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07/03/2006

Livre : Claude Hagège "combat pour le français" et contre "la langue unique"

« Combat pour le français », est le titre d'un nouvel essai de Claude Hagège, linguiste renommé. Voici la critique de ce livre paru, dans Le Monde des livres édition du 03.03.2006.

"La discordance des langues, si l'on se réfère à la tradition biblique, est une malédiction qui punit les démesures de Babel. Pour Claude Hagège, à l'inverse, cette diversité, cet égarement après l'unicité originelle, n'est pas un châtiment. Dès lors, la domination d'une langue unique est une menace. Il reste que l'universalisation de l'anglais n'est pas un processus inéluctable ; l'inverser, pour le combattant linguiste, c'est assurer la garantie d'une harmonie. Il est question de combat, donc de défi : un esprit délié est conscient de la solidarité organique entre le culturel et le linguistique.

Dans l'Europe contemporaine, l'anglais est le support (ne devrait-on pas dire le suppôt ?) de l'économie libérale. D'où sa suprématie, vécue comme le moyen de l'efficacité marchande : « Mais, en réalité, écrit Claude Hagège, une langue est bien autre chose que ce dont on brandit astucieusement l'image trompeuse, à savoir, selon ce qui est souvent déclaré à propos de l'anglais, un pur outil pratique de communication internationale facilitant les échanges entre individus qui ne partagent pas un même idiome. Car du fait même que, selon la vision anglo-américaine, la langue n'est pas une fin en soi, il apparaît, si l'on dépasse les apparences, que ce qui est premier est cela justement qu'elle véhicule. » Le choix d'une langue est un choix de civilisation, une naturelle conséquence, et la conséquence dont nous parlons est celle du néo-libéralisme. Il en va ainsi des « illusions de la mondialisation et des inégalités de fait, vues en termes linguistiques » : à l'heure de la communication outrancière, Hagège souligne une déconnexion d'opinions et de perceptions. Deux univers s'affrontent : les sphères du pouvoir américain, et le reste du monde. L'exportation d'un modèle démocratique (qui s'exprime en anglais) s'épuise devant l'histoire d'individus et de sociétés aux fondements différents.

Et le français dans tout ça ? Mais il se porte comme un charme si l'on s'en tient au nombre croissant de ses locuteurs. Mais alors ? Il n'est pas défendu, ou pas assez, ou mal : « Je n'aurais pas écrit ce livre, confesse Claude Hagège, si le contexte politique de défense de notre langue ne s'était pas, depuis quelques années, brusquement retourné. » Et l'auteur de L'Homme de parole (1985) de s'en prendre vertement à la mollesse de nos institutions nationales et à l'inféodation des européennes aux lois du marché. Défendre une langue, c'est défendre une vision de l'univers. Au final, Combat pour le français est un livre optimiste. Hagège gage que des Anglo-Saxons lucides viendront bientôt nous prêter main-forte tant ils sont conscients que l'hégémonie de l'anglais souffre d'une « ghettoïsation par le haut ».

La pluralité des langues, c'est la pluralité des idées. « L'Histoire, espère Hagège, laisse apparaître que ce genre de combat, malgré son aspect naïf ou désespéré, non seulement peut conduire à des victoires ponctuelles, mais encore finit, au long du temps, par avoir raison des forces aveugles. »
Vincent Roy

"Pluralité des langues, pluralité des idées" belle idée, qui peut s'appliquer à un autre combat, celui du multilinguisme ici, en Bretagne et en France. Les langues dites régionales, mais aussi les langues parlées par les populations issues de l'immigration, contribuent à la richesse culturelle. Leur pratique, leur transmission et leur enseignement contribue au combat contre l'uniformisation et l'appauvrissement culturel humain. Langues régionales et langue française, même combat : il est dommage que bien des Français ne comprennent cette réalité, notamment ceux qui sont à la tête de l'Etat et qui persistent dans une politique d'étouffement tranquille des langues régionales. C.L.M.

02/03/2006

Rezore : ur blead, 36.000 bizit !

Savet oa bet Rezore (re ‘zo re) ur bloaz zo, e miz Meurzh 2005. Abaoe, 250 testenn a zo bet embannet warnan : al lodenn vrasan skrivet genin ha divyezheg (brezhoneg-galleg), hag al lodenn all, kentoc’h e galleg, skrivet get mignonned din pe kavet war internet.
36.000 bizit zo bet e korf ar blead, ar pezh n’eo ket fall : tost 100 bizit bemdez (ha kentoc’h 150 hiriv an deiz). 90.000 pajenn a zo bet digoret (lennet ?). Un nebeut “komentarioù” zo bet kaset get al lennerion, ha tabutoù zo bet : a ziout “Dolmen” (rummad filmoù skinwell savet e Breizh); ar Varseillaise er skol hag ar panneloù divyezheg e Breizh. Met n’eus ket bet kement-se a dabutoù, ar pezh a zo domaj un tammig : mod-se vez kaset e sonjoù get peb hini. Ma peus-c’hwi sonjoù da lâret, profitit ! Dre “commentaire” c’hwi c’hell skrivañ ar pezh a sonjit, penaos gwellaat “rezore”, hag all, hag all.

