Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

06/03/2009

To bio or not to bio ?

Récemment je suis allé voir le film "Nos enfants nous accuseront", au cinéma Le Vulcain, de Lochrist. La salle était pleine, un débat était prévu, après la projection avec un responsable du Groupement des agriculteurs biologiques du Morbihan et un responsable de la restauration collective des cantines scolaires du pays de Lorient où une proportion importante des ingrédients utilisés est d'origine bio.

Cela fait une quinzaine d'années que j'ai commencé à manger régulièrement de la nourriture bio. Tout d'abord par souci de respect de l'environnement. Le film montre, par exemple, un agriculteur épandant des produits chimiques sur ses pêches : 32 traitements ! Un livret intitulé "La bio en questions" et diffusé par l'association Consom'acteurs fait état de 27 traitements de pesticides pour les pommes "conventionnelles", traitements dont certains peuvent être "cancérigènes ou neurotoxiques".

Car si l'agriculture bio est plus respectueuse de la nature, elle l'est aussi de la santé humaine. Le film fait des allers retours entre Barjac, petite ville du Gard dont le maire a décidé de passer la cuisine municipale en bio, à Paris où des spécialistes du monde entier sont réunis pour évoquer le lien entre environnement et maladies. Ils font un lien direct entre l'épidémie de cancers, le développement de l'infertilité et celui du diabète, et l'agriculture industrielle.

consomaction354.jpgLe film montre, avec une certaine fraîcheur, comment les enfants de l'école et leurs parents accueillent la démarche du maire, prennent goût et intérêt pour le bio. Les enfants se mettent à cultiver un jardin. Le cuisinier se réjouit de ne plus être un ouvreur de boîtes. Le maire fait se rencontrer agriculteurs bio et conventionnels. L'un d'eux, passé au bio, avoue qu'il ne mangeait pas ce qu'il produisait du temps où il était en conventionnel.

"Nos enfants nous accuseront" : si ce film passe près de chez vous, allez le voir. Il situe, à mon avis, clairement les enjeux du bio aujourd'hui. To bio, or not to bio, telle est la question.

Christian Le Meut

http://nosenfantsnousaccuseront-lefilm.com/bande-annonce....

http://www.bioconsomacteurs.org/

16/01/2009

Ciné/Sine: La vie moderne

E brezhoneg/En breton.
Dilun m'eus gwellet ur film a-feson, "La vie moderne", savet get Raymond Depardon. An teirved film savet getan a ziar-benn al labourerion douar e Bro Cevennes (departamant Lozere). Tud kozh d'un tu, a labour evel en amzer a gent; tachennoù dilezet; pennherioù (kêriadennoù) dilezet get an dud ken stard eo ar vuhez er mennezhioù-se, ha ken stard eo ar vicher labourer douar ivez ! Ha, d'an tu all, tud yaouank, labourerion douar ivez, a faota dezhe chom ha labourat er vro memestra. Hag an darempredoù etre ar re gozh hag ar re yaouank n'int ket ken aes...

Depardon a sell doc'h an dud get doujans, get respet; tapout a ra e amzer evit kaozeal gete, e galleg, met a-wezhoù a ziar-benn an okitaneg, yezh vamm al lodenn vrasan ag an dud aterset getan. Kaer eo ar vro; kaer ar skeudennoù met nec'hansus, nec'hus awalc'h eo ar film e-keñver amzer dazont al labour douar e rannvroioù evel-se memestra. Daou lec'h all a zielfenn ar film-se.

En français/e galleg.
Lundi j'ai vu un bon film, "La vie moderne", réalisé par Raymond Depardon. C'est son troisième film sur les agriculteurs des Cévennes (en Lozère). Des anciens, d'un côté, travaillant à l'ancienne; des fermes et des villages abandonnés tellement est dure la vie dans ces montagnes comme est difficile le métier d'agriculteur. Et de l'autre, des jeunes agriculteurs qui veulent travailler et vivre au pays malgré tout. Et les relations entre les anciens et les nouveaux ne sont pas toujours faciles...

Depardon regarde les gens avec respect; il prend le temps de parler avec eux, en français, mais parfois aussi en évoquant l'occitan, langue maternelle de la plus grande partie des gens qu'il interviewe. Le pays est beau; les images sont belles mais le film est un peu inquiétant quant à l'avenir de l'agriculture dans ce type de région. Deux autres sites analysent ce film :

http://punctum.blog.lemonde.fr/2008/10/30/vous-allez-voir...

