08/12/2005
L'occitan, langue officielle... en Espagne !
La reconnaissance officielle des langues régionales progresse partout en Europe, mais pas en France, qui continue de ne pas appliquer la charte européenne des langues minoritaires (pourtant signée sous Jospin mais jamais ratifiée). L'occitan est sur le point d'être officialisé... en Espagne, comme l'indique cet article paru sur le site Eurolang.
Montpelhier, mardi 29 novembre 2005; une contribution de Estève Cròs. | |
"Le Parlement catalan a approuvé, il y a peu, un nouveau statut qui ouvre des perspectives très intéressantes pour la langue occitane. La France, loin de s'ouvrir à la diversité culturelle et linguistique à l'intérieur de ses frontières, continue à ne pas vouloir donner une reconnaissance officielle aux langues historiques de son territoire et les minorise chaque jour un peu plus. Huit mille personnes vivent au Val d’Aran, petite vallée occitane des Pyrénées, que l'histoire aura rattachée à la couronne d'Aragon et puis à l'État espagnol, à travers le gouvernement autonome de la Généralité de Catalogne. Récemment, le projet de nouveau statut de la Catalogne a donné une reconnaissance pleine de l’occitan. Non seulement comme langue et officielle du Val d’Aran, (ce qui était déjà le cas depuis 1990 grâce à une loi du Parlement catalan), mais aussi comme langue officielle pour l'ensemble de la Catalogne, soit 6 millions de personnes. Le nouveau statut de Catalogne n'est pas encore approuvé par Madrid, mais personne ne semble remettre en cause le fait que l'occitan devienne une langue constitutionnelle espagnole. L'occitan devrait donc rapidement rejoindre les trois autres langues autonomiques constitutionnelles: le catalan, le basque et le galicien. Cette reconnaissance lui ouvrira très prochainement les portes de l'Europe... De l’autre côté de la frontière administrative,15 millions de personnes vivent dans la « Grande Occitanie », c’est-à-dire celle qui dépend administrativement de l'État français. Loin de cette situation, l'occitan et les autres langues historiques du territoire français pâtissent d'un manque de reconnaissance. Aucune loi à ce jour ne cite l'occitan. La Constitution stipule que la seule langue de la République est le français. Les blocages administratifs sont nombreux pour empêcher la langue d'exister et d'être vue (SNCF, La Poste, Éducation Nationale, justice...) Les responsables politiques, quand ils sont interrogés sur la question des langues dites « régionales », semblent considérer que quelques heures d'enseignement par semaine dispensées dans des conditions difficiles suffisent... et certains défenseurs des langues dénoncent une politique de ghettoïsation des langues par la France." |
16:50 Publié dans Etrebroadel/International, Gwirioù mab den/droits de l'être humain, Politikerezh/Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Bretagne forever !
17/11/2005
Beajoù hir - les grands voyages...
Beajoù hir a blij deoc'h ? Kit da welled blog Gérard Ponthieu, ur c'hazetennour a zo e tond en dro ag an Afrika war ur vag vras spontus (porte containers). Souezhus eo, ha kentelius ouzhpenn.
Les grands voyages vous plaisent ? Allez voir le blog de Gérard Ponthieu, journaliste de retour d'Afrique sur un porte-containers
géant... Etonnant et instructif !
http://gponthieu.blog.lemonde.fr/gponthieu/
22:11 Publié dans Etrebroadel/International | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Bretagne forever !
15/11/2005
Mahmoud Mouhammad Taha : le "Gandhi soudanais"
Et si le message principal de l’islam était la non-violence, l’égalité entre les sexes, une forme de socialisme, l’abolition de la guerre sainte ? C’est ce que soutenait le philosophe soudanais Mahmoud Taha (1908-1985), fondateur des “Frères républicains”, pendu à Khartoum en 1985 par un régime militaire voulant donner des gages aux islamistes.
Le 18 janvier 1985, le penseur musulman Mahmoud Mouhammad Taha est pendu dans une prison de Khartoum pour délit d’opinion et sous la pression des musulmans intégristes. Ancienne colonie britannique, le Soudan, dirigé par le général Nemeyri a adopté en 1983 un code pénal issu de la “Charia”. Les thèses du penseur deviennent passibles de la peine de mort. Il est vrai qu’elles tranchent avec la pensée dominante de l’Islam à cette époque, et encore aujourd’hui.
Mahmoud Taha estime, en effet, qu’il faut distinguer deux époques dans la vie de Mahomet. La première, lorsqu’il vivait à La Mecque (610-622), qui fonde une religion basée sur la responsabilité de l’être humain, et la seconde, dite “période médinoise” (622-632). Chassé de La Mecque, il faillit y être massacré avec ses fidèles, Mahomet se réfugie à Médine. Il se mue alors en chef de guerre et adapte son message spirituel à ce nouveau contexte.
La “seconde mission” de l’islam
Un prêtre jésuite français, Henry Coudray, a étudié la pensée de Taha et s’est rendu en 1973 au Soudan, où il a rencontré Taha et sa communauté des “Frères républicains”. Il présente ainsi l’approche du penseur : pour Taha, “L’islam véritable et définitif, c’est celui de la “seconde mission”, celui qui a été prêché par Mahomet à La Mecque, mais qui a été temporairement supplanté par la prédication de Médine. En effet, lorsque Mahomet a commencé à proclamer son message, il a appelé à la religion parfaite, qui repose sur la responsabilité et la raison de ses membres et fait appel à leur liberté. Mais, à cause de l’impréparation de ses concitoyens et du niveau encore grossier de la civilisation au VIIe siècle, eu égard à un si sublime message, il a été obligé, de rabattre ses ambitions et, pour des raisons pédagogiques, de condescendre au sous-développement culturel et religieux de son époque.
Il prêcha donc alors une religion qui faisait appel à la croyance plus qu’à la connaissance. C’est au niveau de cette première mission que les musulmans ont vécu jusqu’à présent. Mais, désormais, à cause du progrès accompli par l’humanité, le moment est venu de passer à la deuxième mission. Il faut donc abandonner la première Loi (charia) instituée à Médine (...) pour établir la deuxième Loi, qui correspond à l’Islam parfait et qui s’inspire des “racines” de la religion. Ainsi, dans la nouvelle Loi, plus de guerre sainte, ni d’esclavage, ni de capitalisme, ni d’inégalité entre homme et femmes, ni de polygamie, ni de port du voile, ni de séparation des sexes”.
A la question posée par Henry Coudray de savoir s’il était un utopiste, il répondit : “Utopie, si vous voulez, mais utopie réaliste reposant sur une analyse scientifique de la réalité”.
