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22/02/2007

Kenya : "Perak m'eus lakaet barzh ma sonj skrivañ e kikouyou"

medium_Kenya169.3.jpgA wezhoù e lenner skridoù a ziskouezh buhez tud barzh broioù pell, pell bras... Met tost-tre d’ho puhez memestra. Setu ar pezh m’eus sonjet e lenn ur pennad skrid barzh Courrier international d’an triwec’h a viz Genver paseet. Un destenn bet skrivet get Ngugi Wa Thiong’o oa bet troet e galleg ag ar saozneg. Ngugi Wa Thiong’o zo ur skrivagnour brudet bras en e vro, ar Kenya, en Afrika. Abaoe un nebeut bleadeù eñ n'eus kroget da skriv ha da  embann e romantoù e kikouyou, e yezh vamm, ha pas e saozneg, evel ma veze graet getan araok. E levrioù nevez a vez skrivet e kikouyou ha troet war lerc’h getan e saozneg. Ar kikouyou a vez komzet get pemp million a dud e kerbenn Kenya, Nairobi, ha tro dro dezhi.

Araok ne veze ket goulennet get ar skrivagnour perak e skrive eñ e saozneg : bremañ e vez goulennet alies getan perak e skriv e kikouyou... Ar yezhoù kaset get an Europeaned d’an Afrika zo deuet da vout ofisiel, evel ar galleg, ar saozneg, ar portugaleg, ha c’hoazh.

Ha gwelloc'h eo komz saozneg ? 
Bremañ, e Kenya da skouer, desket ‘vez an traoù e saozneg barzh ar skolioù; al lezennoù a vez skrivet e saozneg, hag ar justis a vez roet e saozneg iwez ! Ar re vihan, an dud ar bobl, dirak justis o bro o deus dober a jubennourion, evit treiñ ar pezh a vez lâret e saozneg get ar varnourien en o yezhoù vamm. Hervez ar skrivagnour, ar re zesket, ar pennoù bras, a gav gwelloc’h komz saozneg hag ankoueit o yezh vamm. Gwasoc’h c’hoazh, fier int da vout ankoueit gete o yezh vamm ! Met, mod-se eo bet kollet gete o sevenadur a orin hag o identelezh hervez ar skrivagnour.

Barzh ul levr skrivet getan hag anvet “Dekolonizañ ar spered” (Decolonising the mind), Ngugi Wa Thiong’o a zispleg penaos e veze,  kastizhet ar vugale a gomze o yezhoù a vihan er skol ha skoet warne pa oa eñ, krouadur, araok an indepedans. Penaos e veze lakaet dismegans ha dispriz war yezhoù ar vro. Ar saozneg (pe ar galleg e broioù all) a veze lakaet a dreist d’ar re all, evel ma vehe yezhoù speredekoc’h, yezhoù bravoc’h, modernoc’h, yezhoù an dazont.

"Dekolonizañ hor speredoù ?" 
Razh ar broioù ag Afrika a zo digabestr abaoe hanterkant vloaz bremañ, met n’eo ket chanchet an traoù kement-se hervez Ngugi Wa Thiong’o. Mezh a vez lakaet c’hoazh war ar vugale a gomz yezhoù ag Afika er skolioù. Barzh ar pennad skrid embannet get Courrier International, Ngugi Wa Thiong’o a ziskouezh buhez e vro, Bro Kenya. Met amañ ivez, e Breizh, yezhoù komzet get ar bobl, evel ar brezhoneg hag ar gallaoueg, yezhoù mamm, a veze bet dispriziet get ar re zesket, get ar pennoù bras, lakaet er maez ag ar skolioù; ha tost da vout kollet da vat dre zibaboù politikel graet e penn ar stad... N’omp ket ni en Afrika, met dober hon eus, ni ivez, a “zekoloniziñ” hor speredoù, d'am sonj-me.

Christian Le Meut

Kenya : "Pourquoi j'ai décidé d'écrire en kikouyou"

medium_Kenya169.2.jpgParfois certaines lectures évoquent des pays lointains tout en nous parlant de nos propres réalités. Dans la revue Courrier international du 18 janvier un écrivain kenyan dont j’ignorais jusque-là l’existence, Ngugi Wa Thiong’o parle de sa langue maternelle, le kikouyou. Il s’agit de la langue la plus parlée dans la capitale du Kenya, Nairobi et dans les environs. Elle y est pratiquée par cinq million et demi de Kenyans.

