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31/05/2005

Raffarin : nous le regretterons...

Voici quelques "Maximes et raffarinades" pêchées sur le fil de l'AFP, à l'heure ou JPR nous quitte comme premier ministre. Comme c'est intraduisible en breton (et en toute autre langue pour certaines citations incompréhensibles), ce message est uniquement en français (ou presque).

"Raffarinades" choisies:
La vie:
- "Notre route est droite, mais la pente est forte"
- "Les jeunes sont destinés à devenir des adultes"
- "L'avenir est une suite de quotidiens"
- "La route, elle est faite pour bouger, pas pour mourir"
- "Je dis aux jeunes : la fête, c'est la vie. La vie, c'est ton visage !"
- "La modestie, ça ne se proclame pas, ça se vit"
- "Il existe aussi une intelligence de la main (...) et elle communique directement avec le coeur"
- "Les veuves vivent plus longtemps que leurs conjoints"
- "Je vous recommande la positive attitude"

La politique:
- "La France est forte quand c'est une force qui va et qui sait où elle va"
- "La Marseillaise sera d'autant moins sifflée qu'elle sera entonnée par tous"
- "Le citoyen est un piéton de la République"
- "Un peuple qui doute n'est pas un peuple qui marche"
- "La politique, ce n'est pas un sport, ce n'est pas une équipe contre une autre: on est tous l'équipe de France"
- "A force de penser au pluriel la politique, certains ont oublié le singulier de la France"
- "Merci (à Bernadette Chirac) de nous montrer que la victoire n'est pas facile, qu'elle se gagne étable par étable, commune par commune"
- "La rue doit s'exprimer mais ce n'est pas la rue qui gouverne"
- "Il faut mettre en place la République du bon sens"
- "Il y avait un projet de loi qu'on a arrêté à temps. C'était : quand on ne travaillera plus le lendemain du jour de repos, la fatigue sera vaincue"
- "C'est promis, l'année prochaine je viendrai avec des allègements d'impôts. Je ne prends pas de rique puisque le voisin d'en face l'a annoncé"
- "Les jeux +perso+ ne sont pas des jeux d'avenir"

L'Europe et le référendum:
- "L'Europe à laquelle nous devons penser demain, ce n'est pas l'Europe d'hier"
- "The yes needs the no to win against the no" ("le oui a besoin du non pour gagner contre le non")
- "Ne soyons pas frileux, ne soyons pas frigides" avec l'Europe
- "Mon oui est plus qu'un non au non"

Lui-même:
- "Je ne suis pas énarque, je parle directement comme je suis"
- "Je n'aime pas beaucoup ne pas être dans le logiciel central de moi-même"
- "Est-ce que j'ai l'air d'un psychosé ?"
- "J'ai mes rondeurs mais j'ai mon énergie"
- "Je suis le pilote de l'Airbus gouvernemental"
- "Je ne travaille pas pour moi, je n'ai pas un ego hypertrophié"
- "Il faut sauter des haies et finalement, je saute les haies les unes après les autres"
- "On annonce toujours mon départ pour la semaine prochaine. Finalement j'ai quelque résistance"
- "J'aimerais un jour être globe-trotter"
- "Je repars à neuf" : c'est ça, et kenavo !

N'hésitez pas à indiquer votre citation préférée, et à en rajouter s'il en manque de belles !

25/05/2005

Pemp ya ! Cinq oui !

Cinq raisons de voter oui à la constitution / Pemp abeg evit votiñ YA d'ar Vonreizh
proposées par l'Union démocratique bretonne de Brest / kinniget get Unvaniezh demokratel Breizh (UDB) a Vrest

"1. Une Europe plus efficace. Un Europa efedusoc'h.
L'Europe à 25 ne peut pas fonctionner correctement avec les règles actuelles issues du traité de Nice. La constitution crée des mécanismes qui augmentent l'efficacité de l'Union: extension des domaines de vote à la majorité qualifiée empêchant le veto d'un seul état, clarification et simplification des actes de l'union, passage à deux ans et demi de la durée de la présidence du Conseil européen ?

Pa 'z eus bet bodet 25 bro enni, ne c'hell ket Europa taliñ outi dre ober gant al lezennoù degaset hiziv gant feur-emglev Nice. Pourchas a raio ar Vonreizh binviji a zegaso muioc'h a nerzh d'an Unaniezh: kresk an tachennoù a vo implijet evito dibab ar muiañ niver, ar pezh a viro ouzh stadoù d'ober gant o gwir enebiñ hep soursial ouzh ali ar re-all, un doare eeunoc'h hag aesoc'h da gompren evit reiñ tu d'an Unaniezh da lakaat he divizoù da dalvezout, ur badelezh lakaet da zaou vloaz hanter evit karg prezidant Kuzul Europa...

2. Une Europe plus démocratique Un Europa demokrateloc'h
La constitution garantit plus de démocratie: extension des pouvoirs du parlement européen, meilleur encadrement des pouvoirs de la commission européenne, inclusion de la charte des droits fondamentaux, création d'un droit d'initiative populaire ?

Degas a raio ar Vonreizh muioc'h a vuhez demokratel: kresk galloudoù Parlamant Europa, ur framm gwelloc'h evit Komision Europa, karta ar gwirioù-diazez lakaet enni, ur gwir roet d'ar boblañs da gemerout perzh er jeu...

3. Une Europe plus sociale. Un Europa sokialoc'h
Avec la constitution, l'Europe devient plus sociale puisqu'elle introduit des objectifs sociaux, des droits sociaux, une clause sociale transversale et une base pour les services publics (appelés par la constitution services économiques d'intérêt général).

