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12/04/2005

Les oiseaux ne sont pas si cons

Des chercheurs et des scientifiques mettent de plus en plus en évidence l’intelligence des oiseaux. Les oiseaux ne seraient pas aussi bête qu’on le croit d’habitude... En français on parle de “tête de piaf”, de “cervelle d’oiseau” ou de “moineau”, voire de “drôle d’oiseau”... Les oiseaux sont vus comme de petits animaux, léger, et simple, voire simplet du point de vue de l’intelligence. Mais il existe 8.000 sortes d’oiseaux, et toutes ne se ressemblent pas.

Au Japon, une espèce de corneilles a repéré comment écraser les noix. Elle les dépose sur la route quand le feu est rouge et revient les chercher une fois écrasées par les voitures... En Nouvelle-Calédonie un corbeaux sait utiliser ses propres outils pour trouver de la nourriture, comme certains singes. En Amérique, un autre oiseau cache ses noix dans des centaines d’endroits différents qu’il sait retrouver par la suite.

Une histoire d’hirondelle est racontée dans le dernier numéro de la revue An Dasson* (n°57), trimestriel édité par l’association Sten Kidna d’Auray. Une famille habitant près du Blavet a recueilli, en juillet 2003, une hirondelle tombée du nid. Comment la nourrir ? Et avec quoi ? L’auteur du récit, François Marsaudon, raconte avec forces détail les précautions prises pour nourrir et protéger le poussin. Puis les différentes étapes pour le libérer cette hirondelle et la rendre autonome afin qu’elle ne continue pas à venir chercher sa nourriture auprès de lui.

Au bout d’un mois le poussin est devenu assez fort pour voler de ses propres ailes et assez intelligent pour se débrouiller... Ce qui est loin d’être facile car les hirondelles se nourrissent surtout d’insectes, or il y en a de moins en moins, même dans les campagnes. Les pesticides et autres insecticides font leur effet. Moins d’insectes, moins d’hirondelles, et ces dernières ne sont pas la seule espèce d’oiseaux en voie de diminution... Le dessinateur Chaval, qui eut son heure de gloire dans les années 50 en France, est resté célèbre pour cette citation : “Les oiseaux sont des cons”... C’est bien loin d’être vrai.

Christian Le Meut

* An Dasson, 14 rue du colonel Manceau, 56400 An Alre - Auray.

An evned n’int ket ken sot anezhe

Skiantourioñ ha klaskourioñ zo, a lâr n’int ket an evned, ar pousined, ken sot evel ma vez kredet ganeomp. E galleg komzet 'vez ag ur “cervelle d’oiseau”, un “empenn evn” evit an den a zo penn-skanv un tammig, pe sod da vat... Un “drôle d’oiseau” 'vez lâret evit an den a ra traoù a-dreuz...

An evned, ar pousined e vez gwellet evel loened bihan, skanv ha simpl. Met 8.000 sort evned, pousined, zo er bed a-bezh ha n’int ket tout heñvel anezhe... E Kaledonia nevez ur vran a c’hell sevel e unan e benvigi evit tapout e boued... Er Japon, ur c’havan a lak kraon war an hent, pa 'vez ru ar gouleier hent, evit bout flastret ar c’hraon get an otoioù... Fin eo. Un evn all, en Amerika, a c’hell kuzhat kraon en ur bochad lec’hioù, kantadoù ha kantadoù, hag o c’havout en dro ar lerc’h. Ur gwir urzhiater eo, an evn-se !

Lennet m’eus traoù all a-ziar benn un evn, ur wignelenn, a zo bras e spered. Ur wignelenn bihan-se oa kouezhet doc’h he neizh e miz Gouere (Gourignan) 2003 hag ema bet kavet get ur familh a zo e chom e-tal ar Blanhoeh. Goann oa ar pousin bihan-se... Ha penaos reiñ boued ha dour d’ul labous ken bihan ? Ha peseurt boued ouzhpenn ? E-kerzh ur mizh ema bet maget ar wignelenn-se get an tiad. Hag al labous, an evn, zo daet da vout krenv awalc’h evit mont kuit hag en em vagiñ he unan... Ar pezh n’eo ket aes : nebeutoc’h nebeut a amprevaned zo hiriv an deiz a gaos d’al louzoù fall lakaet ar ar pradoù; a gaos ivez d’ar saotradur dre vras. Amprevaned e vez debret get ar gwennili ha nebeutoc’h nebeut a gwennili e weller en oabl...

Istor al lapous bihan-se zo bet kontet e galleg get François Marsaudon barzh niverenn 57 An Dasson*, ha lakaat eo brezhoneg get Régine Hado ha Daniel Carré. Ar gelaouenn trimiziek-se a vez embannet get Kerlenn Sten kidna An Alre. Chaval, un tresour brudet gwezhall e Bro C’hall en doa lâret : “Les oiseaux sont des cons”... Ar pezh n’eo ket sur tamm ebed.

