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31/01/2006

Armoù : ur c'hoñvers spontus

A vizkoazh m’eus kavet sot profiñ armoù faos d’ar vugale, fuzuilhennoù plastik, da skouer. N’eo ket d’an dud daet, d’ar gerent da lakaat ar vugale da c’hoari brezel. Trawalc’h a vrezel a zo dija er bed a bezh ha ne gomzan ket ag ar brezelioù a zo barzh ar familhoù. Ma faota d’ar vugale c’hoari brezel, ur vazh a zo trawalc’h evit bout ur fuzuilhenn... Me lâr an dra se met tapet oan bet ur wezh memestra. Ma filhor n’doa goulennet genin un c’hoari brezel avnet “Top gun”. Ha setu, profet m’boa dezhan ar c’hoari video se, get mezh warnon un tammig.

Un istoer a galon
E miz Kalañv gouiañv paseet un tad hag ur vamm o doa profet d’o mab  ur fuzuilhenn plastik evit e c’houel a bloaz... Ha setu ar paotr, daouzek vloaz anezhan, da vonet er maez get e fuzuilhenn ha da c’hoari brezel get bugale all... Ya, met e Palestine oa... Ha soudarded ag Israel oa tost : tennet o deus war ar paotr, Ahmad, e sonjal oa un “terrorist”, ha lazhet ar paotr ! Met n’eo ket echu an istor. Tud Ahmad doa asantet roet tammoù korf o c’hrouadur da saveteiñ bugale all, Palestinianed pe Isralianed, ne vern...

Ar pezh a zo bet graet. Roet eo bet kalon Ahmad, e avu, e luhennenoù, e skement da vugale klañv ag Israel hag a oa e c’hortoz bout paraet... Ehud Olmert, eil prézidant  gouarnamant Israel n’doa pellgomzet da dad ha mamm Ahmad evit o zrugarekaat. Met tad Ahmad, Ismaïl Al Katthib, a c’houlenn get Israel barnin ar re ‘doa lazhet e vab.

Armoù "skañv" met sifroù pounner
War dro 300.000 den a vez lazhet get an armoù bihan, “skanv”, (“armes légères” e vez lâret e galleg), fuzuilhennoù ha pistolennoù er bed a bezh bep bloazh. 300.000 memestra... Ur c’honvers bras eo. Gwerzhet vez armoù er bed a bezh d’an doare ofisiel get broioù el Frans, China, Stadoù Unanet, Bor Saoz, Russia, Alamagn, ha c’hoazh. Armoù all a vez gwerzhet iwez dre guzh get  trafikourion a bep sort. Ur film deuet er maez e miz Geñver, “Lord of war”, a ziskouezh penaos e vez gwerzhet armoù er maez ag al lezenn get un trafikour a zeu da vout pitaod bras. Milliardoù ha milliardoù a zollaroù a vez dispignet evit an armoù se get diktatourion ha get stadoù  demokratel ivez, en Afrika, Asia, Amerika kreisteiz, ha c’hoazh... Broioù a vez skrapet evel se.

Ul lezenn etrebroadel ?
Goulennet vez, abaoe pell, lezennoù etrebroadel evit kontroliñ ha bihannat ar c’honvers se get  gevredigezhioù mab den : nompass gwerzhiñ armoù d’an diktatourion, d’ar vroioù e lec’h ma z’eus brezel, ha c’hoazh.  Un emsav habaskel, pasifikel, zo bet savet e fin 2005 get strolladoù ag ar bed a bezh evit goulenn un emglev bras hag etrebroadel nevez : “Armoù : ur c'honvers lazhus” eo titl an emsav se. E Frans, Agir ici zo e penn an traoù get Handicap international, Amnesty international, ar Secours catholique, hag ur bern tud all*.
Seul muioc’h a armoù zo er bed a bezh, seul danjerusoc’h eo ar bed ! El Liban, war-dro ur million a “armoù bihan” a zo evit pewar million a dud... C’hwi hell prenañ ur c’halachnikof evit kant dollar, war dro pemp euro ha pewar ugent ! N’eo ket ker : piv a faota ur c’halachnikov evit Nedeleg ?

*Ma faota deoc’h gouiet muioc’h, kit e darempred get : Agir ici, 104 straed Oberkampf e Paris, 75011 - Pellgomz : 01 56 98 24 40.  Lec’hienn internet zo iwez : www.agirici.org

30/01/2006

Irak : le point de vue de Shubi Toma

Voici le témoignage de Subhi Toma, exilé irakien vivant en France, qui a connu l’emprisonnement durant le règne de Saddam Hussein. Subhi Toma était contre l'intervention étasunienne en Irak, et il était venu le dire en Bretagne, à Hennebont, lors d'une conférence. Il militait alors au sein du collectif national "Pas en notre nom". Son témoignage n'engage que lui (je ne peux guère vérifier toutes ses affirmations), mais il mérite d'être lu et pris en compte pour mieux comprendre la complexité de la situation en Irak.


"S.C.- Les Irakiens ont-ils tout perdu ?
Subhi Toma : Oui, ils ont tout perdu. Leur pays est dans une situation effroyable. La majorité des Irakiens ressentent cette guerre comme un crime abominable. Un crime qui a détruit une nation, démantelé un pays, la Mésopotamie dont ils étaient si fiers. Il n’y a plus d’Etat, il n’y a plus rien. Les Américains ont réduit la Mésopotamie à un magma de tribus, de milices, de communautés religieuses, ils ont démantelé les structures de l’Etat, réduit à néant l’administration. Il y a des maladies que les Irakiens ne peuvent plus soigner, alors qu’avant il y avait en Irak un système de santé très performant. Les médecins sont assassinés, contraints de s’exiler. Les gens n’ont plus accès qu’à 4 heures d’électricité par jour. L’environnement a été totalement pollué par l’usage, par l’armée anglo-américaine, d’armes interdites, comme l’uranium appauvri, les bombes au phosphore blanc. Les stations d’épuration ont été bombardées et seulement 40 % de l’eau est encore potable. L’occupation a jeté les enfants dans la rue. 40 % des enfants irakiens ne fréquentent plus l’école. Ils sont exposés à toutes sortes d’abus, surtout aux abords des bases américaines, où les soldats ont amené drogues et prostitution.

S.C.- Etes-vous retourné en Irak ?
Subhi Toma : Je suis entré en Irak le 3 mai 2003. Bagdad venait d’essuyer trois semaines de bombardements. Le 1er mai Bush a déclaré : « Voilà la guerre est finie ». J’ai vu des bandes de pilleurs s’attaquer aux banques. C’était des gangs d’Arabes de toutes origines qui avaient été entraînés dans des bases militaires américaines - en Hongrie, en Roumanie, en Pologne - et que l’armée avait embarqués en Irak à cet effet. J’ai vu les soldats qui depuis les tanks leurs faisaient des signes pour les encourager à continuer d’aller piller et casser. C’est ainsi qu’ils ont pillé tous les trésors dans les musées, vidé tous les coffres de banques. Ce que je vous raconte, d’autres que moi l’on vu, l’ont rapporté, je n’invente rien.

