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27/10/2008

Peuchère, Marius a perdu son accent marseillais !

On lit parfois dans la presse des citations qui surprennent un peu comme celle-ci, tiré du Monde (30 septembre 2008), concernant la mise en scène de la pièce de Pagnol, "Fanny", par la Comédie française, jouée sans l'accent marseillais : “Ce choix est revendiqué haut et fort par Muriel Mayette, l’administrateur général de la Comédie-Française, et par Irène Bonnaud, la metteuse en scène de la pièce, qui entend rendre justice à “l’universalité” de Pagnol, et “démontrer que Fanny n’est ni folklorique ni pittoresque, mais une des grandes oeuvres du répertoire théâtral français”.

Parce que jouée avec l'accent marseillais,"Fanny" serait "folklorique" et "pittoresque" ? Pourquoi ça ?  Pourquoi l'accent marseillais serait-il moins "universel" que l'accent français standard que l'on entend dans les médias ou à la Comédie française ? Jouer Fanny sans cet accent, pourquoi pas, mais pourquoi prétendre que cela rendra la pièce plus "universelle" ? Le français se parle dans le monde entier avec des centaines, ou des milliers, d'accents différents à Toulouse, Lyon, Bordeaux, Marseille, Genève, Dakar, Bamako, Bruxelles, Port-au-Prince, Québec, et j'en passe. Ces accents là aussi sont "universels", tout autant que l'accent français standard qui sert dans la plupart des médias, mais ces derniers nous habituent peu, hélas, à cette variété d'accents.

J'ai le souvenir d'avoir vu les trois films de Pagnol, la trilogie, Marius, César, Fanny : le fait que les acteurs parlaient avec l'accent de Marseille (sauf M. Brun, un Lyonnais, lui), n'empêchait ni la compréhension, ni de goûter à la profondeur du texte, mais rajoutait, au contraire, une vraie saveur. Qui sait si, en perdant son accent, Marius ne risque pas, au contraire, de perdre un peu de son "universalité" ? Les personnes qui voudront se faire une idée pourront regarder cette pièce samedi prochain, 1er novembre, sur France 2.

Christian Le Meut

Peuchère ! Marius 'n'eus kollet e taol mouezh !

Lennet  e vez traoù drol, barzh ar c’hazetennoù, a wezhoù : ar pezh c’hoari Fanny, skrivet get Pagnol, a zo kinniget e Paris hiriv an deiz get ar “C’homedie française” hag an aktourion ne gomzont ket get taol mouezh Marseilh... Ar perak a zo displeget mod-se barzh Le Monde (30/09) : “Ce choix est revendiqué haut et fort par Muriel Mayette, l’administrateur général de la Comédie-Française, et par Irène Bonnaud, la metteuse en scène de la pièce, qui entend rendre justice à “l’universalité” de Pagnol, et “démontrer que Fanny n’est ni folklorique ni pittoresque, mais une des grandes oeuvres du répertoire théâtral français”.
Ha perak e vehe “folklorique” ha “pittoresque” komz galleg doare Marseilh war al leurenn, e Pariz ? Perak dilezel an taol mouezh-se ? N’eo ket ken “hollvedel” evit an taol mouezh “standard” klevet e Paris, er mediaioù ha c’hoazh ? Ha doujus eo, an dibab-se, e keñver Pagnol e-unan ?
Meur a feson a zo da gomz galleg, e Marseilh, Tolosa, Bourdel, Lille, Bruxelles, Genève, Dakar, Beyrouth, Montréal, ha me oar me. “Hollvedel” int, holl. Met pas evit tud zo a gav gwelloc’h lakaat un taol mouezh galleg “standard” (ho hini marteze), e begoù Marius, Fanny, Escartefigue, ha c’hoazh. Domaj eo, d'am sonj, rak an taol mouezh-se a gas saourentez d’ar pezh c’hoari (a vo skignet a-benn disadorn war Frans 2).