Christian Le Meut

* An Dasson, 14 rue du colonel Manceau, 56400 An Alre.

09/04/2005

Làerezh ar re baour evit reiñ d'ar re bitaod

Tud zo ne gomprenont ket perak a ya war fallaat an traoù er broioù paour. Gwir eo, kaset e-vez du hont argant evit o sikouriñ bep bloaz, get ar gevredigezhioù met, dreist-holl get ar broioù pinvidik dre an “aide public au développement”. Met petra e-vez graet get an argant-se ? A wezhoù traoù a feson, efedus evit an dud met ivez traoù a dreuz, traoù fall pe traoù ne servijont da netra. Ouzhpenn-se, emañ ret d’ar broioù paour paeañ o dele. Hervez ar gazetenn Libération, paeet e vez gante, just evit an interestoù, muioc’h evit ar pezh roet get ar broioù pinvidik dre an “aide publique”. Er bloaz 2002, rembourset o deus 343 milliard ! Da lâret eo c’hwec’h gwezh muioc’h evit ar pezh roet dezhe dre an “aide publique au développement” !
N’hellont ket, ar broioù paour, en em denniñ mod-se... Penaos sevel hentoù, skolioù, ospitalioù pa vez dispignet an argant e remboursiñ an dele d’ar broiù pitaod ? Nullan an dele, setu ar pezh a zo d’ober.
Ni zo ni en ur bed e lec’h ma vez tapet argant ar broioù paour get ar broioù pinvidik ! Nag ur vezh...
Ha neuze, komzomp breman ag ar re binvidik. E 2003, rener ar stall Michelin ‘neus gouniet, 8,5 million a euroioù evit ur blead, nemet ur blead ! Emen emañ ar justis ?
Christian Le Meut

Voler aux pauvres pour donner aux riches

Certaines personnes ne comprennent pas pourquoi les pays pauvres n’arrivent pas à s’en sortir, à se développer, malgré tout l’argent que nous leur donnons par les biais des associations humanitaires ou par celui de l’aide au développement... C’est vrai, les pays riches envoient quelques milliards d’euros d’aide. Oui mais cet argent n’est pas toujours employé à bon escient. Certains projets de développement marchent mais d’autres ne sont pas adaptés parce que mal pensés à l’avance, n’associant pas les populations locales, etc.
Un autre facteur intervient : la dette. Rien que pour payer les intérêts de leur dette, les pays pauvres ont versé, en 2002, selon le journal Libération, 343 milliards de dollar, soit six fois plus que l’aide publique au développement reçue ! Six fois plus : l’aide publique au développement ne représentait en 2002 qu’un sixième des intérêts de la dette ! Comment aller de l’avant dans ces conditions là ? Il faut d’urgence annuler la dette elle-même pour permettre aux pays “pauvres” de conserver leur argent au lieu de devoir l’envoyer dans les banques des pays riches pour payer les intérêts de leur dette. Nous sommes dans un monde où l’argent des pays pauvres enrichit les pays riches... Et quand on parle de “pays pauvres”, on devrait changer d’expression : pays racketté, exploités, pillés, serait plus juste...
Dans le même temps, le directeur des établissements Michelin a reçu comme émoluments, en 2003, la modique somme de 8.500.000 euros soit l’équivalent de 55 millions de francs tout de même... Voilà, c’était un aperçu de la justice et de la répartition des richesses sur notre belle planète bleue.
Christian Le Meut

07/04/2005

"Trop d’idées !"

