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27/11/2006

Résister au génocide : l'histoire d'un Juste

medium_Justes127.jpg"Les Justes" sont des personnes non-juives ayant sauvé des Juifs au péril de leur vie pendant la Seconde guerre mondiale. Ils sont recensés et honorés par la fondation Yad Vashem (Jérusalem). La France en compte plusieurs milliers. Le numéro de novembre de la revue pour enfants Je lis des histoires vraies (8-12 ans) raconte comment deux habitants d'un immeuble de Belleville, à Paris, cherchèrent à sauver leurs voisins, la famille Krolik, menacée d'être raflée. L'un d'eux, Maurice Arnoult, cordonnier, emmène tout d'abord l'aîné des enfants, Joël Krolik, chez son père, cordonnier en province, le faisant passer pour son neveu, en espérant faire suivre deux autres enfants la semaine suivante... En vain. A son retour la voisine, Mme Cubaynes, lui apprend que la famille a été raflée.

L'histoire est racontée en bande dessinée et en photos car les Joël Krolik et Maurice Arnoult sont encore vivants et témoignent : "J'ai aujourd'hui 98 ans", dit M. Arnoult. "Pendant la guerre, j'ai sauvé Joël sans savoir que j'étais un "héros". "Ce court récit réussit à rendre compte de l'antisémitisme de cette époque et du génocide sans enfermer les enfants dans l'horreur. Au contraire il les invite à découvrir la solidarité d'un quartier ouvrier." estime le site internet le Café pédagogique. Je lis des histoires vraies propose des pistes pour approfondir ses connaissances :

http://www.info-presse.fr/fiches/je-lis-histoires_329_gp.htm

http://www.cafepedagogique.net/dossiers/shoah2004/index.php

http://www.cafepedagogique.net/dossiers/shoah06/index.php

Sur les résistances non-violentes, voir le lien (ci-contre) avec le site de Non-Violence Actualité ou un article de Jacques Sémelin sur les résistances non-violentes pendant la Seconde guerre mondiale :

http://www.non-violence-mp.org/la%20nonviolence_fichiers/histresistancesciviles.htm 

24/11/2006

Langues régionales : ressources pédagogiques et... "Semaine de la langue française"

"La douzième "Semaine de la langue française" se déroulera du 10 au 20 mars 2007 et s'intéressera aux liens et aux échanges entre les langues, autour du thème des "mots migrateurs". Organisée par la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF) du ministère de la Culture et de la Communication, en partenariat avec le ministère des Affaires étrangères et avec le ministère de l'Education nationale, de l'enseignement supérieur et de la Recherche, cette Semaine vise à renforcer, fédérer et valoriser un large éventail d'initiatives en direction des publics scolaires. Dix mots ont été retenus pour cette édition : "abricot, amour, bachi-bouzouk, bijou, bizarre, chic, clown, mètre, passe-partout, valser".

De nombreuses animations sont prévues comme "Le voyage des mots" qui s'adresse aux collégiens et aux lycéens. Ils sont invités à produire une oeuvre à partir des 10 mots retenus. Un concours est organisé date limite d'inscription le 7 février).

http://www.education.gouv.fr/bo/2006/39/MENE0602528C.

htmhttp://www.imageimaginaire.com/concours/accueil-concours.htm

L'un des dix mots choisis, "bijou" est "en général considéré comme un emprunt au breton bizoù ("anneau pour le doigt" dérivé de "biz", doigt en français (dictionnaire historique de la langue française Le Robert).

Langues régionales : des ressources pédagogiques
Un portail sur les langues régionales a été créé par le Centre national de documentation pédagogique (et géré par le Scéren, Service culture éditions ressources pour l'Education nationale). On y trouve assez peu de choses sur le breton (des liens surtout), mais des ressources surtout sur l'occitan, le basque, l'alsacien, le catalan, et certaines langues des Dom-Tom (Nouvelle-Calédonie...). Les programmes officiels et accompagnements y figurent ainsi que des sites et dossiers thématiques concernant les classes bilingues et l'enseignement des langues régionales. A la une, deux publications en occitan : un livre de l'élève et un livre de poèmes bilingue avec un cédérom audio.

http://www.cndp.fr/secondaire/langregio/


Source : le Café pédagogique. 

21/08/2006

Du créole au bac dans l'Hexagone ?

 Une pétition circule sur le net pour demander des épreuves du bac en langue créole, comme la loi le prévoit. Les promoteurs de cette pétition estiment à un million le nombre de locuteurs du créole dans l'Hexagone.

"Les langues et cultures créoles sont sources de richesse. Leur rayonnement et leur vitalité sont mondialement reconnus. Elles s'expriment notamment à travers des productions artistiques majeures (littérature, musique, peinture...). Leur présence est plus que manifeste dans l’hexagone. Les langues et cultures créoles sont "traces archéologiques" charriant la richesse de civilisations nées dans la barbarie et donc signe du génie humain face au crime contre l’Humanité. Leur présence est plus que manifeste dans l’hexagone. Les langues et cultures créoles sont véhiculées, partagées par près d’un million de locuteurs sur le territoire hexagonal. Par leurs volontés, ils les font vivre et les transmettent à toutes celles et ceux qu'elles attirent à travers les manifestations de rencontre et de partage de tous ordres. Leur présence est plus que manifeste dans l’hexagonePourtant
En dépit des dispositions légales du code de l’éducation inscrivant le Créole parmi les langues régionales pouvant donner lieu à une épreuve facultative (articles 3 et 5 de l’arrêté du 12 mars 2004) dès la session 2004, et à une épreuve obligatoire (arrêté du 26 janvier 2006 paru au journal officiel du 03 février 2006), à compter de la session 2007, au baccalauréat général, il n’est toujours pas possible à un(e) jeune lycéen(ne) créolophone ou non, résidant dans l’Hexagone, de choisir le Créole, d’y suivre les cours dans un lycée et de le présenter au baccalauréat. En dépit du CAPES Créole mis en place en 2001 permettant le recrutement de personnel enseignant, aucun poste n’a été ouvert depuis, dans l’hexagone, afin de permettre à un professeur d’y assurer les cours de Créole, demandés par des lycéens, appuyés par leurs parents.
Par conséquent :
*    nous exigeons que les deux épreuves facultatives et obligatoires de langue régionale option créole au baccalauréat général soit  mis en place sur le territoire hexagonal, en particulier dans les Académies de Paris, Créteil et Versailles dès l’année scolaire 2006-2007.
*    nous exigeons que  la création de poste d’enseignement du Créole soit effective dès l’année scolaire 2006-2007 et que des moyens soient mis en place pour la formation des futurs enseignants en langues et cultures créoles dans l’hexagone, en particulier en région parisienne."