Gant ar Vonreizh e teuio Europa da vezañ sokialoc'h rak menegiñ a ra palioù sokial, gwirioù sokial, un diviz sokial astennet war meur a dachenn hag un diazez evit ar servijoù foran (a vez graet anezho er Vonreizh servijoù ekonomikel evit interest an holl)...

4. La naissance d'une union politique. Krouidigezh un unaniezh politikel
Jusqu'à présent, l'Europe ? du traité de Rome au traité de Maastricht ? était uniquement un espace économique. Avec la constitution naît une union politique constituée d'Etats et de Peuples où les citoyennetés se mélangent. Une nouvelle souveraineté est en germe, appelée à remplacer progressivement la vieille souveraineté de l'Etat - nation issue du Moyen-âge. A la différence des Etats qui la composent, pris individuellement , cette union politique pourra faire le poids face aux autres puissances économiques, actuelles et futures (USA, Chine, Inde ?) en proposant de manière crédible une alternative plus respectueuse des individus et de l'environnement à la mondialisation ultra - libérale actuelle.

Betek-henn, ne oa Europa -hini feurioù-emglevioù Roma ha Maastricht- nemet un takad ekonomikel. Gant ar Vonreizh e vo frammet un unaniezh politikel a yelo d'ober anezhi stadoù ha pobloù ha lec'h ma vo mesket ar c'heodederezhioù. Ur veli mod nevez a zo oc'h en em stummañ, graet evit kemerout plas tamm-ha-tamm beli ar stadoù-broadoù savet e-kerz ar grennamzer. Er c'hontrol eus ar stadoù a ya d'ober anezhi pa rank ar re-se taliñ outi o-unan, e vo an unaniezh politikel-se evit dastum nerzhioù par da re ar galloudoù a-vremañ pe da zont (Stadoù Unanet Amerika, Sina, India) en ur ginnig en un doare kendrec'hus ur vuhez stroll etrebroadel doujusoc'h e-keñver an dud hag an endro eget bedeladur an tu frankizour pellañ a glask ober al lezenn hiziv an deiz.

5. L'Europe de la diversité. Europa Liesseurt.
L'Europe reconnaît la diversité culturelle et linguistique. Les Bretons contraints de se battre pour préserver leurs langues et leur culture dans un Hexagone jacobin et centralisateur, ne peuvent que s'en réjouir. L'avancement de l'intégration européenne isolera peu à peu la France dans la non-reconnaissance de sa propre diversité, l'obligera à évoluer et à donner plus de pouvoirs aux régions qui la composent à l'instar des autres pays d'Europe.

Anzav a ra Europa ez eus meur a sevenadur ha meur a yezh enni hag e tleer kaout doujañs outo. Ur chañs eo evit ar Vretoned a rank stourm evit difenn o yezhoù hag o sevenadur dezho en ur c'hwec'hkogn jakobin ha kreizennelour. Seul belloc'h ez aio Europa war an hent-se, seul vuioc'h e vo lakaet Frañs en distro pa gendalc'ho da nac'hañ anzav al liested a zo enni, ar pezh a vroudo anezhi da cheñch he mod da soursial ouzh kudennoù an dachenn-se ha da reiñ muioc'h a nerzhioù politikel d'ar rannvroioù a ya d'hec'h ober evel ma vez graet e broioù all Europa.

Enfin, n'oublions pas qu'une constitution est seulement un cadre pour l'action. Les politiques menées dépendront des majorités que les Européens auront élues au parlement de Strasbourg.

Evit echuiñ eo arabat deomp disoñjal n'eo ar Vonreizh nemet ur framm evit lakaat divizoù da dalvezout. Dibaboù dazont Europa e vo ar re difennet gant ar muiañ niver eus ar gannaded kaset gant an Europeaned da Parlamant Strasbourg."

UDB-Brest - Tél/Fax : 02 98 07 01 32.

19/05/2005

Ya, pe nann ?

Lâr “Ya” pe lâr “Nann”... Ase eman an dalc’h ! Abaoe miziadoù ha miziadoù e lennan pennadoù-skrid, e selaouan abadennoù skingomz, e komzan get tud a beb sort evit gouiet mard e larin “ya” pe “nann” d’an 29 ar miz man...

Lennet m’eus ar vonreizh, pe klasket m’eus d’hi lenn kentoc’h, rak m’eus ket komprenet tout, hag oc’hpenn-se m’eus kroget da gousket doc’h hi lenn... Klask a ran d’ober ma labour sitoian, ar pezh n’eo ket aes berped. Me well tud a zehoù a lâr “nann” get tud a gleiz, ha tud a gleiz a lâr “ya” get tud a zehoù... Penaos kompren...

Unvaniezh Europa a vez savet abaoe 50 vloaz. Meur a wezh m’eus gwellet lezennoù Europa monet pelloc’h evit lezennoù Frans evit an natur, evit gwirioù ar merc’hed, evit ar yezhoù bihan, da skouer... Ur bern tud hiriv an deiz a zo kounaret hag ankeniet e wellet ar baourantez hag an dilabour a ya war greskiñ... Stalioù labour a vez serret aman e Breizh ha Bro C’hall evit bout adsavet pelloc’h, e lec’h ma vez paiet bihanoc’h an dud... Gwir eo, met n’on ket sur eman just lakaat razh an traoù spontus-se war gein Bonreizh Europa nevez.