Très souvent l’on se moque des enfants, collégiens, lycéens, qui écrivent des âneries dans leurs devoirs ou lors des épreuves du Bac... Et les professeurs ? Il y a peu, j’ai retrouvé un de mes bulletins de notes, envoyé à mes parents lorsque j’étais en fin de troisième, il y a environ 25 ans... Je dois avouer, tout d’abord, que j’étais nul en maths. Mais nul de chez nul. Les maths et moi sommes devenus, au cours de mes quatre années au collège, des ennemis pour la vie.
Et celle qui fut mon professeur de maths d’écrire, en ce dernier trimestre de troisième, deux remarques surprenantes. La première : “Christian est très vivant en classe”. Avec la moyenne que j’avais, qui frôlait les 5 sur 20, j’étais peut-être vivant, mais pas trop pour écouter les cours quand même. Mais écrire “vivant en classe” n’est-ce pas une lapalissade ? Oui, j’étais vivant, les élèves d’une classe sont des êtres vivants, et il est rassurant de constater que certains professeurs s’en rendent compte...
La deuxième remarque était encore plus surprenante : “Christian a trop d’idées”. Reprocher à un adolescent d’avoir “trop d’idées”, comment est-ce possible ? Nous avons un esprit, un cerveau, une tête, qui sont faits pour servir, réfléchir, brasser des idées, poser des questions, se poser des questions, concevoir des idées nouvelles pour continuer à comprendre le monde. Comment les choses avancent-elles dans le monde si ce n’est grâce aux inventions, aux découvertes, aux idées nouvelles, grâce aux personnes qui pensent, même parfois un peu trop... Qui ont “trop d’idées ?”
Et il est vrai que l’on rencontre souvent des adultes un peu fatigués de penser, qui épargnent à leurs cerveaux trop d’efforts, que les idées ou les modes nouvelles n’intéressent pas, pire, qu’ils rejettent. Et des enseignants parmi eux. Imaginez leur calvaire quand il faut, chaque année, accueillir une nouvelle génération de collégiens ou de lycéens plein d’énergie, plein de vie et de questions sur la vie ?...
Une chose quand même : ma chère professeure de maths a écrit cette phrase, “Christian a trop d’idées” il y a 25 ans. J’espère que j’en ai encore, trop, des idées, et que cela durera quelques décennies. Dans ce domaine, je préfère gérer le trop plein que la pénurie. "Trop d’idées", c’est plutôt une bonne idée.
Christian Le Meut

Re a sonjoù !

Alies e vez graet goap doc’h ar re yaouank, skolidi, skolajidi, liseidi, a skriv sotonioù, traoù a dreuz, traoù faos ha farsus... Hag ar gelenerien ? N’eus ket pell m’eus kavet en dro ur “bulletin de notes” din, kaset da ma zud pa oan e fin an trived klass, 25 bloaz zo, just araok mont d’al lise. Ret eo din anzav memestra e oan nul er matematikoù : met nul, nul, nul... Netra d’ober ganin get an danvez se. Ar matematikoù ha me oa deuet da vout enebourien da vat, hag a viskoah.
Ha ma c’helenerez matematik da skrivañ war ma “bulletin de notes” daou dra souezhus memestra. An hani kentan, “Christian en deus beugon er c’hlass” (“Christian est très vivant en classe”). Ya, bev oan er c’hlas, ne oan ket marv. Kelennerion-zo, ‘deus komprenet eman bev ar vugale a zo diraze : gwell a-se ! Beugon, nerzh, startijenn oa ganin, sur eo... Met get an notennoù ‘m’boa (nebeutoch’ evit pemp), ne oa ket evit komz ag ar matematikoù.
An eil dra souezhus oa spontusoc’h : “Kristian en deus re a mennozhioù, re a sonjoù” he doa skrivet... Bizkoah kemend all, ur c’hlenved nevez marteze... Re a sonjoù ? Ha posupl eo ? An doktor n’eo ket bet galvet evit me soagnal, eurusamant. Met penaos rebechiñ d’ur c’hrennard bout “re a sonjoù” getan ? Ur spered, ur penn hag un empenn hon eus a zo evit sonjal, klask komprenn ar bed, goulenn traoù, sevel mennozhioù nevez...
Penaos a ya ar bed araok ? Get sonjoù ha mennozhioù nevez... Met gwellet m’eus tud en oad deuet da vout skuizh. Skuizh get ar vuhez, get ar sonjoù nevez; get ar vugale a c’houlenn traoù dezhe... Ha kelennerien en o mesk. Paour kaezh tud : bep bloaz er skol get bugale nevez dirazo, sonjoù ha goulennoù nevez gete ! Skuizhus eo, ur sort.
Un dra zo memestra : spi am eus am bo re a sonjoù e pad pell amzer c’hoazh. Me, me gav gwell bout re a sonjoù genin, e lec’h ar c’hontrell. “Re a sonjoù” : ur chans eo, ben ar fin. Sonjoù zo, get ma pado !
Christian Le Meut

05/04/2005

Sinema/cinéma : Hôtel Rwanda

Hôtel Rwanda : saovetet oa bet 1.200 den e miz Ebrel ha Mae 1994, e-pad al lazherezh-vras e Rwanda (800.000 den lazhet da nebeutan), get Paul Rusesabagina, rener "Les milles collines", un ostaleri bras evit ar re binvidik e Kigali. Hutu, Paul Rusesabagina oa dimezet get un vaouez Tutsi anehzi. An otel renet getan oa evit ar re bitaoed, pinvidik, met tamm ha tamm ur bern tud, du anezhe, zo deuet da glask sikour du-hont rak soudarded ag an ABU (ONU) a rae ar-dro al lec'h-se... Met soudarded-all ag ar broioù pinvidik zo daet da glask ar re wenn e lesket ar re-zu o-unan, tost bout lazhet... Ur vezh evit an Européaned... Un istor gwir eo. Lesanvet eo bet Paul Rusesabagina ar "Schindler ag Afrika" get kazetennoù-zo. E Beljik eman e chom breman get e familh.
Savet eo bet "Hotel Rwanda" get Terry Georges ha c'hoariet a-feson get Don Cheadle, Sophie Okonedo, ha c'hoazh. Padout a ra div euriad.


