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29/05/2006

Aimer sans être aimé ?

“Si certains n'aiment pas la France, qu'ils ne se gênent pas pour la quitter", a déclaré, fin avril, nôtre vénéré ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy. Certains ont trouvé ces propos de bons sens; d’autres ont accusé nôtre futur président de la République de chasser sur les terres de Le Pen... Mais voyons cette petite phrase de plus près.

Qui sont ces “certains” qui n’aimeraient pas la France ? Je ne sais pas vous, mais moi, je n’ai pas choisi mon lieu de naissance. Je suis même né dans ce qui est aujourd’hui le “neuf - trois”, à l’époque c’était encore le “sept huit”, au Blanc Mesnil. Je suis donc peut-être un peu une “racaille” moi aussi... Je n’ai pas choisi mon pays ni non plus de naître Français, Breton, Européen, être humain, etc.

La France a connu des générations de travailleurs immigrés. Immigrés de l’intérieur, tout d’abord comme les Bretons, les Auvergnats, les Savoyards, les Corses (etc) ou d’autres encore partis également chercher du travail loin de leur pays natal : Belges, Polonais, Italiens, Espagnols, Portugais et enfin Africains, Maghrébins, Asiatiques. Quand je regarde les chantiers de construction de maisons, de bâtiments, de routes, d’entretien des chemins de fer, de barrages, je constate que beaucoup de travailleurs ont la peau sombre. Pas à cause du fait de travailler dehors, non. Ces travailleurs là sont venus d’Afrique ou d’Asie travailler en France et leurs enfants, nés ici, sont et seront Français.

Qui est visé ?
Aux mois de novembre et décembre des milliers de voitures ont été brûlées dans beaucoup de villes françaises; des installations ont été détruites et le feu même été mis dans des écoles. Mais les jeunes qui ont été arrêtés pour ces faits étaient quasiment tous Français. Très peu d’étrangers parmi eux. Alors qui Nicolas Sarkozy vise-t-il dans sa phrase ? Ces jeunes d’origine immigrée, déjà largement discriminés dans la société française, ou ces quelques milliers de Français fortunés qui aiment tellement leur pays qu’ils partent payer moins d’impôts ailleurs ? Et se se sentent-ils aimés de la France ces jeunes qui restent sans travail, sans logements, sans avenir, à cause de la couleur de leur peau, de leur nom de famille, du quartier qu’ils habitent et où ils ont grandi, de leur religion ? Ils faudrait qu’ils aiment la France, mais en sont-ils aimés ?

Quand je vois qu’une fillette de six ans, Russe, est cachée depuis des semaines par des familles brestoises pour ne pas être expulsée de France avec sa mère, je ne suis pas très fier de ceux qui gouvernent mon pays. Le pays des “droits de l’Homme”, soit disant, n’est pas près à accueillir en son sein une maman et sa fillette de six ans qui n’aura pas le temps d’aimer ce pays si elle en est expulsée avec sa mère vers la Russie. La petite fille en question est née hors mariage, situation dangereuse pour sa mère dans sa région d’origine, le Daghestan, où des intégristes musulmans pourraient la menacer...*

Et nous, Bretons. Notre langue est arrivée dans un état bien misérable avec ses quelques 250.000 locuteurs là où ils étaient un million encore il y a soixante ans; à force d’être méprisée, ignorée, mise hors la loi, exclue de l’école, de la vie publique et sociale. En inoculant aux Bretons le mépris de leur langue d’origine l’Etat les a rendus complices de la destruction de leur propre langue. Faire en sorte que les populations se fassent complice d’un crime qu’elles n’ont pas décidé, d’un crime culturel qu’est l’assassinat programmé d’une langue, c’est fort, c’est même machiavélique, mais ce n’est ni démocratique, ni respectueux des gens. La République aurait pu faire le choix du bilinguisme, en cohérence avec ses valeurs affichées. Elle ne l'a pas fait. Il faudrait donc que nous aimions cette République, je ne demande que cela. Mais nous aime-t-elle ?

Nous aussi, Bretons, avons donc des revendications à faire valoir. Car pour être aimé de ses citoyennes et citoyens un Etat démocratique qu’il soit une république, une monarchie ou autre chose, doit commencer par les écouter, les prendre en compte dans leurs différences, accepter d’évoluer. Et l’on est loin du compte. Il n’est pas facile de se faire entendre, en France si l’on ne fait pas partie du microcosme central. Alors saisissons les occasions qui se présentent comme cette grande manifestation du 3 juin, à Rennes, pour demander plus de moyens pour les langues régionales, la réunification de la Bretagne à cinq départements et plus de pouvoir pour notre région.
Christian Le Meut

* Ouest-France du 26 mai.

Comité de soutien à Patimat, école maternelle Jean-Macé, 43 rue du Château, 29200 Brest; internet : www.sauvezpatimat.canablog.com 

25/05/2006

Frans : karout hep bout karet ?

“Ar re na garont ket anezhe Frans ha c’hell he c’huitaat” : “Si certains n'aiment pas la France, qu'ils ne se gênent pas pour la quitter"; setu ur frasenn lâret get hor ministr muian... karet, ministr an Diabarzh, an aotrou Nikolas Sarkozy, e fin miz Ebrel. Tud zo a gav brav tre, speredek bras, ar frasenn se; tud all a gav sot ha danjerus sonjoù evel se, tost d’ar pezh a vez lâret get an aotrou Le Pen. Met danvez zo da sonjal pelloc’h memestra...

N’ouion ket penaos a oa bet an traoù ganeoc’h c’hwi met me, m’eus ket choazet emen e faote din ganeiñ. Dre zegouezh on ganet, er maez a Vreizh, koste Paris, er Blanc Mesnil; ur gêr a zo bremañ en departamant “nav tri”, evel ma larer. 93 : ur sort “rakaille” on me ivez, moarvat... M’eus ket dibabet ma bro. Ma zud a oa a Vreizh a mod se on ganet Gall ha Breton, hag European, ha mab den, ha c’hoazh.

Sitoianed ar vro
Tud all n’int ket ganet er vro... Ar re se a zo deuet a broioù estren evit labourat amañ, klask boued, sevel ur vuhez gwelloc’h, pe evit bout e surentez rak en arvar int en o bro... Abaoe pell tud evel se, micherourion, labourizion, repuidi a za da Frans. Araok e veze labourerion ag an diabarzh : Bretoned, Auvergned, Korsiked, ha c’hoazh. A c’houde, tud a broioù tost, evel Belgia, Italia, Espagne, Portugal... Har ivez tud a belloc’h : Afrika, Azia... Pa sellan, hiziv an deiz, doc’h an dud a sav tier, hentoù, pontoù, ur bochad anezhe zo du o c’hroc’henn. N’int ket bet krazet dre forz labourat er maez, nann; du int peogwir emaint ag Afrika... Hag o bugale zo, pe vo, Franzision, sitoianed ganet er vro.