S.C.- Ce sont ces bandes que les télévisions ont montrées en train de s’attaquer aux symboles du régime de Saddam Hussein pour nous faire croire qu’il y avait des Irakiens qui applaudissaient l’arrivée des troupes américaines ?
Subhi Toma : Ce sont ces gangs qui ont démantelé toutes les usines, renvoyé l’Irak à l’âge préindustriel. L’Irak était un pays industrialisé ; dans les années 70 il était parmi les pays du sud émergents. L’usine de Massara qui produisait 30% des médicaments à l’usage des Irakiens, a été vendue en pièces détachées aux Jordaniens et aux Koweitiens. Aujourd’hui 80 % des Irakiens n’ont plus d’emploi. 55 % entre 18 et 55 ans, sont au chômage. Le seul emploi qui leur reste est de s’enrôler comme mercenaires auprès des politiciens Kurdes, Chiites et les armées occupantes. Outre les mercenaires arabes, il y a actuellement 50'000 mercenaires Français, Allemands, Anglais, Polonais, Roumains, latino américains, formés par les Américains pour travailler dans ces « armées privées ».

S.C.- Qui sont les poseurs des bombes qui ensanglantent le pays ?
Subhi Toma : Nous pensons que tous les attentats qui visent les mosquées, les écoles, les marchés, sont imputables à ces mercenaires. Les attaques de la résistance patriotique visent les troupes d’occupation et les Irakiens qui collaborent avec elles La résistance est constituée de soldats et d’officiers de l’armée de Saddam Hussein.

S.C.- Chez nous, les médias ne parlent pas de résistance mais d’Al Quaida et de Zarkaoui !
Subhi Toma : Qui est derrière le nom d’Al Quaida ? Qui est Zarkaoui et où est-il ? Quel est le service secret qui agit en utilisant son nom ? Nous pensons que Zarkaoui n’existe pas. Les gangsters qui commettent ces attentats pour des services secrets occidentaux ont un salaire mensuel de 5 000 dollars. L’objectif de ces massacres est de faire croire à l’opinion que ceux qui résistent en Irak sont « des barbares » et que les Américains sont en Irak pour protéger les Irakiens. Et pour fabriquer ces « barbares », Bush a envoyé l’ambassadeur Negroponte en Irak et l’a chargé de former ces escadrons de la mort. C’était Negroponte lui-même qui avait été envoyé en Amérique centrale pour organiser les escadrons qui ont entraîné la mort de dizaines de milliers de personnes. Ces milices privées sont là pour commettre des actes barbares que les occupants attribuent ensuite à la résistance patriotique pour la discréditer et diviser les Irakiens.

S.C.- Pourquoi la résistance ne dément-elle pas ?
Subhi Toma : Il y a chaque jour des communiqués de la résistance, diffusés via Internet, qui dénoncent les massacres de civils qu’ils attribuent aux services spéciaux liés à l’occupation. Mais les médias occidentaux n’en parlent pas.

S.C.- Il n’en demeure pas moins difficile d’expliquer que des Etats démocratiques puissent financer des groupes pour massacrer des innocents !
Subhi Toma : Pourquoi est-ce difficile ? Il est devenu parfaitement clair que des services secrets d’Etats occidentaux infiltrent et manipulent des groupes locaux pour leur faire faire ce qu’ils appellent « le sale boulot ». C’est la démarche du colonialisme. C’est de la barbarie. Les Etats-Unis veulent faire croire que les résistants irakiens sont des tarés. Ils ont fait la même chose au Vietnam. La force des Etats-Unis réside dans le fait que leur propagande passe dans les médias et que leurs atrocités sont acceptées par l’opinion. Leur démocratie est une véritable escroquerie. Leurs actes dégoûtent les Irakiens de la démocratie. Aujourd’hui tout le monde sait que les services secrets américains avaient organisé en 1973 le coup d’Etat qui avait porté Pinochet au pouvoir au Chili. Au Vietnam avec l’opération Phénix, l’armée américaine a coupé la tête de paysans vietnamiens et les a ensuite exposés aux photographes pour faire croire au monde que les résistants communistes étaient des barbares. C’est la même stratégie. Pourquoi serait-il difficile de croire que les Etats-Unis et la Grande Bretagne fomentent ce même genre d’atrocités pour justifier leur agression en Irak et faire croire qu’il n’y a pas de résistance, qu’il n’y a que des « terroristes » ?

S.C.- Le fait que l’Irak est dévasté et le peuple ruiné ne semble pas affecter Bush. N’a-t-il pas déclaré à mi décembre que son armée est en train de gagner ?!
Subhi Toma : Si nous avons tout perdu, eux ils n’ont pas gagné. C’est terrible, c’est terrible. L’Irak était un pays moderne, organisé et structuré. Un pays sécularisé. En 1930 il y avait des femmes juges, en 1950 des femmes ministres. Ils en ont fait un désastre…ce n’est plus un pays. Toutes les provinces sont dévastées, soumises à des bombardements depuis trois ans. Ils ont tout détruit. Mais ils n’ont pas réussi à atteindre leurs objectifs. Paul Wolfowitz, un des douze architectes de « la guerre préventive », disait que l’armée américaine avait atteint un niveau de compétence technologique qui permettait aux Etats-Unis de mener plusieurs guerres en même temps. Avec l’Irak, ils ont connu un revers total. Leur stratégie d’envoyer des troupes et des chars est un échec. Ils ne feront plus jamais la même erreur. Ils ne pourront plus occuper l’Iran ni la Syrie.

S.C.- N’ont-ils réalisé aucun de leurs objectifs ?
Subhi Toma : Economiquement ils n’ont pas rentabilisé ce qu’ils ont investi. Ils n’ont pas encore signé le contrat pour exploiter le pétrole. Et ils se retrouvent avec 30’000 à 40'000 tués et blessés. Nous croyons que les Etats-Unis vont perdre la guerre, qu’ils sont aujourd’hui otages de cette guerre. Toutes leur manœuvres politiques – élections, Constitution - visent à installer un gouvernement local qui sera prêt à signer les contrats et à leur confier l’exploitation du pétrole et du gaz irakien, à accepter qu’il y ait des bases militaires américaines en Irak, pour contrôler 80 % du Moyen-Orient. S’ils obtiennent cela ils vont partir.

