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01/12/2005

Nos ancêtres les Gaulois, les Bretons, les Romains, les Francs, les Arabes, les Basques...

Les débats actuels sur la mémoire historique française, coloniale notamment, m'incitent à rééditer cet article paru dans la revue Alternatives non-violentes. Petite contribution personnelle au débat collectif.

“Ne nous y trompons pas : l’image que nous avons des autres peuples, ou de nous-mêmes, est associée à l’Histoire qu’on nous a racontée quand nous étions enfants” écrit l’historien Marc Ferro dans “Comment on raconte l’histoire aux enfants” (1). L’enseignement scolaire de l’histoire a une influence prépondérante dans la construction des mémoires collectives et individuelles, mais pas lui seul : la famille, les médias, les monuments y contribuent aussi, et d’autres facteurs encore. Petit voyage en mémoire historique... Cet article vient de paraître dans le nouveau numéro de la revue Alternatives Non-Violentes.

Vannes, préfecture du Morbihan, est une ville ancienne, créée probablement il y a près de 2.000 ans par... ? Par les Romains, selon certaines sources; par les Vénètes, selon d’autres. Les Vénètes ? Ce peuple vaincu par Jules César lors d’une bataille maritime, en 56 av. JC. Des Gaulois, donc, me direz-vous. Euh... Pas sûr. Tous les historiens ne sont pas d’accord là-dessus : il pourrait s’agir d’un peuple descendant des populations mégalithiques qui, durant les millénaires précédents, ont dressé en Bretagne sud des champs de menhirs et une multitude de dolmen, cairns et autres cromlec’h. Ces populations là n’étaient pas celtes mais ont pu se mélanger ensuite avec des groupes celtes arrivés vers le premier millénaire avant J-C. Le dictionnaire d’histoire Mourre voit dans les Vénètes un peuple spécifique qui s’établit également en Vénétie. Un autre auteur, plus récent, suppose des liens avec ce peuple marin et explorateur qu’étaient les Phéniciens (2).

“Le vercingétorix” ?
Après avoir soumis la Gaule en 56, César doit y revenir quelques années plus tard pour mater la rébellion d’une partie des tribus gauloises plus ou moins unies derrière un chef... Vercingétorix. Mais était-ce son titre ou son nom ? L’historienne Suzanne Citron note dans “L’histoire de France autrement” que “Jules César a bien raconté qu’il avait battu un chef de la tribu des Arvernes. Mais nous ne savons même pas si le mot “vercingétorix” est un nom de personne ou s’il veut simplement dire “le chef” en langue arverne !” (3). Ce “Vercingétorix”, longtemps oublié des historiens, fut remis à jour par Henri Martin dans son “Histoire de France Populaire” (1875) : ”Henri Martin parvient à doter la France et les Français d’ancêtres réels et sympathiques (...). Il réussit à vulgariser et à faire admettre définitivement l’existence de Vercingétorix” note un autre historien, Rémi Mallet (4).
Il fallait, au XIXe siècle inventer à la nation française, et donc à la République qui tient son pouvoir du peuple, des racines qui précèdent les dynasties royales (liées à l’église catholique depuis le sympathique tyran Clovis) et qui précèdent également l’invasion romaine. Des historiens républicains ont alors ressorti les “Gaulois” du placard, créant ainsi un mythe ethnique pour une république basée sur la citoyenneté, et pas sur l’ethnicité; sur le droit du sol et pas celui du sang. C’est ambiguïté dure encore. Aujourd’hui encore, est-on vraiment “égal” dans la République française si l’on ne ressemble pas à un descendant de Gaulois ?
Mais qui étaient ces Gaulois ? Des peuplades ayant des traits culturels communs, des origines communes, probablement, mais avec des exceptions (les Vénètes, les Basques ?...). La Gaule était un espace géographique, pas un Etat organisé. “Gaulois”, ce nom leur a été donné par les Romains, Jules César l’utilise en précisant qu’eux-mêmes s’appelaient “Celtes”. “Gallia” est le nom latin donné à l’espace géographique entre l’Atlantique et le Rhin.