E miz Kalañv Gouianv hag an Avent (miz Du ha Kerzu) bec’h ha trouz zo bet e meur a lec’h e Frans : miliadoù ag otoioù zo bet losket, ur bern traoù zo bet diskarret hag an tan zo bet lakaet e skolioù zo. Ur bochad tud yaouank a zo bet arrestet ha kondaonet evit an torfedoù se : met Franzision oant, kazi tout, stoianed a Frans. Estranjourion ebet, kazimant, en o mesk...

Lakaat bugale er maez ?
E klevout an aotroù Sarkozy, karout Frans vehe un dra dre ret. Ha karet int get o bro, ar re yuvank, Afrikaned pe Magrebined a orin, a chom hep labour hag hep lojeriz a gaos d’o anvioù familh, da liv o c’hroc’henn ? Hag e vehe ret dezhe, ha deomp ni ivez, karout hor bro hep bout karet geti, na selaouet ? Hag an aotrou Sarkozy, a ziar benn piv en deus lâret ar frasenn se ? Ar re yaouank a c’hwitella e klevout ar Varseillaise, pe ar Franzision binvidik a ya kuit da baeiñ nebeutoc’h a daosoù er maez ag o bro ?...

Me, pa wellan bugale tost da vout lakaet er maez a Frans get o zud peogwir int deuet amañ hep aotre, n’on ket ken fier a ma bro. E Brest, ur verc’h yaouank a c’hwec’h vloaz, a Russia, a zo kuzhet hiziv an deiz get familhoù evit nompass bout kaset er maez a Frans get he mamm. Ganet oa ar verc’h se er maez ag ar stad a briedelezh, ar pezh a c’hellehe bout danjerus evite barzh o bro a orin, an Daghestan (e Rusia), e lec’h ma z’eus integristed n’int ket gwall fin anezhe war e seblant (Ouest-France-26 a viz Mae)... Kas ar vamm hag he merc’h er maez a Frans a vehe un dra spontus. Kement da vout fier ha da garout hor bro hag a zo, sanset, bro gwirioù mab den, bro an “droits de l’Homme”. Karout a ran ma bro pand eo honnezh ur vro demokratel ha doujus d’an dud. Tud an diabarzh ha tud an dianvez.

Manifestiñ an 3 a viz Mezheven
Ha ni, Bretoned, brezhonegerion. Arruet eo hor yezh hag hor sevenadur en ur stad truek awalc’h dre forzh bout skarzhet er maez ag ar skolioù, ag ar mediaioù, ag al lezennoù, ag ar vuhez publik, dre forz bout dispriziet get ur bochad pennoù bras ag ar Republik, pas razh, met ur bern memestra. Chanch a ra an traoù, met difonnapl, re zifonnapl, rak ne vezomp ket selaouet kalz. Chom a ra ar brezhoneg hag ar yezhoù rannvroel all er maez ag al lezenn. Hag emaint karet, ar brezhoneg hag ar “yezhoù a Frans” (evel ma lare ar prezidant Mitterrand) get ar Republik ? N’eo ket aes bout selaouet e Frans evidomp ni, Bretoned, hag evit leun a dud, benn ar fin: setu perak eh in da vanifestiñ e Roazhon, d’ar sadorn 3 a viz Mezheven da c’houlenn muioc’h a c’hallout evit Breizh hag he yezhoù (gallaoueg, brezhoneg) hag he sevenadur. Get an esperans e vimp ur bochad.
Christian Le Meut

Comité de soutien à Patimat, école maternelle Jean-Macé, 43 rue du Château, 29200 Brest; internet : www.sauvezpatimat.canalblog.com

24/05/2006

Pollution : dans nos maisons aussi !

L'association Que choisir ? alerte sur la qualité douteuse de l'air à l'intérieur des habitations : tous à vos aérations ! Communiqué du 22 mai :

"L'air que nous respirons dans nos maisons est vicié... de l'intérieur. Les premiers résultats d'une étude de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) le confirment : des produits polluants, très nocifs pour la santé, sont présents de façon importante dans toutes les habitations.

Respirer un grand bol d'air : c'est bon pour la santé. En revanche, mieux vaut éviter de le faire à l'intérieur de nos maisons ! Soixante logements, situés dans la région Nord-Pas-de-Calais, ont été passés au crible afin d'y mesurer la qualité de l'air domestique (les résultats définitifs des 600 logements retenus en France seront connus à la rentrée prochaine). Le but de l'enquête est simple : renforcer très rapidement les recommandations à l'attention des particuliers, mais aussi des écoles et des bâtiments publics ou privés. Parmi les facteurs aggravants de cette pollution domestique, il faut citer par exemple, l'utilisation excessive de produits d'entretien pour que « ça sente bon », le calfeutrage des bouches d'aération pour ne pas avoir froid, ou encore l'utilisation en continu d'un chauffage d'appoint.

Une fois encore, les polluants sont montrés du doigt. Plus particulièrement le formaldéhyde, très présent dans de nombreux produits d'usage courant : cosmétiques, peintures, moquettes, mousses isolantes, colles et vernis, produits ménagers, pesticides, bois agglomérés et contreplaqués. Pour être inoffensive, cette substance ne devrait pas dépasser les 10 microgrammes par mètre cube. Or, elle atteint en moyenne 17 microgrammes par mètre cube dans l'ensemble des logements. Quant au benzène (utilisé en décoration et en bricolage), il est présent dans une habitation sur trois alors que son usage est très réglementé. Les personnes dont le garage jouxte la maison ou qui réalisent de nombreuses activités de bricolage et de peinture sont les plus exposées. Les Français passent entre 80 et 90% de leur temps dans des espaces clos (logements, moyens de transport, lieux de travail). A l'école, ces polluants sont même bien plus concentrés qu'à la maison : l'utilisation fréquente de certains produits pour l'enseignement (craies, feutres, colles, peintures) et la fréquence des nettoyages (souci d'hygiène) ayant des répercussions sur la qualité de l'air dans les classes. Tous les spécialistes le rappellent : ces polluants pourraient causer ou aggraver une foule de pathologies telles que les allergies, l'asthme, le cancer du poumon, les infections respiratoires.

