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28/12/2005

Nathalie Le Mel, un Bretonne à la tête de la Commune de Paris

Voici l’histoire surprenante d’une Bretonne, Nathalie Le Mel, née Duval, militante ouvrière qui s’est retrouvée à la tête de la commune de Paris. Nathalie Duval naît donc à Brest en 1826, sous le règne de Charles X. Elle se marie seize ans plus tard avec Jérôme Le Mel, en 1845 sous le règne de Louis-Philippe. Le couple a trois enfants, et il tient une librairie à Quimper, de 1849 à 1861. Nathalie Le Mel est une femme instruite avec des idées politiques de gauche, concernant, notamment, les droits des femmes.

Membre active de l’Internationale
En 1861, sous le règne de Napoléon III, le couple décide d’aller travailler à Paris. Là, Nathalie Le Mel devient relieuse. Les ouvriers n’ont pas le droit de créer de syndicats, alors elle participe à des “sociétés ouvrières” qui en font office. A l’époque, les femmes sont moins payées que les hommes (c’est encore le cas aujourd’hui, mais ce n’est plus légal). Nathalie participe activement aux grèves de 1864 et 1865 qui obtiennent, notamment, l’égalité des salaires pour les hommes et les femmes dans les ateliers de reliures. Elle est une membre active de la première internationale, créée en 1861 à Londres par Marx, Engels et Bakounine, pour rassembler les ouvriers du monde entier... Nathalie est placée à la tête d’un restaurant ouvrier, “La Marmite”, où l’on mange pour pas cher et où l’on parle beaucoup politique. Cela ne plaît guère à la police, qui la surveille, ni à son mari. Non seulement Jérôme Le Mel est devenu alcoolique mais il demande à sa femme de cesser ses activités politiques. Elle refuse, ils se séparent mais Nathalie continue de s’occuper des enfants.

Nathalie Le Mel sur une barricade
Guerre dans le couple, guerre dans le pays. Napoléon III déclare la guerre à l’Allemagne. Il est vaincu. La république est proclamée à Paris mais, rapidement, la commune de Paris refuse la politique du gouvernement de M. Thiers, qui se retire à Versailles. Nathalie Le Mel est une des femmes les plus actives de la commune des Paris. Elle créé l’Union des femmes qui y participe activement. Mais le gouvernement de Versailles envoie la troupe réprimer la commune de Paris. L’Union des femmes fournit des infirmières aux soldats communards. Mais les combats s’intensifiant, certaines femmes, dont Nathalie Le Mel prennent les armes et tiennent des barricades. La répression fait 20.000 morts. Nathalie Le Mel est arrêté, jugée, condamnée à la déportation à vie. Elle fait face à ses juges.

Déportée en Nouvelle-Calédonie et solidaire des Kanaks
Elle est déportée en Nouvelle-Calédonie dans le même bateau que Louise Michel. Les deux femmes sont amies, même si elles ne sont pas souvent d’accord. Louise Michel est proche des anarchistes, Nathalie est proche des socialistes... Louise Michel emporte avec elles dans son exil des livres en langue bretonne, pour apprendre la langue, notamment une grammaire, peut-être donnée par Nathalie Le Mel.  Nathalie reste six ans en Nouvelle-Calédonie, malade et éloignée de ses trois enfants... Elle est, comme Louise Michel, scandalisée par le traitement réservée à la population kanake : de plus en plus de terres sont prises aux Kanaks et les Français n’accordent aucun respect à leur culture. Étonnement, la majorité des communards déportés approuve la politique coloniale française... Pas Nathalie Le Mel ni Louise Michel. Cette dernière ouvre une école pour apprendre à lire et écrire à des enfants kanaks.

Une très longue vieillesse
Revenue à Paris en 1878, Nathalie Le Mel travaille comme ouvrière dans différents journaux. Toujours présente aux commémorations de la commune... Ses enfants morts, très pauvre elle-même, il n’y a quasiment plus personne pour s’occuper d’elle. Elle vit dans une pièce insalubre. Placée dans un hospice, elle y meurt le 25 mai 1921, au temps des cerises et à  l’âge de 96 ans.
L’histoire de Nathalie Le Mel est racontée dans un livre écrit par Eugène Kerbaul (décédé en août 2005) et intitulé : “Nathalie Le Mel, révolutionnaire et féministe”. Ce livre, édité à compte d’auteur, a été réédité par Le temps des cerises mais il est, hélas, épuisé... Il sera peut-être réédité en fin de cette année. Nathalie Le Mel n’a pas écrit ses mémoires. D’autres membres de la commune ont laissé des témoignages. Pas elle, et sa mémoire est un peu oubliée aujourd’hui. C’est dommage.
Christian Le Meut

Le livre "Nathalie Le Mel, une communarde bretonne, révolutionnaire et féministe" d'Eugène Kerbaul a été réédité aux éditions Le Temps des cerises,6 av. Edouard Vaillant, 93500 Pantin. Tél : 01 49 42 99 11.

http://www.letempsdescerises.net

Nathalie Le Mel, ur Vretonez e penn Kumun Pariz

Ur vuhez souezhus eo, buhez Nathalie Le Mel, ganet Duval. Ganet e Brest er bloaz 1826 ha dimezeet get Jérôme Le Mel e 1845... Ur stal levrioù oa bet dalc’het geti hag he gwaz e Kemper, e-pad daouzek vloaz, betek 1861, mare Napoléon an trived... Tri krouadur zo ganet en tiad-se. Ur vaouez desket oa  get sonjoù politikel ha sokial a gleiz, evit lakaat gwirioù ar merc’hed da vont araok, da skouer.

Nathalie hag he gwaz oa aet kuit evit moned da labourat e Paris e 1861. Du-hont Nathalie doa kavet ul labour evel “keinerez”. D’ar mare-se ne oa ket droad, e Frans, sevel sindikadoù. Kevredigezhioù, “sociétés” e galleg, veze savet neuze get ar vicherourion d’en em dolpiñ ha d’en em zifenn, ha Nathalie da vont e-barzh “kevredigezhioù” sort-se. D’ar prantad-se ar merc’hed veze paeet nebeutoc’h evit ar baotred. Ne oa na just, na reizh, met mod-se oa; dilezel eo hiziv an deiz me, neoazh, gobr ar merc’hed a chom izeloc’h evit gobr ar baotred. Nathalie Le Mel oa bet e penn an diskrogoù labour a oa bet dalc’het e Pariz er bloaz 1864 ha 1865. Hag a-gres d’an diskrogoù labour-se, ar merc’hed a laboure er stalioù “keinerezh” oa bet paeet evel ar baotred. Nathalie Le Mel oa daet da vout unan ag ar pennoù bras an Etrebroadel kentañ e Paris. An Etrebroadel oa bet savet e Londrez tri bloaz araok, get Marx, Engels ha Bakounine evit tolpiñ micherourion ar bed a-bezh.

E-penn “La marmite”
Goude-se, Nathalie Le Mel oa bet lakaet e-penn ur preti, anvet La Marmite. Ar stal se oa bet savet evit reiñ boued marc’hadmat d’ar vicherourion hag evit komz politik e-barzh. Ar bolis a daole ur sell ar-zu Nathalie hag he stal. Hag ar pezh a rae Nathalie ne blije ket tamm ebed d’he gwaz Jerôme, ivez. Hennezh n’doa troet fall : ul lonker bras oa daet da vout Jérôme Le Mel hag, oc'hpenn-se, eñ a faote paraat doc’h e vaouez a ober politik. Setu dispartiet an daou-se, pep hini d’e du. Met Nathalie a gendelc'he d’ober war dro he bugale.

Ur brezel etre Fransizion
Brezel oa er c’houplad-se, met brezel ivez etre Bro-Frans ha Bro Alamagn... Goude bout trec’het Napoléon an trived get an Alamaned, ar re-se oa erruet tro dro da Baris. Ar c’hrogadoù oa echu, ur republik oa bet savet e-lerc’h an impalerezh. Met kumun Paris ne oa ket a-du, tamm ebed, get gouarnamant an aotrou Thiers hag hennezh oa aet kuit betek Versailles e-lec’h chom barzh ur gerbenn en dispac’h... Ha Nathalie Le Mel, begon, startijenn geti c’hoazh, da sevel ur strollad evit ar merc’hed, “Unvaniezh ar merc’hed”, renet geti ha micherourezed all. Ar strollad-se a c’houlenne ingalded etre merc’hed ha paotred, hag ar justis sokial. Nathalie Le Mel oa unan a-verc’hed brudetan ar C’humun, get Louise Michel. Met ar gouarnamant staliet e Versailles ne faote ket dezhan lakaat Kumun Paris da vont araok; kaset n’doa an arme evit hi flastriñ... Ur brezel oa bet, etre Fransizion, Bretoned e-barzh, hag ar gumunarded da vout trec’het get an arme... Nathalie Le Mel hag he strollad merc’hed oa klandiourezed, kentoc’h. Met Nathalie doa dalc’het ur “barrikade” e-pad peder euriad, get merc’hed all, e tenniñ war ar soudarded.