S.C.- N’y a-t-il pas un gagnant, tout de même, Israël qui a toujours affiché sa volonté d’affaiblir l’Irak ?
Subhi Toma : Oui, on peut dire qu’Israël est stratégiquement gagnant. Il n’acceptait pas l’existence d’un Etat organisé comme l’Irak. Il y a des Israéliens qui sont présents en Irak sous diverses formes. Il se peut qu’Israël ait atteint un de ses objectifs. Mais ce qu’Israël fait au Moyen-Orient - s’imposer par la brutalité et le mépris - n’est pas une solution. Cinquante ans de coercition contre les Palestiniens, n’ont pas réussi à en finir avec eux. Et cela ne marchera pas non plus avec les Irakiens. Tant que cette logique de guerre prévaut, nous allons tous souffrir, car cela dépasse le cadre du Moyen-Orient.

S.C.- Cette guerre aurait-elle été possible si les dirigeants arabes avaient fait front pour la condamner? En la facilitant n’ont-ils pas participé à l’oppression de leurs peuples ?
Subhi Toma : Bien sûr. Lorsqu’il y a un désastre de cette importance il n’y a pas qu’un seul facteur. La dégénérescence des régimes arabes a abouti à cela. Je suis tout à fait d’accord. Ces régimes arabes sont les alliés stratégiques des Etats-Unis.

S.C.- La soumission des leaders arabes à Washington ne se retournera-t-elle pas contre eux ? Leurs peuples ne se vengeront-ils pas ? Et vous, que ressentez-vous ?
Subhi Toma : Il y a une pensée orientale qui dit : « Si la bêtise gifle l’intelligence il ne faut pas que l’intelligence se comporte comme la bêtise ». La haine n’apporte pas de solution. Nous devons œuvrer pour amener l’Occident à avoir une attitude d’égalité avec nous. Si ce n’est pas cela, alors c’est l’idéologie de la violence.

S.C.- Comment ces victimes de la guerre que l’Occident a humiliées, atteintes dans leur dignité, vont-elles pouvoir se relever ?
Subhi Toma : Quand j’étais là bas, j’ai vu dans la rue les soldats américains frapper des Irakiens, les jeter au sol, les écraser de leurs bottes, les encagouler avec des sacs de plastique. J’ai compris que, par ces actes humiliants et brutaux, les Américains étaient en train de pousser les Irakiens à la résistance. Je reviens de Damas. Les Syriens sont, eux aussi, désespérés. J’ai eu le sentiment qu’ils sont, comme vous le suggérez, profondément atteints par ces humiliations permanentes des Etats-Unis et d’Israël. Ils sont convaincus que leur tour va venir et qu’ils doivent se préparer à résister.

S.C.- Il est difficile de se convaincre – malgré ce que vous venez d’étayer - qu’il y a en Irak une résistance bien organisée. Si tel était le cas pourquoi les Irakiens auraient-ils participé aussi massivement à des élections servant les intérêts de l’occupation ?
Subhi Toma : Les dirigeants irakiens savaient que face aux bombardements, ils ne pouvaient pas tenir. Mais ils savaient qu’une fois que les troupes américaines entreraient dans les villes, les choses se compliqueraient pour elles. La résistance grandit de jour en jour. Les engins artisanaux que les Irakiens utilisent contre les chars américains tuaient au début un soldat par jour, maintenant cinq. S’il n’y avait pas une résistance forte, pourquoi, malgré leur ampleur les troupes américaines, ne sont-elles pas arrivées en trois ans à limiter les attaques ? C’est la preuve qu’il y a un soutien populaire à la résistance. L’Irak est un pays vaste. La population est épuisée mais elle a encore un potentiel. Quant aux élections, la participation des Chiites et des Kurdes était acquise. Il y a eu l’idée, aussi, que de contribuer au processus politique pouvait contribuer à accélérer le départ des Américains. La résistance n’est pas seulement armée, elle est aussi politique.

S.C.- Quand Bernard Kouchner attribuait encore récemment à Saddam Hussein la mort de 2,5 millions d’Irakiens dit-il la vérité ?
Subhi Toma : Non. Il y avait une répression politique qui éliminait ses opposants politiques. J’ai fait de la prison en Irak. J’ai été torturé. Je peux comparer ce qui se passait sous Saddam Hussein avec ce qui se passe aujourd’hui. Monsieur Bernard Kouchner exagère les crimes de Saddam Hussein, amplifie ses défauts, pour justifier son adhésion à l’embargo et à la guerre abominable des Etats-Unis. Monsieur Kouchner et ses amis de gauche ont soutenu l’embargo qui a causé la mort d’un demi-million d’enfants et ruiné toute la société. Pour justifier sa participation à un tel crime Monsieur Kouchner continue de faire de Saddam Hussein un personnage bien plus monstrueux qu’il n’était.

S.C.- Voulez-vous dire que les troupes américaines en Irak commettent des actes bien plus abominables que du temps de Saddam Hussein ?
Subhi Toma : Bien sûr. Ce qui se passait sous Saddam Hussein, quantité de régimes latino américains l’ont fait. C’était aux Irakiens de régler leurs problèmes. Cela ne pouvait justifier d’aller détruire un pays, un peuple. Tous ceux qui voulaient que cette guerre se fasse ont menti. Ils se sont servis de la religion pour diviser les Irakiens. Ils ont prétendu que le régime de Saddam Hussein était contre les Chiites. Comment Saddam pouvait-il être l’ennemi des Chiites alors que 80 % des membres du parti Baath et de l’armée irakienne étaient Chiites ? Autre exemple : sur les 55 personnalités dont la tête a été mise à prix par les Etats-Unis, 35 d’entre-elles étaient Chiites ! Faire croire que les Chiites étaient les victimes de Saddam est une escroquerie.

S.C.- Quand, dans les années quatre vingt-dix, des politiciens progressistes appelaient à intervenir, au nom du « droit d’ingérence humanitaire » dans la partie Kurde de l’Irak, n’ouvrait-ils pas la porte à la guerre ?
Subhi Toma : Le droit d’ingérence humanitaire était une proposition douteuse. Le ministre des affaires étrangères Hubert Védrine avait reconnu que ce « droit d’ingérence » était une nouvelle forme de colonisation. Je suis allé en Irak durant l’embargo. J’ai vu les enfants mourir. Quand j’ai vu des démocrates soutenir l’embargo, j’ai alors pris conscience que la politique et la démocratie n’étaient pas cette chose noble que je croyais ; j’ai compris que tous ces politiciens – tous partis confondus - qui ne faisaient rien pour empêcher l’embargo, participaient à un crime impardonnable. On pouvait éviter la guerre. Les promoteurs de la guerre avaient un parti pris. Ce n’était ni le parti de la paix ni de la démocratie. Quand on leur demandait de faire un geste en faveur des enfants irakiens qui mouraient à cause de l’embargo, ces « démocrates » répondaient : « Nous aiderons les démocrates ». Comment peut-on demander à des victimes si elles sont démocrates ?

