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03/05/2005

Referendom : sonjoù Angèle Jacq

Anjèle Jacq, skrivagnourez a zo e barzh “Galv Karaez evit an demokratelezh ha gwirioù mab den” a gav dezhi eman ar vonreizh nevez un araokadenn bras. Setu ar pezh skrivet geti : “Un araokadenn vras eo ar vonreizh-se. Sklaer eo meneget enni ar minorelezhioù hag an ezhomm da dostat al lec’hioù divizan diouzh ar sitoianed, ur c’hammed war-raok hervezomp - hag a vo gadarnaat -. Sur-tre emañ hag a chomo ar vonreizh-se da wellat a-hed an amzer rak netra n’eo biskoazh peurlipet da vat. Eveljust e vo ret kas a-raok an tu sokial en ur ingalañ al lezennoù en tu-se. Hep ar c’hen-lusk-se e raio diouer ar reizhded ha c’hen emglev er gevredigezh european.
Neoazh, aesoc’h e vo deomp ober berzh ha gwellat buhez an dud, kas war-raok an ekonomiezh hag ar gwarezh-natur pa hor bo muioc’h a c’halloud war hor pemdez en ur Breizh klok, pa n’hor bo ket da c’hortoz youl vat ur stad arajet war hor rañjennoù.
Direizh e vefe ret tremen dre Paris gant an teuliadoù, hag ivez gant ar yalc’hadoù european roet d’ar Rann-vro dibabet. Lakat a ra ar Stad, hep mezh, un tamm eus an arc’hant roet gant en Europa; d’ar Stad da gargañ e c’horn-butun-bloaz, aet da hesk - 16.000 euro a zle dre zen e bro C’Hall d’an 31.12.2003, p’en defe labour ha ti pe pas; budjet kempouez ebet dibaoe 1974! Se a zigas ezhommoù. Komprenet en deus Europa ar c’hoari hag a-c’houde c’hwec’h vloaz e vez goulennet ganti, d’an 31 a viz Kerzu, rentañ an arc’hant ha n’eo ket bet ingalet er rannvroioù !
Dont a raio tamm ha tamm war wel un emskiant publik european dre ar skrid-stud a vonreizh-se. Bez e c’hello an Europeaniz dibab an Europ a fello dezho kaout. Ret vo d’an dilennidi gall sujañ da gement-se. Ne c’hello bre C’Hall tremen e-biou”.
Angèle Jacq
Galv Karaez : BP 215, 29834, Karaez plouguer-cedex
appel-de-carhaix.org

02/05/2005

"Un oui breton à la constitution"

Patrick Malrieu et Tangui Louarn, deux membres du mouvement culturel breton, explique dans ce texte les raisons de leur soutien à la constitution.
"Nous, Bretons, sommes des Européens, héritiers d’une longue civilisation aux apports multiples. Nous voulons construire une citoyenneté européenne, protectrice d’un modèle social et culturel de progrès fondée sur les droits de l’homme. Nous voulons une union des peuples européens, une communauté de citoyens.

C’est pourquoi nous approuvons le projet de Constitution européenne qui représente un approfondissement des droits et qui permet la mise en place d’institutions mieux contrôlées par les citoyens eux-mêmes et leurs représentants élus.

La Constitution européenne ne définit pas une politique qui reste du ressort des représentants nommés par les gouvernements des Etats (Conseil européen composé des chefs d’Etat ou de gouvernement, Conseil des ministres composé des gouvernements des Etats, Commission) et de celui du Parlement européen élu au suffrage universel. Mais elle définit des grands principes qui servent de référence et de recours.

Nous soulignons en particulier que la Constitution européenne se fonde sur le respect droits de l’homme, y compris des droits des personnes appartenant à des minorités (article I-2),le pluralisme, la non discrimination, la tolérance, la solidarité.

La Constitution respecte la diversité culturelle et linguistique et veille à la sauvegarde et au développement du patrimoine culturel européen (article I-3) y compris dans ses dimensions régionales (III-280), contrairement à la Constitution française qui oppose toujours ses articles 1 et 2 de manière discriminatoire et excluante à tout progrès dans le sens de la reconnaissance de la diversité. Si la Constitution européenne ne remet pas en cause les dérives de la Constitution française, par contre, plus l’Europe démocratique et respectueuse de ses citoyens deviendra une réalité, plus il sera difficile à l’Etat français de maintenir des attitudes centralistes et jacobines rétrogrades.

Sur le plan social et économique, la Constitution se fixe pour objectif un développement durable tendant au plein emploi. Elle combat l’exclusion sociale, et les discriminations, promeut la justice, la protection sociale, l’égalité entre les femmes et les hommes, la solidarité entre les générations et la protection des droits de l’enfant. Elle promeut la cohésion économique, sociale et territoriale.

La Constitution européenne représente une véritable avancée de la démocratie tant représentative que participative. Les lois et lois-cadres européennes seront adoptées conjointement par le Parlement européen et le Conseil des ministres, et le refus du Parlement empêcherait l’adoption d’une directive comme celle de M. Bolkenstein. La mise en œuvre des principes de la démocratie participative va donner plus de pouvoir aux citoyens. Conformément à l’article I-47 de la Constitution, les institutions européennes doivent entretenir un dialogue ouvert, transparent et régulier avec les associations représentatives et la société civile. Alors qu’en France, les propositions de loi des parlementaires ne sont pratiquement jamais examinées, un million de citoyens européens pourront déclencher une proposition de loi de la Commission, si elle est conforme aux principes de la Constitution.