Le site Kapes Kreyol: http://www.palli.ch/~kapeskreyol

11/05/2006

Harz debriñ evit ar brezhoneg : echu/Yannig Baron arrête sa grève de la faim

Yannig Baron a cessé sa grève de la faim mercredi 10 mai après avoir obtenu des avancées auprès de l'enseignement privé de Bretagne sur la création de nouvelles filières bilingues.

L'association alréenne Sten Kidna-Komzomp asampl avait publié un communiqué concernant cette grève de la faim du président de Dihun, association des parents d'élèves bilingues de l'enseignement privé, en grève de la faim depuis deux semaines pour demander plus de moyens pour l'enseignement du breton (ouverture de classes refusés ou reportés, absence de suivi au collège et au lycée...) :

"Le Cercle Culturel Alréen Sten Kidna – «Komzomp Asampl» ne peut rester sans réagir devant l’action entreprise par Yannig Baron, Président de l’Association DIHUN, pour une meilleure prise en compte de l’enseignement du breton dans l’Enseignement Catholique de Bretagne.

Rares sont ceux qui osent aujourd’hui en Bretagne nier l’importance de la langue bretonne ; on pourrait même parler de quasi unanimité en ce qui concerne le souhait de favoriser sa pérennité. De nos décideurs nous connaissons bien les déclarations d’intention enflammées, les mains sur le cœur, les gémissements et les larmes de crocodile face aux moyens dont ils disposent. Nous attendons d’eux qu’ils fassent ce pour quoi ils sont là : qu’ils choisissent clairement et prennent leurs responsabilités face aux aspirations de leurs compatriotes, à l’histoire et à l’avenir qui jugera.

A quoi servirait l’action quotidienne des associations comme le Cercle Sten Kidna - faire vivre et promouvoir la langue bretonne au quotidien, aider des milliers d’adultes à se la réapproprier - si l’école ne remplit pas la part de la mission de transmission qui lui revient auprès des jeunes ? Une organisation volontariste est indispensable au développement de l’apprentissage du breton, à la mise en place de filières bilingues fortes, attractives et efficaces, où le suivi sera proposé et garanti dans de bonnes conditions de la maternelle à l’université.
C’est pourquoi le Cercle soutient la volonté de DIHUN d’obtenir des garanties de nature à conforter cet enseignement sur le long terme."


Harz-debriñ prezidant DIHUN : Ssav-boent Kerlenn Sten Kidna

Penaos e vehe da gKerlenn Sten Kidna an Alre - «Komsomp Asampl » chom diseblant dirak ar pezh emañ Yannig Baron, prezidant ar gevredigezh Dihun, ec’h ober evit ma vo taolet muioc’h a evezh get kelenn ar brezhoneg en Deskadurezh Katolik e Breizh ?
N’int ket stank hiriv an deiz e Breizh ar re a gredahe nac’hiñ groñs talvoudegezh ar brezhoneg ; ha lâret e c’houlenner bremañ a-unvouezh – pe dost atav – er gwelet é veviñ pell c’hoazh ned eo ket gaou kennebeut.

A-berzh hor pennoù, a-berzh ar re emañ ar galloudoù etre o daouarn eh omp akourset ivez da glevet c’hoantoù kaer bannet en avel, gerioù karadek ha flour, digarezioù abalamour d’ar galloud a garahent kaout hag a zioveront. Ag o ferzh, eh omp neoazh ken engortoz a daoloù evit a gomzoù, engortoz ma vint gwelet é sammiñ dever o c’harg : ober dibaboù spis, lakaat goude o holl albac’henn evit gounit an disoc’h a gouch get c’hoantoù o c’henvroiz. Kement-se eo a vo barnet get ar rummadoù da zonet ; a gement-se eo e vo dalc’het kont get an istor.

Da betra e servijahe labour pemdeziek kevredigezhioù evel hon hini – derc’hel bev ha lediñ ar brezhoneg er vuhez pemdeziek, sikour miliadoù a dud deuet en o c’hoant da vestroniiñ ar yezh – ma chom ar skol hep sammiñ he lodenn ag an dever a zegouezh dezhi-hi : Sikour treuzkas ar yezh d’ar re yaouank ?
Evit ma yay àr-raok kelenn ar brezhoneg, ma vo savet hentennoù divyezhek kreñv hag efedus hag evit ma vo mui-oc’h-mui a dud é klask lakaat o bugale enne e ranker kontiñ àr un aozadur é labourat a-du ; da vihanañ é reiñ an tu da vout skolaet mat hag aes en hentenn boulc’het ag ar skol-vamm betek ar skol-veur.

Setu perak e vennomp en em ziskouez dirak an holl ha sevel a-du get mennad DIHUN da vreutaat evit ma vo kemeret divizoù splann da sonnaat ar c’helenn àr ar pad".

Kerlenn Sten Kidna - Komzomp asampl, 6 rue Joseph Rollo, 56400 An Alré/Auray/Tél. 02.97.29.16.58 -
lec'hienn internet : http://membres.lycos.fr/stenkidna/

10/05/2006

Deskadurezh : sonjoù kaer Bush, Jeb Bush...

Pa oan krennard, e oan nul get ar matematikoù. Ur spont oa evit ma c’helennerion. El lise, er c’hlas diwezhan, m’boa tapet daou a ziar ugent an drimiziad gentañ ha daou a ziar ugent an eil trimiziad... E fin ar bloaz, e oan erru shueh, moarvat. Ma notennoù oa kouezhet un tammig : unan a ziar ugent m’boa bet en arnodenn kentañ, hag unan c’hoazh en eil arnodenn. Evit ar trived trimiziad ma etread a oa, neuze, unan a ziar ugent. Met ma c’helennour matematik oa, ar bloaz se, ur den bourrapl, jentil bras (ar pezh ne oa ket bet gwir bep bloaz). Hag hennezh ne faote ket dezhan lesket ma etread trimiziek diwezhan da gouezhiñ. Ouzhpennet en doa, neuze, unan mui unan, hag a rae daou, hep rannin war lerc’h. Ha setu penaos ma notennoù oa chomet ingal a hed ar bloaz : daou/daou/daou. Mersi bras aotroù, ha daoust d’an notennoù matematik spontus se m'boa tapet ar bak memestra. Hep ar matematikoù, evel rezon...

