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29/03/2005

Hennebont : des boues, les damnés de la terre !

Le jeudi 3 mars dernier, à la fin du conseil municipal, le maire d’Hennebont, Gérard Perron (PC) a annoncé qu’une partie des boues de dragage du port de Lorient serait transférées sur le site de Polvern, une décharge située tout près du Blavet ! C’était presque fait d’ailleurs, puisque l’autorisation avait déjà été donnée, sans débat préalable en conseil. Et les boues sont arrivées quelques jours plus tard.  Ainsi va la démocratie hennebontaise...
Et les écologistes de s’insurger ! Mais les boues ne resteront que trois mois, leur répond-on, selon l’accord passé entre la mairie, la préfecture et la société DCN, Défense, construction navale, ancien arsenal, productrice des boues. Trois mois, c’est à voir...

Revenons en arrière
Des navires de guerre sont fabriqués à Lorient depuis longtemps, autrefois par l’arsenal, mais celui-ci est devenu une société privée appelée DCN, Défense construction navale. Ces chantiers produisent des déchets, notamment des boues contenant des produits dangereux, comme des métaux lourds. Et il faut dégager ces boues, sinon les nouveaux bateaux de guerre construits ne peuvent plus sortir. Oui, mais où les mettre ? Autrefois, l’Arsenal était une entreprise d’Etat, c’est devenu une entreprise privée. Elle doit désormais demander l’autorisation pour stocker ses boues ou les jeter en mer, au large de Groix, comme elle projetait de le faire et comme elle le faisait auparavant.

Opposition de la mairie de Groix, soutenue par beaucoup de municipalités de la côte, et par celle d’Hennebont. Coup dur pour DCN qui, semble-t-il, n’avait pas prévu de solution de repli ! Étonnant, pour une entreprise d’envergure nationale... Il est possible d’entreposer ces boues à terre, dans des endroits étanches, des sites industriels désaffectés par exemple, en attendant de les traiter. Cela coûte beaucoup plus cher que de les jeter en mer, mais c’est la seule solution. L’Etat peut-il autoriser que l’on jette en mer n’importe quoi quand il exige des citoyens de trier leurs déchets ? Les produits dangereux contenus dans ces boues risquent de nuire à la vie maritime et aux êtres humains qui mangent poissons et coquillages...

Et la préfecture de chercher des lieux de stockage. Plusieurs, car il faut faire une enquête publique au-delà de dix mille mètres cubes. On va donc trouver deux lieux... Or, en 2003, le maire d’Hennebont a autorisé la création d’une décharge de matière inerte, non dangereuse, à Polvern, à cent mètres environ du Blavet. La commission municipale de l’environnement, constituée de conseillers municipaux, avait pourtant voté contre ce projet à l’unanimité. Mais le maire est passé outre... Ainsi va la démocratie hennebontaise.

La préfète décide donc d’entreposer les boues toxiques du port de Lorient à cet endroit. L’arrêté municipal ne l’autorise pas, qu’importe, elle le suspend... Ah, Polvern, quel endroit charmant ! Son ruisseau, ses bois, sa carrière, son chemin de randonnée, ses poissons, ses petits oiseaux, et désormais sa carrière avec des boues toxiques...
Le maire d’Hennebont avait demandé des garanties : que les camions qui transportent les boues soient étanches; la plupart ne l’ont pas été et de la boue est tombée sur les routes... Que les boues soient entreposées dans des trous étanches eux-aussi... Les premières cargaisons ont bien été mises dans les trous creusés au préalable... Mais des camions et des camions de boues sont arrivés, et les trous ont été vite remplis. Les boues en trop ont quand même été déposées-là, sans trop de précautions, à cent mètre du Blavet... Le maire d’Hennebont a pris sa décision sans consulter au préalable le conseil municipal. Ainsi va la démocratie hennebontaise.

Beaucoup de gens ont manifesté leur opposition. Une association* a été créée pour rappeler au maire, à DCN et à l’Etat que ces boues doivent partir dans moins de trois mois et qu’il faudra nettoyer le site de Polvern ensuite. Sinon, le seul développement durable qu’Hennebont risque de connaître, c’est celui des pollutions !
Christian Le Meut

* Le printemps de Polvern, 31 rue Jacques Brel, 56700 Hennebont, tél. 02.97.36.58.82.

* Depuis cette date, les boues auraient été évacuées vers une commune proche, Languidic, pour y être traitées, mais le problème demeure : comment traiter les boues portuaires à l'avenir ? 

Hennebont : diorren padus pe fank padus ?

Ar yaou tri a Viz Meurzh paseet, e fin emvod ar c’huzul-ker, an aotrou maer, Gérard Perron (PC) n’doa lâret d’ar guzulerion e vo kaset fank porzh An Oriant en Hen-Bont, e Polvern, ur vengleù tost d’ar Blanhoeh. Ha setu bec’h er vro ! Hag an ekologourien d’en em sevel a-enep ar raktres-se. Ya, met re ziwezhat. Graet oa an taol dija ! Pewar mill metrad kub fank toxik ha pussunus oa bet kaset dija e Polvern. Ne chomint ket nemet tri mizh, hervez an emglev savet etre ti-ker an Hen-Bont hag ar prefeti. Da wellet... Tri mizh, n’ont ket sur, me. Met displegomp an traoù...
Bagoù brezel e vez savet e porzh An Oriant abaoe pell. Al labour-se a veze graet get an Arsenal gwezhall; hag an arsenal a zo deuet da vout an DCN (Défense construction navale...) abaoe un nebeut bleadeù. Louzet e vez porzh An Oriant get al labour-se. Araok, an Arsenal oa e-dan lezennoù ar stad hag an arme... Breman, DCN zo ur stall privez. Araok ne veze ket komzet a fank porzh An Oriant. Petra veze graet gante ? Skarzhet vezent er mor etre enezenn Groe hag an aod, hep goulenn netra da zen ebet.