Hotel Rwanda : ce film, inspiré de faits réels, raconte comment Paul Rusesabagina, un directeur d'hôtel hutu, marié à une Tutsi, a réussi à sauver 1.200 personnes réfugiées dans son établissement, en avril-mai 1994, au péril de sa vie. Il montre aussi comment ces réfugiés ont été abandonnés par la communauté internationale. La honte. Un très beau film réalisé par Terry Georges sur un homme que certains journaux appellent désormais le "Schindler africain".

04/04/2005

Je fais un rêve*

Un soir de mai 2010. Je rentre de mon travail, comme d’habitude, vers 22 h. J’ai une demi-heure de route et j’écoute la radio : en breton. Depuis fin 2005 je peux écouter une radio en langue bretonne 24 h sur 24 h. Grâce au soutien du conseil régional, passé à gauche en mars 2003, une chaîne de radio émet désormais toute la journée dans cette langue sur les cinq départements de la Bretagne historique...

Avant : impossible d’écouter une émission en breton quand je rentrais du boulot. La seule radio associative bilingue du département n’émettait plus que de la musique. Quant à la seule radio publique (très) partiellement en breton (France Bleu Breizh Izel à Quimper), elle cessait ses émissions dans cette langue à 21h... Aujourd’hui, France Bleue est réellement bilingue, moitié des programmes en breton, moitié en français. Quant à ma radio bilingue préférée, Radio Bro Gwened (“Radio Pays vannetais”, associative), elle a vu les aides de la région et du département augmenter, et ses programmes en breton se développer.

Même à la télé, les choses ont fini par évoluer. Jadis : une heure dominicale sur F3 plus cinq minutes quotidiennes durant la semaine et une émission pour les enfants le mercredi, soit environ 1h30 de breton par semaine ! Aujourd’hui : six heures de programmes par jour ! Reportages, interviews, talk-shows (comme on dit en français), émissions de variétés, dessins animés, journaux, jeux débiles et d’autres moins débiles.

La presse écrite a suivi : une page désormais chaque jour breton dans le quotidien Le Télégramme et autant dans le concurrent Ouest-France. Un hebdomadaire, Ya !, (“Oui !), lancé en 2005, a réussi à s’implanter, plusieurs mensuels en breton existent, généralistes ou spécialisés, ainsi qu’une presse pour jeune... L’offre s’est diversifiée, et cela incite les jeunes bretonnants à lire en breton : ils sont 20.000 actuellement, en filière bilingues ou Diwan (immersion en breton avec introduction du français progressive) de la maternelle au lycée, contre 9.000 en 2004. Ces filières se développent, incitant les communes à développer des animations en bretons pour les enfants : contes, danses, chants, jeux...

Une matière “langue bretonne et civilisation celtique” est désormais suivie par tous les enfants des collèges, publics et privés, à partir de la cinquième, sur le modèle de ce qui se fait en latin. Les petits Le Meut, Le Fur, Le Corvec, habitant Concarneau (Konk Kerne), Auray (An Alré), ou Carhaix (Karaez), apprennent désormais l’histoire de leur région et peuvent chercher à comprendre ce que signifient leurs noms de familles... Les élèves qui veulent continuer cette matière le peuvent systématiquement. Jusqu’à récemment, la majorité des collèges ne proposaient même pas une heure de breton en option.

Du coup, l’offre d’emplois en breton se développe dans l’animation, l’édition, les médias, l’enseignement, les maisons de retraite (pour accompagner certains anciens dans leur langue maternelle)... Quand une langue n’a plus d’intérêt économique (pour trouver du travail par exemple), elle est vite abandonnée par ses locuteurs.

Arrivant de mon travail, je trouve un message de mon petit cousin Kaourintiñ (Corentin). Il cherche un mot en breton et m’a laissé un message sur mon répondeur bilingue. Il s’adresse à moi car je suis un des rares dans la famille à pouvoir lui répondre, ayant appris le breton une fois adulte. Dans ma génération, je suis quasiment le seul à parler la langue. Mes quatre grands parents, pourtant, avaient le breton pour langue maternelle. Mais ils avaient bien intégré l’interdiction de transmettre le breton à leurs enfants. Mon père, ainsi, entendait ses parents parler en breton entre eux lors des repas mais n’avait le droit de s’adresser à eux qu’en français...