Un doare nevez da baeiñ ar gelennerion...
Eurusamant, ne oa ket bet savet c’hoazh d’ar c’houlz se, un doare nevez da baeiñ ar gelenourion a zo savet hiriv an deiz e Floride. Ur gouarnour a zo e penn ar stad se : Jeb Bush : breur Georges ! Tud speredek, neuze get sonjoù a feson... Ha graet eo bet o sonj du hont : paiet vo ar gelennerion hervez disoc’hoù o skolidi, skolajidi, pe liseidi ! Roet vo testoù da razh ar vugale hag ar grennarded e fin ar blead, hag ar skolioù “gwellan” a resevay argant ouzhpenn da ranniñ etre ar gelennerion han an re all a labour a barzh. Met goproù ar gelennerion “gwellan” a vo kresket ivez, betek daou vill dollar mioc’h bep bloaz...

Droll eo, an doare se d’ober. Get un test hepken, e fin ar bloaz, n’heller ket goueit mard eo mat ur c’helennour pe pas; ma n’eus, hennezh pe honnezh, intereset ar vugale ha lakaat anezhe da vont pelloc’h ? Pe reiñ dezhe ar c’hoant da zeskiñ... Notennoù ar vugale ne zepantont ket nemet ag ar gelennerion, met iwez ag orin ar vugale hag o zud, ag o live sokial, ha c’hoazh ha c’hoazh...

N’int ket, ar skolioù, uzinioù !
Hervez ar gazetenn Courrier international, Jeb Bush a zo a du penn da benn get ar bolitikerezh se. Tud all a sav a enep hag a lâr n’int ket ar skolioù, uzinioù. E skolioù zo vakansoù zo bet troc’het dija evit labourat muioc’h, ha muioc’h a wask a zo lakaet war gein ar vugale a gaos d’an testoù a vo graet e fin ar bloaz.
Ha mechal penaos e vehen gwellet, me, get ma notennoù matematik nul : dre “ma faot” a c’helenour a c’hellehe koll 2.000 euro e fin ar bloaz ? Kement da vout lakaat bec’h a wask war ma c’hein, d’am sonj, met get peseurt pal ? Gwellaat ma live matematik, pe pinvidikaat ma c’helenour ?
N’ouion ket ma oa Jeb Bush ur skoliad mat. Ha Georges Bush junior, ar prezidant ? Ur maout oa, pe an azen ? Met un azen get tud pitaod, tud pinvidik, a c’hell monet pell, er Stadoù unanet hag er bed a bezh...
Christian Le Meut

25/03/2006

Pétition pour la continuité de l'enseignement bilingue au collège

Alors que l'enseignement bilingue se développe en maternelle et primaire, il stagne, voire régresse dans les collèges et lycées. Du coup, beaucoup d'enfants abandonnent à l'arrivée en sixième. C'est pourquoi l'association de parents d'élèves des écoles bilingues publiques a lancé une pétition.

"Depuis plus de deux ans, Div Yezh, association de parents d'élèves pour l'enseignement du breton à l'école publique, se bat contre le rectorat de l'académie de Rennes (France) afin d'obtenir la continuité de l'enseignement bilingue au collège dans des conditions de proximité acceptables pour les familles. Depuis 2 ans malgré tous nos efforts (lobbying, entretiens ave tous les acteurs et partenaires du service public d'éducation, manifestations, occupations de locaux...), malgré de nombreuses propositions de compromis, c'est un refus total. De ce fait, un nombre grandissant d'enfants interrompt sa scolarité bilingue en fin de CM 2. Pour eux, la langue bretonne ne sera très vite qu'un lointain souvenir.

Par ce refus, le rectorat de l'académie de Rennes montre le peu de cas qu'il fait de la scolarité de ces enfants, de l'enseignement de la langue bretonne. Par ce refus, le rectorat de l'académie de Rennes remet en cause une forte demande sociale en faveur de la langue bretonne et de son enseignement, remet en cause l'avenir de la filière bilingue publique et donc celui de la langue bretonne. Cela, Div Yezh ne peut l'accepter.

Dans ce combat, Div Yezh a besoin de vous. Afin de prouver la réalité sociale de cette demande, nous vous invitons à signer la pétition pour une vraie continuité de proximité de l'enseignement bilingue public au collège à l'adresse ci-dessous. Cette pétition sera ensuite transmise au rectorat de l'académie de Rennes pour renouveler solennement notre demande de continuité."
http://div-yezh.org/spip/article.php3?id_article=592

01/12/2005

Nos ancêtres les Gaulois, les Bretons, les Romains, les Francs, les Arabes, les Basques...

Les débats actuels sur la mémoire historique française, coloniale notamment, m'incitent à rééditer cet article paru dans la revue Alternatives non-violentes. Petite contribution personnelle au débat collectif.

“Ne nous y trompons pas : l’image que nous avons des autres peuples, ou de nous-mêmes, est associée à l’Histoire qu’on nous a racontée quand nous étions enfants” écrit l’historien Marc Ferro dans “Comment on raconte l’histoire aux enfants” (1). L’enseignement scolaire de l’histoire a une influence prépondérante dans la construction des mémoires collectives et individuelles, mais pas lui seul : la famille, les médias, les monuments y contribuent aussi, et d’autres facteurs encore. Petit voyage en mémoire historique... Cet article vient de paraître dans le nouveau numéro de la revue Alternatives Non-Violentes.