E galleg/en français :
http://taban.canalblog.com/archives/2008/12/01/11582266.h...

E okitaneg/en occitan :
http://taban.canalblog.com/archives/2008/12/04/11630859.h...

05/04/2008

Sinema/Cinéma : "Degemer mat barzh bro ar Ch'tied ?"

Dimeurzh paseet m'eus gwellet "Bienvenue chez les Ch'tis" (penaos treiñ ? "Degemer mat barzh bro ar Ch'tied ?", hag, a-benn ar fin, m'eus ket kavet displijus ar film-se. C'hoarzhet m'eus da vat, a-wezhoù, ha klewet komz ch'ti a zo digustum ha bourrapl awalc'h. Evit ur wezh un taol mouezh dishenvel a vez klewet barzh begoù aktourion brudet, evel Dany Boon pe Line Renaud. Da gustum, pouezh-mouezhioù evel-se a vez skarzhet ag an abadennoù skinwell pe sinema. Pe istitlet... Ar film a ziskoue penaos eh eus e Bro C'Hall rannyezhoù ha yezhoù all a vez komzet c'hoazh get tud zo, bemdez, ha n'eo ket folkloraj. Ha tud ag an hanternoz n'int ket diskouezhet evel amioded, tud sot, tud dibaseet, lonkerien ha c'hoazh, met evel tud normal, pe tost, evel ar re all kwa...

Barzh ar film, Dany Boon a zispleg penaos ar "ch'ti" hag ar pikardeg a zo "kendirvi"... Hervez ar pezh m'eus lennet, yezhourion 'zo a sonj dezhe e vehe ar ch'ti ur rannyezh ag ar pikardeg kentoc'h. Ar pikardeg a vez skrivet abaoe pell. Lodennoù ag ar "Roman de renard" a oa bet skrivet da gentañ e pikardeg hervez Hervé Abalain*. Ar yezh-se a veze brudet awalc'h er grenn amzer. Studiet e vez c'hoazh, da skouer, barzh skolioù veur (Lille, Amiens)...

Des gens normaux qui parlent une autre langue... 
Mardi soir je suis allé voir "Bienvenue chez les Ch'tis" et, finalement, je n'ai pas trouvé ce film déplaisant. J'ai même bien rigolé, parfois, et entendre parler ch'ti est assez inhabituel. Pour une fois un accent différent est entendu dans la bouche d'acteurs célèbres comme Dany Boon ou Line Renaud. Habituellement, ce genre d'accents est écarté des émissions de télé  ou des films de cinéma. Ou sous-titré... Ce film montre qu'il y a en France des dialectes et des langues qui sont parlés tous les jours par certaines personnes, et que ce n'est pas du folklore. Et les gens du Nord ne sont pas montrés comme des idiots, des sots, des alcooliques, etc, mais comme des gens normaux (ou presque, comme nous quoi).

Dans ce film Dany Boon explique que le ch'ti et le picard sont cousins... D'après ce que j'ai pu lire, certains linguistes, comme Hervé Abalin, considèrent plutôt le ch'ti comme un dialecte du picard*, langue écrite depuis très longtemps.  Des parties du Roman de renard ont été écrites en picard, langue réputée au Moyen-âge. Elle est toujours étudiée dans les universités de Lille et Amiens.

Christian Le Meut 

* Le français et les langues historiques de France, ed. Gisserot, 2007.

 

Un ali all war internet/un autre avis sur internet :
http://lapolitiqueduchacal.over-blog.com/article-18071406...

06/07/2007

Sinema/Cinéma : Persepolis

Ne m'eus ket amzer hiriv da zispleg deoc'h ar perak hag ar peogwir hiriv, met kit da weled Persepolis, ur film hag a zo skignet barzh ur bochad salioù sinema c'hoazh ! Un dresadenn vev eo, gwenn ha du. Fentus, fromus, interesus. Fiskal.

Conseil de cinéma, que je n'ai pas le temps de développer aujourd'hui, mais allez voir le film Persepolis, diffusé dans beaucoup de salles de cinéma. Très beau film sous forme de dessin animé noir et blanc. Drôle, émouvant, intéressant, dur...