Hag, oc’hpenn-se, traoù-zo barzh ar vonreizh nevez a laak Europa da vout demokrateloc’h hag efedusoc’h. A gres d’ar vonreizh-se, gouarnet vo gwelloc’h gwirioù an tud a laboura reve Jacques Delors. “N’eus ket bet un destenn sokialoc’h abaoe m’eman bet savet Unaniezh Europa” emezan.
Lennomp ar pezh skrivet get un den all, a Vreizh, Anjèle Jacq, skrivagnourez a zo e-penn “Galv Karaez evit an demokratelezh ha gwirioù mad-den” : “Un araokadenn vras eo ar vonreizh-se. Sklaer eo meneget enni ar minorelezhioù hag an ezhomm da dostat al lec’hioù divizan doc’h ar sitoianed. Sur-tre emañ hag a chomo ar vonreizh-se da wellaad a-hed an amzer rak netra n’eo biskoazh peurlipet da vat.
El rezon e vo ret kas a-raok an tu sokial en ur ingalañ al lezennoù en tu-se. (...). Neoazh, aesoc’h e vo deomp ober berzh ha gwellat buhez an dud, kas ar-raok an ekonomiezh hag ar gwarezh-natur pa hor bo muioc’h a c’halloud war hor pemdez en ur Breizh klok. (...). Dont a raio tamm ha tamm war wel un emskiant publik european dre ar vonreizh-se. Bez e c’hello an Europeaniz dibab an Europa a fello dezho kaout. Ret vo d’an dilennidi gall sujañ da gement-se”. Setu ar pezh skrivet get Anjèle Jacq.

C’hwi peus komprenet marteze : me, me votay “Ya”.
Met “Ya” pe “nann”, penaos bout sur penn da benn ? N’eo ket aes goueit. Den ebed a ouia penaos vo an amzer da zonet. Met, ma lâromp “nann”, aon m’eus ne yay ket gwelloc’h an traoù... Falloc’h, ne lâran ket.
Mard eo lâromp “nann” petra vo ar lerc’h ? Savet vo ur vonreizh nevez all ? N’eo ket sur ha get peseurt sonjoù e-barzh ? Sonjoù an aotroù Le Pen, pe kani an intron Laguiller, pe kani an aotroù Fabius ? Ha get piv all, en Europa ? Kar n’eo ket un dra etre Fransizion hepken... Bec’h vo, d’am sonj, kentoc’h, etre an Europeaniz.
Abaoe hanterc’hant vloaz e vez savet un dra nevez aman, en Europa, get stadoù ha pobloù a-du d’en en dolpiñ, da sevel darempredoù, da labourat asambles. N’eo ket demokratel awalc’h, Unaniezh Europea, na sokial awalc’h, marteze.
Met me, ne fellan ket gwellout Unvaniezh Europa monet da get, monet da gouezhel... Hag ur riskl eo. Ur riskl bras.
Deomp-ni, Europeaniz, da welled peseurt Europa a faota deomp sevel. Ha da bep hani da votiñ hervez e goustians, e respetiñ ar re all. Mod-se eman an demokratelezh...
Christian Le Meut

“Oui ou Non ?”...

Depuis des mois je suis à l’écoute, comme vous probablement, des arguments pour ou contre le traité constitutionnel européen sur lequel nous devons voter le 29 mai. J’ai même essayé de lire la Constitution, mais je me suis à moitié endormi dessus... Je ne dois pas être le seul, mais j’ai honte...

Beaucoup estiment que ce texte n’est pas assez social, qu’il laisse trop de place au marché et à la concurrence... Et ils votent non.
D’autres pensent que ce texte rogne trop les pouvoirs Etats en place, qu’il menace les “Etats-nations” comme la France, et ils votent non...
La croissance de la pauvreté, la persistance du chômage, les délocalisations font peur et incitent d’autres à voter non également.

La constitution serait trop libérale, disent-ils. Et un tract circule montrant que le mot “concurrence” figure X fois dans le traité... Dans le sens de la libre concurrence effrénée, ou dans celui du contrôle de la concurrence ? On ne le saura pas. Ce même tract n’indique pas que combien de fois le même traité comporte le mot “social”...

“Ce texte est le plus social de tous les textes européens jusqu’ici mis en oeuvre” souligne Jacques Delors, dans Le Nouvel observateur du 27 avril dernier. Il rajoute “dans la déclaration de principe comme dans la charte des droits, les conquêtes sociales sont protégées au niveau juridique le plus élevé. C’est un grand progrès. Aucun État de l’union ne peut se voir imposer un recul de sa législation sociale. Aucun”.

La Communauté européenne se construit depuis cinquante ans sur le modèle économique libéral. Ce n’est pas une nouveauté. Mais ce système économique est balisé et encadré dans chaque pays par des lois sociales et économiques plus ou moins protectrices. On met beaucoup sur le dos de cette constitution européenne. Mais le chômage, comme la pauvreté, dépendent peut-être d’abord des politiques nationales. Dans bien des domaines (droits de l'Homme, égalité de la femme, environnement, langues minoritaires...) les lois européennes sont plus avancées que les lois françaises. Ces dernières ont souvent dû évoluer sous la pression de l'Europe.

Mettons que mon rêve soit celui d’une Europe écologique, sociale, fraternelle, reconnaissant les langues minoritaires, et sans armées. Or, la constitution ne prévoie pas la dissolution des armées européennes. Ben alors, ben je vote contre... La construction européenne ne peut pas correspondre au rêve de chacun d’entre nous. C’est une construction dans la durée. Une négociation et un compromis permanent, aujourd’hui entre 25 Etats. Or cette constitution apporte de nouvelles garanties démocratiques : renforcement du parlement européen, quoique encore trop faible; droit de pétition pour les citoyens afin d’interpeller la commission européenne; charte des droits fondamentaux; plus grande efficacité dans la prise de décision, etc.