Les “Frères républicains”
Et ces principes, Taha les a mis en application dans les communautés qu’il a créées. Une douzaine existaient à Khartoum en 1973 lors du séjour d’Henry Coudray. Ces “Frères et sœurs républicains” vivaient sous le signe des partage des biens, de la mise en commun d’une partie du salaire, dans des logements séparés mais proches pour pouvoir prier en commun, organiser des soirées de réflexions et préparer les actions militantes visant à faire connaître la pensée de Mahmoud Taha. Celui-ci ne s’est, semble-t-il, jamais engagé sur le terrain électoral.
Ni proche du Parti communiste, dominant à gauche, ni des droites nationalistes ou fondamentalistes, Taha et ses disciples ont pu s’exprimer librement sur les campus et dans les rues jusqu’au début des années 80. Il semble que les Frères républicains avaient une certaine influence sur le monde étudiant.
Lecteur de Darwin
Les lois de l’époque étaient encore sous influence des lois coloniales et le régime de Nemeiry, en place depuis 1969 suite à un coup d’Etat, n’a adopté la charia qu’en 1983 alors qu’il avait doté le Soudan d’une constitution démocratique basée sur les droits de l’Homme, en 1973.
Mahmoud Taha a goûté de la prison en 1938, durant deux ans, pour s’être opposé au régime colonial britanniques. Il en a profité pour lire Darwin, Marx, Auguste Comte... En 1968, il est condamné par des responsables religieux et, en 1972, l’Académie des recherches islamiques du Caire juge hérétique son principal livre, “La deuxième mission de l’Islam”(1).
Aussi, lors de l’adoption de la Charia comme code pénal en 1983, Taha la conteste, signalant les contradictions entre la Constitution en vigueur et le nouveau code pénal. Arrêté, il est libéré mais continue de contester. La charia est, pour lui, “une insulte au Soudan et à l’Islam”.
Arrêté de nouveau en janvier 1985, avec quatre disciples, il est condamné pour “menées contre le gouvernement”, sentence confirmée en appel. Ses disciples se repentent et ont la vie sauve mais Taha refuse, lui de se rétracter.
Malgré des appel du monde entier, il est pendu le 18 janvier, ses écrits sont condamnés à être brûlés. En avril, un soulèvement populaire renverse Nemeiry...
Une “nouvelle charia” ?
Mahmoud Taha cherchait une nouvelle charia qui, selon Henry Coudray, “correspondrait, en gros, à la Déclaration universelle des droits de l’Homme, en allant encore plus loin sur les questions de non-violence, de respect de la femme, de l’étranger, etc. Il se prononçait contre le port du voile car l’islam, disait-il est pour la liberté".
Mahmoud Mouhammad Taha a été surnommé le “Gandhi soudanais” au moment de sa mort. Comme Gandhi, il a été assassiné, mais, contrairement au Mahatma, sa pensée est tombée dans l’oubli. Elle mériterait d’être mieux connue et reconnue à l’heure actuelle mais aucun de ses livres n’a été traduit en français.
Christian Le Meut
* Texte uniquement en version française.
(1) Mais ce livre a été traduit en anglais. Les sources divergent quant à la date de naissance de Taha : 1908 ou 1916.
20:03 Publié dans Didaerded/Non-violence, Etrebroadel/International, Gwirioù mab den/droits de l'être humain, Istor/Histoire | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : Bretagne forever !
05/11/2005
Asie : les effets d'un tsunami humanitaire
Le collectif Pêche et développement, basé à Lorient, suit de près l’évolution du monde de la pêche artisanale, et notamment la situation en Asie après le tsunami de décembre dernier. Une fois passée le temps de l’aide d’urgence (secours médicaux, accueil des réfugiés sans toit...), vient celui de la reconstruction. Or une aide venant de toute part (intéressée parfois : des Eglises ou des Etats cherchent à s’implanter ainsi), non planifiée, non maîtrisée par le pays d’accueil, peut avoir des effets pervers sur la population et la nature. Par exemple, si le nombre de bateaux de pêche augmente trop, le stock de poissons pêchés va augmenter rapidement et la ressource risque de s’épuiser, elle aussi, rapidement... Témoignage transmis par Pêche et développement :
“Sur la plage de Tharangambadi, ancienne colonie hollandaise au sud de l'Inde, là où le Tsunami du 26 décembre a emporté des enfants, des maisons et des moyens de subsistance, on voit des bateaux en fibre de verre tout neufs à perte de vue. Les noms peints sur les bateaux témoignent de l'étendue de la réponse à l'une des catastrophes naturelles les plus dramatiques : « L'église du Christ d'Oklahoma City », « L'association du Temple indien du New Jersey », « L'école de l'ambassade Américaine de New Delhi » parmi tant d'autres.
A Tharangambadi, ainsi que dans le reste du district de Nagapattinam, où l'on a dénombré les 2/3 des victimes du Tsunami sur le continent indien, le nombre de bateaux de pêche dépasse presque celui des pêcheurs et cela pose de nouveaux problèmes aux communautés traumatisées. « Le nombre de bateaux de pêche est une fois et demie ce qu'il était à l'origine » a déclaré à l'agence Reuters A. Radhakrishan, administrateur en chef du district.
Certains des nouveaux bateaux n'ont pas encore été mis à l'eau. Beaucoup d'autres s'entassent dans les chantiers navals du district – attendant ceux qui n'en ont pas encore reçu. Cette ruée pour remplacer les bateaux de pêche dans les semaines qui ont suivi le Tsunami ayant fait 232 000 victimes dans une douzaine de pays de l'océan Indien – la plupart d'entre elles membres des communautés de pêcheurs – s'expliquait par la volonté de restaurer au plus vite un moyen d'existence pour ces populations. Mais dans certains villages, on manque de personnel pour équiper ces bateaux qui ne sont pas tous en état de naviguer.
Un inspecteur de la FAO, détaché en Indonésie sur les sites du Tsunami, a été témoin du lancement de bateaux offerts par les donateurs qui ont sombré au bout d'une demi-heure. La même chose s'est produite à Hut Bay sur la petite île indienne d'Adaman en juillet. « Tout le monde veut construire des bateaux parce qu'on leur a donné de l'argent pour cela » dit Lahsen Abadouch de la FAO à Sydney.
Les grands bateaux en forme de canoë que l'on trouve en général autour de l'océan Indien ont besoin d'au moins 5 hommes pour travailler avec efficacité. Maintenant qu'un grand nombre de pêcheurs possèdent leur propre bateau, très peu de gens acceptent de travailler pour leur voisin”.