“Evel ur vro digabestr”
Mais revenons aux rues pavées de Vannes et à ses murailles. Une plaque de marbre scellée dans la pierre y rappelle que “Le 7 août 1532 fut signé à Vannes le traité d’union du duché de Bretagne au Royaume de France. La Bretagne conserva un statut d’autonomie abrogé par la Révolution Française de 1789”. C’est donc gravé dans le marbre.
Mais, sur la même plaque, la citation en français que je viens de vous livrer est précédée d’une citation en langue bretonne, que je traduis ainsi, avec l’aide du professeur de breton Daniel Carré : “Le 7 août 1532 fut signé à Vannes le traité qui mit fin à la liberté de la Bretagne. Bien qu’étant rattachée au royaume de France à partir de cette date, la Bretagne s’administra comme un pays libre jusqu’à la révolution française de 1789”...
Voilà donc sur une plaque officielle, scellée aux remparts de Vannes, deux phrases censées signifier la même chose mais dont le sens diffère. La phrase en breton parle de “fin de la liberté de la Bretagne”; l’autre d’une simple signature d’un “traité d’union”... Son inauguration suscita d’ailleurs quelques polémiques. Et si ces deux phrases n’étaient pas fausses ?

Un hommage simple sans serment de fidélité
Car oui, c’est bien à Vannes que fut signé le traité de 1532 signé par François Ier, roi de France, scellant de manière définitive le “rattachement” de la Bretagne à la France. Alors pourquoi parler de “fin de la liberté de la Bretagne” ? L’affaire a commencé en 1488-1491. Trois années durant lesquelles trois campagnes militaires furent menées par le roi de France de l’époque, Charles IX, pour soumettre le duché de Bretagne.
Les ducs de Bretagne levaient l’impôt, décidaient des lois, faisaient justice, levaient des armées, parfois contre le roi de France lui-même... Ce duché rebelle sur le flanc ouest du royaume de France était lourd de menace pour la monarchie capétienne, alors même que la Bourgogne venait juste d’être soumise. Le duché faisait partie du royaume, mais de loin. Les Bretons pouvaient, le cas échéant, porter leurs affaires judiciaires devant les tribunaux parisiens (comme aujourd’hui les tribunaux européens ?). Et le duc n’était pas roi : il devait rendre un hommage au roi de France, mais un “hommage simple sans agenouillement ni serment de fidélité” (5)... Très forte autonomie, donc. La jeune duchesse Anne, couronnée en 1490 était manifestement soucieuse de préserver cette autonomie. Elle décida de se marier au duc d’Autriche, Maximilien de Hagsbourg. Ce mariage trahissait un accord signé auparavant avec le roi de France et ne fut pas suffisant pour emporter la partie.

Des milliers de morts à Saint-Aubin du Cormier
A la bataille de Saint-Aubin du Cormier, pès de Rennes, en 1488, 5.000 à 6.000 soldats tombèrent du côté des vaincus (les Bretons et leurs alliés) quand 1.500 tombèrent du côté de l’armée du roi. 11.000 hommes constituait l’armée de la duchesse, 15.000 celle du roi. On avait mis les moyens, mais peu de gens, en Bretagne et en France, ont entendu parler de cette bataille décisive qui ne figure pas dans les programmes scolaires. Comme quoi, les manuels scolaires d'histoire de France ne se gargarisent pas de toutes les victoires françaises... Celle-ci amènerait peut-être les élèves à ses poser des questions peu souhaitables. Comment ça, une guerre a opposé le roi de France au duc de Bretagne ? Prise au piège dans la ville de Rennes, Anne de Bretagne fut sommée de se soumettre. Le mariage autrichien annulé (il n’avait pas été consommé), elle fut emmenée et contrainte de se marier rapidement au roi de France, Charles IX, en 1491. A la mort de celui-ci, elle épousa Louis XII, son successeur. Aucun garçon ne naquit de ces unions mais deux filles. L’aînée, Claude, épousa le roi suivant, François 1er. Puis les rois suivants, descendants de Claude et de François furent également duc de Bretagne...