Jamais dans l’histoire, le peuple n’ a été autant associé au débat et au choix d’une constitution qu’il ne l’est aujourd’hui. Jamais une constitution n’a été élaborée de façon aussi démocratique en associant les différents points de vue et acteurs de la société civile, des représentants des gouvernements et des parlements nationaux et européen, du Comité des régions, du Comité économique et social. Qui, en France, a lu et connaît la Constitution française de 1958 élaborée par M. Michel Debré, sans débat démocratique et qui nous régit aujourd’hui ?

Face aux grandes puissances existante (USA) ou à venir (Chine, Inde, Amérique du Sud…) disposer d’une Europe cohérente et renforcée dans sa capacité de décision est une condition impérative pour notre avenir sur les plans économique, culturel, social, diplomatique, de défense et d’entraide internationale.

C’est la première fois que des peuples peuvent choisir, de façon démocratique et sans guerre, de se donner un destin commun dans le respect de leurs identités.

En conséquence, nous pensons que la Bretagne, ses habitants, son économie, sa culture, ont plus à gagner avec une Europe plus forte, plus solidaire, qu’avec le repli nationaliste français. C’est pourquoi nous voterons OUI et pourquoi nous appelons à voter OUI au projet de Constitution européenne qui marque un nouveau progrès dans l’histoire européenne et celle de l’humanité.

Patrick Malrieu, Tangi Louarn

Contact : tangi.louarn@wanadoo.fr

04/04/2005

Je fais un rêve*

Un soir de mai 2010. Je rentre de mon travail, comme d’habitude, vers 22 h. J’ai une demi-heure de route et j’écoute la radio : en breton. Depuis fin 2005 je peux écouter une radio en langue bretonne 24 h sur 24 h. Grâce au soutien du conseil régional, passé à gauche en mars 2003, une chaîne de radio émet désormais toute la journée dans cette langue sur les cinq départements de la Bretagne historique...

Avant : impossible d’écouter une émission en breton quand je rentrais du boulot. La seule radio associative bilingue du département n’émettait plus que de la musique. Quant à la seule radio publique (très) partiellement en breton (France Bleu Breizh Izel à Quimper), elle cessait ses émissions dans cette langue à 21h... Aujourd’hui, France Bleue est réellement bilingue, moitié des programmes en breton, moitié en français. Quant à ma radio bilingue préférée, Radio Bro Gwened (“Radio Pays vannetais”, associative), elle a vu les aides de la région et du département augmenter, et ses programmes en breton se développer.

Même à la télé, les choses ont fini par évoluer. Jadis : une heure dominicale sur F3 plus cinq minutes quotidiennes durant la semaine et une émission pour les enfants le mercredi, soit environ 1h30 de breton par semaine ! Aujourd’hui : six heures de programmes par jour ! Reportages, interviews, talk-shows (comme on dit en français), émissions de variétés, dessins animés, journaux, jeux débiles et d’autres moins débiles.

La presse écrite a suivi : une page désormais chaque jour breton dans le quotidien Le Télégramme et autant dans le concurrent Ouest-France. Un hebdomadaire, Ya !, (“Oui !), lancé en 2005, a réussi à s’implanter, plusieurs mensuels en breton existent, généralistes ou spécialisés, ainsi qu’une presse pour jeune... L’offre s’est diversifiée, et cela incite les jeunes bretonnants à lire en breton : ils sont 20.000 actuellement, en filière bilingues ou Diwan (immersion en breton avec introduction du français progressive) de la maternelle au lycée, contre 9.000 en 2004. Ces filières se développent, incitant les communes à développer des animations en bretons pour les enfants : contes, danses, chants, jeux...

Une matière “langue bretonne et civilisation celtique” est désormais suivie par tous les enfants des collèges, publics et privés, à partir de la cinquième, sur le modèle de ce qui se fait en latin. Les petits Le Meut, Le Fur, Le Corvec, habitant Concarneau (Konk Kerne), Auray (An Alré), ou Carhaix (Karaez), apprennent désormais l’histoire de leur région et peuvent chercher à comprendre ce que signifient leurs noms de familles... Les élèves qui veulent continuer cette matière le peuvent systématiquement. Jusqu’à récemment, la majorité des collèges ne proposaient même pas une heure de breton en option.

Du coup, l’offre d’emplois en breton se développe dans l’animation, l’édition, les médias, l’enseignement, les maisons de retraite (pour accompagner certains anciens dans leur langue maternelle)... Quand une langue n’a plus d’intérêt économique (pour trouver du travail par exemple), elle est vite abandonnée par ses locuteurs.

Arrivant de mon travail, je trouve un message de mon petit cousin Kaourintiñ (Corentin). Il cherche un mot en breton et m’a laissé un message sur mon répondeur bilingue. Il s’adresse à moi car je suis un des rares dans la famille à pouvoir lui répondre, ayant appris le breton une fois adulte. Dans ma génération, je suis quasiment le seul à parler la langue. Mes quatre grands parents, pourtant, avaient le breton pour langue maternelle. Mais ils avaient bien intégré l’interdiction de transmettre le breton à leurs enfants. Mon père, ainsi, entendait ses parents parler en breton entre eux lors des repas mais n’avait le droit de s’adresser à eux qu’en français...

Mes quatre grands parents étaient donc bilingues. Mes parents ne le sont pas, même s’ils savent beaucoup de choses en breton pour l’avoir entendu parlé. Et ma génération est unilingue. C’est sans doute ça le progrès...

L’élection de Jack Lang à la présidence de la République, en 2007, a aussi permis des avancées de taille. Ministre de l’Education nationale sous le gouvernement Jospin, il avait tenté d’intégrer les écoles Diwan dans l’Education nationale. Le Conseil d’Etat avait fait capoter cette tentative. Diwan pratique la pédagogie par immersion en breton et introduit progressivement le français ensuite. Selon le Conseil d’Etat cette pédagogie était illégale. De fait, toutes les écoles bilingues de France, étaient quasiment illégales. Toutes les matières, exceptées les langues, devant être enseignées en français...