24/10/2008

Office de la langue bretonne : "L'enseignement bilingue se heurte à des difficultés"

La situation de l’enseignement bilingue en Bretagne en 2008 vue par l'Office de la langue bretonne :

"Pour la 31ème rentrée scolaire consécutive, l’enseignement bilingue continue sa croissance. Il concerne aujourd’hui plus de 12 000 élèves (12 287). De même, il s’étend toujours plus sur le territoire. Après la communauté de communes de Vitré l’année dernière, une nouvelle communauté de communes propose en effet l’enseignement bilingue en cette rentrée scolaire (communauté de communes du Val d’Ille).

Plusieurs nouveaux caps ont été franchis.
Diwan a passé le cap des 3000 élèves et a ouvert un nouveau collège en Loire-Atlantique, ce qui évitera dorénavant aux élèves de ce département d’avoir à se déplacer sur le Morbihan. Deux nouvelles écoles primaires ont également été ouvertes par l’association (La Mézière (35) et Saint-Renan (29)). Si elle continue de progresser ainsi, la filière immersive pourrait rapidement retrouver sa dynamique d’avant 2002.

La filière publique quant à elle a franchi le cap des 5000 élèves pour la première fois et propose également deux nouveaux sites (Pleyber-Christ (29) et Ploeren (56)). Sur l’ensemble de la Bretagne, l’enseignement public est celui dont les chiffres progressent le plus, surtout dans le Finistère, bien qu’il bénéficie de moins d’ouvertures qu’à l’ordinaire.

Globalement, l’enseignement bilingue dans les écoles privées se trouve dans une situation préoccupante. En 2008, outre le fait que pour la première fois aucun nouveau site n’ait été créé, l’un de ceux qui existaient a été fermé. Si les effectifs y augmentent encore légèrement , la progression s’est énormément ralentie, par rapport aux années précédentes.

D’une manière générale, l’on note cependant que le bilinguisme s’enracine de plus en plus profondément dans les communes qui dispose d’une offre bilingue.

Toutefois, la croissance repose essentiellement sur celle des sites existants et l’offre ne se développe pas assez vite (seul 5 % des écoles bretonnes disposent d’une filière bilingue).
En effet seules quatre nouvelles maternelles ont ouvert cette année.
Il y avait bien longtemps qu’il n’y en avait pas eu aussi peu, ce qui influe sur l’évolution, naturellement. La tendance au ralentissement de la croissance s’accentue donc encore du fait du petit nombre de nouveaux sites. Le taux de croissance de cette année est le moins élevé qui ait été observé dans l’histoire de l’enseignement bilingue en Bretagne (4 ,7 %).

Que ce soit dans les écoles publiques ou dans les écoles privées, l’enseignement bilingue se heurte à des difficultés. En cette rentrée scolaire, Lorient en est le cas le plus symptomatique : il y a trop peu de postes à l’école Merville pour accueillir tous ceux qui le souhaitent et les classes bilingues de l’école Saint-Christophe ont été fermées. Des problèmes de manque de remplaçants sont également signalés à Carhaix et à Lannilis pour le public.

En proportion, l’ouverture de sites bilingues dans le public en Alsace ou dans le Pays Basque Nord équivaut à plus de 12 fois ce qu’on observe en Bretagne.
Le problème en Bretagne ne vient pas de la demande : en certains endroits, les ouvertures sont refusées en dépit de la demande, en d’autres lieux, on manque de postes pour accueillir tous ceux qui le souhaiteraient ou pour permettre aux enfants de poursuivre dans l’enseignement bilingue. Il s’agit d’une demande exprimée qui n’est pas satisfaite.
Sur le terrain, on peut aussi parler d’une demande potentielle évidente à laquelle il n’est pas répondu.
Par ailleurs, on note que l’offre reste trop restreinte dans les grandes agglomérations où il n’est pas suffisant de disposer d’un seul site bilingue pour chaque filière : il est aujourd’hui nécessaire de réfléchir à l’organisation de l’offre de bilinguisme à l’intérieur des différents quartiers.