Trois mariages et un rattachement
La Bretagne valait bien trois mariages. trois mariages et un “rattachement” aux allures de conquête et d’annexion. Toutefois, l’accord de 1532 laissait à la Bretagne certaines prérogatives, fiscales notamment. Le roi ne pouvait lever impôt sans l’assentiment du parlement établi à Rennes. Ces droits spécifiques furent source de tensions à plusieurs reprises, jusqu’à leur abrogation dans la nuit du 4 août 1789 en tant que “privilèges”... Et alors même que les députés bretons envoyés siéger aux Etats-généraux (devenus assemblée constituante), n’avaient en rien été mandatés pour cela... Alors oui, l’accord de 1532 mit fin à une certaine forme de “liberté” de la Bretagne, comme l’indique la plaque commémorative vannetaise; mais de qui en Bretagne ? Des ducs et duchesses de Bretagne, assurément, de la noblesse ? Mais le peuple fut-il mieux traiter avant le “rattachement” qu’après ? Quant à la phrase en français qui figure sur la plaque commémorative n’est pas fausse non plus, elle est plus neutre, il s’agit bien d’un “traité d’union”. Les différentes façons de dire l’histoire, même une fois gravées dans le marbre, révèles des contradictions, des oublis, volontaires ou pas. Mais elles peuvent aussi être complémentaires.



Jéhanne La Flamme...
Enfant, je me souviens m’être interrogé sur cette Jéhanne La Flamme dont plusieurs lieux portaient le nom dans la ville où j’habitais, Hennebont, une autre cité médiévale, à 50 km à l’Ouest de Vannes. Cela non plus, n’était pas enseigné aux enfants. Je connaissais les exploits de Jéhanne d’Arc, voire de Jéhanne Hachette, mais pas ceux de Jéhanne La Flamme... Je découvris qu’au XIVe siècle, cette duchesse de Bretagne, enfermée dans la ville close d’Hennebont, avait “mis le feu” au camp des Français (d’où peut-être son surnom)... “Au camp des Français...”; et en plus elle était soutenue dans sa lutte par les Anglais. Pour le petit Français que j’étais, cette découverte fut le début de biens d’autres mais que je ne trouvais pas dans les manuels de l’Education nationale. Non, en cherchant par moi-même dans les librairies, les bibliothèques... Pourquoi apprendre des batailles lointaines et ne rien savoir de celles qui ont eu lieu dans la ville où j’habitais ?

D’un mythe à l’autre
Pour s’auto-légitimer les pouvoirs, monarchiques, dictatoriaux, et même démocratiques, se façonnent depuis des millénaires des mythologies nationales souvent bien éloignées des réalités historiques (6). Ainsi les rois de France, comme les ducs de Bretagne, prétendirent descendre des Troyens ! L’historienne Suzanne Citron a montré, à travers ses ouvrages (7) comment certains historiens républicains du XIXe siècle ont créé une histoire officielle tendant à faire de la France un Etat prenant ses racines dans l’antiquité gauloise, un Etat quasiment éternel, préexistant. Un Etat-nation légitimé par ses ancêtres. L’histoire enseignée a encore pour but de montrer la formation de l’Etat français, monarchique puis républicain.

A travers le “domaine royal”, contrôlé directement par les rois, les régions du nord et du sud de la Loire sont progressivement intégrées, puis les régions “périphériques” comme la Bretagne, l’Alsace, la Corse... Cette extension a parfois eu lieu par le jeu d’alliances matrimoniales, sans violence, d’autres fois, comme en Bretagne, suite à une guerre. Mais les raisons et les circonstances sont rarement expliquées aux enfants, comme s’il s’agissait d’un processus naturel, évident. Les hors-catégories de toutes sortes (Juifs, Cathares, Bretons, Corses, Basques, pays colonisés...) ne sont mentionnés, en général, que lors de leur intégration au royaume ou à la république. Comme s’ils n’avaient pas d’existence autonome avant.

