19/03/2005
Devant ses juges...
La jeune femme est devant ses juges...
Nous sommes dans un tribunal correctionnel d’une ville bretonne. Quatre personnes sont jugées pour trafic de stupéfiants. Trois hommes, une femme. Deux des prévenus ont déjà vendu ou revendu, deux autres, dont la jeune femme, ne sont que des consommateurs. Mais la jeune femme s’était mis dans la tête de “rembourser sa dette EDF”, a-t-elle expliqué au tribunal, en revendant du cannabis. Une dette qui s’élève à 800 euros. Mère de deux fillettes qu’elle élève seule, elle a donc passé commande mais le livreur s’est fait pincer. Arrêté, il a donné le nom de ses complices et a fait plusieurs mois de prison avant d’être jugé, ce même jour...
“L’argent des allocations sert à payer votre cannabis”, lance un des juges... La jeune femme admet dépenser 80 euros par mois environ pour le cannabis, sur les 500 euros d’allocations qu’elle touche. Mais elle fait face : “Oui”, elle continue de fumer, “Non”, elle ne compte pas arrêter. Elle dit avoir la tête sur les épaules... Mais l’on n’est pas égaux face à ses juges. Lorsqu’un juge lui demande si elle croit donner le bon exemple, elle baisse la tête, marmonne une réponse inaudible...
Une forme de réponse viendra cependant de son avocate : elle voit régulièrement cette jeune femme emmener ses fillettes à l’école. Les services sociaux veillent au grain, une forme de tutelle est en place mais les fillettes ont été laissées avec leur mère. Certes, cette jeune maman fume du cannabis et contracte des dettes maisses filles manquent-elles pour autant de quoi que ce soit ? D’amour maternelle, de tendresse, d’écoute ? Rien ne permet de le dire et, pourtant, un jeune juge se permet de l’insinuer : “Est-ce une bonne éducation ?”, “Êtes-vous en état ?...
Et lui, et eux, ces trois juges qui officiaient ce jour-là, deux femmes et un homme. Quelle sorte de vie ont-ils ? Combien touchent-ils chaque mois pour vivre ? Que boivent-ils ? Que fument-ils ? N’ont-ils jamais consommé de cannabis, même un peu, même il y a longtemps ?
Question subsidiaire : peut-on être une bonne mère et fumer du cannabis ?
La jeune femme a eu trois mois de prison avec sursis.
Mieux vaut être juge, qu’être jugé.
Christian Le Meut
09:05 Publié dans Breizh/Bretagne, Buhez pemdeziek/Vie quotidienne, Buhez sokial/Vie sociale | Lien permanent | Commentaires (0)
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