Ngugi Wa Thiong’o, écrivain très célèbre dans son pays, a commencé par écrire et publier ses livres en anglais mais, depuis quelques années, il s’est mis à écrire et publier dans sa langue maternelle, le kikouyou, puis il propose une traduction  en anglais de ses livres. Cet écrivain est régulièrement interrogé sur le choix qu’il a fait, alors que, quand il écrivait en anglais, personne ne l’interpellait... Il explique ainsi son choix, je cite: “La colonisation a coupé l’Africain instruit de sa langue et, par la même, de tous les éléments qui forment son identité”. Ngugi Wa Thiong’o remarque que ces mêmes Africains instruits tirent fierté de ne plus pratiquer leur langue d’origine...

Fier de son ignorance... 
L’anglais étant langue officielle au Kenya, l’enseignement, l’administration, la justice s’y pratiquent dans cette langue. Du coup, quand ils sont face aux juges, la plupart des Kenyans doivent passer par un traducteur. “On peut dire, remarque Ngugi Wa Thiong’o, que l’Africain ordinaire est régi par un système juridique qui lui est littéralement étranger et qu’il affronte comme une force hostile”. Selon lui, l’indépendance n’a pas changé fondamentalement le rapport aux langues. “Dans mon livre “Decolonising the mind” (Décoloniser l’esprit), écrit-il, j’ai décrit comment ceux d’entre nous qui sont allés à l’école coloniale étaient souvent frappés quand on les surprenait à parler une langue africaine dans l’établissement. On nous faisait porter des pancartes disant que nous étions stupides ou idiots, et nous étions l’objet de rires et de railleries. Si nos langues étaient associées à la négativité et à l’humiliation, l’anglais évoquait des images positives de connaissance, d’intelligence, de pouvoir, de récompense, d’applaudissements. L’acquisition d’une langue coloniale demandait donc autre chose que des talents linguistiques : il fallait détourner notre esprit de notre propre langue pour le diriger vers une autre".

"Le résultat est catastrophique, poursuit l'écrivain, pour le psychisme de l’Africain instruit, qui, souvent, n’est pas simplement fier de sa maîtrise de l’anglais mais aussi de son ignorance de sa langue maternelle, évaluant sa modernité à l’aune de la distance qu’il a pu établir entre lui-même et sa langue d’origine.La triste réalité est que, même dans l’Afrique indépendante d’aujourd’hui, les enfants sont humiliés lorsqu’on les prend à parler une langue africaine dans leur école et ils n’ont personne à qui se plaindre dans la mesure où leurs propres parents sont persuadés que l’instituteur a un comportement moderne. C’est ainsi que les pouvoirs publics, les enseignants et les parents sont de connivence dans cet acte d’automutilation”.

"Inepties coloniales" 
Ngugi Wa Thiongo est favorable au multilinguisme qu’il perçoit comme un atout, mais il condamne le rejet de la langue maternelle : “Le psychisme de l’Africain instruit reste dominé par des inepties coloniales, d’où la nécessité et l’urgence de décoloniser l’esprit”, écrit-il. Ngugi Wa Thiong’o parle de sa langue maternelle, le kikouyou, et de son pays, le Kenya. Mais ici aussi, en Bretagne, des langue du peuple, que sont le breton et le gallo ont eu à subir le mépris conformistes des élites couplés à des politiques officielles d’éradication. Nous ne sommes pas en Afrique mais n’aurions-nous pas, nous aussi, besoin de décoloniser nos esprits ?

Christian Le Meut

21/02/2007

Les fonctionnaires peuvent-ils bloguer ?

Petite info reprise du site "Le café pédagogique" sur le droit des fonctionnaires à entretenir des blogs ayant trait à leurs activités professionnelles : ""Dans quelles conditions les fonctionnaires peuvent-ils tenir un blog sur Internet ?" : question du député Robert Lecou adressée au ministre de la fonction publique et relative aux journaux personnels sur Internet, appelés « blogs ».Ce nouveau moyen de communication et d'échange connaît un grand succès et des fonctionnaires ont ouvert, à titre purement personnel, des blogs où ils relatent leur vécu professionnel, leurs attentes, leurs joies et leurs déceptions. Récemment, deux blogs dont les auteurs étaient connus uniquement sous leur pseudonyme, celui d'un inspecteur du travail et celui d'un policier, ont fermé, l'un sur injonction de sa hiérarchie, l'autre préférant avoir une position officielle de l'administration avant de continuer. Il semble qu'il existe dans ce domaine une incertitude qu'il convient de lever, pour concilier la liberté d'expression et les obligations, notamment de réserve, qui peuvent incomber à un fonctionnaire en activité. Le député demande donc au ministre sa doctrine sur les conditions dans lesquelles des fonctionnaires peuvent tenir un blog sur Internet." A lire à l'adresse ci-dessous :

http://www.juriscom.net/actu/visu.php?ID=893

18:05 Publié dans Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : blog, internet