Source : Bill Tarrant (Reuters), extrait d' Alert News d'ICSF, traduit par Danièle Le Sann (Pêche et Développement).
08:30 Publié dans Etrebroadel/International, Politikerezh/Politique | Lien permanent | Commentaires (1)
04/11/2005
Rosa Parks
Marv eo Rosa Parks n'eus ket pell zo; ma faota deoc'h gouzout un tammig muioc'h a ziouti, sellit doc'h
www.rosaparks.org
Ur pennad skrid a feson zo war al lec'hienn internet Grioo.com :
http://grioo.com/info5692.html
Rosa Parks est décédé il y a quelques jours; deux sites internet présentent cette femme courageuse qui a déclenché le mouvement des droits civiques aux Etats-Unis.
29/10/2005
Quel développement durable pour les langues de la planète ?
L’expression “développement durable” fait florès, mais il est surprenant de constater que la question des cultures et les langues ne semble pas être intégrées dans cette dynamique, en tout cas en France. Pourquoi ne pas envisager un “développement durable des langues” dans le but de sauvegarder la diversité linguistique et culturelle mondiale comme le soulignent, un livre remarquable paru en 2003, “Ces langues, ces voix qui s’effacent”, Daniel Nettel, anthropologue, et Suzanne Romaine, professeur d’anglais à Oxford (ed. Autrement).
Environ 6.000 langues sont parlées actuellement dans le monde, et la moitié risque de disparaître durant ce siècle. En australie “90 % des langues aborigènes sont proches de l’extinction”, et c’est aussi le cas de beaucoup de langues amérindiennes. Les zones de grandes diversité linguistique correspondent aux zones de grande biodiversité, constatent les auteurs mais “la disparition des langues semble refléter l’effondrement général des écosystèmes dans le monde”... Imposer à une population de changer de langue est, de ce point de vue, un crime culturel que certains textes fondamentaux sur les droits de l’Homme définissent clairement.
“L’importance culturelle du poisson”
“Le vocabulaire d’une langue est l’inventaire de tout ce dont une culture parle et de ce qu’elle a classifié afin de donner un sens au monde et de survivre dans un écosystème local. Ainsi, l’importance économique et culturelle du poisson se reflète dans les langues océaniques du Pacifique” (p. 65) notent les auteurs.
“Le savoir scientifique occidental sur la gestion des ressources marines, par exemple, est toujours très faible. La gestion des ressources est particulièrement difficile sous les tropiques, en raison de la grande diversité des fonds marins et de la multitude de formes de vie qui s’y trouvent” (...) “Malheureusement, à cause de l’influence de la technologie occidentale sur les pratiques de pêche traditionnelles dans les communautés des petits atolls, de nombreuses zones coralliennes du Pacifique subissent une pêche intensive, tandis que d’autres ne sont pas du tout utilisées. En outre, la connaissance détaillée des insulaires de leur environnement, essentielle à leur autosuffisance, a été érodée par l’introduction de l’éducation occidentale et de l’économie de marché.
Une connaissance approfondie des milieux
Jusqu’à récemment, les habitants de l’île de Kapingaramangi (Micronésie) pratiquaient des techniques de pêche sur plus de 200 espèces de poissons, aucune d’entre elle n’étant exploitée au point d’être menacée d’extinction.” Selon les auteurs, les techniques de pêche traditionnelle s’avéraient souvent supérieure aux techniques introduites. Certains types d’organisation sociale permettaient la préservation des espèces (zones de pêche interdite)...
“Les pêcheurs traditionnels, en particulier sur les petits îles où les gens dépendent toujours de la mer pour leur nourriture, constituent toujours de riches sources d’information, inconnues des scientifiques occidentaux. Des siècles avant l’apparition des biologistes, les habitants du Palau savaient que certains types de vibration pouvaient être utilisés pour attirer les requins. Les concombres de mer, par exemple, étaient traditionnellement utilisés en Océanie comme poison pour les poissons, mais les biologistes n’ont établie leur toxicité que dans les années 1950”. Les auteurs citent de nombreux autres exemples de connaissances véhiculées par les langues, notamment pour définir les différents stades de croissance de chaque espèce de poisson... Or ces savoirs risquent de disparaître avec ces langues. Les auteurs pointent également la recherche scientifique occidentale, peut portée sur l’étude des savoirs ancestraux. Ces savoirs pourraient, pourtant, apporter de nouvelles connaissances, voire de nouveaux outils d’analyse.
L’écologie des langues
“La langue fait partie d’une écologie complexe qui doit être protégée pour maintenir la biodiversité” soutiennent les auteurs qui constatent également que “La différence linguistique condamne l’Autre à être le sauvage” (p. 63). Un complexe colonial demeure, en effet, entre les langues dites “indigènes”, d’une part, et les langues colonisatrices d’autre part (anglais, français, espagnol...), qui jouissent d’un prestige culturel et d’un poids économique toujours très fort. Chaque année, des dizaines de langues meurent. Ce sont des outils de connaissances et des biens précieux de l’humanité qui disparaissent ainsi.
Christian Le Meut
Ces langues, ces voix qui s'effacent, D. Nettel, S. Romaine, Ed. Autrement, 19 €.
08:35 Publié dans Brezhoneg/Langue bretonne, Etrebroadel/International, Gwirioù mab den/droits de l'être humain, Levrioù/Livres/BT/BD | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Bretagne forever !
27/10/2005
Le Lay, Katrina, ar Gajuned hag ar Vretoned
E penn kentañ miz Gwengolo an aotrou Le Lay, pennrener TF1, n’doa lâret traoù kriz a ziout Bro Frans hag ar pezh graet geti a enep d’ar brezhoneg. “Génocide culturel” eme ar paotr Le Lay. Goude se, ur bern tud n’eus reskontet dezhan, barzh kazetennoù zo pe war internet. Me, m’eus lâret amañ e sonjen oa aet Patrick Le Lay un tammig re bell e komz ag ur “genocide”. Un “ethnocide” a zo bet graet e Breizh a enep d’ur yezh, met pas ur “genocide” a enep d’ur bobl, e klask lazhiñ razh an dud. Un difor bras eo, memestra. Traoù all zo bet lâret a ziar benn Le Lay : “communautarisme”, “broadelour”, “nationaliste”, ha c’hoazh. Tabut zo bet un tammig... Met piv zo deuet amañ, e Breizh, da wellet an traoù ? Labour ar gazetennerion zo da vonet da wellet “war an dachenn” ar pezh zo gwir hag ar pezh zo gaou... Netra. Gwellet m’eus netra; enklask ebet. Kazetenner ebet deuet da wellet amañ e Breizh mard oa faos pe pas ar pezh lâret get Patrick Le Lay. Petra eo labour ar gazetennerion ma n’eo ket da glask gouiet ar wirionez ? Un den brudet bras, ur penn bras a lâr traoù ken kriz ha den ebet a glask da ouiet pelloc’h ? Souezhus, n’eo ket ?...
