-Unis : pas de statut officiel, un enseignement bilingue très récent et très partiel... Qui plus est, c’est le français de France qui est enseigné dans les écoles, pas le cajun ! Dur dur, alors, de se comprendre avec les anciens qui parlent encore la langue...
Mais quand aurons-nous droit, sur les médias dits nationaux, à des émissions permettant de mieux comprendre la situation des langues régionales en péril dans l’Hexagone ? A moins que ce qui se passe en Louisiane soit plus intéressant que ce qui se passe en Occitanie, en Alsace, en Corse ou en Bretagne...”
Christian Le Meut

05/11/2005

Asie : les effets d'un tsunami humanitaire

Le collectif Pêche et développement, basé à Lorient, suit de près l’évolution du monde de la pêche artisanale, et notamment la situation en Asie après le tsunami de décembre dernier. Une fois passée le temps de l’aide d’urgence (secours médicaux, accueil des réfugiés sans toit...), vient celui de la reconstruction. Or une aide venant de toute part (intéressée parfois : des Eglises ou des Etats cherchent à s’implanter ainsi), non planifiée, non maîtrisée par le pays d’accueil, peut avoir des effets pervers sur la population et la nature. Par exemple, si le nombre de bateaux de pêche augmente trop, le stock de poissons pêchés va augmenter rapidement et la ressource risque de s’épuiser, elle aussi, rapidement... Témoignage transmis par Pêche et développement :

“Sur la plage de Tharangambadi, ancienne colonie hollandaise au sud de l'Inde, là où le Tsunami du 26 décembre a emporté des enfants, des maisons et des moyens de subsistance, on voit des bateaux en fibre de verre tout neufs à perte de vue. Les noms peints sur les bateaux témoignent de l'étendue de la réponse à l'une des catastrophes naturelles les plus dramatiques : « L'église du Christ d'Oklahoma City », « L'association du Temple indien du New Jersey », « L'école de l'ambassade Américaine de New Delhi » parmi tant d'autres.

A Tharangambadi, ainsi que dans le reste du district de Nagapattinam, où l'on a dénombré les 2/3 des victimes du Tsunami sur le continent indien, le nombre de bateaux de pêche dépasse presque celui des pêcheurs et cela pose de nouveaux problèmes aux communautés traumatisées. « Le nombre de bateaux de pêche est une fois et demie ce qu'il était à l'origine » a déclaré à l'agence Reuters A. Radhakrishan, administrateur en chef du district.

Certains des nouveaux bateaux n'ont pas encore été mis à l'eau. Beaucoup d'autres s'entassent dans les chantiers navals du district – attendant ceux qui n'en ont pas encore reçu. Cette ruée pour remplacer les bateaux de pêche dans les semaines qui ont suivi le Tsunami ayant fait 232 000 victimes dans une douzaine de pays de l'océan Indien – la plupart d'entre elles membres des communautés de pêcheurs – s'expliquait par la volonté de restaurer au plus vite un moyen d'existence pour ces populations. Mais dans certains villages, on manque de personnel pour équiper ces bateaux qui ne sont pas tous en état de naviguer.

Un inspecteur de la FAO, détaché en Indonésie sur les sites du Tsunami, a été témoin du lancement de bateaux offerts par les donateurs qui ont sombré au bout d'une demi-heure. La même chose s'est produite à Hut Bay sur la petite île indienne d'Adaman en juillet. « Tout le monde veut construire des bateaux parce qu'on leur a donné de l'argent pour cela » dit Lahsen Abadouch de la FAO à Sydney.

Les grands bateaux en forme de canoë que l'on trouve en général autour de l'océan Indien ont besoin d'au moins 5 hommes pour travailler avec efficacité. Maintenant qu'un grand nombre de pêcheurs possèdent leur propre bateau, très peu de gens acceptent de travailler pour leur voisin”.

Source : Bill Tarrant (Reuters), extrait d' Alert News d'ICSF, traduit par Danièle Le Sann (Pêche et Développement).

04/11/2005

Rosa Parks

Marv eo Rosa Parks n'eus ket pell zo; ma faota deoc'h gouzout un tammig muioc'h a ziouti, sellit doc'h
www.rosaparks.org

Ur pennad skrid a feson zo war al lec'hienn internet Grioo.com :
http://grioo.com/info5692.html 

Rosa Parks est décédé il y a quelques jours; deux sites internet présentent cette femme courageuse qui a déclenché le mouvement des droits civiques aux Etats-Unis.

02/11/2005

Ils font face à l'invasion publicitaire : le collectif des déboulonneurs

Voici la présentation d'un nouveau groupe, les Déboulonneurs, qui veulent résister à l'invasion des panneaux publicitaires par des actions non-violentes.