Aujourd'hui c'est la Journée internationale de la langue maternelle

Information publiée par l'Unesco :

"Célébration de la Journée internationale de la langue maternelle. Les quelque 6 000 langues du monde seront à l'honneur dans le but de promouvoir le multilinguisme, y compris en promouvant un accès universel au cyberespace et le multiculturalisme sur les réseaux d’information mondiaux. (Programme soumis à d'éventuelles modifications)

21 février 

* 10h15-12h30 : «Le multilinguisme dans les pays latins » (anglais/français, avec interprétation).Rencontre-débat avec Ernesto Bertolaja, directeur de la promotion et de l’enseignement des langues (Union latine), Manuel Tost (Université autonome de Barcelone) Delicia Villagra, conseillère auprès de l’Ambassade du Paraguay en France. Salle XII.
* 13h45-15h30 : « Une mère à écrire » (anglais/français, avec interprétation)
Rencontre-débat avec Assia Djebar, écrivain, membre de l’Académie française. Avec Mireille Calle-Gruber, écrivain et critique, professeur à la Sorbonne Nouvelle (Paris III). Salle XII.
* 15h15-17h30 : « La philosophie au crible des mots » (anglais/français, avec interprétation).
Rencontre–débat autour de l’ouvrage « Vocabulaire européen des philosophies : Dictionnaire des intraduisibles » (co-édition Seuil/Le Robert), avec Barbara Cassin, philosophe et philologue, Ali Benmakhlouf, philosophe, Michel Deguy, philosophe et poète, Robert Maggiori, philosophe et journaliste, Xavier North, délégué général à la langue française et aux langues de France, Ministère français de la culture, René Zapata, philosophe et traducteur. Salle XII.
* 15h45-17h00 : The challenges of bridge building: from mother tongue to multilingual education (en anglais).
Présentation par : Catherine Young, Consultante régionale en alphabétisation, SIL International. Salle VIII.
* 18h : Projection du film "Hamaca Paraguaya" de Paz Encina (1h18, en Guarani sous-titré français). Présenté dans la section Un Certain Regard du Festival de Cannes 2006. Organisé par la Délégation permanente du Paraguay auprès de l'UNESCO; Salle de cinéma de l'UNESCO.

22 février

* Atelier : Mesurer les langues dans le Cyberespace : expériences récentes (Salle XVI)

* 10h00–13h00 : Allocutions principales sur : Adama Samassekou, Académie Africaine des Langues (ACALAN) et Yoshiki Mikama, projet « Observatoire des langues (LPO). Rapport d’étude sur les langues asiatiques sur le web, par C. A. Maringhe, LPO et le Rapport d ‘étude sur les langues africaines sur le web, par S. Kodama, LPO et M. Diki-Kidiri, ACALAN.
* 14h30–5h00 : Projection du court-métrage "The Dragon speaks with Two Tongues" de Gwyneth Edwards (15’, en anglais et gallois).
* 15h00–18h30 : Présentations de « Méthodologie de l’étude » par Y. C. Chew, LOP ; « Comment bien définir le multilinguisme dans l’Internet », par Frederic Monràs, Linguamon – Maison des langues ; Discussion ; lancement de la publication « Comment assurer la présence d’une langue dans le cyberespace », version française, par son auteur Marcel Diki-Kidiri (en français).

Endroit de l'événement Maison de l'UNESCO, Paris, France Organisateur UNESCO
E-mail du contact m.rosi@unesco.org

20/02/2007

L'observatoire européen du plurilinguisme

Un "observatoire européen du plurilinguisme" existe. Ses objectifs : "Soutenir la diversité linguistique de l'Union européenne dans toutes ses composantes politiques, administratives, économiques, sociales et culturelles.Favoriser l'émergence d'une citoyenneté européenne active fondée sur la compréhension des langues et cultures européennes. Promouvoir tout au long de la vie l'enseignement et l'apprentissage des langues. Promouvoir par le plurilinguisme la diversité culturelle, fondement de toute créativité, l'échange et le respect de l'autre, base d'un progrès pacifique. Contribuer à la prévention de la xénophobie et du communautarisme linguistique agressif par la promotion du plurilinguisme et de l'interculturalité. Susciter des collaborations pour la conduite d'actions et de recherche sur ces mêmes sujets."