Digarezioù a villiadoù
Tud zo a lâr n’heller ket selaou ar paotr Le Lay e komz ag ar sevenadur a gaos ma z’eus berped programmoù sot war TF1... Marteze. Tud all a lâr emañ Le Lay ur “broadelour”, ha ne vehe ket dereat, jaojapl, selaou ur den get sonjoù evel-se ... Marteze. Ha ma ne vehe digarezioù ? Digarezioù evit nompass monet pelloc’h ? Digarezioù evit nompass digoriñ an daoulagad war tud dishenvel ? Evit nompass gwellout ar wirionez evel m’emañ ? Daou vloaz zo e oamp ugent mill war straedoù Roazhon evit goulenn get ar Stad ur statut ofisiel evit ar brezhoneg hag ar yezhoù rannvroel all. N’omp ket bet selaouet; reportaj ebet war an tele. Traoù pouesusoc’h, siriusoc’h, oa d’ar c’houlz se, evel ar brezel en Irak... Bremañ, ne faota ket da tud ag ar mediaioù, selaoù Le Lay, ne vehe ket un den sirius. Penaos gober, neuze, evit bout selaouet ? Evit lakaat stad Bro C’hall hag e lezennoù ken pounner da vourjal ?
New Orleans pe Nouvelles Orléans ? Un "ethnocide" e Louisiane
Ma faota d’ar gazetennerion a Baris komprein ar ger “ethnocide”, ne ket ret dezhe dont amañ. Bez zo lec’hioù all, pelloc’h, exotikoc’h, evit gwellout un "ethnocide"... En Nouvelle Orléans, da skouer. Beuzet eo bet ar-dro mill daou gant den du hont n’eus ket pell. Met beuzet eo bet ivez, aboae kant vloaz, ar galleg get ar saozneg...
Ker Nouvelles Orléans oa bet savet, krouet, get Fransizion, tri c’hant vloaz zo... Ha chom a ra daou gant mill den a gomz galleg e Louisiane, met kentoc’h war er maezioù hag e kerioù bihannoc’h ... Klewet peus c’hwi komz galleg e ker Nouvelles Orléans barz ar reportajoù gwellet ganeoc’h war an tele da vare ar gorventenn Katrina ? Me, m’eus klewet galleg ebet, nemet anvioù karterioù zo (“quartier français”)... E Lousiane e oa bet difenet dre lezennoù komz galleg ha deskiñ galleg er skol. Lakaet oa bet mezh war an dud a gomze galleg, yezh ar Blouked oa, hervez an tud a oa e penn ar vro ! Saoznegerion anezhe...
Echu eo abaoe daou ugent vloaz bremañ get al lezennoù fall se. Skolioù zo bet savet evit deskiñ galleg dre “soubidigezh”, evel skolioù Diwan amañ. Met kazi razh an dud hiriv an deiz a gomz saozneg, pe spagnoleg, e ker “New Orleans”. N’eo ket doc’h ar c’hiz komz galleg. Echu eo get ar galleg du-hont evel amañ, tost echu eo ar brezhoneg e straedoù ker An Oriant pe Gwened... Setu, pal un ethnocide : lazhiñ ur yezh. Amañ, ar brezhoneg; e Louisiane, ar galleg. N’eus difor ebet, benn ar fin. Ar galleg hag ar brezhoneg zo c’hoarezed dirak an “ethnosidoù”...
Ar Gajuned (pennad skrivet e miz Genver 2004)
Ar sul kentan ag ar bloazh man m’eus klevet un abadenn a feson war France Inter a ziout ur yezh rannvroel ha n’eo ket ar yezh se ar yezh ofisiel en he bro. Komzet e vez abaoe kantvedoù met kollet e vez tamm ha tamm. Lakaet eo bet an dispriz warni get ar stad, er skolioù, ha c’hoazh. Plouked oa ar re a gomze ar parlant se. Hiriv an deiz ar re yuvank o deus ankoueit yezh o zud kozh, ha gomz a reont ar yezh ofisiel hepken... Tud kozh a lâre da France Inter a oa kounnaret anezhe e wellet stad o yezh a vihannig...
Sonjet m’eus oa a bouez an abadenn se evit diskouez d’ar selaouerien penaos eo an traoù evit ar yezhoù en arvar, ar yezhoù hep statut ofisiel, evel ar brezhoneg e Frans, laakomp... Met ne oa ket un abadenn war ar brezhoneg, pe an okitaneg, pe an euskarreg, ha c’hoaz... Komprenet peus marteze, oa an abadenn radio se a ziout ar galleg e Bro Lousiane, bro ar Gajuned ! Fall bras eo stad ar galleg du-hont. Bez ez eus tud yaouank a faota dezhe deskiñ Kajuneg, met desket e vez kentoc’h ar galleg ofisiel... Ha, geti, diaes eo d’en em gompreñ get ar re gozh a gomz c’hoazh kajuneg !
Pegoulz vo graet abadennoù war France Inter war ar yezhoù rannvroel en arvar e bro France ? N’ouion ket met, mard eo komprenan mat, interesusoc’h, eo evit ar radio publik se, ar pezh a zo e Bro Louisiane evit ar pezh a zo e Breizh pe Okitania, pe Elzas... “
Christian Le Meut
07:00 Publié dans Breizh/Bretagne, Brezhoneg/Langue bretonne, Etrebroadel/International, Galleg/français, Kazetennerezh/journalisme | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Bretagne forever !
26/10/2005
Immigration : l'Europe forteresse va droit dans le mur de la honte
Appel à signatures à l'initiative de l'AEDH, FIDH, LDH France, LDH Belgique, APDHA
"Tous les jours, des migrants venus d'Afrique meurent aux frontières de l'Europe pour avoir eu l’audace de croire qu’ils pourraient y vivre en paix et dans la dignité.
A Ceuta, à Melilla, la situation a atteint un seuil intolérable : un mur de barbelés se dresse entre l'Union européenne et l'Afrique et on n’hésite pas à tirer, quitte à tuer, pour empêcher qu’il soit franchi.