Kaset da Galedonia Nevez...

Ur wezh echu ar Gumun, Nathalie Le Mel oa bet arrestet, barnet ha kondaonet da vout kaset da Galedonia Nevez get kumunarded all, ha chemel ase betek fin he buhez. Louise Michel ha Nathalie Le Mel oa bet kaset du-hont barzh ar memes bag. Louise Michel doa kemeret geti levrioù brezhoneg da zeskiñ hor yezh; ur yezhadur roet dezhi, marteze, get Nathalie Le Mel... Honnezh ha Louise Michel oa mignonnezed, met ne oant ket a-du kement-se. Nathalie oa tost d’ar sokialourion, ha Louise tostoc’h d’an anarkourion... Chomet int c’hwec’h vloaz er Galedonia Nevez. Nathalie oa klanv aliez, ha pell d’he bugale... Nathalie ha Louise oa bet spontet e wellet ar pezh veze graet d’ar re gKanak. Tapet veze dezhe muioc’h mui a zouar get ar Franzision hag ar re se n'o doa doujans ebet evit o sevenadur. Louise Michel 'doa savet ur skol evit deskiñ lenn ha skriv da vugale Kanak...

Marv d’an oad a 96 vloaz
Ur wezh deuet en dro da Baris, Nathalie Le Mel doa labouret e kazetennoù-zo. Met paour bras oa, ha klañv. Kaset oa bet d’an ospis. Nathalie oa erru kozh, met mont a rae bep bloaz da lidañ Kumum Paris. Trist eo bet fin he buhez. Marv oa he bugale ha ne oa ket kazimant den ebed evit ober ar he zro. Marv eo d'ar 25 a Viz Mae 1921, d’an oad a 96 vloaz. Istoer Nathalie Le Mel zo kontet barzh ul levr skrivet e galleg get Eugène Kerbaul hag anvet “Nathalie Le Mel, révolutionnaire et féministe”. N’he doa ket kontet he buhez he-unan dre skrid. Domaj eo.

Christian Le Meut

Eugène Kerbaul zo marv e miz Eost 2005. E levr zo bet adembannet get ar strollad : "Amis de la Commune de Paris", 46 rue des Cinq diamants, 75013 Paris.

23/12/2005

Du passé faisons table rase !

Soyons modernes, mesdames messieurs, il n’y a que ça de vrai, la modernité. Alors allons faire un tour du côté des États-Unis, le fleuron mondial de notre modernité contemporaine. Là-bas, les 125 habitants du village de Clark ont décidé de changer le nom de leur commune. Non pas pour lui donner un plus joli nom, ni pour honorer une personnalité ou un fait historique qui se serait produit là... Non, rien de tout ça. Les 125 habitants de Clark ont tout simplement troqué le nom de leur village contre celui d’une marque ! La marque de bouquet numérique appelé Dish, comme il y a Canal satellite ou TPS en France. Une fois abonné à un bouquet numérique et installé une antenne ad hoc (ou le câble), vous captez vingt, trente ou 140 chaînes que vous n’avez pas le temps de regarder ! Ou si vous l’avez, le temps, vous risquez vite une overdose de crétinisme télévisuel; quant aux escarres, elles suivront à force de ne plus bouger !

Le village de Clark s’appelle désormais du joli nom de Dish. En contrepartie les habitants ont reçu chacun une parabole, un lecteur DVD, un abonnement de dix ans à ce bouquet numérique... Et la célébrité ! Car ce coup de pub a fait parler de lui Outre-Atlantique. Le maire de la commune, cité dans Courrier international (01/12/2005), se félicite : “Personne ne savait où se trouvait Clark, tout le monde sait où se trouve Dish”. Mais il est des notoriétés que l’on n’envie pas. Troquer son nom contre une marque, y’a-t-il de quoi être fier ? Et les habitants de Dish n’ont-ils rien d’autre à faire que de passer leur temps à regarder la téloche ?...

Canal-satellitiens, Canal-satellitiennes !
Transposons-nous en France. Prenons une commune un peu perdue dans la campagne où il n’y aurait pas grand chose d’autre à faire d’autres que regarder la télé : Pontivy *, par exemple, troquerait son nom pour devenir “Canal satellite” ! Voilà un nom moderne, ça sonne presque science fiction. On pourrait le prononcer à l’américaine ce qui est le fin du fin de la modernité actuelle : “Chanel satellite”... Et puis, finis les Pontyviens et les Pontyviennes vivent les Canal satellitiens et les Canals satellitiennes : on est carrément dans la science fiction, la guerre des étoiles, Star Wars et tout et tout !

Et je ne parle pas d’une certaine radio au nom imprononçable et quasiment préhistorique, Radio Bro Gwened. Mais où vont-ils chercher des noms pareils ? Il faut moderniser tout ça, faire “djeunes” mesdames messieurs. Utiliser seulement le sigle et le dire à l’américaine, RBG : “Rbgi”, “Selaouit RBji”. Pensez donc à un jeune ou une jeune du coin qui voudrait participer à la Star Ac. Oui, à la Star Académie ou une autre émission de cet acabit. Car le top du top de la promotion sociale et culturelle de nos jours c’est de passer à la télé, même pour y faire n’importe quoi. Alors pourquoi pas aller chanter à la Star Ac ? Mais imaginez donc ce jeune arrivant devant le jury :
“Vous arrivez d’où ?”
- De Pontivy”...
- et vous avez fait quoi avant ?
- J’ai participé au radio crochet de Radio Bro Gwened”. C’est perdu d’avance ! Aucun espoir. Avec un CV comme ça le pauv’ gamin sera viré avant même d’avoir chanté, comme s’il débarquait du Moyen âge.

Ce n’est pas avec des noms comme ça que l’on devient une star du show biz, ni que l’on conquiert de nouveaux marchés ! Modernisons : virons donc ces noms en français et en breton, tout ça s’est dépassé. Amis Pontivyiens amies Pontyviennes, devenez des Canals satellitiens et Canal satellitiennes ! Finie la sauce armoricaine, vive la sauce américaine. Vendons nos noms, nos identités, et du passé faisons table rase comme il est dit dans une chanson célèbre, l’Internationale ! Le problème c’est ce qui reste sur la table après : une bouteille de caca-cola et des hamburgers à regarder devant des feuilletons étasuniens... Que dis-je, des SOAP... Nag ur vuhez bourrapl, me lâr deoc’h ! Quelle belle vie j’vous dis !

Et le mandarin ?
Mais, qui sait, d’ici vingt ans, l’anglais lui-même sera peut-être dépassé par le mandarin... Qu’est-ce que c’est cet oiseau là, vous demandez-vous peut-être ? Et bien c’est la langue officielle en Chine et la langue la plus parlée dans le monde. Et là, Pontivy est à la pointe de la modernité puisqu’on y étudie le chinois dans un lycée juste après y avoir laissé tomber le breton. Loin de moi l’idée de critiquer l’enseignement du chinois, c’est une ouverture linguistique et culturelle; ce qui me pose problème c’est que l’on abandonne le breton, preuve au contraire d’une fermeture culturelle cette fois, voire d’une fermeture sur soi-même et sur son environnement immédiat, fermeture qui mériterait d’être analysée. Mais je ne suis pas psychanalyste... Le syndrome de l'abandon de la langue d'origine sévit un peu partout, notamment en Ecosse (lire les commentaires).

Allez, dalc’homp berr, tudoù ! Tenons bon, auditrices ou auditeurs de Radio Bro Gwened, lecteurs et lectrices de ce blog, que vous soyez de la belle ville de Pontivy ou d’ailleurs. Et surtout ne vendons pas nos noms à des trafiquants d’illusions.
Christian Le Meut

* Rappel : la plupart des textes figurant sur ce blog sont des chroniques pour Radio Bro Gwened, émettant de Pontivy. Rendez-vous le mercredi à 9 h 15 pour la chronique en français, 8 h 15 le vendredi, en breton.
Internet : www.radio-bro-gwened.com


22/12/2005

Bezit modern, tudoù !

