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30/07/2007

Levr : Breiz a-gleiz

medium_gourmelin180.jpgBreiz a-gleiz ! Ya, gwir eo, Breizh a zo chomet a-gleiz  :  52,68 % ag ar Vretoned (pemp departamant) o deus votet evit Ségolène Royal ! Met an titl-se a zo titl ul levr bet embannet get Emgleo Breiz (hep "h" evel ma vez graet get doare skrivañ an ti embann Emgleo Breiz) e miz Kalan-gouiañv 2006 (miz Du).

Herri Gourmelen, ezel ag an UDB abaoe daou ugent vloaz, en em ginnig barzh al levr bihan-se (stumm sakod) : e yaouankiz; perak en deus kemeret pezh en UDB er bleadeù 60; perak emañ aet kuit er bleadeù 70 araok donet en dro. N'eo ket dister dañvez ul levr evel-se evit goueit gwellloc'h piv eo Herri Gourmelen : paotr ag Argol, bet er JEB (Jeunesse étudiante bretonne),  barzh Ar Falz hag ar CFDT ivez. Buhez ur stourmer eo, ur sitoian a laboura ar an dachenn politikel, met ivez sevenadurel ha sokial.

Herri Gourmelen a zispleg e sonjoù : "Er mare-mañ, er bed modern, eo red samma, adisioni, ha n'eo ket tenna. E-keñver idantelez, me zo Breizad, Gall, European. Perag e vefe red din krenna war unan ? Piou e-neus droed da lemel diganin lod euz ar pez on ? Me, n'am-eus c'hoant d'ober. Eüruz on o lenn galleg, plijoud a ra din ar sevenadur galleg, al lennegez alamaneg : kelenn alamaneg am-eus greet e-pad ma buhez la bour. Ha plijoud a ra din ar brezoneg. Saozneg a garfen lenn muioh. 

Er bed modern e-neus pep hini meur a idantelezh".

Setu ar pezh a lâr Herri Gourmelen barzh ul levr a chom, memestra, re verr. 70 pajenn n'eo ket kalz hag, a-wezhoù un nebeut displegadurioù a vank. Ker eo ivez : 10 €, da lâret eo un euro bep seizh pajenn. Ur sonj vat eo embann levrioù evel-se : unan all skrivet get Yann-Ber Thomin (PS) zo daet er maez dija; unan all skrivet get Ambroise Guellec (UMP) a vo embannet. Met bon, marc'hadmatoc'h, ne vehe ket bet falloc'h !

Christian Le Meut

Emgleo Breiz, 10 ru Kemper, 29200 Brest.

emgleo.breiz@wanadoo.fr

E galleg/en français : présentation d'un livre en breton ("Bretagne à gauche") d'Henri Gourmelen, membre de l'Union démocratique bretonne, parti de gauche favorable à  l'autonomie de la Bretagne et à la décentralisation (mais pas de l'indépendance, ce qu'il explique dans ce livre). L'UDB s'est alliée aux Verts lors des dernières élections régionales, puis à l'ensemble de la gauche au second tour et a actuellement trois élus dans la majorité du Conseil régional. Dans ce petit livre de 70 pages, H. Gourmelen explique son parcours jusqu'à aujourd'hui. C'est intéressant, mais un peu cher (10 euros pour  70 pages !). Un nouvel ouvrage vient de sortir dans la même collection signé Jean-Pierre Thomin (PS, maire de Landerneau, conseiller régional chargé de la langue bretonne). Un autre va paraître écrit par Ambroise Guellec, UMP, ancien ministre et député européen. 

19/07/2007

Livre : Terre et mer, sagesse et proverbes de Bretagne

36004df8fee66515ed00841256a23bd7.jpg"Terre et mer, sagesse et proverbes de Bretagne" est le titre d'un livre qui vient de paraître aux éditions du Chasse Marée; 430 pages de photos (superbes) et de rimes, proverbes et jeux de mots en breton, traduits en français (il y en a quelques-uns uniquement en français ou en gallo).

Les photos sont de Michel Thersiquel, photographe breton récemment décédé. Elles nous donnent à voir paysages, couleurs, pêcheurs artisans et agriculteurs au travail... La Bretagne de la terre et de la mer, mais pas celle des villes.