S.C.- Faut-il considérer les responsables politiques et médiatiques qui ont appuyé cette guerre, complices de crimes ?
Subhi Toma : Bien sûr. Il y a participation active, il y a participation passive. Je pense que tous ceux qui ont justifié l’embargo et soutenu la guerre contre le peuple irakien ont participé d’une façon ou d’une autre aux crimes contre le peuple irakien.

Entretien réalisé par Silvia Cattori avec Subhi Toma, décembre 2005.
http://www.oulala.net/Portail/article.php3?id_article=2130


25/01/2006

Sinema, daou film a enep d'ar c'hontrollerezh : "Viva Zapatero" ha "Good night and good luck"

Daou film nevez a zo bet savet a enep d’ar c’hontrollerezh (censure) en Italia hag er Stadoù Unanet.

Viva Zapatero, da gomans : ar film se zo ur sort reportaj a ziout ar mediaioù en Italia, Bro Berlusconi. Du hont e vez diaesoc’h diaesañ rebechiñ traoù d’ar gouarnamant. Ar mediaioù privez zo e daouarn Berlusconi, hag ar mediaou publik ivez, pe tost. Perak an titl se : “Viva Zapatero” ? Rak kentizh ma oa bout lakaet e penn gouarnamant Bro Spagn, an aotrou Zapatero n’doa savet ul lezenn evit distagiñ ar chadennoù skinwell d’ar gouarnamant. Ar pezh n’eo ket bet graet get Berlusconi !
Sabina Guzzanti zo un gomedianez fentus en Italia, brudet. E 2003 ur chadenn publik, ar Rai Tri, doa goulennet get Sabrina sevel un abadenn satirik farsus. Met un abadenn zo bet skignet hepken, sansuret eo bet ar lerc’h a gaos ma oa ur bochad sketchoù a enep Berlusconi ! Hag ar film a ziskouezh penaos a zo bet sansuret an abadenn skinwell; penaos Berlusconi n’eus gwasket ar mediaioù tamm ha tamm (skinwell, skingomz, kazetennoù...), daoust d’ar vonreizh ha d’al lezennoù; ha penaos a ya war vihanat ar frankiz en Italia...
Sabina Guzzanti a stourm evit an demokratelezh en he bro. Mont a ra da atersiñ pennoù bras politikel ag Italia, kazetennerion ivez, ur skrivagnour evel Dario Fo, a zispleg petra eo ar “satire”; ha kazetennerion pe animatourion tele e broioù all, evel Karl Zero (Le vrai faux journal) ha Bruno Gaccio (Les Guignols) e Frans.
Ma faota deoc’h gouiet penaos eo stad an demokratelezh en Italia, kit da welled Viva Zapatero.

Good night an good luck
Gwenn ha du eo ar film se, filmet evel ma veze filmet er bleadeù 1950, ha savet get an aktour brudet : Georges Clooney. Ni zo e 1953, er Stadoù Unanet, ur prantad amzer diaez : ar “brezel yenn”. Ur wezh bout trec’het an nazied get an allied, an URSS oa daet da vout enebour brasan d’ar Stadoù Unanet. Ha tud zo, evel ar senedour Mac Carthy, a welle kommunisted e pep lec'h : en arme, er gouarnamant, e Hollywood, ha c’hoazh.
Aktourion, savourion film, soudarded, kazetennerion, politikerion veze barnet ha tamalled dezhe da vout kommunisted (daoust ma ne oant ket) ha treitourion o bro. Tud evel Charlie Chaplin doa kavet gwelloc’h mont kuit d’an Europa rak ne oa ket mui posupl evitan labourat er Stadoù Unanet. Met, tamm ha tamm, strolladoù politikel, kazetennoù ha chadennoù tele o doa en em savet a enep d’ar senedour Mac Carthy, rak dremokratelezh hag ar frankiz oa en arvar. Hag ar senedour oa bet barnet get ar Senat evit monet re bell.
Barzh ar film se e weller kazetennourion ec’h ober o labour, e klask gouiet ar wirionez, ha pas hepken ar wirionez ofisiel. Ed Murrow, ur c’hazetennour brudet bras d’ar mare se, oa en o fenn. Ur stourm oa rak ar chadenn tele e lec’h ma laboure Murrow oa ur stall privez, paet get ar vruderezh.
Ur film brav, get sonerezh jazz a feson ouzhpenn.

Résumé en français : "Viva Zapatero" et "Good night and good luck", deux films qui dénoncent la censure; le premier, la censure dans l'Italie de Berlusconi; le second la censure et le climat politique aux Etats-Unis dans les années 1950.
Christian Le Meut

15/01/2006

Ul levr da lenn - lecture : Frères de tranchées

E fin ar bloaz paseet oa deuet er maez ur film brav awalc’h : “Joyeux Noël” a ziout noziad Nedeleg 1914. D’an nozh se soudarded ag an daou du, Fransision, Alamaned ha Skosed, o doa lesket o fuzuilhennoù a goste evit mont da evañ ur banne get an enebourion ! Ar film a ziskouezh ul lec’h hepken hag ur prantad hepken met ul levr embannet d’ar memes koulz, “Frères de tranchées” a ziskouezh muioc’h a draoù. Peder lodenn zo e barzh, skrivet get pewar istorour. Rémy Cazals, a Frans, Malcolm Brown, a Vro Saoz, Olaf Muller ag an Alamagn ha Marc Ferro, istorour brudet, evit an talbenn reter, Bro Russia, e lec’h ma oa dishenvel ar jeu a gaos d’an dispac’h.
Goude ar grogadoù kentañ e 1914, an talbenn oa chomet a sav hag ar soudarded a veve tost unan d’egile barzh fongelloù : pemp metr, a wezhoù, etre an Alamaned hag an “allied”. Mod se e veze tu da welled a oa an enebourion tud iwez, tud a gane, a gomze, a huche, a zebre, a frige...

Emglevioù kuzhet oa bet savet alies bras, hervez al levr se, etre soudarded evit bout trankil. Tennet veze get ar fuzuilhennoù da euriadoù ingal hag an enebourion a yae d’en em guzhat d’ar mare se. Mod-se, den ebet veze gloazet. A wezhoù ar fongel oa beuzet get ar glav, ha ret oa mont er maez ha bout gwellet get an enebourion. Danjerus bras ? Pas, kar an enebourion oa aet ivez er maez... Memestra evit frigeiñ pe mont da glask dour... Kaset pe taolet veze kazetennoù, butun, bara, d’an tu all. A wezhoù e oa bet savet darempredoù etre soudarded a yae d’an talbenn enebour, ar pezh a veze difennet grons... Diaes oa, neoazh, d’en em gompreiñ a gaos d’ar yezhoù dishenvel.
An ofisourion uhel, a chome pell ag an talbenn, ne oant ket a du tamm get an darempredoù se, a veze difennet grons, evel rezon. Met get an is ofisourion, ar re o oa ar an talbenn, e veze lesket ar soudarded trankil rak ober evel se oa un doare da chom bev !

