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29/05/2006

Aimer sans être aimé ?

“Si certains n'aiment pas la France, qu'ils ne se gênent pas pour la quitter", a déclaré, fin avril, nôtre vénéré ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy. Certains ont trouvé ces propos de bons sens; d’autres ont accusé nôtre futur président de la République de chasser sur les terres de Le Pen... Mais voyons cette petite phrase de plus près.

Qui sont ces “certains” qui n’aimeraient pas la France ? Je ne sais pas vous, mais moi, je n’ai pas choisi mon lieu de naissance. Je suis même né dans ce qui est aujourd’hui le “neuf - trois”, à l’époque c’était encore le “sept huit”, au Blanc Mesnil. Je suis donc peut-être un peu une “racaille” moi aussi... Je n’ai pas choisi mon pays ni non plus de naître Français, Breton, Européen, être humain, etc.

La France a connu des générations de travailleurs immigrés. Immigrés de l’intérieur, tout d’abord comme les Bretons, les Auvergnats, les Savoyards, les Corses (etc) ou d’autres encore partis également chercher du travail loin de leur pays natal : Belges, Polonais, Italiens, Espagnols, Portugais et enfin Africains, Maghrébins, Asiatiques. Quand je regarde les chantiers de construction de maisons, de bâtiments, de routes, d’entretien des chemins de fer, de barrages, je constate que beaucoup de travailleurs ont la peau sombre. Pas à cause du fait de travailler dehors, non. Ces travailleurs là sont venus d’Afrique ou d’Asie travailler en France et leurs enfants, nés ici, sont et seront Français.

Qui est visé ?
Aux mois de novembre et décembre des milliers de voitures ont été brûlées dans beaucoup de villes françaises; des installations ont été détruites et le feu même été mis dans des écoles. Mais les jeunes qui ont été arrêtés pour ces faits étaient quasiment tous Français. Très peu d’étrangers parmi eux. Alors qui Nicolas Sarkozy vise-t-il dans sa phrase ? Ces jeunes d’origine immigrée, déjà largement discriminés dans la société française, ou ces quelques milliers de Français fortunés qui aiment tellement leur pays qu’ils partent payer moins d’impôts ailleurs ? Et se se sentent-ils aimés de la France ces jeunes qui restent sans travail, sans logements, sans avenir, à cause de la couleur de leur peau, de leur nom de famille, du quartier qu’ils habitent et où ils ont grandi, de leur religion ? Ils faudrait qu’ils aiment la France, mais en sont-ils aimés ?

Quand je vois qu’une fillette de six ans, Russe, est cachée depuis des semaines par des familles brestoises pour ne pas être expulsée de France avec sa mère, je ne suis pas très fier de ceux qui gouvernent mon pays. Le pays des “droits de l’Homme”, soit disant, n’est pas près à accueillir en son sein une maman et sa fillette de six ans qui n’aura pas le temps d’aimer ce pays si elle en est expulsée avec sa mère vers la Russie. La petite fille en question est née hors mariage, situation dangereuse pour sa mère dans sa région d’origine, le Daghestan, où des intégristes musulmans pourraient la menacer...*

Et nous, Bretons. Notre langue est arrivée dans un état bien misérable avec ses quelques 250.000 locuteurs là où ils étaient un million encore il y a soixante ans; à force d’être méprisée, ignorée, mise hors la loi, exclue de l’école, de la vie publique et sociale. En inoculant aux Bretons le mépris de leur langue d’origine l’Etat les a rendus complices de la destruction de leur propre langue. Faire en sorte que les populations se fassent complice d’un crime qu’elles n’ont pas décidé, d’un crime culturel qu’est l’assassinat programmé d’une langue, c’est fort, c’est même machiavélique, mais ce n’est ni démocratique, ni respectueux des gens. La République aurait pu faire le choix du bilinguisme, en cohérence avec ses valeurs affichées. Elle ne l'a pas fait. Il faudrait donc que nous aimions cette République, je ne demande que cela. Mais nous aime-t-elle ?

Nous aussi, Bretons, avons donc des revendications à faire valoir. Car pour être aimé de ses citoyennes et citoyens un Etat démocratique qu’il soit une république, une monarchie ou autre chose, doit commencer par les écouter, les prendre en compte dans leurs différences, accepter d’évoluer. Et l’on est loin du compte. Il n’est pas facile de se faire entendre, en France si l’on ne fait pas partie du microcosme central. Alors saisissons les occasions qui se présentent comme cette grande manifestation du 3 juin, à Rennes, pour demander plus de moyens pour les langues régionales, la réunification de la Bretagne à cinq départements et plus de pouvoir pour notre région.
Christian Le Meut

* Ouest-France du 26 mai.

Comité de soutien à Patimat, école maternelle Jean-Macé, 43 rue du Château, 29200 Brest; internet : www.sauvezpatimat.canablog.com 

21/05/2006

Langues régionales : un appel européen

Voici une déclaration intéressante d'un député européen socialiste hongrois concernant les langues minoritaires (source Agence Bretagne presse).

Le 18 mai 2006 l’Intergroupe Minorités nationales traditionnelles, régions constitutionnelles et langues régionales du Parlement européen a tenu une réunion à Strasbourg, avec les représentants de la commission langues et cultures régionales de l’Association des Régions de France et du Comité français du Bureau Européen des Langues Moins Répandues (EBLUL-France). Csaba Sandor Tabajdi, président de l’Intergroupe a fait le constat suivant à propos de la situation de la France en Europe :

"En France les cultures et langues dites « régionales », qui font partie intégrante des cultures et des langues européennes et de l’humanité, exclues de l’espace public par la législation, marginalisées, sont en voie de disparition rapide de la vie sociale malgré la résistance et l’auto-organisation souvent exemplaires des populations avec le soutien de leurs élus dans un cadre juridique, administratif et idéologique hostile. Après des décennies d’éradication, l’enseignement de ces langues reste très marginal et leur place dans les media, notamment la radio et la télévision est extrêmement réduit.

Pratiquement seule en Europe, la France n’a ni signé ni ratifié la Convention cadre européenne sur les minorité nationales. Elle n’a pas encore ratifié la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Elle a émis des réserves sur l’article 27 du Pacte international sur les droits civils et politiques, l’article 30 de la Convention internationale des droits de l’enfant. Par la Constitution, et malgré la richesse des différentes langues du territoire, une seule langue, le français, bénéficie d’une reconnaissance officielle, est défendue, promue, autorisée.

C’est pourquoi Le président de l’Intergroupe Minorités Nationales Traditionnelles, Régions Constitutionnelles et Langues Régionales souhaite que la République française retrouve le sens des valeurs universelles qui ont fait sa grandeur et conformément aux très nombreuses recommandations qui lui ont déjà été faites, dernièrement encore en février 2006 dans le rapport du Commissaire européen aux doits de l’homme M. Gil-Roblès :

- qu’elle ratifie la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, signe et ratifie la Convention cadre européenne sur les minorités nationales, ratifie le Protocole 12 à la Convention européenne des droits de l’homme, lève ses réserves sur l’article 27 du Pacte des droits civils et politiques et l’article 30 de la Convention des droits de l’enfant,

- qu’elle reconnaisse pleinement le droit à l’existence des citoyens et peuples qui la composent dans leur spécificité notamment à travers un système d’éducation, des media et un espace public permettant l’_expression normale de leurs langues, l’enseignement de leurs cultures et de leurs histoires conformément à la Déclaration universelle de l’UNESCO sur la diversité culturelle et à la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. (...).

Le président de l’Intergroupe interpelle également les Etats, et l’Union européenne sur l’urgence des mesures à prendre et sur leur devoir d’ingérence, compte tenu de la faiblesse dans laquelle ont été mises ces langues en France et notamment de la disparition rapide de la génération ancienne qui parle encore massivement ces langues sans être remplacée".

Foot et esclavagisme : Lorient 2, Vannes 0...

