23/11/2006
Livr : Priz Per Roy evit An amzer laeret
Priz Per Roy a zo bet roet d'al livr An amzer laeret m'boa kinniget deoc'h un nebeut mizioù zo :
Pier-Mari Louz, un den a Wimaeg, e Bro Dreger, oa bet tapet prizoner get an Alamaned er bloaz 1940. Kaset oa bet da labourat d’ar Reich, d'an Aotrich, durant ar brezel, e pad pemp bloaz, get ur bochad soudarded all. Kontet en doa e vuhez prizoner, e brezhoneg, da Bernard Kabon, hag ul levr zo bet embannet get an istor se e miz Geñver paseet e ti embann Skol Vreizh, e brezhoneg hag e galleg, edan an titl “An amzer laeret”. Bourrapl bras eo da lenn, ha kentelius ivez war buhez pemdeziek prizonidi gall ha labourision douar alaman e pad an eil brezel bed...
Pier-Mari Louz oa bet kaset da labourat barzh un dachenn koste Thaya, en Aotrich hanternozh. Labourer douar a vicher oa, hag hennezh a ouie mat labourat an douar hag ober war dro al loened, gwelloc’h evit e vestr a wec’hoù. Ur strollad prizonerion a Vro C’Hall a laboure er c’horn bro se, hag a veze tolpet bep nozh barzh an ti bras anvet ar “C’homando”, da zebriñ ha da gousket dindan gouarn soudarded alaman.
Bec’h get an “Tort”
E penn kentañ, Pier-Mari a laboure get ur soudard all, a Lokireg, e bro Dreger ivez, Jean Guyomard, barzh un dachenn dalc’het get un den drouk. “An tort” a veze graet anezhan get an daou brizoner a gomze brezhoneg etreze. An Tort oa un den taer, digalon, a skoe war ar re a laboure evitan, tud ag ar Pologn, da skouer, kaset dre ret da labourat en Alamagn (hag an Aotrich a oa bet staget d’an Alamagn un nebeut bleadeù araok ar brezel)...
An “Tort” ne grede ket skoiñ war ar Fransizion met Pier-Mari ne faote ket dezhan chom da labourat evitan. Ha setu eñ d’ober ur sort un h harz labour, diskrog labour, e chom barzh ti ar brizonidi, ar C’homando, hag e rahuizein a labourat. Danjerus oa; Pier-Mari oa bet tost da vout kaset d’ur stalag, ur c’hamp evit ar brizonidi e lec’h ma veze kalz diaesoc’h, kalz kaletoc’h ar vuhez (du hont veze kaset an ofisourion).
Met diouer a labourizion douar oa er vro ha Pier Mari oa bet goulennet get tud un dachenn all, ar re Schreiber. Paseet oa mat an traoù gete betek fin ar brezel. Mibion ar familh se oa bet kaset da soudarded, unan oa marv dija... Ha poltred Hitler ebet barzh an ti daoust ma veze ret lakaat ur poltred barzh bep ti en Alamagn, d’ar c’houlz se ! Selaouet veze ar BBC get ar mestr, Joseph, un den a zek vloaz ha tri ugent, barzh ar c’hav. Difennet gronz veze selaou doc’h ar radio se, evel rezon, met kalon Josef Schreiber ne oa ket tost d’an nazied, tamm ebed. Ha Pier Mari a selaoue ivez ar BBC bep nozh, e galleg.
Jean Guyomard en e doull
E pad an amzer se ar subenn ‘doa trenket e tachenn an Tort etre Jean Guyomard hag e vestr. Jean ne faote ket mui labourat du hont ha kaset oa bet d’ur c’hamp... Met aet oa kuit doc’htu ag ar c’hamp se ha distroet e bro Thaya e unan. N’helle ket monet pelloc’h, treuziñ an Alamagn war droad evit monet da Frans ha da Vreizh oa re zanjerus. Jean Guyomard n’doa lakaet en e sonj chom e tal Thaya, kuzhet barzh un toull en ur c’hoad. Ne vehe ket bet klasket du hont get an nazied...
Sikouret get Pier-Mari hag ar brizonidi all, Jean Guyomard n’doa savet un toull e lec’h ma veze moian da chom, d’ober tan, da gousket... Pier Mari a gase dezhan boued, levrioù, lousoù ha traoù all a bep sort. E miz Mae 1943 e oa, ha Jean Guyomard zo chomet evel se daou vlead, ha daou c’houiañv stard awalc’h, hep bout gwellet get an Alamaned. E wiskamentoù veze golc’het e mesk re Bier Mari, get Johanna Schreiber, gwreg Joseph, hep bout gouiet geti...
Ar soudarded a c’helle monet ha donet e bro Thaya met ret e veze labourat bemdez ha donet en dro d’ar C’Homando, bep nozh. Ne vezent lakaet en un toull bac’h, met gouarnet vezent memestra, lakaet pell ag o familhoù hep goueit pegoulz e vehent distroet d’o bro. An darempredoù get an Alamaned sivil ne vezent berped fall. Goude bout paseet kement a amzer e labourat asambles, Pier Mari Louz ha Joseph Schreiber oa daet da vout mignoned. E fin ar brezel, Joseph n’doa lâret d’ar prizoner breton e oa anezhan “koulz hag e vibion”, get dour en e zaoulagad.
An distro
Ur wezh erruet ar Rused e Thaya, stard oa daet da vout an traoù evit an Alamaned : merch’ed veze pallforset, loened ha traoù a bep sort veze laeret dezhe. Spontet oa an dud. Jean Guyomard ha Pier Mari Louz a oa distroet da Vreizh hag o doa kavet en dro o familhoù, met n’int ket james aet en dro d’an Aotrich.
Jean Guyomard zo marv er bloaz 1964, ha Pier-Mari Louz e penn kentañ 2006.
Laeret oa bet dezhe o yaouankiz dezhe get ar brezel met ar pezh kontet get Pier-Mari Louz a lak da wellet un tu all : mignonned e klask beviñ daoust d’ar brezel.
Christian Le Meut
An amzer laeret, skrivet get Bernard Kabon ha Pier-Mari Louz, embannet get Skol Vreizh (40 quai de Léon, 29600 Montroulez/Morlaix), 20 €.