Rezore : un an et 36.000 chandelles
Ce blog, Rezore (re ‘zo re, “trop c’est trop”, en breton) a été créé début mars dernier et fête donc ses un an et 36.000 visites. Si les compteurs de blogspirit sont fiables, Rezore a enregistré près de 36.000 visites depuis un an, soit une centaine de visite par jours, et plutôt 150 ces derniers mois. Près de 90.000 pages ont été ouvertes (lues ?). 250 notes y ont été éditées : la majorité écrite par mes soins et bilingues, breton-français; une minorité écrites par d’autres (ou trouvées sur le net) et en français uniquement.
Du côté des commentaires, c’est un peu plus décevant : 200 environ. Il y a eu quelques débats intéressants cependant, surtout en français, sur la série télévisée Dolmen (tournée en Bretagne), sur la Marseillaise à l’école ou encore sur les panneaux bilingues... C’est un peu dommage car ces débats sur le net sont souvent riches, chacun apportant des éléments d’information et d’analyse aux autres. Alors n’hésitez pas à écrire ce que vous pensez de “rezore”, ou sur un autre thème, par le biais des commentaires ci-dessous.
Kenavo hag ar c’hentañ tro !
Au revoir et à très bientôt !
Christian Le Meut

18/02/2006

Chronique d'un néo

Voici le texte d'une chronique diffusée mercredi 15 février 2006 sur Radio Bro Gwened (Pontivy).

“Voici maintenant presque quatre ans que je tiens cette rubrique sur Radio Bro Gwened, et je dois vous avouer quelque chose. Pas un grand crime ni un grand défaut mais un petit fardeau que je porte dans ma vie quotidienne, quand même. Voilà, je suis un “néo”. Oui, un “néo”, qu’est-ce que c’est que cette bête là, vous demandez vous ? On connaît un peu les “bobos”, bourgeois bohème que l’on trouve beaucoup dans les grandes villes, mais le néo, kézako ? Il s’agit du néo-bretonnant. Cette espèce bizarre de gens qui n’ont pas appris le breton comme une langue maternelle, mais qui l’ont apprise soit à l’école, à l’université, en cours du soir, bref, comme ils ont pu, puisque la transmission familiale s’est quasiment interrompue. Les “néos” sont en général plus jeunes que la majorité des bretonnants de langue maternelle.

C’est en bretonnant que l’on devient bretonnant
De mon côté, mes quatre grands parents étaient bilingues mais je n’ai dû entendre parler breton qu’un dizaine de fois dans mon enfance. Le breton était mal vu et quasiment interdit, et sa transmission aux enfants absolument inconcevable. Pourtant, je n’étais pas d’accord avec cet état fait. Passer de deux langues à une seule ne me semblait pas un progrès de l’humanité. Alors j’ai commencé à prendre des cours à l’âge de 17 ans, mais la route a été longue et ce n’est qu’un vingtaine d’années plus tard que j’ai pu commencer à parler vraiment, grâce à une formation à temps plein pendant six mois. Je parle breton donc, plus ou moins bien, et je suis donc rentré dans le petit monde des néo-bretonnants.

Mais elle n’est pas toujours facile, la vie des “néos”... Nous ne parlons pas “le même breton” que les anciens, nous faisons des fautes... Le français est ma langue maternelle et je fais encore des fautes de français, je l’avoue. J’en fais plus en breton, c’est sûr, mais je pars de l’idée que c’est en bretonnant que l’on devient bretonnant ! C’est pourquoi je me suis lancé il y a quatre ans dans cette chronique que je tiens sur Radio Bro Gwened en breton chaque vendredi à 8 h 15. Combien de gens de 20, 30, 40, 50 ans ont appris le breton comme langue maternelle ? Très Très peu. Dans ces générations là, nous sommes nombreux à être des “néos”, à vouloir apprendre et travailler pour et en breton.

Il y a quelques mois un hebdomadaire en breton s’est créé, Ya! Presque mille personnes y sont désormais abonnées, et c’est une bonne nouvelle dans un paysage médiatique bretonnant qui a bien besoin de bonnes nouvelles. Mais voilà, une association de cours par correspondance a écrit à Ya! pour lui indiquer qu’elle ne peut pas en recommander la lecture à ses membres, à cause des fautes... L’équipe de Ya! est très réduite mais parvient à sortir un hebdomadaire en langue bretonne, ce qui relève de l’exploit, et voilà que certains jouent les rabats joie... Il reste des fautes dans les journaux du monde entier et dans toutes les langues, c’est la loi du genre; l’objectif est, évidemment, d’en laisser passer le moins possible, mais il en restera toujours car éditer un journal quotidien ou hebdomadaire implique de travailler vite.

On s’améliorera
Le breton n’est quasiment plus une langue maternelle. Quelques couples jeunes, et courageux, parlent breton à leurs enfants à la maison, mais ils sont rares. Nous, les “néos bretonnants”, ainsi que les enfants qui apprennent le breton dans les écoles bilingues, sommes donc l’avenir de la langue. Nous ne prononçons pas bien ? On s’améliorera. Nous faisons des fautes d’orthographe ? On s’améliorera. Avec l’aide des anciens... Ou sans elle.

Car le parcours du combattant néo bretonnant est parfois semé d’embûches. Il y a les anciens qui pourraient parler breton mais ne veulent pas. Il y a ceux qui parlent, mais pas avec les néo-bretonnants, difficiles à comprendre selon eux; il y a ceux qui veulent bien parler breton le matin, mais pas l’après-midi, ou l’inverse... Enfin, heureusement, il y a ceux qui ont plaisir à parler et à échanger, “même si ce n’est pas le même breton”, comme ils ou elle disent. Pour constater que, malgré les différences, on peut arriver à se comprendre progressivement.