Les citations ont été choisies par l'ethnologue Daniel Giraudon. Certaines sont facilement compréhensibles comme "Bern n'eo ket mammenn" ("Un tas n'est pas une source"); d'autres sont uniquement des jeux sur les sons et enfin quelques citations auraient mérité plus d'explications :"Malarjez, Malarjez/Me garje vije bemdez,/An eost teir gwech ar bloaz/Ha Gouel-Mikael/Bep seizh vloaz/"...  "Mardi gras, mardi gra/j'aimerais que ce soit tous les jours/la moisson trois fois par an et la Saint Michel tous les sept ans"... Pourquoi la Saint-Michel tous les sept ans ? Parce que les paysans payaient leurs fermages (loyers) à cette date et certains la voyaient approcher avec appréhension.

Enfin, si la matière du livre est en breton avec traduction en français, les pages de couverture sont, elles, uniquement en français. Allez comprendre pourquoi ? "Terre et mer" sont, pourtant facilement traduisibles ("Douar ha mor")... Malgré ces quelques réserves, cet ouvrage est un beau livre, plaisant à feuilleter, instructif, et drôle parfois.

Terre et mer, Daniel Giraudon-Michel Thersiquel, Le Chasse marée (abri du marin, 29177 Douarnenez cedex, Tél : 02.98.92.66.33); 19,9 €, 430 pages, édité en 2007. 

Christian Le Meut

Levr : Terre et mer, sagesse et proverbes de Bretagne

b5b54e8d27e44a31b31f8752c687f935.jpg "Terre et mer, sagesse et proverbes de Bretagne", setu ar pezh a zo skrivet war pajenn gentañ al levr nevez-se, embannet get ar Chasse-Marée. Ger ebet e brezhoneg war ar pajennoù kentañ ha diwezhañ daoust d'ar "rimadelloù a bep sort" embannet e-barzh bout skrivet e brezhoneg ha troet e galleg (un nebeut a zo nemet e galleg pe e gallaoueg). An danvez diabarzh a zo e div yezh met pas an diavaez, kit da gompren perak...

Bourrapl eo memestra al levr-se : ur foto tennet get Michel Thersiquel, tenner poltridi a Vreizh, marv n'eus ket pell zo, a zo embannet get pep rimadell. Breizh ar mor hag ar maezioù a zo diskouezhet dre ar  fotoioù ha dre an troioù-lâret dastumet ha dibabet get Daniel Giraudon, ethnologour a Vro Dreger. Labourerion douar ha pesketourion e labourat, an natur, tud ha livioù ar vro : setu temoù ar fotoioù kaer tennet get M. Thersiquel. Bez ez eus ivez kêrioù e Breizh, met n'int ket diskouezhet amañ. 

Rimadelloù a zo aes da gompren evel "Bern n'eo ket mammenn". Ul lodenn a zo c'hoarioù war ar gerioù ha n'o deus ket ster ebet met un nebeut all a zo diaes da gompren ha n'int ket displeget : "Malarjez, Malarjez/Me garje vije bemdez,/An eost teir gwech ar bloaz/Ha Gouel-Mikael/Bep seizh vloaz/"... perak "Gouel Mikael bep seizh vloaz"? Rak paeet e veze o koumanantoù get al labourerion douar d'ar miz-se.

Daoust d'an traoudigoù-se, ul levr brav ha dudius eo, farsus ha kentelius a wezhoù ivez.

Terre et mer, Daniel Giraudon-Michel Thersiquel, Le Chasse marée (abri du marin, 29177 Douarnenez cedex, pellgomz : 02.98.92.66.33); 19,9 €, 430 pajenn, embannet e 2007.  

Christian Le Meut 

03/05/2007

Bretagne/Breizh : appel à voter Ségo

Vingt responsables culturels bretons appellent à voter Ségo : "Pour la reconnaissance des langues régionales dans la Constitution, 20 responsables culturels et associatifs bretons appellent à voter Ségolène Royal.

