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12/06/2008

Sloveneg/Slovène : "La langue ignorée de Boris Pahor"

0b047e01aeacd96bf141d47b4591a7f2.jpg- Ne vez ket embannet kalz a dra barzh ar gazetenn sizhuniek Marianne, a-zivout ar yezhoù "rannvroel", minorelezhet, "bihan" (ha gwell a-se marteze)... Barzh an niverenn ag ar 24 a viz Mae paseet m'eus kavet memestra ur pennad skrid interesus a-fed ar sloveneg, yezh komzet e Bro Slovenia, hag a zo bremañ ur stad dizalc'h; met komzet ivez en Italia hag Austria. Ar sloveneg a zo yezh a vihan ur skrivagnour brudetoc'h brudetañ, Boris Pahor, 95 vloaz, ganet e Trieste, ur gêr e-tal Venise, en Italia... Met, da vare Mussolini e veze difenet groñs komz sloveneg. Setu ar pezh a zo displeget get Boris Pahor barzh Marianne edan pluenn Alexis Liebaert. 

- L'hebdomadaire Marianne ne publie pa grand-chose sur les langues dites "régionales", "petites", minorisées (et peut-être est-ce mieux ainsi...). Dans le numéro du 24 mai dernier j'ai, cependant, trouvé un article intéressant sur le slovène, langue parlée en Slovénie, un Etat désormais indépendant, mais aussi en Italie et en Autriche. Le slovène est la langue d'un écrivain de plus en plus connu, Boris Pahor, 95 ans, né à Trieste, ville proche de Venise, en Italie... Mais, à l'époque de Mussolini, parler slovène était interdit en Italie. C'est ce qu'explique Boris Pahor dans Marianne sous la plume d'Alexis Liebaert. Extraits :

 <Ecrivain triestin, donc. Oui mai le vieil irréductive n'est pas tout à fait de la familles des Italo Svevo ou Claudio Magris. Car s'il partage avec eux cet amour charnel pour le port encaissé dans ses montagnes, il écrit, lui, en slovène, pas en italien. "J'aurais, bien sûr, pu écrire en italien, j'en avais la capacité, explique le vieil homme dans un français parfait, mais j'ai choisi le slovène sans ignorer évidemment que cela rendrait plus aléatoire une éventuelle renommée internationale">. 

Les noms de familles italianisés... et les tombes aussi 
Les fascistes arrivent au pouvoir en Italie. A l'âge de 7 ans Boris Pahor assiste <terrorisé à l'incendie par les Chemises noires du palais de la culture et du théâtre slovène. Du souvenir de ce choc initial naîtra, bien des années plus tard, la décision d'écrire en slovène. Noble résolution, mais bien difficile à tenir. "Les italiens avaient interdit l'usage du slovène, se souvient l'écrivain, à l'école, bien sûr, les cours étaient en italien, et il était même défendu de parler slovène dans les rues". Pis, tout à leur folie assimilatrice, les nouveaux maîtres "avaient, raconte Boris Pahor, décidé d'italianiser les noms des habitants slovènes, allant jusqu'à italianiser les noms gravés sur les tombes. Nous y avons echappé par chance, sinon j'imagine que de Pahor, nous serions devenus des Patroni ou quelque chose dans ce genre">. 

Entré dans la Résistance aux fascistes, Boris Pahor est arrêté en 1944 et déporté (Struthof, Dachau, Bergen Belsen), pendant 18 mois. Il est ensuite soigné en France puis rentre au pays. Il se met à écrire, en slovène. Ses romans, publiés dans la Slovénie désormais yougoslave, sont interdits pour "anticommunisme" ! Ce n'est qu'en 1990 qu'un de ses livres, traduit en français, connaît un certain succès. Pahor a 77 ans !

"Sur un pied d'égalité"
Aujourd'hui, à 95 ans, d'après Marianne, il serait "nobélisable". L'écrivain de langue slovène en veut à ses compatriotes italiens : "Les Italiens ont toujours refusé de regarder en face leur passé. Quand ils font une loi sur la mémoire, c'est pour célébrer le souvenir des communistes au lendemain de la guerre, pas pour réfléchir sur leur période fasciste. De cela, oui, je leur en veux". (...). "Mais au fond, l'important, c'est qu'aujourd'hui nous recommençons à exister sur un pied d'égalité, dans le cercle des cultures reconnues".

Boris Pahor : L'Appel du navire, Ed. Phébus, 288 p, 21 €.  

08/06/2008

Livre : La Bretagne, entre histoire et identité

b387e37cd989c9f3a1d7b2c45519c9b7.jpgLe 526e ouvrage de la collection Découvertes Gallimard est consacré à la Bretagne, son histoire et son actualité (ils ont mis le temps, quand même, chez Gallimard...). Comme d'habitude avec cette collection, l'iconographie et la présentation sont soignées et l'ouvrage est très agréable à parcourir. Le texte, lui, a été confié à l'historien et universitaire Alain Croix. Excercice difficile que de synthétiser en quelques 127 pages, plus une vingtaine de pages "Témoignages et documents", une histoire et une actualité riches. Les choix fait par l'auteur seront forcément contestés, et d'ailleurs ils sont contestables, de mon point de vue.

Il est clair que ce livre sur la Bretagne n'est pas un livre sur la langue bretonne. Il y est consacré deux pages en fin d'ouvrage (130-131) et quelques mentions qui ne permettent pas, à mon avis, de se faire une idée de la question linguistique en Bretagne. Ainsi, l'auteur écrit : "Mais la France n'a aucune politique de préservation des langues..." Joli euphémisme : la France a même eu une politique d'éradication des langues régionales mais l'on n'en saura rien dans ce livre. Comme si les Bretons avaient abandonné leur langue maternelle par leur seul choix.

L'interdiction de la langue maternelle 

Le fait d'avoir interdit la langue bretonne à l'école, dans les administrations, par exemple, est un choix politique de marginalisation décidé par la République française. Quand on marginalise des langues, on ne doit pas s'étonner que les populations ainsi marginalisées se tournent vers la langue officielle, la langue de la promotion sociale, la langue unique qui ouvrira les clés d'un avenir meilleur. Et quels parents ne rêvent pas d'un avenir meilleur pour leurs enfants ? Mais, pendant ce temps, on interdit à des millions de personnes d'être scolarisés dans leurs langues maternelles, en Bretagne, Pays-Basque, Catalogne, Occitanie, Alsace, etc. De quel droit ?

Aujourd'hui, les textes internationaux sur les droits de l'Homme affirment le droit d'être scolarisé dans sa langue maternelle. La France s'est bien gardée de le faire mais les conséquences, pour les populations, ont été et sont encore profondes en terme d'acculturation, de mépris de sa culture et de sa langue d'origine, d'incommunicabilité entre les générations, de pertes culturelles, et j'en passe...