15:01 Publié dans Brezhoneg/Langue bretonne, Istor/Histoire, Levrioù/Livres/BT/BD | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Breizh, livre, langue bretonne
Livre : le prix Per Roy pour "Prisonnier en Autriche"
L'Association des écrivains bretons vient de décerner le prix Per Roy à "An Amzer laeret" de Pier-Mari Louz et Bernard Kabon (Ed. Skol Vreizh), livre que je vous avais présenté il y a quelques mois, témoignage de la vie de prisonniers français en Autriche pendant la dernière guerre :
Pierre-Marie Le Lous, de Guimaeg dans le Trégor, est fait prisonnier par les Allemands en 1940 et envoyé, comme beaucoup de soldats français, travailler la terre sur le sol allemand pendant cinq années.
Il a raconté cette période de sa vie, en breton, à Bernard Kabon qui l’a mise sur le papier. Ce récit est paru en janvier 2006 en breton et en français aux éditions Skol Vreizh sous le titre “Prisonnier en Autriche” (“An amzer laeret” en breton). Un témoignage intéressant et émouvant sur la vie quotidienne des soldats prisonniers mais aussi sur celle des familles d’agriculteurs chez qui ils travaillaient.
Pierre-Marie Le Lous est envoyé à Thaya, une commune du nord de l’Autriche, pays annexé par l’Allemagne quelques années plus tôt. Agriculteur lui-même, il s’adapte, connaissant parfois mieux le travail que ses propres maîtres. Un groupe de prisonniers français travaille dans les fermes et est regroupé chaque soir au “Commando”, une bâtisse où ils mangent et dorment sous la garde, plutôt débonnaire semble-t-il, de quelques soldats allemands.
La grève d’un prisonnier
Pierre-Marie commence par travailler dans la ferme d’un paysan qu’il surnomme le “Bossu”. Il y est en compagnie d’un autre Breton, de Locquirec celui-ci, Jean Guyomard. Mais le maître n’est pas facile et rend la vie impossible aux personnes qui travaillent avec lui. Il fouette même les travailleurs polonais réquisitionnés pour travailler en Allemagne, mais n’ose pas le faire sur les deux Bretons.
Pierre-Marie décide alors de quitter cette ferme. Un jour, il reste au dortoir, au Commando, et demande à changer de patron. Le risque est grand d’être envoyé dans un camp de prisonniers où la vie est beaucoup plus dure. Les officiers sont envoyés dans ces camps : la nourriture y est rare. Mais un agriculteur se manifeste alors, Joseph Schreiber : il a besoin de main d’oeuvre et prend Pierre-Marie chez lui. Là, tout change, les relations avec la famille Schreiber sont bonnes. Les fils de la maison sont soldats sur le front, l’un est mort déjà. Le portrait d’Hitler a été rangé depuis longtemps chez les Schreiber, alors qu’il est obligatoire de le mettre en évidence dans chaque maison. Le maître y écoute, dans la cave, la BBC, ce qui est formellement interdit. Du coup, Pierre-Marie écoute également la BBC, en français, et échange les nouvelles avec les autres prisonniers...
Jean Guyomard : deux ans au trou !
Mais dans la ferme du “Bossu” les choses s’aggravent. Jean Guyomard décide lui aussi de partir mais il est envoyé dans un camp, d’où il s’évade. Il décide de revenir se cacher à Thaya, pensant que les Allemands ne viendront pas le chercher là. Traverser l’Allemagne à pied pour rentrer en Bretagne lui paraît impossible. Il creuse un trou dans un bois qui devient une sorte d’habitation. Il peut y faire du feu et lire les livres que ses camarades lui fournissent. Ils lui fournissent également de la nourriture, des vêtements, des médicaments. Nous sommes en mai 1943. Jean Guyomard ne le sait pas encore mais il devra passer deux ans dans ce trou, dont deux hivers rigoureux. Ses vêtements sont lavés avec ceux de Pierre-Marie par Johanna Schreiber, la patronne de la ferme, qui n’en sait rien.
Comme un de ses fils
Les soldats français, bien que libres de leurs mouvements dans la journée, sont de vrais prisonniers, obligés de rentrer le soir au “Commando”, éloignés de leurs familles, ne sachant pas quand ils les reverraient ni s’ils les reverraient... Mais les relations avec les civils allemands ne sont pas forcément mauvaises. A force de travailler ensemble, une véritable amitié se forge entre Pierre-Marie et Joseph Schreiber. En mai 1945, le prisonnier cesse de travailler dans la ferme. En le quittant Joseph lui dit, ému et les larmes aux yeux, qu’il le considère comme un de ses fils.
L’armée rouge arrive et occupe la région. Pierre-Marie Le Lous signale des viols et des vols commis par les soldats de cette armée. Le retour prend encore un mois et demi mais Pierre-Marie finit par retrouver sa femme et son pays. Jean Guyomard également. Ni l’autre ni l’autre ne reprendra contact avec l’Autriche. Jean meurt en 1964 alors que Pierre-Marie vit jusqu’au début de 2006. Son témoignage est celui d’une jeunesse volée par la guerre. Mais il montre aussi une autre facette de ces événements terribles : deux belles histoires d’amitié.
Christian Le Meut
Prisonnier en Autriche, la parenthèse de Thaya, Jean-Marie Le Lous et Bernard Cabon, Ed. Skol Vreizh (40 quai de Léon, 29600 Morlaix), 20 €.. Tél. 02 98 62 17 20.
14:58 Publié dans Breizh/Bretagne, Istor/Histoire, Levrioù/Livres/BT/BD | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Livre, seconde guerre mondiale, prisonniers
11/11/2006
Sinema/cinéma : Mémoires de nos pères
Film nevez Clint Eastwood n'eo ket ur film brezel ouzhpenn, d'am sonj, met ur film a ziar benn an Istor, eñvor pep den hag eñvor ar pobloù. C'hwec'h soudard zo bet tennet e plantiñ banniel Stadoù Unanet e lein mennez uhelan un enezenn a Vro Japan (iwo Jima), e penn kentañ 1945. Ar foto, brav tre, a zo embannet war kazetennoù ar Stadoù Unanet a bezh, hag a gas kalon en dro d'an Amerikaned erru skuizh get ar brezel. Ar gouarnamant a c'halv ar soudarded-se d'ober un droad er vro da zastum argant evit kenderc'hel get ar brezel kar diouer a argant zo.