 

26/12/2006

Cinéma : de salles en salles

J’aime  bien aller de temps en temps au cinéma mais il est des salles plus agréables que d’autres, comme le Vulcain, à Lochrist, près d’Hennebont. C’est un cinéma à une seule salle tenue par une association. Il a plein de charme, ce cinéma. On n’y vend pas de pop corn et il y a juste un distributeur de bonbons... Les publicités diffusées avant le film sont, en général, assez courtes et certaines sont même dépassées. On peut nous vanter les mérites d’un magasin de jouets ou d’un restaurant du coin fermé depuis des mois mais ce n’est pas bien grave...

De l’Algérie à Guantanamo
Les gens qui habitent dans le centre bourg de Lochrist peuvent venir à pied, c’est toujours ça de pollution automobile en moins. Parfois je suis surpris : ainsi, en début d’année (2006), pour un film peu connu sur la guerre d’Algérie, il y avait foule... Mais des têtes blanches surtout, des anciens combattants venus avec leurs épouses voir ce film sur une guerre qu’ils avaient faite. Beaucoup de film de qualité sont diffusés au Vulcain et parmi eux des films grand public.

Des débats sont organisés après certains films comme celui que je suis allé voir fin novembre, The road to Guantanamo, diffusé en lien avec Amnesty international. Ce film-documentaire retrace le parcours de quatre jeunes Britanniques d’origine pakistanaise partis passer quelques jours en Afghanistan et pris au piège dans ce pays. Faits prisonniers par l’armée étasunienne, ils sont envoyés dans le camps de Guantanamo, torturés, laissés sans jugements pour finalement être libérés après plusieurs années, leur innocence ayant été prouvée... Les membres d’Amnesty sont venues discuter avec les spectateurs après le film, pour rappeler que, notamment, 500 personnes restent incarcérées sans procès depuis des  années, à Guantanamo, en dehors de toute légalité.

Ce petit cinéma lochristois est aussi bon marché. 6,5€ pour le plein tarif;  4,5€ le tarif réduit, dont chacun peut profiter à chaque séance en achetant dix tickets d’avance...  En plus le spectateur y est à l’aise, il peut étaler ses jambes et poser sa tête, ce qui n’est pas le cas partout. Dans certaines salles, les grands gabarits sont un peu comprimé comme au Méga CGR, à Lanester.

8 € la séance, c’est un peu cher
Le Méga CGR s’appelait autrefois Cinéstar. Il s’agit d’un grand bâtiment gris, couleur blockhaus, installé dans une zone commerciale où l’on doit se rendre, quasi impérativement, en voiture. Il y a des bus, mais ils passent assez loin et pas à toutes les heures. Une fois stationné, vous arrivez dans le grand hall où vous devez payer, plein tarif, 8 euros... Il y a certes des réductions, pour tous le lundi par exemple, mais c’est un peu cher quand même...

Une fois passée la caisse vous vous trouvez face au  kiosque : pas un kiosque à journaux, ne rêvons pas, mais un kiosque à bonbons. On ne peut pas le manquer, et les enfants non plus. On y vend toute sorte de friandises et des pop con, hors de prix, évidemment. Des choses bien sucrées qui font plaisir, certes, mais ne sont pas forcément bonnes pour la santé...

Ouvreuses ? C’est fermé
Vous pouvez chercher aussi à éviter la salle de jeux vidéos, billards, située sur votre droite, autre endroit où vous pouvez attendre le film en dépensant votre argent durement gagné. Mais ça y est, la salle est libre, vous pouvez rentrer. Autrefois vous tendiez votre billet à une ouvreuse, fini ce temps là. Aujourd’hui l’ouvreuse est un ouvreur qui ressemble plutôt à un vigile et auquel vous n’avez pas très envie de faire trop la conversation. Passez votre chemin et restez tranquille si vous voulez être certain de voir votre film...