Frères de tranchées, embannadurioù Perrin, 20 euros. 270 pajenn.


Frères de tranchées
Un livre à lire pour mieux connaître la période de la première guerre mondiale : Frères de tranchées a été édité fin 2005 en même temps que la sortie du film “Joyeux Noël” qui retrace la nuit de Noël 1914 et la fraternisation entre soldats allemands, écossais et français. Un beau film qui condense plusieurs situations que l’on retrouve dans ce livre, fruit du travail de quatre historiens : Rémy Cazals pour la partie française, Malcolm Brown pour les troupes britanniques, Olaf Mueller pour le front allemand et Marc Ferro pour le côté russe, où la question des fraternisations est un peu particulière du fait de la Révolution de 1917.
Après les premières grandes batailles de 1914, les fronts se stabilisent. Les tranchées se creusent et les soldats de deux armées vivent parfois à quelques mètres les uns des autres. Ils entendent les ennemis parler, chanter, rire... Une sorte de cohabitation tacite, ou négociée, s’installe dans certains endroits du front. On ne se tire pas dessus quand on remet les barbelés, quand on doit se lever pour uriner, quand on va chercher de l’eau, s’il y a un point d’eau à proximité... On tire sur l’ennemi à heures fixes, ce qui lui permet de se retirer à cette heure là, ainsi il n’y a pas de blessés... On s’échange journaux, tabac, pain, en se les lançant, mais aussi parfois en se les portant. Des relations amicales se créent, ce qui était formellement interdit.
Les officiers supérieurs, loin du front, voyaient d’un très mauvais oeil ces fraternisations, qui étaient punies. Les sous-officiers laissaient souvent faire car, pour les soldats, il s’agissait surtout de règles de survie de base, histoire de se ménager des trèves dans la guerre et de ne pas devenir complètement fous...
Christian Le Meut

Frères de tranchées, éditions Perrin, 20 €, 270 pages.

14/01/2006

Dakar 2006 : un monde formidable !

Est-ce que ce monde est sérieux, s'interrogeait le chanteur Francis Cabrel dans une chanson sur la corrida... On peut se poser la question face à l'existence de rallye du type du rallye Dakar, qui vient d'écraser deux enfants africains. Le responsable de ce rallye ne sait pas "s'il faudra leur rendre un hommage" ! Et l'on ne va pas priver les vainqueurs d'un podium pour si peu. Extraits tirés du site internet du Monde :
"Un deuxième garçon, âgé de 12 ans, est mort aujourd'hui samedi 14 janvier, après avoir été heurté par un camion d'assistance au Sénégal, au lendemain de la mort d'un enfant d'une dizaine d'années renversé, vendredi, par une voiture participant au Dakar-2006, a annoncé l'organisation du rallye-raid".

Gilbert Ysern, directeur général délégué du groupe ASO, qui organise la course a précisé : "Au km 200, entre Tambacounda et Dakar, un accident concernant un camion d'assistance a coûté la vie à un garçon de 12 ans", a-t-il indiqué. "Une enquête de gendarmerie est en cours".

"Nous avons pu joindre la famille qui va procéder à l'inhumation du corps dès aujourd'hui (samedi) car ils sont musulmans", a précisé Alioune Tall, vice-président de la Fédération sénégalaise des sports automobiles et motocyclistes."La Fédération et ASO vont faire tout leur possible pour aider la famille à faire face à ce drame, a-t-il ajouté. L'accident a eu lieu sur une route nationale empruntée aussi bien par les véhicules d'assistance que par des véhicules de tous les jours. C'est un accident comme il en arrive malheureusement tous les jours au Sénégal. Ca ne remet pas en cause le Paris-Dakar au Sénégal."

Ce nouvel accident survient le jour même du 20e anniversaire de la mort, au Mali, dans un accident d'hélicoptère de Thierry Sabine, créateur du rallye-raid, et de quatre autres personnes dont le chanteur Daniel Balavoine.

Gilbert Ysern a estimé que ce n'était pas le moment de "se lancer dans une réflexion de fond sur le rallye", à laquelle n'échappera pas l'organisation, comme le laissaient déjà entendre des concurrents, vendredi, après le décès d'un premier enfant, en Guinée. Le directeur général délégué du groupe ASO a également estimé qu'il n'était "pas logique de priver les concurrents d'un podium" , dimanche au Lac Rose, où doit avoir lieu la dernière étape du rallye."Même s'il y a aujourd'hui de la tristesse, je ne sais pas s'il faudra rendre un hommage, mais c'est évident que l'on pensera à eux (les deux garçons tués)", a-t-il ajouté.

Le Dakar-2006 avait déjà été endeuillé par la mort du motard australien Andy Caldecott, lundi, et de l'enfant d'une dizaine d'années heurté vendredi par la voiture de l'équipage letton formé de Maris Saukans (36 ans) et Andris Dambis (47 ans), qui s'est retiré de la course après l'étape."

09/01/2006

Langues régionales : changer la Constitution ?

Nevez : Catherine Ollivro, kelenourez a Roazhon, deus savet ur blog evit goulenn d'ar re a vo war ar rank e 2007 (evit bout prezidant ar Republik) mard e vehent a du pe pas chanch ar Vonreizh evit menegiñ ar yezhoù rannvroel e barzh. Sellit doc'h :

Nouveau, une enseignante de Rennes, Catherine Ollivro, vient de créer un blog pour demander que les candidats à la présidentielle 2007 prennent position sur un changement de la Constitution qui ferait une place aux langues régionales :

bretagne-article2.viabloga.com

05/01/2006

Avis de recherche !

Un ami de Montargis, Bernard Coly, alerte sur la situation d'enfants sans papiers dans le département du Loiret. Il fait un lien avec le combat d'une famille bretonne pour faire reconnaître des prénoms bretons par l'état civil, dans les années 70. Il cherche la trace de cette famille (répondre par ce blog et ce sera transmis):

"J'ai eu confirmation de ce que je préssentais : dans au moins 4 cas, des enfants nés de parents "sans papiers" n'ont pas pu être déclarés à l'état civil, l'administration leur refusant cette formalité. Ils sont "sans papiers " dès leur naissance ... J'ai alors pensé au Breton qui s'est battu pour que l'état-civil accepte les prénoms bretons que lui et son épouse avaient donnés à leurs enfants. Ils ont obtenu une loi sur les prénoms. Mais la loi n'est pas rétroactive et les aînés de la fratrie ont toujours des difficultés lorsqu'ils ont besoin de papiers officiels. Mon idée serait que ce Breton ou ses enfants lancent un appel symbolique en faveur des ces enfants nés "sans papiers" et poussent ainsi des journalistes à faire des reportages sur ces enfants "de l'ombre". Le jour de l'épiphanie, ce serait encore mieux ..."
Bernard COLY

En complément, cet article paru en janvier 2005 sur le site de l'Agence bretonne de presse :


"50eme anniversaire de la guerre des prénoms bretons

[ABP] Le 24 janvier 1955 naissait le septième des douze enfants de la famille Le Goarnig. C'est sur ce septième enfant que se déclencha la guerre des prénoms bretons. Pour beaucoup, c'est difficile à imaginer, mais il a 50 ans, il était interdit de donner des prénoms bretons à ses enfants. Les mairies, suivant des consignes très précises venant sans doute des préfectures, et donc de l'état, refusaient d'enregistrer les prénoms bretons.