Tout cela est loin d’être parfait, mais ce n’est sans doute pas la catastrophe qu’annoncent les partisans du “non”... Et quels lendemains prépare le “non” ? Un contre projet ? Oui, mais dans quel sens, dans celui du non français d’extrême-droite avec M. Le Pen, ou dans celui du non français d’extrême gauche avec Mme Laguiller; dans le sens de M. Fabius ou dans celui de M. Pasqua... ?... Et qu’en pensent les opinions publiques des 24 autres pays européens. Car tout cela n’est pas une histoire entre seuls Français...
Dans mes lectures sur ce traité, j’ai trouvé cet extrait de lettre écrite par Angèle Jacq, romancière et membre de l’appel de Carhaix pour la démocratie et les droits de l’Homme : “Cette constitution est un grand pas en avant, écrit-elle. Les points qui concernent les minorités et le rapprochement des centres de décision au plus près du citoyen y sont notés de façon très claire, en nette avancée pour nous, avancée qui devra être appliquée. Certes, cette Constitution est et demeure perfectible dans le temps car rien n’est jamais figé. Et bien sûr, le volet social avec l’harmonisation des lois correspondantes doit être l’objectif à atteindre. harmonie sans laquelle la société européenne manquera d’équité et de cohésion.
Cependant, pouvoir disposer d’une meilleur maîtrise de notre quotidien dans une Bretagne entière, nous donnerait la possibilité de mieux peser sur le développement humain, économique et environnemental de notre Région sans devoir la bonne volonté d’une État qui se crispe sur ses rênes. Peu à peu, ce traité constitutionnel va permettre l’émergence d’une opinion publique européenne. Les Européens pourront dire l’Europe qu’ils souhaitent. Les élus français devront en tenir compte. La France ne pourra le contourner.”
Alors le vote social, le vote pour les droits de l’Homme et la démocratie, c’est peut-être bien le “oui”... Qui sait ?
Christian Le Meut

03/05/2005

Référendum : l’opinion d’Angèle Jacq

Angèle Jacq, romancière et membre de "l’appel de Carhaix pour la démocratie et les droits de l’Homme" (BP 215, 29834 Carhaix-Plouguer cedex) estime, dans un courrier envoyé par ce collectif, que la constitution est une avancée :
“Cette Constitution est un grand pas en avant. Les points qui concernent les minorités et le rapprochement des centres de décision au plus près du citoyen y sont notés de façon très claire, en nette avancée pour nous, avancée qui devra être appliquée. Certes, cette Constitution est et demeure perfectible dans le temps car rien n’est jamais figé. Et bien sûr, le volet social avec l’harmonisation des lois correspondantes doit être l’objectif à atteindre. harmonie sans laquelle la société européenne manquera d’équité et de cohésion.
Cependant, pouvoir disposer d’une meilleur maîtrise de notre quotidien dans une Bretagne entière, nous donnerait la possibilité de mieux peser sur le développement humain, économique et environnemental de notre Région sans devoir la bonne volonté d’une Etat qui se crispe sur ses rênes.
Il est anormal que les dossiers, de même que les fonds européens accordés aux Régions bénéficiaires, doivent passer par Paris. L’Etat, sans vergogne, retient en partie l’argent versé par l’Europe afin d’abonder ses propres fonds de roulements annuels, à sec - 16.000 euros de dettes par Français au 31.12.2003, qu’il ait un travail et un toit ou pas.; aucun budget équilibré depuis 1974 ! Cela créé des besoins. Depuis six ans l’Europe a découvert le stratagème et exige au 31 décembre de chaque année le retour des sommes non distribuées aux Régions !
Peu à peu, ce traité constitutionnel va permettre l’émergence d’une opinion publique européenne. Les Européens pourront dire l’Europe qu’ils souhaitent. Les élus français devront en tenir compte.
La France ne pourra le contourner.”
Angèle Jacq (14/04/2005)

Referendom : sonjoù Angèle Jacq

Anjèle Jacq, skrivagnourez a zo e barzh “Galv Karaez evit an demokratelezh ha gwirioù mab den” a gav dezhi eman ar vonreizh nevez un araokadenn bras. Setu ar pezh skrivet geti : “Un araokadenn vras eo ar vonreizh-se. Sklaer eo meneget enni ar minorelezhioù hag an ezhomm da dostat al lec’hioù divizan diouzh ar sitoianed, ur c’hammed war-raok hervezomp - hag a vo gadarnaat -. Sur-tre emañ hag a chomo ar vonreizh-se da wellat a-hed an amzer rak netra n’eo biskoazh peurlipet da vat. Eveljust e vo ret kas a-raok an tu sokial en ur ingalañ al lezennoù en tu-se. Hep ar c’hen-lusk-se e raio diouer ar reizhded ha c’hen emglev er gevredigezh european.
Neoazh, aesoc’h e vo deomp ober berzh ha gwellat buhez an dud, kas war-raok an ekonomiezh hag ar gwarezh-natur pa hor bo muioc’h a c’halloud war hor pemdez en ur Breizh klok, pa n’hor bo ket da c’hortoz youl vat ur stad arajet war hor rañjennoù.
Direizh e vefe ret tremen dre Paris gant an teuliadoù, hag ivez gant ar yalc’hadoù european roet d’ar Rann-vro dibabet. Lakat a ra ar Stad, hep mezh, un tamm eus an arc’hant roet gant en Europa; d’ar Stad da gargañ e c’horn-butun-bloaz, aet da hesk - 16.000 euro a zle dre zen e bro C’Hall d’an 31.12.2003, p’en defe labour ha ti pe pas; budjet kempouez ebet dibaoe 1974! Se a zigas ezhommoù. Komprenet en deus Europa ar c’hoari hag a-c’houde c’hwec’h vloaz e vez goulennet ganti, d’an 31 a viz Kerzu, rentañ an arc’hant ha n’eo ket bet ingalet er rannvroioù !
Dont a raio tamm ha tamm war wel un emskiant publik european dre ar skrid-stud a vonreizh-se. Bez e c’hello an Europeaniz dibab an Europ a fello dezho kaout. Ret vo d’an dilennidi gall sujañ da gement-se. Ne c’hello bre C’Hall tremen e-biou”.
Angèle Jacq
Galv Karaez : BP 215, 29834, Karaez plouguer-cedex
appel-de-carhaix.org