Deomp d’ar Stadoù Unanet, d’ur pennher anvet Clark e lec’h ma z’eus 125 den e vout e chom... Met echu eo bremañ get Clark : chanchet eo bet anv ar gumun se evit dont da vout Dish...
Perak Dish ? DISH, evel anv ur “boked niverel”, ur “bouquet numérique” anvet DISH, evel ma z’eus “Canal Satellite” pe TPS amañ. Ur wezh koumanantet c’hwi resev er ger ugent pe daou ugent chadenn skinwell, tele ha n’o peus ket amzer da sellet doc’hte, met doc’h ar c’hiz oc’h, ar pezh a gont memestra. C’hwi zo modern. Ma peus amzer memestra da sellet doc’hte, diwallit : tapet vec’h get klanvedoù zo. Dirak usr post skinwell, alies, an empenn a zigresk hag ar c’horf a gresk evit bout lardoc’h.... Ha diwallit d’an “escarres” !

Justawalc’h roet eo bet ur rastell tele, ul lennour DVD hag ur c’houmanant dek vloaz da razh an dud a zo e chom e Clark. Setu penaos emañ bet troket anv o farrez get tud Clark. Laouen bras eo maer ar gumun rak brudet eo bremañ e barrez : “Den ebet a ouie emen a oa Clark, razh an dud a ouia emen emañ Dish” eme an aotrou maer, barzh ar gazetenn Courrier international (01/12/2005). Brudet eo Dish, ya, met brudet brav pe gwallvrudet ? Un taol brud a zo bet graet get ar stall Dish, sur awalc’h, met get tud ar gummun ? Gwerzhiñ anv o farrez evit lakaat en e blas anv ur mark, n’eus ket tu da vout fier kement-se, d’am sonj. Met marsen, an dra se eo, bout modern er Stadoù Unanet.

Met deomp en dro da Vreizh. Klaskomp ur pennher all kollet war er maezioù evel Clark : Pondi, lakoomp... Pontivy e galleg. An anv se a son un tammig re gozh, n’eo ket un anv modern, tamm ebet. Sonjit ta : trokiñ “Pontivy” evit “Canal satellite” war e lerc’h da skouer. Setu un taol brud a feson. Hag ouzhpenn e vehe roet da bep hini kement da sellet doc’h chadennoù skinwell. E lec’h bout “Pontivyien”, tud a Bondi a vehe “canal satellitiens” ! Setu un anv modern, hag a denn doc’h ar skiant fiktion, d’ar skiant faltazi ! Nag un anv modern. Ha da zistagiñ d’un doare saozneg, “Channel satellite”, mar plij...
Ne vehe netra modernoc’h, me lâr deoc’h !

Un anv ragistorel...
Ha ne gomzan ket ag ur radio bennak get un anv tost ragistorel : Radio Bro Gwened. Bizkoazh kement all, nag ur spont ! N’eo ket posupl. N’eus nemet un tra d’ober : saoznekaat an traoù. Larit “Rbiji”, mar plij. Selaouit “RBJ” ! Setu un doare a feson da laret an traoù ! Rak emañ ret sonjal en amzer da zonet. N’eo ket get ar galleg, na get ar brezhoneg, e teuec’h da vout star ar show biz ! Sonjit en ur c’hrennard, pe ur grennardez a Bondi a faotehe monet d’ar Star Akademy e Paris. Ya, rak ur bochad tud yaouank a vremañ a zo bamet dirak ar Star Ak... Ha setu hennezh pe honnezh dirak juri ar Star Ak :
- “A ven e teuit ?”
- A Bondi...
- Ha petra peus graet araok ?
- Kanet m’eus er radio krochet savet get Radio Bro Gwened”...
Setu, kollet d’un taol, a dra sur ! Lakaet er maez an den yaouank hep bout selaouet get ar jury evel ma vehe daet ag ar grenn amzer !
Nann, tud a Bondi, ma faota deoc’h bout doc’h ar c’hiz, chanchit anv ho parrez. “Channel satellite” e lerc’h Pontivy, da skouer, vehe kalz gwelloc’h... Ha perak pas “Channel Disney” ?...
Er maez an amzer paseet, tudoù : “Du passé faisons table rase” ‘vez lâret barzh un ganaouenn brudet : an Etrebroadel... Met petra chom war an daol, goude bout skarzhet an amzer paseet : ur voutailhad kaka kola da eviñ get un hamburger breiñ e sellet doc’h feuilletonnoù war an tele... Beurk.

Madarineg war lerc'h brezhoneg...
Hag ur wezh paseet mod ar saozneg, a benn ugent vloaz, piv ouia, peseurt yezh nevez e vo ret deomp kaozal ? Ar yezh a vez komzet ar muian er bed a bezh : mandarineg, da laret eo, sinaeg. Ha n’och ket plaseet fall amañ, e Pondi. Hervez ar pezh m’eus klewet, lakaet eo bet er maez ar brezhoneg en ul lise evit kelenn mandarineg en he lerc’h... Setu, tud avanset, tud a well pell en amzer da zont ! Bon, marteze, ne wellont ket pell en amzer paseet, nag en amzer a vremañ !... Met se zo un afer all. Deskiñ mandarineg zo un dra vat, ne laran ket, met perak lakaat ar brezhoneg er maez ? Yezh a-orin ar vro-mañ ?

Ale, dalc’homp berr tudoù, ha ne werzhomp ket hon anvioù da zen ebet !
Bevet Pondi ha Radio Bro Gwened !
Ha trugarez deoc'h bout lennet ar pennad se : trugarez 'vez lâret "xie xie" e mandarineg.
Christian Le Meut

France 3 : l'info en breton va se taire dans le Finistère

Communiqué du personnel de France 3 Iroise (édition du Finistère), qui produit notamment chaque jour un bulletin en langue bretonne diffusé à 12 h 15... Tous les jours ? Non, pas pendant les vacances de Noël. Tout le personnel est mis en vacances d'office par mesure d'économie :  "Joli cadeau de Noël pour les téléspectateurs et le personnel de France 3 Iroise ! A partir d'aujourd'hui et jusqu'au 2 janvier 2006 les éditions d'information locale Iroise et An Taol Lagad disparaissent de vos écrans. En clair : plus d'informations en breton et une couverture minimale de l'actualité finistérienne en français dans le journal régional. Vous avez été nombreuses et nombreux, élus, associations, syndicats, téléspectateurs, à nous apporter votre soutien, à témoigner votre attachement au service public audiovisuel de proximité et à son maintien toute l'année. Nous vous en remercions et pour marquer le coup nous vous invitons samedi 24 décembre à 11 h 30 à nous rejoindre pour un verre et/ou pique-nique en musique au Roc Trédudon (près de l'émetteur). Comptant sur votre présences.

Trugarez evit ho skoazell, renerien France3 n'o deus ket pleget, ne vo abadenn ebet skignet ganeomp e Penn ar Bed e- pad div sizhunvezh, met pedet oc'h da evañ ur banne disadorn 24 a viz Kerzu da 11 eur hanter dirak peul bras Roc'h Tredudon. Kenavo"

20/12/2005

Le plastique n'est pas toujours fantastique !

Quand j’étais enfant, il y a juste une trentaine d’années, j’allais régulièrement chercher de l’eau à la fontaine. Oui, à la fontaine. Je ne parle pas là de la vie de mon arrière-grand-père, mais de la mienne. Il y a avait de l’eau potable à la fontaine du quartier de Saint-Caradec,  à Hennebont (Morbihan). En pleine ville donc, l’eau de source était encore potable. J’enfourchais mon vélo avec les bouteilles vides attachées à l’arrière sur mon porte-bagages. Le voyage aller ne posait pas de problème : ça descendait. Mais le retour, c’était autre chose. La côte de la rue du Sel, avec mes bouteilles d’eau remplies, me contraignait à descendre de mon vélo pour le pousser, à pied. Et c’était un peu humiliant... Surtout que, parfois, certaines bouteilles se cassaient la figure : la galère. Beaucoup de monde allait chercher de l’eau à la fontaine de Saint-Caradec, et des femmes y faisaient leur lessive. L’eau a été déclarée non potable quelques années plus tard, mais des femmes continuent d’y laver leur linge...