Particulièrement vulnérables : les personnes âgées, les jeunes enfants et les personnes souffrant de maladies cardio-vasculaires et respiratoires (l'asthme touche aujourd'hui en France plus de 3 millions de Français, provoquant 200 décès par an). Pour lutter contre ce mauvais air ambiant, il n'est toujours pas inutile de rappeler quelques recommandations : aérer pendant 15 minutes tous les jours, ne pas fumer à l'intérieur, faire régulièrement la poussière, éviter l'usage d'aérosols (laques, déodorants), mais aussi porter un masque lorsqu'on bricole ou peint et faire régulièrement vérifier son système de ventilation tous les 5 ans et ses appareils de chauffage tous les ans. Bref, des gestes simples pour un air sain." Que choisir.

21/05/2006

Langues régionales : un appel européen

Voici une déclaration intéressante d'un député européen socialiste hongrois concernant les langues minoritaires (source Agence Bretagne presse).

Le 18 mai 2006 l’Intergroupe Minorités nationales traditionnelles, régions constitutionnelles et langues régionales du Parlement européen a tenu une réunion à Strasbourg, avec les représentants de la commission langues et cultures régionales de l’Association des Régions de France et du Comité français du Bureau Européen des Langues Moins Répandues (EBLUL-France). Csaba Sandor Tabajdi, président de l’Intergroupe a fait le constat suivant à propos de la situation de la France en Europe :

"En France les cultures et langues dites « régionales », qui font partie intégrante des cultures et des langues européennes et de l’humanité, exclues de l’espace public par la législation, marginalisées, sont en voie de disparition rapide de la vie sociale malgré la résistance et l’auto-organisation souvent exemplaires des populations avec le soutien de leurs élus dans un cadre juridique, administratif et idéologique hostile. Après des décennies d’éradication, l’enseignement de ces langues reste très marginal et leur place dans les media, notamment la radio et la télévision est extrêmement réduit.

Pratiquement seule en Europe, la France n’a ni signé ni ratifié la Convention cadre européenne sur les minorité nationales. Elle n’a pas encore ratifié la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Elle a émis des réserves sur l’article 27 du Pacte international sur les droits civils et politiques, l’article 30 de la Convention internationale des droits de l’enfant. Par la Constitution, et malgré la richesse des différentes langues du territoire, une seule langue, le français, bénéficie d’une reconnaissance officielle, est défendue, promue, autorisée.

C’est pourquoi Le président de l’Intergroupe Minorités Nationales Traditionnelles, Régions Constitutionnelles et Langues Régionales souhaite que la République française retrouve le sens des valeurs universelles qui ont fait sa grandeur et conformément aux très nombreuses recommandations qui lui ont déjà été faites, dernièrement encore en février 2006 dans le rapport du Commissaire européen aux doits de l’homme M. Gil-Roblès :

- qu’elle ratifie la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, signe et ratifie la Convention cadre européenne sur les minorités nationales, ratifie le Protocole 12 à la Convention européenne des droits de l’homme, lève ses réserves sur l’article 27 du Pacte des droits civils et politiques et l’article 30 de la Convention des droits de l’enfant,

- qu’elle reconnaisse pleinement le droit à l’existence des citoyens et peuples qui la composent dans leur spécificité notamment à travers un système d’éducation, des media et un espace public permettant l’_expression normale de leurs langues, l’enseignement de leurs cultures et de leurs histoires conformément à la Déclaration universelle de l’UNESCO sur la diversité culturelle et à la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. (...).

Le président de l’Intergroupe interpelle également les Etats, et l’Union européenne sur l’urgence des mesures à prendre et sur leur devoir d’ingérence, compte tenu de la faiblesse dans laquelle ont été mises ces langues en France et notamment de la disparition rapide de la génération ancienne qui parle encore massivement ces langues sans être remplacée".

Foot et esclavagisme : Lorient 2, Vannes 0...

Je débutais une nuit de sommeil réparatrice un vendredi soir récent quand j’entendis quelques coups de klaxon dans les rues d’Hennebont. Voilà comment je sus que Lorient avait gagné et montait en Ligue 1. Quelques supporters venaient faire partager leur joie aux Hennebontais endormis comme s’il fallait forcément que tout le monde soit concerné par les exploits footballistiques des Merlus.
Lorient monte donc en L1, comme on dit. Et il paraîtrait que c’est une bonne nouvelle pour l’économie et la renommée de la ville... A voir car les Merlus sont déjà montés en Ligue 1 et en sont vite redescendus. Quant à l’économie, si l’on mettait d’un côté l’argent investie par les collectivités locales dans le foot, et de l’autre, les entrées occasionnées, le solde serait-il réellement positif ? Et cet argent placé dans d’autres activités n’aurait-il pas créé plus d’emplois, par exemple ? Vastes questions auxquelles un piètre économiste comme moi ne peut pas répondre mais qui, par ailleurs, ne sont pas tellement posées...
Vannes, préfecture du Morbihan et rivale historique de Lorient, par contre, reste en “nationale”, l’équivalent de la troisième division. Dans le domaine du foot Lorient est donc largement en tête.

Commerce triangulaire : Lorient en tête
Et Lorient distance probablement Vannes dans un autre domaine que l’on a redécouvert récemment, celui de la traite négrière. Et oui, nos ports bretons comme Nantes, Vannes, Lorient, Saint-Malo, ont prospéré pendant des décennies, voire des siècles, sur ce commerce d’êtres humains. On appelait cela le “commerce triangulaire”. Les bateaux partaient d’Europe les cales chargées de marchandises pouvant être échangés sur les côtes africaines contre des personnes réduites à l’état d’esclaves. Ces Africains là avaient été capturés par d’autres Africains qui profitaient eux aussi de ce commerce juteux (1). 20 à 25 % mouraient pendant le voyage d’après les historiens, puis ce “bois d’ébène” comme on appelait ces êtres humains, était vendu aux Antilles ou aux États-Unis. Les bateaux revenaient chargés de sucre ou de café. J’avais bien étudié ce “commerce triangulaire” au lycée, mais sans réaliser que Lorient, la ville où j’étudiais, était concernée. Sans réaliser que la fameuse “Compagnie des Indes” avait, elle aussi, largement participé à ce commerce.