Je débutais une nuit de sommeil réparatrice un vendredi soir récent quand j’entendis quelques coups de klaxon dans les rues d’Hennebont. Voilà comment je sus que Lorient avait gagné et montait en Ligue 1. Quelques supporters venaient faire partager leur joie aux Hennebontais endormis comme s’il fallait forcément que tout le monde soit concerné par les exploits footballistiques des Merlus.
Lorient monte donc en L1, comme on dit. Et il paraîtrait que c’est une bonne nouvelle pour l’économie et la renommée de la ville... A voir car les Merlus sont déjà montés en Ligue 1 et en sont vite redescendus. Quant à l’économie, si l’on mettait d’un côté l’argent investie par les collectivités locales dans le foot, et de l’autre, les entrées occasionnées, le solde serait-il réellement positif ? Et cet argent placé dans d’autres activités n’aurait-il pas créé plus d’emplois, par exemple ? Vastes questions auxquelles un piètre économiste comme moi ne peut pas répondre mais qui, par ailleurs, ne sont pas tellement posées...
Vannes, préfecture du Morbihan et rivale historique de Lorient, par contre, reste en “nationale”, l’équivalent de la troisième division. Dans le domaine du foot Lorient est donc largement en tête.

Commerce triangulaire : Lorient en tête
Et Lorient distance probablement Vannes dans un autre domaine que l’on a redécouvert récemment, celui de la traite négrière. Et oui, nos ports bretons comme Nantes, Vannes, Lorient, Saint-Malo, ont prospéré pendant des décennies, voire des siècles, sur ce commerce d’êtres humains. On appelait cela le “commerce triangulaire”. Les bateaux partaient d’Europe les cales chargées de marchandises pouvant être échangés sur les côtes africaines contre des personnes réduites à l’état d’esclaves. Ces Africains là avaient été capturés par d’autres Africains qui profitaient eux aussi de ce commerce juteux (1). 20 à 25 % mouraient pendant le voyage d’après les historiens, puis ce “bois d’ébène” comme on appelait ces êtres humains, était vendu aux Antilles ou aux États-Unis. Les bateaux revenaient chargés de sucre ou de café. J’avais bien étudié ce “commerce triangulaire” au lycée, mais sans réaliser que Lorient, la ville où j’étudiais, était concernée. Sans réaliser que la fameuse “Compagnie des Indes” avait, elle aussi, largement participé à ce commerce.

Guillo du Bodan, maire esclavagiste
Un historien vannetais, Patrick André, évalue à 2.000 le nombre de personnes déportées “par une dizaine d’armateurs vannetais” (Le Télégramme du 3 mai). L’un d’eux, M. Guillo du Bodan, put acheter la charge de maire de la ville grâce à l’argent ainsi gagné, les maires, à l’époque, n’étaient pas élus. Une rue de Vannes porte son nom depuis 1967, décision que l’on doit à Raymond Marcellin. Il y a donc une rue à rebaptiser à Vannes.
Pour Lorient, je n’ai pas vu de chiffres, mais Brigitte Nicolas, conservateur en chef du musée de la Compagnie des Indes rappelle, dans Le Télégramme du 5 mai (édition de Lorient), que la traite a été une activité importante de la compagnie à la fin du XVIIIe siècle. “Lorient a même été le premier port négrier entre 1723 et 1725” précise-t-elle. Elle cite un autre historien, Olivier Pétré-Grenouillau : ”On ne peut pas dire clairement que la traite a enrichi la Bretagne, mais on peut dire qu’elle a enrichi certains Bretons...” Lorient distance donc encore Vannes, mais pas de quoi être fier.

Des invités et des évités
Les débats sur la mémoire historique française ont cela de bon qu’ils remettent à jour des faits que nous avions oubliés. Le 10 mai est devenu une journée de commémoration. Très bien. Une cérémonie officielle a même été organisée à Paris, dans les jardins du Luxembourg, en présence du président Chirac. et de madame, pourquoi pas ? Mais sur invitation uniquement. J’ai vu, à la télé, l’humoriste pas toujours drôle Dieudonné tenter de s’immiscer. Mais il a été refoulé, il n’était pas invité. Il y avait donc des Noirs invités, et des Noirs évités. Plutôt que d’organiser une grande fête populaire pour célébrer l’abolition de l’esclavage, la République a préféré organiser un pince-fesse sur invitation. Cruel symbole. Nos élus auraient-ils peur du peuple ?

Aujourd’hui la situation a changé. L’esclavage est, officiellement, aboli, même s’il se pratique encore sous certaines formes : femmes ou filles mariées sans leur consentement, personnes contraintes de travailler sans rémunération, etc. Par contre on embauche à coup de millions d’euros des joueurs de foot venant de pays d’Afrique. Ceux là ont de la chance, ils sont accueillis à bras ouverts quand leurs frères de couleur, moins doués en foot, sont accueillis à coup de fusil sur les frontières européennes, ou expulsés, ou exploités quand ils ont réussi à rentrer...

A nous les médecins africains
D’autres catégories que les footballeurs sont accueillies à bras ouverts, comme le personnel médical. Plusieurs organisations de solidarité internationale s’émeuvent de cette situation qui entraîne un manque de personnels soignants dans certains pays d’Afrique. Des centres de santé doivent fermer par manque de personnel, comme au Malawi. “Les médecins malawites sont aujourd’hui plus nombreux à Manchester que dans tout le Malawi”, indique un document édité pour cette campagne intitulée “Personnel de santé au sud, pénurie mortel” (2).

Pour les pays riches, c’est tout bénéf : ils n’ont pas à prendre en charge la formation de ce personnel qualifié qui, une fois arrivé en Europe ou est Amérique du Nord, est sous payé et cible de discriminations. Les médecins des pays pauvres viennent soigner nos maladies de riches et nous ne leur savons même pas gré ! Médecins du monde, le Secours catholique, la Croix Rouge et Agir ici font partie des associations qui tentent d’alerter l’opinion française et international sur ce phénomène inquiétant.

Maladies : recherches oubliées...
Si le commerce triangulaire est fini, les conditions de vie d’une partie de la population humaine restent révoltantes. Car au manque de personnel médical s’ajoute l’absence de médicaments et de vaccins pour certaines maladies comme le paludisme, la dengue, la cécité des rivières, etc. Ces maladies sont laissées de côté par les laboratoires de recherche car les populations concernées sont “non solvables” (Libération du 5 avril). Encore une affaire de commerce et de gros sous. Heureusement, on a la Ligue 1 et le monde merveilleux du foot, pour nous occuper l’esprit (3).
Christian Le Meut

(1) Lire : Racines (“Roots”) de Alex Haley, écrivain noir américain qui a reconstitué l’histoire de sa famille jusqu’à la déportation de son ancêtre africain, Kounta Kinté, en 1767.
(2) Contact : Agir ici, 104 rue Oberkampf, 75011 Paris. Téléphone : 01 56 98 24 40 et site internet : agirici.org
(3) Idée de lecture : “Le football, une peste émotionnelle”, de Jean-Marie Brohm et marc Perelman, vient de paraître chez Folio actuel.

Foot ha sklaverezh : An Oriant 2, Gwened 0...

Deuet oa ar c’housk genin digwener paseet, war dro unneg eur da nozh, pa m’bloa klewet trouz e kreisker an Henbont, taolioù klaxon. Tud oa laouen bras peogwir a oa aet an trec’h get an Oriant, get ar Verlued ! Hag ar suporterion da ranniñ o levenez genomp ni, kouskerion an Hen Bont, evel ma vehe ret bout laouen hag intereset. Eurus awalc’h, n’en deus ket padet kalz an trouz. An Oriant a vo er rummad gentañ ar bloaz ‘man za : el “ligue unan”. Ha Gwened a chomay en trived rummad ! Ar pezh n’eo ket fall dija, met ar maout zo aet get An Oriant...
Get un dra all a oa aet ar maout get An Oriant iwez, pell zo bremañ : get konverzh ar re zu ! Komzet vez muioc’h mui bremañ ag ar sklaverezh ha penaos a veze bet kaset millionoù a dud ag Afrika da Amerika get an Europeaned.