Groez : nann d’ar fank
Met hiriv an deizh an DCN a zlehe goulenn an aotre evit lakaat ar fank en ul lec’h bennak... Er mor, etre enezenn Groez hag an aod, evel ma veze graet araok ? Pas. Echu eo : kumun enezenn Groez n’eo ket a-du, tamm ebed. Hag ar wirionez zo geti. Perak lakaat er mor ar fank louz-se, get traoù danjerus ha toxik e-barzh ? Evit lakaat ar pesked da vout klanv ha ni ar lerc’h ?
Ha setu an DCN emmerdet get he fank... Daouzek mil metrad kub zo bet tennet ag ar porzh evit lesket da vont kuit bagoù brezel nevez savet en Oriant (ha kement-se e chomehe e don ar porzh...)... Petra gober get ar fank-se ? Moian zo d’her golc’heiñ, met koust a ra keroc’h, keroc’h evit bout skarzhet er mor. Pe d’her lakaat en ul lec’h bennak didreuzus, koste an Oriant pe Lanester... e c’hortoz bout disaotret, goude.
Met n’eo ket ar pezh a zo bet sonjet get tud an DCN hag ar prefeti. Lec’hioù all zo bet klasket gete, hag unan zo en Hen-Bont, Polvern... Nag ur brav a lec’h, Polvern. E-tal ar Blanhoeh, get koadeù, riolenneù, mennezhioù, ha c’hoazh... Ul lec’h bourrapl evit mont da bourmen... Bourrapl betek ar bloaz 2003. D’ar mare-se an aotrou maer doa roet an aotre da sevel un “decharge” du-hont evit lakaat traoù-lous, met pas danjerus. An aotre-se zo bet roet get ar maer e-unan kar ar guzulerion all doa votet a unvouezh a-enep ar raktres-se. Ne vern... Mod-se eman an demokratelezh en Hen-Bont.
Polvern zo bet choazet neuze get ar prefeti evit lakaat pewar mill metrad kub fank toxik... Met ne oa ket droad lakaat traoù danjerus e Polvern, hervez ar pezh sinet get ar maer e 2003. Ne vern, nullet eo bet an “arrêté”-se get ar prefeti... Ar maer n’eus goulennet kamionoù didreuzus evit kas ar fank betek Polvern ha nompass lousiñ an hentoù... Met al lod brasan ag ar gamionoù-se ne oant ket didreuzus, hag fank zo kouezhet war an hentoù...

Demokratelezh mod an Hen-Bont
Goulennet eo bet get ar maer ivez krouizeiñ toulloù bras ha didreuzus goloet get plastik... Graet eo bet, da gomans... Ya, met ur wezh kroget an traoù, ur bochad kamionoù zo daet get tonnennoù ha tonnenoù fank ha re vihan oa an toulloù... Skarzhet eo bet ar fank memestra, war an douar, mod-se... Kant metr a zoc’h ar Blanhoeh...
An aotroù maer n’eus graet e sonj e-unan, kazimant, hep goulenn netra d’ar c’huzul-ker araok... Mod-se eman demokratelezh e bro an Hen-Bont.
Ur bochad tud n’int ket kountant anezhe, tamm ebed. Ur gevredigezh, Amzer nevez Polvern*, a zo bet savet gete evit manifestiñ. Ar pal zo ivez da lakaad ar Stad da zerc’hel sonj e vo ret dezhan kavoud ul lec’h all evit ar fank lous-se ha netaat Polvern goude.
Kroget oa bet emvod ar c’huzul-ker get an “diorren padus”. Tier e vez savet d’an doare padus (biobrique, kanabl...) get ofis HLM Hen-Bont... Brav, met ne bado ket pell an diorren padus en Hen-Bont get razh ar fank toxik lakaet e Polvern. Diorren padus ar saotradur, ne lâran ket.
Christian Le Meut

* Nevez amzer Polvern, Le printemps de Polvern, 31 rue Jacques Brel, 56700 Hennebont. Tél : 02.97.36.58.82.
E brezhoneg : Christian Le Meut : 02.97.36.31.78.

10/10/2005 : ar fank zo bet kaset da Langedeg evit bout "disaotret" du-hont met penaos vo graet get fank porzh An Oriant en amzer da zonet ??? 

23/03/2005

Mon papy et les médias

Mon grand-père Julien a passé sa vie à Crac’h (Morbihan), étant né à huit kilomètres de là, à Ploemel, en 1911. Il est décédé voici quelques années. Un jour qu’il était, comme d’habitude, à boire un coup au “Crac’h bar”, alors tenu par mon oncle, son fils, et ma tante, voilà qu’entre une journaliste...
Précisons que nous sommes en novembre 1991, la commune est envahie par une nuée de journalistes venus attendre là l’arrivée d’un Crac’hois célèbre : Gérard d’Aboville. Celui-ci terminait sa traversée du Pacifique à la rame mais n’était pas encore arrivé à bon port aux Etats-Unis. Télés, TF1, F2, F3 et les radios nationales n’avaient donc rien d’autres à se mettre sous la dent que la commune d’origine du rameur, même s’il n’y habitait pas et même si très peu d’habitants l’avaient rencontré en vrai. J’ai donc pu voir et entendre plein de “témoins” parler à la télévision ou à la radio d’une personne qu’ils n’avaient jamais vu, pour la plupart, qu’à la télévision...
Une de mes grand-tantes a répondu en bougonnant, et dans l’entrebaîllement de sa porte, que les exploits du rameur ne l’intéressaient pas... Le lendemain, elle s’est vue à la télé ! Et la voilà obligée d’expliquer à ses voisins pourquoi les coups de rames de Gérard la laissait indifférente. “Je ne savais pas que j’étais filmée” répondit-elle... Mais l’emballement médiatique autour de l’affaire exigeait que l’on s’intéressât à l’affaire...