Guillo du Bodan, maire esclavagiste
Un historien vannetais, Patrick André, évalue à 2.000 le nombre de personnes déportées “par une dizaine d’armateurs vannetais” (Le Télégramme du 3 mai). L’un d’eux, M. Guillo du Bodan, put acheter la charge de maire de la ville grâce à l’argent ainsi gagné, les maires, à l’époque, n’étaient pas élus. Une rue de Vannes porte son nom depuis 1967, décision que l’on doit à Raymond Marcellin. Il y a donc une rue à rebaptiser à Vannes.
Pour Lorient, je n’ai pas vu de chiffres, mais Brigitte Nicolas, conservateur en chef du musée de la Compagnie des Indes rappelle, dans Le Télégramme du 5 mai (édition de Lorient), que la traite a été une activité importante de la compagnie à la fin du XVIIIe siècle. “Lorient a même été le premier port négrier entre 1723 et 1725” précise-t-elle. Elle cite un autre historien, Olivier Pétré-Grenouillau : ”On ne peut pas dire clairement que la traite a enrichi la Bretagne, mais on peut dire qu’elle a enrichi certains Bretons...” Lorient distance donc encore Vannes, mais pas de quoi être fier.

Des invités et des évités
Les débats sur la mémoire historique française ont cela de bon qu’ils remettent à jour des faits que nous avions oubliés. Le 10 mai est devenu une journée de commémoration. Très bien. Une cérémonie officielle a même été organisée à Paris, dans les jardins du Luxembourg, en présence du président Chirac. et de madame, pourquoi pas ? Mais sur invitation uniquement. J’ai vu, à la télé, l’humoriste pas toujours drôle Dieudonné tenter de s’immiscer. Mais il a été refoulé, il n’était pas invité. Il y avait donc des Noirs invités, et des Noirs évités. Plutôt que d’organiser une grande fête populaire pour célébrer l’abolition de l’esclavage, la République a préféré organiser un pince-fesse sur invitation. Cruel symbole. Nos élus auraient-ils peur du peuple ?

Aujourd’hui la situation a changé. L’esclavage est, officiellement, aboli, même s’il se pratique encore sous certaines formes : femmes ou filles mariées sans leur consentement, personnes contraintes de travailler sans rémunération, etc. Par contre on embauche à coup de millions d’euros des joueurs de foot venant de pays d’Afrique. Ceux là ont de la chance, ils sont accueillis à bras ouverts quand leurs frères de couleur, moins doués en foot, sont accueillis à coup de fusil sur les frontières européennes, ou expulsés, ou exploités quand ils ont réussi à rentrer...

A nous les médecins africains
D’autres catégories que les footballeurs sont accueillies à bras ouverts, comme le personnel médical. Plusieurs organisations de solidarité internationale s’émeuvent de cette situation qui entraîne un manque de personnels soignants dans certains pays d’Afrique. Des centres de santé doivent fermer par manque de personnel, comme au Malawi. “Les médecins malawites sont aujourd’hui plus nombreux à Manchester que dans tout le Malawi”, indique un document édité pour cette campagne intitulée “Personnel de santé au sud, pénurie mortel” (2).

Pour les pays riches, c’est tout bénéf : ils n’ont pas à prendre en charge la formation de ce personnel qualifié qui, une fois arrivé en Europe ou est Amérique du Nord, est sous payé et cible de discriminations. Les médecins des pays pauvres viennent soigner nos maladies de riches et nous ne leur savons même pas gré ! Médecins du monde, le Secours catholique, la Croix Rouge et Agir ici font partie des associations qui tentent d’alerter l’opinion française et international sur ce phénomène inquiétant.

Maladies : recherches oubliées...
Si le commerce triangulaire est fini, les conditions de vie d’une partie de la population humaine restent révoltantes. Car au manque de personnel médical s’ajoute l’absence de médicaments et de vaccins pour certaines maladies comme le paludisme, la dengue, la cécité des rivières, etc. Ces maladies sont laissées de côté par les laboratoires de recherche car les populations concernées sont “non solvables” (Libération du 5 avril). Encore une affaire de commerce et de gros sous. Heureusement, on a la Ligue 1 et le monde merveilleux du foot, pour nous occuper l’esprit (3).
Christian Le Meut

(1) Lire : Racines (“Roots”) de Alex Haley, écrivain noir américain qui a reconstitué l’histoire de sa famille jusqu’à la déportation de son ancêtre africain, Kounta Kinté, en 1767.
(2) Contact : Agir ici, 104 rue Oberkampf, 75011 Paris. Téléphone : 01 56 98 24 40 et site internet : agirici.org
(3) Idée de lecture : “Le football, une peste émotionnelle”, de Jean-Marie Brohm et marc Perelman, vient de paraître chez Folio actuel.

Foot ha sklaverezh : An Oriant 2, Gwened 0...

Deuet oa ar c’housk genin digwener paseet, war dro unneg eur da nozh, pa m’bloa klewet trouz e kreisker an Henbont, taolioù klaxon. Tud oa laouen bras peogwir a oa aet an trec’h get an Oriant, get ar Verlued ! Hag ar suporterion da ranniñ o levenez genomp ni, kouskerion an Hen Bont, evel ma vehe ret bout laouen hag intereset. Eurus awalc’h, n’en deus ket padet kalz an trouz. An Oriant a vo er rummad gentañ ar bloaz ‘man za : el “ligue unan”. Ha Gwened a chomay en trived rummad ! Ar pezh n’eo ket fall dija, met ar maout zo aet get An Oriant...
Get un dra all a oa aet ar maout get An Oriant iwez, pell zo bremañ : get konverzh ar re zu ! Komzet vez muioc’h mui bremañ ag ar sklaverezh ha penaos a veze bet kaset millionoù a dud ag Afrika da Amerika get an Europeaned.

Me, pa oan krennard, am boa desket an istor se, el lise, en Oriant, just awalc’h. Displeget veze get ar c’helenner penaos veze karget bagoù ha bagoù get traoù da drokiñ get tud ag an Afrika. Ur wezh arruet e aodoù Afrika e veze troket marc’hadourezh get tud du. Ar re se oa prizonidi tapet ha lakaet da sklaved get tud tu evelte. Ur bochad pobloù ag Afrika doa kemeret pezh er c’honverzh spontus se ivez. Hag war lerc’h, ar sklaverion veze kaset d’an Amerika. War dro ur c’hard anezhe a varve e pad ar veaj, hervez an istorourion. Ur wezh erruet en Amerika e vezent gwerzhet, hag ar bagoù a zeue en dro d’an Europa get kafe pe sukr, pe spisoù...