A l’heure où l’enseignement bilingue est de mieux en mieux perçu par les Bretons, les chiffres continuent de progresser mais à un rythme de plus en plus lent ; cette situation est paradoxale et n’est pas adaptée au défi qui reste d’assurer l’avenir de la langue bretonne, langue toujours classée en danger d’extinction par l’Unesco.
On observe que l’enseignement bilingue progresse là où il est déjà fort. Cela montre que la filière bilingue bénéficie d’une dynamique vertueuse : plus l’offre est large, plus elle intéresse de monde. Cela prouve aussi qu’il serait possible de faire mieux sur les autres territoires.

Le Conseil académique des Langues Régionales permet aux acteurs de faire le point et de discuter. Son rôle n’est pas de planifier le développement de l’offre d’enseignement bilingue. Pourtant, les exemples de la volonté du monde politique breton de s’engager résolument dans ce sens se multiplient et sont au diapason des attentes de la société civile.

L'Etat doit s’engager plus clairement dans la politique linguistique. Ce n’est pas une question de moyens. La gestion actuelle de l’enseignement bilingue ne permettra pas d’atteindre l’objectif de 20 000 élèves fixé par la Région. L’Office Public de la Langue Bretonne devrait à l’avenir regrouper l’ensemble des acteurs. Dans le cadre d'une politique linguistique globale, ce devrait être l’occasion de structurer l'offre d'enseignement bilingue en Bretagne comme le fait déjà l'Office Public de la Langue Basque depuis quatre ans."

22/10/2008

Déclaration des droits de l'enfant : rappel

"Article 30 de la déclaration des Nations Unies sur les droits de l'enfant (1989)"

"Dans les Etats où il existe des minorités ethniques, religieuses ou linguistiques ou des personnes d'origine autochtone, un enfant autochtone ou appartenant à une de ces minorités ne peut être privé du droit d'avoir sa propre vie culturelle, de professer et de pratiquer sa propre religion ou d'employer sa propre langue en commun avec les autres membres de son groupe."

17/10/2008

BD/BT: Un après-midi un peu couvert

aprèsmidi324.jpgUr vag. Ur paotr warni, Pierre, 25 bloaz, lakoomp, ur gasketenn war e benn. Ar vag a denn d'ar re a ya betek Enez Gerveur bemdez. An enezenn hag ar porzh e lec'h ma degouezh ar vag a denn d'ar Gerveur (get un nebeut tres Eussa hag ar Jentilez ivez) met n'eo ket : "Enez Neizh" eo. Ur vaouezh, yaouank c'hoazh, a zo e c'hortoz war ar c'hae. En em vriata a reont, laouen bras d'en em gavout en dro.

Ar vaouez a labour en enezenn e-pad tri miz miz evit studial laboused en arvar, ar "sataniged"(*). He mignon a zo chomet e Pariz; deuet eo d'hi gwelet e-pad un devezh met, dre wall chañs, ar vaouez a zo tapet get he labour. Ar paotr, neuze, a ya d'ober tro an enezenn e unan.

Pierre a zo ampart evit mont da gaozeal get ar re all : ar faktourez, pesketerion, ul labourer douar, ul livour a Vro Saoz, ur vedisinourez, tud an tour tann hag ur vaouez e toug, Brita Pohl. Met an ambians a zo stard awalc'h war Enez Neizh. Archerion a zo deuet. Ur mestr-skol n'eus forset bugale zo. Tapet eo bet met tud ar vro n'int ket a-du war ar pezh a zo d'ober war lerc'h : komz ha diskouezh an torfet, pe chom kuzhet...

Ar paotr, eñ, a selaou, ha c'houlenn tra man dra, a dap e begement a wezhoù, hag a c'hortoz e zousig... Betek an noz. Krouadur ebet gete. Ar vaouez, Catherine, a zo 38 vloaz. Mallus eo dezhe tapout bugale met ne gomzont ket a-ziar an dra-se. Betek un noziad war un enezenn ?