La salle s’offre alors à vous, mais vous devez slalomer entre les emballages, les chewing gum usagés, les pop corns égarés, car elle n’est pas nettoyée entre deux séances. Ou alors c’est vite fait ! Une fois bien calé dans votre fauteuil vous espérez ne pas avoir de voisins car l’espace est limité. Pas question d’étendre ses jambes ici... Et puis vous devez attendre la séance en écoutant le dernier tube de Claude François, qui date peu. La musique est assez peu originale, tout comme le choix de films proposés dans ce type d’établissements. Il s’agit en général des films les plus commerciaux du moment. Jamais de débats organisés ici, ni d’animations autour des films...

Enfin, la séance commence. La séance mais pas le film. Autrefois les séances de cinéma commençaient par les bandes annonces. Aujourd’hui, ici, elles sont mélangées avec d’autres pubs. Et ça dure. Une fois la pub terminée, la lumière se rallume pour que nous puissions lire... Les pubs peintes sur le rideau qui est en train de se baisser. Une étape supplémentaire à franchir avant le film...

Des clients mécaniques ?
Je ne vais pas très souvent dans ce cinéma lanestérien que je trouve froid, cher et peu accueillant. Le Cinéville de Lorient, un multiplex, lui aussi, est plus accueillant, propose une programmation plus variée.

Le cinéma subit de plus en plus la concurrence des DVD et du téléchargement des films sur internet. Les dirigeants des salles de cinéma doivent faire preuve d’imagination (et d'un réel intérêt pour... le cinéma !), s’ils veulent continuer d’attirer le public car les cinéphiles apprécient aussi l’accueil, l’environnement qui leur est proposé, et ne sont pas de simples clients mécaniques que l’on pourrait presser comme des oranges.

Christian Le Meut

15/11/2006

Sinema/Cinéma : Une vérité qui dérange

medium_gore124.jpgGwelet m'eus prezegenn filmet Al Gore, "Une vérité qui dérange", a fed an aergelc'h a ya da vout tommoc'h tommañ : nehansus, nec'hus bras eo an afer se. Displeget eo an traoù d'an doare skiantel get Al Gore, war e seblant (n'on ket skiantour) met mod Hollywood un tammig. Ha setu Al hag e mab, e dad, e c'hoar; Al e zonet en dro barzh tachenn e dud e lec'h ma veze hadet butun; Al barzh ar c'harr nij, Al e Bro Sina, Al en Arktik, Al barzh ul lestr-spluj, Al bet trec'het get Georges Bush... Ul liam 'zo etre an traoù se memestra... Al Gore zo bet eil-prezidant Stadoù Unanet e pad eizh vloaz (1992-2000), met ne lâr ket kalz a dra a fed ar pezh a zo bet graet getan ha get Clinton evit an natur hag en endro. Gwell a se, moarvat, d'ar re all da varniñ. Met kalz a vern, mallus eo, dober zo a dud evel Al Gore memestra a zispleg pegen fall eo stad an natur, stad an aergelc'h, ha pegen mallus eo chanch hor doare da veviñ. Embannet m'eus en dro testennoù m'boa skrivet war an afer se (da heul).

En français maintenant !
  Je suis allé voir la conférence filmée d'Al Gore sur le réchauffement de la planète (qui pourrait signifier une glaciation en Europe de l'Ouest !). La réalité montrée dans "Une vérité qui dérange" est extrêmement inquiétante et semble être expliquée de manière relativement scientifique par Al Gore, mais le film a un caractère un peu hollywoodien agaçant : voici Al Gore et son fils, son papa, sa soeur, Al battu par Georges en 2000, Al en Chine, en Arctique, sous la mer, dans les airs qu'il pourrait finir par nous pomper un peu s'il n'y avait quand même un peu d'humour et de distance dans son propos et, surtout, une urgence. L'urgence que des gens comme lui alertent sur l'état de la planète. Il se garde d'en dire trop sur son propre bilan en tant que vice-président des Etats-Unis qu'il fut pendant huit ans quand même... Un film à voir donc, pour le propos plus que pour la forme, pour le fond avant que nous ne le touchions !

Christian Le Meut 

11/11/2006

Sinema/cinéma : Mémoires de nos pères

Film nevez Clint Eastwood n'eo ket ur film brezel ouzhpenn, d'am sonj, met ur film a ziar benn an Istor, eñvor pep den hag eñvor ar pobloù. C'hwec'h soudard zo bet tennet e plantiñ banniel Stadoù Unanet e lein mennez uhelan un enezenn a Vro Japan (iwo Jima), e penn kentañ 1945. Ar foto, brav tre, a zo embannet war kazetennoù ar Stadoù Unanet a bezh, hag a gas kalon en dro d'an Amerikaned erru skuizh get ar brezel. Ar gouarnamant a c'halv ar soudarded-se d'ober un droad er vro da zastum argant evit kenderc'hel get ar brezel kar diouer a argant zo.