Guillo du Bodan, bet maer Gwened...
An dra se oa ur sort “mondialisation” d’ar c’houlz se dija. Hervez ar gazetenn Le Telegramme (3 a viz Mae, pajenn Gwened), 2000 den a oa bet deported dre urzh armatourion a Wened. En o mesk un den anvet Guillo du Bodan hag a oa bet maer en triwec’hvet kantved. Deuet oa da vout pitaod a gres d’ar c’honverzh sklavourion. Ha, d’ar c’houlz se, paiet veze evit bout maer; ar vaered ne vezent ket dilennet. Ur den deuet da vout maer a gres da argant ar slaverezh : nag ur skeudenn vat evit Gwened... Met ur straed oa bet anvet Guillo du Bodan daou ugent vloaz zo get an aotrou Marcellin. Hag e vo roet un añv all d’ar straed se get an aotrou Goulard ?

Evit An Oriant, m’eus ket kavet sifroù met sklaer eo an traoù : an trec’h zo geti rak konverzh ar sklaverion oa bet graet e pad kantvedoù get “Kompagnunez an India”, ur stall bras hag ofisiel. Ha, hervez Brigitte Nicolas, a zo e penn mirdi Kompagnunez an India, an Oriant oa bet e penn ar c’henverzh se e pad bleadeù... Ar pezh ne veze ket lâret d’al liseidi eveldin tregont vloaz zo. Ankoueit oa bet. Souezhus, n’eo ket ?

An dek a viz Mae...
An dek a viz Mae zo bremañ un devezh ofisiel evit lidañ fin ar sklaverezh. Mat tre ! Echu eo ar sklaverezh hervez al lezennoù etrebroadel. Met sklavourion zo c’hoazh : e broioù zo, tud ha bugale lvez akaet da labourat dre ret hep bout paiet. Merc’hed vez dimezet dre ret, ha c’hoazh.
E Paris zo bet savet ur fest vras e liorzhoù al Luxembourg, get an aotrou prezidant Chirak, hag an intron, da lidañ fin ar sklaverezh. Met ne oa ket ur gouel evit razh an dud, nemet evit ar re gouviet. C’hwi peus gwellet war ar skinwell, marteze, ar paotr Dieudonné, un den fentus, sanset; hennezh n’eus klasket monet e barzh met n’en deus ket gellet : ne oa ket bet pedet ar paour kaezh den. Evit lidañ fin ar sklaverezh ar Republik n’eus savet ur fest evit tud pedet nemetken... Dibabet oa bet tud du hag tud gwenn a feson hag er maez ar re all ! Setu ur simbol brav ! Ne vehe ket bet bravoc’h ha bourraploc’h sevel ur fest-noz bras e kreisker Paris, get sonerezh ag Afrika, ha kouviiñ razh an dud, du, gwen, melen, mesket, griz, glaz, mouk ha ru ? Hag o deus, pennoù bras hor Republik, aon rag ar bobl ?
Christian Le Meut

Da lenn, a ziout ar sklaverezh : “Racines”, skrivet get Alex Haley, troet ag ar saozneg e galleg.

15/05/2006

O kregiñ da chazeal ar vugale/On commence à chasser les enfants...

Bastian Vagerez a zo e chom e Kalais, e lec'h ma zeu ur bochad estranjourien, dibaper, da glask tremeñ Mor Breizh evit mont da Vro Saoz, da labourat. Serret eo bet kamp Sangatte, met n'eo ket bet diskoulmet an traoù. Muioc'h mui a wask a vez lakaet warno, ha diaesoc'h vo c'hoazh get lezenn nevez Sarkozy...

Bastian Vagerez habite Calais où affluent de nombreux sans-papiers cherchant à passer la Manche. Le camp de Sangatte a été fermé, mais rien n'est résolu pour autant et la nouvelle loi Sarkozy sur l'immigration risque d'aggraver les choses...


"Adalek dibenn miz Mezheven e vo roet an aotre digant an Gouarnamant da skarzhan tud yaouank ouzhpenn 18 vloaz bet er skol hag e vo graet memes mod e-kenver bugale an dud chomet dibaper. An divizoù-man bet kemeret gant Ministr an Diabarzh a sav a-enep da ziskleriadur hollvedel gwirioù mab-den. Adalek an deiziad-se, e vo roet an aotre da vevelien ar gouarnamant da glask e pep-lerc'h an dud chomet dibaper hag ar vugale da heul er skolioù.

Bemdez e welan e Kalais estranjourien dibaper o kantreal. Ne reont nemet tremen e ker evel tasmantoù. An estranjourien a zo anezho tud henvel ouzhomp-ni. En-o-mesk e vez kavet pep seurt tud : kelennerien, mezeien, ijounerien... Emaint o chom er-maez a-hed ar c'hanol. N'o deus ket gwir ebet e-kenver al lezennoù. Ingal e vez tennet er-maez eus an dour korfoù-marv an estranjourien-se.

Pelec'h e vez graet anv eus an darvoudoù-se ? E neblec'h ha gant den ebet. Da belec'h emaomp o vont e Bro-C'Hall e-kenver gwirioù mab-den ? E peseurt stad emañ an traoù e Bro-C'hall ? Da skouer, me em eus gwelet CRS o lakaat o c'hrabannoù war paour-kaezh tud-se. Henvel e oant ouzh bleizi o tapout krog e-barzh preizhoù. Da belec'h e vint kaset ? N'ouzon ket. D'ar broioù e lec'h ma oant bet ganet ? Met en danjer bras da goll o vuhez e vint du-se.

Penaos e vez lakaet ar dorn warno ? Diouzh an tres a zo warno ? Ha diskleriadet e vezont gant ar poblans ?
Daoust d'ar pezh a c'hoarvez tud-kêr a chom diseblant-kaer. Kavet e vez tud a volontez-vat evit gober war-dro gwirioù an estranjourien-se. Keleier, doareieù ouzhpenn war ar lec'hienn :

http://www.educationsansfrontieres.org/

En français : au 30 juin 2006, il sera possible aux autorités publiques d'expulser les jeunes majeurs scolarisés et les
parents d'enfants scolarisés. Cette mesure bafoue la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme qui légifère le
droit pour chacun de poursuivre ses études. A Calais, la chasse à l'enfant est ouverte. Vous pouvez signer l'appel
contre ces expulsions à l'adresse internet suivante :

http://www.educationsansfrontieres.org/

Bastian Vagerez

Vins : ça sulfite !