Met tri soudard zo marv. Chom a ra tri bev, hag un Indian en o mesk a faota dezhan chom en talbenn met kaset eo en dro d'an USA dre ret. An tri faotr yaouank, kollet awalc'h, a zo degemeret get ar prezidant e unan, get pennoù bras a beb sort, get ur bochad tud deuet d'o selaoù ha... get mammoù an tri soudard marv. Ha ret eo dezhe livañ gevier dirak unan ag ar mammoù-se rak ur fari zo bet graet : unan ag ar soudarded marv n'eo ket war ar foto, met difennet eo bet dezhe anzav an dra se evit nompass lakaat douetans barzh spered ar bobl. Pal an droiad a zo serriñ argant ar muian posupl ha pas tabutal war ar wirionez.
Clint Eastwood a zispleg perak ha penaos a zo bet graet ar fari se, penaos e vez savet harozed (daoust dezhe a wezhoù), penaos e vez implijet skeudennoù brav evit bruderezh politikel (propaganda). Evit mont pelloc'h war an dachenn-se, savet en deus ur film all evit diskouezh an istor-se d'an tu ar Japaned, e japaneg ha get aktourion a Vro Japan. Lakaet vo er maez e penn kentañ 2007.
Mémoires de nos pères a zo ur film da welet met ret eo lâret memestra eo kriz a wezhoù ha diaes da welet. Diskouezh a ra ar brezel evel m'emañ get tud lazhet, gloazet, gwad ha taerded.
Un film à voir
Je conseille le dernier film de Clint Eastwood qui n'est pas un film de plus sur la guerre mais une réflexion sur l'histoire, personnelle, nationale, mondiale, comment elle se construit, comment on fait des héros. L'histoire est celle de six soldats pris en photo alors qu'ils plantent un drapeau sur le volcan d'Iwo Jima où ils ont débarqué, et où 20.000 soldats japonais leur résisteront pendant quarante jours, début 1945. La photo, symbole de victoire, est publiée dans les journaux étasuniens et les six soldats demandés pour faire une tournée de récolte de fonds aux Etats-Unis, car l'argent manque. Mais trois d'entre eux sont morts. Les trois survivants, un peu perdus, sont présentés comme des héros aux foules, utilisés par la propagande. Mais ils doivent mentir, car une erreur a été faite sur l'identité de l'un d'entre eux, mort, officiellement sur la photo mais qui ne l'était pas en réalité. On leur interdit d'admettre cette erreur, même devant la mère du soldat concerné, pour ne pas nuire à la collecte d'argent... Un film dur, mais qui montre la guerre telle qu'elle est.
Un second film réalisé par Eastwood également et montrant la version japonaise de la bataille d'Iwo Jima, sortira en 2007.
Christian Le Meut
10:45 Publié dans Arzoù/Arts, Istor/Histoire, Sinema/Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Cinéma, Histoire
27/10/2006
Bienvenue, vous n'êtes pas en France, ici...
“Welcome : You are not in France, here, you are in Brittany” : "Bienvenue, vous n’êtes pas en France ici, vous êtes en Bretagne” : peut-être avez-vous vu ces affiches collées le long des routes de Bretagne pendant l’été; affiches bilingues anglais-français. Chaque année ainsi une organisation indépendantiste bretonne appelée Adsav colle ses affiches : on y lit notamment “Bretons maître chez soi” et un autre modèle, ancien, montre une mosquée en disant (citation de mémoire) “ça, c’est la France”, sous entendu, on n’en veut pas en Bretagne...
Ce groupe a donc innové cette année en faisant dans le bilinguisme français-anglais et en accueillant nos amis anglophones et francophones par ce fameux : “You are not in France, here, you are in Brittany”, “Vous n’êtes pas en France, ici, vous êtes en Bretagne”. Comment ce type de message peut-il être perçu par des étrangers, ou par des Français venus passer des vacances dans la région ? Jusqu’à preuve du contraire, nous sommes ici en Bretagne, et en France, et en Europe, et sur la planète Terre. Mais parfois, c’est vrai, on se demande si on est tous sur la même planète...
Certaines personnes et certaines organisations politiques bretonnes prônent l’indépendance de la Bretagne. C’est leur droit le plus absolu, nous sommes en démocratie. Mais j’espère que, si la Bretagne devenait l’Etat indépendant dont elles rêvent, nous le resterions, en démocratie...
Contrainte ou volonté ?
Promouvoir l’idée d’indépendance de la Bretagne est donc un droit. Mais écrire que nous ne serions déjà plus en France, c’est une autre affaire. Si nous regardons l’histoire, nous pouvons constater que la Bretagne a été rattachée à la France suite à une défaite militaire bretonne. Le rattachement a été forcé et ressemble plutôt à une annexion. Et Anne de Bretagne a été, elle aussi, forcée de se marier avec le roi de France. Il n’y a eu, à l’époque, il y a cinq cents ans (1488-1532), aucun référendum pour demander leur avis aux Bretons, ni aux Français d’ailleurs. A l’époque, le peuple n’avait que le droit de se taire, que ce soit en Bretagne ou en France.
Mais depuis un peu plus de deux cents ans, des centaines de scrutins ont eu lieu en France, et le Bretons y ont participé massivement. Des élections locales, cantonales, départementales, régionales, nationales, européennes. Les Bretonnes y ont participé aussi massivement, mais seulement depuis 1945... La Constitution française de la cinquième République a été approuvée massivement en 1958 en France, et en Bretagne. En votant ainsi, les Bretons ont marqué leur adhésion et leur appartenance à la République française. Ils n’étaient pas obligés.
Les Basques d’Espagne, n’ont pas approuvé majoritairement la Constitution espagnole de 1979 (45% d’abstention), contrairement à toutes les autres régions d’Espagne. Cette Constitution s’y applique pourtant mais les Basques ont ainsi montré une volonté d’autonomie, voire plus. Depuis, le statut d’autonomie de cette région n’a cessé d’être renforcé. Les Bretons, eux, sont donc devenus Français par choix démocratique même si, au départ, la démocratie et les droits des peuples n’avaient pas grand chose à voir là dedans il y a 500 ans. Certaines organisations affirment donc que nous ne serions pas en France. D’autres affirment que Nantes ne serait pas en Bretagne mais dans les Pays de Loire. Chacun sa manière de jouer avec la réalité et avec l’histoire.
