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05/01/2006

Avis de recherche !

Un ami de Montargis, Bernard Coly, alerte sur la situation d'enfants sans papiers dans le département du Loiret. Il fait un lien avec le combat d'une famille bretonne pour faire reconnaître des prénoms bretons par l'état civil, dans les années 70. Il cherche la trace de cette famille (répondre par ce blog et ce sera transmis):

"J'ai eu confirmation de ce que je préssentais : dans au moins 4 cas, des enfants nés de parents "sans papiers" n'ont pas pu être déclarés à l'état civil, l'administration leur refusant cette formalité. Ils sont "sans papiers " dès leur naissance ... J'ai alors pensé au Breton qui s'est battu pour que l'état-civil accepte les prénoms bretons que lui et son épouse avaient donnés à leurs enfants. Ils ont obtenu une loi sur les prénoms. Mais la loi n'est pas rétroactive et les aînés de la fratrie ont toujours des difficultés lorsqu'ils ont besoin de papiers officiels. Mon idée serait que ce Breton ou ses enfants lancent un appel symbolique en faveur des ces enfants nés "sans papiers" et poussent ainsi des journalistes à faire des reportages sur ces enfants "de l'ombre". Le jour de l'épiphanie, ce serait encore mieux ..."
Bernard COLY

En complément, cet article paru en janvier 2005 sur le site de l'Agence bretonne de presse :


"50eme anniversaire de la guerre des prénoms bretons

[ABP] Le 24 janvier 1955 naissait le septième des douze enfants de la famille Le Goarnig. C'est sur ce septième enfant que se déclencha la guerre des prénoms bretons. Pour beaucoup, c'est difficile à imaginer, mais il a 50 ans, il était interdit de donner des prénoms bretons à ses enfants. Les mairies, suivant des consignes très précises venant sans doute des préfectures, et donc de l'état, refusaient d'enregistrer les prénoms bretons.

2000 articles et 300 émissions radio et TV plus tard, donner des prénom bretons à ses enfants est devenue chose courante. Mais sans la détermination des Le Goarnig, les Bretons auraient sans doute dû attendre la mode des prénoms américains et des pressions venant de toute la France.

Malgré tout, la guerre des prénoms bretons n'est pas terminée. Du moins, pas pour les cinq derniers enfants de la famille Le Goarnig. L'état ayant refusé de les enregistrer, leur père avait dû les faire reconnaître à La Haye et à Strasbourg! Ces enfants n'ont donc jamais pu bénéficier des allocations familliales. M. Le Goarnig estime que l'état lui doit 300 000 euros. Malgré une promesse de Jacques Chirac, M. Le Goarnig attend toujours son chèque".

04/01/2006

3000 langues en moins en2100...

 3000 langues en moins en 2100 : c'est Le Monde qui l'annonce dans son édition du 31 décembre, histoire de nous donner du "begon" pour l'année qui vient ! La linguiste Colette Grinevald, chercheur au laboratoire dynamique du langage de l'Institut des sciences de l'homme Lyon-II, est interviewée. Spécialiste du monde amérindien, elle a aidé l'Unesco à définir les critères de vitalité des langues. Extraits.

"Le Monde : Le rythme de disparition s'accélère. D'ici un siècle, la moitié des langues parlées actuellement dans le monde auront disparu. C'est une estimation basse. En Australie et sur le continent américain, cette proportion sera bien plus élevée, de l'ordre de 90 %.

Avant l'arrivée des Blancs, 300 langues étaient parlées dans ce que sont aujourd'hui les Etats-Unis. En 1992, il n'y en avait déjà plus que 175 utilisées par au moins une personne. On estime que cinq seulement auront survécu à la fin du XXIe siècle. Même l'avenir du navajo est incertain, et pourtant c'est aux Etats-Unis la langue indigène qui a le plus de locuteurs, environ 120 000. Elle est de moins en moins apprise par les enfants.

Pourquoi cette accélération ?

La globalisation économique entraîne un exode rural des populations indigènes. Elles se perdent dans les villes et ne peuvent perpétuer leurs traditions et leur modèle familial. Dans le monde amérindien, les parents sont persuadés que parler une langue indienne est un handicap pour avoir un travail. Cette pression est aussi psychologique sur fond d'idéologie encore dominante du bienfait du monolinguisme dans un Etat-nation. Certains "monolingues" voient dans le multilinguisme un signe de division des capacités intellectuelles.

Quelles langues risquent de disparaître ?

Une langue est menacée, selon les linguistes, si elle n'a plus de locuteurs d'ici la fin du XXIe siècle. C'est le cas d'une centaine de langues en Europe et autant en Amérique du Sud, selon l'Atlas publié par l'Unesco. Le breton, le franco-provençal ou le poitevin saintongeais sont ainsi "sérieusement en danger". Parfois, une langue paraît vivace car elle est utilisée par des millions de locuteurs, comme les langues quechua en Amérique du Sud. Mais celles-ci sont déjà, dans certaines régions en Equateur et au Pérou, comme des morts-vivants : aucune personne de moins de 20 ans ne les apprend ou ne veut les parler.

Quelles seront les conséquences ?

De nombreuses connaissances captées par ces langues vont se perdre. Comme les propriétés des plantes vénéneuses en Amazonie ou celles qui peuvent avoir un intérêt dans la pharmacopée. Les langues apportent également une ouverture d'esprit. Elles permettent de voir différemment le monde et de montrer les facettes les plus diverses du génie humain. Au Guatemala, par exemple, je travaille sur le popti', en péril, qui classifie tous les objets par la matière dont ils sont faits.