Je reproduis ici un communiqué de Que choisir (25/11/05) pour les amateurs d'un bon verre de vin, dont je fais partie, et qui ont pu remarquer une nouvelle mention sur les étiquettes depuis quelques temps, concernant les sulfites. Voici le communiqué, suivi d'une dizaine de commentaires dont certains sont très instructifs, alors n'hésitez pas à aller y voir en cliquant dans "commentaires". Yec'hed mat, santé !

"Depuis le 25 novembre, la présence de sulfites (SO2) dans le vin doit être mentionnée sur les étiquettes, dès lors que leur concentration dépasse 10 mg/litre.

C'est une affaire entendue : Europe oblige, les producteurs de vin doivent mentionner sur leurs étiquettes la présence de sulfites (SO2) si leur concentration dépasse 10 mg/l. Le SO2 fait en effet partie des 12 substances allergènes majeures dont l'étiquetage est rendu obligatoire à partir d'aujourd'hui, en vertu d'une directive européenne adoptée en 2003. La mention « contient des sulfites » ou « contient de l'anhydride sulfureux » ou encore « contient du dioxyde de soufre » devra être portée sur l'étiquette ou la contre-étiquette, dans une taille lisible et visible. Elle pourra s'accompagner du sigle SO2 ou E220 et être rédigée en anglais (« contains sulphites »). Une tolérance a néanmoins été accordée pour les produits étiquetés avant le 25 novembre jusqu'à l'épuisement des stocks.

Si la mention obligatoire des sulfites est un pas en avant sur la voie d'un étiquetage sanitaire, on peut toutefois regretter que la réglementation n'oblige pas les producteurs à indiquer précisément la dose de SO2 présente dans leurs produits. Car celle-ci est extrêmement variable.

Par exemple, les doses de SO2 peuvent aller jusqu'à 160 mg/l pour les vins rouges, 210 mg/l pour les blancs et les rosés, et jusqu'à 350 mg/l pour les liquoreux ! À ce niveau de concentration, la gueule de bois est pratiquement garantie le lendemain !

L'anhydride sulfureux (SO2), c'est la potion magique du vigneron. Impossible ou presque de s'en passer totalement. Même les tenants de la biodynamie en ajoutent un peu lors de la mise en bouteille. Adjuvant miracle, antioxydant, antiseptique, il permet de stabiliser le vin et de le conserver. Et il est d'autant plus utilisé que, de la vigne au vin en bouteilles, la culture, la récolte, l'hygiène du chai ont été négligées...

Or, mettre la barre à 10 mg/litre revient à loger tout le monde à la même enseigne (donc à pénaliser les adeptes d'une vinification naturelle) et à priver les consommateurs d'une véritable information.

D'autres substances allergéniques devront peut-être figurer un jour sur les étiquettes des bouteilles de vin. Il s'agit notamment du lysozyme et de l'albumine d'oeuf, de la gélatine de poisson, du lactitol, et de la caséine servant à clarifier le vin. Ces substances figurent dans la liste des 22 ingrédients bénéficiant d'une dérogation accordée par la commission de Bruxelles jusqu'au 22 novembre 2007. Le temps pour les industriels et leurs associations d'effectuer des études scientifiques pour établir le niveau allergénique de ces substances ou confirmer leur innocuité. Il s'agit de savoir si ces produits oenologiques sont éliminés lors de la vinification ou de la filtration de sorte qu'il n'en reste que des traces pratiquement indécelables.

Enfin, dernier sujet de grogne pour la filière : le récent décret rendant obligatoire la diffusion d'un message sanitaire destiné aux femmes enceintes sur les étiquettes de boissons alcoolisées. Encore sous le boisseau, cette disposition nationale attend le feu vert de Bruxelles pour entrer en application. Peut-être début 2006.

Florence Humbert"

Source : www/quechoisir.org

13/05/2006

Enviables cousins gallois...

"L'autonomie permet aux Gallois de ressusciter leur identité celtique" titre LE MONDE dans son édition du 15.04.2006... Un reportage de Jean-Pierre Langellier sur une situation très proche de celle de la Bretagne (historiquement, socialement, linguistiquement...), mais aussi différente (le centralisme est encore de mise en France), dont voici quelques extraits :


"(...) Le pays de Galles est en pleine renaissance. Son symbole, le dragon rouge, crache à nouveau fièrement ses flammes. Six fois plus petite et dix-sept fois moins peuplée que l'Angleterre, avec 2,9 millions d'habitants, dont 25 % "d'immigrants" nés sur le sol anglais, la vieille nation celte affiche son identité et ses différences. Celles-ci s'expriment dans l'architecture de plusieurs lieux symboliques, aux formes audacieuses, récemment surgis de terre : à Swansea, le Musée national ; à Cardiff, l'Assemblée nationale, inaugurée le 1er mars, le stade du Millennium, et le centre artistique et culturel du même nom, dont l'immense façade de cuivre proclame en lettres géantes deux vers d'un poète local, l'un en anglais, l'autre en gallois.

Car l'histoire reprend ici, avec le verbe. Instauré en 1993, le bilinguisme officiel règne dans les bureaux, la rue, et de plus en plus, dans les têtes. Les écoles galloises et bilingues fleurissent. Le gallois est obligatoire jusqu'à 16 ans dans les écoles de langue anglaise. Mieux : le gallois est redevenu à la mode. C'est l'une des langues celtiques les plus dynamiques, avec ses "cousines" irlandaise et bretonne, loin devant celles d'Ecosse ou de Cornouailles. Une chaîne de télé, S4C, diffuse totalement en gallois. Résultat : 21 % des Gallois parlent aujourd'hui leur langue, surtout dans le nord et l'ouest du pays. "La langue est le vrai symbole de notre identité, souligne Meirion Prys Jones, directeur du Welsh Language Board. Nous n'avons qu'elle, alors que les Ecossais ont aussi le whisky, le kilt, voire le haggis, leur plat national."(...).

Le renouveau gallois est aussi politique. Une Assemblée nationale est née en 1999, fruit d'un référendum remporté de justesse deux ans plus tôt, dans le cadre de la "dévolution", la décentralisation voulue par Tony Blair. Elle est le premier corps législatif au monde strictement paritaire entre hommes et femmes. Ses 60 membres sont soumis à réélection tous les quatre ans, selon un système mêlant le scrutin majoritaire et la proportionnelle. Ils délèguent leur pouvoir exécutif à un First Minister et à son cabinet de huit ministres.