Le changement de Constitution demandée par Jack Lang a permis de faire une place aux “langues de France”, à côté du français. La Charte européenne des langues minoritaires, signée en 1999 par Jospin, a enfin pu être ratifiée. A l’époque, le conseil Constitutionnel, consulté par Jacques Chirac, avait déclaré cette signature incompatible avec la Constitution. Désormais officiel en Bretagne, le breton peut être employé dans les débats des conseils départementaux et régionaux, la traduction simultanée étant assurée. Les textes officiels peuvent être rédigés dans les deux langues. La République renoue ainsi avec les révolutionnaires puisqu’en 1790 la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen avait été traduite en quatre langues “régionales”, dont le breton.

Christian Le Meut

* Article paru dans la revue Alternatives Non-Violentes (centre 308, 82 rue Jeanne d'Arc, 76000 Rouen), revue trimestrielle de recherche sur la non-violence qui publie, dans chaque numéro, un "rêve" sur le modèle de celui de Martin Luther King. Mail : anv.revue@wanadoo.fr
An destenn-se a zo bet skrivet e galleg hepken.

29/03/2005

Hennebont : diorren padus pe fank padus ?

Ar yaou tri a Viz Meurzh paseet, e fin emvod ar c’huzul-ker, an aotrou maer, Gérard Perron (PC) n’doa lâret d’ar guzulerion e vo kaset fank porzh An Oriant en Hen-Bont, e Polvern, ur vengleù tost d’ar Blanhoeh. Ha setu bec’h er vro ! Hag an ekologourien d’en em sevel a-enep ar raktres-se. Ya, met re ziwezhat. Graet oa an taol dija ! Pewar mill metrad kub fank toxik ha pussunus oa bet kaset dija e Polvern. Ne chomint ket nemet tri mizh, hervez an emglev savet etre ti-ker an Hen-Bont hag ar prefeti. Da wellet... Tri mizh, n’ont ket sur, me. Met displegomp an traoù...
Bagoù brezel e vez savet e porzh An Oriant abaoe pell. Al labour-se a veze graet get an Arsenal gwezhall; hag an arsenal a zo deuet da vout an DCN (Défense construction navale...) abaoe un nebeut bleadeù. Louzet e vez porzh An Oriant get al labour-se. Araok, an Arsenal oa e-dan lezennoù ar stad hag an arme... Breman, DCN zo ur stall privez. Araok ne veze ket komzet a fank porzh An Oriant. Petra veze graet gante ? Skarzhet vezent er mor etre enezenn Groe hag an aod, hep goulenn netra da zen ebet.

Groez : nann d’ar fank
Met hiriv an deizh an DCN a zlehe goulenn an aotre evit lakaat ar fank en ul lec’h bennak... Er mor, etre enezenn Groez hag an aod, evel ma veze graet araok ? Pas. Echu eo : kumun enezenn Groez n’eo ket a-du, tamm ebed. Hag ar wirionez zo geti. Perak lakaat er mor ar fank louz-se, get traoù danjerus ha toxik e-barzh ? Evit lakaat ar pesked da vout klanv ha ni ar lerc’h ?
Ha setu an DCN emmerdet get he fank... Daouzek mil metrad kub zo bet tennet ag ar porzh evit lesket da vont kuit bagoù brezel nevez savet en Oriant (ha kement-se e chomehe e don ar porzh...)... Petra gober get ar fank-se ? Moian zo d’her golc’heiñ, met koust a ra keroc’h, keroc’h evit bout skarzhet er mor. Pe d’her lakaat en ul lec’h bennak didreuzus, koste an Oriant pe Lanester... e c’hortoz bout disaotret, goude.
Met n’eo ket ar pezh a zo bet sonjet get tud an DCN hag ar prefeti. Lec’hioù all zo bet klasket gete, hag unan zo en Hen-Bont, Polvern... Nag ur brav a lec’h, Polvern. E-tal ar Blanhoeh, get koadeù, riolenneù, mennezhioù, ha c’hoazh... Ul lec’h bourrapl evit mont da bourmen... Bourrapl betek ar bloaz 2003. D’ar mare-se an aotrou maer doa roet an aotre da sevel un “decharge” du-hont evit lakaat traoù-lous, met pas danjerus. An aotre-se zo bet roet get ar maer e-unan kar ar guzulerion all doa votet a unvouezh a-enep ar raktres-se. Ne vern... Mod-se eman an demokratelezh en Hen-Bont.
Polvern zo bet choazet neuze get ar prefeti evit lakaat pewar mill metrad kub fank toxik... Met ne oa ket droad lakaat traoù danjerus e Polvern, hervez ar pezh sinet get ar maer e 2003. Ne vern, nullet eo bet an “arrêté”-se get ar prefeti... Ar maer n’eus goulennet kamionoù didreuzus evit kas ar fank betek Polvern ha nompass lousiñ an hentoù... Met al lod brasan ag ar gamionoù-se ne oant ket didreuzus, hag fank zo kouezhet war an hentoù...