Me, pa oan krennard, am boa desket an istor se, el lise, en Oriant, just awalc’h. Displeget veze get ar c’helenner penaos veze karget bagoù ha bagoù get traoù da drokiñ get tud ag an Afrika. Ur wezh arruet e aodoù Afrika e veze troket marc’hadourezh get tud du. Ar re se oa prizonidi tapet ha lakaet da sklaved get tud tu evelte. Ur bochad pobloù ag Afrika doa kemeret pezh er c’honverzh spontus se ivez. Hag war lerc’h, ar sklaverion veze kaset d’an Amerika. War dro ur c’hard anezhe a varve e pad ar veaj, hervez an istorourion. Ur wezh erruet en Amerika e vezent gwerzhet, hag ar bagoù a zeue en dro d’an Europa get kafe pe sukr, pe spisoù...

Guillo du Bodan, bet maer Gwened...
An dra se oa ur sort “mondialisation” d’ar c’houlz se dija. Hervez ar gazetenn Le Telegramme (3 a viz Mae, pajenn Gwened), 2000 den a oa bet deported dre urzh armatourion a Wened. En o mesk un den anvet Guillo du Bodan hag a oa bet maer en triwec’hvet kantved. Deuet oa da vout pitaod a gres d’ar c’honverzh sklavourion. Ha, d’ar c’houlz se, paiet veze evit bout maer; ar vaered ne vezent ket dilennet. Ur den deuet da vout maer a gres da argant ar slaverezh : nag ur skeudenn vat evit Gwened... Met ur straed oa bet anvet Guillo du Bodan daou ugent vloaz zo get an aotrou Marcellin. Hag e vo roet un añv all d’ar straed se get an aotrou Goulard ?

Evit An Oriant, m’eus ket kavet sifroù met sklaer eo an traoù : an trec’h zo geti rak konverzh ar sklaverion oa bet graet e pad kantvedoù get “Kompagnunez an India”, ur stall bras hag ofisiel. Ha, hervez Brigitte Nicolas, a zo e penn mirdi Kompagnunez an India, an Oriant oa bet e penn ar c’henverzh se e pad bleadeù... Ar pezh ne veze ket lâret d’al liseidi eveldin tregont vloaz zo. Ankoueit oa bet. Souezhus, n’eo ket ?

An dek a viz Mae...
An dek a viz Mae zo bremañ un devezh ofisiel evit lidañ fin ar sklaverezh. Mat tre ! Echu eo ar sklaverezh hervez al lezennoù etrebroadel. Met sklavourion zo c’hoazh : e broioù zo, tud ha bugale lvez akaet da labourat dre ret hep bout paiet. Merc’hed vez dimezet dre ret, ha c’hoazh.
E Paris zo bet savet ur fest vras e liorzhoù al Luxembourg, get an aotrou prezidant Chirak, hag an intron, da lidañ fin ar sklaverezh. Met ne oa ket ur gouel evit razh an dud, nemet evit ar re gouviet. C’hwi peus gwellet war ar skinwell, marteze, ar paotr Dieudonné, un den fentus, sanset; hennezh n’eus klasket monet e barzh met n’en deus ket gellet : ne oa ket bet pedet ar paour kaezh den. Evit lidañ fin ar sklaverezh ar Republik n’eus savet ur fest evit tud pedet nemetken... Dibabet oa bet tud du hag tud gwenn a feson hag er maez ar re all ! Setu ur simbol brav ! Ne vehe ket bet bravoc’h ha bourraploc’h sevel ur fest-noz bras e kreisker Paris, get sonerezh ag Afrika, ha kouviiñ razh an dud, du, gwen, melen, mesket, griz, glaz, mouk ha ru ? Hag o deus, pennoù bras hor Republik, aon rag ar bobl ?
Christian Le Meut

Da lenn, a ziout ar sklaverezh : “Racines”, skrivet get Alex Haley, troet ag ar saozneg e galleg.

15/05/2006

O kregiñ da chazeal ar vugale/On commence à chasser les enfants...

Bastian Vagerez a zo e chom e Kalais, e lec'h ma zeu ur bochad estranjourien, dibaper, da glask tremeñ Mor Breizh evit mont da Vro Saoz, da labourat. Serret eo bet kamp Sangatte, met n'eo ket bet diskoulmet an traoù. Muioc'h mui a wask a vez lakaet warno, ha diaesoc'h vo c'hoazh get lezenn nevez Sarkozy...

Bastian Vagerez habite Calais où affluent de nombreux sans-papiers cherchant à passer la Manche. Le camp de Sangatte a été fermé, mais rien n'est résolu pour autant et la nouvelle loi Sarkozy sur l'immigration risque d'aggraver les choses...


"Adalek dibenn miz Mezheven e vo roet an aotre digant an Gouarnamant da skarzhan tud yaouank ouzhpenn 18 vloaz bet er skol hag e vo graet memes mod e-kenver bugale an dud chomet dibaper. An divizoù-man bet kemeret gant Ministr an Diabarzh a sav a-enep da ziskleriadur hollvedel gwirioù mab-den. Adalek an deiziad-se, e vo roet an aotre da vevelien ar gouarnamant da glask e pep-lerc'h an dud chomet dibaper hag ar vugale da heul er skolioù.

Bemdez e welan e Kalais estranjourien dibaper o kantreal. Ne reont nemet tremen e ker evel tasmantoù. An estranjourien a zo anezho tud henvel ouzhomp-ni. En-o-mesk e vez kavet pep seurt tud : kelennerien, mezeien, ijounerien... Emaint o chom er-maez a-hed ar c'hanol. N'o deus ket gwir ebet e-kenver al lezennoù. Ingal e vez tennet er-maez eus an dour korfoù-marv an estranjourien-se.

Pelec'h e vez graet anv eus an darvoudoù-se ? E neblec'h ha gant den ebet. Da belec'h emaomp o vont e Bro-C'Hall e-kenver gwirioù mab-den ? E peseurt stad emañ an traoù e Bro-C'hall ? Da skouer, me em eus gwelet CRS o lakaat o c'hrabannoù war paour-kaezh tud-se. Henvel e oant ouzh bleizi o tapout krog e-barzh preizhoù. Da belec'h e vint kaset ? N'ouzon ket. D'ar broioù e lec'h ma oant bet ganet ? Met en danjer bras da goll o vuhez e vint du-se.

Penaos e vez lakaet ar dorn warno ? Diouzh an tres a zo warno ? Ha diskleriadet e vezont gant ar poblans ?
Daoust d'ar pezh a c'hoarvez tud-kêr a chom diseblant-kaer. Kavet e vez tud a volontez-vat evit gober war-dro gwirioù an estranjourien-se. Keleier, doareieù ouzhpenn war ar lec'hienn :

http://www.educationsansfrontieres.org/

En français : au 30 juin 2006, il sera possible aux autorités publiques d'expulser les jeunes majeurs scolarisés et les
parents d'enfants scolarisés. Cette mesure bafoue la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme qui légifère le
droit pour chacun de poursuivre ses études. A Calais, la chasse à l'enfant est ouverte. Vous pouvez signer l'appel
contre ces expulsions à l'adresse internet suivante :

http://www.educationsansfrontieres.org/

Bastian Vagerez

09/05/2006

Brest, six ans et dans la clandestinité...

Une fillette de six ans vit dans la clandestinité depuis un mois à Brest, cachée par des familles de parents d'élèves qui refusent son expulsion et celle de sa mère (on ne peut expulser l'une sans l'autre). Elles sont originaires du Daghestan, en Russie. Information sur :

http://www.brest-ouvert.net/article2647.html

Pétition du Réseau Education sans frontières :

Pétition nationale : Nous les prenons sous notre protection !

22/02/2006

Jacques de Bollardière (1907-1986)

Jacques de Bollardière, une figure française et bretonne de la non-violence au XXe siècle, est mort en février 1986, voici vingt ans. Cet article en breton retrace son parcours. Les non-bretonnants trouveront une bibliographie en fin d'article et un site internet pour en savoir plus.