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Une affiche est reproduite dans ce livre. Elle présente un enfant puni pour avoir parlé breton. Cette situation, des générations de Bretons (et de Catalans, et d'Occitans et de...) l'ont vécue. Aujourd'hui encore, des personnes de 60 ans, 70 ans, 80 ans, témoignent qu'elles ne parlaient pas un mot de français en arrivant à l'école. Mais l'Education nationale n'avait pas prévu d'utiliser ces langues pour l'apprentissage du français, ce qui aurait pu, peut-être, simplifier la vie de certains enfants et leur donner une image un peu plus positive de leur langue d'origine. Dans la légende, Alain Croix présente cette affiche comme étant de "propagande nationaliste"... Peut-être, mais est-elle fausse pour autant ? Non, elle illustre le fait qu'il était interdit de parler breton dans beaucoup de cours d'école et de classes, et que très souvent des enfants étaient punis pour cela, même si ce n'était pas le cas partout. 

Douceur, vous avez dit "douceur" ? Comme c'est bizarre...  

Concernant l'annexion de la Bretagne par la France, le résumé de l'historien me paraît un peu court. Concernant les quatres années de guerre (1487-1491), qui ont amené la duchesse Anne de Bretagne à accepter d'épouser le roi de France (alors qu'elle avait tout fait pour l'éviter), on saura qu'il y avait des seigneurs français dans les deux armées qui se sont opposées à la bataille de Saint Aubin du Cormier (1488), mais on ne saura pas combien de morts fit cette bataille (entre 6.500 et 7.500 selon différentes sources que j'ai pu trouver), ni combien d'hommes elle engagea : 11.000 dans l'armée du duc de Bretagne, 15.000 pour celle du roi de France. 26.000 hommes ! On n'est pas dans une petite embuscade, mais dans une vraie guerre, ce qui n'empêche pas Alain Croix d'écrire, concernant le processus de rattachement-annexion de la Bretagne à la France : "Le plus remarquable est évidemment que la monarchie française ait choisi en définitive la voie de la douceur, dans un processus qui a duré soixante ans". "Douceur", vous avez dit "Douceur"?

Quelques rappels 
Le lecteur ne saura pas non plus combien de morts fit la répression de la révolte des Bonnets rouges, sous Louis XIV. Il ne saura rien du fait qu'une armée bretonne fut levée en 1871 pour combattre l'invasion prussienne, mais que des milliers de volontaires bretons restèrent croupirent près du Mans, au camp de Conlie, sans combattre, car la République naissante ne leur faisait pas confiance. Il ne saura pas qu'en 2004, le Conseil régional vota, à l'unanimité, un voeu pour que le breton et le gallo soient reconnus officiellement comme langues de la Bretagne à côté du français. Il ne saura pas qu'en mars 2003, 15 à 20.000 personnes manifestèrent dans les rues de Rennes pour demander un statut pour la langue bretonne. 15.000 à 20.000 personnes pour 5 départements !

Par contre il saura qu'Eric Tabarly a gagné la première Transatlantique en 1964.

Quand l'historien se fait devin 
Il apprendra aussi que la "la division administrative de la Bretagne historique ne provoque pas non plus de mouvement d'opinion important. (...) le retour de la Loire-Atlantique dans une région de Bretagne relève aujourd'hui peut-être plus du rêve que d'un avenir prévisible". Là, l'historien se fait devin. Mais c'est quoi, un "mouvement d'opinion important", selon Alain Croix ?

Christian Le Meut 

Levr : La Bretagne entre histoire et identité

41a2d9e168e067967b41e804dcae9d53.jpgDécouvertes Gallimard a zo un dastumadeg brudet bras a ginnig levrioù brav, stumm chakod, get ur bochad skeudennoù e-barzh hag un nebeut testennoù, war un tem resis. Hag an niverenn 526 a zo war Breizh, en amzer a-gent ha bremañ. Hirgotozet eo bet, al levr-se, memestra. Ur bochad temoù a zo paseet araok evel "La légion d'Honneur", "Ambroise Vollard" (piv eo hennezh ?), "L'aluminium", "Gengis Khan" ha me oar me. Gortoz pell, gortoz gwell, evel ma vez lâret...

An Istorour Alain Croix a zo bet dibabet get pennoù bras Gallimard evit skrivañ al levr. Un den barrek tre war danvez Breizh eo met, evit lâr ar wirionez, kavet m'eus berr awalc'h al levr e keñver an istor hag an amzer a-vremañ. Anat eo, al levr a zo bet graet kentoc'h evit tud ha ne ouiont ket netra, pe pas kalz a dra, war an danvez. Evito e vo kentelius, marteze.Ar skeudennoù a zo brav, hag ur bern a zo oc'hpenn.

"Douceur", vous avez dit douceur ? Comme c'est bizarre...
Traoù souezhus a zo memestra, evel ar pezh a skriv Alain Croix a ziar-benn "stagadur" (penaos treiñ "rattachement" ?) Breizh da Vro-Frans : "Le plus remarquable est évidemment que la monarchie française ait choisi en définitive la voie de la douceur, dans un processus qui a duré soixante ans". "Douceur" ? Ur wezh bout bet trec'het he arme e Saint-Aubin du Cormier (1488), Anne, dukez Breizh, n'he doa ket choaz ebet geti, nemet d'en em zimeziñ get roue Bro c'hall, Charlez an 8et... Ped a dud a zo marv e-pad ar brezelioù-se (1487-1491) ? Etre 6.500 ha 7.500 en emgann Saint-Aubin du Cormier, hervez sifroù m'eus kavet barzh ul levrioù all (1)... Sifr ebet barzh levr Alain Croix. Ped a dud a zo bet krouget da vare Loeiz ar 14et hag emsav ar "papier timbré" ? Sifr ebet ivez...

Plas dister ar brezhoneg 
Souezushoc'h c'hoazh a zo plas dister ar brezhoneg barzh al levr. Div bajenn er fin (130-131). Istorour eo Alain Croix, yezhoniour  n'eo ket. Hervezañ ar gallaoueg a zo ur "forme locale" du français (ar yezhoniourion m'us lennet ne lâront ket an dra-se). Pelloc'h : "Mais la France n'a aucune politique de préservation des langues..." eme Alain Croix. Gwir eo (nemet evit mirout ar galleg !). Nag ul "litote", evel ma vez graet a droiennoù sort-se e galleg : ur politikerezh evit skarzhiñ lazhiñ ar yezhoù rannvroel a zo bet get Republik Bro C'Hall, da vat. Met ne lenner ket an dra-se barzh levr Alain Croix. Evel ma vehe bet dilesket ar brezhoneg mod-se : ar Vretoned o doa mezh get o yezh ha setu perak o deus chomet a sav geti. Ha penaos e oa bet hadet, plantet, ar mezh-se barzh o fennoù ? Gete o unan, evel rezon ! Pas get ar mistri skol, pas get ar Stad, pas get ar melestradurezh, pas get pennoù bras Bro C'Hall o doa divizet skarzhiñ ar yezhoù "rannvroel" da skolioù ar Republik.