Que dire des répercussions sociologiques...

Cela peut créer de réels problèmes identitaires. La langue permet de s'ancrer dans une histoire, un lieu. Beaucoup d'Amérindiens ont dû renier leur langue maternelle au profit de l'anglais ou de l'espagnol. Cela crée ce qu'on appelle de l'anomie, un entre-deux linguistique et culturel, où aucune des deux langues n'est maîtrisée. Cette situation peut devenir source de violence et entraîne chez les Amérindiens diverses formes d'autodestruction, comme l'alcoolisme et le suicide. J'ai observé le même phénomène aux Etats-Unis chez de jeunes Mexicains et Portoricains. Je reconnais parfois en France ce même type de malaise chez certains étudiants maghrébins qui ne connaissent pas l'arabe et chez des sourds qui revendiquent la langue des signes sans dominer le français écrit. On apprend mieux toute autre langue si on peut être fier et bien ancré au départ dans la sienne.

Quel rôle joue Internet ?

Un rôle double, tout à la fois poison et antidote, facteur d'uniformisation mais aussi de diversité. Il existe par exemple de plus en plus de sites Internet de langues amérindiennes gérés par des Indiens, pour des Indiens. Au Guatemala, une collègue linguiste a passé plus de dix ans à former des Mayas qui sont devenus linguistes et s'occupent d'un site en espagnol et plusieurs langues mayas. Leur travail prolonge le combat de Rigoberta Menchu (Prix Nobel de la Paix en 1992) qui a permis une reconnaissance officielle des 28 langues mayas.

Quelles seront les langues majoritaires à la fin du siècle ?

L'anglais bien sûr, l'espagnol, à cause de l'Amérique du Sud, l'arabe, puis des langues d'Asie, comme le chinois et l'hindi. Sur le continent africain, le swahili, le wolof sont en plein essor et avalent les langues de la région.

(...)
Où en sera le français à la fin du siècle ?

Le français ira bien, mais les Français devront parler plusieurs langues. Regardez le Danemark, où la moitié du cursus universitaire se fait en anglais : il n'y a pas de confusion, les Danois parlent danois entre eux et utilisent l'anglais car personne d'autre dans le monde ne parle leur langue. Le multilinguisme est parfaitement à la portée de l'intellect humain. Les enfants sont tous capables d'apprendre trois ou quatre langues.
Propos recueillis par Laure Belot et Hervé Morin

Sur internet

www.teluq.uquebec.ca/diverscite/entree.htm

Langues mayas : www.okma.org/


Coup d'oeil sur 2005

Meilleurs vœux à toutes et à tous pour la nouvelle année qui commence. Mais jetons un coup d’oeil rapide à l’année écoulée, 2005, qui a vu la France signer une superbe “convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles”, sous l’égide d l’Unesco et de l’ONU. Ce texte “célèbre la diversité culturelle, caractéristique inhérente à l’humanité et “patrimoine commun de l’humanité” devant être préservée. Etc. Mais pendant ce temps la France refuse toujours de ratifier la Charte européenne des langues minoritaires. Certe, la langue occitane serait sur le point d’être reconnue officiellement... mais en Espagne ! Où elle est parlée par quelques milliers de personnes ! En France, rien, alors que plusieurs millions de personnes y parlent et y comprennent l’occitan. C’est ainsi, on signe de beaux textes pour soigner son image internationale et, à l’intérieur des frontières, on se garde bien de les appliquer. Cela s’appelle de la schizophrénie et peut finir par énerver.

L’année 2005 a vu la montée de la colère dans une partie de la jeunesse française. Brûler des voitures et des bâtiments, agresser des policiers, des pompiers ou des passants, est évidemment condamnable. Il y a d’autres manières de faire en démocratie. Mais devant un gouvernement, un Etat et une société si bouchée, si sourde, il y a de quoi être en colère, effectivement...

Un arbitre contre le racisme
En France le racisme est un fléau qui nuit, notamment, à l’intégration d’une partie de la jeunesse. Mais cette plaie est internationale. Un arbitre de foot danois, Kim Milton Nielsen, s’est rendu célèbre en 2005 pour avoir exclu du terrain des joueurs professionnels ayant proféré des propos racistes à l’égard de joueurs d’origines africaines. Rien que de plus normal, me direz-vous ? Et bien pas tant que cela. les propos et les gestes racistes sont plutôt monnaie courante sur les terrains de football professionnels, et trop peu sanctionnés. Merci donc à Kim Milton Nielsen d’avoir le courage de faire, tout simplement, son travail.

La civilisation, c’est quand ?
Du travail, il va y en avoir dans le pays de Lorient grâce à une grosse commande de frégates de la part de la marine nationale française. 17 bateaux de guerre, plus dix autres pour la marine italienne. Cela donne du travail, youpi ! Le cancer aussi en donne. Espérons au moins que ces bateaux ne serviront jamais à faire à quoi ils sont destinés : la guerre. il y a trois cent ans, le commerce triangulaire avec l’Afrique, basé sur l’esclavage, a contribué à la prospérité de nombreux ports bretons, comme Nantes, Saint-Malo, et, dans une moindre mesure, Lorient... Il serait peut-être bon de civiliser et de pacifier un peu notre économie, vous ne croyez pas ?