Une histoire contre l’autre ?
L’étude de l’histoire locale et régionale prouve le contraire. En Bretagne, un manuel d’histoire a été édité par le Centre de recherche et de documentation pédagogique, pour raconter l’histoire régionale (8). Il a été distribué largement dans les écoles. Cette démarche peut-être intéressante si elle est accompagnée par les enseignants pour montrer qu’il y a différentes façons de raconter l’histoire; les processus qui mènent à la formation des Etats; les différents types d’organisations des sociétés (centralismes, autonomie, fédération, décentralisation...).
Le danger existe de vouloir substituer une histoire nationale, un mythe national, à une autre. Une histoire de la Bretagne à la place de l’histoire de France. Là n’est pas mon propos. Je crois, par contre, qu’en partant du local on peut accéder à l’universel. Former une mémoire critique, curieuse, chercheuse, ouverte et non enfermée dans un schéma unique et nationaliste, consciente également des incertitudes historiques.

Egalité ou uniformité ?
C’est un paradoxe que de voir l’identité nationale française construite sur un mythe ethnique (les Gaulois), alors qu’elle proclame l’égalité des citoyens de toutes origines devant la loi. Mais quand on est blanc et francophone, on est plus “égaux” que les autres. La France, pourtant, s’est construite sur des bases multiculturelles : les populations mégalithiques puis les Celtes-Gaulois, puis les Romains et les Gallo-Romains, puis les Germains (les Francs parlaient une langue germanique) et une multitude d’autres populations depuis, venues pacifiquement ou pas. Cette diversité s’est traduite par une très grande richesse linguistique et culturelle que la monarchie n’a pas systématiquement cherché à faire disparaître (tant qu’on lui payait l’impôt et lui fournissait des conscrits) mais que la République, elle a cherché à niveler. N’aurait-elle pas confondu égalité et uniformité ?

Les difficultés à concevoir une histoire multicurelle ne se retrouvent-elles pas aujourd’hui dans les difficultés à intégrer les générations issues de l’immigration ou de la traite des Noirs (Antilles) ? Dans la difficulté qu’à la France à intégrer des différences régionales dans l’Hexagone (Basques, Corses, Bretons...) ? Dans l’impasse où sont les langues régionales, toujours privées de reconnaissance légale en France ? La France a-t-elle rompu avec sa vision coloniale sur les peuples “étrangers” et sur les peuples vaincus de l'Hexagone ? Ces peuples qui n’avaient pas d’histoire avant que la France ne les envahisse ? Pas d’histoire, pas de langue (non seulement des dialectes, des idiomes, des patois), pas de culture...

Du local à l’universel
Partir du local, de l’histoire des gens, pour ensuite accéder au national, puis à l’Europe et à l’ensemble de l’histoire de la planète. Je ne suis pas pédagogue, juste un citoyen qui se pose des questions : comment enseigner l’histoire pour la rendre vivante, porteuse de culture et d’une mémoire qui n’enferme pas ? Comment montrer les conflits, les contradictions, les différentes versions; lesquelles sont fausses, incomplètes, manipulatrices ?...
L’enseignement de l’histoire peut former à l’esprit critique, donc à l’esprit citoyen. Il peut aussi enfermer dans des schémas trompeurs et nationalistes, fauteurs potentiels de violence et de guerre. Au-delà de l’histoire et de la mémoire, c’est la question du contrat social qui apparaît : comment vivre ensemble avec nos différences ? Respecter ces différences tout en faisant vivre le projet démocratique et les droits de l’Homme ? L’enseignement de l’histoire en France doit-il d’abord former des Français ou doit-il d’abord former des êtres humains conscients de la complexité de l'histoire ?
Christian Le Meut

Alternatives Non-Violentes, n°136, 12 €, Centre 308, 82 rue Jeanne d'Arc, 76000 Rouen; ce dossier sur l'histoire comprend également un article de l'historienne Suzanne Citron sur le mythe national, un autre sur Sétif en 1945, les suivants sur l'histoire locale en Normandie vue à travers la presse locale, les prix Nobel de la Paix, le Mémorial de Caen et enfin la place des femmes dans le mouvements des droits civiques aux Etats-Unis.
anv.revue@wanadoo.fr