02/05/2005

"Un oui breton à la constitution"

Patrick Malrieu et Tangui Louarn, deux membres du mouvement culturel breton, explique dans ce texte les raisons de leur soutien à la constitution.
"Nous, Bretons, sommes des Européens, héritiers d’une longue civilisation aux apports multiples. Nous voulons construire une citoyenneté européenne, protectrice d’un modèle social et culturel de progrès fondée sur les droits de l’homme. Nous voulons une union des peuples européens, une communauté de citoyens.

C’est pourquoi nous approuvons le projet de Constitution européenne qui représente un approfondissement des droits et qui permet la mise en place d’institutions mieux contrôlées par les citoyens eux-mêmes et leurs représentants élus.

La Constitution européenne ne définit pas une politique qui reste du ressort des représentants nommés par les gouvernements des Etats (Conseil européen composé des chefs d’Etat ou de gouvernement, Conseil des ministres composé des gouvernements des Etats, Commission) et de celui du Parlement européen élu au suffrage universel. Mais elle définit des grands principes qui servent de référence et de recours.

Nous soulignons en particulier que la Constitution européenne se fonde sur le respect droits de l’homme, y compris des droits des personnes appartenant à des minorités (article I-2),le pluralisme, la non discrimination, la tolérance, la solidarité.

La Constitution respecte la diversité culturelle et linguistique et veille à la sauvegarde et au développement du patrimoine culturel européen (article I-3) y compris dans ses dimensions régionales (III-280), contrairement à la Constitution française qui oppose toujours ses articles 1 et 2 de manière discriminatoire et excluante à tout progrès dans le sens de la reconnaissance de la diversité. Si la Constitution européenne ne remet pas en cause les dérives de la Constitution française, par contre, plus l’Europe démocratique et respectueuse de ses citoyens deviendra une réalité, plus il sera difficile à l’Etat français de maintenir des attitudes centralistes et jacobines rétrogrades.

Sur le plan social et économique, la Constitution se fixe pour objectif un développement durable tendant au plein emploi. Elle combat l’exclusion sociale, et les discriminations, promeut la justice, la protection sociale, l’égalité entre les femmes et les hommes, la solidarité entre les générations et la protection des droits de l’enfant. Elle promeut la cohésion économique, sociale et territoriale.

La Constitution européenne représente une véritable avancée de la démocratie tant représentative que participative. Les lois et lois-cadres européennes seront adoptées conjointement par le Parlement européen et le Conseil des ministres, et le refus du Parlement empêcherait l’adoption d’une directive comme celle de M. Bolkenstein. La mise en œuvre des principes de la démocratie participative va donner plus de pouvoir aux citoyens. Conformément à l’article I-47 de la Constitution, les institutions européennes doivent entretenir un dialogue ouvert, transparent et régulier avec les associations représentatives et la société civile. Alors qu’en France, les propositions de loi des parlementaires ne sont pratiquement jamais examinées, un million de citoyens européens pourront déclencher une proposition de loi de la Commission, si elle est conforme aux principes de la Constitution.

Jamais dans l’histoire, le peuple n’ a été autant associé au débat et au choix d’une constitution qu’il ne l’est aujourd’hui. Jamais une constitution n’a été élaborée de façon aussi démocratique en associant les différents points de vue et acteurs de la société civile, des représentants des gouvernements et des parlements nationaux et européen, du Comité des régions, du Comité économique et social. Qui, en France, a lu et connaît la Constitution française de 1958 élaborée par M. Michel Debré, sans débat démocratique et qui nous régit aujourd’hui ?

Face aux grandes puissances existante (USA) ou à venir (Chine, Inde, Amérique du Sud…) disposer d’une Europe cohérente et renforcée dans sa capacité de décision est une condition impérative pour notre avenir sur les plans économique, culturel, social, diplomatique, de défense et d’entraide internationale.

C’est la première fois que des peuples peuvent choisir, de façon démocratique et sans guerre, de se donner un destin commun dans le respect de leurs identités.

En conséquence, nous pensons que la Bretagne, ses habitants, son économie, sa culture, ont plus à gagner avec une Europe plus forte, plus solidaire, qu’avec le repli nationaliste français. C’est pourquoi nous voterons OUI et pourquoi nous appelons à voter OUI au projet de Constitution européenne qui marque un nouveau progrès dans l’histoire européenne et celle de l’humanité.

Patrick Malrieu, Tangi Louarn

Contact : tangi.louarn@wanadoo.fr

29/04/2005

Un jour férié en moins...

Ainsi donc le gouvernement a décidé de supprimer un jour férié pour, soi-disant, financer l’aide aux personnes agées. Le lundi de Pentecôte est ce pauvre jour férié devenu jour travaillé...
Et bien je vous le dis, je suis d’accord avec le gouvernement. Trop de jours fériés tuent le jour férié ! Et puis trop de ces jours ne signifient plus rien aujourd’hui pour la majorité de la population. Qui sait la signification de la Pentecôte ? Qui s’intéresse à l’Assomption, le 15 août, jour férié également. Et l’Ascension ? Qu’est-ce que c’est que ça ? Le jour où le premier homme à marcher sur le sommet de l’Everest ? ou sur la lune ? Même pas.
Le gouvernement a raison, il y a trop de jours fériés qui ne signifient plus rien. Dehors, jours fériés insensés...
Mais, d’un autre côté, il faudrait peut-être en rajouter quelques-uns. La séparation de l’église catholique et de l’Etat date d’un siècle, alors pourquoi ne pas établir comme jours fériés des fêtes d’autres religions présentes en France ? Une fête juive ? Une fête musulmane ? Des millions de Français sont musulmans aujourd’hui. Pourquoi ne pas instaurer l’Aet el Kebir, jour férié ? Cela serait aussi une façon de signifier aux membres de ces deux religions leur appartenance pleine et entière au peuple français, dans le respect de leur différence religieuse. Et aussi en mémoire aux personnes d’obédiences musulmanes et juives tombées pour libérer la France pendant la première et la seconde guerre mondiale...