- constatant avec satisfaction que Ségolène Royal, François Bayrou, Dominique Voynet, Olivier Besancenot, Marie-George Buffet et José Bové, qui se sont engagés clairement pour la ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, représentent plus de 53% des suffrages en France, et plus de 60% sur l'ensemble des cinq départements bretons, alors qu'aux présidentielles de 2002 cet engagement électoral (Jospin, Bayrou, Mamère, Besancenot, Hue, Taubira, Lepage, Madelin) ne totalisait que 44% en France,
- constatant que ces mêmes candidats se sont prononcés pour une démocratisation des institutions de la 5e République,
- constatant que selon le dernier sondage sur la Charte européenne des langues (IFOP 1994- indiquait que 77% des Français y étaient favorables, montrant ainsi le retard des institutions pour répondre aux aspirations de la société,
- constatant qu'au contraire, au nom d'une forme inquiétante de la souveraineté nationale, Nicolas Sarkozy refuse d'adopter cette Charte européenne des langues et prétend exonérer la France de tout contrôle de la communauté des nations ; qu'il prive ainsi ses concitoyens de la protection de droits de l'homme et de principes universels reconnus par la communauté internationale et en particulier des droits culturels et linguistiques dûs aux peuples minoritaires du territoire, en contradiction totale avec la Convention de l'UNESCO sur la diversité culturelle que la France vient pourtant de ratifier en 2006,

nous voterons et appelons au vote Ségolène Royal, pour la défense des libertés et des droits fondamentaux de l'homme et pour des avancées démocratiques en Bretagne et ailleurs.

Yannig Baron, Didier Berhault, Fanny Chauffin,Gilbert Dalgalian, Bruno Genest, Fatiha Folgalvez, Pierre Folgalvez, Angèle Jacq, Glenn Jegou, Herve Latimier, Ivonig Le Merdy, Jean-Louis Latour, Marie-Christine Latour, Armel Le Sec'h, Tangi Louarn, Patrick Malrieu, Isabelle Moign, Jean Moign, Alain Monnier, Claudie Poirier, Bob Simon, Jannick Yvon, Lena Louarn, Lus Chauveau.

Le 1er mai 2007."

20/04/2007

Bretagne : quatre candidats pour la réunification

Communiqué de l'association Bretagne réunie (ex - CUAB), qui milite pour la reconnaissance d'une région formée des cinq départements bretons :

"Bretagne réunie a demandé aux candidats à la présidence de la République de s'engager à cet égard. Quatre des candidats ont apporté une réponse favorable à la mise en œuvre du processus législatif susceptible de déboucher sur cette réunification de la Loire-Atlantique et des quatre autres départements bretons :il s'agit de : M. François BAYROU, Mme Dominique VOYNET, M. Olivier BESANCENOT, M. José BOVÉ. Une réponse annoncée au nom de Mme Ségolène ROYAL n'a pas, à ce jour, été reçue par Bretagne réunie.L'association invite les électeurs à prendre en compte ces informations dans leurs motivations de vote. Le Président, Jean-Yves BOURRIAU".

BRETAGNE REUNIE, BP 49032  44090 Nantes cedex1  Tel 06 32 01 86 07

http://www.cuab.org/ 

contact@cuab.org

03/04/2007

Natur : ne lazhit ket an ibis !

medium_ibisbis179.jpgAbaoe un nebeut bleadeù e vez gwellet e aodoù Breizh un evn, ul labous nevez deuet : an ibis sakret a Vro Egypte. An Egipt a zo e vro a orin met n’eus ket mui kalz a ibised du-hont hiriv an deiz met e broioù all ag Afrika, en Irak, hag an Europa. Ur wezh an amzer e welan ibised koste Lokmariaker pe Sant Filibert : unan pe daou e klask loened bihan da zebriñ, e furchal barzh an traezh, ar reier, al lec’hid. Bourrapl eo d’o gwelet hag aes eo d’o anavout get o begoù kromm hag o liv gwenn ha du. N’eus ket kalz a ibised er vro c’hoazh, d’am sonj, met re a vehe, hervez tud zo...

An Ibis a zo deuet d’ar vro-mañ dre Zoo Branféré, e-tal Muzilheg, hervez ar pezh m’eus klewet. Ur wezh er zoo, ul lod anezhe oa aet kuit da foetañ ar vro. An ibis a gav gwelloc’h ar broioù tomm met en em gav mat dre mañ ivez ha, d’ar gouiañv, boued a vez kavet getan barzh an toullioù lastez.

Met tud-zo, a zo nec’het get rak al labous-se. Lazhet vehe getan evned ag ar vro, met n’eo sur kement-se. Tapet vehe getan plas laboused all, met n’eo ket sur kement-se... Debret vehe getan boued a vez debret get evned all, ha me oar me... Met razh ar skiantourion n’int ket a-du etreze.