«La désobéissance civile est le droit imprescriptible de tout citoyen. Il ne saurait y renoncer sans cesser d'être un homme.» Gandhi (extrait de "Tous les hommes sont frères").

Un Collectif des déboulonneurs s’est créé en 2005, en région parisienne. Il invite les personnes de bonne volonté à en créer un dans leur propre ville, au plus vite, pour se lancer dans l’action non-violente qui est présentée dans cet écrit. Ce collectif se propose de déboulonner la publicité, c’est-à-dire de la faire tomber de son piédestal, de détruire son prestige. Non pas de la supprimer, mais de la mettre à sa place, pour qu'elle soit un outil d’information au service de toutes les activités humaines.

Notre objectif: 50x70 cm
Obtenir des pouvoirs publics une nouvelle loi et un décret d’application qui ramènent la taille maximale des affiches à celle pratiquée pour l’affichage associatif à Paris: 50 x 70 cm; limiter les dispositifs à 2 m2 maximum, avec une densité raisonnable, fonction du nombre d’habitants. Atteindre cet objectif précis et limité constituera une première brèche dans le système publicitaire.

Moyen utilisé: le barbouillage
Actions collectives mensuelles de désobéissance civile (barbouillages), partout en France au même moment, le 4e vendredi du mois, ou le samedi ou le dimanche suivants; notons dès maintenant, pour ne pas les manquer, les dates prévues dans nos agendas: 25 novembre, 23 décembre 2005, 27 janvier, 24 février, 24 mars, 28 avril, 26 mai, 23 juin, 28 juillet 2006…

Dégâts du système publicitaire
La publicité, légitime en tant qu’activité informative, s’est muée en un système de harcèlement en perpétuelle expansion, mettant en œuvre des procédés toujours plus contraignants et envahissants. Pour piéger les individus, la publicité fait fi de toute déontologie et n’hésite pas à bafouer les lois. Par exemple, un tiers des panneaux sont illégaux (Que Choisir, avril 2002). Sous couvert de liberté d’expression… d’une minorité d’annonceurs, elle impose à toute la population son idéologie antisociale (compétition, domination, accumulation).
a) Le système publicitaire monopolise toujours plus l’espace public : rues, transports, cinémas, stades, musées, universités, écoles. Il parasite les activités culturelles et pervertit les manifestations sportives. Antidémocratique, il favorise les annonceurs les plus puissants.
b) Les médias financés par la publicité sont condamnés à une course à l’audience, perdent leur liberté éditoriale et s’interdisent de critiquer les annonceurs, sous peine de voir se fermer le robinet à finance. Ainsi deviennent intouchables les industries qui font le plus de publicité (agro-alimentaire, automobile, nucléaire, pétrochimie, grande distribution, loisirs et tourisme, cosmétiques).
c) Le système publicitaire sacrifie la santé et l’écosystème au commerce. Il occulte les conséquences sanitaires (mauvaise alimentation, obésité, anorexie…) et se moque du principe de précaution (nucléaire, produits chimiques, organismes génétiquement modifiés [OGM], téléphones portables…).
d) Il incite à la surconsommation, au gaspillage, à la pollution et fait souvent l’apologie de comportements irresponsables et individualistes. En entretenant la convoitise et la frustration, il est source de surendettement, de délinquance, de violence pour les plus démunis.
e) Il déshabille femmes, hommes et enfants comme un proxénète, propage des modèles artificiels et uniformes, et entretient le culte d’une perfection physique et d’une éternelle jeunesse, engendrant – notamment chez les personnes handicapées, malades ou âgées – le sentiment d’être rejeté.
f) Il réduit l’existence à la consommation, les fêtes à des opérations commerciales, l’imaginaire et les idéaux à des arguments de vente.
g) C’est le consommateur qui paie la publicité (en moyenne 500 euros par an et par personne), car, tel un impôt caché, le coût des campagnes publicitaires est répercuté sur le prix des produits achetés.

Haro sur l’affichage !
En matière de publicité, l’affichage constitue l’agression majeure, la plus ancienne, celle à laquelle personne n’échappe. On est libre de regarder ou non la télévision, d’écouter ou non la radio, d’acheter ou non un journal, pas de circuler sans être confronté à un incessant défilé d’images et de slogans. Cette débauche graphique gêne la vue et la perception de la signalisation routière.
Elle salit notre cadre de vie, réduit notre liberté de penser et limite notre faculté de rêver. La confiscation de l’espace public et son exploitation mercantile sont d’autant plus inadmissibles que la loi elle-même qualifie les paysages de «bien commun de la nation» et que les dispositions régissant l’affichage publicitaire sont intégrées au livre V du Code de l’environnement, intitulé… «Prévention des pollutions, des risques et des nuisances»!
Par l’affichage, le système publicitaire s’immisce dans notre quotidien de la façon la plus évidente. Par l’action directe non-violente contre l’affichage, nous ouvrirons une brèche dans le système publicitaire et répondrons à son agression. Ce, d’autant plus facilement que les panneaux sont à portée de main !