Demokratelezh mod an Hen-Bont
Goulennet eo bet get ar maer ivez krouizeiñ toulloù bras ha didreuzus goloet get plastik... Graet eo bet, da gomans... Ya, met ur wezh kroget an traoù, ur bochad kamionoù zo daet get tonnennoù ha tonnenoù fank ha re vihan oa an toulloù... Skarzhet eo bet ar fank memestra, war an douar, mod-se... Kant metr a zoc’h ar Blanhoeh...
An aotroù maer n’eus graet e sonj e-unan, kazimant, hep goulenn netra d’ar c’huzul-ker araok... Mod-se eman demokratelezh e bro an Hen-Bont.
Ur bochad tud n’int ket kountant anezhe, tamm ebed. Ur gevredigezh, Amzer nevez Polvern*, a zo bet savet gete evit manifestiñ. Ar pal zo ivez da lakaad ar Stad da zerc’hel sonj e vo ret dezhan kavoud ul lec’h all evit ar fank lous-se ha netaat Polvern goude.
Kroget oa bet emvod ar c’huzul-ker get an “diorren padus”. Tier e vez savet d’an doare padus (biobrique, kanabl...) get ofis HLM Hen-Bont... Brav, met ne bado ket pell an diorren padus en Hen-Bont get razh ar fank toxik lakaet e Polvern. Diorren padus ar saotradur, ne lâran ket.
Christian Le Meut

* Nevez amzer Polvern, Le printemps de Polvern, 31 rue Jacques Brel, 56700 Hennebont. Tél : 02.97.36.58.82.
E brezhoneg : Christian Le Meut : 02.97.36.31.78.

10/10/2005 : ar fank zo bet kaset da Langedeg evit bout "disaotret" du-hont met penaos vo graet get fank porzh An Oriant en amzer da zonet ??? 

23/03/2005

Mon papy et les médias

Mon grand-père Julien a passé sa vie à Crac’h (Morbihan), étant né à huit kilomètres de là, à Ploemel, en 1911. Il est décédé voici quelques années. Un jour qu’il était, comme d’habitude, à boire un coup au “Crac’h bar”, alors tenu par mon oncle, son fils, et ma tante, voilà qu’entre une journaliste...
Précisons que nous sommes en novembre 1991, la commune est envahie par une nuée de journalistes venus attendre là l’arrivée d’un Crac’hois célèbre : Gérard d’Aboville. Celui-ci terminait sa traversée du Pacifique à la rame mais n’était pas encore arrivé à bon port aux Etats-Unis. Télés, TF1, F2, F3 et les radios nationales n’avaient donc rien d’autres à se mettre sous la dent que la commune d’origine du rameur, même s’il n’y habitait pas et même si très peu d’habitants l’avaient rencontré en vrai. J’ai donc pu voir et entendre plein de “témoins” parler à la télévision ou à la radio d’une personne qu’ils n’avaient jamais vu, pour la plupart, qu’à la télévision...
Une de mes grand-tantes a répondu en bougonnant, et dans l’entrebaîllement de sa porte, que les exploits du rameur ne l’intéressaient pas... Le lendemain, elle s’est vue à la télé ! Et la voilà obligée d’expliquer à ses voisins pourquoi les coups de rames de Gérard la laissait indifférente. “Je ne savais pas que j’étais filmée” répondit-elle... Mais l’emballement médiatique autour de l’affaire exigeait que l’on s’intéressât à l’affaire...

Le papy à Sainte-Anne
Voici donc mon grand-père face à la journaliste d’un quotidien régional. Et lui, toujours farceur, de dire : “Tous les jours, ces derniers temps, j’ai été faire une prière à Sainte-Anne, pour que Gérard réussisse sont exploit”. C’était une blague, un canular, mais, le lendemain, c’était imprimé noir sur blanc sur le journal ! Et nous, sa famille, étions un peu gênés, comme lui -même d’ailleurs. Je lui ai demandé : “C’est vrai que tu es allé à Sainte Anne tous les jours ?”. Il m’a répondu : “J’y suis allé au moins une fois”... Et même ça, ce n’était pas sûr car mon grand-père ne conduisait plus à cette époque, et ne pouvait aller à Ste-Anne tout seul. Y aller à pied, pas question. il avait beau être toujours valide, il fallait le transporter en voiture pour faire 200 mètres !
Mais l’histoire n’est pas finie : l’anecdote avait plu à un journaliste célèbre et, le vendredi suivant, voilà que nous entendons sur France 3, dans la bouche de Georges Pernoud, le présentateur de Thalassa, l’histoire d’un grand père qui est allé chaque jour de Crac’h à Sainte Anne, prier pour Gérard d’Aboville... Ainsi, le canular raconté par un grand-père à une table de bistrot est devenu une histoire vraie pour des millions de gens, car accréditée par des journalistes qui n’avaient pas vérifier la véracité des faits. Sans bouger de sa chaise, en ne faisant rien que boire un coup et répondre à des questions, mon grand père a réussi un coup “d’intoxication médiatique” !
Christian Le Meut

Sur le fonctionnement des médias un blog incontournable :
http://gponthieu.blog.lemonde.fr

21/03/2005

Ma zad kozh hag ar mediaioù

Ma zad kozh Julien a oa o chom e Krac’h, hag oa bet ganet e Plenver e 1911. Hennezh oa ur paotr a gare dezhan ober goapoù ha farsadennoù. Ur wezh, e 1991, ma zad kozh oa oc’h evan ur banne, evel bemdez, e barzh an davarn, ar “Krac’h bar”. D’ar c’houlz se, an tavarn se oa dalc’het ged me eontr, mab ma zad kozh, ha me moereb. Ha setu ur plac’h o vont e barzh an tavarn, ur gazetenerez anezhi ! D’ar mare se, ur bern a gazetennerien o doa aloubet parrez Krac’h, a gaos d’ur paotr all ag ar barrez, ur paotr brudet : Gérard d’Aboville.
E paouez treuziñ ar mor vras Pasifik oa ar paotr se, met ne oa ket degouezhet c’hoazh... Hag ar skinvelloù, TF1, F2, F3, hag ar skingomzioù broadel, France Inter, Europa unan, ha c’hoazh, oa aet da Grac’h evit atersiñ tud ag ar gommun-se, e c’hortoz... Daoust ma ne oa ket ken anavezet Gérard d’Aboville e Krac’h peogwir ne oa ket e chom du hont (e dud oa o chom e Krac’h) hag eñ oa aet kuit yaouank tre ag ar barrez ! A gaos d’an dra-se, m’eus gwelet meur a zen e komz e barzh an tele a ziout un den n’o doa ket gwellet james, nemet barzh an tele !