2000 articles et 300 émissions radio et TV plus tard, donner des prénom bretons à ses enfants est devenue chose courante. Mais sans la détermination des Le Goarnig, les Bretons auraient sans doute dû attendre la mode des prénoms américains et des pressions venant de toute la France.

Malgré tout, la guerre des prénoms bretons n'est pas terminée. Du moins, pas pour les cinq derniers enfants de la famille Le Goarnig. L'état ayant refusé de les enregistrer, leur père avait dû les faire reconnaître à La Haye et à Strasbourg! Ces enfants n'ont donc jamais pu bénéficier des allocations familliales. M. Le Goarnig estime que l'état lui doit 300 000 euros. Malgré une promesse de Jacques Chirac, M. Le Goarnig attend toujours son chèque".

04/01/2006

3000 langues en moins en2100...

 3000 langues en moins en 2100 : c'est Le Monde qui l'annonce dans son édition du 31 décembre, histoire de nous donner du "begon" pour l'année qui vient ! La linguiste Colette Grinevald, chercheur au laboratoire dynamique du langage de l'Institut des sciences de l'homme Lyon-II, est interviewée. Spécialiste du monde amérindien, elle a aidé l'Unesco à définir les critères de vitalité des langues. Extraits.

"Le Monde : Le rythme de disparition s'accélère. D'ici un siècle, la moitié des langues parlées actuellement dans le monde auront disparu. C'est une estimation basse. En Australie et sur le continent américain, cette proportion sera bien plus élevée, de l'ordre de 90 %.

Avant l'arrivée des Blancs, 300 langues étaient parlées dans ce que sont aujourd'hui les Etats-Unis. En 1992, il n'y en avait déjà plus que 175 utilisées par au moins une personne. On estime que cinq seulement auront survécu à la fin du XXIe siècle. Même l'avenir du navajo est incertain, et pourtant c'est aux Etats-Unis la langue indigène qui a le plus de locuteurs, environ 120 000. Elle est de moins en moins apprise par les enfants.

Pourquoi cette accélération ?

La globalisation économique entraîne un exode rural des populations indigènes. Elles se perdent dans les villes et ne peuvent perpétuer leurs traditions et leur modèle familial. Dans le monde amérindien, les parents sont persuadés que parler une langue indienne est un handicap pour avoir un travail. Cette pression est aussi psychologique sur fond d'idéologie encore dominante du bienfait du monolinguisme dans un Etat-nation. Certains "monolingues" voient dans le multilinguisme un signe de division des capacités intellectuelles.

Quelles langues risquent de disparaître ?

Une langue est menacée, selon les linguistes, si elle n'a plus de locuteurs d'ici la fin du XXIe siècle. C'est le cas d'une centaine de langues en Europe et autant en Amérique du Sud, selon l'Atlas publié par l'Unesco. Le breton, le franco-provençal ou le poitevin saintongeais sont ainsi "sérieusement en danger". Parfois, une langue paraît vivace car elle est utilisée par des millions de locuteurs, comme les langues quechua en Amérique du Sud. Mais celles-ci sont déjà, dans certaines régions en Equateur et au Pérou, comme des morts-vivants : aucune personne de moins de 20 ans ne les apprend ou ne veut les parler.

Quelles seront les conséquences ?

De nombreuses connaissances captées par ces langues vont se perdre. Comme les propriétés des plantes vénéneuses en Amazonie ou celles qui peuvent avoir un intérêt dans la pharmacopée. Les langues apportent également une ouverture d'esprit. Elles permettent de voir différemment le monde et de montrer les facettes les plus diverses du génie humain. Au Guatemala, par exemple, je travaille sur le popti', en péril, qui classifie tous les objets par la matière dont ils sont faits.

Que dire des répercussions sociologiques...

Cela peut créer de réels problèmes identitaires. La langue permet de s'ancrer dans une histoire, un lieu. Beaucoup d'Amérindiens ont dû renier leur langue maternelle au profit de l'anglais ou de l'espagnol. Cela crée ce qu'on appelle de l'anomie, un entre-deux linguistique et culturel, où aucune des deux langues n'est maîtrisée. Cette situation peut devenir source de violence et entraîne chez les Amérindiens diverses formes d'autodestruction, comme l'alcoolisme et le suicide. J'ai observé le même phénomène aux Etats-Unis chez de jeunes Mexicains et Portoricains. Je reconnais parfois en France ce même type de malaise chez certains étudiants maghrébins qui ne connaissent pas l'arabe et chez des sourds qui revendiquent la langue des signes sans dominer le français écrit. On apprend mieux toute autre langue si on peut être fier et bien ancré au départ dans la sienne.

Quel rôle joue Internet ?

Un rôle double, tout à la fois poison et antidote, facteur d'uniformisation mais aussi de diversité. Il existe par exemple de plus en plus de sites Internet de langues amérindiennes gérés par des Indiens, pour des Indiens. Au Guatemala, une collègue linguiste a passé plus de dix ans à former des Mayas qui sont devenus linguistes et s'occupent d'un site en espagnol et plusieurs langues mayas. Leur travail prolonge le combat de Rigoberta Menchu (Prix Nobel de la Paix en 1992) qui a permis une reconnaissance officielle des 28 langues mayas.

Quelles seront les langues majoritaires à la fin du siècle ?

L'anglais bien sûr, l'espagnol, à cause de l'Amérique du Sud, l'arabe, puis des langues d'Asie, comme le chinois et l'hindi. Sur le continent africain, le swahili, le wolof sont en plein essor et avalent les langues de la région.

(...)
Où en sera le français à la fin du siècle ?