Mes quatre grands parents étaient donc bilingues. Mes parents ne le sont pas, même s’ils savent beaucoup de choses en breton pour l’avoir entendu parlé. Et ma génération est unilingue. C’est sans doute ça le progrès...

L’élection de Jack Lang à la présidence de la République, en 2007, a aussi permis des avancées de taille. Ministre de l’Education nationale sous le gouvernement Jospin, il avait tenté d’intégrer les écoles Diwan dans l’Education nationale. Le Conseil d’Etat avait fait capoter cette tentative. Diwan pratique la pédagogie par immersion en breton et introduit progressivement le français ensuite. Selon le Conseil d’Etat cette pédagogie était illégale. De fait, toutes les écoles bilingues de France, étaient quasiment illégales. Toutes les matières, exceptées les langues, devant être enseignées en français...

Le changement de Constitution demandée par Jack Lang a permis de faire une place aux “langues de France”, à côté du français. La Charte européenne des langues minoritaires, signée en 1999 par Jospin, a enfin pu être ratifiée. A l’époque, le conseil Constitutionnel, consulté par Jacques Chirac, avait déclaré cette signature incompatible avec la Constitution. Désormais officiel en Bretagne, le breton peut être employé dans les débats des conseils départementaux et régionaux, la traduction simultanée étant assurée. Les textes officiels peuvent être rédigés dans les deux langues. La République renoue ainsi avec les révolutionnaires puisqu’en 1790 la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen avait été traduite en quatre langues “régionales”, dont le breton.

Christian Le Meut

* Article paru dans la revue Alternatives Non-Violentes (centre 308, 82 rue Jeanne d'Arc, 76000 Rouen), revue trimestrielle de recherche sur la non-violence qui publie, dans chaque numéro, un "rêve" sur le modèle de celui de Martin Luther King. Mail : anv.revue@wanadoo.fr
An destenn-se a zo bet skrivet e galleg hepken.

29/03/2005

Hennebont : des boues, les damnés de la terre !

Le jeudi 3 mars dernier, à la fin du conseil municipal, le maire d’Hennebont, Gérard Perron (PC) a annoncé qu’une partie des boues de dragage du port de Lorient serait transférées sur le site de Polvern, une décharge située tout près du Blavet ! C’était presque fait d’ailleurs, puisque l’autorisation avait déjà été donnée, sans débat préalable en conseil. Et les boues sont arrivées quelques jours plus tard.  Ainsi va la démocratie hennebontaise...
Et les écologistes de s’insurger ! Mais les boues ne resteront que trois mois, leur répond-on, selon l’accord passé entre la mairie, la préfecture et la société DCN, Défense, construction navale, ancien arsenal, productrice des boues. Trois mois, c’est à voir...

Revenons en arrière
Des navires de guerre sont fabriqués à Lorient depuis longtemps, autrefois par l’arsenal, mais celui-ci est devenu une société privée appelée DCN, Défense construction navale. Ces chantiers produisent des déchets, notamment des boues contenant des produits dangereux, comme des métaux lourds. Et il faut dégager ces boues, sinon les nouveaux bateaux de guerre construits ne peuvent plus sortir. Oui, mais où les mettre ? Autrefois, l’Arsenal était une entreprise d’Etat, c’est devenu une entreprise privée. Elle doit désormais demander l’autorisation pour stocker ses boues ou les jeter en mer, au large de Groix, comme elle projetait de le faire et comme elle le faisait auparavant.

Opposition de la mairie de Groix, soutenue par beaucoup de municipalités de la côte, et par celle d’Hennebont. Coup dur pour DCN qui, semble-t-il, n’avait pas prévu de solution de repli ! Étonnant, pour une entreprise d’envergure nationale... Il est possible d’entreposer ces boues à terre, dans des endroits étanches, des sites industriels désaffectés par exemple, en attendant de les traiter. Cela coûte beaucoup plus cher que de les jeter en mer, mais c’est la seule solution. L’Etat peut-il autoriser que l’on jette en mer n’importe quoi quand il exige des citoyens de trier leurs déchets ? Les produits dangereux contenus dans ces boues risquent de nuire à la vie maritime et aux êtres humains qui mangent poissons et coquillages...

Et la préfecture de chercher des lieux de stockage. Plusieurs, car il faut faire une enquête publique au-delà de dix mille mètres cubes. On va donc trouver deux lieux... Or, en 2003, le maire d’Hennebont a autorisé la création d’une décharge de matière inerte, non dangereuse, à Polvern, à cent mètres environ du Blavet. La commission municipale de l’environnement, constituée de conseillers municipaux, avait pourtant voté contre ce projet à l’unanimité. Mais le maire est passé outre... Ainsi va la démocratie hennebontaise.