Berr int, displegadennoù Alain Croix e keñver ar brezhoneg, a gav din. Sifr ebet war niver an dud a gomze gwezhall, hag a gomz c'hoazh. Ger evet war ar pezh a oa bet votet get kuzul rannvroel Breizh e miz An Avent (Kerzu) 2004 a unvouezh evit ma vehe anavezet evel ofisiel ar brezhoneg hag ar gallaoueg. Ha perak nompas merchiñ ar C'Hatolikon, kentañ geriadur moulet e Breizh (hag e Bro Frans), e fin an XVet kantved ? Ar geriadur kentañ embannet e Bro Frans a oa teiryezhek, latineg, galleg, brezhoneg. Plas ebet evit traoù sort-se, talvoudus memestra, barzh al levr. Domaj.

Liger Atlantel : distaget da vat ?
Danvez a zo da dabutal get ar pezh a skriv Alain Croix a ziar-benn Liger-Atlantel : "le retour de la Loire-Atlantique dans une région de Bretagne relève aujourd'hui plus du rêve que d'un avenir prévisible". Istorour a-vicher eo, Alain Croix. Ha divinour ivez ?

Christian Le Meut 

La Bretagne entre histoire et identité, Alain Croix, Découvertes Gallimard, 2008. 

(1) "Cinq à six mille Bretons et leurs alliés, et 1.500 Français restèrent sur le champ de bataille", barzh "L'union de la Bretagne à la France", Dominique Le Page, Michel Nassiet, p. 91, Ed. Skol Vreizh, 2003.

28/04/2008

Livre : "Le mythe national" réédité

35f02da921761f368298ebfa4f747c31.jpgJe conseille la lecture du "Mythe national, l'histoire de France revisitée", excellente étude historique de Suzanne Citron parue en 1988 et qui vient d'être rééditée, enrichie, en format poche. L'historienne y explique comment l'histoire de France s'est formée au cours des siècles, par qui et pourquoi. Elle montre particulièrement comment les historiens républicains du XIXe, comme Lavisse, ont bati un "roman historique" français cherchant à faire croire que la France et la nation française existaient de toute éternité, par le biais de "nos ancêtres les Gaulois... En cachant l'histoire de beaucoup d'autres peuples, commes celle des Bretons, par exemple.

Le but ? Prendre la place de la monarchie absolue (qui tenait son pouvoir de Dieu lui-même); légitimer la République. Mais, ainsi, des idées précises, voire étroites, ont été mises dans la tête de bien des gens : un peuple, une histoire, une langue. Les autres peuples ? Les autres langues ? Les autres cultures ? Dépréciés, méprisés, oubliés, évacués des livres d'histoires étudiés par les écoliers. Par exemple on y parle de la Bretagne une fois qu'elle est "rattachée" à la France. Avant ? Pas d'histoire. Et s'il ya eu des guerres et des milliers de morts pour aboutir à ce "rattachement", on ne l'explique pas aux écoliers.

C'est aussi ainsi que l'on a appris aux enfants d'Afrique, ou aux Kanak de Nouvelle-Calédonie, que les Gaulois étaient leurs ancêtres! C'était faux pour eux, mais ça l'est aussi pour nous : les Gaulois font partie de nos ancêtres mais ils ne sont pas les seuls. Il y a beaucoup d'autres peuples, parmi nos ancêtres mais cela nous a été cachés. Avec ce livre, Suzanne Citron nous rappelle que l'histoire est plurielle, comme le sont nos racines historiques, culturelles et humaines.

Christian Le Meut

Le mythe national, Suzanne Citron, Ed. de l'Atelier, 2008, format poche (11,9 €).

27/04/2008

Levr : Le mythe national

8b060d4ab930720ded55ff09667bb854.jpg"Le mythe national, l'histoire de France revisitée" a zo bet embannet en dro e miz Meurzh 2008. Skrivet get Suzanne Citron, al levr-se a oa bet embannet evit ar wezh kentañ e 1988. Suzanne Citron a zispleg e-barzh penaos a oa bet savet istor Bro C'Hall, get piv ha perak. Penaos e oa bet savet ar "roman national français" get istorourion brudet evel Lavisse, evit lakaat an dud da grediñ e oa Bro C'Hall hag ar Fransizion ur vro hag ur vroadelezh a vizkoazh, dre ar Galianed... E kuzhat istor ur bochad pobloù, evel istor ar Vretoned, da skouer.

Ar pal ? Kemer plas ar rouantelezh (roet veze d'ar roueed o galloud get Doue e unan !); lejitimañ ar republik. Met, mod-se, sonjoù strizh a zo bet lakaet barzh pennoù ur bochad tud : ur bobl, un istor, ur yezh. Pobloù all ? Istorioù all ? Yezhoù all ? Sevenadurioù all ? Dispriziet, dismeganset, ankouiet, skarzhet ag al levrioù istor roet d'ar skolidi. Komzet 'vez a Vreizh barzh al levrioù skol ofisiel, ur wezh daet da vout staget, "rattachet" (evel ma vez lâret), da vro Frans. Araok ? Istor ebet. Ha ma z'eus bet brezelioù ha miliadoù a dud lâzhet evit stagiñ Breizh a Vro Frans, an dra-se ne veze, ha ne vez ket c'hoazh, displeget d'ar vugale.

Mod-se ivez a oa bet desket d'ar vugale ag Afrika, pe d'ar C'hanaked, penaos e oa ar Galianed o gourdadoù ! An dra-se oa faos evite, met evidomp ivez : ar Galianed a zo e mesk hor gourdadoù, met n'int ket o unan. Ur bochad pobloù all a zo e-mesk hor gourdadoù met an dra-se a zo bet kuzhet deomp. Get al levr-se e c'hellomp kompreiñ gwelloc'h hon istor. Trugarez vras da Suzanne Citron.

Christian Le Meut

Le mythe national, Suzanne Citron, Embannadurioù De l'Atelier, 2008, stumm chakod (11,9 €). 

 

"Ce que nous prenons pour "notre" histoire..."

Citation de Suzanne Citron extraite du "Mythe national", page 307, éd. 2008 : "Ce que nous prenons pour "notre" histoire résulte, nous l'avons vu, d'une manipulation du passé par les élites au service, ou à l'appui, des différents pouvoirs. Une historiographie apologétique de l'Etat et d'un "génie français" hors normes sous-tendait l'imaginaire national construit par la Troisième République.Distanciée, aujord'hui, comme "roman national", cette histoire n'en demeure pas moins prescrite dans les programmes du collège, étape décisive de la scolarité obligatoire. Les instructions officielles présentent le découpage traditionnel, qui remonte à 1802*, comme une histoire "patrimoniale", qui serait tout à la fois mémoire collective, mémoire nationale, mémoire partagée. Ce qui est faux, puisque le récit de la France-Gaule méconnait l'histoire des trois quarts des Français, qu'ils soient corses, alsaciens, juifs ou arabes, petits enfants d'immigrés et/ou d'anciens colonisés. (...).