Le français ira bien, mais les Français devront parler plusieurs langues. Regardez le Danemark, où la moitié du cursus universitaire se fait en anglais : il n'y a pas de confusion, les Danois parlent danois entre eux et utilisent l'anglais car personne d'autre dans le monde ne parle leur langue. Le multilinguisme est parfaitement à la portée de l'intellect humain. Les enfants sont tous capables d'apprendre trois ou quatre langues.
Propos recueillis par Laure Belot et Hervé Morin

Sur internet

www.teluq.uquebec.ca/diverscite/entree.htm

Langues mayas : www.okma.org/


Coup d'oeil sur 2005

Meilleurs vœux à toutes et à tous pour la nouvelle année qui commence. Mais jetons un coup d’oeil rapide à l’année écoulée, 2005, qui a vu la France signer une superbe “convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles”, sous l’égide d l’Unesco et de l’ONU. Ce texte “célèbre la diversité culturelle, caractéristique inhérente à l’humanité et “patrimoine commun de l’humanité” devant être préservée. Etc. Mais pendant ce temps la France refuse toujours de ratifier la Charte européenne des langues minoritaires. Certe, la langue occitane serait sur le point d’être reconnue officiellement... mais en Espagne ! Où elle est parlée par quelques milliers de personnes ! En France, rien, alors que plusieurs millions de personnes y parlent et y comprennent l’occitan. C’est ainsi, on signe de beaux textes pour soigner son image internationale et, à l’intérieur des frontières, on se garde bien de les appliquer. Cela s’appelle de la schizophrénie et peut finir par énerver.

L’année 2005 a vu la montée de la colère dans une partie de la jeunesse française. Brûler des voitures et des bâtiments, agresser des policiers, des pompiers ou des passants, est évidemment condamnable. Il y a d’autres manières de faire en démocratie. Mais devant un gouvernement, un Etat et une société si bouchée, si sourde, il y a de quoi être en colère, effectivement...

Un arbitre contre le racisme
En France le racisme est un fléau qui nuit, notamment, à l’intégration d’une partie de la jeunesse. Mais cette plaie est internationale. Un arbitre de foot danois, Kim Milton Nielsen, s’est rendu célèbre en 2005 pour avoir exclu du terrain des joueurs professionnels ayant proféré des propos racistes à l’égard de joueurs d’origines africaines. Rien que de plus normal, me direz-vous ? Et bien pas tant que cela. les propos et les gestes racistes sont plutôt monnaie courante sur les terrains de football professionnels, et trop peu sanctionnés. Merci donc à Kim Milton Nielsen d’avoir le courage de faire, tout simplement, son travail.

La civilisation, c’est quand ?
Du travail, il va y en avoir dans le pays de Lorient grâce à une grosse commande de frégates de la part de la marine nationale française. 17 bateaux de guerre, plus dix autres pour la marine italienne. Cela donne du travail, youpi ! Le cancer aussi en donne. Espérons au moins que ces bateaux ne serviront jamais à faire à quoi ils sont destinés : la guerre. il y a trois cent ans, le commerce triangulaire avec l’Afrique, basé sur l’esclavage, a contribué à la prospérité de nombreux ports bretons, comme Nantes, Saint-Malo, et, dans une moindre mesure, Lorient... Il serait peut-être bon de civiliser et de pacifier un peu notre économie, vous ne croyez pas ?

Des raisons d’espérer
Mais il est des gens qui font quand même espérer, notamment les 54 personnes dont la revue Courrier international du 8 décembre dresse le portrait : 54 “héros de l’écologie” titre-t-elle. Parmi eux, Von Hernandez, jeune philippin qui a rejoint l’association Greenpeace. Avec elle, il a obtenu l’interdiction de l’incinération des déchets dan sons pays, en 1999. En France, l’incinération des déchets est monnaie courante et nous avons même un incinérateur controversé à Plouharnel (fermé sur décision administrative le 28 décembre dernier...). L’incinération des déchets produit des cendres contenant des métaux lourds, plomb, arsenic, cadmium, ainsi que des dioxynes... Les Philippines s’en passent désormais et il serait bon que la France aussi.

Bonne année 2006 quand même !

Christian Le Meut

03/01/2006

Un taol lagad war 2005

Krogomp ar bloaz nevez, 2006, e sellet doc’h ar bloaz paseet, 2005. Er bloaz 2005  a zo bet sinet get ur bochad broioù un destenn nevez anvet “Emglev evit mirout, gouarnin ha brudiñ al liessevenadurezh” da lâret eo, e galleg : “Convention sur la protection et la promotion des expressions culturelles”. Nag un destenn vrav, get frasennoù kaer ha hir spontus evit gouarn ar yezhoù hag ar sevenadurioù. Get an Unesco emañ bet savet an emglev-se... Souezhus eo memestra gwellout Bro Frans sinañ un destenn evel-se. Frans n’he deus ket ratifiet c’hoazh karta ar yezhoù bihan en Europa !

An okitaneg, yezh ofisiel ?
Desket m’eus e penn kentañ miz An Avent, miz Kerzu, a vo an okitaneg anavet el yezh ofisiel a benn nebeut... Ya, met e Bro Spagn, e lec’h ma vez komzet okitaneg get un nebeut tud... Amañ e Bro Frans e vez komzet okitaneg c’hoazh get ur bern tud ha n’eo ket anavet evel ofisiel ar yezh se. Mod-se emañ, sinet vez traoù brav get ar Republik a Frans, met kentoc’h evit foenvañ er maez. E barzh, se zo un afer all. Ur sort skizofrenie zo e Bro C’hall, hag a c’hell lakaat ar soubenn da drenkiñ, evel ar pezh hon eus gwellet e fin ar bloaz. Losket eo bet ur bochad savadurioù hag otoioù, gloazet eo bet paotred an tan ha poliserion get tud yaouank zo, ar pezh a zo fall gober, sur awalc’h. Doareioù all a zo da vanifestiñ en ur vor demokratel. Met dirak ur Stad, ur gouarnamant, hag ur gevredigezh ken bouzard, ken dal, abegoù zo da huchal. Ur bochad tud yaouank ne gavont ket labour, na lojeriz, a gaos d’ar rasism e Bro Frans.

Un arbitre a enep ar rasism
Justawalc’h un den a vro Danemark zo deuet da vout brudet bremañ e bed ar fooball : Kim Milton Nielsen a zo arbitr hag hennezh n’eus lakaet er maez ag an dachenn football ur sportour, ur c’hoariour football en doa lâret kunujennoù rasist d’ur c’hoariour all ag Afrika. Normal eo, d’ho sonj ? Marteze pas kement se. Bout rasist ha lâr traoù rasist a zo un dra boutin war tachennoù football, war e seblant. Trugarez, mersi neuze da gKim Milton Nielsen evit brout graet e labour getan.
 
Pegoulz vo hor bed sivilizet ?
Labour justawalc’h. Ur bochad labour a vo e Bro An Oriant hag e Breizh e 2006 a gres d’ar Stad n’eus komandet seitek bag evit ar morlu ha dek a zo komandet evit evit morlu Italia. Brav ! Ha setu tud laouen : labour vo, labour vo, labour vo. Ya labour vo, evel ma vez roet labour d’ar vedisinourion get ar c’hrign bew, evel ma veze roet labour d’an dud get konverzh ar sklaved, e Breizh ivez, tri c’hant vloaz so. Ne vehe ket mallus “sivilizañ” hon ekonomiezh, d’ho sonj ?