Pismigourion zo
Alors oui, le “néo” fait des fautes. Mais il fait. Il travaille alors même que la langue bretonne a été abandonnée par la très grande majorité des Bas-Bretons. Pas par nous, les néos. Nous pourrions aussi rester muets, ne plus écrire, ainsi nous ne ferions plus de fautes. Peut-être serait-ce mieux pour certains qui, semble-t-il, préfèrent garder leur belle langue bretonne pour eux, mais ce serait grave pour le dynamisme de la langue bretonne.

“Néo”, en grec ancien, cela veut dire “nouveau”. Il y a donc des nouveaux, et du nouveau, dans le petit monde de la langue bretonne. Il y a aussi beaucoup de grognons, de “pismigourion”, mais ça, ça n’a pas l’air d’être très nouveau. Kenavo, en espérant ne pas avoir laissé trop de fautes dans cette chronique.
Christian Le Meut

17/02/2006

Kronikenn un "néo"

N'eo ket aes berped, bout un "néo". Setu ar pezh a lâran barzh ar gronikenn se skignet war Radio Bro Gwened...

"Ret eo din ansav un dra bennag deoc’h. A c’houde tost pewar bloaz bremañ en em gavomp bep gwener mintiñ ar Radio Bro Gwened ha, sur awalc’h, c’hwi peus komprenet ar wirionez a ma fenn : un “néo” on me. Ya un “néo”... Petra eo, un “néo”, e c’houlennit ? Peseurt loen eo an dra se ? Bez zo dija ar re “bobo”, “bourgeois bohême”, koste Paris, met petra eo un “néo” ?

Kavet vez ar sort tud se e Breizh hag e lec’hioù all ivez, un tammig. Me zo un “néo bretonnant”, un den a zesk brezhoneg, a gomz brezhoneg tamm pe damm hep bout bet maget e brezhoneg pa oan krouedur, tamm ebet. Razh ma zud kozh a gomze breton a vihanig, met me, m’eus ket kazimant james klewet komz o yezh e pad ma bugaleaj. Tost difenet ‘veze komz ha deskiñ brezhoneg d’ar mare se, kazimant, pe gwellet fall, da nebeutan. Met me, ne oan ket a du ha kroget m’boa da zeskiñ d’an oad a seitek vloaz. Hir eo bet an : war dro ugent vloaz ar lerc’h on daet da benn. Me zo un “néo”, un “néo” bremañ. Met n’eo ket aes berpet, bout un néo.


Donet da vout brezhoneger e vrezhonegañ
Rebechet vez deomp, ar re néo, d’ober re a farioù ! Nag ur vezh, ober farioù... Galleger a vihan on-me, ha me ra c’hoazh un nebeut farioù e galleg ivez, pas kement se d’am sonj, met bon, un tammig memestra. E brezhoneg e ran muioc’h a farioù evit e galleg. Met desket vez ec’h ober; setu perak e skrivan e brezhoneg hag e laran sotonioù er radio abaoe pewar bloaz bremañ. Ya, desket vez ec’h ober, e sealoù, e komz, e vonet da c’hentelioù nozh, da stajoù, ha c’hoazh... E vrezhonegañ e teuer da vout brezhoneger*...

Ar galleg zo ma yezh a vihanig, evel razh an dud a oad genin, kazimant. Ped a dud a dregont vloaz, a zaou ugent vloaz, pe ag hanterkant vloaz, a gomz brezhoneg a vihanig ? D’an oad se, ar re a gomz breton a zo razh, kazimant “néo”, tud get youll ha beugon da zeskiñ; tud a laboura evit komz ha skriv brezhoneg.


Nann da Ya !?
N’eus ket pell zo, tud zo deus savet ur gazetenn sizhunek anvet Ya! Tost mill den a zo koumanantet hiriv an deizh. Berzh zo get ar gelaouenn-se. Gortozet vez bremañ d'ar yaoù pe d'ar gwener, get tud a gav danvez da lenn e brezhoneg bep sizhun... Met ur gevredigezh a ra kentelioù brezhoneg dre lizher 'deus skrivet da Ya ! n'hellay ket anezhi erbedet Ya! d'he izili a gaos d’ar farioù... Bizkoazh kement all : na sot eo, me lâr deoc’h ! Savet eo bet un dra nevez ha brav e bed ar brezhoneg, ha setu tud e klemm c’hoazh. Farioù a chom barzh razh ar c’hazetennou er bed a bezh peogwir emañ ret d’ar gazetennerion labourat buan, e brezhoneg hag e yezhoù all. Embann ar bihanan posupl a farioù zo ar pal, sur awalc’h, met n’heller ket embann traoù parfet bep gwezh.

Gwellaet vo !
Ar breton n’eo ket mui ur yezh vamm; n’eo ket mui, kazimant, ur yezh komzet er ger get ar re yaouank. Bez zo tud yaouank ha kalonek a gomz brezhoneg d’o bugale, met n’int ket kalz. Ganeomp ni, ar re “néo” emañ dazont ar yezh, ha get ar vugale a zesk brezhoneg er skol. Ne zistagomp ket mat ? Gwellaet vo. Ni ra farioù ? Gwellaet vo. Get sikour tud kozhoc’h mard int dijapl, pe hep o sikour. Kar ez eus tud kozh a gomz brezhoneg a vihan ha ne faota ket dezhe na gomz na gelenn o yezh vamm; tud all a c’hellehe komz met ne faota ket dezhe komz d’ar re yaouank kar “n’int ket aes da gompreiñ”; tud all a fell dezhe komz brezhoneg da vintiñ met pas d’enderv... Ya, n’eo ket aes bemdez buhez un néo met, eurus awalc’h, bez zo tud kozh a vourr dezhe komz o yezh a vihan get ar re yaouank hag hi c’helenn dezhe daoust ma “n’eo ket ar miam breton”, d’o sonj..