Des raisons d’espérer
Mais il est des gens qui font quand même espérer, notamment les 54 personnes dont la revue Courrier international du 8 décembre dresse le portrait : 54 “héros de l’écologie” titre-t-elle. Parmi eux, Von Hernandez, jeune philippin qui a rejoint l’association Greenpeace. Avec elle, il a obtenu l’interdiction de l’incinération des déchets dan sons pays, en 1999. En France, l’incinération des déchets est monnaie courante et nous avons même un incinérateur controversé à Plouharnel (fermé sur décision administrative le 28 décembre dernier...). L’incinération des déchets produit des cendres contenant des métaux lourds, plomb, arsenic, cadmium, ainsi que des dioxynes... Les Philippines s’en passent désormais et il serait bon que la France aussi.

Bonne année 2006 quand même !

Christian Le Meut

03/01/2006

Un taol lagad war 2005

Krogomp ar bloaz nevez, 2006, e sellet doc’h ar bloaz paseet, 2005. Er bloaz 2005  a zo bet sinet get ur bochad broioù un destenn nevez anvet “Emglev evit mirout, gouarnin ha brudiñ al liessevenadurezh” da lâret eo, e galleg : “Convention sur la protection et la promotion des expressions culturelles”. Nag un destenn vrav, get frasennoù kaer ha hir spontus evit gouarn ar yezhoù hag ar sevenadurioù. Get an Unesco emañ bet savet an emglev-se... Souezhus eo memestra gwellout Bro Frans sinañ un destenn evel-se. Frans n’he deus ket ratifiet c’hoazh karta ar yezhoù bihan en Europa !

An okitaneg, yezh ofisiel ?
Desket m’eus e penn kentañ miz An Avent, miz Kerzu, a vo an okitaneg anavet el yezh ofisiel a benn nebeut... Ya, met e Bro Spagn, e lec’h ma vez komzet okitaneg get un nebeut tud... Amañ e Bro Frans e vez komzet okitaneg c’hoazh get ur bern tud ha n’eo ket anavet evel ofisiel ar yezh se. Mod-se emañ, sinet vez traoù brav get ar Republik a Frans, met kentoc’h evit foenvañ er maez. E barzh, se zo un afer all. Ur sort skizofrenie zo e Bro C’hall, hag a c’hell lakaat ar soubenn da drenkiñ, evel ar pezh hon eus gwellet e fin ar bloaz. Losket eo bet ur bochad savadurioù hag otoioù, gloazet eo bet paotred an tan ha poliserion get tud yaouank zo, ar pezh a zo fall gober, sur awalc’h. Doareioù all a zo da vanifestiñ en ur vor demokratel. Met dirak ur Stad, ur gouarnamant, hag ur gevredigezh ken bouzard, ken dal, abegoù zo da huchal. Ur bochad tud yaouank ne gavont ket labour, na lojeriz, a gaos d’ar rasism e Bro Frans.

Un arbitre a enep ar rasism
Justawalc’h un den a vro Danemark zo deuet da vout brudet bremañ e bed ar fooball : Kim Milton Nielsen a zo arbitr hag hennezh n’eus lakaet er maez ag an dachenn football ur sportour, ur c’hoariour football en doa lâret kunujennoù rasist d’ur c’hoariour all ag Afrika. Normal eo, d’ho sonj ? Marteze pas kement se. Bout rasist ha lâr traoù rasist a zo un dra boutin war tachennoù football, war e seblant. Trugarez, mersi neuze da gKim Milton Nielsen evit brout graet e labour getan.
 
Pegoulz vo hor bed sivilizet ?
Labour justawalc’h. Ur bochad labour a vo e Bro An Oriant hag e Breizh e 2006 a gres d’ar Stad n’eus komandet seitek bag evit ar morlu ha dek a zo komandet evit evit morlu Italia. Brav ! Ha setu tud laouen : labour vo, labour vo, labour vo. Ya labour vo, evel ma vez roet labour d’ar vedisinourion get ar c’hrign bew, evel ma veze roet labour d’an dud get konverzh ar sklaved, e Breizh ivez, tri c’hant vloaz so. Ne vehe ket mallus “sivilizañ” hon ekonomiezh, d’ho sonj ?

Tud sivil e wellomp barzh niverenn Courrier International ag an 8 a Viz An Avent (Kerzu). Pewar den sivil hanterkant a stourm evit en endro, evit an natur hag evidomp, benn ar fin. En o meskl, Von Hernandez, ur paotr yaouank a zo e barzh Greenpeace, er Filipines. Von Hernandez zo un den paour e zo e chom e tal kerbenn ar vro, Manille, ha tost d’un toull lastez bras. Araok e veze losket ur bern ag ar restachoù met difennet eo bremañ a drugarez da Van Hernandez ha da Greenpeace. Rak danjerus bras eo, an “incinération” evit yec’hed an dud. Plom, kadmium, dioxine, vez lakaet er maez, en aer, mod-se, hag amañ ivez, e Breizh.  Ur stall “incinérateur” a zo bet serret e Plouharnel an 28 a Viz Kerzu. Tud zo a stourm evit ar re all hag evit an natur. Kement, memestra da gavout esperans un tammig en amzer da zont. Bloavezh mat c’hoazh !

Christian Le Meut 

02/01/2006

Des nouvelles du picard !