(1) “Comment on raconte l’histoire aux enfants”, Petite bibliothèque Payot, août 2004. Une étude étonnante sur la façon d’enseigner l’histoire à travers le monde et son évolution dans le temps.
(2) “Essai impertinent sur l’histoire de la Bretagne méridionale”, Camille Busson, Ed. L’Harmattan, 2005.
(3) “L’histoire de France autrement”, p. 14, Ed. de l’Atelier, 1995. Suzanne Citron, agrégée d’histoire, tente une approche nouvelle de l’enseignement de l’histoire de France dans ce livre, et du monde dans “L’histoire des hommes” (Syros, 1996).
(4) Cité par Suzanne Citron dans L’histoire de France autrement, p.15.
(5) “L’union de la Bretagne à la France”, Daniel Le Page, Michel Nassiet, Ed. Skol Vreizh, 2003. Une étude historique précise et nuancée.
(6) Mythes fondateurs de la Bretagne, Joseph Rio, ed. Ouest-France, 2000.
(7) Le mythe national, l’histoire de France en question, Ed. ouvrières, 1991.
(8) Bretagne, une histoire, CRDP de Bretagne; Louis Elegoët; existe aussi en langue bretonne.
(9) “Comment se fait l’histoire, pratiques et enjeux” : ouvrage collectif, p. 11, Ed. La Découverte, 2005.

Commentaires

bonjour,

Pour poursuivre votre réflexion sur l'expression de l'identité bretonne, voici une réaction à la publication de la revue Bretagne(s).

Si les Bretons sont réticents à voter pour les extrêmes, c’est grâce à l’importance économique et sociale de la femme dans la région, se félicite Romain Pasquier dans la première livraison de la revue Bretagne(s). Traduisez : nos moitiés, par leur modération et leur compassion naturelles, calment les ardeurs belliqueuses du citoyen mâle devant l’isoloir. On aura compris qu’à l’inverse, dans le Sud lepéniste, le macho écrasé de pastis devant son terrain de pétanque rumine sa rancœur xénophobe, parce que sa femme est bâillonnée dans la cuisine.
Il fallait un érudit pour révéler cette répartition des sexes en matière de citoyenneté.
Après la lecture de pareils lieux communs, il m’est venu l’idée de mesurer l’importance économique et sociale de la femme au sein de la revue Bretagne(s). Et là, on déchante un peu. Sur 24 contributeurs aux textes, une seul femme à laquelle il faut ajouter la directrice de rédaction. Et la sensibilité féminine ne s’exprime guère davantage par l’illustration. Ce n’est probablement qu’un malheureux hasard, me dis-je, et la proportion ne manquera pas de s’inverser au fil des prochaines éditions. Mais pour cela, il faut espérer beaucoup de vertus modératrice de la seule femme du comité de direction sur vingt membres.
Ecoutez ce que je dis, mais ne regardez pas ce que je fais. Les Bretons se taisent et ne s’étonnent plus. Ils sont semble-t-il trop habitués à lire les nouvelles dans les journaux des bien-pensants assis sur leur morale catholique et leur actifs financiers.