La culture républicaine, façonnée avant 1914, est aujourd'hui obsolète. Les Français du XXIe siècle ont à inventer une francité nouvelle, plurielle, métissée, généreuse, ouverte sur l'avenir". 

Suzanne Citron 

* S. Citron a également publié "L'histoire de France autrement", ed. de l'Atelier, 1992. Elle remet en question également le découpage chronologique de l'histoire de France.

02/04/2008

Livre : Mon ami Frédéric

39d8c0f5d86e1644895f179c2ec0e9a7.jpg"Mon ami Frédéric" : ce livre, je viens de le découvrir dans sa version bretonne, puisqu'il a été traduit et édité en breton en 2007 sous le titre "Frederig" aux éditions Keit vimp bev. Pourtant, sa première édition, en allemand, date de 1980 (environ) et sa traduction en français a, semble-t-il, été simultanée. La couverture ci-contre est celle de l'édition 2007 avec une traduction d'Anne Georges. "Mon ami Frédéric" est édité au Livre de poche jeunesse, comme son édition en langue bretonne est dans une collection pour adolescents. Je ne sais si c'était l'intention de l'auteur, Hans Peter Richter, psychosociologue né à Cologne en 1925 et mort en 1993, qui a travaillé pour des émissions scolaires, mais je trouve celà un peu dommage car ce roman devrait être mis entre le plus de mains possibles, adolescentes et adultes.

1933
Nous sommes donc face au récit de la vie quotidienne de deux familles modestes, locataires d'un propriétaire acariâtre. Deux jeunes couples allemands, l'un chrétien, l'autre juif. Ils ne se fréquentent pas jusqu'en 1925, année de la naissance de deux garçons qui deviendront inséparables. Les parents aussi, deviennent amis. Les préjugés antisémites existent mais ne portent pas à conséquences. Jusqu'en 1933.

La vie quotidienne de la famille juive se compliqueà partir de 1933. Le père se fait renvoyer de son travail de facteur; Frédéric, né dans la famille juive, lui, est obligé de quitter son école pour rejoindre un établissement pour enfants juifs; les brimades se succèdent. Mais les résistances aussi. Le propriétaire, désormais membre du parti nazi, veut chasser ses locataires juifs. Un juge lui donne tord. L'instituteur, avant d'annoncer que Frédéric doit quitter la classe, donne un cours d'histoire des Juifs à ses élèves, très éloigné de la propagande nazie, et plus proche de la réalité historique.

Partir ?
Et puis les liens d'amitié durent entre les deux familles, alors que le père de famille chrétienne a pris sa carte au parti nazi. Chômeur de longue date, il compte ainsi trouver du travail. De fait, il en trouve. Par ce genre de petit détail, l'auteur, qui a vécu cette période, montre comment  le régime nazi a su s'attirer les faveurs de millions d'Allemands : en donnant du travail, du logement, en améliorant la vie quotidienne des Allemands... aryens.

Cet homme, le père du narrateur, tente de prévenir ses voisins, les supplie de quitter l'Allemagne mais le père de Frédéric ne veut rien entendre. Il est allemand et pense que les choses se calmeront. Il se trompe. Un jour des pillards viennent voler tout ce qu'ils peuvent dans l'appartement familial, avec la participation du propriétaire, sous prétexte de récupérer des biens allemands volés par les Juifs... La mère est frappée violemment. Elle meurt... Pourtant, Frédéric conserve son envie de vivre, quitte à prendre des risques inconscients.

Ce roman, basé sur des faits historiques, montre comment la terreur s'installe petit à petit. Comment un Etat peut l'organiser, stigmatiser une partie de la population et aller jusqu'au crime de masse. "Mon ami Frédéric" est écrit dans un style simple, très efficace. La violence qu'il décrit n'en est que plus frappante.

Christian Le Meut

Mon ami Frédéric, Hans Peter Richter, Ed. Le livre de poche jeunesse, 2007.

Levr : Frederig

0e9f39088df2f266845fcdda2d160219.jpg Ur sonj vat : setu ar pezh a faota din skrivañ da gentañ. Troiñ hag embann al levr-se e brezhoneg a zo ur sonj vat ha ma c'hellehe "Frederig" bout troet en ur bochad yezhoù all, un dra fiskal vehe. Graet eo bet e galleg abaoe pell edan an titl : "Mon ami Frédéric" (embannet get Le livre de poche).

Frederig a zo istor daoù baotr, ganet e 1925 en Alamagn, evel ar skrivagner, Hans Peteer Richter (marv e 1993). Unan, ganet barzh ur familh kristen, a gonta an istor; an eil a zo ganet barzh familh ar voisined, yuzevien, Frederig Schneider. Feurmet e vez get an div familh ranndier get an aotroù Resch, ar perc'hennour a zo e chom en traon. Un den get sonjoù fall. An daou baotr a za da vout mignoned bras, hag o zud ivez. Tad Frederig a zo faktour, an eil a zo dilabour. 

Skarzhet ag e skol
Ar vuhez a zo plijus evit an daou krouadur a ya d'ar skol asambles met Hans Peteer Richter a ziskoue penaos an traoù a ya war fallaat. Penaos eh eus raksonjoù e keñver ar Yuzevien barzh pennoù ur yoc'h tud. Betek 1933, n'eo ket ken grevus, met adalek ar bloaz-se...

Frederig a zo tamallet da vout torret getan gwer ur stal, ar pezh a oa bet graet get e vignon... Tad Frederig a zo skarzhet ag e labour... E 1934, emañ ret da Frederig mont kuit ag e skol : skolioù evit ar Yuzevien o unan a zo bet savet get an nazied. Ha c'hoazh, ha c'hoazh. 

N'eo ket aes ivez ar vuhez ivez evit an eil familh, ar re gristen, a zo paour razh. Sikouret vezont get an tad kozh, un den a vag sonjoù fall e keñver ar Yuzevien. Ar familh kristen ne wella ket fall ar chanchamentoù kaset get an nazied. An tad a lak e anv barzh ar strollad nazi, get an esperans e vo roet labour dezhan; ar mab a ya d'ar "yaouankizioù hitlerian"... Ha benn ar fin, ar vuhez a ya gwelloc'h : roet eo ul labour d'an tad met rebechet eo dezhan e zarempredoù get e voisined. Richter a ziskouezh mod-se penaos an nazied o doa gwellaet buhez pemdeziek an Alamaned, an "Aryaned" e reiñ dezhe labour, lojeriz...