Halte au gigantisme! changeons la loi
Qu’il s’agisse des « 4 x 3 » (12 m2) autorisés par la loi ou des monstrueuses bâches de 600 m2, aujourd’hui règne l’excès, le gigantisme. Mais aucun règne n’est éternel, et demain – si nous le voulons – peut voir le retour à l’harmonie. Vous êtes-vous souvent senti agressé par une affiche de 50 x 70 cm ? Et si l’on imposait ce format à toutes les affiches? Utopique? Pas tant que cela: à Paris, la municipalité impose ce format maximal aux affiches… d’opinion ou associatives, certes, mais pourquoi ce cas particulier en vigueur dans la capitale ne s’étendrait-il pas à TOUTES les affiches, commerciales et autres, sur TOUT le territoire ? Et en sous-sol aussi bien qu’en surface ?
Dans la foulée, pourrait être mis un terme à ces procédés vicieux et énergivores que constituent les dispositifs publicitaires lumineux, animés, voire sonores ou odorants.
Et tout cela dans le respect d’une densité raisonnable : par exemple limiter la taille des dispositifs (les supports) à 2 m2 maximum, et déterminer leur nombre en fonction du nombre d’habitants de la commune. Utopique ? Pas tant que cela: la loi le prévoit déjà pour l’affichage d’opinion.
L’adoption de telles mesures entraînerait : le repos de l’œil et de l’esprit ; une visibilité plus égalitaire pour les annonceurs ; des économies d'énergie et de ressources (papier, encre, plastique, électricité). Enfin, qu’il soit permis de mettre en doute deux fonctions supposées de l’affichage : le «supplément d’âme» apporté aux rues de nos villes et de nos villages, et l’«information» destinée à nos pauvres esprits désorientés. Nos paysages, urbains ou ruraux, ont-ils vraiment besoin de «4x3» pour «s’animer», et une information digne de ce nom a-t-elle besoin de 12m2 pour forcer la carapace de nos cerveaux ? Et, en outre, pourquoi ne pas imaginer des espaces (50 x 70) dédiés à l'art et à la vie associative?

Désobéissance civile et non-violence : un choix
(1) La non-violence n’est ni passivité ni résignation. Mais une force politique moralement acceptable et qui a fait ses preuves. En privilégiant l’action directe, en excluant l'atteinte à la dignité d'autrui par l'injure ou les coups, en imposant une attitude de respect à l'égard de l’adversaire, l’action non-violente permet de sensibiliser l’opinion publique.La logique de la non-violence exige que ses militants se portent responsables de leurs actes devant les tribunaux (par exemple, quand ils ont opté pour la dégradation volontaire et préméditée de panneaux d’affichage). Dans ce contexte, être arrêté par la police pour avoir barbouillé des dispositifs publicitaires puis avoir un procès ne sont pas vécus comme une honte mais déjà comme le signe d'une victoire, même si les prévenus sont ensuite condamnés à une peine de prison. L'opinion publique, n'acceptant pas que des personnes soient punies si elles n’ont commis aucune violence, se voit alors encore plus mobilisée.
(2) L'expression «désobéissance civile» est apparue en 1866 comme titre de l'œuvre posthume de Henry-David Thoreau. Cet écrivain nord-américain, pour protester contre la politique de son pays qui maintenait l'esclavage et menait une guerre impérialiste contre le Mexique, avait refusé de payer l'impôt, ce qui lui avait valu la prison. Ce livre a inspiré Tolstoï, Gandhi (libération de l'Inde du joug colonial britannique), Martin Luther King (reconnaissance des droits civiques des Noirs américains), Nelson Mandela et Desmond Tutu (contre l'apartheid en Afrique du Sud), les paysans du Larzac (contre l'extension d'un camp militaire) et, aujourd’hui, les faucheurs volontaires de maïs OGM. Au tour, maintenant, des «déboulonneurs» de neutraliser la publicité et son emprise sur les paysages et les esprits !
(3) Quand tout a déjà été dit sur une loi inique – celle, par exemple, qui autorise une poignée d'afficheurs à envahir l'espace public –, quand ont déjà été prises maintes initiatives (manifestations, pétitions, débats, notamment au Parlement), quand des ministres eux-mêmes, parlant de «catastrophe», ont appelé à une refonte de la loi, et que la loi n'est pas changée, il est du devoir des citoyens d'exercer sur les responsables politiques une pression plus importante, aussi longtemps que cette situation perdurera. Quitte à commettre en groupe des actes symboliques illégaux.
(4) La désobéissance civile n'a pas pour but de faire croire que l'on pourrait vivre dans une société sans lois ni règles. Elle se distingue de la désobéissance criminelle dans la mesure où les transgresseurs annoncent leur intervention, agissent en public, à visage découvert, et assument leurs actes, témoignant, par là même, d’un intérêt supérieur pour le droit et la justice.
(5) Face à l’agression publicitaire, face à l’inertie des autorités, la désobéissance civile est une «légitime réponse». Les barbouillages de panneaux de 4 x 3 m doivent apparaître dans les médias comme un événement récurrent. En se produisant partout en France le 4e vendredi du mois (ou le samedi/dimanche suivants), ces actions doivent défrayer la chronique. Barbouillons la publicité jusqu’à satisfaction de notre revendication! Nous verrons bien jusqu'où il faudra aller...
Cessons de commenter l’actualité, faisons-la !