Le papy à Sainte-Anne
Voici donc mon grand-père face à la journaliste d’un quotidien régional. Et lui, toujours farceur, de dire : “Tous les jours, ces derniers temps, j’ai été faire une prière à Sainte-Anne, pour que Gérard réussisse sont exploit”. C’était une blague, un canular, mais, le lendemain, c’était imprimé noir sur blanc sur le journal ! Et nous, sa famille, étions un peu gênés, comme lui -même d’ailleurs. Je lui ai demandé : “C’est vrai que tu es allé à Sainte Anne tous les jours ?”. Il m’a répondu : “J’y suis allé au moins une fois”... Et même ça, ce n’était pas sûr car mon grand-père ne conduisait plus à cette époque, et ne pouvait aller à Ste-Anne tout seul. Y aller à pied, pas question. il avait beau être toujours valide, il fallait le transporter en voiture pour faire 200 mètres !
Mais l’histoire n’est pas finie : l’anecdote avait plu à un journaliste célèbre et, le vendredi suivant, voilà que nous entendons sur France 3, dans la bouche de Georges Pernoud, le présentateur de Thalassa, l’histoire d’un grand père qui est allé chaque jour de Crac’h à Sainte Anne, prier pour Gérard d’Aboville... Ainsi, le canular raconté par un grand-père à une table de bistrot est devenu une histoire vraie pour des millions de gens, car accréditée par des journalistes qui n’avaient pas vérifier la véracité des faits. Sans bouger de sa chaise, en ne faisant rien que boire un coup et répondre à des questions, mon grand père a réussi un coup “d’intoxication médiatique” !
Christian Le Meut

Sur le fonctionnement des médias un blog incontournable :
http://gponthieu.blog.lemonde.fr

21/03/2005

Ma zad kozh hag ar mediaioù

Ma zad kozh Julien a oa o chom e Krac’h, hag oa bet ganet e Plenver e 1911. Hennezh oa ur paotr a gare dezhan ober goapoù ha farsadennoù. Ur wezh, e 1991, ma zad kozh oa oc’h evan ur banne, evel bemdez, e barzh an davarn, ar “Krac’h bar”. D’ar c’houlz se, an tavarn se oa dalc’het ged me eontr, mab ma zad kozh, ha me moereb. Ha setu ur plac’h o vont e barzh an tavarn, ur gazetenerez anezhi ! D’ar mare se, ur bern a gazetennerien o doa aloubet parrez Krac’h, a gaos d’ur paotr all ag ar barrez, ur paotr brudet : Gérard d’Aboville.
E paouez treuziñ ar mor vras Pasifik oa ar paotr se, met ne oa ket degouezhet c’hoazh... Hag ar skinvelloù, TF1, F2, F3, hag ar skingomzioù broadel, France Inter, Europa unan, ha c’hoazh, oa aet da Grac’h evit atersiñ tud ag ar gommun-se, e c’hortoz... Daoust ma ne oa ket ken anavezet Gérard d’Aboville e Krac’h peogwir ne oa ket e chom du hont (e dud oa o chom e Krac’h) hag eñ oa aet kuit yaouank tre ag ar barrez ! A gaos d’an dra-se, m’eus gwelet meur a zen e komz e barzh an tele a ziout un den n’o doa ket gwellet james, nemet barzh an tele !

Pediñ evit Gérard d'Aboville...
Ha setu ma zad kozh da reskond d’ar gazetennerez : “Bremañ, eh an bamdez da Santez-Anna An Alré evit pediñ evit Gérard d’Aboville ”... Ne oa ket gwir, ur farsadenn oa, ur goap evel a vourre dezhan me zad kozh gober... Met skrivet oa an deizh ar lec’h war ar gazetenn get foto ma zad kozh ! Ha ne oa ket echu ar farsadenn : deiziadeù ar lerc’h, paour kaez ac’hanomp, petra hon’eus klevet war Frans 3 e pad abadenn “Thalassa”, lavaret get ur c’hazetenner brudet, Georges Pernoud ? “Hervez ur gazetenn un tad kozh, Julien, a Grac’h, a ya bemdez da Santez Anna evit pediñ evit Gérard d’Aboville”... Brudet-bras oa deuet de voud me zad kozh, met eñ ne oa ket en e aes penn da benn kar an istor ne oa ket gwir !
A c’houde, m’boa goulennet gantan : “E gwirionez, bet out bet e Santez Anna an Alré evit d’Aboville?”... “Ur wezh” n’eus respontet ma zad kozh, hep monet pelloc'h... Kazi sur eo : ne oa ket bet ma zad kozh du-hont, memes ur wezh. Arsavet en doa da vlenian abaoe pell, ha re bell eman Santez Anna a kGrac’h evit mont war droad pe war velo. Ha me zad kozh ne vourre ket anezhan kerzhet : ret e oa kas anezhan get ur c’harr evit monet daou gant metrad pelloc’h...
Setu : ur farsadenn lavaret get ur den a voure ober goap, deuet da vout un istor “gwir” evit millionoù a dud a gaos da gazetennerien n’o doa ket klasket ma oa gwir pe pas ar pezh lavaret getan ! Ur sort “intox mediatique” a oa bet graet get ma zad kozh, d’an taol-se, hep finval, hep ober netra nemet farsal hag evan ur banne en un davarn. Yec’hed mat d’an holl !
Christian Le Meut

19/03/2005

Devant ses juges...