"Mauruuru"
Puisqu’il en est ainsi, j’ai décidé, moi aussi, de changer la réalité. J’ai donc décrété que Rezore n’est plus réalisé depuis la Bretagne, mais depuis Tahiti. Chaque jour je vais me baigner dans un océan Pacifique à 30° et après je vais faire une sieste au soleil sous les cocotiers. C’est ainsi, je l’ai décidé. En attendant, je vous remercie d’être venu faire un tour sur ce blog, mais je vous le dis en tahitien car j’ai aussi décidé que je parlais aussi le tahitien : “mauruuru”.
Christian Le Meut
07:10 Publié dans Breizh/Bretagne, Istor/Histoire, Politikerezh/Politique | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : Bretagne, indépendance, politique
You are not in France, here...
“Welcome ! You are not in France, here, you are in Brittany. Bonjour, vous n’êtes pas en France, ici, vous êtes en Bretagne”... Gwellet peus c’hwi, marteze, ar skritelloù-se staget a hed hentoù bras er Morbihan, etre An Oriant ha Gwened. Bep hañv e vez staget mod se skritelloù a hed an hentoù get ur strollad anvet “Adsav”, tud a faota dezhe distag Breizh d’ar Frans. Meur a skritell zo gete evel “Bretons maître chez soi” pe unan all a ziskouezh ur moske e laret un dra a dalv “moske ebet e Breizh”...
Ur skritel nevez zo bet peget ar bloaz mañ skrivet e saozneg ha galleg : “Welcome, you are not in France here, you are in Brittany”. Ur sapre “Welcome”... Mechal penaos e c’hellehe bout komprenet an dra se get tud Saoz pe get Fransizion deuet da wellet hor bro... Rak, betek bremañ, n’eo ket bet distaget Breizh da Vro C’hall. Ni zo ni amañ e Breizh hag e Frans, hag en Europa, ha war an douar patatez ivez.
Ar re a faota dezhe distagiñ Breizh a Vro C’hall o deus droad da c’houlenn an dra se barzh un demokratelezh evel Bro Frans. Met moulañ ha stagiñ skritelloù a lâr “N’och ket e Frans amañ met e Breizh”, zo souezhus memestra. Hervez ar slogan se, neuze, Breizh vehe dija ur vro digabestr, ur vro distaget a Frans... N’eo ket displeget muioc’h a dra war ar skritel met displegadurioù zo moarvat : pemp kant vloaz zo Breizh a oa bet trec’het get arme roue Bro C’hall hag, war lerc’h, staget dre fors d’ar Frans. Hag Anna Vreizh oa bet dimezeet dre fors ivez d’ar roue .. Se zo sur. N’eus ket bet referendum ebet d’ar c’houlz se evit goulenn get ar Vretoned mard e oant a du pe pas chom distaget da Frans pe bout staget. Ne oa ket frankiz ebet d’ar c’houlz se evit ar pobloù, nag e Frans, nag e Breizh.
Votadegoù e leizh
Met bon, votadegoù, ur bern, zo bet war lerc’h, abaoe daou c’hant vloaz : hag ar Vretoned deus votet (ar Bretonezed abaoe hanterkant vloaz hepken). Ar vonreizh diwezhañ, hini ar pempvet Republik oa bet votet get al lodenn vrasan ag ar Vretoned e naontek kant eizh hanterkant (1958). E Bro Euskadi, bonreizh ziwezhan Bro Spagn ne oa ket bet votet get al lodenn vrasan ag an dud e mil nav c’hant naontek ha tri ugent (1979). Ar muian a dud n’o doa ket votet, pe o doa votet nann... An dra se a ra an difor bras evit Breizh... Breizh zo barzh Bro Frans ivez dre youl ar Vretoned.
Met, daoust da se, hervez skritelloù Adsav, ne vehemp ket ni amañ e Frans; tud all a lâr ne vehe ket Naoned e Breizh met e rannvro Broioù al Liger. Peb hini e zoare da c’hoari get an istor. Ha mard eo mod se, me ya me iwez da chañch ar wirionez : n’on ket mui e Frans, nag e Breizh, met e Tahiti ! Ne vez ket mui savet Rezore war bord ar Blanvoezh met e Papeete... Bemdez eh an da neñvial barzh ar mor bras Pasifik tomm (30° e lec'h 17° e Breizh hiriv an deiz), ha, war lerc’h, eh an da gousket dindan ur c’hokotier. Trugarez a laran deoc’h evit bout deuet war Rezore, met e tahitianeg neuze : “mauruuru”.
Christian Le Meut
06:35 Publié dans Breizh/Bretagne, Brezhoneg/Langue bretonne, Istor/Histoire, Politikerezh/Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Bretagne, Breizh, Histoire, politique
22/10/2006
Sinema : Indigènes
Ur wezh em boa bizitet ur vered, en ur gêr vras awalc'h e kreiz Bro Frans. E mesk ar bezioù kristen oa bet kempennet ur “c’harré militaire” get un nebeut bezioù musulman evit soudarded ag Afrika marv e 1944 hag interet du hont, pell ag o bro. Roudoù ag an “Indigened” deuet da zieubiñ Bro Frans a chom un tammig e pep lec’h e reter pe kreisteiz ar vro.Met roudoù ankoueit.
Un nebeut tud a ouie pegen bras oa bet plas an “Indigened” barzh arme Bro C’hall savet e Afrika hanternozh get ar marechal Juin e 1943. Met ne oa ket anavet an dra se get razh an dud e Frans. A gres d’ar film a feson savet get Rachid Bouchared, anavet eo bremañ. Gwell a se. Prantadoù an istor vras a vez ankouiet buan awalc’h mod se.
Plaset mat omp, e Breizh, evit goueit an dra se. Ankoueit eo bet hor istor ganeomp ni. Hag hor yezh ivez, get ur bochad Bretoned a Vreizh Izel... Klewet vez komz arabeg barzh ar film Indigènes, ar pezh a zo bourrapl bras. James m’eus gwellet ur film a ziar ar brezel bed kentañ get soudarded e komzehe brezhoneg, pe korseg, pe... Brezhoneg a veze komzet neoazh barzh meur a rejimant get miliadoù a Vretoned mobilizet...
Barzh Indigènes ar soudarded nevez a zesk o micher nevez. Kaer o deus ober o seizh gwellañ evit lazhiñ ar muian posupl a soudarded alaman, chom a reont “bougnouled” e begoù soudarded gall zo. O serjant, ur “pied noir”, unan gwenn neuze, a zo anvet da “sergent chef” met o c’haporal, ur muzulman, n’eo ket anvet da “gaporal chef”. Chom a ray kaporal... Ha dipitet bras.