Ar ragondin : torr penn
A wezhoù, loened nevez deuet d’ar vro a zo danjerus pe torpenn bras, evel ar ragondin... Hennezh a zo ul loen ag Amerika kreizteiz, kaset dre man da vout desavet evit e groc’henn. Ur wezh er vro, ar ragondin n’eus tapet ur plas vras, ec’h ober toullioù a-hed ar sterioù ar pezh a zo danjerus evit loened all evel ar saout. Ar ragondin n’eo ket ur razh, daoust d’e anv, met kenderv an avank  (ar “c’hastor”). N’eus ket loened ebet dre mañ d’er jiboesat. Ar ragondin n’eus dentoù bras hag a ouia  en em zifenn... Hag al loen-se a ra kalz kochoned e korf ur blead. Setu perak e vez tapet ha lazhet ar ragondin hiriv an deizh, daoust dezhan nompass bout danjerus evit an den.

Met n’heller ket rebechiñ kement-se d’an ibis. Neoazh, prefetier al Liger-Atlantel hag ar Morbihan odeus roet da goarnourion Ofis broadel ar jiboes hag al loened gouez (Office national de la chasse et de la faune sauvage) an aotre da lazhiñ an ibis adal ar 15 a Viz Meurzh betek ar 15 a viz Ebrel. Perak mont ken buan ? Mallus eo ? An ibis a zo ul loen miret memestra get lezennoù Europa. Moian vehe gortoz c’hoazh ha klask gouiet pelloc’h araok er lazhiñ. Mod-se emañ get an natur : loened zo a ya da wellet pelloc’h, spesoù all a varv ivez. Nebeutoc’h nebeut a winili a vez gwellet hiriv an deiz er vro. Ha n’eo ket a gaos d’an ibis : d’an aer saotret genomp, d’an trouz, d’al louzou a vez lakaet c’hoazh war ar parkoù... Ne lâran ket.

Ar gouelini : evned ag ar vro... 
Ha loened ag ar vro a c’hell ivez bout danjerus ha fall evit loened all : ar gouelini, da skouer, a vez debret gete vioù laboused all hag ar re se a dag a wezhoù an dud... Miret vez ar goelini memestra, dre al lezennoù.Hervez ar pezh m’eus kavet barzh levrioù ha war internet ivez, an ibised a zo laboused a chanch lec’h a wezhoù (“nomades”). Kavet  ‘vez gete lec’hioù nevez mod-se, hervez ar boued, an amzer, ar sioulder, ha c’hoazh. Ha mont a reont pelloc’h ar lerc’h, goude un nebeut bleadeù. Piv ouar ? Un deiz bennak e vo aet kuit razh an ibised sakret, d’un doare naturel, hag hor bo-ni keuz bout fall degemeret al labous habask-se. Nann, n’eo ket mallus lazhiñ an ibis. Met graet eo memestra abaoe ar 15 a viz Meurzh. Osiris, Osis, Horus, deuit en dro da sikouriñ get ho ibised sakret : an dud, amañ, ne ouion ket ar pezh a reont !
Christian Le Meut

Collectif pour la protection de l’ibis en Bretagne, 4 straed ar Madobererezh/4 rue de la Bienfaisance, 56000 Gwened/Vannes. Mail : ibisdebretagne@orange.fr

29/03/2007

France Culture ou France Inculture ?

Le réveil est parfois rude, le matin. Aujourd'hui, c'est en écoutant France Culture que mon réveil a été éprouvé par le chroniqueur Alexandre Adler, puîts de connaissance mais qui, parfois, devrait tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de chroniquer. Il venait juste de mettre en doute la présence de femmes dans les unités combattantes après qu'une militaire britannique prisonnière des Iraniens ait craqué et déclaré à la télévision que son bateau naviguait bien en zone maritime iranienne lorsqu'il fut arraisonné. Tirer un enseignement global d'un cas précis, c'est aller un peu vite en besogne, me suis-je dit. Mais le cher Alexandre (je me permets cette familiarité, il accompagne souvent mes réveils !) était en forme et a continué à intervenir lors du débat sur l'identité nationale, thème à la mode, avec un invité de marque, Max Gallo... On n'a pas été déçu.