Et on pourrait en imaginer d’autres, de jours fériés...
Savez-vous que le 21 septembre est la “Journée internationale de la paix” , selon une décision de l’ONU ?
Pourquoi ne pas s’arrêter de travailler ce jour-là pour se poser un peu et réfléchir aux conflits dans notre vie quotidienne, notre travail, voire aux conflits sociaux, environnementaux, internationaux. Comment tenter de les faire évoluer en mieux ?
Et puis pourquoi ne pas instaurer des jours fériés régionaux ? Ainsi, en Bretagne, on pourrait ne pas travailler le jour de la naissance d’Anne de Bretagne, par exemple, le 25 janvier. Ce jour là pourrait être consacré, mettons, à l’étude de l’histoire de la Bretagne, une matière bien trop oubliée dans nos écoles qu’elles soient privées ou publiques... Le hasard veut aussi que cette date soit aussi fériée au Etats-Unis, puisque c’est celle de la naissance de Martin Luther King... On pourrait lui donner une dimension sur les respect du droit des minorités, et sur l’antiracisme...

Mais bon, si le gouvernement supprime un jour férié et en rajoute trois ou quatre, la mesure risque d’être contre-productive, me direz-vous. Mais dans un pays où le chômage augmente, et la pauvreté aussi, ne serait-il pas plus judicieux de partager le travail plutôt que de faire travailler plus ceux et plus longtemps celles et ceux qui ont déjà un emploi ?
Christian Le Meut

An deiz dilabour nebeutoc'h

Ar gouarnamant a zo e klask lakaat an dud da labourat un deiz dilabour evit, sanset, “sikouriñ” ar re gozh... Ha lun ar Pentekost vo ar paour kaer deiz-se !
Ha me, me lavar deoc’h, me zo a-du get ar gouarnamant. Re a deizioù dilabour zo a ne dalvent ket netra evit an dud. Piv a ouia ar pezh a dalv, hiriv an deiz, ar Pentekost ? Piv a ouia petra eo an “Assomption”, ar pemzpek a viz Eost ? Ankoueit eo an dra-se, ivez, met an deiz dilabour eo, memestra !
Hag an Ascension ? Petra eo ? An deiz kentan m’ema bet an den war lein an Everest, pe war al loar ? Ankoueit eo ivez ster an deizh-se...
A-du on, an deizioù dilabour se ne dalvont netra : echu...
Met, d’am sonj, mad vehe lakaat deizhioù dilabour all. Chanchet en deus an amzer : dispartiet eo bet an iliz katolik doc’h ar stad. Ouzhpenn-e, milionoù a dud e France a zo musulmaned. Ur bern dud a Afrika hanternoz a zo marv evit ar Frans e pad ar daoù vrezel bed : lakomp un deiz dilabour evit ar re-se, an Aet el Kebir, da skouer, hag an deiz dilabour all evit ar judaisme... Ur feson vehe da lâvar d’ar re-se, Mulsulmaned, Juifed...) emaint ul lodenn ag ar bobl,
e respetiñ o relijionoù.
Ha perak nompass sevel iez deiziou dilabour all ? An unan arnugent a viz Gwenholon zo an “deiz etrebroadel evit ar peoc’h” hervez an ONU. Piv a ouia an dra-se ? Mad vehe nompass labourat an deiz-se evit lakaat an dud d’en em sonjal a ziout ar peoc’h; peoc’h er ger, er bed, en darempredoù etre an dud... Ha penaos gwellaad an traoù...
Posupl vehe ivez sevel deizioù dilabour all e pep rannvro... Da lâret eo, e Breizh, an deiz dilabour evit lidañ deiz ha bloaz Anna Breizh, ganet ur pemp arnugent a viz Genver. Hag an deiz se vehe evit deskiñ istor Breizh, ar pezh ne vez ket graet er skol... Ar pemp arnugent a viz genver zo dilabour dijà e Stadoù Unanet, pas a gaos d’Anna Breizh, met a gaos da vMartin Luther King, ganet an deizh-se. Tu vehe da lakaet an deiz-se dilabour evit ober traoù a enep ar “racisme” hag evit ober war dro ar minorelezhioù, evel ar re zu e Stadou Unanet, pe ar Vretoned e Bro Frans...

