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08/05/2007

Histoire : 45.000 malades mentaux morts de faim entre 1940 et 1944

Pierre Assouline présente sur son blog un livre qui vient de sortir sur une page sombre de l'histoire de France : la mort de faim de 45.000 malades mentaux en France occupée.L’historienne Isabelle von Bueltzingsloewen, maître de conférences à Lyon 2, vient de publier L’hécatombe des fous ((22 euros, 508 pages, Aubier). L'auteure du livre en question affirme qu'il ne s'agit pas d'une politique de génocide mais plutôt des conséquences de l'indifférence et de la pénurie. En Allemagne nazie, les autorités décidèrent également l'élimination des Allemands malades mentaux dont plusieurs dizaines de milliers furent gazés (1939-40). Elles testèrent sur eux des méthodes qui servirent ensuite sur d'autres mais durent interrompre ce génocide discret suite aux plaintes des familles et aux déclarations des autorités religieuses (l'historien jacques Sémelin a travaillé sur cet autre aspect méconnu de notre histoire contemporaine).

http://passouline.blog.lemonde.fr/2007/05/04/45-000-morts...

18/01/2007

Les Justes honorés

Diriaoù 18:01 a zo bet skignet war F2 da 8e30 ur film anvet "La colline aux mille enfants" a fed bugale (ha tud), Juifed a orin, savetaet e-pad ar brezel bed diwezhan get protestanted (kentoc'h) ag ar Chambon sur Lignon (Haute-Loire). Ar film-se zo tost d'ar wirionez. Hiriv e vo igoret get Jacques Chirac, er Pantheon, ur skritell hag a inour ar "Justes" o doa lakaet o buhez dezhe en arvar da saveteiñ Juifed klasket get an nazied. 2.275 a zo bet anavezet e Frans a bezh, 16.000 en Europa, get ar "Fondation Yad Vashem" a Jerusalem. "Amañ ne ouiomp ket petra eo ur Juif, amañ e anavezomp nemet tud" (André Trocmé, pasteur er Chambon d'ar c'houlz-se).

Jeudi soir 18 janvier a été diffusé sur France2 le film "La colline aux mille enfants", inspiré de faits réels, sur le sauvetage de milliers d'enfants (et d'adultes) par les habitants de la région du Chambon sur Lignon (Haute-Loire), à majorité protestante. A la tête de cette résistance, le pasteur André Trocmé qui a dit, à l'époque, "Ici nous ignorons ce qu'est un Juif, nous ne connaissons que des hommes". Aujourd'hui jeudi les Justes de France sont honorés par l'inauguration d'une plaque au Panthéon. 2.275 Justes, c'est-à-dire des non-Juifs ayant sauvé des Juifs au péril de leurs vies pendant la Seconde guerre mondiale, sont recensés en France par la fondation Yad Vashem de Jérusalem. 12.000 pour l'Europe entière.

Pour en savoir plus : www.mirfrance.org 

Le magazine pour enfants "Je lis des histoires vraies" (n°156 - novembre 2006) est consacré à l'histoire d'un enfant sauvé par un Juste :

medium_Justes127.2.jpg

 

 

 

23/11/2006

Livre : le prix Per Roy pour "Prisonnier en Autriche"

L'Association des écrivains bretons vient de décerner le prix Per Roy  à "An Amzer laeret" de Pier-Mari Louz et Bernard Kabon (Ed. Skol Vreizh), livre que je vous avais présenté il y a quelques mois, témoignage de la vie de prisonniers français en Autriche pendant la dernière guerre :

Pierre-Marie Le Lous, de Guimaeg dans le Trégor, est fait prisonnier par les Allemands en 1940 et envoyé, comme beaucoup de soldats français, travailler la terre sur le sol allemand pendant cinq années.
Il a raconté cette période de sa vie, en breton, à Bernard Kabon qui l’a mise sur le papier. Ce récit est paru en janvier 2006 en breton et en français aux éditions Skol Vreizh sous le titre “Prisonnier en Autriche” (“An amzer laeret” en breton). Un témoignage intéressant et émouvant sur la vie quotidienne des soldats prisonniers mais aussi sur celle des familles d’agriculteurs chez qui ils travaillaient.