Voici un article paru dans l'Humanité du 8 décembre concernant le picard, langue d'oïl, comme le gallo en Bretagne, parlée encore de la Picardie à la Belgique (cet article figurait sur le site de Diwan, qui répertorie régulièrement des articles sur les langues régionales) :
 
"Les premières Journées interrégionales de la langue picarde ont mis en relief la discrimination dont souffre une langue parlée par deux millions d’habitants de Picardie, du Nord-Pas-de-Calais et du Hainaut belge.

Plus de 120 personnes ont participé vendredi 2 décembre aux premières Journées interrégionales de la langue picarde sur le site du carreau de la mine de Wallers Arenberg à l’invitation de la communauté d’agglomérations de la porte du Hainaut. Élus, responsables associatifs, universitaires, artistes, conteurs ou simples locuteurs, ils ont adopté à la fin de la réunion un appel dans lequel ils « affirment leur appartenance à une communauté culturelle et linguistique interrégionale transfrontalière ». Les participants souhaitent renouveler la démarche des Journées de la langue picarde, pour qu’elles se tiennent alternativement dans les trois régions linguistiques, les régions françaises de Picardie, Nord - Pas-de-Calais et, en Belgique, le Hainaut. Dans cet appel, ils souhaitent « la mise en oeuvre de projets interrégionaux et transfrontaliers dès l’année 2006 » et ils « réclament l’application à la langue picarde des mesures existantes en faveur des langues et cultures régionales au sein de l’éducation nationale ». La discrimination fut en effet un des thèmes principaux des débats. Le picard est boudé par l’éducation nationale alors qu’il prouve régulièrement sa vitalité sur toutes les scènes artistiques des régions concernées ou tout simplement dans la vie courante. « Le picard ne meurt pas, il y a des salles pleines chaque fois que nous faisons des représentations en langue picarde », ont témoigné des artistes et des conteurs. Et contrairement à certaines régions qui soutiennent leur langue sur un fond de séparatisme politique, « la revendication du picard est purement culturelle. Elle n’implique aucun enjeu de pouvoir », a souligné Jean-Michel Eloy, professeur de linguistique à l’université de Picardie, directeur du Centre d’études picardes du laboratoire d’études sociolinguistiques qui a ouvert les Journées*. Jean-Michel Eloy prône un enseignement du picard, langue du dominé qui, après quatre siècles « de pression politique maximale », crée une identification négative. Mais, et c’est une de ses forces, à cause de cette mise à l’écart, le picard est une langue en liberté que les pouvoirs n’ont jamais investie. Parlée ou comprise par près de deux millions de personnes au sein d’une zone de sept millions d’habitants, elle est une des plus vivaces des langues régionales « endogènes » de France.

La langue peut devenir outil de développement économique. Dans une Europe où les régions sont confrontées à la concurrence, l’image, la notoriété deviennent enjeux de pouvoir. Le picard, dit Jean-Michel Eloy, « est un élément d’image très fort, disponible pour la modernité. C’est une langue de gens travailleurs, résistants, qui ont intégré les bases de l’immigration, qui sont plus malins qu’ils en ont l’air. Il faut rendre leur fierté à ces gens par une politique linguistique positive. Il y a 130 langues différentes parlées dans le Nord - Pas-de-Calais et qu’est-ce qu’on en fait ? Rien ». La langue, a dit Jacques Landrecies, maître de conférences en langue et culture régionales à l’université de Lille-III, « est un objet de savoir et c’est une réalité qui dérange ». Le picard peut devenir un outil incomparable d’insertion dans les régions industrielles sinistrées du Nord. L’expérience racontée par Pascal Laby, de l’Association pour l’insertion sociale d’Avesnes-lez-Aubert, auprès de 180 personnes montre que le picard a servi d’outil pédagogique, outil d’insertion sociale.

Organisées par les associations Insanne, le département langues et culture de Picardie du conseil régional et la maison de la culture du Hainaut, les Journées interrégionales ont ouvert une coopération inédite entre les trois régions en vue de la création d’un centre interrégional souhaité par Alain Bocquet, député communiste et président de la porte du Hainaut. La seule fausse note fut l’absence remarquée d’un représentant du conseil régional du Nord - Pas-de-Calais !

Jacques Moran/L'Humanité/08/12/2005
* Petit commentaire du responsable de ce blog (webmaster en français dans le texte) : en France, où règne le régime de la langue unique, demander un soutien public à une langue régionale, le picard, le breton ou une autre, est forcément un combat politique tellement la religion de la langue française est ancrée profondément dans les mentalités. Il est un peu naïf de croire que la langue picarde pourra survivre sans une action sur le terrain citoyen, donc politique. Les militants des langues régionales d'oïl, dont le picard et le gallo font partie, ont beaucoup de mérite car leurs langues, cousines du français, sont souvent assimilées à celui-ci, ou considérées comme des "patois" ou des "dialectes" du français alors que ce n'est pas le cas. Je suis toujours surpris, d'ailleurs, quand j'entends des militants de la langue bretonne, voire des bretonnants, qualifier le gallo de "dialecte"... Il y a peu encore, le breton était qualifié de "patois" sur un règlement de Wanadoo... Pas plus tard qu'hier et aujourd'hui, sur France Culture, j'ai entendu parler de "patois" dans la bouche de l'éminent historien Pierre Nora, et de "bas-breton" dans la bouche d'un critique littéraire du "Masque et la plume". Le "Bas-breton", késako ? Le terme est, pour le moins obsolète...
On est toujours le plouc - ou le patoisans - de quelqu'un.
Christian Le Meut

08/12/2005

L'occitan, langue officielle... en Espagne !