Cet observatoire a un site internet : http://www.observatoireplurilinguisme.eu/

19/02/2007

Kaozet vez brezhoneg e Henvig ivez !

"Un ide vad eo ar lec'hienn-màñ, n'ouzon ket penaos ober evit lakaat ur gerig :  bep eil merc'her eus ar viz ez eus e Henvig, etre Montroulez ha Kastell, goude lein da 3 eur e sal Marie Jacq, tal kichen an dachenn foot "kafe Brezhoneg" e vez komzet brezhoneg, un digarez da c'hoarziñ gant istorioù farsus, barzhonnegoù...toud an dud a zo degemeret mat"

Une internaute, Marie-Cécile, nous signale que chaque second mercredi du mois, à Hanvec, ça cause breton aussi, à la salle Marie Jacq, juste à côté du terrain de football, à 15 h "kafe brezhoneg" : histoires drôles, poèmes : tout le monde est le bienvenu !"

Fiskal ! 

 

Internet : la troisième Webnoz réalisée à Nantes mardi

 Voici le programme de la troisième émission Webnoz qui sera diffusée sur internet mardi soir prochain (20 février) :

"Tout un symbole : WebNoz 3 à Nantes. Pour la première fois, une émission en breton diffusée en direct depuis Nantes. Et un débat qui promet d’être chaud… Le 20 février prochain, à 20h30, WebNoz sera la première émission en langue bretonne réalisée endirect depuis Nantes et diffusée exclusivement sur Internet. Ce programme gratuit, d’une durée de deux heures, mêlera talk-show et divertissement et se tiendra dans l’un des lieux symboliques deNantes : le Lieu Unique.

La ville de Nantes compte près de 3000 personnes capables de parler breton (chiffres Insee et Officede la langue bretonne). 300 enfants y sont scolarisés dans des écoles bilingues breton/français et 200 personnes sont inscrites à des cours du soir de breton (l’un des meilleurs chiffres pour ce type decours). Pour la première fois, une émission entièrement en langue bretonne part à la rencontre de ces amoureux de la langue et de la culture bretonnes et leur propose de s’exprimer en direct pendant deux
heures.
Dans sa partie « débat », WebNoz pose clairement le problème, sans tabou : POURQUOI PARLER BRETON A NANTES ? POURQUOI PARLER BRETON DANS DES LIEUX DONT LALANGUE EST ABSENTE DEPUIS LONGTEMPS ?
Pourquoi parler breton dans un océan de français ? Pourquoi parler breton en Haute Bretagne où dans
certaines villes (Rennes, Saint Brieuc, ou même Brest et Quimper…) ? Qui sont ces bretonnants ?
Quelles sont leurs motivations ? N’y a-t-il pas un côté artificiel à la chose ? Pourquoi inscrire ses
enfants dans des écoles bilingues en breton ? Par volonté d’élitisme ?
Comme à chaque fois, WebNoz présente deux innovations majeures :
- les internautes pourront poser leurs questions en direct aux invités.
- l’émission sera ensuite disponible en ligne pour une durée d’un mois minimum et sera enrichie
de nouveaux contenus pour faciliter sa compréhension par tous ceux qui ne maîtrisent pas
totalement la langue bretonne.
Cette émission sera diffusée sur 3 sites au minimum :
- brezhoweb.com

- surlaplace.tv

- armortv.fr

Participeront également à cette émissions - Artiste à l’honneur : Gweltaz Adeux (chanteur du groupe nantais EV)- Artiste du mois : DJ Blue (musique contemporaine en breton)"

17/02/2007

Xavier Grall et "l'impérialisme linguistique..."

medium_grall125.jpgXavier Grall,  poète, romancier, journaliste, est décédé le 11 décembre 1981, il y a 25 ans. Voici une de ses chroniques, parue dans La Vie en 1978.  

"C'est vrai. Je n'écris pas en breton. Je ne parle pas le breton. Beaucoup m'en ont fait le reproche. Je ne connais pas le parler maternel. Mon père n'y tenait pas. Et quand on est gosse, on n'en rajoute pas sur le chapitre.