La jeune femme est devant ses juges...
Nous sommes dans un tribunal correctionnel d’une ville bretonne. Quatre personnes sont jugées pour trafic de stupéfiants. Trois hommes, une femme. Deux des prévenus ont déjà vendu ou revendu, deux autres, dont la jeune femme, ne sont que des consommateurs. Mais la jeune femme s’était mis dans la tête de “rembourser sa dette EDF”, a-t-elle expliqué au tribunal, en revendant du cannabis. Une dette qui s’élève à 800 euros. Mère de deux fillettes qu’elle élève seule, elle a donc passé commande mais le livreur s’est fait pincer. Arrêté, il a donné le nom de ses complices et a fait plusieurs mois de prison avant d’être jugé, ce même jour...
“L’argent des allocations sert à payer votre cannabis”, lance un des juges... La jeune femme admet dépenser 80 euros par mois environ pour le cannabis, sur les 500 euros d’allocations qu’elle touche. Mais elle fait face : “Oui”, elle continue de fumer, “Non”, elle ne compte pas arrêter. Elle dit avoir la tête sur les épaules... Mais l’on n’est pas égaux face à ses juges. Lorsqu’un juge lui demande si elle croit donner le bon exemple, elle baisse la tête, marmonne une réponse inaudible...

Une forme de réponse viendra cependant de son avocate : elle voit régulièrement cette jeune femme emmener ses fillettes à l’école. Les services sociaux veillent au grain, une forme de tutelle est en place mais les fillettes ont été laissées avec leur mère. Certes, cette jeune maman fume du cannabis et contracte des dettes maisses filles manquent-elles pour autant de quoi que ce soit ? D’amour maternelle, de tendresse, d’écoute ? Rien ne permet de le dire et, pourtant, un jeune juge se permet de l’insinuer : “Est-ce une bonne éducation ?”, “Êtes-vous en état ?...
Et lui, et eux, ces trois juges qui officiaient ce jour-là, deux femmes et un homme. Quelle sorte de vie ont-ils ? Combien touchent-ils chaque mois pour vivre ? Que boivent-ils ? Que fument-ils ? N’ont-ils jamais consommé de cannabis, même un peu, même il y a longtemps ?
Question subsidiaire : peut-on être une bonne mère et fumer du cannabis ?
La jeune femme a eu trois mois de prison avec sursis.
Mieux vaut être juge, qu’être jugé.

Christian Le Meut 

Dirak he barnerion

Ar vaouez yaouank zo dirak he barnerion. Ni zo en ur lezvarn “correctionnel”. Hag an deiz-se a oa barnet pevar den, tri faotr hag ur vaouez. Daou baotr o doa gwerzhet kannabis, ar pezh a zo difennet grons ober, hag an daou zen all o doa butunet hepken. Met ar vaouez a faote dezhi gwerzhiñ ivez evit “paeañ he faktouroù EDF”, he deus displeget d’ar varnourion ! Un den oa daet a Baris evit degas dezhi, ha d’an daou zen all ivez, ar “butun drol”, ar c’hanabl, da werzhan pe da vutuniñ. Met arrestet oa bet ar paotr en ti-gar, tapet get ar valtouterion ha lakaet en toull bac’h. Eno, lâret en doa anvioù e genseurted d’ar bolis. Ha setu ar pevar den dirak o barnerien .
Ar vaouez, daou vloaz war-nugent anezhi, div verc’h yaouank dezhi, ne oa ket en he aes dirak ar varnerion, met reskont a rae memestra d’o goulennoù. “Ya”, dalc’het he deus da vutuniñ kanabl. “Ya”, dispign a ra war-dro pevar-ugent euro bep miz evit butuniñ. “Ya”, n’he deus nemet pemp kant euro roet get an alokasionoù bep miz evit ober war-dro an tiad, mageiñ ar vugale hag an all doberieù arall... “Nann”, ne laboura ket. “Nann”, ne faota ket dezhi cheñch.
Seurt respontoù nend inbt ket graet evit plijet d’ar varnerion. “C’hwi zo c’hwi un toksikomanez”, eme prezidantez ar jury. “N’on ket”, a reskont ar vaouez... Hag ur barnour all, yaouank awalc’h : “N’eo ket ur skouer brav a roit aze d’o merc’hed”... Ar vaouez a glask distag ur respont balbouzet ken izel an taol-man ma chom digomprenus...
Reskontet vo memestra met get hec’h avokatez : ar vaouez yaouank a ra war-dro he bugale; bemdez o c’has d’ar skol war droad. Gwir eo, emañ bet lakaet ar merc’hed edan gouarnasion ar servijoù sokial, d’ar re man da soursial anezhe, met lesket int bet get o mamm ur sort...
N’eo ket aes, bout barnet evel-se. N’heller ket reskont d’ar barnerion. Butuniñ a ra “butun droll”, kanabl, ar vaouez yaouank. Met daoust ag e tiover he merc’hed abalamour da gement-se ? Ha diover a reont karantez, c’hoarioù, kalon ur vamm ? N’eo ket sur. Ha penaos buhez o deus, ar varnerion-se doc’h o zu ? Hag o deus bugale ? Ha tud vad int ? Ha mont a reont-int bemdez da gas o bugale d’ar skol ? Ha pegement e vez touchet gante bep miz ? Petra e vez evet gete ? Butuniñ a reont kanabl a wec’hoù ?
Tri mizh toull-bac’h get “sursis” deus tapet ar vaouez yaouank. Aesoc’h eo barniñ evit bout barnet. Netra suroc’h.

Christian Le Meut 

15/03/2005

Bili da werzhañ : 20 € bep kilo !