Ul liv hepken a zo er vandenn dreset-se, sepia, ar pezh a c'hellehe bout trist, met n'eo ket, brav eo memestra. Fromoù, fent (un nebeut), tud, darempredoù gwir etre an dud, Breizh, an natur : ar vandenn dreset a gas al lenner da veajiñ, ar pezh a zo plijus. Un nebeut brezhoneg a zo e-barzh (get un nebeut farioù) :

"...Leret din, dre hoc'h eginan

pe seurt galloud a zo el loar-gan...

Al loar gan, war dro Nedelek

a laka linn e peb havrek"...

Ho leskel a ran bremañ, mont a ran kuit d'ar Gerveur !

Christian Le Meut

- Philippe Squarzoni, "Un après-midi un peu couvert", embannet e miz Eost 2008 (Embannadurioù. Delcourt Mirages)

En français : note sur une bande dessinée attachante de Philippe Squarzoni, "Un après-midi un peu couvert", parue en août 2008 (Ed. Delcourt Mirages); l'histoire se passe dans une île ressemblant étonnamment à Belle-Ile (avec un peu d'Ouessant et des Sept-Iles). La note en français prochainement sur votre écran.

(*) "Pétrels" hervez Geriadur Favereau.

16/10/2008

Nations Unies : vers une déclaration des droits linguistiques ?

"Linguistic rights closer to being recognized by UN"/Les droits linguistiques pourraient être reconnus par les Nations Unis, c'est le sens de cet article édité par les centres Mercator-Ciemen qui poussent dans cette voie. Ces trois centres sont spécialisés dans le multilinguisme et basés au Pays de Galles, en Catalogne et au Pays-Bas :

"On Friday 26 th of September, coinciding with the European Day of Languages, the President of CIEMEN, Aureli Argemí, outlined the course of action his organization has taken so far towards the adoption of a Universal Declaration of Linguistic Rights by the UN. According to Argemí, two major milestones have now been achieved: an official document has been registered with the UN and a statement has been read before the General Assembly. Both successes have put the right of every individual to speak his or her own language firmly on the international agenda.

Throughout 2008, declared the International Year of Languages by the UN, CIEMEN has been lobbying the UN Human Rights Council (HRC) in an effort to place linguistic rights on the agenda of the states that are currently members of the Council. Argemí said that, although there was "little resistance" during the initial phase of contacting HRC delegates, "few states consider the matter of linguistic rights to be a priority". Asked if some states had been reluctant to support the initiative, Argemí said that "there is generally a positive reaction to the proposal", but few states "dare to take the lead, because there is a perceived lack of consensus" on the issue.

Argemí also wanted to make it clear that the lobbying process "is not about linguistic policies", but about getting linguistic rights recognized as human rights, which he considers to be "the first step towards ensuring respect for linguistic diversity". A series of interviews with ambassadors has been running in parallel to the lobbying process, and the support of a wide range of states including Mexico, Bolivia, Chile, Armenia and Nigeria has been secured."

For more information:

http://www.nationalia.info/en/news/271

14/10/2008

Web : blog Claude Nadeau

Claude Nadeau a zo ar glavisinourez a vro-gKebeg, brezhonegerez anezhi, a oa deuet da soniñ ha da ginnig he sonerezh er Webnoz diwezhañ. Ur blog hag ul lec'hienn internet a zo bet savet geti :

Claude Nadeau est la claveciniste québécoise, bretonnante, venue jouer et présenter sa musique lors de la dernière Webnoz. Elle a créé un blog et un site internet :

http://www.claudenadeau.net/blog/index.php

13/10/2008

Journalistes : "Pour un meilleur respect de notre déontologie"

Résolution du Syndicat national des journalistes réuni en congrès au Havre du 9 au 11 octobre 2008.