Marteze ne vo ket posupl lakaat an deizhoù se ouzhpenn : pall ar gouarnament zo lakaat an dud da labourat muioc’h. Labourat muioc’h, pa z’eus kement se a dud dilabour ? Gwelloc’h vehe, d’am sonj, lodenniñ al labour e-lec’h lakaat an dud o deus dijà ul labour da labourat muioc’h, ha pelloc’h.
Christian Le Meut

09/04/2005

Làerezh ar re baour evit reiñ d'ar re bitaod

Tud zo ne gomprenont ket perak a ya war fallaat an traoù er broioù paour. Gwir eo, kaset e-vez du hont argant evit o sikouriñ bep bloaz, get ar gevredigezhioù met, dreist-holl get ar broioù pinvidik dre an “aide public au développement”. Met petra e-vez graet get an argant-se ? A wezhoù traoù a feson, efedus evit an dud met ivez traoù a dreuz, traoù fall pe traoù ne servijont da netra. Ouzhpenn-se, emañ ret d’ar broioù paour paeañ o dele. Hervez ar gazetenn Libération, paeet e vez gante, just evit an interestoù, muioc’h evit ar pezh roet get ar broioù pinvidik dre an “aide publique”. Er bloaz 2002, rembourset o deus 343 milliard ! Da lâret eo c’hwec’h gwezh muioc’h evit ar pezh roet dezhe dre an “aide publique au développement” !
N’hellont ket, ar broioù paour, en em denniñ mod-se... Penaos sevel hentoù, skolioù, ospitalioù pa vez dispignet an argant e remboursiñ an dele d’ar broiù pitaod ? Nullan an dele, setu ar pezh a zo d’ober.
Ni zo ni en ur bed e lec’h ma vez tapet argant ar broioù paour get ar broioù pinvidik ! Nag ur vezh...
Ha neuze, komzomp breman ag ar re binvidik. E 2003, rener ar stall Michelin ‘neus gouniet, 8,5 million a euroioù evit ur blead, nemet ur blead ! Emen emañ ar justis ?
Christian Le Meut

04/04/2005

Je fais un rêve*

Un soir de mai 2010. Je rentre de mon travail, comme d’habitude, vers 22 h. J’ai une demi-heure de route et j’écoute la radio : en breton. Depuis fin 2005 je peux écouter une radio en langue bretonne 24 h sur 24 h. Grâce au soutien du conseil régional, passé à gauche en mars 2003, une chaîne de radio émet désormais toute la journée dans cette langue sur les cinq départements de la Bretagne historique...

Avant : impossible d’écouter une émission en breton quand je rentrais du boulot. La seule radio associative bilingue du département n’émettait plus que de la musique. Quant à la seule radio publique (très) partiellement en breton (France Bleu Breizh Izel à Quimper), elle cessait ses émissions dans cette langue à 21h... Aujourd’hui, France Bleue est réellement bilingue, moitié des programmes en breton, moitié en français. Quant à ma radio bilingue préférée, Radio Bro Gwened (“Radio Pays vannetais”, associative), elle a vu les aides de la région et du département augmenter, et ses programmes en breton se développer.

Même à la télé, les choses ont fini par évoluer. Jadis : une heure dominicale sur F3 plus cinq minutes quotidiennes durant la semaine et une émission pour les enfants le mercredi, soit environ 1h30 de breton par semaine ! Aujourd’hui : six heures de programmes par jour ! Reportages, interviews, talk-shows (comme on dit en français), émissions de variétés, dessins animés, journaux, jeux débiles et d’autres moins débiles.

La presse écrite a suivi : une page désormais chaque jour breton dans le quotidien Le Télégramme et autant dans le concurrent Ouest-France. Un hebdomadaire, Ya !, (“Oui !), lancé en 2005, a réussi à s’implanter, plusieurs mensuels en breton existent, généralistes ou spécialisés, ainsi qu’une presse pour jeune... L’offre s’est diversifiée, et cela incite les jeunes bretonnants à lire en breton : ils sont 20.000 actuellement, en filière bilingues ou Diwan (immersion en breton avec introduction du français progressive) de la maternelle au lycée, contre 9.000 en 2004. Ces filières se développent, incitant les communes à développer des animations en bretons pour les enfants : contes, danses, chants, jeux...

Une matière “langue bretonne et civilisation celtique” est désormais suivie par tous les enfants des collèges, publics et privés, à partir de la cinquième, sur le modèle de ce qui se fait en latin. Les petits Le Meut, Le Fur, Le Corvec, habitant Concarneau (Konk Kerne), Auray (An Alré), ou Carhaix (Karaez), apprennent désormais l’histoire de leur région et peuvent chercher à comprendre ce que signifient leurs noms de familles... Les élèves qui veulent continuer cette matière le peuvent systématiquement. Jusqu’à récemment, la majorité des collèges ne proposaient même pas une heure de breton en option.

Du coup, l’offre d’emplois en breton se développe dans l’animation, l’édition, les médias, l’enseignement, les maisons de retraite (pour accompagner certains anciens dans leur langue maternelle)... Quand une langue n’a plus d’intérêt économique (pour trouver du travail par exemple), elle est vite abandonnée par ses locuteurs.

Arrivant de mon travail, je trouve un message de mon petit cousin Kaourintiñ (Corentin). Il cherche un mot en breton et m’a laissé un message sur mon répondeur bilingue. Il s’adresse à moi car je suis un des rares dans la famille à pouvoir lui répondre, ayant appris le breton une fois adulte. Dans ma génération, je suis quasiment le seul à parler la langue. Mes quatre grands parents, pourtant, avaient le breton pour langue maternelle. Mais ils avaient bien intégré l’interdiction de transmettre le breton à leurs enfants. Mon père, ainsi, entendait ses parents parler en breton entre eux lors des repas mais n’avait le droit de s’adresser à eux qu’en français...

Mes quatre grands parents étaient donc bilingues. Mes parents ne le sont pas, même s’ils savent beaucoup de choses en breton pour l’avoir entendu parlé. Et ma génération est unilingue. C’est sans doute ça le progrès...

L’élection de Jack Lang à la présidence de la République, en 2007, a aussi permis des avancées de taille. Ministre de l’Education nationale sous le gouvernement Jospin, il avait tenté d’intégrer les écoles Diwan dans l’Education nationale. Le Conseil d’Etat avait fait capoter cette tentative. Diwan pratique la pédagogie par immersion en breton et introduit progressivement le français ensuite. Selon le Conseil d’Etat cette pédagogie était illégale. De fait, toutes les écoles bilingues de France, étaient quasiment illégales. Toutes les matières, exceptées les langues, devant être enseignées en français...