Ase emañ an dalc'h : ar re ag ar Vaghreb (hag a Afrika dre vras), daoust dezhe ober o gwellan posupl evit dont da vout Fransizion, daoust dezhe bout e mesk ar soudarded kourajusan, a chom war bord an hent. Gwir oa e 1944, sur awalc’h...
Hag e 2006 ?
Christian Le Meut
Indigènes, ur film savet get rachid Bouchareb, get Sami Bouajila, Roschdy Zem, Samy Naceri, Jamel Debouzze ha Bernard Blancan.
10:40 Publié dans Brezhoneg/Langue bretonne, Istor/Histoire, Politikerezh/Politique, Sinema/Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Indigènes, film, sinema
29/08/2006
Cinéma : Le vent se lève...
La scène se passe dans la campagne irlandaise, en 1920. Quelques jeunes, après une partie de cricket, se retrouvent dans une ferme, saluent les anciens, discutent. Une troupe britannique arrive, hurlante. Les jeunes sont alignés le long d’un mur et doivent décliner leurs identités sous la menace des armes. Un jeune de 17 ans s’obstine a répondre “Micheail”, à la façon gaélique. “Dis ton nom en anglais” lui intime, furieux, l’officier britannique. Le jeune homme ne veut (ou ne sait) pas. Il est torturé et fusillé sur place sous les yeux de sa mère, de sa soeur, de ses amis. Plusieurs d’entre eux rejoignent l’IRA, l’armée républicaine irlandaise. Notamment Damien et Teddy, deux frères, les deux personnages principaux du film avec Sinead, la soeur de Micheail.
Ainsi commence le dernier film de Ken Loach, Le vent se lève. Fiction inspirée de l’histoire réelle de l’Irlande.
En 1916 la première révolution irlandaise a été réprimée dans le sang à Dublin mais, juste après la guerre, la population irlandaise a donné la majorité de ses voix aux candidats indépendantistes irlandais du Sinn Fein. Ces députés ont constitué leur propre parlement et proclamé l’indépendance de l’Irlande, indépendance refusée par le Royaume-Uni. Les Irlandais bâtissent pourtant leur nouvel Etat, avec une armée, un parlement, une justice, ce que le film montre bien. Ils sont soutenus par une part importante de la population. Des dénonciations ont lieu : les traîtres sont fusillés, riches ou pauvres. Les jeunes membres de l’IRA deviennent des soldats capables de tuer de sang froid pour leur cause.
Choisir la paix ?
En 1921, le Royaume-Uni propose un accord de paix, signé par les leaders irlandais, notamment Michael Collins, qui sera tué un an plus tard en Irlande par un Irlandais en désaccord avec le traité. L’Irlande est reconnu comme un Etat indépendant mais reste un “dominion” membre du Commonwealth. Pire, le nord du pays, l’Ulster, est détaché et reste dans l’empire britannique. Dans la troupe de Teddy et Damien le débat est rude. Faut-il accepter cet accord imparfait ou continuer la guerre ? “Il y a 3.500 fusils en Irlande, comment espérer battre le Royaume-Uni ?” demande l’un, partisan du traité, et Teddy est d’accord avec lui. Mais la majorité n’est pas d’accord et veut continuer le combat. Damien est sur cette ligne parce qu’il veut aussi bâtir une république plus juste, plus sociale. Une véritable guerre civile s’engage entre Irlandais, entre partisans des accords et opposants. Entre amis, entre frères, entre Teddy et Damien. Et la fin du film est éprouvante...
Les guerres d’indépendances, des guerres civiles, existent depuis longtemps, et il y en a encore aujourd’hui. En voyant ce film j’ai pensé à Jean-Marie Tjibaou, tué par un autre Kanak pour avoir signé les accords de Matignon, en 1988, sur l’avenir de la Nouvelle Calédonie. J’ai pensé à Gandhi également, assassiné après la séparation de l’Inde et du Pakistan, séparation à laquelle il s’opposait mais qu’il n’avait pu empêcher...
La tentation de la violence
J’ai repensé aussi à ces propos que j’entends parfois en Bretagne : “Si nous faisions comme les Corses (sous entendu en posant des bombes), nous obtiendrions plus”... Trois Corses se sont tués depuis le début de l'année 2006 en posant des bombes, est-ce là ce que nous souhaitons pour la Bretagne ? Il est clair que l’Etat français donne souvent l’impression d’être plus à l’écoute des violents que des non-violents, cruel paradoxe d’une démocratie imparfaite. Mais une fois la violence enclenchée, personne ne peut plus la contrôler, et les frères en arrivent à s’entretuer. L’histoire en montre de nombreux exemples, comme le film de Ken Loach.
L’Irlande est devenue indépendante après 1921, mais la guerre a duré encore longtemps en Irlande du Nord. En 1998 de nouveaux accords de paix ont permis des avancées, mais ils semblent en panne depuis plusieurs années.
Le vent se lève est un film remarquable. Il nous force à réfléchir à la guerre, la guerre entre les peuples, entre les Etats, mais aussi à la guerre civile, à la guerre dans les familles. Pourquoi faire la guerre, jusqu’où ? Pour bâtir un nouveau pays, mais quelle sorte de pays, quel type de société ? Quand et comment arrêter une guerre et choisir la paix ? Et quelle sorte de paix ? Toutes questions essentielles que le film de Ken Loach aborde sans détours.
Christian Le Meut
* Hasard de l'actualité, l'Agence Bretagne Presse a publié récemment cette brève : "Une Irlandaise arrêtée pour avoir parlé gaélique dans les rues de Belfast. Une Irlandaise du nord qui parlait gaélique avec ses amies dans une rue de Belfast a été insultée par la police qui aurait qualifié le gaélique de langage des leprechauns. On lui aurait demandé de parler la langue anglaise de la reine . Ayant refusé d'obtempérer, elle a été arrêtée pour obstruction et désordre public... Les leprechauns sont l'équivalent des korrigans bretons. Le mot anglais leprechaun vient du gaélique Lechorpan qui signifie petit bonhomme.
14:40 Publié dans Didaerded/Non-violence, Istor/Histoire, Sinema/Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Bretagne, cinéma, Irlande
Sinema : "Le vent se lève"...