Ar brezhoneg zo bet dilezet get al lodenn vrasan ag ar Vretoned, aman, e Breizh Izel. Pas ganeomp ni, ar re “néo”. Ni hellehe chom mut, hep komz na skriv; hep ober farioù neuze. Gwelloc’h vehe marteze evit tud zo hag a vez miret gete o brezhoneg ken brav.

“Neo” a dalv “nevez” e gresianeg kozh. Eurus awalc’h, tud ha traoù nevez a zo e bed ar brezhoneg. Ha pismigourion a zo ivez, met an dra se n’eo ket nevez, ar e seblant. Kenavo deoc’h, get an esperans m’eus ket lesket re a farioù barzh an destenn mañ !

Christian Le Meut

* "C’est en bretonnant que l’on devient bretonnant”

16/02/2006

Le conseil de l'Europe invite la France à ratifier la charte européenne des langues régionales

 Voici le communiqué paru sur le site de l'Agence Bretagne Presse sur la situation des droits de l'Homme en France du point de vue des droits de l'Homme. La non-ratification de la charte européenne des langues régionales et minoritaires (que la France a signé mais non ratifié) est à nouveau rappeler.

"[ABP] Le rapport annuel du Commissaire aux Droits de l'Homme sur la France est téléchargeable depuis midi sur le site du Conseil de L'Europe. La France y est condamnée pour ses conditions carcérales, les pires en Europe, d'après le rapport, et les dysfunctionnements de la justice et de sa police. Les journaux télévisés de 13 heures ont bien annoncé le rapport et le bonnet d'âne pour les prisons, mais passent encore une fois sur la non-ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires et le refus de signer la Convention Cadre pour la protection des Minorités Nationales. Ces refus de la France sont pourtant signifiés dès le premier paragraphe des remarques préliminaires du rapport:
 
"1. La France est l’un des pays fondateurs du Conseil de l’Europe. Elle a signé la Convention européenne de Droits de l’Homme en 1950 et l’a ratifiée le 3 mai 1974. En 1981, elle a reconnu le droit de recours individuel devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme (ci-après « CEDH »). La France est également partie à la Charte sociale européenne ainsi qu’à la totalité des articles de la Charte sociale européenne révisée. Toutefois elle n’a toujours pas signé, ni ratifié la Convention cadre pour la protection des minorités nationales et le Protocole 12 de la Convention européenne des Droits de l’Homme, ce qui est regrettable. De plus, si elle a signé la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, le Protocole 14 à la Convention amendant le système de contrôle de la Convention, et le Protocole 13 relatif à l’abolition de la peine de mort en toutes circonstances, elle n’a pas ratifié ces instruments juridiques pourtant importants dans une perspective de lutte contre les violations des droits de l’homme. Je ne peux qu’inviter la France à réfléchir à la ratification prochaine de ces instruments."

 

Le rapport est téléchargeable sur http://www.coe.int/DefaultFR.asp cliquer sur rapport"

 

14/02/2006

Les radios bretonnes s'écoutent par internet

Les émissions de radio en langue bretonne peuvent désormais être écoutées dans le monde entier, comme l'explique le communiqué ci-dessous. C'est très simple, même moi, j'y suis arrivé ! Je rappelle que la plupart des textes en breton figurant sur ce blog sont des chroniques radio (sur Radio Bro Gwened, le vendredi matin, 8 h 15 et en français le mercredi matin, 9 h 15). L'information ci-dessous concerne les radios associatives, les radios publiques peuvent également être écoutées sur le net (voir le site de France bleue), notamment l'émission en langue bretonne sur France Bleue Breizh Izel (Quimper), le soir de 18 h 30 à 21 h.
 

"Bretons du monde-OBE" signale à tous ceux qui sont loin de la Bretagne, ou des zones de réception des radios bretonnes, et qui sont intéressés par la langue bretonne, qu’il est possible d’écouter les radios associatives qui l’utilisent via Internet. Quatre radios se sont associées pour offrir cette possibilité : Arvorig-FM, Radio Bro-Gwened, Radio Kreiz-Breizh et Radio-Kerne. Pour les écouter dans des conditions confortables, il est préférable de disposer d'une connexion haut débit. Au delà des performances évidentes de vitesse de transmission, seul ce type de connexion permet simultanément d'écouter la radio, de téléphoner et de naviguer sur Internet.
"Bretons du monde-OBE" signale deux solutions de mise en œuvre de cette possibilité d’écoute lointaine.
Solution recommandée par le site officiel de la fédération des radio bretonnes. Le fonctionnement de la radio sur ordinateur nécessite un logiciel dédié à cette fonction. Les quatre radios associées proposent un site internet pour vous guider dans vos opérations de téléchargement. Ce site, intitulé "Ar radioioù e brezhoneg war-eeun", est accessible à partir du site http://radio.stalig.com
Le téléchargement du logiciel "Ar radioioù e brezhoneg war-eeun" s’effectue à partir de la page http://radio.stalig.com/StaligPlayerDownload.html
La taille de ce logiciel n’est que de 500 KO mais il est fort possible de devoir aussi télécharger la version Java Runtime environment qui fait environ 16 MO.
Pour ce qui concerne les systèmes d’exploitation de votre micro-ordinateur, il est théoriquement possible d’utiliser les anciennes versions de Windows, mais il vaut mieux travailler avec les versions XP. Pour les connaisseurs qui utilisent Linux, il existe bien évidemment les versions logicielles adaptées à ce système d'exploitation.
Toutes les instructions requises se trouvent sur les pages Internet indiquées.