Une consigne dépassée ?
Quand j’étais enfant encore, nous gardions les bouteilles en verre, bouteilles de vin, de bière, de jus de fruit, de Pschitt, pour aller les porter à la consigne... Tous les commerces alimentaires, petits ou grands, avaient un lieu où l’on pouvait déposer les bouteilles et se les faire rembourser, ou les échanger contre d’autres, pleines. Ainsi les bouteilles en verre étaient-elles réutiliser une multitude de fois. Ce système de consigne a été supprimé rapidement, dans les années 80. Les grandes surfaces ne devaient pas apprécier de payer des employés et occuper de l’espace pour un service qui ne leur rapportait rien. Virées, donc, les bouteilles en verre, vive le plastique : l’eau sous plastique, les jus de fruits sous plastique, le cidre sous plastique et, pire encore : le vin sous plastique et en briques rectangulaires. Après avoir inventé le poisson carré, notre société avait inventé le vin rectangulaire !  C’était beau le progrès, sans doute...

Une gueule de bois sous plastique !
Oui mais voilà, trente ans plus tard, la gueule de bois nous guette. Non pas d’avoir trop bu de vin rectangulaire (encore que), mais d’avoir mis du plastique partout. Or le plastique met 450 ans à se décomposer dans la nature. Seul 17 % du plastique jeté dans nos poubelles est recyclé : une partie est brûlée dans les incinérateurs ce qui n’est probablement pas très bon pour notre santé, ni pour la nature, vu les produits chimiques qu’il y a dedans. Et comme l’eau du robinet est suspecte, notamment ici, en Bretagne, la consommation d’eau en bouteille s’est développée : 130  litres par an et par habitant en France. 200 euros de dépenser chaque année pour une famille de quatre personnes... Or l’eau en bouteille est, en moyenne, 600 fois plus cher que l’eau du robinet...

Que faire ? Une association écologiste, Agir pour l’environnement, rappelle que l’on peut interpeller nos élus locaux. Car le maire de chaque commune doit fournir une eau de qualité potable. Elle l’est, d’ailleurs, potable, dans la plupart des communes d’après les critères officiels. Mais il reste encore des traces de pesticides, de nitrates et autres joyeusetés qui, même en dessous des normes légales, inquiètent. Si l’eau courante est potable, mieux vaut peut-être, dans certaines régions, diversifier nos sources et boire aussi de l’eau en bouteilles plastiques... Sauf que le plastique est également nuisible à l’environnement. Que faire alors ? Agir pour l’environnement vient de lancer une campagne de lettres à destination de fabricants de bouteilles d’eau, Danone et Nestlé notamment, mais aussi à destination du ministre du Budget et de la ministre de l’Ecologie.

La déclaration d’impôt... sous papier ?
Aux premiers, Agir pour l’environnement demande d’utiliser moins de plastique, de ne plus produire de petites bouteilles et de réintroduire le système de consigne et de “contenants réutilisables”. Ceux-ci pouvant être en verre ou en plastique. Au ministre du Budget cette association demande de ne plus envoyer les feuilles d’impôts sous des films plastiques non biodégradables, c’est un mauvais exemple; et à la ministre de l’Ecologie, d’agir pour réduire les emballages à la source, pour réhabiliter la consigne, et pour évaluer l’impact de la dissémination du plastique sur notre santé et notre environnement, etc.
Pour en savoir plus sur la campagne “Stop le tout plastok”, contacter Agir pour l’environnement, 97 rue Pelleport, 75020 Paris. site internet : www.agirpourlenvironnement.org
Cette campagne s’appelle donc “Stop le tout plastok !”; ses organisateurs auraient également pu l’appeler “le plastique ce n’est pas toujours fantastique”.

Christian Le Meut 

Ar plastik n'eo ket berped fantastik !

 

Pa oan krouadur, war dro tregont vloaz zo, e veze goulennet genin mont da glask dour d’ar fetan. Ni oa e chom e ker an Hen Bont hag ur vammen oa tost d’hon ti, e Sant Karadeg, e lec’h ma oa mat an dour da evañ. Du hont e veze karget boutailhadoù get dour fresk hag e veze golc’het al lienaj, an dilhad, get merc’hed er poull, en aoglenn. Ha setu me, get boutailhoù staget a-dreñv ma velo, war ma “forte bagage” e vonet da Sant Karadeg. Mont ne oa ket ken diaes, diskenniñ a rae; met dont en dro oa un afer all rak an hent a grape abominal. N’hellen ket krapiñ ha ret oa din chom a sav ha kerzhit e tal ma velo, ar pezh a oa mezhus memestra evit ur paotr yaouank...
Echu eo bremañ. Lous eo, sanset, mammen Sant Karadeg ha n’eus ket mui den ebet a ya da glask dour fresk du hont. Un nebeut merc’hed kozh a ya c’hoazh da c’holc’hein o lienaj memestra.

 

Hag ar "gonsigne" ?
Pa oan krouadur ivez e veze miret geneomp ar boutailhoù gwer, boutailhoù gwin, sistr, bier, Pshitt ha c’hoazh evit bout kaset en dro d’ar “gonsigne”. Mod-se e veze implijet hag adimplijet ar boutailhoù. Lec’hioù konsigne a veze e pep lec’h, er stalioù bras evel er stalioù bihan... Met, buan awalc’h, dilezet oa bet an doare se d’ober war dro ugent vloaz zo evit lakaat e plas ar boutailhoù gwer, boutailhoù plastik, ha n’int ket konsignet anezhe met da lakaat er boubellenn ! Ha setu dour edan plastik, jug fruez ha sistr ivez ha, spontusoc’h c’hoazh, gwin edan plastik ! Gwin lakaet e “brik” hir karrez ! Ar lerc’h ar pesk karrez, ar gwin hir karrez ! Se zo traoù modern, me lâr deoc’h, naturel, n’on ket sur... Perak emañ bet dilezet ken buan ar “gonsigne” ? Ar stalioù konverz bras a veze ret dezhe gobriñ tud evit ober al labour se, ar pezh ne blijet ket dezhe moarvat. met e broioù all, evel Alamagn, Danemark, Suede, Holland, n’eo ket bet dilezet ar gonsigne betek bremañ.

450 vloaz araok ma vo brein un tamm plastik...
Muioc’h mui a blastik e vez lakaet er poubellennoù. Un nebeut ‘vez resiklet met pas razh. Nemet ugent dre gant ag ar blastik lakaet er boubellenn a vez resiklet hiriv an deiz. Ul lodenn ag ar peurest a vez losket, ar pezh a zo lous ha danjerus evit an natur hag evidomp ni. Ar plastik n’eo ket un dra naturel, ur bochad traoù chimik a zo e barzh. Ha ret eo gortoz 450 vloaz araok ma vo breiñ un tamm plastik en natur. 450 vloaz memestra...

Amañ e Breizh, an dour red a zo brudet evit bout saotret get pestisidoù, nitratoù ha c’hoazh. Hag evet vez dour en boutailhadoù plastik get ur bochad tud... Gwelloc’h eo an dour edan plastik, marteze met saotret vez an aer get ar plastik se hag ivez, get ar c’hirri samm a zeu ag an Alpoù, ar Pirenoù ha c’hoazh, da gas deomp ar boutailhadoù se ! Ha ne gomzan ket ag an gwall darvoudoù war an hent...

Dour edan plastik : 600 gwezh keroc'h !
Penaos en em dennan, neuze ? Konsignañ en dro ar boutailhoù da skouer. Goulenn get pennoù bras ar vro da reiñ deomp un dour red mat da evañ ar pezh a zo ret dezhe gober hervez al lezennoù... Gwir eo, an dour red a zo mat da evañ kazimant partout hervez ar sifroù ofisiel... Met chom a ra memestra e barzh roudoù traoù lous hag a c’hell bout danjerus evit hon yec’hed a hed an amzer. Ni hella evañ ur wezh an amzer an dour se, moarvat, met, d’am sonj, pas nemetan. Gwell eo tenniñ e zour a meur a vammen ! Bep bloaz e Frans e vez evet 130 litrad dour edan plastik get bep den ha dispignet vez 200 euro get ur familh pewar den. Ker ruz eo : an dour edan plastik a goust 600 gwezh muioc’h evit dour red !

Ur gevredigezh anvet “Agir pour l’environnement” d’eus savet kartennoù post da gas da bennoù bras Danone ha Nestlé evit lâr dezhe “Stop d’ar plastok”, “Stop le tout plastoc”. Kartennoù all a zo da gas d’ar vinistrez an ekologiezh, ha da vinistr ar budget rak e vez kaset bep bloaz getan an deklaration edan un tamm plastik : n’eo ket ur skouer vat memestra. Ma faota deoc’h gouiet muioc’h :

Agir pour l’environnement, 17 straed Pelleport Paris, 75020.