Met tri soudard zo marv. Chom a ra tri bev, hag un Indian en o mesk a faota dezhan chom en talbenn met kaset eo en dro d'an USA dre ret. An tri faotr yaouank, kollet awalc'h, a zo degemeret get ar prezidant e unan, get pennoù bras a beb sort, get ur bochad tud deuet d'o selaoù ha... get mammoù an tri soudard marv. Ha ret eo dezhe livañ gevier dirak unan ag ar mammoù-se rak ur fari zo bet graet : unan ag ar soudarded marv n'eo ket war ar foto, met difennet eo bet dezhe anzav an dra se evit nompass lakaat douetans barzh spered ar bobl. Pal an droiad a zo serriñ argant ar muian posupl ha pas tabutal war ar wirionez.

Clint Eastwood a zispleg perak ha penaos a zo bet graet ar fari se, penaos e vez savet harozed (daoust dezhe a wezhoù), penaos e vez implijet skeudennoù brav evit bruderezh politikel (propaganda). Evit mont pelloc'h war an dachenn-se, savet en deus ur film all evit diskouezh an istor-se d'an tu ar Japaned, e japaneg ha get aktourion a Vro Japan. Lakaet vo er maez e penn kentañ 2007.  

Mémoires de nos pères a zo ur film da welet met ret eo lâret memestra eo kriz a wezhoù ha diaes da welet. Diskouezh a ra ar brezel evel m'emañ get tud lazhet, gloazet, gwad ha taerded.

Un film à voir 
Je conseille le dernier film de Clint Eastwood qui n'est pas un film de plus sur la guerre mais une réflexion sur l'histoire, personnelle, nationale, mondiale, comment elle se construit, comment on fait des héros. L'histoire est celle de six soldats pris en photo alors qu'ils plantent un drapeau sur le volcan d'Iwo Jima où ils ont débarqué, et où 20.000 soldats japonais leur résisteront pendant quarante jours, début 1945. La photo, symbole de victoire, est publiée dans les journaux étasuniens et les six soldats demandés pour faire une tournée de récolte de fonds aux Etats-Unis, car l'argent manque. Mais trois d'entre eux sont morts. Les trois survivants, un peu perdus, sont présentés comme des héros aux foules, utilisés par la propagande. Mais ils doivent mentir, car une erreur a été faite sur l'identité de l'un d'entre eux, mort, officiellement sur la photo mais qui ne l'était pas en réalité. On leur interdit d'admettre cette erreur, même devant la mère du soldat concerné, pour ne pas nuire à la collecte d'argent... Un film dur, mais qui montre la guerre telle qu'elle est.

Un second film réalisé par Eastwood également et montrant la version japonaise de la bataille d'Iwo Jima, sortira en 2007.

Christian Le Meut 

29/08/2006

Cinéma : Le vent se lève...

La scène se passe dans la campagne irlandaise, en 1920. Quelques jeunes, après une partie de cricket, se retrouvent dans une ferme, saluent les anciens, discutent. Une troupe britannique arrive, hurlante. Les jeunes sont alignés le long d’un mur et doivent décliner leurs identités sous la menace des armes. Un jeune de 17 ans s’obstine a répondre “Micheail”, à la façon gaélique. “Dis ton nom en anglais” lui intime, furieux, l’officier britannique. Le jeune homme ne veut (ou ne sait) pas. Il est torturé et fusillé sur place sous les yeux de sa mère, de sa soeur, de ses amis. Plusieurs d’entre eux rejoignent l’IRA, l’armée républicaine irlandaise. Notamment Damien et Teddy, deux frères, les deux personnages principaux du film avec Sinead, la soeur de Micheail.
Ainsi commence le dernier film de Ken Loach, Le vent se lève. Fiction inspirée de l’histoire réelle de l’Irlande.

medium_levent114.2.jpgEn 1916 la première révolution irlandaise a été réprimée dans le sang à Dublin mais, juste après la guerre, la population irlandaise a donné la majorité de ses voix aux candidats indépendantistes irlandais du Sinn Fein. Ces députés ont constitué leur propre parlement et proclamé l’indépendance de l’Irlande, indépendance refusée par le Royaume-Uni. Les Irlandais bâtissent pourtant leur nouvel Etat, avec une armée, un parlement, une justice, ce que le film montre bien. Ils sont soutenus par une part importante de la population. Des dénonciations ont lieu : les traîtres sont fusillés, riches ou pauvres. Les jeunes membres de l’IRA deviennent des soldats capables de tuer de sang froid pour leur cause.