"L’existence de dérapages médiatiques et de certaines pratiques journalistiques douteuses amène le Syndicat National des Journalistes, première organisation de la profession, à faire les propositions suivantes afin de retrouver la confiance du public par une meilleure observation de la déontologie de notre profession.

1. Les chartes des devoirs et droits des journalistes (SNJ, 1918 et 1938 ; Munich, 1971) doivent être insérées dans la convention collective nationale de travail des journalistes afin d’être opposables juridiquement aux parties.

2. L’indépendance rédactionnelle doit être assurée par la reconnaissance juridique de l’équipe rédactionnelle.

3. Si les journalistes doivent être comptables de leurs manquements à l’éthique professionnelle (voir dispositif ci-après), ce doit être également le cas de leurs employeurs. Ce devrait être l’un des critères d’attribution des aides de l’État à la presse.

4. Les compétences de la Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels (CCIJP), organisme représentatif où siègent à parité journalistes et éditeurs, doivent être clairement élargies à la dimension éthique de la pratique journalistique. C’était d’ailleurs l’intention des promoteurs de la loi de 1935 instaurant la carte de presse, ainsi qu’en témoigne sans ambiguïté le rapport Brachart qui a précédé son adoption.

Lors de sa première demande de carte ou de son renouvellement, le journaliste devra s’engager sur l’honneur à respecter les principes professionnels contenus dans les chartes citées plus haut. Ainsi, en cas de manquement à ces principes, la Commission sera fondée à enquêter pour déterminer la chaîne des responsabilités, y compris hiérarchiques, et le cas échéant, à faire connaître publiquement ses conclusions.

A cette fin, la Commission pourrait s’autosaisir ou être saisie par des citoyens ou associations estimant qu’il y a eu manquement aux principes énoncés."

Résolution votée par le Congrès du SNJ, réuni au Havre, les 9, 10 et 11 octobre 2008.

12/10/2008

Delanoé : "A Paris, nous aidons l'école Diwan"

Bertrand Delanoé, maer Pariz, a zo deuet disadorn da Vreizh, da Zinzag Lokrist, evit komz dirak sosialisted ar rannvro. Lâret en deus e sonj e keñver ar brezhoneg d'al lec'hienn internet Maville.com/Bertrand Delanoé est venu en Bretagne, à Inzinzac-Lochrist samedi pour parler devant des socialistes de la région. Il a dit son opinion sur la langue bretonne au site internet Maville.com :

« La langue bretonne appartient au patrimoine de la France. Notre pays s'enrichit de l'apport des langues régionales, qui contribuent à construire notre bien le plus précieux : la diversité. A Paris, nous aidons d'ailleurs l'école Diwan qui promeut un enseignement en breton".

« Les socialistes doivent s'engager pour la défense de ce bien, et veiller à ce qu'aucun de nos concitoyens ne soit contraint à vivre sans passé".

Ar pezh a zo drol memestra : e Zinzag-Lokrist, ur gumun dalc'het get an sosialisted abaoe pell (abaoe fin an eil brezel bed marteze ?), n'eus ket na skol Diwan, na skol Divyezh, na skol Dihun, na kentel evit an oadourion, na...

Un truc bizarre cependant : à Inzinzac-Lochrist, ville dirigée par les socialistes depuis longtemps (la fin de la Seconde guerre mondiale ?), il n'y a ni école Diwan, ni école Divyezh (public bilingue), ni école Dihun (privée bilingue), ni cours de breton pour les adultes, ni...

 

Eugène Guillevic, Paroi

"Nous ferons de la terre
une cathédrale sans mur.

Les grandes orgues déjà
jouent la marée.

Les couleurs des vitraux
s'annoncent dans le jour.

Les blés sous la lumière
concrétisent l'espace.

Sur le corps des amants
l'ombre n'est pas la mort.

Les dimensions du monde
seront dans nos instants.

Chacun de nous
officiera."

Eugène Guillevic (1907-1997),
Paroi (p. 133. Ed. Poésie/Gallimard).