Petra eo an didaerded, an difeulster* ? Ar mennozh se a zo bet savet gant tud evel Tolstoï, Gandhi, Martin Luther King, hag all. Met an den brudet eus Breizh en doa labouret ivez eviti : Jacques de Bollardière, ar “Jeneral objektour”.
Jacques de Bollardière a oa ganet e Kastell Briant, e departamant Liger Atlantel e 1907, e barzh ur famillh nobl ha katolik. E dad, e vreur hag e dad kozh oa ofisourion uhel. Graet oa bet e studioù gantañ er skol Koet Kidan, met ne oa ket ur studier sioul. Kavout a rae sot reolennoù an arme hag ar c'hentelioù a oa graet enno.
Da skouer, Bollardière a lene Platon, pe Pascal e-pad ar c'hentelioù diwar benn Napoléon... Hennezh a gave sod deskiñ doare Napoléon d’ober ar brezel goude ar brezel bed kentan hag an armou nevez (tankoù, avionoù...). Meur a wezh, Bollardière oa bet kastizhet, hag red e oa dezhañ chom eno tri bloazh e lec’h daou evel da gustum !


Ur stourm a enep an nazism, pas ar bobl alaman
E 1940, “Bollo”, evel ma veze graet anezhañ, ne c’hortozas ket galv ar jeneral de Gaulle hag e touez ar soudarded kentañ e oa o vont kuit beteg Londrez evit kenderc'hel ar stourm. Gloazet bras ’oa bet eñ e Afrika-an-Hanternoz e 1942 ha, goude bezañ pareet, distroet en doa e Frañs, e miz Ebrel 1944, evit ren ur maki e departamant Ardennes. Ar lerc’h, Bollardière en doa stourmet en Hollande hag en Alamagn. Met ne blijet ket dezhañ ar pezh oa graet a-enep ar bobl alaman, gwall laerezh da skouer : “Kannet m’eus ar nazism, pas ar pobl alaman”, emezañ.
Goude an eil brezel bed, “Bollo” en doa kemeret perzh e brezel Indochine. Met ne oa ket en e vleud e-pad ar brezel-se : “Ne oa ket posupl ober ar brezel a-enep an holl dud...”, emezañ. Memes tra e-pad ar brezel Aljeria. E 1956, De Bollardière oa bet kaset er Mitidja e penn ur rejimant parachuterion. An enebour oa an FLN, ur strollad tud o stourm evit lakaat Aljeria da vout dizalc’h. Jacques de Bollardière en doa mennozhioù disheñvel doc'h ofisourion uhel all : bezañ tost ag ar bobl, klask da vout just, nompass toullbac’hañ pe lazhañ tud n’o doa graet netra, pareañ an dud, adsevel hentoù, sevel skolioù, hag all. Tri mil a dud oa bet gopret evit labourad...
Met, fonnapl awalc’h, Bollardière a savas a enep politik gournamant Franz ha pennoù bras ag an arme, ar jeneral Massu, da skouer. Ne oa ket a-du gant ar jahinerezh* a oa bet aotreet get ar gournamant ha graet get an arme. “An deiz-se, ret e oa bet din mont kuit eus an arme d’am diwall, hag evit nom pas en em zistrujañ”, emezañ.
Toullbac'het !
Toullbac'het oa bet de Bollardiere e 1957, e-pad daou viz peogwir en doa skrivet ul lizher evit displegañ perak ne oa ket a-du get ar jahinerezh, hag en doa kaset al lizher-se da gazetennoù zo (Le Monde, l’Express...). Bollardière a soñje dezhañ ne oa ket posupl evit an den jahinañ enep un den all. Evel katolik, evel kristen, difenet ‘oa dezhañ implij ar jahinerezh. Soñjal a rao ivez oa ar jahinerezh en doa laaket ar bobl aljerian doc'h tu an FLN.
Adalek ar mare-se, Bollardière cheñchas da vat e zoare da welet an traoù. E-pad ar pemp bloazh warn ugent a-c’houde, en doa-eñ kemeret perzh e meur a stourm. Bet oa da Vor Bras Habask, Pasifik, e 1973, evit sevel, a-enep an taolioù esae nukleel, e Mururoa, ha toullbac’het oa bet en dro ! De Bollardière ne oa ket a-du gant an nerzh nukleel ivez. Manfestet en doa e Erdeven hag e Plogoff, da skouer.
E 1974, Bollardière en doa savet get tud all, ur gevredigezh, ar MAN, (Emsav an tu difeuls - Mouvement pour une Alternative Non-violente). Pal ar MAN a oa, hag a zo c’hoazh, kas war-raok an doareoù difeulster d’ober politik (1).
Jacques de Bollardière, hag e wreg Simone, oa Breizhiz, e chom e Gwidel e tal An Oriant. Aet oa ar jeneral de Bollardière da zelc’hel tud eus an FLB e-pad o-frosses e 1972, evit lâret ne oa ket a-du get ar gwall-daolioù, get an doareoù feuls implijet, met komprenet a rae abegoù o stourm.
Marvet eo Jacques de Bollardière e 1986. E intanvez Simone de Bollardière a zo o chom c’hoazh e Gwidel, hag a genderch’el e stourm evit, da skouer, lâvar ar wirionez diwar-benn ar pezh oa c’hoarvezet e brezel Aljeria. Just araok Nedeleg 2001, Simone de Bollardière oa bet kouviet d'ar brosez Jeneral Aussaresse, e Paris, evit komz diwar-benn ar jahinerezh.

Prosess Aussaresse
Skuizhus tre oa ar veaj-se eviti peogwir oa bet lâret enno traou spontus diwar-benn ar jahinerezh, get ar jeneral Aussaresse, evel-just, met iwez gant ur jeneral yaounkoc’h, jeneral Schmitt. Hennezh oa penn-bras an arme pemp bloaz zo, hag hennezh en doa lâret oa a-du get a wezhoù ar jahinerezh ! E gwirionez, an tabut diwar benn ar jahinerezh n’eo ket un tabut evit an istor, met evit hiriz an deiz ivez. Peseurt mennozhioù e vez sonjet hiriv an deiz e-barzh an arme a Frans ? Daoùst hag-en ofisourion uhel ha soudarded a zo a-du get gwiriou mab den* ?
Hervez tud evel De Bollardière, Gandhi, Luther-King hag all, pep hini en deus un nerzh, ur begon, evit bevañ, evit mont war-raok, evit sevel e vuhez. Met posupl eo ivez implijout an nerzh-se evit distrujañ, drailhiñ. Ar feulster n’eo ket e-barzh an den, met ret eo deomp bezañ speredek ha kaout ijin evit nompas bezañ feuls. Hervez De Bollardière, “Bezañ a-enep ar feulster n’eo ket chom d’ober netra enep an traoù n’int ket just” met n’eo ket posupl sevel traoù get ar feulster ha get ar venjañs.

Martin Luther King, er Stadou Unanet, Gandhi e India, o doa implijet douareoù difeuls evit tizhout o falioù. N’eo ket aes hag, a-wezhoù, n’eo ket posupl, met daoust hag ez eus un tu all da sevel ur bed pasifikoc’h, habaskoc’h, justoc’h ha demokrateloc’h ?

Christian Le Meut

* Difeulster, didaerded : non-violence = didàerded (didàeriñ = s’apaiser). Feulster : violence.
* Gwiriou mab den : droits de l’Homme.
* Jahinerezh : torture.


- Lennadurezh/bibliographie (e galleg) : Bataille d'Alger, bataille de l'homme, Jacques de Bollardière, Ed. Bouchêne (embannet en dro e 2003 - réédité en 2003); Jacques de Bollardière, de l’armée à la non-violence, Vincent Roussel, Ed. Desclée de Brouwer (épuisé) ; Jacques de Bollardière, compagnon de toutes les libérations, ed. Non-Violence Actualité (BP 241, 45202 Montargis cedex - tél : 02 38 93 67 22) ; e brezhoneg : ur pennad e-barzh Bremañ, pajenn 24, miz Genver 2002; ar pennad-man zo bet embannet barzh Pobl Vreizh miz Meurzh 2004.
- MAN, 114 rue de Vaugirard, 75006 Paris.

http://www.non-violence-mp.org/la%20nonviolence_fichiers/...