Alexandre Adler, donc, est parti dans un cours d'histoire de France sur les régions périphériques annexées au cours des siècles par "mariages" et non par conquêtes. Un mariage vaut mieux qu'une guerre, c'est évident, même si celà ne signifie pasvolonté populaire. On ne demandait pas son avis au peuple, à l'époque. Mais, pour la Bretagne, M. Adler semble oublier, ou peut-être ne le sait-il tout simplement pas (ce qui serait difficilement croyable) que le mariage entre Anne de Bretagne et Charles VIII en 1492 a été précédé de trois campagnes militaires pour soumettre militairement une Bretagne très réticente (bataille de Saint Aubin du Cormier, 1488, 7.500 morts dont 6.000 du côté des troupes du duc de Bretagne François II); que la duchesse Anne était déjà très officiellement mariée et qu'il fallut aux troupes du roi de France mettre le siège devant Rennes pour que la duchesse se soumette, admette sa défaite militaire et se résigne à ce beau mariage d'amour avec Charles VIII. Après quoi son mariage avec le duc d'Autriche fut annulé. Un vrai conte de fée ! Anne de Bretagne s'employa pendant toute sa vie à maintenir l'autonomie de son duché, elle y parvint de son vivant. Après sa mort et le mariage entre sa fille Claude et le futur François 1er, union à laquelle Anne était hostile, des accords furent signés en 1532 à Vannes, avec le Parlement de Bretagne, qui fut maintenu. La Bretagne n'avait plus de ducs en titres, mais un statut particulier et une forme d'autonomie maintenue jusqu'en 1789.

Ce matin M. Adler prit d'autres exemples, dont l'Alsace : en début de  semaine sur France Culture, justement,  j'ai entendu un historien rappeler que Strasbourg, ville libre de l'Empire germanique, fut soumise par les troupes de Louis XIV : les Strasbourgeois avaient le choix entre la famine ou la soumission ! Encore un beau "mariage" ! La Franche-Comté ne fut guère mieux traitée par Louis XIV,  quant aux régions du sud de la France, comme l'Aquitaine, également citées par le chroniqueur, je ne suis pas sûr qu'elles se soient ralliées au panache des rois de France dans la joie et la bonne humeur. Alexandre Adler semble confondre le roman historique français que l'école nous a imposé, avec la réalité historique elle-même. Oui, M. Adler, beaucoup de régions françaises ont été soumises militairement par l'Etat français (monarchique puis républicain). Et quand il y a eu "mariage", comme en Bretagne, il a des allures de mariage forcé. 

Christian Le Meut 

Quelques petites lectures :

- "Histoire de la Bretagne et des Bretons", par Joël Cornette.

- "L'Union de la Bretagne à la France", Skol Vreizh (Morlaix), par Dominique Le Page et Michel Nassiet.

 

12/03/2007

L'UMP et la charte des langues minoritaires : la bonne blague de l'été dernier

Un militant fédéraliste breton a interrogé, l'été dernier,  l'UMP sur la ratification de la Charte européenne des langues minoritaires, charte signée par Jospin en 1998 mais refusée par le Conseil constitutionnel ensuite. Voici la réponse de l'UMP, telle qu'elle figure sur le site du Conseil culturel de Bretagne : 

"Nous sommes alors d’accord sur les positions à adopter en faveur de l’ensemble des langues régionales et sur la nécessité de faire ratifier la Charte des Langues Minoritaires qui est une nécessité pour la préservation de nos traditions et de notre patrimoine culturel. C’est d’ailleurs tout à fait la position de l’UMP qui y travaille et je ferai donc en sorte que votre message soit transmis à Nicolas Sarkozy afin qu’il réalise que ses déclarations d’hier ont sucité une attente de l’ensemble de nos compatriotes tant domiens que bretons ou basques.
Merci encore de nous avoir écrit. Très cordialement,Yann Martin-Chauffier, relations publiques UMP, Siège national."

A l'époque, je commentais ainsi la déclaration de l'UMP : "Rappelez-vous, l'UMP : c'est ce parti ultra majoritaire à l'Assemblée nationale, et au Sénat depuis 2002. Pour ratifier la Charte des langues minoritaires, il faut réunir les deux assemblées en congrès, ce qui a été fait plusieurs fois depuis 2002 mais pas pour modifier l'article instaurant le français comme langue officielle unique de la République, sans aucune mention des langues régionales. L'UMP avait probablement mieux à faire.