A la différence du Parlement écossais, l'Assemblée galloise ne peut ni lever l'impôt, ni voter ses propres lois. Mais elle use à fond de ses pouvoirs réduits et de son enveloppe budgétaire - 19 milliards d'euros - dans les nombreux domaines de sa compétence : agriculture, éducation, environnement, logement, santé, sport, tourisme, transports. (...)".


11/05/2006

Harz debriñ evit ar brezhoneg : echu/Yannig Baron arrête sa grève de la faim

Yannig Baron a cessé sa grève de la faim mercredi 10 mai après avoir obtenu des avancées auprès de l'enseignement privé de Bretagne sur la création de nouvelles filières bilingues.

L'association alréenne Sten Kidna-Komzomp asampl avait publié un communiqué concernant cette grève de la faim du président de Dihun, association des parents d'élèves bilingues de l'enseignement privé, en grève de la faim depuis deux semaines pour demander plus de moyens pour l'enseignement du breton (ouverture de classes refusés ou reportés, absence de suivi au collège et au lycée...) :

"Le Cercle Culturel Alréen Sten Kidna – «Komzomp Asampl» ne peut rester sans réagir devant l’action entreprise par Yannig Baron, Président de l’Association DIHUN, pour une meilleure prise en compte de l’enseignement du breton dans l’Enseignement Catholique de Bretagne.

Rares sont ceux qui osent aujourd’hui en Bretagne nier l’importance de la langue bretonne ; on pourrait même parler de quasi unanimité en ce qui concerne le souhait de favoriser sa pérennité. De nos décideurs nous connaissons bien les déclarations d’intention enflammées, les mains sur le cœur, les gémissements et les larmes de crocodile face aux moyens dont ils disposent. Nous attendons d’eux qu’ils fassent ce pour quoi ils sont là : qu’ils choisissent clairement et prennent leurs responsabilités face aux aspirations de leurs compatriotes, à l’histoire et à l’avenir qui jugera.

A quoi servirait l’action quotidienne des associations comme le Cercle Sten Kidna - faire vivre et promouvoir la langue bretonne au quotidien, aider des milliers d’adultes à se la réapproprier - si l’école ne remplit pas la part de la mission de transmission qui lui revient auprès des jeunes ? Une organisation volontariste est indispensable au développement de l’apprentissage du breton, à la mise en place de filières bilingues fortes, attractives et efficaces, où le suivi sera proposé et garanti dans de bonnes conditions de la maternelle à l’université.
C’est pourquoi le Cercle soutient la volonté de DIHUN d’obtenir des garanties de nature à conforter cet enseignement sur le long terme."


Harz-debriñ prezidant DIHUN : Ssav-boent Kerlenn Sten Kidna

Penaos e vehe da gKerlenn Sten Kidna an Alre - «Komsomp Asampl » chom diseblant dirak ar pezh emañ Yannig Baron, prezidant ar gevredigezh Dihun, ec’h ober evit ma vo taolet muioc’h a evezh get kelenn ar brezhoneg en Deskadurezh Katolik e Breizh ?
N’int ket stank hiriv an deiz e Breizh ar re a gredahe nac’hiñ groñs talvoudegezh ar brezhoneg ; ha lâret e c’houlenner bremañ a-unvouezh – pe dost atav – er gwelet é veviñ pell c’hoazh ned eo ket gaou kennebeut.

A-berzh hor pennoù, a-berzh ar re emañ ar galloudoù etre o daouarn eh omp akourset ivez da glevet c’hoantoù kaer bannet en avel, gerioù karadek ha flour, digarezioù abalamour d’ar galloud a garahent kaout hag a zioveront. Ag o ferzh, eh omp neoazh ken engortoz a daoloù evit a gomzoù, engortoz ma vint gwelet é sammiñ dever o c’harg : ober dibaboù spis, lakaat goude o holl albac’henn evit gounit an disoc’h a gouch get c’hoantoù o c’henvroiz. Kement-se eo a vo barnet get ar rummadoù da zonet ; a gement-se eo e vo dalc’het kont get an istor.

Da betra e servijahe labour pemdeziek kevredigezhioù evel hon hini – derc’hel bev ha lediñ ar brezhoneg er vuhez pemdeziek, sikour miliadoù a dud deuet en o c’hoant da vestroniiñ ar yezh – ma chom ar skol hep sammiñ he lodenn ag an dever a zegouezh dezhi-hi : Sikour treuzkas ar yezh d’ar re yaouank ?
Evit ma yay àr-raok kelenn ar brezhoneg, ma vo savet hentennoù divyezhek kreñv hag efedus hag evit ma vo mui-oc’h-mui a dud é klask lakaat o bugale enne e ranker kontiñ àr un aozadur é labourat a-du ; da vihanañ é reiñ an tu da vout skolaet mat hag aes en hentenn boulc’het ag ar skol-vamm betek ar skol-veur.

Setu perak e vennomp en em ziskouez dirak an holl ha sevel a-du get mennad DIHUN da vreutaat evit ma vo kemeret divizoù splann da sonnaat ar c’helenn àr ar pad".

Kerlenn Sten Kidna - Komzomp asampl, 6 rue Joseph Rollo, 56400 An Alré/Auray/Tél. 02.97.29.16.58 -
lec'hienn internet : http://membres.lycos.fr/stenkidna/

10/05/2006

Deskadurezh : sonjoù kaer Bush, Jeb Bush...

Pa oan krennard, e oan nul get ar matematikoù. Ur spont oa evit ma c’helennerion. El lise, er c’hlas diwezhan, m’boa tapet daou a ziar ugent an drimiziad gentañ ha daou a ziar ugent an eil trimiziad... E fin ar bloaz, e oan erru shueh, moarvat. Ma notennoù oa kouezhet un tammig : unan a ziar ugent m’boa bet en arnodenn kentañ, hag unan c’hoazh en eil arnodenn. Evit ar trived trimiziad ma etread a oa, neuze, unan a ziar ugent. Met ma c’helennour matematik oa, ar bloaz se, ur den bourrapl, jentil bras (ar pezh ne oa ket bet gwir bep bloaz). Hag hennezh ne faote ket dezhan lesket ma etread trimiziek diwezhan da gouezhiñ. Ouzhpennet en doa, neuze, unan mui unan, hag a rae daou, hep rannin war lerc’h. Ha setu penaos ma notennoù oa chomet ingal a hed ar bloaz : daou/daou/daou. Mersi bras aotroù, ha daoust d’an notennoù matematik spontus se m'boa tapet ar bak memestra. Hep ar matematikoù, evel rezon...