Pierre-Marie Le Lous est envoyé à Thaya, une commune du nord de l’Autriche, pays annexé par l’Allemagne quelques années plus tôt. Agriculteur lui-même, il s’adapte, connaissant parfois mieux le travail que ses propres maîtres. Un groupe de prisonniers français travaille dans les fermes et est regroupé chaque soir au “Commando”, une bâtisse où ils mangent et dorment sous la garde, plutôt débonnaire semble-t-il, de quelques soldats allemands.

La grève d’un prisonnier
Pierre-Marie commence par travailler dans la ferme d’un paysan qu’il surnomme le “Bossu”. Il y est en compagnie d’un autre Breton, de Locquirec celui-ci, Jean Guyomard. Mais le maître n’est pas facile et rend la vie impossible aux personnes qui travaillent avec lui. Il fouette même les travailleurs polonais réquisitionnés pour travailler en Allemagne, mais n’ose pas le faire sur les deux Bretons.

Pierre-Marie décide alors de quitter cette ferme. Un jour, il reste au dortoir, au Commando, et demande à changer de patron. Le risque est grand d’être envoyé dans un camp de prisonniers où la vie est beaucoup plus dure. Les officiers sont envoyés dans ces camps : la nourriture y est rare. Mais un agriculteur se manifeste alors, Joseph Schreiber : il a besoin de main d’oeuvre et prend Pierre-Marie chez lui. Là, tout change, les relations avec la famille Schreiber sont bonnes. Les fils de la maison sont soldats sur le front, l’un est mort déjà. Le portrait d’Hitler a été rangé depuis longtemps chez les Schreiber, alors qu’il est obligatoire de le mettre en évidence dans chaque maison. Le maître y écoute, dans la cave, la BBC, ce qui est formellement interdit. Du coup, Pierre-Marie écoute également la BBC, en français, et échange les nouvelles avec les autres prisonniers...

Jean Guyomard : deux ans au trou !
Mais dans la ferme du “Bossu” les choses s’aggravent. Jean Guyomard décide lui aussi de partir mais il est envoyé dans un camp, d’où il s’évade. Il décide de revenir se cacher à Thaya, pensant que les Allemands ne viendront pas le chercher là. Traverser l’Allemagne à pied pour rentrer en Bretagne lui paraît impossible. Il creuse un trou dans un bois qui devient une sorte d’habitation. Il peut y faire du feu et lire les livres que ses camarades lui fournissent. Ils lui fournissent également de la nourriture, des vêtements, des médicaments. Nous sommes en mai 1943. Jean Guyomard ne le sait pas encore mais il devra passer deux ans dans ce trou, dont deux hivers rigoureux. Ses vêtements sont lavés avec ceux de Pierre-Marie par Johanna Schreiber, la patronne de la ferme, qui n’en sait rien.

Comme un de ses fils
Les soldats français, bien que libres de leurs mouvements dans la journée, sont de vrais prisonniers, obligés de rentrer le soir au “Commando”, éloignés de leurs familles, ne sachant pas quand ils les reverraient ni s’ils les reverraient... Mais les relations avec les civils allemands ne sont pas forcément mauvaises. A force de travailler ensemble, une véritable amitié se forge entre Pierre-Marie et Joseph Schreiber. En mai 1945, le prisonnier cesse de travailler dans la ferme. En le quittant Joseph lui dit, ému et les larmes aux yeux, qu’il le considère comme un de ses fils.

L’armée rouge arrive et occupe la région. Pierre-Marie Le Lous signale des viols et des vols commis par les soldats de cette armée. Le retour prend encore un mois et demi mais Pierre-Marie finit par retrouver sa femme et son pays. Jean Guyomard également. Ni l’autre ni l’autre ne reprendra contact avec l’Autriche. Jean meurt en 1964 alors que Pierre-Marie vit jusqu’au début de 2006. Son témoignage est celui d’une jeunesse volée par la guerre. Mais il montre aussi une autre facette de ces événements terribles : deux belles histoires d’amitié.
Christian Le Meut

Prisonnier en Autriche, la parenthèse de Thaya, Jean-Marie Le Lous et Bernard Cabon, Ed. Skol Vreizh (40 quai de Léon, 29600 Morlaix), 20 €.. Tél. 02 98 62 17 20.