Vannes, préfecture du Morbihan, est une ville ancienne, créée probablement il y a près de 2.000 ans par... ? Par les Romains, selon certaines sources; par les Vénètes, selon d’autres. Les Vénètes ? Ce peuple vaincu par Jules César lors d’une bataille maritime, en 56 av. JC. Des Gaulois, donc, me direz-vous. Euh... Pas sûr. Tous les historiens ne sont pas d’accord là-dessus : il pourrait s’agir d’un peuple descendant des populations mégalithiques qui, durant les millénaires précédents, ont dressé en Bretagne sud des champs de menhirs et une multitude de dolmen, cairns et autres cromlec’h. Ces populations là n’étaient pas celtes mais ont pu se mélanger ensuite avec des groupes celtes arrivés vers le premier millénaire avant J-C. Le dictionnaire d’histoire Mourre voit dans les Vénètes un peuple spécifique qui s’établit également en Vénétie. Un autre auteur, plus récent, suppose des liens avec ce peuple marin et explorateur qu’étaient les Phéniciens (2).

“Le vercingétorix” ?
Après avoir soumis la Gaule en 56, César doit y revenir quelques années plus tard pour mater la rébellion d’une partie des tribus gauloises plus ou moins unies derrière un chef... Vercingétorix. Mais était-ce son titre ou son nom ? L’historienne Suzanne Citron note dans “L’histoire de France autrement” que “Jules César a bien raconté qu’il avait battu un chef de la tribu des Arvernes. Mais nous ne savons même pas si le mot “vercingétorix” est un nom de personne ou s’il veut simplement dire “le chef” en langue arverne !” (3). Ce “Vercingétorix”, longtemps oublié des historiens, fut remis à jour par Henri Martin dans son “Histoire de France Populaire” (1875) : ”Henri Martin parvient à doter la France et les Français d’ancêtres réels et sympathiques (...). Il réussit à vulgariser et à faire admettre définitivement l’existence de Vercingétorix” note un autre historien, Rémi Mallet (4).
Il fallait, au XIXe siècle inventer à la nation française, et donc à la République qui tient son pouvoir du peuple, des racines qui précèdent les dynasties royales (liées à l’église catholique depuis le sympathique tyran Clovis) et qui précèdent également l’invasion romaine. Des historiens républicains ont alors ressorti les “Gaulois” du placard, créant ainsi un mythe ethnique pour une république basée sur la citoyenneté, et pas sur l’ethnicité; sur le droit du sol et pas celui du sang. C’est ambiguïté dure encore. Aujourd’hui encore, est-on vraiment “égal” dans la République française si l’on ne ressemble pas à un descendant de Gaulois ?
Mais qui étaient ces Gaulois ? Des peuplades ayant des traits culturels communs, des origines communes, probablement, mais avec des exceptions (les Vénètes, les Basques ?...). La Gaule était un espace géographique, pas un Etat organisé. “Gaulois”, ce nom leur a été donné par les Romains, Jules César l’utilise en précisant qu’eux-mêmes s’appelaient “Celtes”. “Gallia” est le nom latin donné à l’espace géographique entre l’Atlantique et le Rhin.



“Evel ur vro digabestr”
Mais revenons aux rues pavées de Vannes et à ses murailles. Une plaque de marbre scellée dans la pierre y rappelle que “Le 7 août 1532 fut signé à Vannes le traité d’union du duché de Bretagne au Royaume de France. La Bretagne conserva un statut d’autonomie abrogé par la Révolution Française de 1789”. C’est donc gravé dans le marbre.
Mais, sur la même plaque, la citation en français que je viens de vous livrer est précédée d’une citation en langue bretonne, que je traduis ainsi, avec l’aide du professeur de breton Daniel Carré : “Le 7 août 1532 fut signé à Vannes le traité qui mit fin à la liberté de la Bretagne. Bien qu’étant rattachée au royaume de France à partir de cette date, la Bretagne s’administra comme un pays libre jusqu’à la révolution française de 1789”...
Voilà donc sur une plaque officielle, scellée aux remparts de Vannes, deux phrases censées signifier la même chose mais dont le sens diffère. La phrase en breton parle de “fin de la liberté de la Bretagne”; l’autre d’une simple signature d’un “traité d’union”... Son inauguration suscita d’ailleurs quelques polémiques. Et si ces deux phrases n’étaient pas fausses ?

Un hommage simple sans serment de fidélité
Car oui, c’est bien à Vannes que fut signé le traité de 1532 signé par François Ier, roi de France, scellant de manière définitive le “rattachement” de la Bretagne à la France. Alors pourquoi parler de “fin de la liberté de la Bretagne” ? L’affaire a commencé en 1488-1491. Trois années durant lesquelles trois campagnes militaires furent menées par le roi de France de l’époque, Charles IX, pour soumettre le duché de Bretagne.
Les ducs de Bretagne levaient l’impôt, décidaient des lois, faisaient justice, levaient des armées, parfois contre le roi de France lui-même... Ce duché rebelle sur le flanc ouest du royaume de France était lourd de menace pour la monarchie capétienne, alors même que la Bourgogne venait juste d’être soumise. Le duché faisait partie du royaume, mais de loin. Les Bretons pouvaient, le cas échéant, porter leurs affaires judiciaires devant les tribunaux parisiens (comme aujourd’hui les tribunaux européens ?). Et le duc n’était pas roi : il devait rendre un hommage au roi de France, mais un “hommage simple sans agenouillement ni serment de fidélité” (5)... Très forte autonomie, donc. La jeune duchesse Anne, couronnée en 1490 était manifestement soucieuse de préserver cette autonomie. Elle décida de se marier au duc d’Autriche, Maximilien de Hagsbourg. Ce mariage trahissait un accord signé auparavant avec le roi de France et ne fut pas suffisant pour emporter la partie.