Choisir la paix ?
En 1921, le Royaume-Uni propose un accord de paix, signé par les leaders irlandais, notamment Michael Collins, qui sera tué un an plus tard en Irlande par un Irlandais en désaccord avec le traité. L’Irlande est reconnu comme un Etat indépendant mais reste un “dominion” membre du Commonwealth. Pire, le nord du pays, l’Ulster, est détaché et reste dans l’empire britannique. Dans la troupe de Teddy et Damien le débat est rude. Faut-il accepter cet accord imparfait ou continuer la guerre ? “Il y a 3.500 fusils en Irlande, comment espérer battre le Royaume-Uni ?” demande l’un, partisan du traité, et Teddy est d’accord avec lui. Mais la majorité n’est pas d’accord et veut continuer le combat. Damien est sur cette ligne parce qu’il veut aussi bâtir une république plus juste, plus sociale. Une véritable guerre civile s’engage entre Irlandais, entre partisans des accords et opposants. Entre amis, entre frères, entre Teddy et Damien. Et la fin du film est éprouvante...

Les guerres d’indépendances, des guerres civiles, existent depuis longtemps, et il y en a encore aujourd’hui. En voyant ce film j’ai pensé à Jean-Marie Tjibaou, tué par un autre Kanak pour avoir signé les accords de Matignon, en 1988, sur l’avenir de la Nouvelle Calédonie. J’ai pensé à Gandhi également, assassiné après la séparation de l’Inde et du Pakistan, séparation à laquelle il s’opposait mais qu’il n’avait pu empêcher...

La tentation de la violence 
J’ai repensé aussi à ces propos que j’entends parfois en Bretagne : “Si nous faisions comme les Corses (sous entendu en posant des bombes), nous obtiendrions plus”... Trois Corses se sont tués depuis le début de l'année 2006 en posant des bombes, est-ce là ce que nous souhaitons pour la Bretagne ? Il est clair que l’Etat français donne souvent l’impression d’être plus à l’écoute des violents que des non-violents, cruel paradoxe d’une démocratie imparfaite. Mais une fois la violence enclenchée, personne ne peut plus la contrôler, et les frères en arrivent à s’entretuer. L’histoire en montre de nombreux exemples, comme le film de Ken Loach.

L’Irlande est devenue indépendante après 1921, mais la guerre a duré encore longtemps en Irlande du Nord. En 1998 de nouveaux accords de paix ont permis des avancées, mais ils semblent en panne depuis plusieurs années.

Le vent se lève est un film remarquable. Il nous force à réfléchir à la guerre, la guerre entre les peuples, entre les Etats, mais aussi à la guerre civile, à la guerre dans les familles. Pourquoi faire la guerre, jusqu’où ? Pour bâtir un nouveau pays, mais quelle sorte de pays, quel type de société ? Quand et comment arrêter une guerre et choisir la paix ? Et quelle sorte de paix ? Toutes questions essentielles que le film de Ken Loach aborde sans détours.
Christian Le Meut

* Hasard de l'actualité, l'Agence Bretagne Presse a publié récemment cette brève : "Une Irlandaise arrêtée pour avoir parlé gaélique dans les rues de Belfast. Une Irlandaise du nord qui parlait gaélique avec ses amies dans une rue de Belfast a été insultée par la police qui aurait qualifié le gaélique de langage des leprechauns. On lui aurait demandé de parler la langue anglaise de la reine . Ayant refusé d'obtempérer, elle a été arrêtée pour obstruction et désordre public... Les leprechauns sont l'équivalent des korrigans bretons. Le mot anglais leprechaun vient du gaélique Lechorpan qui signifie petit bonhomme.