Aujourd'hui, cette  ignorance me gêne, et parfois m'humilie. Les imbéciles en profitent qui suspectent la sincérité de mes opinions, la profondeur d'une identité longtemps quêtée dans les jours de ma vie, durement, âprement, obstinément. Il n'est jamais trop tard pour bien faire. Air connu ! Eh bien, si ! Cette langue, c'est le lait et le miel du premier âge. On l'apprend mal dans les livres. Elle est le chant du vent, la plainte de la pluie, la semence du blé. Elle est véritablement charnelle. Elle n'est pas le fait des docteurs, elle est concrète et vitale, pour ainsi dire, végétale. Elle est la tige et l'algue. Par dessus tout, elle est musique. Et plus ancienne que la langue française. je la respecte trop pour la baragouiner. Elle ravissait ma mère. Elle claquait, violente, à la gueule des grands chevaux, maniée par des paysans pareils à des seigneurs. Elle gémissait parfois sur les lèvres des vieilles femmes pauvres dans des masures noires. Elle était la culture, d'un peuple fier et méprisé. Mieux qu'une culture, une civilisation. Et cette langue qui ne fut jamais enseignée, il est proprement miraculeux qu'elle soit encore utilisée, qu'elle ait plus de prix que le latin - cette langue morte - et autant de nuances que le grec non pour exprimer toutes les subtilités de l'intelligence mais celles du coeur.

Les impérialismes linguistiques et culturels sont aussi malfaisants que les autres. Ils en sont du reste le prolongement.

Moi, j'aime les peuples dans leurs singularités langagières et autres. Comme ce monde est beau d'avoir plusieurs voix  ! En Europe même, quel bel opéra ! Oui, s'il est défendu de cracher par terre, il est autorisé de parler breton. Et très haut...

(7-IX-1978 - Xavier Grall - Extrait de "Les vents m'ont dit" recueil de chroniques hebdomadaires parues dans La Vie, Ed. Cerf La Vie, 01/1983).

Foot : ne tirez pas sur le maillot !

medium_foot165.2.jpgJ’ai deux copains qui jouent au foot : Malo, douze ans, et son frère Simon, dix ans. Le foot est un jeu, mais un jeu qui peut être pris très au sérieux par les enfants, et par les adultes aussi. Les enfants participent à des championnats et affrontent d’autres équipes chaque week-end. Justement, l’équipe de Simon est en tête de son championnat, alors que celle de Malo, l’aîné,  est plutôt en queue.

Malo et Simon sont les deux fils d’un couple d’amis. Nous nous sommes vus récemment et la conversation est venue sur le terrain du football... Les deux garçons avaient l’air très contents de leur sport, et les parents satisfaits de voir leurs rejetons épanouis... L’âiné  cependant n’avait pas l’air complètement satisfait : “L’entraîneur nous dit de tirer sur le maillot des joueurs de l’équipe adverse”; et la maman de préciser : “L’entraîneur est quelqu’un de bien mais on n’est pas trop d’accord avec ça”...

J’ai quelques fois l’occasion d’apercevoir du football professionnel à la télévision et il me semble qu’à ce niveau-là aussi, on voit beaucoup de joueurs tirer sur les maillots de leurs adversaires, ce qui est défendu mais largement pratiqué et pas toujours sanctionné...C’est un mauvais pli, une mauvaise habitude qu’ont pris les joueurs mais il semble que le problème vienne de loin si les entraîneurs eux-mêmes incitent les enfants de dix ans à tirer sur les maillots adverses alors que c’est interdit. Ils incitent donc à tricher. Imaginons un maître d’école qui dirait à ses élèves élèves : “Si vous ne savez pas, trichez sur votre voisin...” On n’a, à ma connaissance, jamais vu cela dans une école mais dans les clubs de football cela se fait, manifestement...

Quel est le but du sport ? 
Quel est le but du sport en général et du foot en particulier ? Se sentir bien dans son corps, développer ses capacités physiques, apprendre à jouer ensemble... Chercher ensemble à pratiquer le mieux possible son sport pour se faire plaisir et gagner le match : mais compétition ne signifie pas tricherie. Gagner en développant ses qualités propres, son sens tactique, son intelligence de jeu collective, tel est le but. Il n’est pas de tricher en empêchant l’équipe adverse de jouer son jeu. Au contraire, en laissant jouer l’équipe adverse on apprend à la contrer et l’on développe ainsi ses qualités de défense et d’attaque.