Evit ar re all (ar Yuzevien, hag an dud a oa a enep an nazied), falloc'h fallan oa ar vuhez. Al levr a zispleg penaos un nebeut tud a stourm a-enep sonjoù an nazied evel ur barner, ur mestr-skol...  Met n'eo ket trawalc'h. Krizeo ar romant-se, kriz evel ar wirionez.

Ul levr evit razh an dud
"Frederig" a zo embannet (e galleg hag e brezhoneg) barzh rummadoù evit ar grennarded. Youll ar skrivagner oa, marteze ? Met domaj eo rak ul levr eo evit razh an dud, ar grennarded hag ar re vras. Frederig a zelehe bout lennet get ar muian posupl a dud. An doare da skrivañ a zo aes da lenn hag an istor a zo kreñv, kriz, ha kentelius. Komprenet vez gwelloc'h ar mare-se (1925-1942) en Alamagn goude bout lennet al levr-se. 

Christian Le Meut

Frederig, Hans Peteer Richter; troet e brezhoneg get Hans Peter Richter. 2007. Embannadurioù Keit vimp bev. 

26/02/2008

Kosovo : l'indépendance, et après ?

C'est fait, le Kosovo est devenu "indépendant" dans l'enthousiasme populaire pour les Albanais du Kosovo, devant l'hostilité des autorités serbes (et d'une partie de la population serbe), ainsi que celle des autorités russes... Et le scepticisme de beaucoup. Cette indépendance, en effet, est très dépendante : dépendance économique vis-à-vis de l'Union européenne, mais aussi dépendance politique puisque l'Europe va maintenir sur place un fort contingent policier et administratif sur place. Dépendance aussi par rapport aux Etats-Unis qui ont une base militaire au Kosovo. 
 
Un peuple qui lutte pour son indépendance et finit par l'obtenir devrait pourtant recueillir la sympathie de l'opinion publique mondiale. En effet, les Albanais du Kosovo ont beaucoup souffert depuis une vingtaine d'années. Les médias n'ont d'ailleurs pas rappelé que c'est là qu'avait commencé le processus d'éclatement de la Yougoslavie. En 1989, il ya vingt ans, pour répondre à certaines mesures répressives de Milosevic (suppression de l'autonomie), des manifestations éclatèrent. Elles furent sévèrement réprimées (plusieurs morts), et d'autres républiques, comme la Croatie et la Slovénie, protestèrent. De fil en aiguille, leurs relations avec la Serbie se tendirent. Elles votèrent leur indépendance en 1991.
 
Des citoyens de seconde zone
 Les Albanais du Kosovo étaient presque deux millions à cette époque. Une population rurale, paysanne, religieuse (musulmane avec une minorité catholique), avec des familles nombreuses. Depuis la création de la Yougoslavie, après la première guerre mondiale, ce groupe ne fut pas traité à égalité avec les autres peuples : il n'était pas d'origine slave quand l'Etat était censé regroupé les "slaves du sud".
 
Pourtant, sous Tito, des avancées eurent lieu et le Kosovo fut reconnu comme région autonome mais dans la République serbe. Ce n'était pas encore l'égalité complète puisque les six républiques (Serbie, Monténégro, Macédoine, Slovénie, Croatie, Bosnie), avaient, par exemple, un droit de secéssion non reconnu au Kosovo (ni non plus à la Voïvodine, région autonome du Nord de la Serbie). Mais il y avait du progrès. Une université fut créée à Prishtina. Un responsable politique kosovar que j'avais rencontré en 1995 dans cette ville faisait remarquer que les Albanais auraient pu devenir de vrais citoyens yougoslaves, au bout de quelques décennies dans cette voie.
 
L'après Tito : faillite de la Yougoslavie 
 A la mort de Tito, la Yougoslavie n'a pas réussi son évolution démocratique. A la tête de la Serbie est arrivé un président, Milosevic, qui, pour asseoir son pouvoir, a entamé un discours nationaliste serbe jusque là interdit aux élites politiques communistes, le fédéralisme étant l'idéologie officielle. Milosevic a manoeuvré pour prendre le pouvoir en Serbie et tenté de le prendre sur l'ensemble de la Yougoslavie en contrôlant la présidence collégiale. Pour celà, il lui fallait des hommes à lui à la tête de la Voïvodine et du Kosovo (représentés à la présidence). Avec la voix de la Serbie, celle de l'allié traditionnel le Monténégro, celà faisait déjà quatre voix sur huit... Mais cette stratégie aboutit à des tensions telles que la Yougoslavie explosa, et qu'elle continue d'exploser.
 
La guerre éclata en Slovénie (courte, septembre 1991), puis en Croatie (1991-1995), puis encore en Bosnie (1992-1995). Pris dans la tourmente les Albanais du Kosovo tentèrent de résister par la non-violence à la mainmise du pouvoir de Belgrade qui, par la répression policière constante, maintenait la population dans la peur et organisait une forme d'épuration ethnique (émigration des Albanais, transplantation contre leur gré des populations serbes réfugiées de Bosnie...).
 
Résister par la non-violence 
Les Albanais développèrent une société parallèle (enseignement en albanais, gouvernement et parlement clandestins, économie parallèle...). A leur tête, les Kosovars élirent comme président, lors d'élections clandestines, Ibrahim Rugova. Mais, en 1995, les accords de paix de Dayton instaurèrent une paix précaire dans l'ex-Yougoslavie et... Le Kosovo était laissé à la Serbie. La stratégie non-violente de Rugova ne fut pas suffisamment soutenue par la communauté internationale alors même qu'elle pouvait éviter une guerre et garantir les droits de minorités au Kosovo.

Face à l'impatience d'une partie de la population, une guérilla apparue, l'UCK, menée, notamment, par Hashim Thaci, l'actuel premier ministre. La suite est connue : offensive de l'UCK, contre-offensive de l'armée serbe, répression sur la population qui fuit, intervention de l'OTAN en 1999, qui bombarde Belgrade. Retrait de l'armée serbe, protectorat international...

Une guerre de religion ? 
On le voit, le processus actuel est lié à des facteurs profondément politiques. L'aspect linguistique est devenu important, mais seulement quand les droits politiques linguistiques des Albanais ont été bafoués. Le facteur religieux me paraît secondaire. Les Kosovars pratiquent un islam européen, cultivent la vigne, boivent du vin pour certains (j'en ai vus). Leur démographie (galopante) est celle du population rurale qui ressemble en beaucoup de points à ce qu'était la démographie bretonne il y a 50 ans, avec  beaucoup de familles à 5, 6, 7, 10 enfants. La montée du niveau de vie et d'éducation, l'amélioration des garanties sociales (retraite, maladie...), feraient probalement baisser cette démographie, comme cela s'est passé ailleurs dans le monde.

Aujourd'hui, la proclamation d'indépendance est probablement la seule voie possible, mais sans doute transitoire : au mieux, le Kosovo indépendant intégrera dans quelques décennies l'Union européenne... Au pire ? Ses dirigeants pourraient être tentés de rejoindre l'Albanie car certains, nationalistes, rêvent de "Grande Albanie". Ce projet pourrait être un nouveau facteur de destabilisation dans la région où la Macédoine voisine a déjà connu des tensions entre Albanais et Macédoniens.