La préfète décide donc d’entreposer les boues toxiques du port de Lorient à cet endroit. L’arrêté municipal ne l’autorise pas, qu’importe, elle le suspend... Ah, Polvern, quel endroit charmant ! Son ruisseau, ses bois, sa carrière, son chemin de randonnée, ses poissons, ses petits oiseaux, et désormais sa carrière avec des boues toxiques...
Le maire d’Hennebont avait demandé des garanties : que les camions qui transportent les boues soient étanches; la plupart ne l’ont pas été et de la boue est tombée sur les routes... Que les boues soient entreposées dans des trous étanches eux-aussi... Les premières cargaisons ont bien été mises dans les trous creusés au préalable... Mais des camions et des camions de boues sont arrivés, et les trous ont été vite remplis. Les boues en trop ont quand même été déposées-là, sans trop de précautions, à cent mètre du Blavet... Le maire d’Hennebont a pris sa décision sans consulter au préalable le conseil municipal. Ainsi va la démocratie hennebontaise.

Beaucoup de gens ont manifesté leur opposition. Une association* a été créée pour rappeler au maire, à DCN et à l’Etat que ces boues doivent partir dans moins de trois mois et qu’il faudra nettoyer le site de Polvern ensuite. Sinon, le seul développement durable qu’Hennebont risque de connaître, c’est celui des pollutions !
Christian Le Meut

* Le printemps de Polvern, 31 rue Jacques Brel, 56700 Hennebont, tél. 02.97.36.58.82.

* Depuis cette date, les boues auraient été évacuées vers une commune proche, Languidic, pour y être traitées, mais le problème demeure : comment traiter les boues portuaires à l'avenir ? 

Hennebont : diorren padus pe fank padus ?

Ar yaou tri a Viz Meurzh paseet, e fin emvod ar c’huzul-ker, an aotrou maer, Gérard Perron (PC) n’doa lâret d’ar guzulerion e vo kaset fank porzh An Oriant en Hen-Bont, e Polvern, ur vengleù tost d’ar Blanhoeh. Ha setu bec’h er vro ! Hag an ekologourien d’en em sevel a-enep ar raktres-se. Ya, met re ziwezhat. Graet oa an taol dija ! Pewar mill metrad kub fank toxik ha pussunus oa bet kaset dija e Polvern. Ne chomint ket nemet tri mizh, hervez an emglev savet etre ti-ker an Hen-Bont hag ar prefeti. Da wellet... Tri mizh, n’ont ket sur, me. Met displegomp an traoù...
Bagoù brezel e vez savet e porzh An Oriant abaoe pell. Al labour-se a veze graet get an Arsenal gwezhall; hag an arsenal a zo deuet da vout an DCN (Défense construction navale...) abaoe un nebeut bleadeù. Louzet e vez porzh An Oriant get al labour-se. Araok, an Arsenal oa e-dan lezennoù ar stad hag an arme... Breman, DCN zo ur stall privez. Araok ne veze ket komzet a fank porzh An Oriant. Petra veze graet gante ? Skarzhet vezent er mor etre enezenn Groe hag an aod, hep goulenn netra da zen ebet.

Groez : nann d’ar fank
Met hiriv an deizh an DCN a zlehe goulenn an aotre evit lakaat ar fank en ul lec’h bennak... Er mor, etre enezenn Groez hag an aod, evel ma veze graet araok ? Pas. Echu eo : kumun enezenn Groez n’eo ket a-du, tamm ebed. Hag ar wirionez zo geti. Perak lakaat er mor ar fank louz-se, get traoù danjerus ha toxik e-barzh ? Evit lakaat ar pesked da vout klanv ha ni ar lerc’h ?
Ha setu an DCN emmerdet get he fank... Daouzek mil metrad kub zo bet tennet ag ar porzh evit lesket da vont kuit bagoù brezel nevez savet en Oriant (ha kement-se e chomehe e don ar porzh...)... Petra gober get ar fank-se ? Moian zo d’her golc’heiñ, met koust a ra keroc’h, keroc’h evit bout skarzhet er mor. Pe d’her lakaat en ul lec’h bennak didreuzus, koste an Oriant pe Lanester... e c’hortoz bout disaotret, goude.
Met n’eo ket ar pezh a zo bet sonjet get tud an DCN hag ar prefeti. Lec’hioù all zo bet klasket gete, hag unan zo en Hen-Bont, Polvern... Nag ur brav a lec’h, Polvern. E-tal ar Blanhoeh, get koadeù, riolenneù, mennezhioù, ha c’hoazh... Ul lec’h bourrapl evit mont da bourmen... Bourrapl betek ar bloaz 2003. D’ar mare-se an aotrou maer doa roet an aotre da sevel un “decharge” du-hont evit lakaat traoù-lous, met pas danjerus. An aotre-se zo bet roet get ar maer e-unan kar ar guzulerion all doa votet a unvouezh a-enep ar raktres-se. Ne vern... Mod-se eman an demokratelezh en Hen-Bont.
Polvern zo bet choazet neuze get ar prefeti evit lakaat pewar mill metrad kub fank toxik... Met ne oa ket droad lakaat traoù danjerus e Polvern, hervez ar pezh sinet get ar maer e 2003. Ne vern, nullet eo bet an “arrêté”-se get ar prefeti... Ar maer n’eus goulennet kamionoù didreuzus evit kas ar fank betek Polvern ha nompass lousiñ an hentoù... Met al lod brasan ag ar gamionoù-se ne oant ket didreuzus, hag fank zo kouezhet war an hentoù...

