09/10/2008
Loin de l'Afghanistan
Un matin de ce mois de septembre je courais le long du Blavet, sur le chemin de halage, vers 11h. D’habitude, je croise des gens qui se promènent, qui courent à pied, qui font du vélo, du cheval (les haras nationaux sont sur les bords du Blavet également)...
Mais ce jour-là c’est d’autres gens que je rencontrai, courant dans l’autre sens. De jeunes soldats à la tête peinte en vert et brun, comme s’ils étaient à la guerre. Un sac lourd sur le dos, ils couraient depuis longtemps. Suant et exténués. La plupart était épuisée. Certains marchaient. L’un d’entre eux me demanda si Hennebont était encore loin... Ils étaient surveillés par des officiers assis dans leurs véhicules. Je ne sais pas d’où ils venaient ainsi. Combien de kilomètres avaient-il couru. Dix, vingt ? Un camion les attendait à Hennebont, au lieu-dit La Poterie. Une voiture balais terminait la course. Un soldat était allongé dedans. Finie, la course, pour lui.
Courez de tout votre soûl
Ce n’était pas la première fois que je voyais des soldats courir ainsi le long du Blavet. Ce sont des engagés, payés. Ils n’ont pas été obligés de s’engager comme c’était encore le cas il y a une dizaine d’années, du temps du service militaire. Je le sais bien. Pourtant, j’ai pitié d’eux à chaque fois. Moi, qui suit en train de courir pour mon plaisir, regardant le Blavet, la nature, le ciel, les bois si beaux en automne. Mais, ce jour-là, j’eus encore plus pitié. “Courez garçons” me suis-je dit, “courez de tout vôtre soûl, autant que vous pouvez car peut-être, un jour, aurez-vous des talibans à vos trousses”. Le mois précédent dix soldats français avaient été tués là-bas (l’on ne sait toujours pas combien de Talibans furent tués dans cette bataille).
Pour dire la vérité, je suis un peu dubitatif en ce qui concerne la guerre en Afghanistan et ce qu’y font les armées française, étasunienne, britannique, etc. Elles ne pourront y rester définitivement, c’est évident. Mais elles ont été envoyées là-bas pour soutenir un gouvernement élu démocratiquement en 2003. Le gouvernement du président Karzaï tient Kaboul, et encore. Depuis 2001, quand les États-Unis chassèrent les Talibans, ce gouvernement n’a pas réellement construit, ou reconstruit, un Etat. Certaines régions sont indépendantes et tenues par les Talibans ou leurs amis.
Comment, pourquoi ?
Comment construire un avenir pacifique et démocratique en Afghanistan ? Ce ne sont pas les Talibans qui le feront. Que signifient les droits de l’Homme pour eux ? Les droits des femmes ? La liberté de penser, de parler, d’éditer. La “Shariah” est leur loi. Pas les droits de l’être humain.
Pourquoi envoyer des soldats là-bas ? Quelle est la volonté des Afghans ? Que veulent-ils pour l’avenir de leur pays ? Comment épauler ceux qui veulent construire un Etat démocratique ?
Ces questions trottaient dans ma tête tandis que je courais le long du Blavet ce jour-là. Dans un pays en paix. Mais la guerre en Afghanistan, finalement, n’est pas si loin.
Christian Le Meut
23:03 Publié dans Etrebroadel/International, Gwirioù mab den/droits de l'être humain, Politikerezh/Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afghanistan
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