"En 1973, explique Jean Quatremer, lors de leur adhésion, les Irlandais avaient pourtant estimé que l’anglais, parlé par l’ensemble de la population, suffisait amplement. Trente ans plus tard, le gaélique s’est développé et la revendication linguistique, qui va de paire avec l’affirmation nationale, est devenue un fait dans la verte Eire. Dublin a donc exigé, l’année dernière, et obtenu de bénéficier du statut du maltais (la seconde langue officielle, avec l’anglais, de cette minuscule île) lors de l’adhésion de La Valette le 1er mai 2004. Autrement dit, tous les textes officiels devront être traduits dans leur seconde langue nationale irlandaise et les réunions du Conseil, du Parlement, du Comité économique et social, du Comité des Régions, etc, offrir une interprétation de et vers cette langue. Pour la petite histoire, les Vingt-cinq ont appliqué le Règlement du Conseil 1/58 relatif aux langues officielles de l’Union, le premier texte adopté lors de l’installation des institutions à Bruxelles. (...).
Si pour l’instant le Grand Duché du Luxembourg n’a toujours rien demandé pour le luxembourgeois, une langue nationale désormais parlée par l’ensemble de la population aux côtés de l’allemand et du français, les deux langues officielles, il n’en est pas de même de l’Espagne. José Luis Zapatero, le Premier ministre, a demandé que le basque, le catalan et le galicien, qui sont langues officielles sur le territoire de ces provinces autonomes mais aussi reconnues par la Constitution espagnole, jouissent d’un « statut spécial » au sein de l’Union. Déjà, depuis un an, le Comité des Régions fournit une interprétation à partir de ces langues. Le Conseil des ministres s’y est mis cette année : ainsi, en février le ministre catalan de l’éducation qui accompagnait son homologue madrilène, a pu s’exprimer dans sa langue. Mais aucun retour n'est assuré, pour l'instant. Le 3 juillet, Strasbourg a décidé, non sans mal, comme le raconte Gérard Onesta, vice-président vert du Parlement européen, de répondre dans la langue qu'ils emploient aux citoyens espagnols –les frais étant pris en charge par Madrid- et de prévoir des liens sur le site du Parlement vers des sites extérieurs proposant des traductions des textes officiels de l’Union".
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