Demokratelezh mod an Hen-Bont
Goulennet eo bet get ar maer ivez krouizeiñ toulloù bras ha didreuzus goloet get plastik... Graet eo bet, da gomans... Ya, met ur wezh kroget an traoù, ur bochad kamionoù zo daet get tonnennoù ha tonnenoù fank ha re vihan oa an toulloù... Skarzhet eo bet ar fank memestra, war an douar, mod-se... Kant metr a zoc’h ar Blanhoeh...
An aotroù maer n’eus graet e sonj e-unan, kazimant, hep goulenn netra d’ar c’huzul-ker araok... Mod-se eman demokratelezh e bro an Hen-Bont.
Ur bochad tud n’int ket kountant anezhe, tamm ebed. Ur gevredigezh, Amzer nevez Polvern*, a zo bet savet gete evit manifestiñ. Ar pal zo ivez da lakaad ar Stad da zerc’hel sonj e vo ret dezhan kavoud ul lec’h all evit ar fank lous-se ha netaat Polvern goude.
Kroget oa bet emvod ar c’huzul-ker get an “diorren padus”. Tier e vez savet d’an doare padus (biobrique, kanabl...) get ofis HLM Hen-Bont... Brav, met ne bado ket pell an diorren padus en Hen-Bont get razh ar fank toxik lakaet e Polvern. Diorren padus ar saotradur, ne lâran ket.
Christian Le Meut

* Nevez amzer Polvern, Le printemps de Polvern, 31 rue Jacques Brel, 56700 Hennebont. Tél : 02.97.36.58.82.
E brezhoneg : Christian Le Meut : 02.97.36.31.78.

10/10/2005 : ar fank zo bet kaset da Langedeg evit bout "disaotret" du-hont met penaos vo graet get fank porzh An Oriant en amzer da zonet ??? 

23/03/2005

Mon papy et les médias

Mon grand-père Julien a passé sa vie à Crac’h (Morbihan), étant né à huit kilomètres de là, à Ploemel, en 1911. Il est décédé voici quelques années. Un jour qu’il était, comme d’habitude, à boire un coup au “Crac’h bar”, alors tenu par mon oncle, son fils, et ma tante, voilà qu’entre une journaliste...
Précisons que nous sommes en novembre 1991, la commune est envahie par une nuée de journalistes venus attendre là l’arrivée d’un Crac’hois célèbre : Gérard d’Aboville. Celui-ci terminait sa traversée du Pacifique à la rame mais n’était pas encore arrivé à bon port aux Etats-Unis. Télés, TF1, F2, F3 et les radios nationales n’avaient donc rien d’autres à se mettre sous la dent que la commune d’origine du rameur, même s’il n’y habitait pas et même si très peu d’habitants l’avaient rencontré en vrai. J’ai donc pu voir et entendre plein de “témoins” parler à la télévision ou à la radio d’une personne qu’ils n’avaient jamais vu, pour la plupart, qu’à la télévision...
Une de mes grand-tantes a répondu en bougonnant, et dans l’entrebaîllement de sa porte, que les exploits du rameur ne l’intéressaient pas... Le lendemain, elle s’est vue à la télé ! Et la voilà obligée d’expliquer à ses voisins pourquoi les coups de rames de Gérard la laissait indifférente. “Je ne savais pas que j’étais filmée” répondit-elle... Mais l’emballement médiatique autour de l’affaire exigeait que l’on s’intéressât à l’affaire...