Des milliers de morts à Saint-Aubin du Cormier
A la bataille de Saint-Aubin du Cormier, pès de Rennes, en 1488, 5.000 à 6.000 soldats tombèrent du côté des vaincus (les Bretons et leurs alliés) quand 1.500 tombèrent du côté de l’armée du roi. 11.000 hommes constituait l’armée de la duchesse, 15.000 celle du roi. On avait mis les moyens, mais peu de gens, en Bretagne et en France, ont entendu parler de cette bataille décisive qui ne figure pas dans les programmes scolaires. Comme quoi, les manuels scolaires d'histoire de France ne se gargarisent pas de toutes les victoires françaises... Celle-ci amènerait peut-être les élèves à ses poser des questions peu souhaitables. Comment ça, une guerre a opposé le roi de France au duc de Bretagne ? Prise au piège dans la ville de Rennes, Anne de Bretagne fut sommée de se soumettre. Le mariage autrichien annulé (il n’avait pas été consommé), elle fut emmenée et contrainte de se marier rapidement au roi de France, Charles IX, en 1491. A la mort de celui-ci, elle épousa Louis XII, son successeur. Aucun garçon ne naquit de ces unions mais deux filles. L’aînée, Claude, épousa le roi suivant, François 1er. Puis les rois suivants, descendants de Claude et de François furent également duc de Bretagne...

Trois mariages et un rattachement
La Bretagne valait bien trois mariages. trois mariages et un “rattachement” aux allures de conquête et d’annexion. Toutefois, l’accord de 1532 laissait à la Bretagne certaines prérogatives, fiscales notamment. Le roi ne pouvait lever impôt sans l’assentiment du parlement établi à Rennes. Ces droits spécifiques furent source de tensions à plusieurs reprises, jusqu’à leur abrogation dans la nuit du 4 août 1789 en tant que “privilèges”... Et alors même que les députés bretons envoyés siéger aux Etats-généraux (devenus assemblée constituante), n’avaient en rien été mandatés pour cela... Alors oui, l’accord de 1532 mit fin à une certaine forme de “liberté” de la Bretagne, comme l’indique la plaque commémorative vannetaise; mais de qui en Bretagne ? Des ducs et duchesses de Bretagne, assurément, de la noblesse ? Mais le peuple fut-il mieux traiter avant le “rattachement” qu’après ? Quant à la phrase en français qui figure sur la plaque commémorative n’est pas fausse non plus, elle est plus neutre, il s’agit bien d’un “traité d’union”. Les différentes façons de dire l’histoire, même une fois gravées dans le marbre, révèles des contradictions, des oublis, volontaires ou pas. Mais elles peuvent aussi être complémentaires.



Jéhanne La Flamme...
Enfant, je me souviens m’être interrogé sur cette Jéhanne La Flamme dont plusieurs lieux portaient le nom dans la ville où j’habitais, Hennebont, une autre cité médiévale, à 50 km à l’Ouest de Vannes. Cela non plus, n’était pas enseigné aux enfants. Je connaissais les exploits de Jéhanne d’Arc, voire de Jéhanne Hachette, mais pas ceux de Jéhanne La Flamme... Je découvris qu’au XIVe siècle, cette duchesse de Bretagne, enfermée dans la ville close d’Hennebont, avait “mis le feu” au camp des Français (d’où peut-être son surnom)... “Au camp des Français...”; et en plus elle était soutenue dans sa lutte par les Anglais. Pour le petit Français que j’étais, cette découverte fut le début de biens d’autres mais que je ne trouvais pas dans les manuels de l’Education nationale. Non, en cherchant par moi-même dans les librairies, les bibliothèques... Pourquoi apprendre des batailles lointaines et ne rien savoir de celles qui ont eu lieu dans la ville où j’habitais ?

D’un mythe à l’autre
Pour s’auto-légitimer les pouvoirs, monarchiques, dictatoriaux, et même démocratiques, se façonnent depuis des millénaires des mythologies nationales souvent bien éloignées des réalités historiques (6). Ainsi les rois de France, comme les ducs de Bretagne, prétendirent descendre des Troyens ! L’historienne Suzanne Citron a montré, à travers ses ouvrages (7) comment certains historiens républicains du XIXe siècle ont créé une histoire officielle tendant à faire de la France un Etat prenant ses racines dans l’antiquité gauloise, un Etat quasiment éternel, préexistant. Un Etat-nation légitimé par ses ancêtres. L’histoire enseignée a encore pour but de montrer la formation de l’Etat français, monarchique puis républicain.

A travers le “domaine royal”, contrôlé directement par les rois, les régions du nord et du sud de la Loire sont progressivement intégrées, puis les régions “périphériques” comme la Bretagne, l’Alsace, la Corse... Cette extension a parfois eu lieu par le jeu d’alliances matrimoniales, sans violence, d’autres fois, comme en Bretagne, suite à une guerre. Mais les raisons et les circonstances sont rarement expliquées aux enfants, comme s’il s’agissait d’un processus naturel, évident. Les hors-catégories de toutes sortes (Juifs, Cathares, Bretons, Corses, Basques, pays colonisés...) ne sont mentionnés, en général, que lors de leur intégration au royaume ou à la république. Comme s’ils n’avaient pas d’existence autonome avant.

Une histoire contre l’autre ?
L’étude de l’histoire locale et régionale prouve le contraire. En Bretagne, un manuel d’histoire a été édité par le Centre de recherche et de documentation pédagogique, pour raconter l’histoire régionale (8). Il a été distribué largement dans les écoles. Cette démarche peut-être intéressante si elle est accompagnée par les enseignants pour montrer qu’il y a différentes façons de raconter l’histoire; les processus qui mènent à la formation des Etats; les différents types d’organisations des sociétés (centralismes, autonomie, fédération, décentralisation...).
Le danger existe de vouloir substituer une histoire nationale, un mythe national, à une autre. Une histoire de la Bretagne à la place de l’histoire de France. Là n’est pas mon propos. Je crois, par contre, qu’en partant du local on peut accéder à l’universel. Former une mémoire critique, curieuse, chercheuse, ouverte et non enfermée dans un schéma unique et nationaliste, consciente également des incertitudes historiques.

Egalité ou uniformité ?
C’est un paradoxe que de voir l’identité nationale française construite sur un mythe ethnique (les Gaulois), alors qu’elle proclame l’égalité des citoyens de toutes origines devant la loi. Mais quand on est blanc et francophone, on est plus “égaux” que les autres. La France, pourtant, s’est construite sur des bases multiculturelles : les populations mégalithiques puis les Celtes-Gaulois, puis les Romains et les Gallo-Romains, puis les Germains (les Francs parlaient une langue germanique) et une multitude d’autres populations depuis, venues pacifiquement ou pas. Cette diversité s’est traduite par une très grande richesse linguistique et culturelle que la monarchie n’a pas systématiquement cherché à faire disparaître (tant qu’on lui payait l’impôt et lui fournissait des conscrits) mais que la République, elle a cherché à niveler. N’aurait-elle pas confondu égalité et uniformité ?