Un barbouillage en action
Une bonne quarantaine de militants non-violents antipublicitaires et plusieurs journalistes ont un rendez-vous précis ce vendredi-là. L'action a été minutieusement préparée depuis quinze jours : repérage de quelques grands panneaux d'affichage en plein centre-ville, des volontaires pour barbouiller, des contacts avec des journalistes…

La chronologie qui suit est inspirée d'actions vécues.
16 h 50 : Le carrefour a son aspect habituel. Aucun signe d'un quelconque rassemblement imminent.
16 h 55 : Les quarante militants sortent de nulle part et se retrouvent discrètement au lieu du rendez-vous, à 50 mètres des panneaux.
16 h 59 : Le signal du début de l'action est donné par les barbouilleurs. Ils se lancent d'un pas décidé en direction des panneaux. Les autres les accompagnent. Les journalistes sortent de l'ombre avec leur matériel. Tout va maintenant très vite. Chaque militant a un rôle à tenir ; tous les rôles sont importants.
17 h 00 : Les barbouilleurs sortent leurs bombes et peignent lisiblement quelques mots sur les affiches : «Pollution visuelle», «Publicité = Violence»... Les autres s'attroupent pour soutenir l’action de leur présence. Ils ne gênent ni les piétons ni les voitures. Des tracts sont distribués. Afin de respecter la propreté des lieux, un militant ramasse ceux qui sont jetés au sol. Arrive un policier qui s'occupait de la circulation à 100 mètres de là. Stupéfait, il téléphone à son chef.
17 h 05 : Les affiches sont barbouillées. Aucune trace de peinture sur les surfaces environnantes (trottoir, mur…). Appareils photo et caméras continuent leurs prises de vue. L'atmosphère est sereine, ça chante. Les passants, ne se sentant pas agressés, s'arrêtent, discutent. Pour le cas où l’un d’eux ferait un scandale, braquant inutilement l'attention sur lui, trois militants formés à la résolution non-violente des conflits sont prêts à intervenir.
17 h 15 : Deux fourgons cellulaires déboulent, gyrophares en action et sirènes hurlantes, comme pour un braquage de banque! Que voient les policiers qui débarquent? Deux ou trois panneaux barbouillés, un attroupement joyeux autour d'une personne juchée sur un tabouret, en train d’expliquer les raisons de l’action.
17 h 20 : Les barbouilleurs se laissent découvrir par les policiers. Chacun leur tend sa carte d'identité : «C'est moi qui ai barbouillé cette affiche ; c'est un acte antipublicitaire de désobéissance civile ; je le revendique.» Tête ahurie des policiers. Les barbouilleurs finissent d'expliquer devant les journalistes que des actions semblables se déroulent partout en France au même moment, comme chaque 4e vendredi du mois (ou le samedi/dimanche suivants).
17 h 30 : Les barbouilleurs sont embarqués sous les applaudissements. L'action est terminée. Dispersion générale. Les barbouilleurs restent au commissariat une ou deux heures. Pour leur déposition, ils adoptent la tactique convenue, sans oublier de mentionner le comité de soutien (personnalités).
En soirée ou le lendemain : bilan de l'action par l'ensemble des militants, préparation de l'action du mois prochain. Les jours suivants : mentions de l’action dans la presse.

Contact national
Coordination nationale du Collectif des déboulonneurs, 24, rue Louis Blanc, 75010 Paris.
Courriel : deboulonneurs@no-log.org

Site : deboulonneurs.org
Ont participé à la rédaction du présent document : Alex Baret (humaniste engagé), Yvan Gradis (militant antipublicitaire), François Jourde, David Sterboul (militant associatif pour la protection de l'environnement), François Vaillant (membre du MAN – Mouvement pour une alternative non-violente).