Pour l'instant la présence de forces de police européenne garantit un respect relatif des minorités encore présentes mais les dirigeants actuels ne sont pas les amis politiques de feu Ibrahim Rugova. Sauront-ils créer au Kosovo une vraie démocratie respectueuse des droits de l'Homme ?

Christian Le Meut 

Ci-dessous, petite chronologie, en breton :

 

Ar C’hosovo
10 800 km2 : da lâret eo ar Mor-Bihan mui an hanter eus Penn-ar-Bed. Daou vilion a dud (600 000 er Mor-Bihan, da geñveriañ). 90% ag Albaned ; tud arall : Serbed (5-10%), Rom... Kerbenn : Prishtina.
Relijionoù : islam evit al lodenn vrasañ ag an Albaned, katolik evit ul lodenn vihan anezhe, ortodoks evit ar Serbed. Yezhoù : albaneg, serbeg, met ivez turkeg ha yezhoù arall (rom). Armezh : labour-douar, mengleuzioù...

1914
Goude ar brezel bed kentañ Yougoslavia oa bet savet evit lakaat asambles, sañset, ar “Slaved ag Europa kreizteiz”, da lâret eo Serbed, Kroated, Slovened, Bosniaked ha c’hoazh... Met bec'h, reuz, e oa bet dija etre ar Groated hag ar Serbed. Lakaet e oa bet ar C’hosovo e Yougoslavia daoust ma n'int ket Slaved an Albaned, ar strollad tud brasañ er rannvro se. Komz a reont ur yezh disheñvel-tre. Serbed hag Albaned a vev e Kosovo abaoe pell.

1945
Goude an eil brezel bed, deuet e oa da vout ar C’hosovo ur rannvro emren e-barzh Serbia.

1974
Ur vonreizh nevez savet get Tito a roe d’ar C’hosovo muioc’h a galloud (ur parlamant, ur gouarnamant emren, ur skol-veur vras e Prishtina, ar gêrbenn), met ne oa ket c’hoazh Kosovo ur republik da vat, evel ar 6 republik all (ur rannvro all a oa evel ar C’hosovo : ar Voivodina, e hanternoz Serbia, e lec’h m'emañ e chom Magyared).

1986-90
Goude marv Tito (1981), tud nevez ag ar strollad komunour, ar strollad nemetañ d’ar mare-se, zo bet e penn Serbia : Slobodan Milosevic hag e vignoniezh. D’ar mare-se e oa ar gevredelezh* ar mennozh ofisiel e Yougoslavia met Milosevic en deus cheñchet an dra-se evit skarzhañ ar re a oa e penn ar Stad. Deuet eo da vout broadelour. Lâret en deus e veze bet lazhet Serbed a oa e chom er C’hosovo get Albaned oa, ar pezh ne oa ket gwir. Met skoazellet e oa e bet get broadelourioñ serb ha get an arme ivez, evit bout lakaet e penn ar Serbia goude ur sort "putsch". Goude-se, evit bout lakaet e penn Yougoslavia, Milosevic en doa afer da lemel o emrenerezh d'ar C’hosovo ha da Voivodina.
D’ar mare se oa, e penn stad Yougoslavia ur strollad anvet "présidence collégiale". Cheñchet e veze ar prezidant bep bloaz. Ur c'hannad eus ar c'hwec'h republik hag an div rannvro emren a oa e-barzh ar "présidence"-se. Setu perak n’eus kaset Milosevic an arme da Voivodina ha d’ar C’hosovo evit lakaat en o fenn mignoned dezhañ. Manifestadegoù a oa bet met flastret int bet get an arme. Ur republik all, Montenegro, a oa berped mignon d’ar C’hosovo d’ar mare-se ha, mod se, en deus tapet Milosevic 4 mouezh e-barzh ar "présidence".

1990-91
Met, e welet ar pezh a oa bet graet get Milosevic a-enep an Albaned, manifestadegoù a oa bet savet e Slovenia hag e Kroatia hag an div republik-se o deus divizet mont kuit eus Yougoslavia. An Albaned o deus divizet stourm, met hep armoù. Peogwir n’o doa ket armoù met ivez peogwir e oa en o fenn tud a faote dezhe stourm hep armoù, evel Ibrahim Rugova. A-raok bout skarzhet, ar parlamant en doa lâret e oa Kosovo ur vro distag eus Serbia. Votadegoù kuzhet a oa bet graet ar-lerc’h evit dibab ur parlamant nevez hag ur prezidant, Ibrahim Rugova. Met 100 000 Alban a a oa bet lakaet er-maez ag o labourioù get gouarnamant Serbia (razh an embregerezhioù a oa publik). Difennet e oa bet da gelenn en albaneg, ar pezh a veze graet e-barzh al lod brasañ ag ar skolioù (ul lod all a rae get ar serbeg). Ur sort apartheid a oa bet savet get gouarnamant Serbia a-enep an Albaned. Albaned a veze arestet, toull-bac’het, jahinet bemdez get ar polis. Serbed a Serbia a oa skoazellet get ar stad evit mont da chom er C’hosovo. Savet e oa bet, neuze, skolioù "a goste" en albaneg. Rugova a oa aet un tammig e pep lec’h e c'houlenn sikour get ur bochad pennoù bras er bed, evel Jacques Chirac, Tony Blair, Bill Clinton, ha c’hoazh... Met ne oa bet graet netra evit sikour an Albaned ha Kosovo.

1995
Emglevioù Dayton a oa bet sinet e fin ar bloaz-se hep divizout netra a-ziout Kosovo. Milosevic en deus soñjet, neuze, e oa dieub d’ober ar pezh a faote dezhañ er C’hosovo. E balioù ? "Epuration ethnique" : lakaat ul lod bras ag an Albaned da vont kuit e spontiñ anezhe. Kas Serbed d’ar C’hosovo evit trevadenniñ ar vro : pa'z e oa bet trec’het ar Serbed e Kroatia, en hañv 1995, repuidi Serb a oa aet kuit e Serbia : kaset int bet diouzhtu e Kosovo daoust ma ne oant ket a-du anezhe !

1997-98...
A-benn ar fin, Albaned ne oant ket a du get Rugova hag e zidaerded* o deus savet un arme kuzhet, an UCK. Trec’het e oa bet an arme-se get arme Serbia e 1999, hag ul lod bras ag an Albaned, spontet, a oa aet kuit ag ar vro evit mont da Albania, da vMasedonia pe da vMontenegro. Goude se, an OTAN en doa divizet da vonet d’o sikouriñ (met pas an ABU*). Bombezennet e oa bet kerioù bras, evel Beograd, evit lâret da Vilosevic da baoueziñ. Aet e oa kuit arme Serbia d’ar C’hosovo. Abaoe-se, ur sort "protectorat" a zo bet savet.