Au Maroc même, une véritable chasse s’est organisée. Des enfants, des femmes, des hommes, assoiffés, affamés, sont traqués et abandonnés en plein désert.
Est-il tolérable que l'Union européenne renie ainsi son obligation morale d’au moins entendre la demande de ceux qui viennent chercher asile ? Comment un tel traitement est-il possible ? Comment, au prétexte de réguler des flux migratoires, la politique de l'Union européenne peut-elle conduire l'Espagne à fermer ses frontières, en érigeant un mur comme si elle était assiégée par un ennemi redoutable ? Comment l'Union européenne ose-t-elle décharger ses responsabilités sur des « États tampons », en l’espèce le Maroc qu’elle laisse, sans réagir, envoyer des migrants à la mort ? Pour tenter de pénétrer sur le territoire de l'Union européenne, ils ont parcouru à pied des centaines de kilomètres, au risque de leur unique bien qui est la vie. Est-il acceptable que ceux qui fuient la pauvreté, la guerre et les conflits politiques ne trouvent comme réponse que la répression, voire la mort, quand ils tentent, dans un suprême sursaut collectif, de franchir un mur de barbelés qui se dresse entre eux et la liberté ?
Cette situation, aussi absurde qu’inhumaine, qui donne une telle image de l'Europe et que montrent quotidiennement les télévisions, doit cesser.
Aujourd’hui, nous appelons solennellement :
- Le gouvernement espagnol, les gouvernements des États de l'Union et la Commission européenne,
à en finir avec ces atteintes massives et répétées aux droits de l'Homme, conséquence d’une politique migratoire de fermeture et d’externalisation qui ne mène qu’à l’impasse et à la violence ;
- Le gouvernement marocain,
à cesser ses pratiques mortelles à l’égard de ceux qui transitent sur son territoire dans le seul but de trouver en Europe une réponse à leur misère ;
- L'Union européenne
à mettre en œuvre, sans tarder, une politique véritable d’asile et d’immigration, respectueuse des droits, de l’intégrité physique et de la dignité des personnes.
Les migrants, aussi, ont le droit d’être traités dans le respect des conventions internationales : les droits de l'Homme ne se divisent pas, ils s’appliquent à tous.
Paris, le 13 octobre 2005"
Pour signer cet appel, envoyer un courrier à :
- l’Association européenne pour la défense des droits de l’Homme : fidh_ae@yahoo.fr
19/10/2005
Ils ne tuent pas en mon nom !
Les soldats espagnols et marocains qui ont tiré sur des immigrants, qui en ont tué certains, blessé et tabassé d’autres, passeront-ils en procès ? Probablement pas car ils ont, je présume, obéi aux ordres. Alors leurs supérieurs seront-ils jugés ? Et les ministres responsables, en Espagne, au Maroc ?
Des soldats d’armées régulières tirent sur des hommes désarmés qui ne les menacent pas, qui ne menacent personne mais cherchent à forcer un passage pour espérer gagner l’Europe, et aucune suite judiciaire n’est envisagée ? C’est donc que la guerre est vraiment déclarée ?
Qu’il est normal de tuer sans avoir à répondre de ses actes ?
Que vouloir passer clandestinement en Europe est passible de la peine de mort ?
Allons-nous ressortir l’huile bouillante pour la lancer sur les assaillants ?
En sommes-nous arrivés là ?
Car la barbarie, ces temps-ci, n’est pas du côté de ces hommes qui tentent de venir travailler chez nous pour nourrir les leurs. Mais de nôtre côté. L’Afrique nous est trop souvent montrée comme le théâtre de guerres, de famines, de misère... Mais qui fait la guerre ? Nous, Européens. Des soldats tuent pour empêcher des immigrants d’entrer en Europe et nous, tranquillement, laissons faire. Et les survivants, on les lâche dans le désert sans eau ! Après la fusillade, la torture par la soif !
Ces crimes là ne relèveraient-ils pas du Tribunal pénal international ?
Je veux dire aujourd’hui que ces soldats qui ont tiré, et parmi eux des soldats de l’armée d’Espagne, donc des soldats européens; que ces soldats donc, je condamne leur acte. Je demande que les responsables civils et militaires de ces meurtres rendent compte devant la justice.
Moi, citoyen européen, ils ne me défendent pas. Ils m’agressent, au contraire, en tuant des hommes désarmés. Ils me font honte. Ils me révoltent. Ils ne protègent pas l’Europe ni ses citoyens mais ils appliquent d’une certaine manière -violente- une politique décidée par des gouvernements européens; ce n’est pas la même chose.
Ils foulent aux pieds, ainsi, les valeurs sur lesquelles l’Europe devrait se fonder. Les valeurs de respect de la personne humaine et d'Etat de droit, en premier lieu.
Si nous croyons, nous, Européens, que ces soldats protègent nos intérêts, nous nous trompons complètement. Les lignes Maginot, les grandes murailles de Chine, ne sont que des fantasmes trompeurs, elles n’assurent pas la sécurité, bien au contraire, elles engendrent la violence et la guerre car elles nous empêchent de voir plus loin.
Le monde aujourd’hui est suffisamment prospère pour nourrir tous les êtres humains. Pour les scolariser, les soigner, permettre leur épanouissement. La source de la violence actuelle, c’est l’absence de démocratie et de respect réel des droits de l’Homme, c’est la répartition inégale des richesses et l’accaparement des ressources mondiales par des minorités de plus en plus riches. Ce sont ces fortunes là, que nos lignes Maginot protègent, pas les citoyennes et citoyens européens.
Notre intérêt à nous, simples citoyens, est, au contraire, de faire tomber les murailles et de construire des solidarités. D’ouvrir les portes.
Non, décidément non, ces militaires n’ont pas tué en mon nom.
Christian Le Meut
11/10/2005
Accueillir l’étranger ou périr avec lui
Ils ont tiré. Ils ont tiré à balles réelles sur des personnes désarmées qui tentaient de forcer un barrage mais ne menaçaient personne. Des soldats espagnols et marocains ont tiré. La guerre économique montre ainsi son vrai visage. Elle tue à coup de fusils ceux qui réclament leur seul droit de survie. Jean-Marie Fardeau exprime sa colère, qui est aussi la mienne, dans un texte que vient de publier l'hebdo Témoignage Chrétien.
"Certains jours, la révolte monte en nous. A deux reprises, des militaires, marocains et espagnols - mais leur nationalité importe peu - ont tué des Africains cherchant à se rendre en Europe. L’Espagne expulse ceux qui sont entrés vers le Maroc où ils sont expédiés sans secours dans le désert. On tue donc aujourd’hui des hommes non armés parce qu’ils tentent de franchir la frontière entre l’Europe et l’Afrique ! Révoltant, inacceptable !