Le changement de Constitution demandée par Jack Lang a permis de faire une place aux “langues de France”, à côté du français. La Charte européenne des langues minoritaires, signée en 1999 par Jospin, a enfin pu être ratifiée. A l’époque, le conseil Constitutionnel, consulté par Jacques Chirac, avait déclaré cette signature incompatible avec la Constitution. Désormais officiel en Bretagne, le breton peut être employé dans les débats des conseils départementaux et régionaux, la traduction simultanée étant assurée. Les textes officiels peuvent être rédigés dans les deux langues. La République renoue ainsi avec les révolutionnaires puisqu’en 1790 la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen avait été traduite en quatre langues “régionales”, dont le breton.

Christian Le Meut

* Article paru dans la revue Alternatives Non-Violentes (centre 308, 82 rue Jeanne d'Arc, 76000 Rouen), revue trimestrielle de recherche sur la non-violence qui publie, dans chaque numéro, un "rêve" sur le modèle de celui de Martin Luther King. Mail : anv.revue@wanadoo.fr
An destenn-se a zo bet skrivet e galleg hepken.

29/03/2005

Hennebont : des boues, les damnés de la terre !

Le jeudi 3 mars dernier, à la fin du conseil municipal, le maire d’Hennebont, Gérard Perron (PC) a annoncé qu’une partie des boues de dragage du port de Lorient serait transférées sur le site de Polvern, une décharge située tout près du Blavet ! C’était presque fait d’ailleurs, puisque l’autorisation avait déjà été donnée, sans débat préalable en conseil. Et les boues sont arrivées quelques jours plus tard.  Ainsi va la démocratie hennebontaise...
Et les écologistes de s’insurger ! Mais les boues ne resteront que trois mois, leur répond-on, selon l’accord passé entre la mairie, la préfecture et la société DCN, Défense, construction navale, ancien arsenal, productrice des boues. Trois mois, c’est à voir...

Revenons en arrière
Des navires de guerre sont fabriqués à Lorient depuis longtemps, autrefois par l’arsenal, mais celui-ci est devenu une société privée appelée DCN, Défense construction navale. Ces chantiers produisent des déchets, notamment des boues contenant des produits dangereux, comme des métaux lourds. Et il faut dégager ces boues, sinon les nouveaux bateaux de guerre construits ne peuvent plus sortir. Oui, mais où les mettre ? Autrefois, l’Arsenal était une entreprise d’Etat, c’est devenu une entreprise privée. Elle doit désormais demander l’autorisation pour stocker ses boues ou les jeter en mer, au large de Groix, comme elle projetait de le faire et comme elle le faisait auparavant.

Opposition de la mairie de Groix, soutenue par beaucoup de municipalités de la côte, et par celle d’Hennebont. Coup dur pour DCN qui, semble-t-il, n’avait pas prévu de solution de repli ! Étonnant, pour une entreprise d’envergure nationale... Il est possible d’entreposer ces boues à terre, dans des endroits étanches, des sites industriels désaffectés par exemple, en attendant de les traiter. Cela coûte beaucoup plus cher que de les jeter en mer, mais c’est la seule solution. L’Etat peut-il autoriser que l’on jette en mer n’importe quoi quand il exige des citoyens de trier leurs déchets ? Les produits dangereux contenus dans ces boues risquent de nuire à la vie maritime et aux êtres humains qui mangent poissons et coquillages...

Et la préfecture de chercher des lieux de stockage. Plusieurs, car il faut faire une enquête publique au-delà de dix mille mètres cubes. On va donc trouver deux lieux... Or, en 2003, le maire d’Hennebont a autorisé la création d’une décharge de matière inerte, non dangereuse, à Polvern, à cent mètres environ du Blavet. La commission municipale de l’environnement, constituée de conseillers municipaux, avait pourtant voté contre ce projet à l’unanimité. Mais le maire est passé outre... Ainsi va la démocratie hennebontaise.

La préfète décide donc d’entreposer les boues toxiques du port de Lorient à cet endroit. L’arrêté municipal ne l’autorise pas, qu’importe, elle le suspend... Ah, Polvern, quel endroit charmant ! Son ruisseau, ses bois, sa carrière, son chemin de randonnée, ses poissons, ses petits oiseaux, et désormais sa carrière avec des boues toxiques...
Le maire d’Hennebont avait demandé des garanties : que les camions qui transportent les boues soient étanches; la plupart ne l’ont pas été et de la boue est tombée sur les routes... Que les boues soient entreposées dans des trous étanches eux-aussi... Les premières cargaisons ont bien été mises dans les trous creusés au préalable... Mais des camions et des camions de boues sont arrivés, et les trous ont été vite remplis. Les boues en trop ont quand même été déposées-là, sans trop de précautions, à cent mètre du Blavet... Le maire d’Hennebont a pris sa décision sans consulter au préalable le conseil municipal. Ainsi va la démocratie hennebontaise.

Beaucoup de gens ont manifesté leur opposition. Une association* a été créée pour rappeler au maire, à DCN et à l’Etat que ces boues doivent partir dans moins de trois mois et qu’il faudra nettoyer le site de Polvern ensuite. Sinon, le seul développement durable qu’Hennebont risque de connaître, c’est celui des pollutions !
Christian Le Meut

* Le printemps de Polvern, 31 rue Jacques Brel, 56700 Hennebont, tél. 02.97.36.58.82.

* Depuis cette date, les boues auraient été évacuées vers une commune proche, Languidic, pour y être traitées, mais le problème demeure : comment traiter les boues portuaires à l'avenir ?