2001...
Ur parliament a zo bet dilennet goude votadegoù bras er C'Hosovo, ha setu Ibrahim Rugova anvet prezidant ur vro ha n'eo ket c'hoazh digabestr anezhi. Peseurt dazont ? Bet on er C’hosovo e 1995. Gwelladennet ’m eus Prizren, ur gêr gozh e Kosovo ar c'hreisteiz. Du-hont, ’m eus gwelet teir relijion (katolik, musulman hag ortodoks), ha m’eus klevet komz teir yezh : albaneg, serbeg ha... turkeg. Turkeg a vez komzet eno abaoe pell. Met bremañ, get an UCK hag e mennozhiou broadelour, goulennet e oa bet digant Albaniz komz Albaneg hepken. Ur bobl, ur yezh : anavezout a reomp ar mennozh se...

2006
Marv eo Ibrahim Rugova, prezidant ar C'Hosovo, ar sadorn 21 a Viz Genver 2006. Butuniñ a rae kalz, evel ar pezh m'boa gwellet e miz Eost 1995, e Prishtina, kerbenn Kosovo. Aeet oan bet du hont, get mignonned, da welled e peseurt stad a oa en traoù etre an Albaned hag ar Serbed... Ha setu Rugova marv get ur c'hrign skevent, d'an oad a 61 vloaz.

2008
Ar C'Hosovo a zo daet da vout ur vro distag  Vro Serbia.

Christian Le Meut

Kevredelezh : fédéralisme.
Didaerded : non-violence (également : difeulster).
ABU : Aozadur ar Broadoù Unanet (ONU).
Lies-sevenadurel : multiculturel.

Lire :
- Ibrahim Rugova, le frêle colosse du Kosovo, Ed. Desclée de Brouwer, 1999.
- La question du Kosovo, Ibrahim Rugova, Fayard, 1994.

24/02/2008

Sonerezh : ur bladenn a blij din

03eaa228b34910acb1476c73668029b7.jpg Setu aman ur CD a selaouan hiriv an deiz hag a gavan bourrapl bras, dreist holl an International (an Etrebroadel), kanet "a capella" get Marthe Vassallo. Ar pozioù e brezhoneg a zo bet skrivet get Charles Rolland (1862-1940).

"An emgav diwezhan 'zo
holl war sav hag arc'hoazh
na vo er bed  met ur vro
da vihan ha da vras"

Triwec'h sonenn a zo bet dibabet, kozh hag a-vremañ, e brezhoneg hag e galleg, war tem an dispac'h, an emgann, ar resistans, war an tachennoù sokial ha politikel. Estroc'h evit M. Vassalo, ur bochad tud a gan an emgann war ar bladenn-se, evel Ifig Troadec, Erik Marchand, Sofi Le Hunsec, Thierry Robin, Tri Yann, Storlok (Keleier Plogo)... Ul levrig a zo (92 pajenn) get ar pozioù ha get displegadurioù (e galleg hepken) a ziar benn pep sonenn.Embannet get Coop Breizh e 2007. 

Cet album regroupe des chants de "Révoltes, résistances et révolution en Bretagne", depuis le Moyen-äge jusqu'à aujoud'hui (notamment une superbe "Internationale" interprétée par Marthe Vassalo; 18 morceaux en breton et en français édités chez Coop Breizh en 2007.

12/02/2008

Istor : daou levr interesus a ziar-benn Breizh en eil brezel bed

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Daou levr interesus a ziar-benn istor Breizh en eil brezel bed m'eus lennet a-nevez zo. Da gentañ, levr Jean-Jacques Monnier, "Résistance et conscience bretonne" (Yorann embanner, 2007), a ziskouezh penaos ur bochad Bretoned, ha broadelourion en o mesk, o deus stourmet a-enep an nazied. E miz Gouere 1940, al lodenn vrasan ag ar Fransizion aet kuit da Vreizh veur evit kenderc'hel ar stourm, a oa Bretoned. Ur bern tud tost-tre da sevenadur Breizh, hag ur bern brezhonegerion, o doa kemeret perzh er Resistans. Brezhoneg 'veze komzet get ar strolladoù kuzhet (maquis), d'ar peurliesan, e Breizh Izel. Ha tud tost d'ar PNB (Parti national breton), o doa ivez kemeret perzh er Resistans, evel e Bro Sant Nazer.

Ur sort renabl eo, al levr skrivet get Jean-Jacques Monnier. Renabl an dud o doa resistet e Breizh. En o mesk m'eus kavet, da skouer, Octave Quigna (Sten Kidna e anv e brezhoneg), bet kelenner war lerc'h en Alré, ha savet getan ur Gerlenn sevenadurel daet da vout Kerlenn Sten Kidna, ur gevredigezh a vez kaoz doc'hti alies awalc'h amañ. Ur levr talvoudus eo, neuze, evit diskouezh penaos tud a-bep sort sonjoù, a-bep sort orin, o doa stourmet a-enep an nazied e Breizh, hag e brezhoneg.


ee4e34f486b8c7c6d22f5c70002dac75.jpgAn eil levr lennet genin a zo bet skrivet get Kristian Hamon, "Les nationalistes bretons sous l'occupation", hag embannet e 2005 (Yoran embanner ivez).  Me gav vil awalc'h ar bajenn gentañ met bon, ar pezh a gont a zo  an danvez a zo e-barzh. Ha danvez zo. Kristian Hamon n'eus studiet  emzalc'h ar vroadelourion a Vreizh pa oa Breizh ha Bro Frans a-bezh edan gwask an nazied. Hamon n'eus studiet ar pezh a veze skrivet get ar bolis, get an archerion, ar Justis, hag all. Diskouezh a ra pet a dud a oa barzh ar PNB. Tro dro 1.500 ezel, ha ne oant ket razh stourmerion, pell zo ! Ur bochad o doa emezelet evit goulenn get ar PNB kas en dro da Vreizh soudarded toull bac'het en Alamagn...

A-benn ar fin, 70 den o deus lakaet gwiskamentoù SS e fin ar brezel (strollad Bezen Perrot). Ar pezh a zo re dija, sur eo met, war e seblant, ar "gollaboration" a oa bihanoc'h e Breizh evit e Bro Frans a-bezh. Daoust da-se e vez lakaet c'hoazh mezh warnomp get tud-zo (pe kelaouennoù pe lec'hioù internet), pand e c'houlennomp gwirioù evit ar brezhoneg hag ar yezhoù rannvroel.

A-gres d'al labourioù kaset a-benn get Jean-Jacques Monnier ha Kristian Hamon ni c'hell gouiet gwelloc'h war ar prantad amzer-se e Breizh ha reskond d'ar re a glask digarezioù a-bep sort evit nompass hor selaoù.