Tostaad a ra Nedeleg ha me zo, marteze eldeoc’h-c’hwi, e klask traoù da brofiñ. Bet on bet koste Gwened en ur stal bras awalc’h e lec’h ma vez gwerhzet glouestroù bihan, arrebeuri, ha traoù all da vravaat an ti... Ha petra m’eus gwellet ? Bili. Bili da werzhañ ! Tost deg euros pemp kant grammes. Ugent euro evit ur c’hilo bili, mein bihan dastumet war an aod. Bizkoah kemend all ! Bez zo bili brav, se zo sur... Met ugent euro ur c’hilo : ker eo un tamm. N’eus kazimant netra d’ober nemet dastumiñ ar bili, o lakaat e barzh sec’hier ha setu, graet an taol. N’eus ket afer da blantiñ bili na d’o eostiñ ar lerc’h.

Ur sonj all zo daet diñ. Ha droad zo, benn ar fin, da zastumat ha da werzhan bili ? Ar re m’eus gwellet a zeu, marteze, ag ur veingleù bennak. Gwelloc’h vehe. Kar ar bili a zo war an aod, a zo da pep hini ac’hanomp ha n’eus ket droad d’o dastum benn ar fin. Nemet unan pe daou evit ar blijadur, met pas evit bout gwerzhet... Hag an dour ? Hag ar petrol, da biv int ?

Dour fall da evañ
Aman e Breizh e vez evet ganeomp dour lakaet e boutailladoù get stalioù bras evel Vittel, Evian, Volvic, ha c’hoaz. Ar mammenoù a zo dezhe, perc’hennet gete. Met an dour a zo edan an douar, barzh an “nappes phréatiques”, da biv eo? Deomp ni, d’am sonj, ha pas d’ar stalioù bras se... Ha ni da baeañ kaer ruz dour a zo deomp ni dija, peogwir n’eo ket mad awalc’h an dour red, an dour ag ar robinet. Re a zraoù lous a zo e barzh : nitratoù, pestisidoù, atrazine ha c’hoazh. Met louset e vez an aer ivez a gaos d’an dra se : ur bern kamionoù a zeu a bell evit kas deomp an dour se, ag ar Pirénéou, an Alpoù, Bro Vosges ha c’hoazh... Louziñ a reont an aer hag, oc’hpenn, danjerus int war an hentoù... Gounezet e vez mod se ur bern argant get stalioù bras pitaod dija, ar stall Nestlé, da skouer, argant roet ganeomp-ni, ha n’omp ket pitaod !

Gwelloc’h eo an dour red e Paris, sanset. Gwellet m’eus du hont skritellioù bras evit lâvar d’an dud da evan an dour-se. An dour e Paris zo mat da evañ, met pas e Breizh... Ha deomp ni, Bretoned, da c’hortoz c’hoaz. Ur bern argant, millionoù ha millionoù, zo bet dispignet dija get Bro Frans ha get rannvro Breizh evit gwellaat an dour red. Kondamnet eo bet Bro Frans dirak justis Europa a gaos d’an traoù louz a zo e barzh dour e Breizh. Met n’eo ket gwelloc’h c’hoazh an dour.

Traoù zo, a zo da razh an dud, evel an dour, evel ar bili war an aod. Diwallomp kar, re aliez, an traoù se e vez tapet, laeret benn ar fin, get tud pe stalioù kenverzh hag, ar lerc’h, gwerzhet deomp ni en dro ! Penaos a vez graet ag an dra-se : kapitalism...

Christian Le Meut 

20 euros, mon kilo d’galets, 20 euros !

Il y a peu je suis allé du côté de Vannes dans une de ces grandes surfaces qui vendent des petits meubles et des éléments de décoration. Et qu’ai-je trouvé ? Des galets ! Et oui, le galet se vend désormais, et à un bon prix : dix euros les 500 grammes ; soit vingt euro le kilo ! Pourtant, il n’y a pas grand chose à faire : les ramasser, les trier, les mettre en paquet, et le tour est joué. On n’a pas à les planter, les arroser, les moissonner... Le cours du galet est élevé donc, d’autant plus pour un produit qui ne sert à rien, sauf à décorer... Mais, du coup, je me suis posé la question : a-t-on le droit de ramasser des galets ? Ceux-ci provenaient probablement, j’espère, d’une carrière privée car ceux qui sont en bord de mer, sur les plages, sont sur le domaine public et appartiennent donc à tous. On doit pouvoir en ramasser un ou deux à l’occasion, par plaisir, mais guère plus. Car, si le galet domestique n’a qu’une utilité relative et décorative, le galet sauvage lui, a une vraie utilité dans la nature. Il se transforme au bout de quelques milliers ou millions d’années en sable. Il doit avoir aussi, mais je ne suis pas spécialiste, un rôle à jouer dans les flux marins et dans l’écosystème des plages...

Chère eau potable
Le galet, finalement, est comme beaucoup de ressources naturelles : il doit être préservé et tenu éloigné des appétits financiers, mais là non plus, ce n’est pas gagné. Car si l’on y pense bien, les sociétés qui vendent de l’eau en bouteilles, par exemple, ont-elles le droit de le faire ? Elles sont propriétaires de leurs sources et de terrains autour, mais sont-elles propriétaires des nappes phréatiques ? Et nous, de payer cher une eau embouteillée qui est, probablement, au départ, notre propriété collective, car nous ne voulons pas boire l’eau du robinet, trop polluée. Particulièrement ici, en Bretagne, où trop de polluants ont été, et sont encore, présents dans l’eau du robinet : nitrate, pesticides, atrazine, et je ne sais quoi d’autre.