Brezelioù evit en em zistag ha brezelioù diabarzh a zo abaoe pell. E wellet “Le vent se lève”, sonjet m’eus e Jean-Marie Tjibaou, lazhet get un den ha ne oa ket a du get emglevioù peoc’h sinet e Matignon e 1989 war dazont Kaledonia nevez...
Christian Le Meut
13:15 Publié dans Breizh/Bretagne, Brezhoneg/Langue bretonne, Etrebroadel/International, Gwirioù mab den/droits de l'être humain, Istor/Histoire, Sinema/Cinéma, Yezhoù/langues | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Bretagne, Breizh
23/08/2006
Hoedic et Houat : deux îles au patrimoine étonnant
L'association Melvan a pour objectif l'étude, la promotion et la protection du patrimoine historique et naturel des îles d'Hoedic et Houat, au large du Morbihan. Un patrimoine particulièrement riche que la revue annuelle (ci-contre) reflète. Cette association vient de tenir son assemblée générale, dont voici le compte-rendu :
"L'Assemblé générale de l'association Melvan s'est tenue le dimanche 13 août en fin de matinée dans la salle communale du fort d'Hoedic. Cette réunion a rassemblé une quarantaine de personnes membres de l'association, mais aussi des non-membres intéressés par les activités de Melvan. Un tour d'horizon des actions en cours a été exposé et discuté avec l'assistance : recherche de documentation et archivage informatique, chantiers de fouilles archéologiques et de débroussaillage, études historiques ou sociologiques, conférences, sorties nature, publications (La Lettre de Melvan, bi-annuelle ; La Revue des deux îles, annuelle), site internet (www.melvan.org), fiches patrimoniales à disposition du public avec les chapitres archéologie et botanique réalisés, exposition sur le cadastre napoléonien et souscription pour sa restauration (en cours dans le fort d'Hoedic).
Était ensuiterapidement évoqué un projet de publication et d'exposition autour de Marthe et St-Just Péquart. Ces archéologues ont réalisé des fouilles à Houat et à Hoedic dans les années 1920 et 1930 dont les résultats restent des références encore aujourd'hui. Ils ont aussi laissé un intéressant témoignage sur la vie insulaire dans ces années difficiles. Melvan projette de consacrer un numéro spécial de sa revue à ces archéologues et une exposition dans le fort d'Hoedic au cours de l'été 2007.
Le bilan financierde l'association était alors présenté, occasion de remercier les donnateurs privés et les collectivités qui soutiennent financièrement l'association : la mairie d'Hoedic, le Conseil général et le Conseil régional. En fin de réunion, eu lieu l'election pour le renouvellement du conseil d'administration de l'association. Jo Le Hyaric, ancien maire de Houat, a été élu en remplacement de Joelle Leroux qui souhaitait se retirer pour raison de santé. Joelle Leroux, historienne de Houat et membre fondateur de Melvan, a été un des piliers de la création de l'association. Le nouveau Conseil d'administration en place pour trois ans est constitué de six personnes : trois membre fondateurs, Henri Buttin (président), Pierre Buttin, Gilles Janin et trois membres actifs, Christian Allanic, Jo Le Hyaric, Émilie Moisdon. L'association enregistrait cinq nouvelles adhésions au cours de cette réunion et rassemble maintenant 155 adhérants.
Melvan : Le Bourg, 56170 Hoedic. www.melvan.org
18:17 Publié dans Breizh/Bretagne, Endro/environnement, Istor/Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Bretagne, Breizh
19/08/2006
L’amour malgré la guerre
Les guerres ne cessent pas : en Irak, en Tchétchénie, en Côte-d’Ivoire, au Soudan... La liste se prolonge et, quand une guerre s’arrête, une autre naît quelque part... Mais, même lors des guerres les plus atroces, des histoires d’amour naissent. C’est ce que rappelle une nouvelle parue dans un très beau livre écrit en breton par Yann-Vadezour Lagadeg et paru fin 2003 aux éditions Emgleo Breiz, “Dalh sonj ez out den”.
Rosalie, que tout le monde appelle Roz, est une femme estimée dans sa commune. Arrivée à 82 ans, elle en paraît beaucoup moins. Elle est toujours dynamique, tient sa maison et son jardin impeccables. Elle a été pendant longtemps maire-adjointe de la commune et compte beaucoup d’amis... Mais ses amis se posent deux questions : pourquoi est-elle restée célibataire, et pourquoi dort-elle toujours dans son lit clôt alors que tout le monde a adopté les lits plats et ouverts... Un peu excentrique, donc, la Roz.
Le soir de ses 82 ans, son amie Soaz vient lui rendre visite et lui offrir un cadeau : une photo de groupe des anciens de la commune, à poser sur le mur. Justement, il reste une place, à côté d’un portrait de Roz elle-même... Mais voilà, Roz a une autre photo à mettre à côté de la sienne, mais elle n’a pas osé jusque là : celle d’un soldat allemand, Hantz, qu’elle a aimé passionnément pendant la guerre !
Roz habitait seule une maison isolée près de la côte et près d’un blockhaus. Un soldat allemand était venu lui parler un jour, en français. Elle l’avait éconduit, mais leur rencontre l’avait bouleversée. Quelques semaines plus tard elle autorisait Hantz à venir lui rendre visite, mais de nuit, pour ne pas être vus. Et le lit clôt fut le témoin de leur amour caché pendant près de deux ans... Puis Hantz fut envoyé sur le front russe où il fut tué. Fin de l’histoire. Ou pas vraiment : inconsolable, Roz resta célibataire. Après la guerre, elle partit voir les parents de Hantz en Allemagne. “Si Hantz avait survécu, nous nous serions mariés, ses parents étaient d’accord”, dit-elle.
Une photo dans un carton
Pourtant, la photo du soldat allemand était restée dans son carton. Elle n’osait pas mettre au mur l’amour de sa vie. Mais ce soir là, après avoir parlé avec son amie Soaz, Roz se décida à mettre le portrait de Hantz au mur...
Cette histoire, racontée par Yann-Vadezour Lagadeg, m’a fait repenser à un documentaire que j’ai vu à la télé il y a quelques années sur les enfants nés de mères françaises et de pères soldats allemands, pendant la seconde guerre mondiale et juste après. 80.000 enfants seraient nés de ces relations d’après les réalisateurs de ce documentaire, mais certains spécialistes, certains démographes estiment que ce chiffre pourrait attendre 200.000 enfants. Dont beaucoup, d’ailleurs, ont été méprisés et stigmatisés durant leur enfance à cause de leurs origines.