Les difficultés à concevoir une histoire multicurelle ne se retrouvent-elles pas aujourd’hui dans les difficultés à intégrer les générations issues de l’immigration ou de la traite des Noirs (Antilles) ? Dans la difficulté qu’à la France à intégrer des différences régionales dans l’Hexagone (Basques, Corses, Bretons...) ? Dans l’impasse où sont les langues régionales, toujours privées de reconnaissance légale en France ? La France a-t-elle rompu avec sa vision coloniale sur les peuples “étrangers” et sur les peuples vaincus de l'Hexagone ? Ces peuples qui n’avaient pas d’histoire avant que la France ne les envahisse ? Pas d’histoire, pas de langue (non seulement des dialectes, des idiomes, des patois), pas de culture...

Du local à l’universel
Partir du local, de l’histoire des gens, pour ensuite accéder au national, puis à l’Europe et à l’ensemble de l’histoire de la planète. Je ne suis pas pédagogue, juste un citoyen qui se pose des questions : comment enseigner l’histoire pour la rendre vivante, porteuse de culture et d’une mémoire qui n’enferme pas ? Comment montrer les conflits, les contradictions, les différentes versions; lesquelles sont fausses, incomplètes, manipulatrices ?...
L’enseignement de l’histoire peut former à l’esprit critique, donc à l’esprit citoyen. Il peut aussi enfermer dans des schémas trompeurs et nationalistes, fauteurs potentiels de violence et de guerre. Au-delà de l’histoire et de la mémoire, c’est la question du contrat social qui apparaît : comment vivre ensemble avec nos différences ? Respecter ces différences tout en faisant vivre le projet démocratique et les droits de l’Homme ? L’enseignement de l’histoire en France doit-il d’abord former des Français ou doit-il d’abord former des êtres humains conscients de la complexité de l'histoire ?
Christian Le Meut

Alternatives Non-Violentes, n°136, 12 €, Centre 308, 82 rue Jeanne d'Arc, 76000 Rouen; ce dossier sur l'histoire comprend également un article de l'historienne Suzanne Citron sur le mythe national, un autre sur Sétif en 1945, les suivants sur l'histoire locale en Normandie vue à travers la presse locale, les prix Nobel de la Paix, le Mémorial de Caen et enfin la place des femmes dans le mouvements des droits civiques aux Etats-Unis.
anv.revue@wanadoo.fr

(1) “Comment on raconte l’histoire aux enfants”, Petite bibliothèque Payot, août 2004. Une étude étonnante sur la façon d’enseigner l’histoire à travers le monde et son évolution dans le temps.
(2) “Essai impertinent sur l’histoire de la Bretagne méridionale”, Camille Busson, Ed. L’Harmattan, 2005.
(3) “L’histoire de France autrement”, p. 14, Ed. de l’Atelier, 1995. Suzanne Citron, agrégée d’histoire, tente une approche nouvelle de l’enseignement de l’histoire de France dans ce livre, et du monde dans “L’histoire des hommes” (Syros, 1996).
(4) Cité par Suzanne Citron dans L’histoire de France autrement, p.15.
(5) “L’union de la Bretagne à la France”, Daniel Le Page, Michel Nassiet, Ed. Skol Vreizh, 2003. Une étude historique précise et nuancée.
(6) Mythes fondateurs de la Bretagne, Joseph Rio, ed. Ouest-France, 2000.
(7) Le mythe national, l’histoire de France en question, Ed. ouvrières, 1991.
(8) Bretagne, une histoire, CRDP de Bretagne; Louis Elegoët; existe aussi en langue bretonne.
(9) “Comment se fait l’histoire, pratiques et enjeux” : ouvrage collectif, p. 11, Ed. La Découverte, 2005.

06/09/2005

La Marseillaise obligatoire à l'école : "Aberrant et monstrueux"

L'Alliance Fédéraliste Bretonne (AFB - Emglev Kevredel Breizh), Bemdez, Breizh 2004, Le Collectif Breton pour la Démocratie et les Droits de l'Homme (Galv Karaez - Appel de Carhaix), Dalc'homp Soñj, Le Réseau des Bretons de l'Extérieur (RBE - Rouedad Bretoned an Estrenvro), et l'Union Démocratique Bretonne (UDB) "s’indignent de la décision, confirmée et précisée par la circulaire de rentrée publiée le mercredi 24 août, d’introduire dans l’enseignement d'éducation civique l’apprentissage obligatoire de l’hymne français et de son histoire.
L'enseignement des symboles de l’Etat français était certes déjà inclus dans les programmes officiels du primaire depuis 2002, mais les paroles de l'hymne n'étaient cependant pas systématiquement apprises jusque là (on notera d’ailleurs que, dans nombre d’Etats tels le Royaume-Uni, la Belgique, les Pays-Bas ou l’Espagne, il n'existe aucune obligation de ce type).
Nos associations et formations politiques considèrent qu’il est aberrant et monstrueux que ce chant cocardier, aux paroles de violence et de haine renvoyant aux plus sanglantes périodes de l'Histoire et du colonialisme (« …Qu’un sang impur abreuve nos sillons… », « …Quoi, ces cohortes étrangères feraient la loi dans nos foyers… », «… S’ils tombent, nos jeunes héros, la France en produit de nouveaux, contre vous tout prêts à se battre… », «… Amour sacré de la Patrie, conduis, soutiens nos bras vengeurs… », «… Que tes ennemis expirants voient ton triomphe et ta gloire… ») puisse être enseigné à de jeunes enfants ! Cet hymne ne présente d’intérêt que pour les historiens et ne saurait constituer un vecteur de paix et de respect des Droits de l'Homme.
Nos organisations ne peuvent que se déclarer vivement inquiètes face à une décision, qui, après le vote de la loi sur « la présentation positive du colonialisme », traduit la volonté de colorer les programmes d’enseignement d'un nationalisme exacerbé.
Nous agirons pour que la Bretagne, terre de tolérance, de paix et d’ouverture sur l’Europe et le monde, soit épargnée par les délires chauvins de Fillon et consorts."