Pour modifier la Constitution, il faut une majorité supérieure à la majorité simple mais l'on peut supposer qu'une partie importante de la gauche, et l'UDF, voterait avec l'UMP sur un tel sujet. Alors pourquoi l'avoir laissé de côté ? La France a été épinglée par l'Union européenne pour cette non ratification. L'application de cette charte est obligatoire pour les nouveaux pays adhérents mais la France, pays fondateur, rechigne toujours. L'UMP peut, dès maintenant, obtenir cette ratification, à l'initiative du gouvernement Villepin qui affirme vouloir travailler jusqu'aux prochaines échéances. Il n'est donc pas besoin d'attendre les futures élections.

Alors chiche ?" 

Christian Le Meut  (archives)

05/03/2007

Pays de Redon : Ekoblog

Communiqué de Jean-François Lugué (du pays Redon), qui a attrapé le virus du blog :

"Bon, 'ai succombé moi aussi à la blog-mania ... Je me suis dit que pour faireavancer le schmiliblick ça pouvait être un truc sympa à faire. On verra bien, d'autant que ça peut servir pour faire connaître ses idées àl'occasion d'échéances électorales à venir ...
Alors, vous y trouverez des informations accompagnées assez souvent de réflexions. On y parlera :Pays de Redon, écologie pratique, langue bretonneet gallo, énergie, Bretagne, conflits, rapports Nord-Sud, culture évidemment et sans doute de bien d'autres choses encore... Pour l'instant, il n'y aqu'une douzaine de billets mais tout cela s'enrichira au fil des semaines. J'aurai d'autant plus de plaisir à publier que la communauté des internautesréagira par ses commentaires ... Donc ,n'hésitez pas à réagir, c'est fait pour ça et uniquement pour ça d'ailleurs. En espérant que vous trouverez un peu d'intérêt à cet espace virtuel.
de tchoeur/ a greiz kalon"

http://lugue.ekoblog.eu

22/02/2007

Kenya : "Perak m'eus lakaet barzh ma sonj skrivañ e kikouyou"

medium_Kenya169.3.jpgA wezhoù e lenner skridoù a ziskouezh buhez tud barzh broioù pell, pell bras... Met tost-tre d’ho puhez memestra. Setu ar pezh m’eus sonjet e lenn ur pennad skrid barzh Courrier international d’an triwec’h a viz Genver paseet. Un destenn bet skrivet get Ngugi Wa Thiong’o oa bet troet e galleg ag ar saozneg. Ngugi Wa Thiong’o zo ur skrivagnour brudet bras en e vro, ar Kenya, en Afrika. Abaoe un nebeut bleadeù eñ n'eus kroget da skriv ha da  embann e romantoù e kikouyou, e yezh vamm, ha pas e saozneg, evel ma veze graet getan araok. E levrioù nevez a vez skrivet e kikouyou ha troet war lerc’h getan e saozneg. Ar kikouyou a vez komzet get pemp million a dud e kerbenn Kenya, Nairobi, ha tro dro dezhi.

Araok ne veze ket goulennet get ar skrivagnour perak e skrive eñ e saozneg : bremañ e vez goulennet alies getan perak e skriv e kikouyou... Ar yezhoù kaset get an Europeaned d’an Afrika zo deuet da vout ofisiel, evel ar galleg, ar saozneg, ar portugaleg, ha c’hoazh.

Ha gwelloc'h eo komz saozneg ? 
Bremañ, e Kenya da skouer, desket ‘vez an traoù e saozneg barzh ar skolioù; al lezennoù a vez skrivet e saozneg, hag ar justis a vez roet e saozneg iwez ! Ar re vihan, an dud ar bobl, dirak justis o bro o deus dober a jubennourion, evit treiñ ar pezh a vez lâret e saozneg get ar varnourien en o yezhoù vamm. Hervez ar skrivagnour, ar re zesket, ar pennoù bras, a gav gwelloc’h komz saozneg hag ankoueit o yezh vamm. Gwasoc’h c’hoazh, fier int da vout ankoueit gete o yezh vamm ! Met, mod-se eo bet kollet gete o sevenadur a orin hag o identelezh hervez ar skrivagnour.

Barzh ul levr skrivet getan hag anvet “Dekolonizañ ar spered” (Decolonising the mind), Ngugi Wa Thiong’o a zispleg penaos e veze,  kastizhet ar vugale a gomze o yezhoù a vihan er skol ha skoet warne pa oa eñ, krouadur, araok an indepedans. Penaos e veze lakaet dismegans ha dispriz war yezhoù ar vro. Ar saozneg (pe ar galleg e broioù all) a veze lakaet a dreist d’ar re all, evel ma vehe yezhoù speredekoc’h, yezhoù bravoc’h, modernoc’h, yezhoù an dazont.