Mais, finalement, notre consommation d’eau en bouteilles contribue aussi à la pollution : des millions de bouteilles en plastique sont ainsi jetées chaque année et doivent être recyclées... Des milliers de camions font des kilomètres depuis les Alpes, les Vosges, les Pyrénées, pour nous apporter cette eau. Ils contribuent également à rendre les routes plus dangereuses. Et nous, consommateurs, pas si riches que cela, d’enrichir des multinationales agro-alimentaires, comme Nestlé, déjà forts riches. mais futées : elles nous revendent embouteillée, une eau qui devrait être considérée comme un bien collectif. C’est à nous, mais nous devons l’acheter, et au prix fort, car l’Etat, défaillant, ne peut nous garantir une eau réellement potable. Cela s’appelle le capitalisme...
Même les Parisiens semblent mieux lotis. J’ai vu à Paris, en novembre 2004, une campagne d’affichage vantant les mérites de l’eau du robinet, bien meilleur marché que l’eau en bouteilles. Les autorités se gardent bien d’une telle campagne en Bretagne alors que la France a été condamnée devant la justice européenne pour le taux de nitrate trop élevé dans l’eau des robinets bretons...

Christian Le Meut 

14/03/2005

Amzer an tailhoù...

Bet on bet en Oriant e miz meurzh, d’an Ti an Tailhou evit kompren penaos gober ged ma diskleriadur, ma “déclaration” peogwir e vanke din traou, titouroù. Er staj kentan (res an douar), ur plac’h he deus goulennet din e emen e oan o chom. Ba Hen Bont, m’eus respontet, ha hi de lavar din mont d’an trede staj. Du hont, un den all en deus roet din un tiked evit gortoz : un tiked gwenn ha glas. Skrivet oa warnan ar sign dollar, ha daou sifr : tri c’hant tri, hag, un tammeg uhelloc’h, nav ha daou ugent.

Petra a dalve ar sign dollar ? M’eus ket komprenet... Hiriv an deiz e vez paeet tout an traou ged an euro, hor monneiz, netra da wellet ged an dollar hag n’omp ket bet aloubet c’hoazh ged an arme a Estadou unanet!... Met ne verne ket : aet on da c’hortoz dirak ar burev tri c’hant tri, evel ma oa bet skrivet war ma zamm tiket... E ma sav e oan, peogwir ne oa ket trawalc’h a gadoerioù. Hag re gozh oa a chome a sav ivez. Marteze Minister ar budget n’eus ket argant awalc’h evit prenan kadoeriou... Met dor ar burev tri c’hant tri a chome serret daoust ma, e pad an amzer, tud oa o vont e barzh bureviou all, pe o vont kuit. Iskiz oa ar jeu, un tammig.

Goude un nebeut munutennoù, m’eus klewet ur plac’h ag an tailhou o c’halvin tud ged niverennou tri c’hant daou daoust ma oa ar plac’h se e barzh ar burev tri c’hant pewar ! Bizkoah kemend all : an niveren war an tikedou na zeu ket ged niverenou ar bureviou ! Perak gober traou simpl, pa e vez posupl ober traou diaes ! Hag ar re all da gomprein iwez ! Ha setu an tud o finv e barzh an trepas evit kavet o bureviou mad. Stlabez oa un tamm, hag tud oa o klemm, me lavar deoc’h.  Hag un niverenn all oa war ma ziked : naw ha daou ugent. Hennezh oa ma niverenn e barzh ar file d’attente... Ya, met ne servije da netra iwez peogwir den ebet ne ouie ket emen oa ma e “file d’attente” mad ! Ar lec’h un ugent munut bennak, a-benn ar fin, m’eus komprenet e lec’h oa ma burev mad ha m’eus kavet ur plac’h ag an tailhou, koant hag amiabl, evit displeg ar pezh a vanke din...
Setu. N’eus ket pell zo m’eus klevet lâret e oa ar gouarnamant o klask da lakaet simploc’h an traou graet get ar melestradurezh : labour zo ! Bizkoah kemend all !

Christian Le Meut

Le temps des impôts...

Vous avez peut-être reçu votre déclaration de revenus (il ne faut surtout pas dire "déclaration d'impôts", celà défrise mon papa !). Déclaration de revenus donc, les impôts à payer seront calculés par les services compétents... Justement, l'année dernière, j'ai dû y aller pour me renseigner...

Le 24 mars (2004), il fallait rendre sa feuille de déclaration de revenu dûment complétée, et sans erreurs. C'est pourquoi je me suis rendu au centre des impôts de Lorient afin d’avoir quelques renseignements qui me manquaient. A l'accueil du rez-de-chaussée, une personne me demande où j’habite et m’oriente vers le troisième étage. Là, une autre personne me donne un ticket, blanc avec un liseré bleu, sur lequel est écrit le signe dollar, $ puis 303, et plus haut, 49... Que viennent faire des dollars dans cette histoire alors que nous sommes passés à l'euro ? L'on parle beaucoup d'hégémonie étasunienne actuellement, mais faudrait pas anticiper trop !

Bon, ce mystère n’étant pas résolu, je me dirige, ticket en main, vers le couloir que l’on m’indique et là, je trouve le bureau 303, comme il est écrit sur mon ticket. Je me plante devant debout, car il n'y a pas trop de chaises... Même pas assez pour les personnes âgées présentes : il faudrait peut-être aviser le Ministère du budget, qu'il débloque des crédits ! Mais la porte du bureau 303 reste désespérément fermée pendant une dizaine de minutes. D'autres s'ouvrent et, tendant l’oreille, j’entends une conseillère appeler la série 302, alors qu'elle est dans le bureau 304 ! Tiens donc, les numéros sur les tickets ne correspondent pas à ceux des bureaux ! Bizkoah kemend all, me dis-je (). Panique dans les files... Et les 303 de se placer devant le bureau 301 tandis qu'un afflux de 306 se précipite vers la porte 302, etc ! demande une dame...