Ha c'hwi, petra sonjit a ziout an dra-se, larit ho sonj !

Et vous, qu'en pensez-vous ? Donnez votre avis.

Christian Le Meut

17/08/2005

Livre : Pratiques d’éducation non-violente

Cet ouvrage paru fin 2004 est une compilation d'environ 50 articles publiés dans la revue Non-violence actualité sur les pratiques en matière d’éducation non-violente en France. La première partie est consacrée à l’école : programmes pour apprendre à mieux vivre ensemble, développement de la médiation scolaire (formation d’enfants médiateurs pour intervenir dans les conflits entre élèves...), démocratie scolaire... La seconde partie présente des initiatives hors de l’école (jeux coopératifs, théâtre, échanges de savoirs, négociation...). La troisième partie aborde les questions pédagogiques : éduquer à la responsabilité, pédagogie Freinet, relations familles-écoles... Enfin la quatrième partie est intitulée “Une éducation à la non-violence pour mieux vivre ensemble”.

En fin d’ouvrage, des textes de références, notamment sur la Coordination internationale pour une culture de la paix et de la non-violence pour les enfants du monde (2001-2010).
Pratiques d’éducation non-violente a été coordonné par Bernadette Bayada et Guy Boubault. Il reprend une dizaine d’articles que j’ai écrits lorsque je travaillais à Non-Violence Actualité (1988-2000).

Pratiques d'éducation non-violente, 14 € (+ port) :
diffusion par Non-Violence Actualité, BP 241, 45202 Montargis cedex.
Mail : nonviolence.actualité@wanadoo.fr
site : www.nonviolence-actualite.org

03/08/2005

L’arabe, une langue ?...

Il y a quelques années, en 2003, j’étais allé rendre visite à mon ami Ahmed à Montargis, dans le Loiret. Ahmed, décédé depuis, y habitait avec son épouse Zakia et sa fille Chaïma. Ce jour-là, Zakia était toute contente car le couple venait d’investir dans une antenne parabolique qui allait lui permettre de regarder plus de chaînes des pays arabes, Algérie, Maroc, Égypte. Ahmed n’avait pas l’air plus enthousiaste que cela : “Tu vas pouvoir regarder plus d’émissions en arabe”, lui dis-je. Et là, il me regarda, désolé : ”Je ne comprends pas l’arabe de la télé”. Sa femme, oui.
Ahmed, né en France, d’origine algérienne, était pourtant parfaitement bilingue, ayant appris l’arabe avec ses parents. C’était sa langue maternelle. Ses parents, arrivés il y a une quarantaine d’années, parlent le français, mais avec difficulté. Ahmed n’apprit ni à lire ni à écrire l’arabe, il parlait le dialecte arabe de Msila, sa ville d’origine, mais avait du mal à comprendre l’arabe “de la télé”, l’arabe standardisé alors que son épouse Zakia, née en Algérie et scolarisée en arabe, le comprend...

“Pas le même breton”
Je me serai cru en Bretagne. Combien de fois ai-je entendu des Bretons dire qu’ils ne comprennent pas le breton de la télé, que ce n’est pas “le même breton”... C’est vrai, pour tous ces bretonnants qui n’ont pas appris le breton à l’école (et c’est la majorité pour les anciens car le breton était interdit à l’école), qui n’ont pas appris à comprendre les différents accents, il y a des difficultés d’intercompréhension. Les Bretons du pays de Vannes pouvaient avoir du mal à comprendre ceux de Quimper, c’est vrai. Quoiqu’en faisant un effort...
Le fait qu’une langue se divise en dialectes est un processus courant, classique. Le français de France, lui, est une langue standardisée, uniformisée dont l'évolution est contrôlée depuis des siècles, du fait de son statut officiel, de l’Académie française qui veille au grain, de l’école qui enseigne depuis un siècle une langue unifiée sans tenir compte des différences locales ou régionales... Mais hors des frontières, le français se dialectise (Wallonie, Québec, Suisse Romande, Acadie, Afrique...).

Un regard néo-colonial
L’arabe est une langue à part entière, comme le breton ou le français. On parle bien de “langue arabe”, c’est normal et contester cela pourrait être perçu comme du racisme... Mais il est encore des gens, et des bretonnants parmi eux, pour désigner le breton comme un “dialecte”, voire un ou “plusieurs patois” (Le Monde diplomatique, mai 2003). Là, ce n’est pas du racisme... Un regard néo-colonial, je ne dis pas.
Oui, l’arabe est une langue (même si les colonisateurs de jadis l’ont également qualifiée de dialecte ou de parler). Oui, le breton est une langue. L’une comme l’autre font partie de la communauté mondiales des langues parlées depuis des siècles, porteuses de cultures et d’humanité. Mais l’une prospère, tandis que l’autre s’accroche comme une bernique à son rocher.

Christian Le Meut

An arabeg, ur yezh ?

Ahmed oa ur mignon din, ur mignon bras a oa e chom e Montargis, e departamant Loiret, ur gêr e lec’h m’eus chomet ivez e pad daouzek vloaz araok dont en dro e Breizh e 2000. Marv eo breman (lennit ar pennad embannet an 18 a Viz Gouere "Choukrane Ahmed"). Ur wezh, e 2002, oan bet da welled Ahmed hag e familh. Kountant bras oa e vaouez, Zakia, peogwir e oa bet prenet gante ur “parabole” nevez flamm evit sellet doc’h chadennoù skinwell a vroioù arab evel Aljeria, Maroko, Egipt ha c’hoazh. Ahmed oa ag Aljeria, met ganet e Frans, ar pezh n’eo ket gwir evit Zakia, homañ zo ganet ea Aljeria ha bet er skol eno...
Goulennet m’boa get Ahmed : “Kountant out ? C’hwi a c’hello sellet doc’h abadennoù en arabeg bremañ”. Hag Ahmed da reskont, dipited un tamm: “Ya, met ne gomprenan ket an arabeg a vez komzet war an tele, an arabeg lennegel...”. “Evel ur bochad tud e Breizh, sonjet m’boa, ne gomprenont ket ar brezhoneg a vez komzet war ar skinwell...”.