Un doare nevez da baeiñ ar gelennerion...
Eurusamant, ne oa ket bet savet c’hoazh d’ar c’houlz se, un doare nevez da baeiñ ar gelenourion a zo savet hiriv an deiz e Floride. Ur gouarnour a zo e penn ar stad se : Jeb Bush : breur Georges ! Tud speredek, neuze get sonjoù a feson... Ha graet eo bet o sonj du hont : paiet vo ar gelennerion hervez disoc’hoù o skolidi, skolajidi, pe liseidi ! Roet vo testoù da razh ar vugale hag ar grennarded e fin ar blead, hag ar skolioù “gwellan” a resevay argant ouzhpenn da ranniñ etre ar gelennerion han an re all a labour a barzh. Met goproù ar gelennerion “gwellan” a vo kresket ivez, betek daou vill dollar mioc’h bep bloaz...

Droll eo, an doare se d’ober. Get un test hepken, e fin ar bloaz, n’heller ket goueit mard eo mat ur c’helennour pe pas; ma n’eus, hennezh pe honnezh, intereset ar vugale ha lakaat anezhe da vont pelloc’h ? Pe reiñ dezhe ar c’hoant da zeskiñ... Notennoù ar vugale ne zepantont ket nemet ag ar gelennerion, met iwez ag orin ar vugale hag o zud, ag o live sokial, ha c’hoazh ha c’hoazh...

N’int ket, ar skolioù, uzinioù !
Hervez ar gazetenn Courrier international, Jeb Bush a zo a du penn da benn get ar bolitikerezh se. Tud all a sav a enep hag a lâr n’int ket ar skolioù, uzinioù. E skolioù zo vakansoù zo bet troc’het dija evit labourat muioc’h, ha muioc’h a wask a zo lakaet war gein ar vugale a gaos d’an testoù a vo graet e fin ar bloaz.
Ha mechal penaos e vehen gwellet, me, get ma notennoù matematik nul : dre “ma faot” a c’helenour a c’hellehe koll 2.000 euro e fin ar bloaz ? Kement da vout lakaat bec’h a wask war ma c’hein, d’am sonj, met get peseurt pal ? Gwellaat ma live matematik, pe pinvidikaat ma c’helenour ?
N’ouion ket ma oa Jeb Bush ur skoliad mat. Ha Georges Bush junior, ar prezidant ? Ur maout oa, pe an azen ? Met un azen get tud pitaod, tud pinvidik, a c’hell monet pell, er Stadoù unanet hag er bed a bezh...
Christian Le Meut

Deux divisé par deux égale deux !

Deux divisé par deux, égale un. Nous apprenons à diviser ainsi en classe de primaire mais j’ai eu l’occasion de susciter, chez mon professeur de mathématique de terminale, une approche nouvelle de cette division : deux divisé par deux égalait... deux !

Je dois avouer, à ma grande honte, que mon niveau de mathématiques était catastrophique en fin de collège et au lycée. En classe de terminale ma moyenne trimestrielle était de deux au premier trimestre (deux sur vingt, je précise), deux au second trimestre... Mais au troisième trimestre, j’eus un coup de fatigue et mes notes tombèrent : un sur vingt à chacun des deux contrôles... Mais mon professeur, très sympathique au demeurant, ne voulut pas faire baisser ma moyenne et, au lieu d’ajouter les notes puis de les diviser afin d'obtenir ma moyenne trimestrielle, il ne fit que les ajouter pour me permettre de "maintenir mon niveau" à deux sur vingt ! Ainsi un professeur de mathématiques commit-il une infraction aux règles mathématiques de base pour le plus cancre de ses élèves. Je vous rassure tout de suite, j’ai quand même eu mon bac, littéraire, mais pas grâce aux maths...

Les bonnes idées de Bush, Jeb Bush...
Que serait-il arrivé si le système que la Floride est en train de mettre en place avait existé à l’époque ? Cet état des États-Unis est gouverné par certain Jeb Bush, oui, le frère du président... Comme ils ont plein de bonnes idées dans la famille, celui-là a pensé qu’il serait bon de rémunérer les enseignants en fonction des résultats de leurs élèves ! Un article du Washington Post traduit et publié dans Courrier international du 6 avril, décrit la situation.

Un test de fin d’année a été conçu et tous les élèves doivent s’y soumettre pour évaluer leur niveau. Les meilleures écoles se verront attribuer une sorte de prime à répartir au personnel enseignant et non enseignant.; mais les “meilleurs” enseignants seront également augmentés directement... La hausse de salaire pourra correspondre à 2.000 dollars par an, quand même.

Pour une (grosse) poignée de dollars
Des syndicats, des parents, des pédagogues protestent. Un seul test ne peut pas juger de la qualité d’un enseignant. Un enseignement ne s’évalue pas uniquement à travers les notes, mais aussi par la capacité de l’enseignant à faire partager la matière qu’il enseigne, à susciter la curiosité des élèves, à les aider à se forger un esprit critique, des outils de recherche, à développer une qualité relationnelle, une vie collective dans la classe, etc, etc. De plus, les résultats d’un établissement scolaire sont aussi liés à l’origine sociale, ethnique, culturelle, de ses élèves et de leurs familles. Ce nouveau système a déjà incité certaines écoles à raccourcir les vacances pour mettre les enfants au boulot plus vite. Des parents s’en sont plaint, ainsi que de la pression supplémentaire mise sur le dos de leurs enfants... L’école, ce n’est pas l’usine disent certains pédagogues: en voilà bien une idée de gauchiste...

Mais que deviennent les cancres, dans cette histoire ? Je m’imagine avec mon deux de moyenne en mathématiques, quelle tête ferait un prof de maths avec un zozo dans mon genre si je risquais de lui faire perdre 2.000 euros par an ? De quoi mettre la pression sur les élèves, mais dans quel but ? Pour le bien des jeunes ou pour grossir le portefeuille du prof ? Ce type de système est très pervers et peut inciter certains établissements à pousser dehors les élèves les plus “mal“ notés...

Georges, un cancre ?
Je ne sais pas si Jeb Bush était un bon élève. Mais je ne parierais pas gros sur son cher frère, Georges. Georges était-il un bon élève en classe ou était-il un cancre, un azenn gorneg (un âne baté ?)... En tout cas, il avait des parents riches et puissants. Et ça, ça aide, que l’on soit en Floride ou ailleurs.

Christian Le Meut