Certaines femmes, quant à elles, ont été tondues à la Libération.
Parmi elles certaines avaient été violées; d’autres étaient sans doute de mœurs légères mais certaines, enfin, comme Roz, ont vécu de vraies histoires d’amour avec des hommes qu’elles ont aimés et que certaines ont épousés après la guerre. Tous les soldats allemands n'étaient pas des nazis.
Christian Le Meut
Dalh soñj ez out den, Yann-Vadezour Lagadeg, Emgleo Breiz (10 ruz Kemper, 29200 Brest), 13,5 €.
10:30 Publié dans Breizh/Bretagne, Istor/Histoire, Levrioù/Livres/BT/BD | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Bretagne, Breizh
Da lenn : Dalh soñj ez out den
Brezelioù a zo hiriv an deiz e pep lec’h, siwazh. Brezel en Irak, en Tchétchénia, ha c’hoazh... N’eo ket un dra nevez. Met istorioù karantez a sav ivez e pad ar brezelioù kriz... Lennet m’eus ul levr dispar anvet “Dalh sonj out den !”, skrivet get Yann-Vadezour Lagadeg, un den a Vro Bagan. Deuet eo er maez al levr se e fin ar bloaz 2003, embannet get Emgleo Breiz. Danevelloù a zo a barzh a ziar benn buhez pemdezieg al labourizion douar hag ar vezhinerion. Istorioù brezel a zo, brezel Aljeria met ivez an eil brezel bed, pa oa an Alamaned e Breizh. Ha setu istor Roz.
Staget doc'h he gwele kloz
Roz zo bremañ ur vamm gozh, daou vloaz ha pevar arnugent, met begon zo geti c’hoazh. Emañ e chom tost d'ar mor, e-tal ur blokaus, hep amezeg. Rozenn zo chomet dizimez met ur bern mignoned he deus. Eil maerez ar barrez eo bet; istimet eo get ar re all. Met gwellet a vez Roz ivez evel ur vaouez un tammig drol memestra. Sellit ta : gousk a ra c’hoazh e barzh he gwele kloz... Ur wezh, dont a ra Soaz, mignonnez brasan Roz, da brofiñ dezhi ur skeudenn evit he gouel a bleiz. Razh ar re gozh ag ar barrez a zo warni, hag ul lec’h a chom war ur voger, e tal poltred Roz hag he zud, da lakaat ar skeudenn-se... Met Rozenn n’eo ket a-du tamm ebed. Rak ur skeudenn all he deus da lakaat. Ha Roz da lâret d’he mignonez Soaz perak eman-hi chomet dizimez : piket oa bet he c’halon get ur soudard alaman, Hantz, e-pad ar brezel. Ha savet oa bet un istor karantez, da vad, etreze e pad tost daou vloaz... Hantz oa bet kaset war lerc’h da Bro Rusia, ha lazhet du hont...
A gaos d’an dra se emañ bet staget Rozenn doc’h he gwele kloz e lec’h m’he deus degemeret ha kuzhet Hantz e pad daou vloaz bep nozh. “Ma vehe chomet bev Hantz, e vehem dimehet asambles”, a lâr-hi... Met an istor karantez se zo chomet kuzhet e-pad ar brezel, evel reson, met ar lerc’h ivez. Bet oa bet Roz d’an Alamagn da welet tud Hantz... Abaoe ar mare se, neoazh, n’he deus ket kredet lakaat poltred he c’harantez e tal he foltred. Mezh oa warni, marteze. Met, goude bout displeget an istor d’he mignonnez Soaz, Roz a lak poltred Hantz war ar voger.
Istorioù karantez e pad ar brezel
Un abadenn tele oa bet skignet bleadeù-zo a ziout ar vugale ganet e pad ar brezel, pe just ar lerc’h, d’ur vamm a Vro Frans ha d’ur soudard a Vro Alamagn. Hervez an dud o doa savet an abadenn-se, 80.000 krouadur oa ganet goude bout aet asambles ur vaouez a Vro C’Hall get ur soudard a Vro Alamagn, e pad ar brezel. Hervez tud all, ar sifr vehe kentoc’h 200.000 krouadur ! Hag alies emañ bet lakaet mezh war ar vugale se a gaos d’o zad, a c’houde.
Ul lodenn ag ar maouezed a oa aet get ur soudard alaman oa bet touzet e pad al Libération. Ul lodenn ag ar maouezed-se a oa bet pallforset get an Alamaned. Ul lodenn oa kentoc’h gisti, sur awalc'h, met ul lodenn all oa merc’hed a feson piket o c’halon get soudarded alaman. Ha razh an Alamaned ne oant ket nazied anezhe... Istorioù karantez da vat oa bet, ha maouezed oa aet, goude ar brezel, d'en em zimeziñ get ar soudarded o doa keijet gante e bro Frans. N'eo ket ken pell ag ar wirionez an danevell skrivet get Yann-Vadezour Lagadeg.
Christian Le Meut
Dalh sonj out den, Yann-Vadezour Lagadeg, embannadur Emglev Breiz (10 rue Kemper, 29200 Brest). 13,5 €.
07:30 Publié dans Breizh/Bretagne, Istor/Histoire, Levrioù/Livres/BT/BD | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Bretagne, Breizh
21/05/2006
Foot et esclavagisme : Lorient 2, Vannes 0...
Je débutais une nuit de sommeil réparatrice un vendredi soir récent quand j’entendis quelques coups de klaxon dans les rues d’Hennebont. Voilà comment je sus que Lorient avait gagné et montait en Ligue 1. Quelques supporters venaient faire partager leur joie aux Hennebontais endormis comme s’il fallait forcément que tout le monde soit concerné par les exploits footballistiques des Merlus.
Lorient monte donc en L1, comme on dit. Et il paraîtrait que c’est une bonne nouvelle pour l’économie et la renommée de la ville... A voir car les Merlus sont déjà montés en Ligue 1 et en sont vite redescendus. Quant à l’économie, si l’on mettait d’un côté l’argent investie par les collectivités locales dans le foot, et de l’autre, les entrées occasionnées, le solde serait-il réellement positif ? Et cet argent placé dans d’autres activités n’aurait-il pas créé plus d’emplois, par exemple ? Vastes questions auxquelles un piètre économiste comme moi ne peut pas répondre mais qui, par ailleurs, ne sont pas tellement posées...