La reconnaissance officielle des langues régionales progresse partout en Europe, mais pas en France, qui continue de ne pas appliquer la charte européenne des langues minoritaires (pourtant signée sous Jospin mais jamais ratifiée). L'occitan est sur le point d'être officialisé... en Espagne, comme l'indique cet article paru sur le site Eurolang.

Montpelhier, mardi 29 novembre 2005; une contribution de Estève Cròs.
"Le Parlement catalan a approuvé, il y a peu, un nouveau statut qui ouvre des perspectives très intéressantes pour la langue occitane. La France, loin de s'ouvrir à la diversité culturelle et linguistique à l'intérieur de ses frontières, continue à ne pas vouloir donner une reconnaissance officielle aux langues historiques de son territoire et les minorise chaque jour un peu plus.

Huit mille personnes vivent au Val d’Aran, petite vallée occitane des Pyrénées, que l'histoire aura rattachée à la couronne d'Aragon et puis à l'État espagnol, à travers le gouvernement autonome de la Généralité de Catalogne. Récemment, le projet de nouveau statut de la Catalogne a donné une reconnaissance pleine de l’occitan. Non seulement comme langue et officielle du Val d’Aran, (ce qui était déjà le cas depuis 1990 grâce à une loi du Parlement catalan), mais aussi comme langue officielle pour l'ensemble de la Catalogne, soit 6 millions de personnes.

Le nouveau statut de Catalogne n'est pas encore approuvé par Madrid, mais personne ne semble remettre en cause le fait que l'occitan devienne une langue constitutionnelle espagnole. L'occitan devrait donc rapidement rejoindre les trois autres langues autonomiques constitutionnelles: le catalan, le basque et le galicien. Cette reconnaissance lui ouvrira très prochainement les portes de l'Europe...

De l’autre côté de la frontière administrative,15 millions de personnes vivent dans la « Grande Occitanie », c’est-à-dire celle qui dépend administrativement de l'État français. Loin de cette situation, l'occitan et les autres langues historiques du territoire français pâtissent d'un manque de reconnaissance. Aucune loi à ce jour ne cite l'occitan. La Constitution stipule que la seule langue de la République est le français. Les blocages administratifs sont nombreux pour empêcher la langue d'exister et d'être vue (SNCF, La Poste, Éducation Nationale, justice...)

Les responsables politiques, quand ils sont interrogés sur la question des langues dites « régionales », semblent considérer que quelques heures d'enseignement par semaine dispensées dans des conditions difficiles suffisent... et certains défenseurs des langues dénoncent une politique de ghettoïsation des langues par la France."

23/11/2005

Wanadoo ne veut pas trop de "patois" sur son T'chat...

Extrait du règlement intérieur du t'chat wanadoo :

"Un salon de t'Chat est peuplé de pseudos connectés qui sont autant de personnes et il est demandé de respecter autrui en appliquant du mieux possible les règles édictées dans ce document. Ecrire n'importe quoi est considéré comme polluant. Si vous souhaitez discuter d’un sujet précis sur un sujet épineux, ouvrez un salon privé et invitez les pseudos que cela intéresse ; mais en aucun cas vous avez le droit de monopoliser un salon public pour une discussion à deux ou en petit comité.
De même, les lois françaises s’appliquent dans le t’Chat : chaque personne est responsable du pseudo t'Chat qu'il choisit et des discussions qu'elle entretient avec autrui en public ou en privé ou de toute autre activité sur les serveurs de t’Chat (connexion de robots ou clones). Toute personne envoyant un message vulgaire ou à caractère ouvertement pornographique sur un salon public se verra sanctionnée par une exclusion temporaire du service et risquera une suspension de sonabonnement en fonctionde la gravité de ses propos.Tout appel à la haine raciale ou tout propos irrespectueux de la dignité humaine sont passibles de poursuites. Les insultes, propos calomnieux ou diffamatoires ne sont pas admis.
Les conversations dans les différents patois (alsacien, breton, provençal…) sont admises dans les salons géographiques adéquats et laissées à l'appréciation des @: il ne faut pas que ce parler noie le salon au détriment de la langue comprise des francophones: le français classique."

aller voir :
http://www.wanadoo.fr/bin/frame2.cgi?u=http%3A//tchat.wanadoo.fr/page.php%3Fpage%3Dus_et_coutumes
 

15/11/2005

Mahmoud Mouhammad Taha : le "Gandhi soudanais"

Et si le message principal de l’islam était la non-violence, l’égalité entre les sexes, une forme de socialisme, l’abolition de la guerre sainte ? C’est ce que soutenait le philosophe soudanais Mahmoud Taha (1908-1985), fondateur des “Frères républicains”, pendu à Khartoum en 1985 par un régime militaire voulant donner des gages aux islamistes.

Le 18 janvier 1985, le penseur musulman Mahmoud Mouhammad Taha est pendu dans une prison de Khartoum pour délit d’opinion et sous la pression des musulmans intégristes. Ancienne colonie britannique, le Soudan, dirigé par le général Nemeyri a adopté en 1983 un code pénal issu de la “Charia”. Les thèses du penseur deviennent passibles de la peine de mort. Il est vrai qu’elles tranchent avec la pensée dominante de l’Islam à cette époque, et encore aujourd’hui.