Une autre solution
Solution alternative proposée par le webmaster de "Bretons du Monde-OBE" : cet outil simplifié de réception nous est proposé sur le portail de Dewi Malo, webmaster de "Bretons du Monde-OBE" à titre d'évaluation. Il utilise un flux en accès libre et vous permet ainsi de recevoir, sans téléchargement, cinq radios, dont Radio-Alternantes émettant en FM sur la Loire-Atlantique. Pour cela, il vous suffit d'aller sur son site personnel http://www.portailbreton.net/ dans la rubrique loisirs et de cliquer sur radios en ligne. En option, vous pourrez télécharger la barre d'outils de ce portail http://portailbreton.free.fr/toolbar.php, qui offre l'avantage de bloquer les "pop up" de publicité et d’écouter les radios grâce à son lecteur intégré.
L'avantage de cette solution est d’utiliser un lecteur normalement fourni avec Windows. Elle vous permet de travailler (pourquoi pas) en musique, vous donne aisément un aperçu des programmes offerts (y compris en 56 KO), mais ne garantit pas l'accès libre du flux sur la durée. Au surplus, le signal musical transmis compatible pour le faible débit est nécessairement de qualité moindre.
Dès lors, une fois habitués à recevoir les radios bretonnes par ces modalités simplifiées, vous aurez toute latitude de vous orienter vers la solution normale mise à votre disposition sur le site officiel de ces radios http://radio.stalig.com.
"Bretons du Monde-OBE" vous souhaite bonne réception, où que vous soyez dans le monde !
Pour Bretons du Monde – OBE : René Allain, Vice-Président.

www.bretonsdumonde.org

Délégation Générale,  106, ch. de la Côte-du-Moulin, 78620 L'Etang-la-Ville, France. Tél: (00-33) 1-39-58-48-86.
Fax: (00-33) 1-39-58-68-51."

13/02/2006

Revues : Ar Men 1 - Bretagnes 0

Une nouvelle revue vient de sortir son premier numéro : Bretagne-s, avec un "S", mar plij ! Son surtitre est "Bretons d'aujourd'hui et de demain" : et les Bretons d'hier, qu'en fait-on ? On les oublie ? Serions-nous une "génération spontanée" ? Cette revue relativement luxueuse propose une série d'articles écrits par des universitaires sur les Bretons, qui sont-ils, comment ils votent, que vont-ils devenir, etc ? Dans l'édito de présentation, Yves Morvan et Gabrielle Touret-Barbotin affirment que l'objectif de leur nouvelle revue est "d'explorer une Bretagne multiple, riche de ses différences"... Mais les différences linguistiques, elles, n'ont pas leurs places dans cette revue qui ne comporte pas un seul article en breton ni en gallo, ni même en anglais... Non rien, monolithisme linguistique ! Pas de "s" dans ce domaine et, pire, on peut lire en page 62 sous la plume de M. Alain Even, maître de conférences à l'université de Rennes 2 et, par ailleurs, président du Conseil économique et social de Bretagne : "La langue bretonne, la pratique du gallo ne sont plus que très rarement d'un usage quotidien et cette particularité n'est plus". Ah bon ?

J'ai envoyé un mail à la rédaction de cette revue pour lui demander sur quelles bases scientifiques se basent de telles affirmations. Ce mail termine ainsi : "Merci de me renseigner, car une telle affirmation conclue par "cette particularité n'est plus", est grave et étonnante dans un magazine qui prétend rendre compte des réalités bretonnes. Mais est-ce un constat ou un souhait, de la part de l'auteur de ces lignes ? Ou un refus de prendre en compte la réalité ? Certes, la pratique de la langue bretonne est en baisse, mais elle n'est pas devenue "rare" pour autant. "Rare" : cette réalité là peut rester "rare" effectivement pour qui ne veut pas tendre l'oreille ni porter son attention vers là. En ce qui me concerne, je parle la langue bretonne très souvent, je l'entends parler chaque jeudi sur le marché, je l'entends chaque jour à la radio (une seule radio bilingue associative dans le Morbihan)... Et quelle langue parle-t-on tous les jours dans les écoles bilingues publiques, privées et à Diwan ? Les langues bretonne et gallèse sont en danger, mais il s'agit de savoir si nous souhaitons les maintenir comme langues vivantes ou décréter que "cette particularité n'est plus"..."

J'attends la réponse et l'éditerai sur ce blog.

150.000 € pour enterrer le breton : merci la Région !
L'auteur de la phrase que je conteste, M. Alain Even, est président du Conseil économique et social... Instance censée représenter les différents corps sociaux auprès du Conseil régional : il y a de quoi inquiéter ! D'autant que le Conseil régional à financer à hauteur de 150.000 € cette revue qui enterre le breton et le gallo ! 150.000 € qui, placés ailleurs, auraient pu créer quelques emplois en langue bretonne. Et moi, j'ai dépensé 6 € pour lire ça...

Heureusement, il y a d'autres revues sur la Bretagne, comme Bretagne magazine, qui propose régulièrement de beaux numéros, ou Ar Men, qui fête ses 20 ans et son 150e numéro, occasion de dresser un tableau de la vie politique, linguistique, médiatique, écologique, économique, culturel, de la région, à travers des reportages sur le terrain. "La Bretagne, un monde à découvrir" est le sous-titre de cette revue à découvrir : elle coûte 10 €, mais elle les vaut !