"Dekolonizañ hor speredoù ?" 
Razh ar broioù ag Afrika a zo digabestr abaoe hanterkant vloaz bremañ, met n’eo ket chanchet an traoù kement-se hervez Ngugi Wa Thiong’o. Mezh a vez lakaet c’hoazh war ar vugale a gomz yezhoù ag Afika er skolioù. Barzh ar pennad skrid embannet get Courrier International, Ngugi Wa Thiong’o a ziskouezh buhez e vro, Bro Kenya. Met amañ ivez, e Breizh, yezhoù komzet get ar bobl, evel ar brezhoneg hag ar gallaoueg, yezhoù mamm, a veze bet dispriziet get ar re zesket, get ar pennoù bras, lakaet er maez ag ar skolioù; ha tost da vout kollet da vat dre zibaboù politikel graet e penn ar stad... N’omp ket ni en Afrika, met dober hon eus, ni ivez, a “zekoloniziñ” hor speredoù, d'am sonj-me.

Christian Le Meut

17/02/2007

Xavier Grall et "l'impérialisme linguistique..."

medium_grall125.jpgXavier Grall,  poète, romancier, journaliste, est décédé le 11 décembre 1981, il y a 25 ans. Voici une de ses chroniques, parue dans La Vie en 1978.  

"C'est vrai. Je n'écris pas en breton. Je ne parle pas le breton. Beaucoup m'en ont fait le reproche. Je ne connais pas le parler maternel. Mon père n'y tenait pas. Et quand on est gosse, on n'en rajoute pas sur le chapitre.

Aujourd'hui, cette  ignorance me gêne, et parfois m'humilie. Les imbéciles en profitent qui suspectent la sincérité de mes opinions, la profondeur d'une identité longtemps quêtée dans les jours de ma vie, durement, âprement, obstinément. Il n'est jamais trop tard pour bien faire. Air connu ! Eh bien, si ! Cette langue, c'est le lait et le miel du premier âge. On l'apprend mal dans les livres. Elle est le chant du vent, la plainte de la pluie, la semence du blé. Elle est véritablement charnelle. Elle n'est pas le fait des docteurs, elle est concrète et vitale, pour ainsi dire, végétale. Elle est la tige et l'algue. Par dessus tout, elle est musique. Et plus ancienne que la langue française. je la respecte trop pour la baragouiner. Elle ravissait ma mère. Elle claquait, violente, à la gueule des grands chevaux, maniée par des paysans pareils à des seigneurs. Elle gémissait parfois sur les lèvres des vieilles femmes pauvres dans des masures noires. Elle était la culture, d'un peuple fier et méprisé. Mieux qu'une culture, une civilisation. Et cette langue qui ne fut jamais enseignée, il est proprement miraculeux qu'elle soit encore utilisée, qu'elle ait plus de prix que le latin - cette langue morte - et autant de nuances que le grec non pour exprimer toutes les subtilités de l'intelligence mais celles du coeur.

Les impérialismes linguistiques et culturels sont aussi malfaisants que les autres. Ils en sont du reste le prolongement.

Moi, j'aime les peuples dans leurs singularités langagières et autres. Comme ce monde est beau d'avoir plusieurs voix  ! En Europe même, quel bel opéra ! Oui, s'il est défendu de cracher par terre, il est autorisé de parler breton. Et très haut...

(7-IX-1978 - Xavier Grall - Extrait de "Les vents m'ont dit" recueil de chroniques hebdomadaires parues dans La Vie, Ed. Cerf La Vie, 01/1983).

15/02/2007

Levr/livre : "Le dossier FLB"

medium_FLB167.2.jpg"Le dossier FLB, plongée chez les clandestins bretons" a zo bet embannet e miz Gouel Mikael (Here) paseet, get ti embann Coop Breizh. Daou gazetenner, Erwan Chartier hag Alain Cabon o deus aterset tud ag oa bet barzh an FLBioù (meur a unan zo bet). Ul labour sirius graet get kazetennerion a vicher a reiñ ar gaoz d'an dud, hep o barniñ met e klask selaoù ha kompreiñ ar pezh oa barzh pennoù ar re o doa lakaet en o sonj sevel strolladoù kuzhet ha lakaet bombezennoù barzh lec'hioù zo, e Breizh met ivez e Bro C'hall (kastel Versailles, ti ker Belfort...).