Beaucoup de gens croient, manifestement, que le but du sport de compétition est de gagner à tous prix et par tous les moyens. D’être en tête du classement, de vaincre voire d’écraser autrui. La fin justifie alors les moyens. En incitant les enfants à tricher on leur apprend également à ne pas respecter les autres, et à ne pas respecter les lois qui définissent comment jouer ensemble, comment vivre ensemble sur le terrain. Il ne faut pas s’étonner ensuite, de voir de plus en plus de tricherie sur les terrains de football, et en dehors des terrains de football.

Mais c’est à nous, adultes, de savoir quelles valeurs nous voulons concrètement apprendre à nos enfants : la tricherie ou le respect d’autrui ?
Christian Le Meut

Fobal-mell droad : ne dennit ket war ar rochedoù !

medium_foot165.jpgMignoned din a c’hoari fobal (mell droad e vez lâret e brezhoneg flour met ma brezhoneg n’eo ket berped flour). Malo, daouzek vloaz hag e vreur yaouank, Simon, dek vloaz, a zo e c’hoari fobal en Il-ha-Gwilenn. Un c’hoari eo, ar fobal, met a c’hell bout sirius bras memestra evit ar vugale hag evit ar re vras. Kampionnadoù zo, ha c’hoariet vez bep dibenn sizhun get ar vugale e enep da skipailhoù all. Justawalc’h skipailh  Simon a zo e penn he gampionnad, hag hini Malo a zo e lost he gampionnad...

N’eus ket pell zo m’boa gwellet Malo ha Simon get o zud, hag a zo mignoned kozh din, ha deuet oa ar gaoz war ar fobal. Ar baotred hag o zud a oa laouen, dre vras : ar vugale a gav bourrapl redek dirak ur volotenn hag en em gavout get bugale all; hag o zud a  zo laouen ivez e welet o mibien ken plijet get ar sport. Met un draig oa a dreuz memestra. Un draig bet lâret get Malo, trist un tamm : “...Ar gourdoner a c’houlenn ganeomp sachiñ war rochedoù  bugale ar skipailhoù all”. Met Malo ne oa ket a du get an dra-se, ne oa ket kontant d’ober an dra-se. Nag e dud ivez : “Ur paotr a feson eo ar gourdoner memestra”, doa displeget ar vamm, “met goulenn a ra d’ar vugale sachiñ war ar rochedoù ha n’omp ket kontant get an dra-se”...

Ar re vras ivez
Ur wezh an amzer e wellan mell droad barzh ar skinwell, ha meur a wezh m’boa remerchet an dra se : tennet ‘vez war ar rochedoù get ur bochad fobalourion hiriv an deiz. Hag an dra se a zo displijus bras da welet ha difennet grons get lezennoù ar fobal, eurus awalc’h... Met ar re a denn war ar rochedoù ne vezont ket kastizet bep gwezh hervez ar pezh m’eus gwelet...   Ur si eo, un tech fall, met dont a ra a bell mard ar gourdonerion o unan a c’houlenn get ar vugale a zek vloaz da denniñ war ar rochedoù ! Evel ma vehe lâret d’ar skolidi get ar gelennourion : ma ne ouit ket, truchit !... M’eus ket james klevet komz a gelennerion a larehe traoù sort-se d’ar vugale, eurus awalc’h. Met, barzh kluboù sport zo, gourdonerion a lâr d’ar vugale : “truchit”...

Deskiñ truchiñ 
Petra eo palioù ar fobal hag ar sportoù all, benn ar fin ? Bout ar re gentañ, bout e penn ho rummad, “bout ar re wellan”, ha ne vern ma vez truchet ganeoc’h ? Deskiñ truchiñ : setu pal ar fobal hag ar sportoù all ? D’am sonj me, ha n’on ket ma unan penn e sonjal mod-se, palioù ar sportoù a zo bout yalc’h, c’hoari asambles, klask d’en em glevout evit c’hoari ar gwellan posupl, sur awalc’h, met dre ar strivoù a vez graet ganeomp, dre an doare da c’hoari ha pas e druchiñ, pas ec’h ober taolioù fall. Ma vez desket truchiñ d’ar vugale bezomp ket souezhet e wellet tud vras truchiñ ivez, war lerc’h. Hag un deiz bennak, dre fors truchiñ, ne vo ket mui nemet trucherion war an tachennoù fobal hag er maez ag an tachennoù fobal ivez.