Christian Le Meut

10/02/2006

An Dasson : komzoù Marie-Ange Aodic (1908-1992)

Marvailhoù, spurmantoù, brezel ar Chouanted, An Diaoul hag e droioù, ar "mell benniget" hag an amzer da zonet : setu an danvez tolpet en niverenn 60 ag ar gazetenn An Dasson. Komzoù ur vaouez, Marie-Ange AODIC, melinourez e Brec'h, hag a zo bet enrollet tost da naontek vlez 'zo. Kavet 'vo he zesteni àr un tamm CD hag an diskrivadenn anezhoñ da heul en niverenn. Lakaet eh eus bet ivez un droidigezh e galleg ha displegadennoù da gompren gwell he istorioù.

An Dasson n° 60 : le témoignage de Marie-Ange Audic (1908-1992)
Meunière à Brec'h (près d'Auray dans le Morbihan), Marie-Ange Audic raconte sa vie, le diable et ses tours, les souvenirs de la chouannerie, la mort, l'avenir, dans ce numéro 60 de la revue An Dasson, éditée par l'association Sten Kidna-Komzomp asampl. Daniel Carré a enregistré Marie-Ange Audic il y a 19 ans. Son témoignage est traduit en français, avec des explications pour mieux comprendre le contexte, et un CD en langue bretonne. 7,5 euros l'exemplaire, port compris (Sten Kidna, 6 rue Joseph Rollo, 56400 Auray).

Priz : 6 euro, mui 1,50 aveit ar frejoù post, aveit preniñ un niverenn,skrivit da Kerlenn Sten Kidna "Komzomp Asampl" An Alre, 6 ru Jospeh Rollo 56400 AN ALRE/ AURAY, pe pellgomzit d'ar 02 97 29 16 58.
e-mail : stenkidna2@wanadoo.fr

06/02/2006

France 3 : portion congrue pour les régions et le breton

La nouvelle direction de France 3 procède à une refonte des programmes régionaux qui réduit l'espace pour l'information régionale; l'émission en breton "Mouchig dall" est également menacée... Au mieux, elle serait diffusée le dimanche matin (après moult changements d'horaires), au pire, elle serait supprimée. C'est la seule émission en breton pour les enfants à la télévision. Voici le texte d'une pétition signée par des salariés de France 3 Ouest :

"Le 10 février prochain, le 12/14 Ouest disparaîtra des écrans de France 3 Ouest. Cette édition d’information diffusée à 12h55 existait depuis 9 ans et rencontrait un large public. Dès le 27 février, elle sera remplacée par un programme de divertissement national. Ainsi en a décidé la nouvelle présidence de France Télévisions. A l’origine de ce choix, le « patriotisme de groupe » défendu par Patrick de Carolis, le PDG du groupe (qui englobe désormais France 2, France 3, France 4, France 5 et RFO). En d’autres termes, les chaînes publiques ne doivent plus mettre à l’antenne aux mêmes heures des programmes concurrents ; ce qui veut dire par exemple « pas d’info face à l’info ». Forts de ce principe, les dirigeants du groupe ont tranché au détriment des stations régionales. Le patriotisme de groupe se traduit par la disparition du 12/14 de France 3 face au 13h de France 2, et à la rentrée de septembre c’est le vaisseau amiral de la chaîne, le 19/20, qui sera à son tour « réaménagé ». Dans le cas présent, les créneaux enlevés aux régions ne sont pas compensés. Or pour France 3 Ouest, ce sont chaque semaine 2h30 de programmes qui disparaissent. Des créneaux traditionnellement régionaux qui sont littéralement kidnappés au profit de l’antenne nationale.
Et ce n’est pas fini. Les programmes en breton sont eux aussi sur la sellette. Paris ne veut plus de l’émission pour enfants « Mouchig Dall » le mercredi matin. Or, il n’y a pas de créneau disponible ailleurs. Il faudrait une dérogation parisienne pour la diffuser le dimanche matin. On l’attend toujours. Dans cette histoire ce sont d’abord les téléspectateurs qui sont niés. S’est-on soucié des 300.000 habitués quotidiens du 12/14 Ouest ou des fans de « Mouchig Dall » ? Aujourd’hui, malgré des discours lénifiants, les dirigeants de France Télévisions s’assoient allègrement sur la loi et sur le cahier des charges de France 3 qui proclament pourtant la vocation régionale de cette chaîne généraliste.
Qu’on ne s’y trompe pas, la télévision publique, ce n’est pas la préoccupation de ces messieurs. Ils viennent du privé.
Le numéro trois du groupe, le directeur financier Thierry Bert arrive tout droit de Bercy, où il dirigeait l’Inspection générale des finances. Ce monsieur vient d’annoncer une augmentation de la publicité sur les antennes du groupe. Un monsieur qui trouve aussi que 12 programmes régionaux ça coûte beaucoup plus cher qu’un seul programme national. Et voilà qu’un audit au vitriol vient opportunément lui donner raison. Un audit interne mené... par lui-même !
Qu’il faille réexaminer le financement de la télévision publique et le pérenniser, nous en sommes d’accord. Mais les régions de France 3 ne doivent pas trinquer pour un groupe de plus en plus gros qui manque d’argent. Aujourd’hui en amputant les programmes régionaux, on laisse le champ libre aux télévisions locales privées et à M6 qui lance - quel hasard ! - son 12.50.