Rummadoù zo bet : ar rummad n'doa savet an FLB kentañ (bleadeù 60), ur rummad all er bleadeù 70, unan all er bleadeù 80 ha c'hoazh unan all e fin an ugentved kantved, betek afer Quévert (met den a ouia c'hoazh piv n'eus lakaet ar vombezenn-se laezhet geti ur plac'h a laboure barzh Mac-Do)... Sonjoù dishenvel oa etre an dud : dispac'hourion a gleiz (betek an tu kleiz pellañ); tud a zehoù (betek an tu dehoù pellan ivez). Tud a faote dezhe en em sevel dirak paourentez ar vro er bleadeù 60; tud all a faote dezhe un dispac'h sokial hag an independans; tud arall a stourme kentoc'h evit ar yezh, ha c'hoazh.

Setu ar pezh a zo diskouezhet barzh al levr-se. Traoù a chom kuzhet (ul lod anezhe a zo edan bout barnet c'hoazh), ha plas ar bolis a zo diskouezhet ivez, penaos strolladoù ha taolioù fall a oa bet savet get ar bolis kuzhet he unan (lennit ar pennad da heul) !

Le dossier FLB zo ul levr aes da lenn, a gas danvez a-ziout istor Breizh abaoe daou ugent vloaz. Petra zo bet kaset get stourm an FLB? Karta sevenadurel Breizh, bet sinet get Giscard e 1978 (ha savet war lerc'h a gres dezhi Kuzul sevenadurel Breizh ha Skol Uhel ar vro...) ? N'eo ket aet re bell an traoù get ar feulster e Breizh : echu eo geti, bremañ, war e seblant, abaoe afer Quévert, ha gwelloc'h a-se. Un toull trap eo ar feulster evit stourmoù sort-se (n'eo ket barzh al levr an dra-se, ma sonj din-me eo). Met penaos bout efedus hep ar feulster ? E sevel traoù hon unan, hep gortoz re ag ar re all (war dachenn ar brezhoneg, da skouer). Hag evit stourmoù didaer, difeulst, Gandhi ha Martin Luther King o deus diskouezhet an hent...

En français : Le dossier FLB, plongée chez les clandestins bretons (Ed. Coop Breizh, 20 €) est une enquête journalistique menée par Erwan Chartier et Alain Cabon. Ces deux journalistes ont interrogé des membres du (ou des) Front de Libération de la Bretagne. En effet, plusieurs générations de militants clandestins se sont succédé, depuis le milieu des années 60 jusqu'au début des années 2000. L'affaire de Quévert, où une jeune femme est morte dans l'explosion d'une bombe placée dans le Mac Do où elle travaillait, semble avoir sonné la fin de la violence comme mode d'action politique en Bretagne. Les auteurs rappellent toutefois que les auteurs de cet attentat ne sont toujours pas connus et n'ont pas été condamnés par la Justice.

Les deux journalistes montrent bien la variété des sensibilités politiques des militants, allant de l'extrême gauche à l'extrême droite, et la variété de leurs motivations : contre le sous-développement économique de la Bretagne dans les années 60, pour la révolution sociale et l'indépendance dans les années 70... Ils dévoilent le fonctionnement interne du FLB (sauf pour les affaires les plus récentes). Ils montrent aussi les manipulations policières dont certaines sont désormais établies (lire la note suivante).

Ce livre est un apport important pour l'histoire de la Bretagne contemporaine. Les combats du FLB ont-ils eu des résultats ? Peut-être ont-ils fait évoluer les mentalités, dans les années 60-70 ? La signature de la charte culturelle en 1978, par Giscard, a suscité la création d'instances spécifiques (le Conseil culturel, l'Institut culturel)...

L'arrêt de la violence, depuis l'affaire de Quévert, est une bonne chose (commentaire personnel). La violence est un piège. Heureusement, en Bretagne, elle n'est pas allée trop loin. Mais comment être efficace sans violence ? En construisant par nous-mêmes les changements que nous voulons, sur le terrain de la langue, par exemple. Et pour ce qui concerne les combats non-violents, Gandhi et Martin Luther King ont montré la voie. 

Christian Le Meut