Notre société, dans sa grande majorité, assiste à ces assassinats pourtant médiatisés sans réagir. Un cran de plus est franchi dans notre échelle de tolérance. Déjà, l’opinion s’habitue à des expulsions musclées ou aux conditions « d’accueil » lamentables dans la zone internationale de l’aéroport de Roissy. Faudra-t-il qu’un Français sans papiers soit abattu aux Etats-Unis pour que nous nous posions quelques questions sur le lien indispensable entre immigration et droits de l’Homme ?
Ne succombons pas aux sirènes des prophètes de la déferlante migratoire s’abattant sur notre belle Europe !
Primo, « toute la misère du monde » (n’oublions pas qu’il s’agit tout simplement d’êtres humains) n’a pas l’intention de venir en Europe car l’immense majorité ne souhaite pas émigrer et se débrouille tant bien que mal pour survivre au sein de leur propre société. Y aurait-il des millions de Maliens, de Congolais, d’Ivoiriens aux portes de l’Europe ? Non, ceci est un fantasme soigneusement entretenu pour justifier des méthodes militaro-policières qui tiennent lieu aujourd’hui de politique à l’égard des étrangers « pauvres ».
Secundo, ces quelques dizaines de milliers de personnes qui cherchent chaque année à passer d’Afrique en Europe de manière clandestine, n’avons-nous pas les moyens de les accueillir dignement ? Et si, en dernier recours, un retour au pays est décidé, il doit avoir lieu dans des conditions conformes aux droits humains.
Tertio, il ne s’agit pas de nous protéger de la « misère du monde », mais de se donner les moyens de la résoudre. La solution n’est pas une Europe retranchée dans un égoïsme aux relents racistes derrière tranchées et barbelés, et des dispositifs de surveillance sophistiqués qui engloutissent une partie de l’aide au développement.
La solution n’est pas de confier hypocritement le « sale boulot » à l’armée marocaine, ou, comme certains l’envisagent, d’ouvrir des camps pour migrants en Libye ou en Ukraine, où nous viendrions choisir, comme au marché aux esclaves de l’empire romain, les étrangers « utiles ». La mesure est encore jugée choquante par certains pays européens. Pour combien de temps ?
Nous devons assumer le monde dans lequel nous vivons. Il est déséquilibré, inégalitaire, injuste. L’histoire a placé des populations dans des situations de grande précarité. Certains essaient de tenter leur chance dans des pays où ils n’ont pas le droit d’aller. Cessons de leur tirer dessus ! Quel est leur crime ? Etre pauvre ? Etre Africain ? Etre sans papiers ? Etre victimes de passeurs mafieux ? Ne pas être capable de jouer immédiatement en en équipe de France de football ? Ne pas répondre aux « besoins » de nos pays ? L’Europe doit s’organiser autrement. Contrôle aux frontières, sans doute, mais en recevant les gens, en respectant leur dignité et leur humanité. Et surtout, mettre en place des possibilités d’allers-retours en Europe pour y travailler pendant de courts séjours, afin de proposer une alternative au dilemme entre misère au pays et clandestinité en Europe.
Des milliers d’Africains sont probablement déjà morts en Méditerranée et dans le Sahara au cours de ces dernières années. Victimes de la misère, victimes de notre indifférence. Une société qui ne sait accueillir l’étranger, qui le tue brutalement ou à petit feu, périra elle aussi à son tour.
Et puis, au fait, si demain l’étranger c’était nous ?
Jean-Marie Fardeau
Secrétaire général du CCFD
(Article paru dans Témoignage Chrétien du 10 octobre)
10/10/2005
Cauchemar de Darwin : conférences à Douarnenez et Paris
Un documentaire remarquable, "Le cauchemar de Darwin", passe encore en salle. Ce reportage montre la vie quotidienne des habitants de la ville de Mwansa, sur les rives du lac Victoria. L'introduction de la perche du Nil par des pêcheurs britanniques amateurs, friands de ce poisson, a complètement bouleversé l'équilibre écologique du lac et la vie économique de la région. La perche est devenue un produit d'exportation massif mais les autres espèces, qui nourrissaient la population, ont presque disparu. Le témoignage ci-dessous complète celui du film. Il est paru dans le bulletin Pêche et développement, fin 2003. Catherine Lozac’h et Didier Le Pallec, deux journalistes bretons, ont traversé l’Afrique d’Alexandrie au Cap pendant l'été 2003, en train et en bus. Leur traversée passait par l’Ouganda où ils ont rencontré des pêcheurs artisans et l’Association de femmes de pêcheurs.
“Dès le lendemain de notre arrivée nous avons appelé et avons été très bien accueillis” soulignent Didier et Catherine. L’association, très structurée, a été créée il y a une dizaine d’années et a des bureaux à Kampala.
Ils se sont rendus en minibus au port de Katosi, sur le lac Victoria à deux heures de route et de piste de Kampala, où est implantée l’association. Ils y ont passé quatre jours.
Katosi compte “quelques milliers d’habitants” répartis sur un vaste territoire mais avec un port-village. Tous les pêcheurs ne sont pas là en permanence, certains vivent sur des îles parce que les poissons sont assez loin du rivages “depuis que la perche du Nil a éradiqué les espèces locales” note Catherine Lozac’h. De petites îles servent ainsi que camps de base. “Il y a deux types de bateaux dans le village, explique-t-elle. “D’une part les pirogues qui servent à la pêche et d’autre part, les pirogues couvertes qui viennent chercher la pêche”.
Six kilomètres de filets
“Les pirogues, nous en avons vues une vingtaine à Katosi, sont toutes motorisées, ce qui est d’ailleurs un problème parce qu’il faut pêcher suffisamment pour que cela soit rentable : payer l’essence, réparer le moteur. Mais un petit atelier mécanique s’est créé avec quelques hommes qui travaillent. Ce ne sont pas des pirogues creusées dans des troncs d’arbres, mais en planche. Elles doivent bien faire dix mètres de long. Nous avons embarqué une nuit avec deux jeunes pêcheurs, l’un de vingt ans environ, Freddy, l’autre de 15-16 ans, Richard. Généralement, ils pêchent à deux. Ils embarquent six kilomètres de filets. 60 filets de cent mètres qui sont reliés les uns aux autres. Cela fait une bande de filets droit à mailles assez larges qu’ils mouillent dans le lac à la tombée de la nuit et qu’ils commencent à relever en milieu de nuit pour avoir fini au petit matin. Ils pêchent la perche du Nil, il n’y quasiment plus que cela, et le tilapia. Mais nous ne sommes pas parvenus à identifier ce poisson parce que, quand nous sommes allés en bord de mer dans d’autres pays, un poisson s’appelle également le tilapia. Cela ressemble à un nom un peu générique.