Christian Le Meut 

En français : prochainement sur votre écran ! 

09/10/2007

Guevara : "Chenavo", Che !

1175407ed2e3a99e991379c2817491e1.jpgMarv eo Che Guevara d'an 9 a viz Gouel Mikael (Here) 1967, daou ugent vloaz zo : setu ar pezh a skriven a ziar e benn e 2004/Che Guevara est mort le 9 octobre 1967, il y a quarante ans exactement. Voici une note écrite il y a trois ans sur lui, elle ne semble pas avoir eu de version en français, un résumé est en fin de texte...

"Ni zo ni, e Bro Gwened, er vro “Tche,Tche”. “N’eo chet mat” a zistagomp-ni tra ma vez laret “n’eo ket mat” get brezhonegerion all a Vreizh Izel. Ha setu ni, Gwenedourien, deuet da vout ar re “Tche, tche”. Ya, met ur pouez mouezh, un aksent brav hon eus-ni, kani ar c’hreistez... Ha mechal ma n'eus ket un dra gwelloc'h evit komz brezhoneg : komz gwenedeg, pe tregerieg,  pe kerneweg, pe leoneg... Da lâret eo un brezhoneg get liv ur vro, ha pas re sterilizet.

Met ur vro all a vez graet ivez anezhi bro ar re  “Tche, tche”. Ha nend eo anezhi nag e Breizh, nag e Frañs. Deomp da gostez Amerika ar Sud. Tud Arc’hantina a lâr ivez bepred “tche” e penn kentañ o frasennoù. Ar pobloù all ag Amerika ar Su a ra goap doc’h an Arc’hantiniz a-gaoz d’an dra se, un tammig evel e Breizh e vez graet goap d'ar Gwenedourion. Hag a gres ar feson-se da gomz ul lesanv (moranv) zo deuet da vout brudet er bed a-bezh : "Che", lesanv roet da Ernesto Guevara. Ma ne oa ket Gwenedour anezhañ ‘vel-se oa bet lesanvet atav get ar Gubaniz a pa oa deuet da sikour gete ober an dispac’h kement-se abalamour d’e vodell da grog rac’h e frazennoù get “Tche”.

Carnet de route
E 2004 ur film oa bet lakaet er-maez a ziàr-benn yaouankiz Che Guevara. «“Carnet de route” e vez graet ag ar film se. Ennañ e wellomp ar veaj kentañ graet dre Amerika ar Sud e 1952 get Ernesto, medisinour yaouank d’ar c’houlz-se, hag ur mignon dezhañ. Ober a rezont hent àr o moto kehet ha ma en doa padet ha harzhet o marc’h; goude-se o doa dalc’het da vonet war-droad. Hag ‘vel-se o doa bet an tu da welet ur bern traoù dreist pep-tra pemdez ar re a yae dalc’hmat war-droad: ar re baour, al labourision-douar, hag an Indianed ag Amerika ar Sud... Sonjoù politikel a zeu e penn Ernesto Guevara é welet buhez ar re baour...
Ar film zo brav ha bourrapl bras. Reiñ a ra da weled ur paotr yaouank karadek ha jenerus met n’eo ket nemet ur film, ne ziskouez ket razh ar wirionez.

Demokratelezh ebet
Goude ar veaj-se en deus graet Ernesto Guevara unan arall betek Mec’hiko. Du hont en deus en em gavet get Kubaniz repuet eno; unan ag ar re-se a oa Fidel Castro. Hag ar lerc'h ar “Che” Guevara zo deuet da vout ur penn bras ag an dispac’h e Kuba. Guevara e-unan en deus lazhet tud e-pad ar brezel ; lod-all a zo bet lakaet d’ar marv getañ ha get e soudarded, fuzuilhet hep bout bet barnet. Pell ag an demokratelezh oa sonjoù politikel Che Guevara. N’eus ket bet a votadegoù e Bro Kuba, da skouer, goude an dispac’h. Ar c'hazetennoù a zo bet lakaet dindan gwask ar galloud; n'eus nemet ur strollad politikel; ar sindikadoù n'int ket libr hag an dud n'o deus ket ar gwir da sevel kevrediegezhioù; tud a zo toull bac'het a gaoz d'o mennozhioù...

Guevara ‘zo bet lakaet da vinistr ur wezh bountet er maez an diktatour Batista, e 1959. Neoazh ne oa ket en e soñj chom e Kuba, met kentoc’h c’hwezhiñ tan an dispac’h er-maez ag an enezenn ha stourm ‘vel-se doc’h ar c’hapitalism. Ur wezh aet kuit a Guba, e 1965, e yeas Che Guevara da Gongo evit sevel brezel diabarzh du-hont. Afochet e draoù getañ : ne grogas ket tan ar freuz e Kongo. Klask a reas goude ober ar memp tra e Arc'hantina met hep monet di doc’htu : kollet c’hoazh, ha lazhet get an arme ar re o doa savet ar guerilla. Ha da Volivia da achuiñ. Eno e oa bet lazhet e 1967 get soudarded a Volivia hag ar CIA...

"Chenavo" Che !
Abaoe ar mare se, 40 vloaz zo, emañ daet Che Guevara da vout ur sort mojenn evit ur bern tud er bed a bezh. Ur sort Zorro a sikoure a re baour, un «tad dispac’hour»... Brav a-walc’h, met penaos e vehe deomp disoñjal penaos penn aheurtet eo bet an den-se, pegen kriz eo bet a pa venne bountiñ en toull an holl re na oant ket ar memp soñj getañ ! … Setu-ni pell ag ar vojenn… romantel ! Gras deomp, Gwenederion, pas bout maget an Tche en hor-mesk ! Soñjit ‘ta : e vehe bet daet dezhañ krogiñ get e vrezel a-enep ar c’hapitalism e Bro Wened, dre-mañ, e-kostez koadeier Kamorzh pe Kistinig. Waioù ! Waioù ! Ma zud paour ! …
Hasta siempre paotr, “Chenavo” deoc’h.
Ha bevet an dispac’h difeulz, didaer : bizkoazh “che”mend all !

Christian Le Meut (sikouret get ur mignon evit ar brezhoneg met ne faota ket dezhan bout merchet)

Résumé en français : Che Guevara est mort il y a quarante et il fait l'objet depuis d'une adulation romantique largement exagérée. Le personnage historique a des aspects sympathiques, comme sa contestation de l'impérialisme étasunien que suivra sa contestation de l'impérialisme soviétique, mais il a aussi sa part sombre. Pendant la guerre contre la dictature, la colonne que dirigeait Guevara a procédé à des exécutions sommaires. Une fois la dictature vaincue, la révolution cubaine n'a pas instauré un régime démocratique, loin de là. Puis les tentatives de Guevara d'exporter la révolution ailleurs, en Afrique et en Amérique latine, ont échoué, notamment à cause d'erreurs par le "Che" lui-même.