Deomp ni, ar re en oad, ar re vras, da welet ar pezh a faota deomp deskiñ d’ar vugale : truchiñ... pe bout doujus d’ar re all.

Christian Le Meut

15/02/2007

Levr/livre : "Le dossier FLB"

medium_FLB167.2.jpg"Le dossier FLB, plongée chez les clandestins bretons" a zo bet embannet e miz Gouel Mikael (Here) paseet, get ti embann Coop Breizh. Daou gazetenner, Erwan Chartier hag Alain Cabon o deus aterset tud ag oa bet barzh an FLBioù (meur a unan zo bet). Ul labour sirius graet get kazetennerion a vicher a reiñ ar gaoz d'an dud, hep o barniñ met e klask selaoù ha kompreiñ ar pezh oa barzh pennoù ar re o doa lakaet en o sonj sevel strolladoù kuzhet ha lakaet bombezennoù barzh lec'hioù zo, e Breizh met ivez e Bro C'hall (kastel Versailles, ti ker Belfort...).

Rummadoù zo bet : ar rummad n'doa savet an FLB kentañ (bleadeù 60), ur rummad all er bleadeù 70, unan all er bleadeù 80 ha c'hoazh unan all e fin an ugentved kantved, betek afer Quévert (met den a ouia c'hoazh piv n'eus lakaet ar vombezenn-se laezhet geti ur plac'h a laboure barzh Mac-Do)... Sonjoù dishenvel oa etre an dud : dispac'hourion a gleiz (betek an tu kleiz pellañ); tud a zehoù (betek an tu dehoù pellan ivez). Tud a faote dezhe en em sevel dirak paourentez ar vro er bleadeù 60; tud all a faote dezhe un dispac'h sokial hag an independans; tud arall a stourme kentoc'h evit ar yezh, ha c'hoazh.

Setu ar pezh a zo diskouezhet barzh al levr-se. Traoù a chom kuzhet (ul lod anezhe a zo edan bout barnet c'hoazh), ha plas ar bolis a zo diskouezhet ivez, penaos strolladoù ha taolioù fall a oa bet savet get ar bolis kuzhet he unan (lennit ar pennad da heul) !

Le dossier FLB zo ul levr aes da lenn, a gas danvez a-ziout istor Breizh abaoe daou ugent vloaz. Petra zo bet kaset get stourm an FLB? Karta sevenadurel Breizh, bet sinet get Giscard e 1978 (ha savet war lerc'h a gres dezhi Kuzul sevenadurel Breizh ha Skol Uhel ar vro...) ? N'eo ket aet re bell an traoù get ar feulster e Breizh : echu eo geti, bremañ, war e seblant, abaoe afer Quévert, ha gwelloc'h a-se. Un toull trap eo ar feulster evit stourmoù sort-se (n'eo ket barzh al levr an dra-se, ma sonj din-me eo). Met penaos bout efedus hep ar feulster ? E sevel traoù hon unan, hep gortoz re ag ar re all (war dachenn ar brezhoneg, da skouer). Hag evit stourmoù didaer, difeulst, Gandhi ha Martin Luther King o deus diskouezhet an hent...

En français : Le dossier FLB, plongée chez les clandestins bretons (Ed. Coop Breizh, 20 €) est une enquête journalistique menée par Erwan Chartier et Alain Cabon. Ces deux journalistes ont interrogé des membres du (ou des) Front de Libération de la Bretagne. En effet, plusieurs générations de militants clandestins se sont succédé, depuis le milieu des années 60 jusqu'au début des années 2000. L'affaire de Quévert, où une jeune femme est morte dans l'explosion d'une bombe placée dans le Mac Do où elle travaillait, semble avoir sonné la fin de la violence comme mode d'action politique en Bretagne. Les auteurs rappellent toutefois que les auteurs de cet attentat ne sont toujours pas connus et n'ont pas été condamnés par la Justice.

Les deux journalistes montrent bien la variété des sensibilités politiques des militants, allant de l'extrême gauche à l'extrême droite, et la variété de leurs motivations : contre le sous-développement économique de la Bretagne dans les années 60, pour la révolution sociale et l'indépendance dans les années 70... Ils dévoilent le fonctionnement interne du FLB (sauf pour les affaires les plus récentes). Ils montrent aussi les manipulations policières dont certaines sont désormais établies (lire la note suivante).