 

 

 

10/10/2008

Tro Breizh e brezhoneg

Yann brezhoneger a gonta e dTro Breiz war e vlog dezhan : ur perc'herinded eo, ha 1.700 den o deus kerzhet etre Gwened ha Kemper ar bloaz mañ. Ma faota deoc'h gouiet penaos a "gerzh" an dTro Breizh, kit da welet ar pezh a zo bet skrivet get ar perc'hirin-se war :

Tout savoir en breton sur le Tro Breiz, pélerinage qui a lieu tous les ans en Bretagne, sur le blog d'un participant bretonnant :

http://nann.nireblog.com/

09/10/2008

Loin de l'Afghanistan

Un matin de ce mois de septembre je courais le long du Blavet, sur le chemin de halage, vers 11h. D’habitude, je croise des gens qui se promènent, qui courent à pied, qui font du vélo, du cheval (les haras nationaux sont sur les bords du Blavet également)...

Mais ce jour-là c’est d’autres gens que je rencontrai, courant dans l’autre sens. De jeunes soldats à la tête peinte en vert et brun, comme s’ils étaient à la guerre. Un sac lourd sur le dos, ils couraient depuis longtemps. Suant et exténués. La plupart était épuisée. Certains marchaient. L’un d’entre eux me demanda si Hennebont était encore loin... Ils étaient surveillés par des officiers assis dans leurs véhicules. Je ne sais pas d’où ils venaient ainsi. Combien de kilomètres avaient-il couru. Dix, vingt ? Un camion les attendait à Hennebont, au lieu-dit La Poterie. Une voiture balais terminait la course. Un soldat était allongé dedans. Finie, la course, pour lui.

Courez de tout votre soûl
Ce n’était pas la première fois que je voyais des soldats courir ainsi le long du Blavet. Ce sont des engagés, payés. Ils n’ont pas été obligés de s’engager comme c’était encore le cas il y a une dizaine d’années, du temps du service militaire. Je le sais bien. Pourtant, j’ai pitié d’eux à chaque fois. Moi, qui suit en train de courir pour mon plaisir, regardant le Blavet, la nature, le ciel, les bois si beaux en automne. Mais, ce jour-là, j’eus encore plus pitié. “Courez garçons” me suis-je dit, “courez de tout vôtre soûl, autant que vous pouvez car peut-être, un jour, aurez-vous des talibans à vos trousses”. Le mois précédent dix soldats français avaient été tués là-bas (l’on ne sait toujours pas combien de Talibans furent tués dans cette bataille).

Pour dire la vérité, je suis un peu dubitatif en ce qui concerne la guerre en Afghanistan et ce qu’y font les armées française, étasunienne, britannique, etc. Elles ne pourront y rester définitivement, c’est évident. Mais elles ont été envoyées là-bas pour soutenir un gouvernement élu démocratiquement en 2003. Le gouvernement du président Karzaï tient Kaboul, et encore. Depuis 2001, quand les États-Unis chassèrent les Talibans, ce gouvernement n’a pas réellement construit, ou reconstruit, un Etat. Certaines régions sont indépendantes et tenues par les Talibans ou leurs amis.

Comment, pourquoi ?
Comment construire un avenir pacifique et démocratique en Afghanistan ? Ce ne sont pas les Talibans qui le feront. Que signifient les droits de l’Homme pour eux ? Les droits des femmes ? La liberté de penser, de parler, d’éditer. La “Shariah” est leur loi. Pas les droits de l’être humain.

Pourquoi envoyer des soldats là-bas ? Quelle est la volonté des Afghans ? Que veulent-ils pour l’avenir de leur pays ? Comment épauler ceux qui veulent construire un Etat démocratique ?

Ces questions trottaient dans ma tête tandis que je courais le long du Blavet ce jour-là. Dans un pays en paix. Mais la guerre en Afghanistan, finalement, n’est pas si loin.

Christian Le Meut