Pediñ evit Gérard d'Aboville...
Ha setu ma zad kozh da reskond d’ar gazetennerez : “Bremañ, eh an bamdez da Santez-Anna An Alré evit pediñ evit Gérard d’Aboville ”... Ne oa ket gwir, ur farsadenn oa, ur goap evel a vourre dezhan me zad kozh gober... Met skrivet oa an deizh ar lec’h war ar gazetenn get foto ma zad kozh ! Ha ne oa ket echu ar farsadenn : deiziadeù ar lerc’h, paour kaez ac’hanomp, petra hon’eus klevet war Frans 3 e pad abadenn “Thalassa”, lavaret get ur c’hazetenner brudet, Georges Pernoud ? “Hervez ur gazetenn un tad kozh, Julien, a Grac’h, a ya bemdez da Santez Anna evit pediñ evit Gérard d’Aboville”... Brudet-bras oa deuet de voud me zad kozh, met eñ ne oa ket en e aes penn da benn kar an istor ne oa ket gwir !
A c’houde, m’boa goulennet gantan : “E gwirionez, bet out bet e Santez Anna an Alré evit d’Aboville?”... “Ur wezh” n’eus respontet ma zad kozh, hep monet pelloc'h... Kazi sur eo : ne oa ket bet ma zad kozh du-hont, memes ur wezh. Arsavet en doa da vlenian abaoe pell, ha re bell eman Santez Anna a kGrac’h evit mont war droad pe war velo. Ha me zad kozh ne vourre ket anezhan kerzhet : ret e oa kas anezhan get ur c’harr evit monet daou gant metrad pelloc’h...
Setu : ur farsadenn lavaret get ur den a voure ober goap, deuet da vout un istor “gwir” evit millionoù a dud a gaos da gazetennerien n’o doa ket klasket ma oa gwir pe pas ar pezh lavaret getan ! Ur sort “intox mediatique” a oa bet graet get ma zad kozh, d’an taol-se, hep finval, hep ober netra nemet farsal hag evan ur banne en un davarn. Yec’hed mat d’an holl !
Christian Le Meut

19/03/2005

Devant ses juges...

La jeune femme est devant ses juges...
Nous sommes dans un tribunal correctionnel d’une ville bretonne. Quatre personnes sont jugées pour trafic de stupéfiants. Trois hommes, une femme. Deux des prévenus ont déjà vendu ou revendu, deux autres, dont la jeune femme, ne sont que des consommateurs. Mais la jeune femme s’était mis dans la tête de “rembourser sa dette EDF”, a-t-elle expliqué au tribunal, en revendant du cannabis. Une dette qui s’élève à 800 euros. Mère de deux fillettes qu’elle élève seule, elle a donc passé commande mais le livreur s’est fait pincer. Arrêté, il a donné le nom de ses complices et a fait plusieurs mois de prison avant d’être jugé, ce même jour...
“L’argent des allocations sert à payer votre cannabis”, lance un des juges... La jeune femme admet dépenser 80 euros par mois environ pour le cannabis, sur les 500 euros d’allocations qu’elle touche. Mais elle fait face : “Oui”, elle continue de fumer, “Non”, elle ne compte pas arrêter. Elle dit avoir la tête sur les épaules... Mais l’on n’est pas égaux face à ses juges. Lorsqu’un juge lui demande si elle croit donner le bon exemple, elle baisse la tête, marmonne une réponse inaudible...

Une forme de réponse viendra cependant de son avocate : elle voit régulièrement cette jeune femme emmener ses fillettes à l’école. Les services sociaux veillent au grain, une forme de tutelle est en place mais les fillettes ont été laissées avec leur mère. Certes, cette jeune maman fume du cannabis et contracte des dettes maisses filles manquent-elles pour autant de quoi que ce soit ? D’amour maternelle, de tendresse, d’écoute ? Rien ne permet de le dire et, pourtant, un jeune juge se permet de l’insinuer : “Est-ce une bonne éducation ?”, “Êtes-vous en état ?...
Et lui, et eux, ces trois juges qui officiaient ce jour-là, deux femmes et un homme. Quelle sorte de vie ont-ils ? Combien touchent-ils chaque mois pour vivre ? Que boivent-ils ? Que fument-ils ? N’ont-ils jamais consommé de cannabis, même un peu, même il y a longtemps ?
Question subsidiaire : peut-on être une bonne mère et fumer du cannabis ?
La jeune femme a eu trois mois de prison avec sursis.
Mieux vaut être juge, qu’être jugé.