Et le numéro 49, en haut du ticket, à quoi sert-il ? Et bien voilà, les personnes sont sensées avoir un numéro dans leur file d'attente, mais comme elles se mélangent les pieds dans les files, que les conseillers ne demandent pas leurs tickets aux “clients”, ces numéros n’ont plus aucun intérêt : c’est le bordel ! En plus, certains conseillers appellent bien leur série et leur , mais d'autres se contentent d'appeler , ce qui fait plutôt règner la loi du plus vite comprenant et du plus rapide (et là, les personnes âgées sont un peu désavantagées)...

Voilà, après vingt minutes d'attente, j’ai fini par comprendre le système et obtenir les renseignements attendus en cinq minutes avec une charmante conseillère. Ouf ! J’ai entendu que le gouvernement légifère actuellement sur la simplification des démarches administratives : il y a du boulot, en commençant par l’achat de quelques chaises en plus et une meilleure organisation des files d’attentes !
Christian Le Meut

10/03/2005

"Tout schuss" : nann trugarez !

En Alpoù on bet, e miz C’hwevrer (2004), evit mont da vakansiñ koste Bro Savoa. Ar pezh a zo : ret e oa diñ gober ski ! Evel ma vehe ret mont da neuial evit ar re a zeu da aodoù Breizh e pad ar vakansoù. Dre ret ! Mard ez it d’ar mennezhioù  hep ober ski, gwellet vec'h evel un den drol, iskiz... N’eus netra all d’ober du hont d’ar gouiañv, nemet skiañ, sanset.

Ha setu me, gwisket el ur skiour a vicher, met get traoù kozh prestet din get ma breur. Ne oan ket gwisket d’ar mod nevez, doc’h ar c’hiz, met kentoc’h mod kozh hag ar vugale a rae goap doc’hin... Ya, met gwisket e oan get livioù fluo, melen, ruz hag oranjez, ha, mod se, "e vo aesoc’h d’em gavout mard e kouezhan en un toull bennag", m’eus reskontet d’ar vugale, ha toullioù zo er vro se, me lavar deoc’h, n’eus nemet toullioù, evit lavar ar gwirionez. Toullioù ha mennezhioù...

An deiz kentañ, feurmet m’eus skioù ha lakaet m’eus ar votoù ski. Ar skioù zo un dra, met ar votoù zo un dra all. Poanus eo da laakat, pounner, ha diaes da gerzhet gete... Kroget m’eus da greisteiz ha kaset on bet, kazimant doc’htu, d’an hent ruz. Brav tre oa an natur e lein ar mennezhioù met ar re all a oa ganin ne oant ket intereset tamm ebed get an natur, get ar sell brav... Ret e oa mont kuit doc’htu evit disken ar “piste” ruz se, hep sellet doc’h ar vro.

Diskennet m’eus an hent ruz, neuze, war ma skioù, pe a goste a wezhoù. Ur wezh, kouezhet m’eus hag unan a ma skiou zo aet kuit ! “Dechausset” m’eus, evel e larer e yezh ar skiourion. Ha poan m’eus bet da lakaat en dro ar ski breiñ se, pemp munut pe muioc’h. Ne oan ket diazeet mad ! Traoù zo a vez graet buan tre get ar re akourset, met a dap kalz muioc’h ag amzer get an dud n’int ket akourset, se zo aes da gompreiñ. Nemet get ar skiourioñ o deus paet ker evit skiañ ! Pal ar re se zo monet ha donet, diskeiñ ha pigneiñ, gortoz dirak an “télésiéjou” pe an “tire fessennoù”! Nag a blijadur !

Ur yezh ispisial
Ar skiourioñ o deus ur yezh ispisial, ivez, savet gete.
Penoas lavar e brezhoneg “tire fesses”, lakoomp ? "Tennañ difesenn" ? Met n’eus ket traoù evel se er vro man, ha gwell a se... E Bro Savoa, ur bern tud o deus laret diñ da vont “tout schuss”. N’eo ket savozieg, ar gerioù se, alamaneg kentoc’h. “Tout schuss” a dalv mont ar founnaplan, ar vuannan posupl. D’ober petra ? M’eus ket komprenet. Mont ar founnaplan posupl da stokiñ ur skiour all, pe d'en em troc’hiñ ur vrec’h, ur garr ha, war lec’h, mont ar founnaplan posupl d’an ospital ? Hag ar vugale a oa genin a lare diñ an dra se ivez. “Ki founnablan!”. Met perak ? D’ober petra ? Barzh ma labour, a vez goulennet genin mont ar founnaplan posupl dija !...

Me, ne faotan ket mont founnapl pand on e vakansoù met kentoc'h pourmen trankil, goustadig, evit sellet doc’h ar mennezhioù, tenniñ ma anal, aveliñ ma spered. Na brav eo ar vro edan an erc’h !... Ya, met danjerus eo, ur sort... Loened zo, du hont. Estroc’h evit ar skiourion, surferion zo ivez. Ur wezh, gwellet m’eus ur “surf” e diskenn ar menez, met e unan penn... Ar “surfour”, oa e redek war e lerc’h ! Danjerus bras oa kar ar surf a yae founnapl tre. Eurasament, kouezhet eoen ur roued, ha den ebet zo bet gloazhet getan... Ur wezh all m’eus gwellet un ambulans e kas un den gloazet... Pe ur wezh all an helikopter ivez, dont da glask un den all... Bourrapl eo, ober ski.