16/02/2006

Le conseil de l'Europe invite la France à ratifier la charte européenne des langues régionales

 Voici le communiqué paru sur le site de l'Agence Bretagne Presse sur la situation des droits de l'Homme en France du point de vue des droits de l'Homme. La non-ratification de la charte européenne des langues régionales et minoritaires (que la France a signé mais non ratifié) est à nouveau rappeler.

"[ABP] Le rapport annuel du Commissaire aux Droits de l'Homme sur la France est téléchargeable depuis midi sur le site du Conseil de L'Europe. La France y est condamnée pour ses conditions carcérales, les pires en Europe, d'après le rapport, et les dysfunctionnements de la justice et de sa police. Les journaux télévisés de 13 heures ont bien annoncé le rapport et le bonnet d'âne pour les prisons, mais passent encore une fois sur la non-ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires et le refus de signer la Convention Cadre pour la protection des Minorités Nationales. Ces refus de la France sont pourtant signifiés dès le premier paragraphe des remarques préliminaires du rapport:
 
"1. La France est l’un des pays fondateurs du Conseil de l’Europe. Elle a signé la Convention européenne de Droits de l’Homme en 1950 et l’a ratifiée le 3 mai 1974. En 1981, elle a reconnu le droit de recours individuel devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme (ci-après « CEDH »). La France est également partie à la Charte sociale européenne ainsi qu’à la totalité des articles de la Charte sociale européenne révisée. Toutefois elle n’a toujours pas signé, ni ratifié la Convention cadre pour la protection des minorités nationales et le Protocole 12 de la Convention européenne des Droits de l’Homme, ce qui est regrettable. De plus, si elle a signé la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, le Protocole 14 à la Convention amendant le système de contrôle de la Convention, et le Protocole 13 relatif à l’abolition de la peine de mort en toutes circonstances, elle n’a pas ratifié ces instruments juridiques pourtant importants dans une perspective de lutte contre les violations des droits de l’homme. Je ne peux qu’inviter la France à réfléchir à la ratification prochaine de ces instruments."

 

Le rapport est téléchargeable sur http://www.coe.int/DefaultFR.asp cliquer sur rapport"

 

11/02/2006

Denis Robert : l'inculpation de trop

Denis Robert est un journaliste poursuivi pour ses enquêtes indépendantes sur le monde de la finance internationale. Voici un appel de soutien qui explique cette histoire :

"Il s’est passé le 27 janvier 2006 un événement important rapporté ici ou là par une brève d’agence : l’inculpation de Denis Robert par la justice luxembourgeoise pour injure, calomnie et diffamation. Pour comprendre l’enjeu de cet acte, il faut faire un peu d’histoire.

En 1996, Denis Robert, ancien journaliste à Libération, réunit sept grands magistrats anti-corruption pour lancer l’Appel de Genève en faveur d’un espace judicaire européen. Dans la foulée, de nombreux témoins de la criminalité en col blanc entrent en contact avec le journaliste. L’un d’eux, Ernest Backes, est un ancien dirigeant de la chambre de compensation Clearstream, un des points névralgiques des échanges financiers mondiaux. Ernest Backes a été l’un des architectes de ce système informatique tentaculaire. Viré, humilié, il a décidé de livrer ses secrets.

Pendant deux ans, au prix d’incessants allers et retours au Luxembourg, Denis Robert mène l’enquête. On lui donne des rendez-vous secrets ; les bouches s’ouvrent. Un ancien responsable informatique de la firme, Régis Hempel, explique qu’une partie de ses activités auraient consisté à effacer les traces de transactions sensibles. Denis Robert frappe à la porte des banquiers, posant des questions naïves et d’autres un peu moins. Trois mois avant la publication de son livre, il envoie une série de lettres recommandées de plusieurs pages, demandant des explications à la direction de Clearstream et aux banques mises en cause. Très peu lui répondent.



En février 2001, Denis Robert sort son livre, Révélation$ (Les Arènes) et diffuse son film Les dissimulateurs dans le cadre de 90 MINUTES, l’émission d’enquête de CANAL+. C’est la tempête. Les journalistes financiers sont incrédules ou hostiles, les autres hésitent car Clearstream menace de procès en cascade. A contre-courant, la mission parlementaire Peillon/Montebourg se saisit de l’affaire et convoque les témoins.

De peur que l’affaire se propage à l’étranger, une information judicaire est ouverte en catastrophe au Luxembourg. Toute la direction de la firme est mise à pied et Clearstream est racheté par un groupe allemand. Un mois plus tard, le procureur du Luxembourg claironne que tout est réglé et qu’il n’y a rien à chercher. De cette tragi-comédie, Denis Robert tire un second récit, plus personnel, La boîte noire (Les Arènes). Et un second film, toujours diffusé par CANAL+, L’affaire Clearstream.

Fin du premier acte et début du marathon judiciaire. Les plaintes pleuvent en France, en Belgique, en Suisse, et même au Canada. Déposées par Clearstream mais aussi par la banque russe Menatep et la Banque Générale du Luxembourg. L’auteur reçoit les huissiers à la file. L’éditeur fait ses comptes : les demandes de dommages et intérêts dépassent son chiffre d’affaires annuel. Le service juridique de CANAL+ se lance dans de coûteux procès. Parfois David gagne contre Goliath.

Au fil des mois, les relaxes se succèdent en première instance et en appel. Cinq ans plus tard, il ne reste plus deux procédures pendantes, toutes les deux en appel : l’une après un jugement favorable à Clearstream (un euro symbolique), l’autre défavorable à la firme (relaxe de Denis Robert). L’affaire semble close, malgré une troublante excroissance, durant l’été 2004, lorsqu’un corbeau affole les milieux de la défense et de la politique avec des listings truqués de Clearstream où apparaissent des élus et des responsables industriels et médiatique.

L’histoire de Denis Robert devient effrayante lorsque, cinq ans après la parution de Révélation$, le journaliste est subitement convoqué par la Justice luxembourgeoise pour être inculpé pour des faits (en l’occurrence des accusations contre la Banque Générale du Luxembourg) pour lesquels il a déjà été poursuivi en France et pour lesquels il a gagné ses procès en première instance et en appel. Ces procédures n’ayant pas eu l’effet escompté, les juges du Grand-Duché ont accepté de se prêter à une manœuvre peu honorable.

Denis Robert risque une peine de prison, agrémentée de frais d’avocat et une amende aux proportions luxembourgeoises. Par une ironie du destin c’est justement l’espace judicaire européen qu’il a contribué à établir avec l’Appel de Genève qui permet aujourd’hui à la justice luxembourgeoise d’essayer d’écraser un auteur ayant publié un livre en France.

Dans cette affaire, le Luxembourg - dont le ministre de la Justice est aussi… ministre du Trésor et du Budget - vient de commettre le pas de trop, en affichant sa partialité. Les citoyens européens peuvent soutenir Denis Robert en signant une pétition (disponible sur le site des Arènes ou de Liberté d’Informer).

Pétition qui sera adressée à la Justice de ce pays qui fait tant pour dégoûter les démocrates de croire en l’Europe. En transformant l’affaire Robert en affaire Frieden (le fameux ministre luxembourgeois de la Justice, du Trésor et du Budget), chaque signature sera un acte civique qui protège la liberté de la presse en Europe.

En poursuivant Denis Robert les autorités luxembourgeoises ne veulent pas seulement protéger Clearstream qui affiche une santé insolente. Ils cherchent à intimider tous ceux qui, à l’avenir, voudront savoir comment fonctionne le système financier et la toile d’araignée des paradis fiscaux. En cela, le Luxembourg a vraiment prononcé l’inculpation de trop.

Laurent Beccaria, directeur des Arènes
Franck Eskenazi, directeur de The Factory
Paul Moreira, directeur du magazine 90 MINUTES sur CANAL+


PETITION

Nous citoyens européens soutenons Denis Robert et condamnons l’acharnement des autorités judicaires luxembourgeoises à son encontre. La liberté de penser et d’écrire est une valeur européenne fondamentale qui prime sur les intérêts bancaires du Grand-Duché.