Tud sivil e wellomp barzh niverenn Courrier International ag an 8 a Viz An Avent (Kerzu). Pewar den sivil hanterkant a stourm evit en endro, evit an natur hag evidomp, benn ar fin. En o meskl, Von Hernandez, ur paotr yaouank a zo e barzh Greenpeace, er Filipines. Von Hernandez zo un den paour e zo e chom e tal kerbenn ar vro, Manille, ha tost d’un toull lastez bras. Araok e veze losket ur bern ag ar restachoù met difennet eo bremañ a drugarez da Van Hernandez ha da Greenpeace. Rak danjerus bras eo, an “incinération” evit yec’hed an dud. Plom, kadmium, dioxine, vez lakaet er maez, en aer, mod-se, hag amañ ivez, e Breizh.  Ur stall “incinérateur” a zo bet serret e Plouharnel an 28 a Viz Kerzu. Tud zo a stourm evit ar re all hag evit an natur. Kement, memestra da gavout esperans un tammig en amzer da zont. Bloavezh mat c’hoazh !

Christian Le Meut 

02/01/2006

Des nouvelles du picard !

Voici un article paru dans l'Humanité du 8 décembre concernant le picard, langue d'oïl, comme le gallo en Bretagne, parlée encore de la Picardie à la Belgique (cet article figurait sur le site de Diwan, qui répertorie régulièrement des articles sur les langues régionales) :
 
"Les premières Journées interrégionales de la langue picarde ont mis en relief la discrimination dont souffre une langue parlée par deux millions d’habitants de Picardie, du Nord-Pas-de-Calais et du Hainaut belge.

Plus de 120 personnes ont participé vendredi 2 décembre aux premières Journées interrégionales de la langue picarde sur le site du carreau de la mine de Wallers Arenberg à l’invitation de la communauté d’agglomérations de la porte du Hainaut. Élus, responsables associatifs, universitaires, artistes, conteurs ou simples locuteurs, ils ont adopté à la fin de la réunion un appel dans lequel ils « affirment leur appartenance à une communauté culturelle et linguistique interrégionale transfrontalière ». Les participants souhaitent renouveler la démarche des Journées de la langue picarde, pour qu’elles se tiennent alternativement dans les trois régions linguistiques, les régions françaises de Picardie, Nord - Pas-de-Calais et, en Belgique, le Hainaut. Dans cet appel, ils souhaitent « la mise en oeuvre de projets interrégionaux et transfrontaliers dès l’année 2006 » et ils « réclament l’application à la langue picarde des mesures existantes en faveur des langues et cultures régionales au sein de l’éducation nationale ». La discrimination fut en effet un des thèmes principaux des débats. Le picard est boudé par l’éducation nationale alors qu’il prouve régulièrement sa vitalité sur toutes les scènes artistiques des régions concernées ou tout simplement dans la vie courante. « Le picard ne meurt pas, il y a des salles pleines chaque fois que nous faisons des représentations en langue picarde », ont témoigné des artistes et des conteurs. Et contrairement à certaines régions qui soutiennent leur langue sur un fond de séparatisme politique, « la revendication du picard est purement culturelle. Elle n’implique aucun enjeu de pouvoir », a souligné Jean-Michel Eloy, professeur de linguistique à l’université de Picardie, directeur du Centre d’études picardes du laboratoire d’études sociolinguistiques qui a ouvert les Journées*. Jean-Michel Eloy prône un enseignement du picard, langue du dominé qui, après quatre siècles « de pression politique maximale », crée une identification négative. Mais, et c’est une de ses forces, à cause de cette mise à l’écart, le picard est une langue en liberté que les pouvoirs n’ont jamais investie. Parlée ou comprise par près de deux millions de personnes au sein d’une zone de sept millions d’habitants, elle est une des plus vivaces des langues régionales « endogènes » de France.

La langue peut devenir outil de développement économique. Dans une Europe où les régions sont confrontées à la concurrence, l’image, la notoriété deviennent enjeux de pouvoir. Le picard, dit Jean-Michel Eloy, « est un élément d’image très fort, disponible pour la modernité. C’est une langue de gens travailleurs, résistants, qui ont intégré les bases de l’immigration, qui sont plus malins qu’ils en ont l’air. Il faut rendre leur fierté à ces gens par une politique linguistique positive. Il y a 130 langues différentes parlées dans le Nord - Pas-de-Calais et qu’est-ce qu’on en fait ? Rien ». La langue, a dit Jacques Landrecies, maître de conférences en langue et culture régionales à l’université de Lille-III, « est un objet de savoir et c’est une réalité qui dérange ». Le picard peut devenir un outil incomparable d’insertion dans les régions industrielles sinistrées du Nord. L’expérience racontée par Pascal Laby, de l’Association pour l’insertion sociale d’Avesnes-lez-Aubert, auprès de 180 personnes montre que le picard a servi d’outil pédagogique, outil d’insertion sociale.

Organisées par les associations Insanne, le département langues et culture de Picardie du conseil régional et la maison de la culture du Hainaut, les Journées interrégionales ont ouvert une coopération inédite entre les trois régions en vue de la création d’un centre interrégional souhaité par Alain Bocquet, député communiste et président de la porte du Hainaut. La seule fausse note fut l’absence remarquée d’un représentant du conseil régional du Nord - Pas-de-Calais !

Jacques Moran/L'Humanité/08/12/2005
* Petit commentaire du responsable de ce blog (webmaster en français dans le texte) : en France, où règne le régime de la langue unique, demander un soutien public à une langue régionale, le picard, le breton ou une autre, est forcément un combat politique tellement la religion de la langue française est ancrée profondément dans les mentalités. Il est un peu naïf de croire que la langue picarde pourra survivre sans une action sur le terrain citoyen, donc politique. Les militants des langues régionales d'oïl, dont le picard et le gallo font partie, ont beaucoup de mérite car leurs langues, cousines du français, sont souvent assimilées à celui-ci, ou considérées comme des "patois" ou des "dialectes" du français alors que ce n'est pas le cas. Je suis toujours surpris, d'ailleurs, quand j'entends des militants de la langue bretonne, voire des bretonnants, qualifier le gallo de "dialecte"... Il y a peu encore, le breton était qualifié de "patois" sur un règlement de Wanadoo... Pas plus tard qu'hier et aujourd'hui, sur France Culture, j'ai entendu parler de "patois" dans la bouche de l'éminent historien Pierre Nora, et de "bas-breton" dans la bouche d'un critique littéraire du "Masque et la plume". Le "Bas-breton", késako ? Le terme est, pour le moins obsolète...
On est toujours le plouc - ou le patoisans - de quelqu'un.
Christian Le Meut