En s’attaquant aux programmes régionaux, c’est la raison d’être de France 3 qu’on menace. Ne laissons pas ces "liquidateurs" faire leur sale besogne. Nous, téléspectateurs, citoyens, salariés de France Télévisions, défendons la seule chaîne publique régionale de France !

http://www.coordmareenoire.net/petitions/?petition=4
http://blablasurla3.free.fr/

Réunion à Rennes mercredi 8 :
"L'Association citoyenne pour un audiovisuel public en Bretagne propose une réunion le mercredi 8 février à 15 heures au bar "Le Scaramouche" (3 bis rue Duhamel-RENNES, face à France 3 ouest). Tout le monde est invité
Ordre du jour :
- principe et objectif de l'association
- admission de nouveaux membres
- actualité du moment
- discussion ouverte autour de la notion de télévision publique régionale."

25/01/2006

Sinema, daou film a enep d'ar c'hontrollerezh : "Viva Zapatero" ha "Good night and good luck"

Daou film nevez a zo bet savet a enep d’ar c’hontrollerezh (censure) en Italia hag er Stadoù Unanet.

Viva Zapatero, da gomans : ar film se zo ur sort reportaj a ziout ar mediaioù en Italia, Bro Berlusconi. Du hont e vez diaesoc’h diaesañ rebechiñ traoù d’ar gouarnamant. Ar mediaioù privez zo e daouarn Berlusconi, hag ar mediaou publik ivez, pe tost. Perak an titl se : “Viva Zapatero” ? Rak kentizh ma oa bout lakaet e penn gouarnamant Bro Spagn, an aotrou Zapatero n’doa savet ul lezenn evit distagiñ ar chadennoù skinwell d’ar gouarnamant. Ar pezh n’eo ket bet graet get Berlusconi !
Sabina Guzzanti zo un gomedianez fentus en Italia, brudet. E 2003 ur chadenn publik, ar Rai Tri, doa goulennet get Sabrina sevel un abadenn satirik farsus. Met un abadenn zo bet skignet hepken, sansuret eo bet ar lerc’h a gaos ma oa ur bochad sketchoù a enep Berlusconi ! Hag ar film a ziskouezh penaos a zo bet sansuret an abadenn skinwell; penaos Berlusconi n’eus gwasket ar mediaioù tamm ha tamm (skinwell, skingomz, kazetennoù...), daoust d’ar vonreizh ha d’al lezennoù; ha penaos a ya war vihanat ar frankiz en Italia...
Sabina Guzzanti a stourm evit an demokratelezh en he bro. Mont a ra da atersiñ pennoù bras politikel ag Italia, kazetennerion ivez, ur skrivagnour evel Dario Fo, a zispleg petra eo ar “satire”; ha kazetennerion pe animatourion tele e broioù all, evel Karl Zero (Le vrai faux journal) ha Bruno Gaccio (Les Guignols) e Frans.
Ma faota deoc’h gouiet penaos eo stad an demokratelezh en Italia, kit da welled Viva Zapatero.

Good night an good luck
Gwenn ha du eo ar film se, filmet evel ma veze filmet er bleadeù 1950, ha savet get an aktour brudet : Georges Clooney. Ni zo e 1953, er Stadoù Unanet, ur prantad amzer diaez : ar “brezel yenn”. Ur wezh bout trec’het an nazied get an allied, an URSS oa daet da vout enebour brasan d’ar Stadoù Unanet. Ha tud zo, evel ar senedour Mac Carthy, a welle kommunisted e pep lec'h : en arme, er gouarnamant, e Hollywood, ha c’hoazh.
Aktourion, savourion film, soudarded, kazetennerion, politikerion veze barnet ha tamalled dezhe da vout kommunisted (daoust ma ne oant ket) ha treitourion o bro. Tud evel Charlie Chaplin doa kavet gwelloc’h mont kuit d’an Europa rak ne oa ket mui posupl evitan labourat er Stadoù Unanet. Met, tamm ha tamm, strolladoù politikel, kazetennoù ha chadennoù tele o doa en em savet a enep d’ar senedour Mac Carthy, rak dremokratelezh hag ar frankiz oa en arvar. Hag ar senedour oa bet barnet get ar Senat evit monet re bell.
Barzh ar film se e weller kazetennourion ec’h ober o labour, e klask gouiet ar wirionez, ha pas hepken ar wirionez ofisiel. Ed Murrow, ur c’hazetennour brudet bras d’ar mare se, oa en o fenn. Ur stourm oa rak ar chadenn tele e lec’h ma laboure Murrow oa ur stall privez, paet get ar vruderezh.
Ur film brav, get sonerezh jazz a feson ouzhpenn.

Résumé en français : "Viva Zapatero" et "Good night and good luck", deux films qui dénoncent la censure; le premier, la censure dans l'Italie de Berlusconi; le second la censure et le climat politique aux Etats-Unis dans les années 1950.
Christian Le Meut

09/01/2006

Langues régionales : changer la Constitution ?

Nevez : Catherine Ollivro, kelenourez a Roazhon, deus savet ur blog evit goulenn d'ar re a vo war ar rank e 2007 (evit bout prezidant ar Republik) mard e vehent a du pe pas chanch ar Vonreizh evit menegiñ ar yezhoù rannvroel e barzh. Sellit doc'h :

Nouveau, une enseignante de Rennes, Catherine Ollivro, vient de créer un blog pour demander que les candidats à la présidentielle 2007 prennent position sur un changement de la Constitution qui ferait une place aux langues régionales :

bretagne-article2.viabloga.com

04/01/2006

3000 langues en moins en2100...