Pour signer la pétition pour soutenir Denis Robert, cliquez ici
Merci de bien préciser dans l'objet : Soutien à Denis Robert
Pour faciliter la mise en ligne merci de nous indiquer votre nom dans cet ordre :Prénom Nom (qualité nationalité)
Merci de respecter les majuscules/minuscules.

Attention : si vous souhaitez signer les deux pétitions (soutien à Denis Robert et soutien à la campagne Liberté d'Informer), pour des raisons techniques merci d'envoyer deux emails séparés.
Pour imprimer cette page choisir "format paysage".

www.liberte-dinformer.info 

30/01/2006

Irak : le point de vue de Shubi Toma

Voici le témoignage de Subhi Toma, exilé irakien vivant en France, qui a connu l’emprisonnement durant le règne de Saddam Hussein. Subhi Toma était contre l'intervention étasunienne en Irak, et il était venu le dire en Bretagne, à Hennebont, lors d'une conférence. Il militait alors au sein du collectif national "Pas en notre nom". Son témoignage n'engage que lui (je ne peux guère vérifier toutes ses affirmations), mais il mérite d'être lu et pris en compte pour mieux comprendre la complexité de la situation en Irak.


"S.C.- Les Irakiens ont-ils tout perdu ?
Subhi Toma : Oui, ils ont tout perdu. Leur pays est dans une situation effroyable. La majorité des Irakiens ressentent cette guerre comme un crime abominable. Un crime qui a détruit une nation, démantelé un pays, la Mésopotamie dont ils étaient si fiers. Il n’y a plus d’Etat, il n’y a plus rien. Les Américains ont réduit la Mésopotamie à un magma de tribus, de milices, de communautés religieuses, ils ont démantelé les structures de l’Etat, réduit à néant l’administration. Il y a des maladies que les Irakiens ne peuvent plus soigner, alors qu’avant il y avait en Irak un système de santé très performant. Les médecins sont assassinés, contraints de s’exiler. Les gens n’ont plus accès qu’à 4 heures d’électricité par jour. L’environnement a été totalement pollué par l’usage, par l’armée anglo-américaine, d’armes interdites, comme l’uranium appauvri, les bombes au phosphore blanc. Les stations d’épuration ont été bombardées et seulement 40 % de l’eau est encore potable. L’occupation a jeté les enfants dans la rue. 40 % des enfants irakiens ne fréquentent plus l’école. Ils sont exposés à toutes sortes d’abus, surtout aux abords des bases américaines, où les soldats ont amené drogues et prostitution.

S.C.- Etes-vous retourné en Irak ?
Subhi Toma : Je suis entré en Irak le 3 mai 2003. Bagdad venait d’essuyer trois semaines de bombardements. Le 1er mai Bush a déclaré : « Voilà la guerre est finie ». J’ai vu des bandes de pilleurs s’attaquer aux banques. C’était des gangs d’Arabes de toutes origines qui avaient été entraînés dans des bases militaires américaines - en Hongrie, en Roumanie, en Pologne - et que l’armée avait embarqués en Irak à cet effet. J’ai vu les soldats qui depuis les tanks leurs faisaient des signes pour les encourager à continuer d’aller piller et casser. C’est ainsi qu’ils ont pillé tous les trésors dans les musées, vidé tous les coffres de banques. Ce que je vous raconte, d’autres que moi l’on vu, l’ont rapporté, je n’invente rien.

S.C.- Ce sont ces bandes que les télévisions ont montrées en train de s’attaquer aux symboles du régime de Saddam Hussein pour nous faire croire qu’il y avait des Irakiens qui applaudissaient l’arrivée des troupes américaines ?
Subhi Toma : Ce sont ces gangs qui ont démantelé toutes les usines, renvoyé l’Irak à l’âge préindustriel. L’Irak était un pays industrialisé ; dans les années 70 il était parmi les pays du sud émergents. L’usine de Massara qui produisait 30% des médicaments à l’usage des Irakiens, a été vendue en pièces détachées aux Jordaniens et aux Koweitiens. Aujourd’hui 80 % des Irakiens n’ont plus d’emploi. 55 % entre 18 et 55 ans, sont au chômage. Le seul emploi qui leur reste est de s’enrôler comme mercenaires auprès des politiciens Kurdes, Chiites et les armées occupantes. Outre les mercenaires arabes, il y a actuellement 50'000 mercenaires Français, Allemands, Anglais, Polonais, Roumains, latino américains, formés par les Américains pour travailler dans ces « armées privées ».

S.C.- Qui sont les poseurs des bombes qui ensanglantent le pays ?
Subhi Toma : Nous pensons que tous les attentats qui visent les mosquées, les écoles, les marchés, sont imputables à ces mercenaires. Les attaques de la résistance patriotique visent les troupes d’occupation et les Irakiens qui collaborent avec elles La résistance est constituée de soldats et d’officiers de l’armée de Saddam Hussein.

S.C.- Chez nous, les médias ne parlent pas de résistance mais d’Al Quaida et de Zarkaoui !
Subhi Toma : Qui est derrière le nom d’Al Quaida ? Qui est Zarkaoui et où est-il ? Quel est le service secret qui agit en utilisant son nom ? Nous pensons que Zarkaoui n’existe pas. Les gangsters qui commettent ces attentats pour des services secrets occidentaux ont un salaire mensuel de 5 000 dollars. L’objectif de ces massacres est de faire croire à l’opinion que ceux qui résistent en Irak sont « des barbares » et que les Américains sont en Irak pour protéger les Irakiens. Et pour fabriquer ces « barbares », Bush a envoyé l’ambassadeur Negroponte en Irak et l’a chargé de former ces escadrons de la mort. C’était Negroponte lui-même qui avait été envoyé en Amérique centrale pour organiser les escadrons qui ont entraîné la mort de dizaines de milliers de personnes. Ces milices privées sont là pour commettre des actes barbares que les occupants attribuent ensuite à la résistance patriotique pour la discréditer et diviser les Irakiens.

S.C.- Pourquoi la résistance ne dément-elle pas ?
Subhi Toma : Il y a chaque jour des communiqués de la résistance, diffusés via Internet, qui dénoncent les massacres de civils qu’ils attribuent aux services spéciaux liés à l’occupation. Mais les médias occidentaux n’en parlent pas.

S.C.- Il n’en demeure pas moins difficile d’expliquer que des Etats démocratiques puissent financer des groupes pour massacrer des innocents !
Subhi Toma : Pourquoi est-ce difficile ? Il est devenu parfaitement clair que des services secrets d’Etats occidentaux infiltrent et manipulent des groupes locaux pour leur faire faire ce qu’ils appellent « le sale boulot ». C’est la démarche du colonialisme. C’est de la barbarie. Les Etats-Unis veulent faire croire que les résistants irakiens sont des tarés. Ils ont fait la même chose au Vietnam. La force des Etats-Unis réside dans le fait que leur propagande passe dans les médias et que leurs atrocités sont acceptées par l’opinion. Leur démocratie est une véritable escroquerie. Leurs actes dégoûtent les Irakiens de la démocratie. Aujourd’hui tout le monde sait que les services secrets américains avaient organisé en 1973 le coup d’Etat qui avait porté Pinochet au pouvoir au Chili. Au Vietnam avec l’opération Phénix, l’armée américaine a coupé la tête de paysans vietnamiens et les a ensuite exposés aux photographes pour faire croire au monde que les résistants communistes étaient des barbares. C’est la même stratégie. Pourquoi serait-il difficile de croire que les Etats-Unis et la Grande Bretagne fomentent ce même genre d’atrocités pour justifier leur agression en Irak et faire croire qu’il n’y a pas de résistance, qu’il n’y a que des « terroristes » ?