Ul lec’hienn internet zo : www.agirpourlenvironnement.org

“Stop d’ar plastok” neuze : gwir eo, ar plastik n’eo ket berped fantastik !

Christian Le Meut

14/12/2005

Miss Frans hag an Telethon

N’eus ket pell zo m’eus bevet un noziad spontus, me lâr deoc’h. Spontus abominapl. Get tud all e oan, ha c’hwi ouia penaos e kerzh an traoù pa vezer barzh ur strollad. C’hwi zo techet d’ober traoù n’och ket akourset d’ober... Ur sadorn da nozh oa; ur barrad avel ha glav a oa er maez; evet m’boa un tammig re, banneoù gwin ruz mat, ha setu, erruet an traoù mod-se... Hep kompreiñ... N’eo ket un torfet m’eus graet met memestra... Bon, anzav a ran tudoù : setu ar pezh m’eus graet... Ur sadorn da nozh m’eus sellet doc’h an tele ! Un noziad a bezh dirak ur post skinwell, ya !  Hag ouzhpenn, n’eo ket Arte meus sellet an nozh se, nag un abadenn interesus evel ma z’eus a wec’hoù war ar skinwell memestran... Nann... Gwasoc’h gwasan... TF1, m’eus sellet, ya ! Hag unan ag an abadennoù spontusan war TF1: Miss Frans, konkour Miss Frans.
Nag ur wezh !
Ha setu, merc’hed yaouank hanter noazh e tibuniñ dirazomp, pe e reskontiñ traoù sot da c’houlennoù sot savet get tud sot ar jury... Miss Breizh oa a Naoned. Kaer oa ar plac’h met skarzhet oa bet d’an taol kentañ. Ur miz Breizh a Naoned : setu un dra vat. Met echu eo: ar bloaz a zeu, hervez ar pezh m’eus lennet, ur miss vo dilennet get ar rannvro “Broioù al Liger”... C’hwi ouia mat : Naoned n’eo ket mui e Breizh goude mare ar Marechal Petain hag an dra se n’eo ket bet chanchet ar lerc’h...

Tud diseven ur sort !
Yann Ber Faukul, m’en digarezit, Yann-Ber Foucault, oa e mesk ar merc’hed, e veskiñ an anvioù pe e varbotal get ar familh De Fontenay. Barzh a familh-se e kaver ar mab hag ar vamm. Ha pegen diseven, direspet, int an daou lapous se ! Ar mab, da skouer, n’eus diskouezet ur plac’h hag a oa bet miss Frans dek vloaz zo, nemet dek vloaz. Hag hennezh da lâret : sellet doc’hti pegen kaer emañ c’hoazh ! Ya, ur plac’h a dregont pe zaou ugent vloaz a c’hell bout kaer c’hoazh... Ouion ket penaos lâr “goujaterie” e brezhoneg, met an dra se oa.
Hag ar vamm ! An Intron De Fontenay. E fin an abadenn he deus lâret  un dra a ziout an Telethon a oa skignet war Frans daou ar memes noziad : “Ar viopated bihan a vour dezhe miss Frans”; “Les petits myopathes aiment miss France”. Ur frasenn evel se ne dalv ket netra... Met hag en a vourr Miss Frans ha TFunan, ar viopated ? N’eo ket sur rak n’eo ket bet prometet argant ebet get an intron se d’an Telethon ha, gwasoc’h, bep bloaz vez lakaet konkour Miss Frans d’ar memes koulz an Telethon... Ha setu millionnoù a dud e sellet doc’h an abadenn-se e lec’h sellet doc’h an Telethon. Se zo ur gongurens da vat.

Pomperion brokus...
Sellet m’eus ivez un tammig d’an Telethon justawalc’h. Gwellet m’eus ar bomperion ag a Frans a bezh reiñ ur sammad argant d’an Telethon hag, ar o lerc’h, ur den a Frans 2 zo daet da zispleg un doare nevez da serriñ argant. Reve al lezennoù chadennoù tele publik n’o deus ket droad da droc’hiñ an abadennoù get bruderezh, da gustum. Kaset vez argant d’ar mediaioù publik dre ar redevans, ha nebeutoc’h a vruderezh, a vez lakaet warne.. Met un dra nevez zo bet graet evit an Téléthon 2005. Ur pennad bruderezh zo bet lakaet memestra get aotre ar CSA, Kuzul uhel an audiovisuel. Gwerzhet eo bet dre “enchères” ar pennad pub-se ha roet an argant d’an Telethon.  Pub oa, da lâret eo mesajoù evit hor lakaet da breniñ traoù zo, met bon, mod-se a zo bet dastumet ur bern argant evit ar re glañv.
Souezhus eo met tud a DFunan n’o deus ket sonjet gober kement-se  !  Ur bochad pub a zo bet bannet war TF1 d’an noziad se, ha pub paiet ker ! Met an argant zo chomet barzh sakodoù TFunan,  Endemol, an embregerezh a gas kenstrivadeg Miss Frans, intron De Fontenay hag he mab diseven... Ha setu, graet an taol... Ankouet an Telethon, dezhe ar biftons !  A wec’hoù ez eus diforioù bras etre ar chadennoù publik hag ar chadennoù privez, memestra. Hag ar galon, al largantez, an noziad se, oa war Frans 2.

D’ar Stad eo da baeañ ar glaskourion
Me, n’on ket ur fan bras d’an Telethon. D’am sonj emañ ret d’ar Stad paeañ ar skiantourion hag ar glaskourion, get an tailhoù paeet get razh an dud. Dijaploc’h, libroc’h int, mod-se da glask. An Telethon zo un dra ouzhpenn a lak ur bern tud, e pep lec’h, d’ober un dra bennak evit ar re all, ar pezh a gavan talvoudus...

Ouion ket mard a vourr ar vugale tapet get ar miopati, Miss Frans, evel ar pezh lâret get intron de Fontenay an noziad se. Met tud TFunan, Endemol, hag an intron de Fontenay, hag en o deus foutr doc’h ar re glañv ? Bep bloaz e vez lakaet gete konkour Miss Frans er memes koulz an Telethon ! N’o deus ket nemet un dra d’ober evit diskouez deomp int tud a galon : lakaat ar c’honkour se un dibenn sizhun all  ha nompass gober konkurrens d’an Telethon.  Met, d’am sonj, ni gortozay pell !
Christian Le Meut

12/12/2005

Miss France et le Téléthon

Il y a peu, je dois l’avouer, je me suis laissé entraîner sur une mauvaise pente. C’est comme ça, quand on est en groupe, on se laisse aller à faire des choses que l’on ne fera pas autrement... C’était un soir de pluie et de tempête, j’avais bu quelques verres d’excellents vins rouges, j’avais bien mangé, je n’avais plus toute ma tête et voilà, c’est arrivé, j’ai craqué, j’ai replongé... Et oui, je dois avouer un moment d’égarement... Mesdames messieurs... Un soir, j’ai regardé la télé, et toute une soirée, en plus... Bon, ce n’est pas un crime, sauf peut-être contre l’intelligence. Mais toute une soirée, quand même. Hum hum... Et en plus, je n’ai même pas regardé Arté, non, cela aurait pu être une circonstance atténuante M. le juge...

Non, mon cas est bien plus grave... Bien bien pire, j’ai honte : J’ai regardé TF1, oui, TF1... Et pas n’importe quoi sur TF1 : le concours de Miss France, voilà, c’est dit ! Je sais, j’ai la honte mais que voulez-vous, on se laisse parfois aller ! Il faut bien que vieillesse se passe à regarder défiler des jeunes filles toutes plus jolies les unes que les autres. Mais quel spectacle navrant quand même, quelle mise en scène sexiste de la femme, et quel vide abyssal... Un jury de personnes compétentes (dont Johnny Hallyday, c’est dire) sélectionnées sur on ne sait quels critères devait juger ces jeunes filles sur des critères également arbitraires. Il ne faut être ni trop petite, ni trop grande, ni trop grasse, ni trop maigre, ni n’avoir de bouton sur le nez, pour devenir Miss France... Bon, à la fin, la gagnante pleurait à chaudes larmes et son maquillage s’est répandu sur son visage; c’était laid mais très drôle aussi à voir. On aurait cru une revenante dans une film d’horreur. Ses voisines essayaient de réparer les dégâts, sans résultats...