Desket er skol pe pas
Un difor vras zo etre Ahmed hag e vaouez Zakia. Ahmed a gomze arabeg mat tre. Arabegour a vihan oa. Desket en doa er ger, get e dud, hag e veze komzet arabeg etre ar mab hag e dud bemdez beteg e varv. Tud Ahmed zo deuet e Frans daou ugent vloaz zo, met ne gomzont ket galleg mat tre. Ahmed n’doa desket arabeg gante, met pas er skol, ha dre gomz, pas dre lenn na dre skrid.... E vaouez Zakia, desavet en Aljeria deus desket arabeg er ger hag er skol, ha kompren a ra an arabeg "standard" a vez lâret war ar skinwelled ag Aljeria, Maroko, Egipt ha c’hoazh !
Bez ez eus teodoù fall, ha brezhonegerion en o mesk, evit lâret n’eo ket ar brezhoneg ur yezh da vat rak n’eo ket posupl kompren ar pezh a vez lâret war ar skinwell e brezhoneg, ha peogwir emañ diaez a wezhoù en em gompren etre brezhonegerien a broioù dizhenvel, etre tud a Vro Gwened hag a Vro Leon, tud a Bondi ha tud ag An Alre, tud a Grac’h ha tud a Gregam...
Met heñvel eo en Aljeria, benn ar fin. Parlantoù, rannyezhoù disvenhel zo ha, ma n’eo vez ket desket ar yezh er skol, diaez eo en em gompreñ get ar re a chom un tammig pelloc’h ... Met, hiriv an deiz, ne glevan ket den ebet lâret n'eo ket an arabeg ur yezh da vat, tra ma ez eus c’hoazh tud evit lavaroud an dra se e kenver ar brezhoneg.
Petra vo an diskoulm ? Lakaat muioc’h a vrezhoneg er skol, aman, e Breizh; lakaat muioc’h ag arabeg er skolioù e Bro-C’hall evit an dud divroîdi ag ar vroioù se ? Ur yehz zo, ar galleg, evit en em gompren met n’eo ket un digarez evit koll ar yezhoù all a vez komzet e Frans.

Christian Le Meut

15/07/2005

Jack Lang : "La République doit se réconcilier avec l'ensemble de ses langues"

Voici un entretien paru dans un numéro récent d'Historia (juillet), consacré à l'histoire de la langue bretonne. Jack Lang s'y exprime sur son soutien aux langues régionales.

"En 2001, Jack Lang, alors ministre de l'Education nationale, souhaite développer des filières d'enseignement bilingue, de la maternelle à l'université. Retour sur un débat politique houleux.
Historia - De 2001 à 2002, vous avez fermement défendu le développement de l'enseignement des langues régionales contre ses opposants. Une circulaire prévoyait que le breton, le corse, le basque, l'occitan, le catalan, l'alsacien et le mosellan soient reconnues langues d'enseignement à parité avec le français. Pourquoi tant de détermination ?
Jack Lang - Je défends depuis toujours les langues et les cultures régionales, considérant qu'il n'y pas de langues minoritaires mais des langues particulières qui font toutes partie de notre richesse nationale. Pendant plus deux siècles, les langues régionales ont été combattues par les pouvoirs publics. Or, toutes les langues sont des trésors humains. Et on oublie trop souvent que les langues, comme les civilisations, sont mortelles. J'ai donc voulu que cette injustice historique soit réparée. J'ai pris des mesures en faveur des langues particulières dès 1981. Non sans mal ! On m'a alors accusé de vouloir balkaniser la République. J'ai mis en place en 1985 un Conseil national des langues et cultures régionales qui est devenu aujourd'hui le Haut Conseil des langues et cultures de France. Entre 2001 et 2002, j'ai souhaité que soit franchi un nouveau cap. J'ai ainsi lancé un vaste plan pour les langues, complémentaire du plan pour les langues étrangères. Il a permis de renforcer les réalités culturelles et linguistiques des régions. La République doit se réconcilier avec l'ensemble de ses langues. Je crois profondément que la meilleure façon de protéger la langue française, c'est de développer le plurilinguisme sous toutes ses formes.
H. - Vous êtes allé bien au-delà de ce que prévoyait votre programme de mise en place de filière bilingues en plaidant, en vain, pour l'intégration de l'école associative Diwan, qui pratique un enseignement exclusivement breton, dans l'Education nationale. Vous vous êtes heurté aux syndicats d'enseignants, partisans de l'enseignement pour tous en français, qui estiment que cette méthode d'immersion pédagogique porte atteinte à l'unité de la République. Agiriez-vous de la même façon en 2005 et pourquoi ?
J. L. - Oui. Mon combat en faveur de la langue bretonne est d'ailleurs beaucoup plus ancien. Dès 1982, j'ai été le premier à financer l'association Diwan - comme j'ai d'ailleurs soutenu des mouvements artistiques occitans, corses, basques ou bretons. Je pense notamment au Festival interceltique de Lorient. En 2001, je suis effectivement allé plus loin en voulant intégrer les écoles Diwan dans l'enseignement public. Cette proposition, contenue dans le plan en faveur des langues de France, a été malheureusement annulée par le Conseil d'Etat. Je le regrette beaucoup. Toutes les études montrent pourtant que les enfants qui ont eu la chance d'être immergés très jeunes dans la langue bretonne sont ceux qui réussissent le mieux, en particulier en français, au baccalauréat. Plus on apprend de langues et plus on peut en apprendre. Il faut encourager la diversité linguistique. Défendre les langues régionales n'est en aucun cas le signe d'un repli sur des particularismes. C'est au contraire l'expression de la reconnaissance de la diversité de notre patrimoine national.
H. - Que pensez vous de l'enseignement des langues régionales tel qu'il est prévu par la loi Fillon ?
J. L. - Peu de chose. Je ne crois qu'aux actes. Pas aux textes proclamatoires ! Je constate ainsi que, depuis 2002, les postes mis au Capes des langues régionales sont en constante diminution. Les concours spéciaux de recrutement de professeurs des écoles chargés d'un enseignement en langues régionales sont remis en cause. Notre plan en faveur de l'enseignement bilingue, permettant l'utilisation d'une langue régionale comme langue d'enseignement, est en panne."

Source "Historia", dernier numéro (juillet 2005).