Ce livre est un apport important pour l'histoire de la Bretagne contemporaine. Les combats du FLB ont-ils eu des résultats ? Peut-être ont-ils fait évoluer les mentalités, dans les années 60-70 ? La signature de la charte culturelle en 1978, par Giscard, a suscité la création d'instances spécifiques (le Conseil culturel, l'Institut culturel)...

L'arrêt de la violence, depuis l'affaire de Quévert, est une bonne chose (commentaire personnel). La violence est un piège. Heureusement, en Bretagne, elle n'est pas allée trop loin. Mais comment être efficace sans violence ? En construisant par nous-mêmes les changements que nous voulons, sur le terrain de la langue, par exemple. Et pour ce qui concerne les combats non-violents, Gandhi et Martin Luther King ont montré la voie. 

Christian Le Meut 

Histoire : 1972, un attentat bizarre...

medium_eau168.jpgLe journaliste Yvan Stefanovitch a publié en avril 2005 une enquête sur les sociétés de distribution d’eau en France et leur lien avec le milieu politique. J’ai acheté mais pas encore lu ce pavé (L’empire de l’eau, Ramsay, 535 pages) mais je suis tombé pages 274-277 sur des sigles dont la présence m’a parue étrange dans un tel contexte : FLB et ARB. Front de Libération de la Bretagne et Armée Révolutionnaire Bretonne. Voici l’extrait où il est question de Francis Bouygues et d’un attentat en 1972...

“Le chef d’entreprise (Francis Bouygues) (...) est mêlé avec la DST (Direction de la Surveillance du Territoire), le contre espionnage français, à une affaire particulièrement tordue. Nous avons rencontré, en 1976, le principal témoin à charge de ce dossier, le commissaire principal Pierre Quéfféléant” écrit Yvan Stefanovitch. “Après avoir été muté en police urbaine à Pontoise, ce policier se morfondait dans un placard suite à l’attentat commis par le FLB dans la nuit du 12 au 13 avril 1972 contre la villa de l’entrepreneur à Rothéneuf-en-Saint-Coulon. A l’époque, le commissaire officiait à la DST, plus exactement à l’antenne de Rennes”. A ce poste, écrit Yvan Stefanovitch, “selon la presse nationale, Pierre Quéffélant s’oppose alors à la politique de manipulation du FLB par une officier de réserve (...). Le FLB est une petite organisation secrète d’irrédentistes qui plastique, depuis 1966, des symboles de l’Etat, notamment des perceptions et des gendarmeries. (...)”.

Bouygues, cible idéale ?
“Le roi du béton, sans le savoir, représente la cible idéale pour le FLB, une proie médiatique choisie apparemment à l’instigation de la DST. La villa de l’entrepreneur près de Saint-Malo est parfaite comme objectif et son propriétaire entretient les meilleurs rapports au plus haut niveau de l’Etat. Interrogé à propos de l’attentat contre la maison de Francis Bouygues dans Le Télégramme de Brest du 14 février 1999, un ancien chef de la DST de Rennes (ex-patron du contre-espionnage en Algérie), le commissaire divisionnaire Jean Baklouti, a admis depuis : “Oui, Saint-Malo, c’est nous, ça, c’est vrai”. Le ministre de l’intérieur de l’époque, Raymond Marcellin, un obsédé de la subversion, aurait donné carte blanche au directeur de la DST, le préfet Rochet (qui dément, lui, toute manipulation et également d’avoir procuré l’explosif), pour mettre rapidement fin aux agissements de l’ARB, qui faisait pourtant plus de bruit que de mal”. Selon l’auteur “le détonateur a été fourni par le Sdece et le reste par la DST”.
Le 12 avril au soir, la famille de Bouygues arrive mais, avertie par la DST, selon l’auteur, elle se rend au cinéma. La villa explose pendant ce temps. Le yacht de l’entrepreneur est détruit par la même occasion.
“La manipulation de la DST et le silence demandé à l’entrepreneur visaient un double objectif : discréditer le FLB grâce aux rapides arrestation de quinze de ses militants et glaner des renseignements sur cette organisation au moyen d’écoutes téléphoniques”. Les huit personnes arrêtées et jugées après cet attentat sont condamnées à des peines de prison avec sursis. “Quant à la DST, poursuit Yvan Stefanovitch elle a obtenu l’effet inverse du but officiellement recherché : la manipulation de la villa Bouygues a donné un coup de fouet aux autonomistes violents qui ont multiplié les attentats”.

L’empire de l’eau, Ramsay, 535 pages, pp. 274-277.