Le royaume de la paillette
Et puis on leur pose des questions, à ces jeunes filles. La chanteuse Jennifer, membre du jury, a cherché une question à poser, mais elle n’y arrivait pas. On l’avait prise par surprise, la pauvre, vous vous rendez compte ? Poser une question, comme ça, c’est difficile. Mais la candidate a quand même répondu à la question qui ne lui était pas posée ! Elle avait bien préparé son texte et a prononcé un grand mot, “altruisme”... Altruisme, je cite mon dico : “Tendance à s’intéresser aux autres; qui se soucie des autres; contraire : égoïste”... Cette jeune candidate est peut-être altruiste, je n’en sais rien, je ne la connais pas, mais même les plus grands mots peuvent devenir des gros mots dans certains contextes...”Altruisme”, cela sonnait bizarre dans cette émission, royaume du nombrilisme de la paillette, et du m’as-tu vu, où l’objectif est d’éliminer les autres candidates pour arriver en haut de l’affiche... Tout le contraire de l’altruisme.
Mais, ce soir là, justement, il y avait d’autres gens sur une chaîne concurrente, sur France 2 avec le Téléthon. Depuis des années le concours de Miss France est programmé le même soir que le Téléthon. Cette concurrence fauche des millions de téléspectateurs à cette opération en faveur des malades de la myopathie et de la recherche médicale. Quelle preuve d’altruisme si l’en est ! Les écrans publicitaires se succèdent sur TF1 et vont dans les poches de cette chaîne... A la fin du concours, l’ineffable Mme de Font de teint, Mme de Fontenay, a eu cette phrase éloquente : “Les petits myopathes aiment Miss France”... Le genre de généralisation qui ne veut rien dire et, surtout, Mme de Fontenay s’est bien gardé d’annoncer un don quelconque pour pour le Téléthon.

Pendant ce temps là, sur France 2, les pompiers de la France entière donnaient un gros chèque au Téléthon et un responsable de la chaîne annonçait qu’exceptionnellement, l’émission serait coupée par un espace publicitaire. La loi interdit, en effet, aux chaînes publiques de couper leurs émissions par de la pub mais une autorisation exceptionnelle avait été donnée par le conseil supérieur de l’audiovisuel. Cette page de pub avait été mise aux enchères au profit du Téléthon. Bon, ça reste de la pub, donc des messages orientés pour nous inciter à consommer, mais au moins les quelques centaines de milliers, voire les quelques millions d’euros récoltés, sont allés au Téléthon. C’est bizarre, sur TF1, ils n’ont pas l’air d’avoir eu la même idée... Pourtant, des écrans de pub, il y en a eu plein sur TF1, ce soir-là... Mais oublié le Téléthon, à nous les biftons !

France 2, TF1 : 0
Il y a des soirs comme ça où l’on voit une vraie différence entre une chaîne de service public, France 2, digne et solidaire, où un grand concours de générosité est lancé chaque année pendant 48h; et de l’autre côté une chaîne privée, TF1, qui elle, propose à longueur d’année un concours de goujaterie et de sottise crasse... Je ne suis pas, pour autant, un inconditionnel du Téléthon, loin de là. Je considère que la recherche médicale doit être financée par des fonds publics, par nos impôts et taxes, pour être indépendantes des lois du marché et n'être pas orientée vers des objectifs commerciaux ni uniquement vers des publics solvables (pouvant s'acheter les médicaments, par exemple, les maladies affectant des populations pauvres font l'objet de moins de recherche de la part des laboratoires commerciaux...). Le Téléthon est un plus, comme toutes les opérations de ce type, et a l'avantage de faire se mobiliser beaucoup de monde, un peu partout, pour autrui. Ce n'est pas si mal.

Alors je ne sais pas si les “petits myopathes” aiment Miss France, comme s’est complu à le dire Mme de Fontenay, mais TF1, la société des Miss France et Mme de Fontenay elle-même en ont-ils réellement quelque chose à faire de malades de la myopathie et du Téléthon ? Ils pourraient nous le prouver en faisant une chose simple : programmer le concours des Miss France un autre week-end que le Téléthon. Mais cela fait des années que ça dure et qu’ils persistent dans leur hypocrisie.
“Altruisme”, vous avez dit “altruisme” ?
Christian Le Meut

08/12/2005

L'occitan, langue officielle... en Espagne !

La reconnaissance officielle des langues régionales progresse partout en Europe, mais pas en France, qui continue de ne pas appliquer la charte européenne des langues minoritaires (pourtant signée sous Jospin mais jamais ratifiée). L'occitan est sur le point d'être officialisé... en Espagne, comme l'indique cet article paru sur le site Eurolang.

Montpelhier, mardi 29 novembre 2005; une contribution de Estève Cròs.
"Le Parlement catalan a approuvé, il y a peu, un nouveau statut qui ouvre des perspectives très intéressantes pour la langue occitane. La France, loin de s'ouvrir à la diversité culturelle et linguistique à l'intérieur de ses frontières, continue à ne pas vouloir donner une reconnaissance officielle aux langues historiques de son territoire et les minorise chaque jour un peu plus.

Huit mille personnes vivent au Val d’Aran, petite vallée occitane des Pyrénées, que l'histoire aura rattachée à la couronne d'Aragon et puis à l'État espagnol, à travers le gouvernement autonome de la Généralité de Catalogne. Récemment, le projet de nouveau statut de la Catalogne a donné une reconnaissance pleine de l’occitan. Non seulement comme langue et officielle du Val d’Aran, (ce qui était déjà le cas depuis 1990 grâce à une loi du Parlement catalan), mais aussi comme langue officielle pour l'ensemble de la Catalogne, soit 6 millions de personnes.

Le nouveau statut de Catalogne n'est pas encore approuvé par Madrid, mais personne ne semble remettre en cause le fait que l'occitan devienne une langue constitutionnelle espagnole. L'occitan devrait donc rapidement rejoindre les trois autres langues autonomiques constitutionnelles: le catalan, le basque et le galicien. Cette reconnaissance lui ouvrira très prochainement les portes de l'Europe...

De l’autre côté de la frontière administrative,15 millions de personnes vivent dans la « Grande Occitanie », c’est-à-dire celle qui dépend administrativement de l'État français. Loin de cette situation, l'occitan et les autres langues historiques du territoire français pâtissent d'un manque de reconnaissance. Aucune loi à ce jour ne cite l'occitan. La Constitution stipule que la seule langue de la République est le français. Les blocages administratifs sont nombreux pour empêcher la langue d'exister et d'être vue (SNCF, La Poste, Éducation Nationale, justice...)

Les responsables politiques, quand ils sont interrogés sur la question des langues dites « régionales », semblent considérer que quelques heures d'enseignement par semaine dispensées dans des conditions difficiles suffisent... et certains défenseurs des langues dénoncent une politique de ghettoïsation des langues par la France."

05/12/2005

T'chat Wanadoo : "toute autre langue est bienvenue..."

Le règlement du tchat Wanadoo vient d'être modifié : conséquence des messages envoyés à cette société protestant contre l'ancienne formulation (le breton, l'alsacien et le provençal qualifiés de "patois") ? Voici l'extrait du nouveau règlement concernant le français, "langue officielle" du "tchat" et les "autres langues" acceptées dans le domaine "privé". Exit, le mot "patois". 

"De même, les lois françaises s’appliquent dans le t’Chat : chaque personne est responsable du pseudo t'Chat qu'il choisit et des discussions qu'elle entretient avec autrui en public ou en privé ou de toute autre activité sur les serveurs de t’Chat (connexion de robots ou clones). Toute personne envoyant un message vulgaire ou à caractère ouvertement pornographique sur un salon public se verra sanctionnée par une exclusion temporaire du service et risquera une suspension de son abonnement en fonctionde la gravité de ses propos.Tout appel à la haine raciale ou tout propos irrespectueux de la dignité humaine sont passibles de poursuites. Les insultes, propos calomnieux ou diffamatoires ne sont pas admis.
Le français compris par tous les francophones est la langue officielle des salons de discussion du t'Chat où tout le monde doit pouvoir se comprendre; les contractions de type lol, asv (etc...) sont tolérées car elles relèvent de l'art de clavarder. Toute autre langue est bienvenue dans les salons si le sujet du-dit salon s'y prête. En discussion privée, les deux contributeurs ont toute liberté de choix de la langue utilisée".

01/12/2005

Nos ancêtres les Gaulois, les Bretons, les Romains, les Francs, les Arabes, les Basques...

Les débats actuels sur la mémoire historique française, coloniale notamment, m'incitent à rééditer cet article paru dans la revue Alternatives non-violentes. Petite contribution personnelle au débat collectif.