Mahmoud Taha estime, en effet, qu’il faut distinguer deux époques dans la vie de Mahomet. La première, lorsqu’il vivait à La Mecque (610-622), qui fonde une religion basée sur la responsabilité de l’être humain, et la seconde, dite “période médinoise” (622-632). Chassé de La Mecque, il faillit y être massacré avec ses fidèles, Mahomet se réfugie à Médine. Il se mue alors en chef de guerre et adapte son message spirituel à ce nouveau contexte.

La “seconde mission” de l’islam
Un prêtre jésuite français, Henry Coudray, a étudié la pensée de Taha et s’est rendu en 1973 au Soudan, où il a rencontré Taha et sa communauté des “Frères républicains”. Il présente ainsi l’approche du penseur : pour Taha, “L’islam véritable et définitif, c’est celui de la “seconde mission”, celui qui a été prêché par Mahomet à La Mecque, mais qui a été temporairement supplanté par la prédication de Médine. En effet, lorsque Mahomet a commencé à proclamer son message, il a appelé à la religion parfaite, qui repose sur la responsabilité et la raison de ses membres et fait appel à leur liberté. Mais, à cause de l’impréparation de ses concitoyens et du niveau encore grossier de la civilisation au VIIe siècle, eu égard à un si sublime message, il a été obligé, de rabattre ses ambitions et, pour des raisons pédagogiques, de condescendre au sous-développement culturel et religieux de son époque.
Il prêcha donc alors une religion qui faisait appel à la croyance plus qu’à la connaissance. C’est au niveau de cette première mission que les musulmans ont vécu jusqu’à présent. Mais, désormais, à cause du progrès accompli par l’humanité, le moment est venu de passer à la deuxième mission. Il faut donc abandonner la première Loi (charia) instituée à Médine (...) pour établir la deuxième Loi, qui correspond à l’Islam parfait et qui s’inspire des “racines” de la religion. Ainsi, dans la nouvelle Loi, plus de guerre sainte, ni d’esclavage, ni de capitalisme, ni d’inégalité entre homme et femmes, ni de polygamie, ni de port du voile, ni de séparation des sexes”.
A la question posée par Henry Coudray de savoir s’il était un utopiste, il répondit : “Utopie, si vous voulez, mais utopie réaliste reposant sur une analyse scientifique de la réalité”.

Les “Frères républicains”
Et ces principes, Taha les a mis en application dans les communautés qu’il a créées. Une douzaine existaient à Khartoum en 1973 lors du séjour d’Henry Coudray. Ces “Frères et sœurs républicains” vivaient sous le signe des partage des biens, de la mise en commun d’une partie du salaire, dans des logements séparés mais proches pour pouvoir prier en commun, organiser des soirées de réflexions et préparer les actions militantes visant à faire connaître la pensée de Mahmoud Taha. Celui-ci ne s’est, semble-t-il, jamais engagé sur le terrain électoral.
Ni proche du Parti communiste, dominant à gauche, ni des droites nationalistes ou fondamentalistes, Taha et ses disciples ont pu s’exprimer librement sur les campus et dans les rues jusqu’au début des années 80. Il semble que les Frères républicains avaient une certaine influence sur le monde étudiant.

Lecteur de Darwin
Les lois de l’époque étaient encore sous influence des lois coloniales et le régime de Nemeiry, en place depuis 1969 suite à un coup d’Etat, n’a adopté la charia qu’en 1983 alors qu’il avait doté le Soudan d’une constitution démocratique basée sur les droits de l’Homme, en 1973.
Mahmoud Taha a goûté de la prison en 1938, durant deux ans, pour s’être opposé au régime colonial britanniques. Il en a profité pour lire Darwin, Marx, Auguste Comte... En 1968, il est condamné par des responsables religieux et, en 1972, l’Académie des recherches islamiques du Caire juge hérétique son principal livre, “La deuxième mission de l’Islam”(1).
Aussi, lors de l’adoption de la Charia comme code pénal en 1983, Taha la conteste, signalant les contradictions entre la Constitution en vigueur et le nouveau code pénal. Arrêté, il est libéré mais continue de contester. La charia est, pour lui, “une insulte au Soudan et à l’Islam”.
Arrêté de nouveau en janvier 1985, avec quatre disciples, il est condamné pour “menées contre le gouvernement”, sentence confirmée en appel. Ses disciples se repentent et ont la vie sauve mais Taha refuse, lui de se rétracter.
Malgré des appel du monde entier, il est pendu le 18 janvier, ses écrits sont condamnés à être brûlés. En avril, un soulèvement populaire renverse Nemeiry...

Une “nouvelle charia” ?
Mahmoud Taha cherchait une nouvelle charia qui, selon Henry Coudray, “correspondrait, en gros, à la Déclaration universelle des droits de l’Homme, en allant encore plus loin sur les questions de non-violence, de respect de la femme, de l’étranger, etc. Il se prononçait contre le port du voile car l’islam, disait-il est pour la liberté".
Mahmoud Mouhammad Taha a été surnommé le “Gandhi soudanais” au moment de sa mort. Comme Gandhi, il a été assassiné, mais, contrairement au Mahatma, sa pensée est tombée dans l’oubli. Elle mériterait d’être mieux connue et reconnue à l’heure actuelle mais aucun de ses livres n’a été traduit en français.
Christian Le Meut

* Texte uniquement en version française.

(1) Mais ce livre a été traduit en anglais. Les sources divergent quant à la date de naissance de Taha : 1908 ou 1916.

14/11/2005

Breizh d'ar Vretoned ?

