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19/08/2006

L’amour malgré la guerre

medium_dalc_h113.jpgLes guerres ne cessent pas : en Irak, en Tchétchénie, en Côte-d’Ivoire, au Soudan... La liste se prolonge et, quand une guerre s’arrête, une autre naît quelque part... Mais, même lors des guerres les plus atroces, des histoires d’amour naissent. C’est ce que rappelle une nouvelle parue dans un très beau livre écrit en breton par Yann-Vadezour Lagadeg et paru fin 2003 aux éditions Emgleo Breiz, “Dalh sonj ez out den”.

Rosalie, que tout le monde appelle Roz, est une femme estimée dans sa commune. Arrivée à 82 ans, elle en paraît beaucoup moins. Elle est toujours dynamique, tient sa maison et son jardin impeccables. Elle a été pendant longtemps maire-adjointe de la commune et compte beaucoup d’amis... Mais ses amis se posent deux questions : pourquoi est-elle restée célibataire, et pourquoi dort-elle toujours dans son lit clôt alors que tout le monde a adopté les lits plats et ouverts... Un peu excentrique, donc, la Roz.

Le soir de ses 82 ans, son amie Soaz vient lui rendre visite et lui offrir un cadeau : une photo de groupe des anciens de la commune, à poser sur le mur. Justement, il reste une place, à côté d’un portrait de Roz elle-même... Mais voilà, Roz a une autre photo à mettre à côté de la sienne, mais elle n’a pas osé jusque là : celle d’un soldat allemand, Hantz, qu’elle a aimé passionnément pendant la guerre !

Roz habitait seule une maison isolée près de la côte et près d’un blockhaus. Un soldat allemand était venu lui parler un jour, en français. Elle l’avait éconduit, mais leur rencontre l’avait bouleversée. Quelques semaines plus tard elle autorisait Hantz à venir lui rendre visite, mais de nuit, pour ne pas être vus. Et le lit clôt fut le témoin de leur amour caché pendant près de deux ans... Puis Hantz fut envoyé sur le front russe où il fut tué. Fin de l’histoire. Ou pas vraiment : inconsolable, Roz resta célibataire. Après la guerre, elle partit voir les parents de Hantz en Allemagne. “Si Hantz avait survécu, nous nous serions mariés, ses parents étaient d’accord”, dit-elle.

Une photo dans un carton
Pourtant, la photo du soldat allemand était restée dans son carton. Elle n’osait pas mettre au mur l’amour de sa vie. Mais ce soir là, après avoir parlé avec son amie Soaz, Roz se décida à mettre le portrait de Hantz au mur...
Cette histoire, racontée par Yann-Vadezour Lagadeg, m’a fait repenser à un documentaire que j’ai vu à la télé il y a quelques années sur les enfants nés de mères françaises et de pères soldats allemands, pendant la seconde guerre mondiale et juste après. 80.000 enfants seraient nés de ces relations d’après les réalisateurs de ce documentaire, mais certains spécialistes, certains démographes estiment que ce chiffre pourrait attendre 200.000 enfants. Dont beaucoup, d’ailleurs, ont été méprisés et stigmatisés durant leur enfance à cause de leurs origines.
Certaines femmes, quant à elles, ont été tondues à la Libération.

Parmi elles certaines avaient été violées; d’autres étaient sans doute de mœurs légères mais certaines, enfin, comme Roz, ont vécu de vraies histoires d’amour avec des hommes qu’elles ont aimés et que certaines ont épousés après la guerre. Tous les soldats allemands n'étaient pas des nazis.

Christian Le Meut

Dalh soñj ez out den, Yann-Vadezour Lagadeg, Emgleo Breiz (10 ruz Kemper, 29200 Brest), 13,5 €.

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