Écrit par : Y. Legall | 16/01/2006

Bonjour
la revue Bretagnes semble appeler pas mal de commentaires, comme le vôtre, comme ce courrier que je viens d'envoyer à cette revue qui ne comporte aucun texte, ni quasiment aucun mot en langues bretonne ou gallèse ! Bretagne avec un "S" ??? Du point de vue linguistique, le "s" ne se justifie pas :
"Lecteur de la revue "Bretagnes", j'aimerais savoir sur quelles études statistiques se base la phrase suivante :
< La langue bretonne, la pratique du gallo ne sont plus que très rarement d'un usage quotidien et cette particularité n'est plus>. Page 62.
Merci de me renseigner, car une telle affirmation conclue par "cette particularité n'est plus", est grave et étonnante dans un magazine qui prétend rendre compte des réalités bretonnes. Mais est-ce un constat ou un souhait, de la part de l'auteur de ces lignes ? Ou un refus de prendre en compte la réalité ? Certes, la pratique de la langue bretonne est en baisse, mais elle n'est pas devenue "rare" pour autant. "Rare" : cette réalité là peut rester "rare" effectivement pour qui ne veut pas tendre l'oreille ni porter son attention vers là. En ce qui me concerne, j'habite Hennebont (Morbihan), je parle la langue bretonne très souvent, je l'entends parler chaque jeudi sur le marché, je l'entends chaque jour à la radio (une seule radio bilingue associative dans le Morbihan)... Et quelle langue parle-t-on tous les jours dans les écoles bilingues publiques, privées et à Diwan ? Les langues bretonne et gallèse sont, certes, en danger, mais il s'agit de savoir si nous souhaitons les maintenir comme langues vivantes ou décréter que "cette particularité n'est plus". "Cette particularité n'est plus" : vos colonnes illustrent bien cette affirmation fausse et révoltante puisque vous ne réservez aucune place aux langues bretonne et gallèse. "Bretagne-s" titrez-vous, avec un "S", mais la Bretagne n'est pas monolingue ! Elle est, au moins, quadrilingue, puisque des parties de la population y parlent gallo, breton, anglais...
L'auteur de la phrase que je conteste, M. Alain Even, est par ailleurs président du Conseil économique et social... Instance censée représenter les différents corps sociaux auprès du Conseil régional : il y a de quoi inquiéter ! Le conseil régional a, depuis les dernières élections, une politique affichée et active de promotion des langues régionales. Les affirmations de M. Even ne seraient-elles pas une manière de contester cette politique, au risque de tordre la réalité ?"
Christian Le Meut

Écrit par : christian | 16/01/2006

Et oui, j'avais également observé l'absence de breton dans cette revue qui bénéficie d'un budget de 150 000 euros de la part du conseil régional puisés dans le budget de la recherche. Finalement, malgré une belle mise en page, M. Fitamant (l'éditeur d'Ar Men) n'avait pas trop de soucis à se faire. Le numéro des vingt ans d'Ar Men a quelques longueurs d'avance pour ce qui est d'appréhender cette fameuse identité bretonne.

Écrit par : Yves Pérennou | 17/01/2006

C'est clair : il n'y a pas photos entre Armen et Bretagne-s ! je me demande bien ce que le conseil régional est allé faire dans cette galère !
Christian

Écrit par : Christian | 17/01/2006

" LA NATION EST UNE COMMUNAUTE STABLE, HISTORIQUEMENT CONSTITUEE, DETERMINEE PAR QUATRE CARACTERISTIQUES :
- Communauté de langage
- Communauté de territoire
- Communauté de vie économique
- Communaute de Formation Psychique"
Définition de STALINE dans la revue théorique du Parti , PROVECHTCHENIE (L'instruction) , n° 3-5 mars-mai 1913 , sous la signature de K. STALINE. C'était la première fois qu'il signait sous ce pseudonyme....... Qu'on se le dise !!!!

Écrit par : LEUGE | 19/03/2006

Bravo et merci pour ce cours magistral, dans tous les sens du terme. Hélène Larrivé
http://cheminmarin.blogspot.com/

Écrit par : helene larrivé | 22/06/2009

A propos d'identité (pas bretonne ici mais méridionale, ça n'a pas d'importance) c'est à dire en le cas d'une pseudo colonisation, voici un blog :
http://helenearrive.20minutes-blogs.fr

Écrit par : hélène larrivé | 25/06/2009

Pour Hélène
Le lien avec le site ne fonctionne pas.
CLM

Écrit par : Christian | 26/06/2009

Le lien avec le site ne fonctionne pas ? Essayez avec les blogs. le dernier, sur la "colonisation" du Midi:
http://chemincasse.blogsport.com
ou le sommaire des 13 blogs-actualité HBL
http://larrive.blogspot.com
Bien cordialement et excusez moi. Hélène Larrivé

Écrit par : hélène larrivé | 29/06/2009

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