Christian Le Meut 

Dirak he barnerion

Ar vaouez yaouank zo dirak he barnerion. Ni zo en ur lezvarn “correctionnel”. Hag an deiz-se a oa barnet pevar den, tri faotr hag ur vaouez. Daou baotr o doa gwerzhet kannabis, ar pezh a zo difennet grons ober, hag an daou zen all o doa butunet hepken. Met ar vaouez a faote dezhi gwerzhiñ ivez evit “paeañ he faktouroù EDF”, he deus displeget d’ar varnourion ! Un den oa daet a Baris evit degas dezhi, ha d’an daou zen all ivez, ar “butun drol”, ar c’hanabl, da werzhan pe da vutuniñ. Met arrestet oa bet ar paotr en ti-gar, tapet get ar valtouterion ha lakaet en toull bac’h. Eno, lâret en doa anvioù e genseurted d’ar bolis. Ha setu ar pevar den dirak o barnerien .
Ar vaouez, daou vloaz war-nugent anezhi, div verc’h yaouank dezhi, ne oa ket en he aes dirak ar varnerion, met reskont a rae memestra d’o goulennoù. “Ya”, dalc’het he deus da vutuniñ kanabl. “Ya”, dispign a ra war-dro pevar-ugent euro bep miz evit butuniñ. “Ya”, n’he deus nemet pemp kant euro roet get an alokasionoù bep miz evit ober war-dro an tiad, mageiñ ar vugale hag an all doberieù arall... “Nann”, ne laboura ket. “Nann”, ne faota ket dezhi cheñch.
Seurt respontoù nend inbt ket graet evit plijet d’ar varnerion. “C’hwi zo c’hwi un toksikomanez”, eme prezidantez ar jury. “N’on ket”, a reskont ar vaouez... Hag ur barnour all, yaouank awalc’h : “N’eo ket ur skouer brav a roit aze d’o merc’hed”... Ar vaouez a glask distag ur respont balbouzet ken izel an taol-man ma chom digomprenus...
Reskontet vo memestra met get hec’h avokatez : ar vaouez yaouank a ra war-dro he bugale; bemdez o c’has d’ar skol war droad. Gwir eo, emañ bet lakaet ar merc’hed edan gouarnasion ar servijoù sokial, d’ar re man da soursial anezhe, met lesket int bet get o mamm ur sort...
N’eo ket aes, bout barnet evel-se. N’heller ket reskont d’ar barnerion. Butuniñ a ra “butun droll”, kanabl, ar vaouez yaouank. Met daoust ag e tiover he merc’hed abalamour da gement-se ? Ha diover a reont karantez, c’hoarioù, kalon ur vamm ? N’eo ket sur. Ha penaos buhez o deus, ar varnerion-se doc’h o zu ? Hag o deus bugale ? Ha tud vad int ? Ha mont a reont-int bemdez da gas o bugale d’ar skol ? Ha pegement e vez touchet gante bep miz ? Petra e vez evet gete ? Butuniñ a reont kanabl a wec’hoù ?
Tri mizh toull-bac’h get “sursis” deus tapet ar vaouez yaouank. Aesoc’h eo barniñ evit bout barnet. Netra suroc’h.

Christian Le Meut 

15/03/2005

Bili da werzhañ : 20 € bep kilo !

Tostaad a ra Nedeleg ha me zo, marteze eldeoc’h-c’hwi, e klask traoù da brofiñ. Bet on bet koste Gwened en ur stal bras awalc’h e lec’h ma vez gwerhzet glouestroù bihan, arrebeuri, ha traoù all da vravaat an ti... Ha petra m’eus gwellet ? Bili. Bili da werzhañ ! Tost deg euros pemp kant grammes. Ugent euro evit ur c’hilo bili, mein bihan dastumet war an aod. Bizkoah kemend all ! Bez zo bili brav, se zo sur... Met ugent euro ur c’hilo : ker eo un tamm. N’eus kazimant netra d’ober nemet dastumiñ ar bili, o lakaat e barzh sec’hier ha setu, graet an taol. N’eus ket afer da blantiñ bili na d’o eostiñ ar lerc’h.

Ur sonj all zo daet diñ. Ha droad zo, benn ar fin, da zastumat ha da werzhan bili ? Ar re m’eus gwellet a zeu, marteze, ag ur veingleù bennak. Gwelloc’h vehe. Kar ar bili a zo war an aod, a zo da pep hini ac’hanomp ha n’eus ket droad d’o dastum benn ar fin. Nemet unan pe daou evit ar blijadur, met pas evit bout gwerzhet... Hag an dour ? Hag ar petrol, da biv int ?

Dour fall da evañ
Aman e Breizh e vez evet ganeomp dour lakaet e boutailladoù get stalioù bras evel Vittel, Evian, Volvic, ha c’hoaz. Ar mammenoù a zo dezhe, perc’hennet gete. Met an dour a zo edan an douar, barzh an “nappes phréatiques”, da biv eo? Deomp ni, d’am sonj, ha pas d’ar stalioù bras se... Ha ni da baeañ kaer ruz dour a zo deomp ni dija, peogwir n’eo ket mad awalc’h an dour red, an dour ag ar robinet. Re a zraoù lous a zo e barzh : nitratoù, pestisidoù, atrazine ha c’hoazh. Met louset e vez an aer ivez a gaos d’an dra se : ur bern kamionoù a zeu a bell evit kas deomp an dour se, ag ar Pirénéou, an Alpoù, Bro Vosges ha c’hoazh... Louziñ a reont an aer hag, oc’hpenn, danjerus int war an hentoù... Gounezet e vez mod se ur bern argant get stalioù bras pitaod dija, ar stall Nestlé, da skouer, argant roet ganeomp-ni, ha n’omp ket pitaod !

Gwelloc’h eo an dour red e Paris, sanset. Gwellet m’eus du hont skritellioù bras evit lâvar d’an dud da evan an dour-se. An dour e Paris zo mat da evañ, met pas e Breizh... Ha deomp ni, Bretoned, da c’hortoz c’hoaz. Ur bern argant, millionoù ha millionoù, zo bet dispignet dija get Bro Frans ha get rannvro Breizh evit gwellaat an dour red. Kondamnet eo bet Bro Frans dirak justis Europa a gaos d’an traoù louz a zo e barzh dour e Breizh. Met n’eo ket gwelloc’h c’hoazh an dour.

Traoù zo, a zo da razh an dud, evel an dour, evel ar bili war an aod. Diwallomp kar, re aliez, an traoù se e vez tapet, laeret benn ar fin, get tud pe stalioù kenverzh hag, ar lerc’h, gwerzhet deomp ni en dro ! Penaos a vez graet ag an dra-se : kapitalism...