Nous avons quitté la plage à 16h30.
Nous avons fait près de deux heures de navigation puis Freddy, le patron, a mouillé les six kilomètres de filet. Richard, le plus jeune, était au moteur, et Freddy mouillait le filet, puis ils ont inversé les rôles. Une fois le filet mouillé, nous sommes retournés sur la bouée de départ du filet. Il était près de 19h, il allait faire nuit, nous avons mangé. Ils ont récupéré des planches qui étaient dans fond du bateau, les ont mis en travers pour faire des lits, avec une natte en bambou par dessus. Nous avions un peu peur du froid et des moustiques mais, finalement, cela a été. Vers une heure du matin, tout le monde debout : ils ont remonté chacun trois km de filet. Ils ont fini au lever du jour, puis on est retourné sur la plage. Cétait grandiose. On n’a pas l’impression d’être en mer, car il y a des îles un peu partout, mais on a vraiment l’impression d’être sur bateau fragile, sans lumières... D’autres pirogues étaient dans les parages. En une nuit les deux pêcheurs ont pris huit perches... Ce qui couvrent à peine les frais.
Les pêcheurs sont payés au pourcentage sur la vente. Mais la pêche n’est pas toujours aussi mauvaise, il y a aussi des histoires de saison, nous sommes tombés dans la plus mauvaise”.
Didier Le Pallec note, quant à lui, l’ingéniosité des pêcheurs: “Tout est récupéré : le lest est fait à partir de petits sachets plastic de lait, qui est vendu sous cette forme en Ouganda et dans beaucoup de pays africains. Le sachet est récupéré ensuite, rempli de sable, bien fermé, attaché, et cela fait du lest. Pour les flotteurs, c’est le même type de sachet, mais avec du liège dedans. Tout les bidons sont réutilisés pour servir de bouées de marquage des filets”.
Une pêche industrielle sur le lac
Les deux journalistes continuent leur description de la pêche artisanale à Katosi : “L’autre type de bateau présent à Katosi, ce sont des pirogues couvertes, des bateaux frigos avec de la glace à bord (mais sans système de réfrigération) qui viennent chercher les poissons sur les îles ou au large, et reviennent pour vendre la pêche à Katosi d’où des camions réfrigérés la transporte à Jinja. Dans cette ville, il y a des usines de transformation.
Le poisson est déposé sur la plage (il n’y a pas de jeté) puis mis sur une plate forme en béton où il est déposé, pesé. C’est une sorte de criée couverte, mais sans mur, où les acheteurs viennent se fournir, puis le poisson est chargé dans les camions. Il y a aussi un petit marché local quant les pêcheurs arrivent encore à pêcher du tilapia, ils le vendent par lot à la criée.
Il y a d’autres flottes de pêche, mais qui ne partent pas de Katosi, il s’agit de pêche industrielle, l’équivalent de chalutiers de chez nous, en Bretagne, qui partent surtout de Jinja. Nous avons vu leurs lumières, la nuit, quand nous sommes sortis avec les pêcheurs. Comme ils pêchent beaucoup au large, ils contribuent à la raréfaction de la ressource”.
La perche ou la vie ?
L’introduction de la perche du Nil dans le lac Victoria, il y a une vingtaine d’années, a eu des conséquences graves sur la vie des habitants. “L’association, explique Catherine Lozac’h, s’est créée parce que la situation devenait intenable pour les pêcheurs, les familles crevaient de faim. Il fallait trouver des solutions alternatives pour rester au village, car la solution n’est pas de venir s’entasser dans les faubourgs de Kampala.
“Les femmes sont devenues armateurs. La pêche fournit un revenu aléatoire mais qui a le mérite d’exister et d’être assez facilement accessible. Le bateau sur lequel nous sommes montés appartient à l’association, qui a quatre pirogues en tout. Huit marins travaillent avec elle.
Le but, malgré tout, est de se désengager de la pêche par le biais des revenus qu’elle apporte, car la pêche est trop aléatoire. Donc, avec l’argent qui vient de la pêche, l’association finance des micros projets pour les femmes, une trentaine actuellement, afin qu’elles montent d’autres activités à revenu plus stables. Beaucoup sont seules avec les enfants. Les maris sont, souvent, décédés du sida, d’autres sont partis. Elles ont recueilli des enfants dont les parents sont morts du sida... La volonté de l’association serait d’aller jusqu’à aider une cinquantaine de femmes, mais il faut pouvoir financer”.
“Aucune perche n’est mangée à Katosi”
L’association fait également des formations pour sensibiliser les gens à créer leurs propres activités : l’une de ces femmes, par exemple, était devenue couturière mais a laissé cette activité à sa sœur pour monter un petit commerce d’accastillage. D’autres activités tournent aussi vers l’agriculture : production de vanille, plantations de bananiers, achat d’une vache pour avoir du lait et le vendre. Le lait permet aussi d’améliorer la nourriture fournie aux enfants parce qu’une des conséquences de l’apparition de la perche du Nil, c’est que ce poisson est très demandé à l’exportation (vers le Kenya, l’Europe, le Japon...). Aucune perche n’est mangée à Katosi.
Quand la pêche a été bonne, les femmes ont de l’argent pour acheter de la nourriture mais, si la marée a été mauvaise, pas d’argent... Et il n’y a pas de variété locale de poisson à acheter à un prix raisonnable. Dans le village, la qualité nutritionnel de ce qui est consommé a baissé depuis l’apparition de la perche du Nil. Ils ne mangent que rarement du poisson ! Le lait permet d’apporter un peu de protéine dans l’alimentation de base. L’apparition de la perche a également engendré également la disparition d’une activité traditionnelle des femmes : sécher et fumer le poisson. Comme il part directement à l’export, il n’est plus traité dans le village... Mais nous avons vu des familles qui fumaient encore le poisson dans des fours en terre. Ce poisson fumé est vendu dans le village ou consommé par les familles. Il a l’avantage de pouvoir se conserver en cas de disette...
Chance ou malchance ?
“J’ai l’impression, dit Catherine, que la pêche en Ouganda se divise en deux parties : les petits pêcheurs comme ceux que nous avons vus, qui ne sont pas très organisés et très à la merci des mareyeurs et, de l’autre, une pêche industrielle, très organisée, avec des capitaux qui ne sont généralement pas ougandais”.