S.C.- Le fait que l’Irak est dévasté et le peuple ruiné ne semble pas affecter Bush. N’a-t-il pas déclaré à mi décembre que son armée est en train de gagner ?!
Subhi Toma : Si nous avons tout perdu, eux ils n’ont pas gagné. C’est terrible, c’est terrible. L’Irak était un pays moderne, organisé et structuré. Un pays sécularisé. En 1930 il y avait des femmes juges, en 1950 des femmes ministres. Ils en ont fait un désastre…ce n’est plus un pays. Toutes les provinces sont dévastées, soumises à des bombardements depuis trois ans. Ils ont tout détruit. Mais ils n’ont pas réussi à atteindre leurs objectifs. Paul Wolfowitz, un des douze architectes de « la guerre préventive », disait que l’armée américaine avait atteint un niveau de compétence technologique qui permettait aux Etats-Unis de mener plusieurs guerres en même temps. Avec l’Irak, ils ont connu un revers total. Leur stratégie d’envoyer des troupes et des chars est un échec. Ils ne feront plus jamais la même erreur. Ils ne pourront plus occuper l’Iran ni la Syrie.

S.C.- N’ont-ils réalisé aucun de leurs objectifs ?
Subhi Toma : Economiquement ils n’ont pas rentabilisé ce qu’ils ont investi. Ils n’ont pas encore signé le contrat pour exploiter le pétrole. Et ils se retrouvent avec 30’000 à 40'000 tués et blessés. Nous croyons que les Etats-Unis vont perdre la guerre, qu’ils sont aujourd’hui otages de cette guerre. Toutes leur manœuvres politiques – élections, Constitution - visent à installer un gouvernement local qui sera prêt à signer les contrats et à leur confier l’exploitation du pétrole et du gaz irakien, à accepter qu’il y ait des bases militaires américaines en Irak, pour contrôler 80 % du Moyen-Orient. S’ils obtiennent cela ils vont partir.

S.C.- N’y a-t-il pas un gagnant, tout de même, Israël qui a toujours affiché sa volonté d’affaiblir l’Irak ?
Subhi Toma : Oui, on peut dire qu’Israël est stratégiquement gagnant. Il n’acceptait pas l’existence d’un Etat organisé comme l’Irak. Il y a des Israéliens qui sont présents en Irak sous diverses formes. Il se peut qu’Israël ait atteint un de ses objectifs. Mais ce qu’Israël fait au Moyen-Orient - s’imposer par la brutalité et le mépris - n’est pas une solution. Cinquante ans de coercition contre les Palestiniens, n’ont pas réussi à en finir avec eux. Et cela ne marchera pas non plus avec les Irakiens. Tant que cette logique de guerre prévaut, nous allons tous souffrir, car cela dépasse le cadre du Moyen-Orient.

S.C.- Cette guerre aurait-elle été possible si les dirigeants arabes avaient fait front pour la condamner? En la facilitant n’ont-ils pas participé à l’oppression de leurs peuples ?
Subhi Toma : Bien sûr. Lorsqu’il y a un désastre de cette importance il n’y a pas qu’un seul facteur. La dégénérescence des régimes arabes a abouti à cela. Je suis tout à fait d’accord. Ces régimes arabes sont les alliés stratégiques des Etats-Unis.

S.C.- La soumission des leaders arabes à Washington ne se retournera-t-elle pas contre eux ? Leurs peuples ne se vengeront-ils pas ? Et vous, que ressentez-vous ?
Subhi Toma : Il y a une pensée orientale qui dit : « Si la bêtise gifle l’intelligence il ne faut pas que l’intelligence se comporte comme la bêtise ». La haine n’apporte pas de solution. Nous devons œuvrer pour amener l’Occident à avoir une attitude d’égalité avec nous. Si ce n’est pas cela, alors c’est l’idéologie de la violence.

S.C.- Comment ces victimes de la guerre que l’Occident a humiliées, atteintes dans leur dignité, vont-elles pouvoir se relever ?
Subhi Toma : Quand j’étais là bas, j’ai vu dans la rue les soldats américains frapper des Irakiens, les jeter au sol, les écraser de leurs bottes, les encagouler avec des sacs de plastique. J’ai compris que, par ces actes humiliants et brutaux, les Américains étaient en train de pousser les Irakiens à la résistance. Je reviens de Damas. Les Syriens sont, eux aussi, désespérés. J’ai eu le sentiment qu’ils sont, comme vous le suggérez, profondément atteints par ces humiliations permanentes des Etats-Unis et d’Israël. Ils sont convaincus que leur tour va venir et qu’ils doivent se préparer à résister.

S.C.- Il est difficile de se convaincre – malgré ce que vous venez d’étayer - qu’il y a en Irak une résistance bien organisée. Si tel était le cas pourquoi les Irakiens auraient-ils participé aussi massivement à des élections servant les intérêts de l’occupation ?
Subhi Toma : Les dirigeants irakiens savaient que face aux bombardements, ils ne pouvaient pas tenir. Mais ils savaient qu’une fois que les troupes américaines entreraient dans les villes, les choses se compliqueraient pour elles. La résistance grandit de jour en jour. Les engins artisanaux que les Irakiens utilisent contre les chars américains tuaient au début un soldat par jour, maintenant cinq. S’il n’y avait pas une résistance forte, pourquoi, malgré leur ampleur les troupes américaines, ne sont-elles pas arrivées en trois ans à limiter les attaques ? C’est la preuve qu’il y a un soutien populaire à la résistance. L’Irak est un pays vaste. La population est épuisée mais elle a encore un potentiel. Quant aux élections, la participation des Chiites et des Kurdes était acquise. Il y a eu l’idée, aussi, que de contribuer au processus politique pouvait contribuer à accélérer le départ des Américains. La résistance n’est pas seulement armée, elle est aussi politique.

S.C.- Quand Bernard Kouchner attribuait encore récemment à Saddam Hussein la mort de 2,5 millions d’Irakiens dit-il la vérité ?
Subhi Toma : Non. Il y avait une répression politique qui éliminait ses opposants politiques. J’ai fait de la prison en Irak. J’ai été torturé. Je peux comparer ce qui se passait sous Saddam Hussein avec ce qui se passe aujourd’hui. Monsieur Bernard Kouchner exagère les crimes de Saddam Hussein, amplifie ses défauts, pour justifier son adhésion à l’embargo et à la guerre abominable des Etats-Unis. Monsieur Kouchner et ses amis de gauche ont soutenu l’embargo qui a causé la mort d’un demi-million d’enfants et ruiné toute la société. Pour justifier sa participation à un tel crime Monsieur Kouchner continue de faire de Saddam Hussein un personnage bien plus monstrueux qu’il n’était.

S.C.- Voulez-vous dire que les troupes américaines en Irak commettent des actes bien plus abominables que du temps de Saddam Hussein ?
Subhi Toma : Bien sûr. Ce qui se passait sous Saddam Hussein, quantité de régimes latino américains l’ont fait. C’était aux Irakiens de régler leurs problèmes. Cela ne pouvait justifier d’aller détruire un pays, un peuple. Tous ceux qui voulaient que cette guerre se fasse ont menti. Ils se sont servis de la religion pour diviser les Irakiens. Ils ont prétendu que le régime de Saddam Hussein était contre les Chiites. Comment Saddam pouvait-il être l’ennemi des Chiites alors que 80 % des membres du parti Baath et de l’armée irakienne étaient Chiites ? Autre exemple : sur les 55 personnalités dont la tête a été mise à prix par les Etats-Unis, 35 d’entre-elles étaient Chiites ! Faire croire que les Chiites étaient les victimes de Saddam est une escroquerie.

S.C.- Quand, dans les années quatre vingt-dix, des politiciens progressistes appelaient à intervenir, au nom du « droit d’ingérence humanitaire » dans la partie Kurde de l’Irak, n’ouvrait-ils pas la porte à la guerre ?
Subhi Toma : Le droit d’ingérence humanitaire était une proposition douteuse. Le ministre des affaires étrangères Hubert Védrine avait reconnu que ce « droit d’ingérence » était une nouvelle forme de colonisation. Je suis allé en Irak durant l’embargo. J’ai vu les enfants mourir. Quand j’ai vu des démocrates soutenir l’embargo, j’ai alors pris conscience que la politique et la démocratie n’étaient pas cette chose noble que je croyais ; j’ai compris que tous ces politiciens – tous partis confondus - qui ne faisaient rien pour empêcher l’embargo, participaient à un crime impardonnable. On pouvait éviter la guerre. Les promoteurs de la guerre avaient un parti pris. Ce n’était ni le parti de la paix ni de la démocratie. Quand on leur demandait de faire un geste en faveur des enfants irakiens qui mouraient à cause de l’embargo, ces « démocrates » répondaient : « Nous aiderons les démocrates ». Comment peut-on demander à des victimes si elles sont démocrates ?