Christian Le Meut 

20 euros, mon kilo d’galets, 20 euros !

Il y a peu je suis allé du côté de Vannes dans une de ces grandes surfaces qui vendent des petits meubles et des éléments de décoration. Et qu’ai-je trouvé ? Des galets ! Et oui, le galet se vend désormais, et à un bon prix : dix euros les 500 grammes ; soit vingt euro le kilo ! Pourtant, il n’y a pas grand chose à faire : les ramasser, les trier, les mettre en paquet, et le tour est joué. On n’a pas à les planter, les arroser, les moissonner... Le cours du galet est élevé donc, d’autant plus pour un produit qui ne sert à rien, sauf à décorer... Mais, du coup, je me suis posé la question : a-t-on le droit de ramasser des galets ? Ceux-ci provenaient probablement, j’espère, d’une carrière privée car ceux qui sont en bord de mer, sur les plages, sont sur le domaine public et appartiennent donc à tous. On doit pouvoir en ramasser un ou deux à l’occasion, par plaisir, mais guère plus. Car, si le galet domestique n’a qu’une utilité relative et décorative, le galet sauvage lui, a une vraie utilité dans la nature. Il se transforme au bout de quelques milliers ou millions d’années en sable. Il doit avoir aussi, mais je ne suis pas spécialiste, un rôle à jouer dans les flux marins et dans l’écosystème des plages...

Chère eau potable
Le galet, finalement, est comme beaucoup de ressources naturelles : il doit être préservé et tenu éloigné des appétits financiers, mais là non plus, ce n’est pas gagné. Car si l’on y pense bien, les sociétés qui vendent de l’eau en bouteilles, par exemple, ont-elles le droit de le faire ? Elles sont propriétaires de leurs sources et de terrains autour, mais sont-elles propriétaires des nappes phréatiques ? Et nous, de payer cher une eau embouteillée qui est, probablement, au départ, notre propriété collective, car nous ne voulons pas boire l’eau du robinet, trop polluée. Particulièrement ici, en Bretagne, où trop de polluants ont été, et sont encore, présents dans l’eau du robinet : nitrate, pesticides, atrazine, et je ne sais quoi d’autre.

Mais, finalement, notre consommation d’eau en bouteilles contribue aussi à la pollution : des millions de bouteilles en plastique sont ainsi jetées chaque année et doivent être recyclées... Des milliers de camions font des kilomètres depuis les Alpes, les Vosges, les Pyrénées, pour nous apporter cette eau. Ils contribuent également à rendre les routes plus dangereuses. Et nous, consommateurs, pas si riches que cela, d’enrichir des multinationales agro-alimentaires, comme Nestlé, déjà forts riches. mais futées : elles nous revendent embouteillée, une eau qui devrait être considérée comme un bien collectif. C’est à nous, mais nous devons l’acheter, et au prix fort, car l’Etat, défaillant, ne peut nous garantir une eau réellement potable. Cela s’appelle le capitalisme...
Même les Parisiens semblent mieux lotis. J’ai vu à Paris, en novembre 2004, une campagne d’affichage vantant les mérites de l’eau du robinet, bien meilleur marché que l’eau en bouteilles. Les autorités se gardent bien d’une telle campagne en Bretagne alors que la France a été condamnée devant la justice européenne pour le taux de nitrate trop élevé dans l’eau des robinets bretons...

Christian Le Meut 

08/03/2005

Ur "Vro gozh" re gozh...

Ur wezh, ar dro pemp bloaz zo, aet oan d’ur sonadeg e Pleuigner da selaou doc’h Denez Prigent ha Kanerion Pleuigner. Bourrapl bras oa an abadenn se met pas betek ar fin pa a zo bet lâret deomp da sevel evit kanal ar Vro gozh ma zadoù, ar c’han broadel a Vreizh... "Bizkoah kemend all", sonjet m’eus. Ne ouien ket a oa ur c’han broadel e Breizh hag, ouzhpenn se, ma zad, a oa e tal diñ a ouie kanal ar c’han se !  Me, me vourra kanal ha soniñ met pas evel se. Ne blij ket diñ pa e vez laret traoù sort sen, “Savit evit kanal ar c’han broadel”, nag e galleg, nag e brezhoneg, nag e bep sort yezh. A vizkoazh m’eus kavet sod sevel evit soniñ ur c’han broadel pe sevel dirak ur bannel broadel ivez, evel ma vehe traoù sakred.

A vizkoazh m’eus kavet kri, spontus ha xenophobe pozioù ar Marseillaise. Ha pozioù ar Vro gozh zo re gozh evidon me. Met erruet eo ar bloaz man kantved deiz a bloaz ar Vro Gozh. Savet eo bet hervez ar c’han broadel a Vro Gembre, get pozioù skrivet get Taldir Jaffrennoù, un barzh un tammig re gozh e sonjioù... Hervez ar gazetenn Bremañ (Miz Mae 2004), ar Vro Gozh zo bet dibabet, choaset, get an “holl Vretoned, evel o c’han broadel”... A bon ? Pegoulz eman bet votet an dra se, get piv ? Me, m’eus ket votet, na ma zud, ma ma zud kozh...

Ar Marseillaise a zo bet choazet el “kan broadel” eus Frans get ur parliament, get deputed ha senadourien dilennet get ar Franzision, hag get Bretoned en o mesk, d’un doare demokratel ur sort, e 1879. Memestra evit ar bannel... Demokratel oa met, red eo diñ lâret memestra, ne vote ket ar merc’hed d’ar mare se... Neuze, hanter demokratel oa... Penaos zo deuet da vout ar “Vro Gozh”, ar c’han broadel a Vreizh ? Ouion ket. N’eo ket an dra ofisiel. N’eo ket bet choaset get “razh ar Vretoned”, na get ar C’huzul rannvro. Memestra evit ar bannel, ar gwenn ha du, hag evit ar fest broadel a Vreizh a zo, sanset, ar sant Ewan, an naontek a viz Mae....