L’apparition de la perche est-elle une chance pour l’Ouganda ou non. Outre ses conséquences écologiques (la quasi disparition des autres espèces), l’invasion du lac pour ce poisson carnivore a eu des conséquences sociales et alimentaires évidentes pour les populations locale. Mais, note Catherine et Denis, “elle a également permis la création d’une filière de pêche à l’exportation qui permet de donner du travail à des milliers d’Ougandais”.
L’Ouganda est un Etat également relativement stable dans cette partie de l’Afrique. Didier et Catherine y ont également rencontré des réfugiés d’autres pays. Mais, notent les deux voyageurs, “Kampala est stable : au Nord il y a les bases arrières de la guérilla soudanaise, à l’Ouest la guerre au Congo rend certaines zones dangereuses, et à l’est, vers le Kenya, il y a des conflits tribaux “. Ils ont également trouvé là un pays vert, comme leur Bretagne, “C’est le seul pays vraiment vert que nous ayons traversé en Afrique; c’est magnifique, la végétation y luxuriante, équatoriale”. Mais surtout, ils gardent en souvenir le dynamisme de la population : “C’est un pays pêchu où les gens ne sont pas résignés”.
Christian Le Meut
Pêche et développement : http://wwwpeche-dev.org
08:25 Publié dans Etrebroadel/International, Politikerezh/Politique, Sinema/Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0)
05/10/2005
An Turki en Europa ?
Komzet vez hiriv an deiz ag an Turki. Ar vro se ne vehe ket en Europa, hervez tud zo. Ha perak ta ?
Sonj m’eus ag ur veaj m’eus graet e bro Kosovo, e 1995. Bet oan bet er vro-se, a zo etre Albania ha Serbia, get mignonned din evit en en gavout get tu ag ar vro, Albaned dreist holl. Ur wezh, ni oa bet degemeret en un tiegezh e-lec’h ma veze komzet albaneg get an dud (hag a ouie komz serbeg ivez). Met ar vamm gozh a gomze ur yezh dizhenvel. Goulennet hon eus get he merc’h peseurt yezh oa : turkeg oa, hag honnezh a gomze turkeg ivez... Turkeg e vez komzet en Europa, abaoe pell.
Araok lâret n’emañ ket Bro Turki en Europa, ret eo sonjal ag an istor hag an douaroniezh . An istor da gomans : an Turked zo chomet er broioù balkanik e pad pemp kant vloaz, memestra. N’eo ket netra. An douaroniezh ar lerc’h : hervez tud zo, an Turki n’eo ket en Europa, hag ar Russia ? Al lodenn vrasan ag ar vro-se ‘zo en Azia... Hag, hiriv an deiz, ar Martinik, ar Réunion, ar Guadeloupe a zo en Europa unanvet. Hag an Turki ne vehe ket ?
Emen emañ harzoù Europa ?
Met petra eo an Europa, benn ar fin ? Desket m’eus, eldoc’h-c’hwi marteze, ez eus pemp douar bras, pemp kevandir, er bed : Europa, Azia, Afrika, Amerika hag Australia... Met, hervez ar geriadur galleg Larousse, un “douar bras”, ur “c’hevandir, zo un douar “e c’hellomp treuziñ war droad hep tremen dre mor ebed”. Amerika, Afrika hag Australia zo douareoù bras da vat e c’hellomp treuziñ anezhe war droad... Met Europa ? Emen eman harzoù Europa ? N’eus ket, nemet ar mor Mediterranée marteze, d’ar c’hreisteiz. Met, war zu ar reter, harzoù ebed. Tu zo monet a Vrest betek Pekin, Vladivostok, Hanoï, Singapour war droad pe get an treiñ, hep tremen dre vor ebet... “Eurazia” e vez graet ag an douar bras-se e levrioù zo. Hag ar wirionez zo gete. An Europa n’eo ket un douar bras.
Hervez ar pezh m’eus desket ar mennezhioù Oural ha Kaukaze vehe harzoù Europa : perak an Oural hag ar C’haukaze ? Perak pas ar Pireneoù pe an Alpoù ? Hervez an harzoù se an Tchétchénie emañ en Europa ha pas ar Georgie, nag an Arménie... Ne dalvont ket netra an harzoù se, da ma sonj-me.
Met perak o deus lakaet, hon gourdadeù, harzoù faos evel se ? An Europeaned o deus sonjet, e pad pell, oa an Europa e kreiz ar bed. Ne faote ket dezhe marteze bout keijet, mesket, get pobloù a Vro Sina pe a Vro India, heretik anezhe ouzhpenn !
Ar relijion ?
Ha, neuze, petra eo an Europa mard n’eo ket un douar bras ? Ul lodenn ag ar bed get un istor hag ur sevenadur da vat ? N’eo ket sur. Istor Finland hag hani bro Spagn pe Gresia zo dishenvel bras. Ar yezhoù ivez zo dishenvel bras. Petra a chom ? Ar relijion ? Gwir eo, kristenion a orin int, tud a chom en Europa, dreist holl, abaoe pell : met katoliked d'an tu, protestanted d'an tu all, pe ortodoxed c'hoazh, ha katared gwezhall... Met n’eo ket trawalc’h, d’am sonj. Protestanted ha katoliked a zo kristenion anezhe, hag o deus en em gannet meur a wezh, en Iwerzhon ha Yougoslavia, da skouer...
Met, abaoe hanter c’hant vloaz breman, Europa zo ul lec’h hag un dra resis : stadoù a labour asambles evit bout krenvoc’h. Ha, tamm ha tamm, kresket he deus Europa unanet. Get lezennoù evit ober war dro an ekonomiezh, diwall doc’h an natur, doc’h gwirioù mab den, gwirioù ar merc’hed, ar pobloù ha sevenadurioù "bihan", ha c’hoazh. Ur raktress politikel eo, benn ar fin, Europa. Ha, mard int a-du an Turked da respetiñ lezennoù Europa, perak ne vehent ket degemeret en Europa unanet a benn dek pe ugent vloaz ? Labour zo gete c’hoazh evit lakaat o pro da vout un demokratelezh da vat... Sur eo, ha plas an arme ‘zo re vras c’hoazh er vro-se...
Met, mard a ya araok an Turki war an tachennoù- se, perak nompass degemer ar vro-se en Europa un deiz bennak ?
Christian Le Meut
08:58 Publié dans Etrebroadel/International, Politikerezh/Politique | Lien permanent | Commentaires (0)