“Ne nous y trompons pas : l’image que nous avons des autres peuples, ou de nous-mêmes, est associée à l’Histoire qu’on nous a racontée quand nous étions enfants” écrit l’historien Marc Ferro dans “Comment on raconte l’histoire aux enfants” (1). L’enseignement scolaire de l’histoire a une influence prépondérante dans la construction des mémoires collectives et individuelles, mais pas lui seul : la famille, les médias, les monuments y contribuent aussi, et d’autres facteurs encore. Petit voyage en mémoire historique... Cet article vient de paraître dans le nouveau numéro de la revue Alternatives Non-Violentes.

Vannes, préfecture du Morbihan, est une ville ancienne, créée probablement il y a près de 2.000 ans par... ? Par les Romains, selon certaines sources; par les Vénètes, selon d’autres. Les Vénètes ? Ce peuple vaincu par Jules César lors d’une bataille maritime, en 56 av. JC. Des Gaulois, donc, me direz-vous. Euh... Pas sûr. Tous les historiens ne sont pas d’accord là-dessus : il pourrait s’agir d’un peuple descendant des populations mégalithiques qui, durant les millénaires précédents, ont dressé en Bretagne sud des champs de menhirs et une multitude de dolmen, cairns et autres cromlec’h. Ces populations là n’étaient pas celtes mais ont pu se mélanger ensuite avec des groupes celtes arrivés vers le premier millénaire avant J-C. Le dictionnaire d’histoire Mourre voit dans les Vénètes un peuple spécifique qui s’établit également en Vénétie. Un autre auteur, plus récent, suppose des liens avec ce peuple marin et explorateur qu’étaient les Phéniciens (2).

“Le vercingétorix” ?
Après avoir soumis la Gaule en 56, César doit y revenir quelques années plus tard pour mater la rébellion d’une partie des tribus gauloises plus ou moins unies derrière un chef... Vercingétorix. Mais était-ce son titre ou son nom ? L’historienne Suzanne Citron note dans “L’histoire de France autrement” que “Jules César a bien raconté qu’il avait battu un chef de la tribu des Arvernes. Mais nous ne savons même pas si le mot “vercingétorix” est un nom de personne ou s’il veut simplement dire “le chef” en langue arverne !” (3). Ce “Vercingétorix”, longtemps oublié des historiens, fut remis à jour par Henri Martin dans son “Histoire de France Populaire” (1875) : ”Henri Martin parvient à doter la France et les Français d’ancêtres réels et sympathiques (...). Il réussit à vulgariser et à faire admettre définitivement l’existence de Vercingétorix” note un autre historien, Rémi Mallet (4).
Il fallait, au XIXe siècle inventer à la nation française, et donc à la République qui tient son pouvoir du peuple, des racines qui précèdent les dynasties royales (liées à l’église catholique depuis le sympathique tyran Clovis) et qui précèdent également l’invasion romaine. Des historiens républicains ont alors ressorti les “Gaulois” du placard, créant ainsi un mythe ethnique pour une république basée sur la citoyenneté, et pas sur l’ethnicité; sur le droit du sol et pas celui du sang. C’est ambiguïté dure encore. Aujourd’hui encore, est-on vraiment “égal” dans la République française si l’on ne ressemble pas à un descendant de Gaulois ?
Mais qui étaient ces Gaulois ? Des peuplades ayant des traits culturels communs, des origines communes, probablement, mais avec des exceptions (les Vénètes, les Basques ?...). La Gaule était un espace géographique, pas un Etat organisé. “Gaulois”, ce nom leur a été donné par les Romains, Jules César l’utilise en précisant qu’eux-mêmes s’appelaient “Celtes”. “Gallia” est le nom latin donné à l’espace géographique entre l’Atlantique et le Rhin.



“Evel ur vro digabestr”
Mais revenons aux rues pavées de Vannes et à ses murailles. Une plaque de marbre scellée dans la pierre y rappelle que “Le 7 août 1532 fut signé à Vannes le traité d’union du duché de Bretagne au Royaume de France. La Bretagne conserva un statut d’autonomie abrogé par la Révolution Française de 1789”. C’est donc gravé dans le marbre.
Mais, sur la même plaque, la citation en français que je viens de vous livrer est précédée d’une citation en langue bretonne, que je traduis ainsi, avec l’aide du professeur de breton Daniel Carré : “Le 7 août 1532 fut signé à Vannes le traité qui mit fin à la liberté de la Bretagne. Bien qu’étant rattachée au royaume de France à partir de cette date, la Bretagne s’administra comme un pays libre jusqu’à la révolution française de 1789”...
Voilà donc sur une plaque officielle, scellée aux remparts de Vannes, deux phrases censées signifier la même chose mais dont le sens diffère. La phrase en breton parle de “fin de la liberté de la Bretagne”; l’autre d’une simple signature d’un “traité d’union”... Son inauguration suscita d’ailleurs quelques polémiques. Et si ces deux phrases n’étaient pas fausses ?

Un hommage simple sans serment de fidélité
Car oui, c’est bien à Vannes que fut signé le traité de 1532 signé par François Ier, roi de France, scellant de manière définitive le “rattachement” de la Bretagne à la France. Alors pourquoi parler de “fin de la liberté de la Bretagne” ? L’affaire a commencé en 1488-1491. Trois années durant lesquelles trois campagnes militaires furent menées par le roi de France de l’époque, Charles IX, pour soumettre le duché de Bretagne.
Les ducs de Bretagne levaient l’impôt, décidaient des lois, faisaient justice, levaient des armées, parfois contre le roi de France lui-même... Ce duché rebelle sur le flanc ouest du royaume de France était lourd de menace pour la monarchie capétienne, alors même que la Bourgogne venait juste d’être soumise. Le duché faisait partie du royaume, mais de loin. Les Bretons pouvaient, le cas échéant, porter leurs affaires judiciaires devant les tribunaux parisiens (comme aujourd’hui les tribunaux européens ?). Et le duc n’était pas roi : il devait rendre un hommage au roi de France, mais un “hommage simple sans agenouillement ni serment de fidélité” (5)... Très forte autonomie, donc. La jeune duchesse Anne, couronnée en 1490 était manifestement soucieuse de préserver cette autonomie. Elle décida de se marier au duc d’Autriche, Maximilien de Hagsbourg. Ce mariage trahissait un accord signé auparavant avec le roi de France et ne fut pas suffisant pour emporter la partie.

Des milliers de morts à Saint-Aubin du Cormier
A la bataille de Saint-Aubin du Cormier, pès de Rennes, en 1488, 5.000 à 6.000 soldats tombèrent du côté des vaincus (les Bretons et leurs alliés) quand 1.500 tombèrent du côté de l’armée du roi. 11.000 hommes constituait l’armée de la duchesse, 15.000 celle du roi. On avait mis les moyens, mais peu de gens, en Bretagne et en France, ont entendu parler de cette bataille décisive qui ne figure pas dans les programmes scolaires. Comme quoi, les manuels scolaires d'histoire de France ne se gargarisent pas de toutes les victoires françaises... Celle-ci amènerait peut-être les élèves à ses poser des questions peu souhaitables. Comment ça, une guerre a opposé le roi de France au duc de Bretagne ? Prise au piège dans la ville de Rennes, Anne de Bretagne fut sommée de se soumettre. Le mariage autrichien annulé (il n’avait pas été consommé), elle fut emmenée et contrainte de se marier rapidement au roi de France, Charles IX, en 1491. A la mort de celui-ci, elle épousa Louis XII, son successeur. Aucun garçon ne naquit de ces unions mais deux filles. L’aînée, Claude, épousa le roi suivant, François 1er. Puis les rois suivants, descendants de Claude et de François furent également duc de Bretagne...

Trois mariages et un rattachement
La Bretagne valait bien trois mariages. trois mariages et un “rattachement” aux allures de conquête et d’annexion. Toutefois, l’accord de 1532 laissait à la Bretagne certaines prérogatives, fiscales notamment. Le roi ne pouvait lever impôt sans l’assentiment du parlement établi à Rennes. Ces droits spécifiques furent source de tensions à plusieurs reprises, jusqu’à leur abrogation dans la nuit du 4 août 1789 en tant que “privilèges”... Et alors même que les députés bretons envoyés siéger aux Etats-généraux (devenus assemblée constituante), n’avaient en rien été mandatés pour cela... Alors oui, l’accord de 1532 mit fin à une certaine forme de “liberté” de la Bretagne, comme l’indique la plaque commémorative vannetaise; mais de qui en Bretagne ? Des ducs et duchesses de Bretagne, assurément, de la noblesse ? Mais le peuple fut-il mieux traiter avant le “rattachement” qu’après ? Quant à la phrase en français qui figure sur la plaque commémorative n’est pas fausse non plus, elle est plus neutre, il s’agit bien d’un “traité d’union”. Les différentes façons de dire l’histoire, même une fois gravées dans le marbre, révèles des contradictions, des oublis, volontaires ou pas. Mais elles peuvent aussi être complémentaires.