Gwellout a ran ur bochad bannielloù gwen ha du e pep lec’h e Breizh, lakaaet war an tier ker, da skouer. Klevet m’eus lâret ivez a zo bet kanet ar Vro Gozh get tud an UMP, e pad ur meeting evit ar votadegoù rannvroel paseet... Kement se ! Met petra a zo bet graet get tud a zehoù evit ar brezhoneg ? Epad pemp bloaz warnugent ar strolladoù a zehoù a zo bet e penn ar rannvro ha, d’am sonj, n’o deus ket graet traoù awalc’h evit sikour ar brezhoneg, ar gallaoueg, hag ar sevenadur a Vreizh... Kanal zo un dra. Lakaat bannieloù iwez. Arouezioù int, met ne reont ket ur bolitikerezh da vat. An dud a zehoù a Vreizh o deus kannet, amzer o deus da zansal breman...

N’ouzon ket ma z’eus afer eis ur c’han broadel evit Breizh met, ma z’eus ur referundum un deiz bennak evit choas ur c’han broadel, kinniget vo geniñ “Son ar sistr” evel kan broadel. Plijusoc’h, bourraploch’ a vo evit ar Vro Gozh re gozh, me lavar deoc’h : ”Ar sistr zo graet, lon la, evit bout evet, ar sistr zo graet evit bout evet, ar sistr zo graet evit bout, hag ar merc’hed, lon la, evit bout karet, hag ar merc’hed evit bout karet...”
Nag a blijadur ! Votiñ a rin evit ar sonen se, se zo sur. Ha, d’am sonj, gwelloc’h vehe chanj ivez komzioù ar vMarseillaise, met se zo un afer all.
Christian Le Meut

Un "vieux pays" trop vieux !

Il y a environ cinq ans, j’étais allé à un concert à Pluvigner, près d’Auray, pour écouter chanter Denez Prigent et les Kanerion Pleuigner. Le concert s’est très bien passé jusqu’à ce que, à la fin, on nous demande de “nous lever pour chanter l’hymne national breton”... Bizkoah kemend all, jamais autant, moi, je ne savais même pas qu’il y avait un hymne national breton et en plus mon père, à côté de moi, le chantait par cœur... Il y a des jours comme ça, où l’on découvre. Sauf que, je n’ai jamais bien aimé me mettre au garde à vous, surtout pour chanter un hymne national qu’il soit français ou breton. “La musique qui marche au pas, cela ne me regarde pas”, aimait à chanter Georges Brassens. Et j’ai toujours trouvé les paroles de la Marseillaise trop guerrières, belliqueuses et aux relents xénophobes... Quant aux paroles du Bro Gozh ma zadoù, l’hymne national breton, censément, “Vieux pays de mes pères”, elles sonnent un peu trop vieillottes à mes oreilles...

Et voici qu’est arrivé, en 2004, le centième anniversaire de ce cher hymne national breton inspiré de l’hymne national gallois avec des paroles en breton écrites par Taldir Jaffrenoù. Selon le mensuel Breman, cet hymne a été choisi “par tous les Bretons comme leur hymne national”... Ah bon ? Où, quand, comment et par qui ce chant a-t-il été décrété hymne national breton ? Moi, je n’ai rien voté, ni mes parents, ni mes grands-parents... Le parlement français a choisi La Marseillaise en 1879. Des députés et sénateurs élus par le peuple, et notamment par les Bretons, en ont décidé ainsi. Même chose pour le drapeau bleu blanc rouge et la fête nationale... Il s’agit d’une procédure démocratique, ou presque, puisqu’à l’époque les femmes ne votaient pas. A moitié démocratique, mettons. Mais rien de tel pour le Bro Gozh. Il n’y a pas eu de vote pour choisir cet hymne national, ni pour le drapeau, ni pour la fête nationale bretonne que certains placent le, 19 mai, jour de la Saint-Yves...

Je vois bien des drapeaux breton, ou des autocollants, sur beaucoup de voitures ou sur certains bâtiments officiels. Récemment, les candidats UMP aux élections régionales ont même chanté le Bro gozh pendant un meeting... Cela ne leur a pas porté chance. Drapeau et hymne sont des symboles mais ils ne remplacent pas une véritable politique linguistique. Qu’on fait l’UMP et la droite, pendant les 25 ans où elle ont été à la tête de la région, pour promouvoir la pratique de la langue bretonne, du gallo, pour aider la culture populaire bretonne, pour inverser la chute du nombre de bretonnants ? Manifestement, elles n’ont pas fait assez , ou alors à contre cœur, ni n'ont montré suffisamment de volonté face au centralisme parisien. La droite bretonne a donc chanté le Bro Gozh, elle a du temps, désormais, pour danser un laridé.

Je ne sais pas s’il y a besoin d’un hymne national en Bretagne mais, si un jour un référendum est organisé démocratiquement pour en choisir un, je proposerai plutôt “Son ar sistr”, la chanson du cidre : “Le cidre est fait, lon la, pour être bu, le cidre est fait pour être bu, le cidre est fait pour être bu, et puis les filles, lon la, pour être aimées, et puis les filles pour être aimées...” Voilà une chanson entraînante et conviviale. Je voterai donc pour Son ar sistr... Et puis je crois qu’il faudrait aussi changer les paroles de l’hymne national français, mais c’est une autre histoire...

Christian Le Meut