Le papy à Sainte-Anne
Voici donc mon grand-père face à la journaliste d’un quotidien régional. Et lui, toujours farceur, de dire : “Tous les jours, ces derniers temps, j’ai été faire une prière à Sainte-Anne, pour que Gérard réussisse sont exploit”. C’était une blague, un canular, mais, le lendemain, c’était imprimé noir sur blanc sur le journal ! Et nous, sa famille, étions un peu gênés, comme lui -même d’ailleurs. Je lui ai demandé : “C’est vrai que tu es allé à Sainte Anne tous les jours ?”. Il m’a répondu : “J’y suis allé au moins une fois”... Et même ça, ce n’était pas sûr car mon grand-père ne conduisait plus à cette époque, et ne pouvait aller à Ste-Anne tout seul. Y aller à pied, pas question. il avait beau être toujours valide, il fallait le transporter en voiture pour faire 200 mètres !
Mais l’histoire n’est pas finie : l’anecdote avait plu à un journaliste célèbre et, le vendredi suivant, voilà que nous entendons sur France 3, dans la bouche de Georges Pernoud, le présentateur de Thalassa, l’histoire d’un grand père qui est allé chaque jour de Crac’h à Sainte Anne, prier pour Gérard d’Aboville... Ainsi, le canular raconté par un grand-père à une table de bistrot est devenu une histoire vraie pour des millions de gens, car accréditée par des journalistes qui n’avaient pas vérifier la véracité des faits. Sans bouger de sa chaise, en ne faisant rien que boire un coup et répondre à des questions, mon grand père a réussi un coup “d’intoxication médiatique” !
Christian Le Meut

Sur le fonctionnement des médias un blog incontournable :
http://gponthieu.blog.lemonde.fr

21/03/2005

Ma zad kozh hag ar mediaioù

Ma zad kozh Julien a oa o chom e Krac’h, hag oa bet ganet e Plenver e 1911. Hennezh oa ur paotr a gare dezhan ober goapoù ha farsadennoù. Ur wezh, e 1991, ma zad kozh oa oc’h evan ur banne, evel bemdez, e barzh an davarn, ar “Krac’h bar”. D’ar c’houlz se, an tavarn se oa dalc’het ged me eontr, mab ma zad kozh, ha me moereb. Ha setu ur plac’h o vont e barzh an tavarn, ur gazetenerez anezhi ! D’ar mare se, ur bern a gazetennerien o doa aloubet parrez Krac’h, a gaos d’ur paotr all ag ar barrez, ur paotr brudet : Gérard d’Aboville.
E paouez treuziñ ar mor vras Pasifik oa ar paotr se, met ne oa ket degouezhet c’hoazh... Hag ar skinvelloù, TF1, F2, F3, hag ar skingomzioù broadel, France Inter, Europa unan, ha c’hoazh, oa aet da Grac’h evit atersiñ tud ag ar gommun-se, e c’hortoz... Daoust ma ne oa ket ken anavezet Gérard d’Aboville e Krac’h peogwir ne oa ket e chom du hont (e dud oa o chom e Krac’h) hag eñ oa aet kuit yaouank tre ag ar barrez ! A gaos d’an dra-se, m’eus gwelet meur a zen e komz e barzh an tele a ziout un den n’o doa ket gwellet james, nemet barzh an tele !

Pediñ evit Gérard d'Aboville...
Ha setu ma zad kozh da reskond d’ar gazetennerez : “Bremañ, eh an bamdez da Santez-Anna An Alré evit pediñ evit Gérard d’Aboville ”... Ne oa ket gwir, ur farsadenn oa, ur goap evel a vourre dezhan me zad kozh gober... Met skrivet oa an deizh ar lec’h war ar gazetenn get foto ma zad kozh ! Ha ne oa ket echu ar farsadenn : deiziadeù ar lerc’h, paour kaez ac’hanomp, petra hon’eus klevet war Frans 3 e pad abadenn “Thalassa”, lavaret get ur c’hazetenner brudet, Georges Pernoud ? “Hervez ur gazetenn un tad kozh, Julien, a Grac’h, a ya bemdez da Santez Anna evit pediñ evit Gérard d’Aboville”... Brudet-bras oa deuet de voud me zad kozh, met eñ ne oa ket en e aes penn da benn kar an istor ne oa ket gwir !
A c’houde, m’boa goulennet gantan : “E gwirionez, bet out bet e Santez Anna an Alré evit d’Aboville?”... “Ur wezh” n’eus respontet ma zad kozh, hep monet pelloc'h... Kazi sur eo : ne oa ket bet ma zad kozh du-hont, memes ur wezh. Arsavet en doa da vlenian abaoe pell, ha re bell eman Santez Anna a kGrac’h evit mont war droad pe war velo. Ha me zad kozh ne vourre ket anezhan kerzhet : ret e oa kas anezhan get ur c’harr evit monet daou gant metrad pelloc’h...
Setu : ur farsadenn lavaret get ur den a voure ober goap, deuet da vout un istor “gwir” evit millionoù a dud a gaos da gazetennerien n’o doa ket klasket ma oa gwir pe pas ar pezh lavaret getan ! Ur sort “intox mediatique” a oa bet graet get ma zad kozh, d’an taol-se, hep finval, hep ober netra nemet farsal hag evan ur banne en un davarn. Yec’hed mat d’an holl !
Christian Le Meut