Vannes, préfecture du Morbihan et rivale historique de Lorient, par contre, reste en “nationale”, l’équivalent de la troisième division. Dans le domaine du foot Lorient est donc largement en tête.
Commerce triangulaire : Lorient en tête
Et Lorient distance probablement Vannes dans un autre domaine que l’on a redécouvert récemment, celui de la traite négrière. Et oui, nos ports bretons comme Nantes, Vannes, Lorient, Saint-Malo, ont prospéré pendant des décennies, voire des siècles, sur ce commerce d’êtres humains. On appelait cela le “commerce triangulaire”. Les bateaux partaient d’Europe les cales chargées de marchandises pouvant être échangés sur les côtes africaines contre des personnes réduites à l’état d’esclaves. Ces Africains là avaient été capturés par d’autres Africains qui profitaient eux aussi de ce commerce juteux (1). 20 à 25 % mouraient pendant le voyage d’après les historiens, puis ce “bois d’ébène” comme on appelait ces êtres humains, était vendu aux Antilles ou aux États-Unis. Les bateaux revenaient chargés de sucre ou de café. J’avais bien étudié ce “commerce triangulaire” au lycée, mais sans réaliser que Lorient, la ville où j’étudiais, était concernée. Sans réaliser que la fameuse “Compagnie des Indes” avait, elle aussi, largement participé à ce commerce.
Guillo du Bodan, maire esclavagiste
Un historien vannetais, Patrick André, évalue à 2.000 le nombre de personnes déportées “par une dizaine d’armateurs vannetais” (Le Télégramme du 3 mai). L’un d’eux, M. Guillo du Bodan, put acheter la charge de maire de la ville grâce à l’argent ainsi gagné, les maires, à l’époque, n’étaient pas élus. Une rue de Vannes porte son nom depuis 1967, décision que l’on doit à Raymond Marcellin. Il y a donc une rue à rebaptiser à Vannes.
Pour Lorient, je n’ai pas vu de chiffres, mais Brigitte Nicolas, conservateur en chef du musée de la Compagnie des Indes rappelle, dans Le Télégramme du 5 mai (édition de Lorient), que la traite a été une activité importante de la compagnie à la fin du XVIIIe siècle. “Lorient a même été le premier port négrier entre 1723 et 1725” précise-t-elle. Elle cite un autre historien, Olivier Pétré-Grenouillau : ”On ne peut pas dire clairement que la traite a enrichi la Bretagne, mais on peut dire qu’elle a enrichi certains Bretons...” Lorient distance donc encore Vannes, mais pas de quoi être fier.
Des invités et des évités
Les débats sur la mémoire historique française ont cela de bon qu’ils remettent à jour des faits que nous avions oubliés. Le 10 mai est devenu une journée de commémoration. Très bien. Une cérémonie officielle a même été organisée à Paris, dans les jardins du Luxembourg, en présence du président Chirac. et de madame, pourquoi pas ? Mais sur invitation uniquement. J’ai vu, à la télé, l’humoriste pas toujours drôle Dieudonné tenter de s’immiscer. Mais il a été refoulé, il n’était pas invité. Il y avait donc des Noirs invités, et des Noirs évités. Plutôt que d’organiser une grande fête populaire pour célébrer l’abolition de l’esclavage, la République a préféré organiser un pince-fesse sur invitation. Cruel symbole. Nos élus auraient-ils peur du peuple ?
Aujourd’hui la situation a changé. L’esclavage est, officiellement, aboli, même s’il se pratique encore sous certaines formes : femmes ou filles mariées sans leur consentement, personnes contraintes de travailler sans rémunération, etc. Par contre on embauche à coup de millions d’euros des joueurs de foot venant de pays d’Afrique. Ceux là ont de la chance, ils sont accueillis à bras ouverts quand leurs frères de couleur, moins doués en foot, sont accueillis à coup de fusil sur les frontières européennes, ou expulsés, ou exploités quand ils ont réussi à rentrer...
A nous les médecins africains
D’autres catégories que les footballeurs sont accueillies à bras ouverts, comme le personnel médical. Plusieurs organisations de solidarité internationale s’émeuvent de cette situation qui entraîne un manque de personnels soignants dans certains pays d’Afrique. Des centres de santé doivent fermer par manque de personnel, comme au Malawi. “Les médecins malawites sont aujourd’hui plus nombreux à Manchester que dans tout le Malawi”, indique un document édité pour cette campagne intitulée “Personnel de santé au sud, pénurie mortel” (2).
Pour les pays riches, c’est tout bénéf : ils n’ont pas à prendre en charge la formation de ce personnel qualifié qui, une fois arrivé en Europe ou est Amérique du Nord, est sous payé et cible de discriminations. Les médecins des pays pauvres viennent soigner nos maladies de riches et nous ne leur savons même pas gré ! Médecins du monde, le Secours catholique, la Croix Rouge et Agir ici font partie des associations qui tentent d’alerter l’opinion française et international sur ce phénomène inquiétant.
Maladies : recherches oubliées...
Si le commerce triangulaire est fini, les conditions de vie d’une partie de la population humaine restent révoltantes. Car au manque de personnel médical s’ajoute l’absence de médicaments et de vaccins pour certaines maladies comme le paludisme, la dengue, la cécité des rivières, etc. Ces maladies sont laissées de côté par les laboratoires de recherche car les populations concernées sont “non solvables” (Libération du 5 avril). Encore une affaire de commerce et de gros sous. Heureusement, on a la Ligue 1 et le monde merveilleux du foot, pour nous occuper l’esprit (3).
Christian Le Meut
(1) Lire : Racines (“Roots”) de Alex Haley, écrivain noir américain qui a reconstitué l’histoire de sa famille jusqu’à la déportation de son ancêtre africain, Kounta Kinté, en 1767.
(2) Contact : Agir ici, 104 rue Oberkampf, 75011 Paris. Téléphone : 01 56 98 24 40 et site internet : agirici.org
(3) Idée de lecture : “Le football, une peste émotionnelle”, de Jean-Marie Brohm et marc Perelman, vient de paraître chez Folio actuel.
18:34 Publié dans Breizh/Bretagne, Gwirioù mab den/droits de l'être humain, Istor/Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Bretagne forever !