 3000 langues en moins en 2100 : c'est Le Monde qui l'annonce dans son édition du 31 décembre, histoire de nous donner du "begon" pour l'année qui vient ! La linguiste Colette Grinevald, chercheur au laboratoire dynamique du langage de l'Institut des sciences de l'homme Lyon-II, est interviewée. Spécialiste du monde amérindien, elle a aidé l'Unesco à définir les critères de vitalité des langues. Extraits.

"Le Monde : Le rythme de disparition s'accélère. D'ici un siècle, la moitié des langues parlées actuellement dans le monde auront disparu. C'est une estimation basse. En Australie et sur le continent américain, cette proportion sera bien plus élevée, de l'ordre de 90 %.

Avant l'arrivée des Blancs, 300 langues étaient parlées dans ce que sont aujourd'hui les Etats-Unis. En 1992, il n'y en avait déjà plus que 175 utilisées par au moins une personne. On estime que cinq seulement auront survécu à la fin du XXIe siècle. Même l'avenir du navajo est incertain, et pourtant c'est aux Etats-Unis la langue indigène qui a le plus de locuteurs, environ 120 000. Elle est de moins en moins apprise par les enfants.

Pourquoi cette accélération ?

La globalisation économique entraîne un exode rural des populations indigènes. Elles se perdent dans les villes et ne peuvent perpétuer leurs traditions et leur modèle familial. Dans le monde amérindien, les parents sont persuadés que parler une langue indienne est un handicap pour avoir un travail. Cette pression est aussi psychologique sur fond d'idéologie encore dominante du bienfait du monolinguisme dans un Etat-nation. Certains "monolingues" voient dans le multilinguisme un signe de division des capacités intellectuelles.

Quelles langues risquent de disparaître ?

Une langue est menacée, selon les linguistes, si elle n'a plus de locuteurs d'ici la fin du XXIe siècle. C'est le cas d'une centaine de langues en Europe et autant en Amérique du Sud, selon l'Atlas publié par l'Unesco. Le breton, le franco-provençal ou le poitevin saintongeais sont ainsi "sérieusement en danger". Parfois, une langue paraît vivace car elle est utilisée par des millions de locuteurs, comme les langues quechua en Amérique du Sud. Mais celles-ci sont déjà, dans certaines régions en Equateur et au Pérou, comme des morts-vivants : aucune personne de moins de 20 ans ne les apprend ou ne veut les parler.

Quelles seront les conséquences ?

De nombreuses connaissances captées par ces langues vont se perdre. Comme les propriétés des plantes vénéneuses en Amazonie ou celles qui peuvent avoir un intérêt dans la pharmacopée. Les langues apportent également une ouverture d'esprit. Elles permettent de voir différemment le monde et de montrer les facettes les plus diverses du génie humain. Au Guatemala, par exemple, je travaille sur le popti', en péril, qui classifie tous les objets par la matière dont ils sont faits.

Que dire des répercussions sociologiques...

Cela peut créer de réels problèmes identitaires. La langue permet de s'ancrer dans une histoire, un lieu. Beaucoup d'Amérindiens ont dû renier leur langue maternelle au profit de l'anglais ou de l'espagnol. Cela crée ce qu'on appelle de l'anomie, un entre-deux linguistique et culturel, où aucune des deux langues n'est maîtrisée. Cette situation peut devenir source de violence et entraîne chez les Amérindiens diverses formes d'autodestruction, comme l'alcoolisme et le suicide. J'ai observé le même phénomène aux Etats-Unis chez de jeunes Mexicains et Portoricains. Je reconnais parfois en France ce même type de malaise chez certains étudiants maghrébins qui ne connaissent pas l'arabe et chez des sourds qui revendiquent la langue des signes sans dominer le français écrit. On apprend mieux toute autre langue si on peut être fier et bien ancré au départ dans la sienne.

Quel rôle joue Internet ?

Un rôle double, tout à la fois poison et antidote, facteur d'uniformisation mais aussi de diversité. Il existe par exemple de plus en plus de sites Internet de langues amérindiennes gérés par des Indiens, pour des Indiens. Au Guatemala, une collègue linguiste a passé plus de dix ans à former des Mayas qui sont devenus linguistes et s'occupent d'un site en espagnol et plusieurs langues mayas. Leur travail prolonge le combat de Rigoberta Menchu (Prix Nobel de la Paix en 1992) qui a permis une reconnaissance officielle des 28 langues mayas.

Quelles seront les langues majoritaires à la fin du siècle ?

L'anglais bien sûr, l'espagnol, à cause de l'Amérique du Sud, l'arabe, puis des langues d'Asie, comme le chinois et l'hindi. Sur le continent africain, le swahili, le wolof sont en plein essor et avalent les langues de la région.

(...)
Où en sera le français à la fin du siècle ?

Le français ira bien, mais les Français devront parler plusieurs langues. Regardez le Danemark, où la moitié du cursus universitaire se fait en anglais : il n'y a pas de confusion, les Danois parlent danois entre eux et utilisent l'anglais car personne d'autre dans le monde ne parle leur langue. Le multilinguisme est parfaitement à la portée de l'intellect humain. Les enfants sont tous capables d'apprendre trois ou quatre langues.
Propos recueillis par Laure Belot et Hervé Morin

Sur internet

www.teluq.uquebec.ca/diverscite/entree.htm

Langues mayas : www.okma.org/