Eurasamant, an dezhioù war lerc’h m'eus kavet hentoù “glas” aesoc’h da skiañ ! Ha meur a wezh on bet souezhet e wellet tud e bourmen war lein ar mennezhioù hep ski ebed, met get botoù hepken, pe get “raketennoù”. "Plijus vehe mont da bourmen evel-se, m’eus sonjet. Hep ski : ur burzhud ! Ha setu-me, e kreiz ma sizhun vakansoù, da gas ma skioù d’ar stal e lec’h m’boa o feurmet, evit mont da vale war droad en ul lec’h brav, “le lac de la mine d’or”. Mil metrad ha pemp kant da uhelder, memestra. Trouz ebed, telesiejou ebed, nemet tud, skiourion e o zouez e pourmen sioul ha trankil... N’ouzon ket ma z’eus aour el lein se met ar pezh a zo sur, an didrouz zo aour ivez ! "Le silence est d'or" e larer e galleg.

Ur dra all zo sur : ne z’in ket “Tout schuss”, memes war ar skioù. “Tout schuss”, zo re skuizhus ha danjerus.

Christian Le Meut 

"Tout schuss !!!

Je suis allé en vacances à la montagne au mois de février passé, en Savoie. Ce qu’il y a, c’est que, étant en groupe, j’ai dû faire du ski... C’était obligatoire, un peu comme si les gens qui viennent à la mer en été étaient absolument obligés d’aller se baigner... Si vous allez en montagne l’hiver et que vous ne skiez pas, vous risquez d’être vu comme un être bizarre. Il n’y aurait même, selon certains, que cela à faire l’hiver en montagne...

Et me voilà, habillé comme un skieur professionnel, mais avec de vieux vêtements de ski prêtés par mon frère... Je n’étais pas habillé selon le dernier cri de la mode, mais plutôt à la mode d’il y a dix ans, ce qui faisait bien rire les enfants qui m’accompagnaient. Oui, mais j’arborais des couleurs fluo, jaune, orange, rouge, et ainsi, leur expliquai-je, “je serai repéré plus vite si je tombe dans un trou”... Car des trous, il y en a beaucoup, il n’y a même que cela dans cette région, des trous et des montagnes...

Le premier jour, j’ai donc loué des skis. Et là, première galère, il a fallu mettre les chaussures de ski. C’est lourd, douloureux, et difficile, de marcher avec des chaussures de ski... J’ai commencé le ski doucement,vers midi, mais voilà, comme je n’étais pas tout seul, mais pas débutant non plus, il m’a fallu suivre le groupe sur une piste rouge accessible par un télésiège montant vers un très beau sommet. Là haut, la vue était superbe mais il a fallu partir tout de suite. Quel intérêt de rester regarder une vue superbe, en effet, alors que l’on peut descendre une piste rouge ? Je l’ai descendue, en effet, sur ms skis mais parfois aussi à côté de mes skis.

Une sorte de fièvre frénétique semble atteindre certains skieurs quand ils sont sur une piste. Pas question de s’arrêter, de regarder le paysage. Non, il faut monter, descendre, et attendre devant les tire-fesses ou les télésièges. Puis recommencer, monter, descendre, et attendre... Quel plaisir ! Mais vu le prix qu’ils ont payer, certains veulent absolument rentabiliser leur semaine de vacances.

Y'a d'la joie sur la civière ! 
Les skieurs ont aussi une langue particulière... Beaucoup de gens m’ont dit, pendant mon séjour, d’aller “tout schuss”. “Tout schuss” n’est pas du savoyard mais plutôt de l’allemand. Cela veut dire quelque chose comme aller le plus vite possible. Pourquoi faire ? Je ne sais pas... Aller le plus vite possible pour se cogner le plus fort possible contre un arbre, contre un autre skieur, pour se casser un bras ou une jambe et pour prendre, mais le vite possible, la direction de l’hôpital ? Déjà toute l’année, au boulot, il faut aller le plus vite possible, alors non, pas en vacances... Je préfère prendre le temps de regarder la montagne, de respirer, de m’aérer l’esprit. Oui, mais sur les pistes, mieux vaut ne pas trop s’attarder à regarder le paysage, car il y a quelques dangers qui vous guettent. Le surf, par exemple, cette planche sur laquelle certains dévalent les pistes. Un jour, j’ai vu un “surf” descendre ainsi la piste, mais tout seul... Le surfeur était derrière, tentant de courir pour rattraper son surf qui allait beaucoup plus vite que lui et qui aurait pu blesser gravement quelqu’un. Heureusement, le surf est allé se coincer dans un filet... J’ai aussi vu une ambulance venir chercher un skieur, ainsi qu’un hélicoptère venir en chercher un autre... Que d’la joie, j’vous le dis... Mais sur civière !

Au fil des jours j’ai quand même trouvé mon rythme de croisière sur des pistes bleus et vertes. J’ai même acquis une certaine vitesse pour être parmi le premier, en fin de journée, à atteindre le café où nous buvions un vin chaud à la cannelle après avoir posé les skis. La délivrance... Et puis j’ai repéré aussi des promeneurs. Même en haut des pistes, des gens se promenaient tranquillement, soit en raquette, soit en chaussure de marche. Quelle belle façon de découvrir la montagne ! Alors, au milieu de ma semaine de ski, je suis allé les ramener au magasin et je suis allé me promené dans la montagne. Notamment dans un lieu appelé le “lac de la mine d’or”, à près de 1.500 mètre d’altitude. Je ne sais pas s’il y a de l’or dans ce lac, mais ce qui est certain, c’est que le silence est d’or. Plus de télésièges ou de skieurs bruyants, plus aucune raison d’aller “tout schuss”, juste quelques promeneurs tranquilles...
Et puis une chose est sûre, ici ou ailleurs, je n’ai pas du tout envie d’aller “tout schuss”, même sur des skis.

Christian Le Meut