S.C.- Faut-il considérer les responsables politiques et médiatiques qui ont appuyé cette guerre, complices de crimes ?
Subhi Toma : Bien sûr. Il y a participation active, il y a participation passive. Je pense que tous ceux qui ont justifié l’embargo et soutenu la guerre contre le peuple irakien ont participé d’une façon ou d’une autre aux crimes contre le peuple irakien.

Entretien réalisé par Silvia Cattori avec Subhi Toma, décembre 2005.
http://www.oulala.net/Portail/article.php3?id_article=2130


25/01/2006

Sinema, daou film a enep d'ar c'hontrollerezh : "Viva Zapatero" ha "Good night and good luck"

Daou film nevez a zo bet savet a enep d’ar c’hontrollerezh (censure) en Italia hag er Stadoù Unanet.

Viva Zapatero, da gomans : ar film se zo ur sort reportaj a ziout ar mediaioù en Italia, Bro Berlusconi. Du hont e vez diaesoc’h diaesañ rebechiñ traoù d’ar gouarnamant. Ar mediaioù privez zo e daouarn Berlusconi, hag ar mediaou publik ivez, pe tost. Perak an titl se : “Viva Zapatero” ? Rak kentizh ma oa bout lakaet e penn gouarnamant Bro Spagn, an aotrou Zapatero n’doa savet ul lezenn evit distagiñ ar chadennoù skinwell d’ar gouarnamant. Ar pezh n’eo ket bet graet get Berlusconi !
Sabina Guzzanti zo un gomedianez fentus en Italia, brudet. E 2003 ur chadenn publik, ar Rai Tri, doa goulennet get Sabrina sevel un abadenn satirik farsus. Met un abadenn zo bet skignet hepken, sansuret eo bet ar lerc’h a gaos ma oa ur bochad sketchoù a enep Berlusconi ! Hag ar film a ziskouezh penaos a zo bet sansuret an abadenn skinwell; penaos Berlusconi n’eus gwasket ar mediaioù tamm ha tamm (skinwell, skingomz, kazetennoù...), daoust d’ar vonreizh ha d’al lezennoù; ha penaos a ya war vihanat ar frankiz en Italia...
Sabina Guzzanti a stourm evit an demokratelezh en he bro. Mont a ra da atersiñ pennoù bras politikel ag Italia, kazetennerion ivez, ur skrivagnour evel Dario Fo, a zispleg petra eo ar “satire”; ha kazetennerion pe animatourion tele e broioù all, evel Karl Zero (Le vrai faux journal) ha Bruno Gaccio (Les Guignols) e Frans.
Ma faota deoc’h gouiet penaos eo stad an demokratelezh en Italia, kit da welled Viva Zapatero.

Good night an good luck
Gwenn ha du eo ar film se, filmet evel ma veze filmet er bleadeù 1950, ha savet get an aktour brudet : Georges Clooney. Ni zo e 1953, er Stadoù Unanet, ur prantad amzer diaez : ar “brezel yenn”. Ur wezh bout trec’het an nazied get an allied, an URSS oa daet da vout enebour brasan d’ar Stadoù Unanet. Ha tud zo, evel ar senedour Mac Carthy, a welle kommunisted e pep lec'h : en arme, er gouarnamant, e Hollywood, ha c’hoazh.
Aktourion, savourion film, soudarded, kazetennerion, politikerion veze barnet ha tamalled dezhe da vout kommunisted (daoust ma ne oant ket) ha treitourion o bro. Tud evel Charlie Chaplin doa kavet gwelloc’h mont kuit d’an Europa rak ne oa ket mui posupl evitan labourat er Stadoù Unanet. Met, tamm ha tamm, strolladoù politikel, kazetennoù ha chadennoù tele o doa en em savet a enep d’ar senedour Mac Carthy, rak dremokratelezh hag ar frankiz oa en arvar. Hag ar senedour oa bet barnet get ar Senat evit monet re bell.
Barzh ar film se e weller kazetennourion ec’h ober o labour, e klask gouiet ar wirionez, ha pas hepken ar wirionez ofisiel. Ed Murrow, ur c’hazetennour brudet bras d’ar mare se, oa en o fenn. Ur stourm oa rak ar chadenn tele e lec’h ma laboure Murrow oa ur stall privez, paet get ar vruderezh.
Ur film brav, get sonerezh jazz a feson ouzhpenn.

Résumé en français : "Viva Zapatero" et "Good night and good luck", deux films qui dénoncent la censure; le premier, la censure dans l'Italie de Berlusconi; le second la censure et le climat politique aux Etats-Unis dans les années 1950.
Christian Le Meut

14/01/2006

Dakar 2006 : un monde formidable !

Est-ce que ce monde est sérieux, s'interrogeait le chanteur Francis Cabrel dans une chanson sur la corrida... On peut se poser la question face à l'existence de rallye du type du rallye Dakar, qui vient d'écraser deux enfants africains. Le responsable de ce rallye ne sait pas "s'il faudra leur rendre un hommage" ! Et l'on ne va pas priver les vainqueurs d'un podium pour si peu. Extraits tirés du site internet du Monde :
"Un deuxième garçon, âgé de 12 ans, est mort aujourd'hui samedi 14 janvier, après avoir été heurté par un camion d'assistance au Sénégal, au lendemain de la mort d'un enfant d'une dizaine d'années renversé, vendredi, par une voiture participant au Dakar-2006, a annoncé l'organisation du rallye-raid".

Gilbert Ysern, directeur général délégué du groupe ASO, qui organise la course a précisé : "Au km 200, entre Tambacounda et Dakar, un accident concernant un camion d'assistance a coûté la vie à un garçon de 12 ans", a-t-il indiqué. "Une enquête de gendarmerie est en cours".

"Nous avons pu joindre la famille qui va procéder à l'inhumation du corps dès aujourd'hui (samedi) car ils sont musulmans", a précisé Alioune Tall, vice-président de la Fédération sénégalaise des sports automobiles et motocyclistes."La Fédération et ASO vont faire tout leur possible pour aider la famille à faire face à ce drame, a-t-il ajouté. L'accident a eu lieu sur une route nationale empruntée aussi bien par les véhicules d'assistance que par des véhicules de tous les jours. C'est un accident comme il en arrive malheureusement tous les jours au Sénégal. Ca ne remet pas en cause le Paris-Dakar au Sénégal."

Ce nouvel accident survient le jour même du 20e anniversaire de la mort, au Mali, dans un accident d'hélicoptère de Thierry Sabine, créateur du rallye-raid, et de quatre autres personnes dont le chanteur Daniel Balavoine.

Gilbert Ysern a estimé que ce n'était pas le moment de "se lancer dans une réflexion de fond sur le rallye", à laquelle n'échappera pas l'organisation, comme le laissaient déjà entendre des concurrents, vendredi, après le décès d'un premier enfant, en Guinée. Le directeur général délégué du groupe ASO a également estimé qu'il n'était "pas logique de priver les concurrents d'un podium" , dimanche au Lac Rose, où doit avoir lieu la dernière étape du rallye."Même s'il y a aujourd'hui de la tristesse, je ne sais pas s'il faudra rendre un hommage, mais c'est évident que l'on pensera à eux (les deux garçons tués)", a-t-il ajouté.

Le Dakar-2006 avait déjà été endeuillé par la mort du motard australien Andy Caldecott, lundi, et de l'enfant d'une dizaine d'années heurté vendredi par la voiture de l'équipage letton formé de Maris Saukans (36 ans) et Andris Dambis (47 ans), qui s'est retiré de la course après l'étape."