Jéhanne La Flamme...
Enfant, je me souviens m’être interrogé sur cette Jéhanne La Flamme dont plusieurs lieux portaient le nom dans la ville où j’habitais, Hennebont, une autre cité médiévale, à 50 km à l’Ouest de Vannes. Cela non plus, n’était pas enseigné aux enfants. Je connaissais les exploits de Jéhanne d’Arc, voire de Jéhanne Hachette, mais pas ceux de Jéhanne La Flamme... Je découvris qu’au XIVe siècle, cette duchesse de Bretagne, enfermée dans la ville close d’Hennebont, avait “mis le feu” au camp des Français (d’où peut-être son surnom)... “Au camp des Français...”; et en plus elle était soutenue dans sa lutte par les Anglais. Pour le petit Français que j’étais, cette découverte fut le début de biens d’autres mais que je ne trouvais pas dans les manuels de l’Education nationale. Non, en cherchant par moi-même dans les librairies, les bibliothèques... Pourquoi apprendre des batailles lointaines et ne rien savoir de celles qui ont eu lieu dans la ville où j’habitais ?

D’un mythe à l’autre
Pour s’auto-légitimer les pouvoirs, monarchiques, dictatoriaux, et même démocratiques, se façonnent depuis des millénaires des mythologies nationales souvent bien éloignées des réalités historiques (6). Ainsi les rois de France, comme les ducs de Bretagne, prétendirent descendre des Troyens ! L’historienne Suzanne Citron a montré, à travers ses ouvrages (7) comment certains historiens républicains du XIXe siècle ont créé une histoire officielle tendant à faire de la France un Etat prenant ses racines dans l’antiquité gauloise, un Etat quasiment éternel, préexistant. Un Etat-nation légitimé par ses ancêtres. L’histoire enseignée a encore pour but de montrer la formation de l’Etat français, monarchique puis républicain.

A travers le “domaine royal”, contrôlé directement par les rois, les régions du nord et du sud de la Loire sont progressivement intégrées, puis les régions “périphériques” comme la Bretagne, l’Alsace, la Corse... Cette extension a parfois eu lieu par le jeu d’alliances matrimoniales, sans violence, d’autres fois, comme en Bretagne, suite à une guerre. Mais les raisons et les circonstances sont rarement expliquées aux enfants, comme s’il s’agissait d’un processus naturel, évident. Les hors-catégories de toutes sortes (Juifs, Cathares, Bretons, Corses, Basques, pays colonisés...) ne sont mentionnés, en général, que lors de leur intégration au royaume ou à la république. Comme s’ils n’avaient pas d’existence autonome avant.

Une histoire contre l’autre ?
L’étude de l’histoire locale et régionale prouve le contraire. En Bretagne, un manuel d’histoire a été édité par le Centre de recherche et de documentation pédagogique, pour raconter l’histoire régionale (8). Il a été distribué largement dans les écoles. Cette démarche peut-être intéressante si elle est accompagnée par les enseignants pour montrer qu’il y a différentes façons de raconter l’histoire; les processus qui mènent à la formation des Etats; les différents types d’organisations des sociétés (centralismes, autonomie, fédération, décentralisation...).
Le danger existe de vouloir substituer une histoire nationale, un mythe national, à une autre. Une histoire de la Bretagne à la place de l’histoire de France. Là n’est pas mon propos. Je crois, par contre, qu’en partant du local on peut accéder à l’universel. Former une mémoire critique, curieuse, chercheuse, ouverte et non enfermée dans un schéma unique et nationaliste, consciente également des incertitudes historiques.

Egalité ou uniformité ?
C’est un paradoxe que de voir l’identité nationale française construite sur un mythe ethnique (les Gaulois), alors qu’elle proclame l’égalité des citoyens de toutes origines devant la loi. Mais quand on est blanc et francophone, on est plus “égaux” que les autres. La France, pourtant, s’est construite sur des bases multiculturelles : les populations mégalithiques puis les Celtes-Gaulois, puis les Romains et les Gallo-Romains, puis les Germains (les Francs parlaient une langue germanique) et une multitude d’autres populations depuis, venues pacifiquement ou pas. Cette diversité s’est traduite par une très grande richesse linguistique et culturelle que la monarchie n’a pas systématiquement cherché à faire disparaître (tant qu’on lui payait l’impôt et lui fournissait des conscrits) mais que la République, elle a cherché à niveler. N’aurait-elle pas confondu égalité et uniformité ?

Les difficultés à concevoir une histoire multicurelle ne se retrouvent-elles pas aujourd’hui dans les difficultés à intégrer les générations issues de l’immigration ou de la traite des Noirs (Antilles) ? Dans la difficulté qu’à la France à intégrer des différences régionales dans l’Hexagone (Basques, Corses, Bretons...) ? Dans l’impasse où sont les langues régionales, toujours privées de reconnaissance légale en France ? La France a-t-elle rompu avec sa vision coloniale sur les peuples “étrangers” et sur les peuples vaincus de l'Hexagone ? Ces peuples qui n’avaient pas d’histoire avant que la France ne les envahisse ? Pas d’histoire, pas de langue (non seulement des dialectes, des idiomes, des patois), pas de culture...

Du local à l’universel
Partir du local, de l’histoire des gens, pour ensuite accéder au national, puis à l’Europe et à l’ensemble de l’histoire de la planète. Je ne suis pas pédagogue, juste un citoyen qui se pose des questions : comment enseigner l’histoire pour la rendre vivante, porteuse de culture et d’une mémoire qui n’enferme pas ? Comment montrer les conflits, les contradictions, les différentes versions; lesquelles sont fausses, incomplètes, manipulatrices ?...
L’enseignement de l’histoire peut former à l’esprit critique, donc à l’esprit citoyen. Il peut aussi enfermer dans des schémas trompeurs et nationalistes, fauteurs potentiels de violence et de guerre. Au-delà de l’histoire et de la mémoire, c’est la question du contrat social qui apparaît : comment vivre ensemble avec nos différences ? Respecter ces différences tout en faisant vivre le projet démocratique et les droits de l’Homme ? L’enseignement de l’histoire en France doit-il d’abord former des Français ou doit-il d’abord former des êtres humains conscients de la complexité de l'histoire ?
Christian Le Meut

Alternatives Non-Violentes, n°136, 12 €, Centre 308, 82 rue Jeanne d'Arc, 76000 Rouen; ce dossier sur l'histoire comprend également un article de l'historienne Suzanne Citron sur le mythe national, un autre sur Sétif en 1945, les suivants sur l'histoire locale en Normandie vue à travers la presse locale, les prix Nobel de la Paix, le Mémorial de Caen et enfin la place des femmes dans le mouvements des droits civiques aux Etats-Unis.
anv.revue@wanadoo.fr

(1) “Comment on raconte l’histoire aux enfants”, Petite bibliothèque Payot, août 2004. Une étude étonnante sur la façon d’enseigner l’histoire à travers le monde et son évolution dans le temps.
(2) “Essai impertinent sur l’histoire de la Bretagne méridionale”, Camille Busson, Ed. L’Harmattan, 2005.
(3) “L’histoire de France autrement”, p. 14, Ed. de l’Atelier, 1995. Suzanne Citron, agrégée d’histoire, tente une approche nouvelle de l’enseignement de l’histoire de France dans ce livre, et du monde dans “L’histoire des hommes” (Syros, 1996).
(4) Cité par Suzanne Citron dans L’histoire de France autrement, p.15.
(5) “L’union de la Bretagne à la France”, Daniel Le Page, Michel Nassiet, Ed. Skol Vreizh, 2003. Une étude historique précise et nuancée.
(6) Mythes fondateurs de la Bretagne, Joseph Rio, ed. Ouest-France, 2000.
(7) Le mythe national, l’histoire de France en question, Ed. ouvrières, 1991.
(8) Bretagne, une histoire, CRDP de Bretagne; Louis Elegoët; existe aussi en langue bretonne.
(9) “Comment se fait l’histoire, pratiques et enjeux” : ouvrage collectif, p. 11, Ed. La Découverte, 2005.