Bep hañv 'vez lakaet e Breizh war pontoù hentoù bras skritelloù a lâr : “La Bretagne aux Bretons”, skrivet e galleg. Ur skritell all a ziskouezh ur moske : “Mod-se eman Bro C’hall...” Ya, moskeoù a zo e Bro-C’hall, ha neuze ? Musulmaned ‘zo e Breizh, perak nompas sevel moskeioù evite ? Unan zo e Roazhon. Un dra a bouez eo bout anavet an islam evel ur relijion par d'ar relijionoù all e Frans, dre ar "Conseil du culte musulman" savet bloavezhioù. Mod-se lec’hioù dign vo savet evit pediñ o doué e respetiñ al laikerezh, evel rezon. Met aliez c'hoazh 'vez pedet get ar Musulmaned e lec'hioù n'int ket dign.
Mard n’int ket sikouret genomp, sikouret e vint (ha sikouret int dija abaoe pell) get tud a vroioù all evel Arabia Saoudite, Turki, Maroko, da skouer, tud a zo, aliez, re strizh o feson da vout musulman. Paiet vez ar moskeioù gete, ha kaset gete ivez imamed n'anavezont ket anezhe lezennoù ha kustumoù a Frans. Gwasoc'h c'hoazh ul lodenn vras ag an imamed 'vez stummet evit stourm a enep hor c’hustumoù ha lezennoù. Gwelloc'h vehe stumman imamed aman, e Bro C'hall, evel ma vez stummet ar veleion...
Hiriv an deiz ur bochad tud yaouank kenidig ag ar broioù musulman ne gavont ket labour pe tier. Ur gwir gouennelouriezh (“racisme”) spontus zo. Emen 'vez degemeret mat ar re yaouank se...? Er moskeioù, evel rezon, ha levezonet int get imamed strizh o doare da vout musulman. Met meur a feson zo da vout musulman. Ar musulmaned e Bro C’hall a faota dezhe pediñ o doue, monet d’an overenn ha lidañ o festoù sioul ha trankil evel ar Gatoliked, ar Brotestanted, ar Juvezion, ar Voudisted, ha c’hoazh. Ar relijion zo un dra privez en ur vro laik. Met, seul muioc'h vo anavet an islam evel ur relijion par d'ar re all, seul bihanoc'h vo levezonet ar Musulmaned get an integristed.
Setu, ar pezh a sonjan e lenn ar gwall skritelloù lakaet war pontoù hentoù bras. “La Bretagne aux Bretons”. Strolladoù all a lâr : “La France aux Français”. Kavet m’eus ur slogan nevez : “La France aux Français ; la Bretagne aux Bretons et la Champagne aux Champignons”. Klotiñ a ra... Pep hini en e di hag ar re all er maez ! Met bon, marteze ne vehe un dra ken mat : sonjit ta, razh ar potironed, razh an tokoù touseg, razh ar c’habelloù touseg skarzhet e Bro Champagne ! Ne chomehe netra aman da lakaat war hor c’hrampouezh deomp-ni ! Nag ur spont...
Christian Le Meut

La Bretagne aux Bretons et... ?

Tous les ans fleurissent de belles affiches sur les routes bretonnes pour souhaiter la bienvenue aux gens qui viennent nous voir. Elles disent : “La Bretagne aux Bretons”. Une autre montre une affiche avec une mosquée et dit, je cite de mémoire “C’est ça la France”... Et oui, il y a des mosquées France, notamment en Bretagne, à Rennes. S’il y a des musulmans en Bretagne, ils ont droit à des lieux de cultes dignes, comme les catholiques, les protestants, les juifs, les bouddhistes et les autres. Et il est d’ailleurs particulièrement important de reconnaître à part entière l’islam dans la société française et de l’aider à se structurer, ce qui se fait depuis la création du Conseil français du culte musulman.
Ce type de structure existe également pour les églises chrétiennes et juives. Certes, cet organisme fonctionne de manière un peu chaotique et pas toujours très claire mais c’est probablement une voie pour intégrer l’islam et les musulmans, en France dans le cadre des lois sur la laïcité.

Les ravages du racisme
Trop souvent encore, les mosquées ou les salles de prières sont érigées avec de l’argent venant de pays étrangers, d’Arabie saoudite, de Turquie, du Maroc, et d’autres pays, en fonction des origines de la communauté qui, en France, érige le lieu de culte. L’imam est souvent de la même origine que l’argent ayant financé le bâtiment. Il n’est pas toujours français, ne parle pas toujours le français, et ne connaît pas forcément les lois et les usages de notre pays. Parfois même, il a été formé pour lutter contre ces lois et ces usages considérés comme contraire à l’islam...
Il est donc important de savoir d’où vient l’argent et de former des imams en France. Car une grande partie de la jeunesse d’origine musulmane cherche ses racines et son identité dans une société française où il est beaucoup plus difficile de trouver du travail et un logement quand on s’appelle Mouloud ou Mohamed, que quand on s’appelle Christian. Et la mosquée est l’un des rares endroits où ces jeunes sont accueillis à bras ouverts et pas toujours sans arrières pensées d’embrigadement.

Mille façons de vivre l'islam
Or il y a beaucoup de façons de vivre l’islam. La grande majorité des musulmans pratiquants de France veut pouvoir vivre sa foi tranquillement, prier dans des conditions décentes. Elle a intégré les règles de la laïcité, si tant est que la République traite à égalité l’islam et les autres religions. Si tant est également que les populations d’origine musulmane ne soient pas rejetées pour des raisons de couleur de peau.
Voilà les considérations qui me venaient en voyant, comme chaque année, hélas, ces affiches collées tout au long des routes bretonnes.
Dans le jeu des slogans débiles, mais dangereux, nous avons donc “La Bretagne aux Bretons”; d’autres disent “La France aux Français”. J’en ai trouvé un autre, encore mieux : “La Champagne aux champignons”. Oui mais voilà, si on expulse tous les champignons en Champagne, il ne nous restera plus grand chose à mettre sur nos galettes bretonnes... Des berniques peut-être ?

Christian Le Meut

07/11/2005

Cajun - breton : deux ethnocides invisibles des médias ?

Les événements récents de Louisiane m’ont fait remettre à jour une chronique écrite en janvier 2004 sur une émission de France Inter qui aurait pu concerner la langue bretonne si l’on avait pu remplacer le mot “français” par “breton”. Car c’était de la Louisiane, dont il était question, région où la langue française a fait l’objet d’une politique d’éradication... J’ai été surpris, d’ailleurs, de ne pas entendre un seul francophone témoigner, en septembre, des ravages de l’ouragan Katrina en Louisiane, même sur les médias français, pourtant les premiers à se gargariser de la francophonie. Car plus de 200.000 personnes parlent encore français en Louisiane, mais pas à la Nouvelle-Orléans !
Selon Elaine F. Clément, membre du Conseil pour le développement du français en Louisiane : “Il y a très peu de francophones à La Nouvelle-Orléans. Pourquoi - c'est toute une histoire - l'américanisation, l'assimilation, l'avidité. La plupart des francophones sont dans les endroits plus ruraux. Les villes de Lafayette et Houma sont les plus grandes villes francophones. L'Ouragan Rita a frappé des endroits plus francophones. Dans la presse américaine, on était encore invisible”.

Le Lay : pas d'enquêtes mais des réfutations
Mais, autre constat surprenant, si les déclarations de Patrick Le Lay sur le “génocide culturel” pratiqué par la France à l’égard de la langue bretonne, ont suscité des commentaires dans certains médias parisiens, je n’ai vu aucun reportage, aucune enquête de terrain dans ces mêmes médias pour savoir si Patrick Le Lay disait vrai ou pas ! Aucun journaliste n’est, à ma connaissance, venu en Basse-Bretagne (la Bretagne bretonnante) pour établir sur les propos du patron de TF1 relèvent de l’élucubration “nationaliste” ou ont un fond de vérité... Par indifférence ? Par peur qu’il ait raison ?
Comme si établir les faits importait peu; comme si la réalité n’était pas importante... Comme si le commentaire valait plus que la compréhension de la réalité. Comme si le simple fait que cela soit dit par Patrick Le Lay lui ôte tout crédit... Mais les journalistes désireux de comprendre ce qu'est un ethnocide ne sont pas obligés de venir en Bretagne. Ils peuvent aussi se rendre en Louisiane où se trouve également une minorités "invisible" : à bien des égards, les francophones de Louisiane et les bretonnants de Bretagne sont dans le même bateau.

“Les Cajuns (chronique de janvier 2004)
“Le premier dimanche de cette nouvelle année, j’ai entendu, sur France inter, une émission surprenante. Elle était, en effet, consacrée à une langue régionale, sujet que les médias parisiens abordent assez peu d’habitude... Une langue régionale donc, sans statut officiel mais parlée depuis des siècles et transmise de génération en génération sauf pour les dernières qui n’ont pas appris la langue de leurs parents, mais uniquement la langue officielle.
En effet, l’école, l’Etat et quasiment toutes les institutions ont adopté une politique d’abandon de cette langue régionale. Méprisée, dépréciée, elle n’est plus parlée aujourd’hui, quotidiennement que dans certains coins à l’écart. Des personnes âgées ont dit à France Inter leur tristesse et leur colère de voir leur langue maternelle se perdre...
Je me suis dit qu’entendre une telle émission sur un radio nationale était une bonne chose pour montrer aux auditeurs français ce que signifie une politique délibérée visant à la disparition d’une langue... Mais, vous l’avez probablement compris, cette émission de radio n’était pas consacrée aux langues régionales en France, mais à une langue régionale aux États-Unis, le cajun. Nous étions en Louisiane mais il aurait suffi de pas grand chose pour se croire en Bretagne, en Occitanie, en Corse, au Pays-Basque... Déplorable est l’état de la langue française, dans son dialecte cajun, aux États-Unis : pas de statut officiel, un enseignement bilingue très récent et très partiel... Qui plus est, c’est le français de France qui est enseigné dans les écoles, pas le cajun ! Dur dur, alors, de se comprendre avec les anciens qui parlent encore la langue...
Mais quand aurons-nous droit, sur les médias dits nationaux, à des émissions permettant de mieux comprendre la situation des langues régionales en péril dans l’Hexagone ? A moins que ce qui se passe en Louisiane soit plus intéressant que ce qui se passe en Occitanie, en Alsace, en Corse ou en Bretagne...”
Christian Le Meut

04/11/2005

Rosa Parks

Marv eo Rosa Parks n'eus ket pell zo; ma faota deoc'h gouzout un tammig muioc'h a ziouti, sellit doc'h
www.rosaparks.org

Ur pennad skrid a feson zo war al lec'hienn internet Grioo.com :
http://grioo.com/info5692.html 

Rosa Parks est décédé il y a quelques jours; deux sites internet présentent cette femme courageuse qui a déclenché le mouvement des droits civiques aux Etats-Unis.