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27/07/2005

An Dasson nevez zo erruet !

Niverenn diwezhañ An Dasson (Nnn 59), kelaouenn divyezhek (brezhoneg-galleg) nevez embannet get Kerlenn sevenadurel Sten Kidna an Alre, a gas al lennerion da veajiñ en amzer baseet hag e broioù pell ivez.
Beaj en amzer baseet (etre an dispac'h ha 1950, ar-dro) get ur pennad divyezhek skrivet get Daniel Carré a-zivout ar filajoù. Bourrapl-bras e veze en em dolpiñ da noz get ar Vretoned, da gomz, da zañsal, da gontiñ istorioù,
en ur labourat ivez (brikoliñ, ober panerioù...). Ya, met fall welet oa get an iliz hag ar veleion...
Buhez pemdeziek e porzh en Alre, Sant Sten, e penn kentañ an XXe kantved zo kontet get Anna Quigna-Marie (e galleg hepken). D'ar c'houlz-se, bagoù ar Gêrveur a zeue betek an Alre (e lec'h Kiberen bremañ) da gas ha da glask
danvez, loened, beajourion. Ha beajourion brudet evel Sarah Bernhardt !
Kouviet e vo d'ar Gwener 21 a viz Gouel Mikael (Here) ur strollad c'hoariva e brezhoneg da ginnig ur western, Malachap Story ! Un digarez eo evit monet da welet stad ar yezh komzet get an Huroned e Bro Kebek, get Christian Le Meut. Ur veaj all zo get Jean-Claude Le Ruyet : troet en deus e brezhoneg ul loden ag an "Tao te king" skrivet get Lao Tseu.

Razh ar pennadoù-skrid-se zo en niverenn diwezhañ An Dasson, Nnn 59, a c'hell bout prenet e stalioù levrioù 'zo hag ivez e Kerlenn Sten Kidna, 6 straed Joseph Rollo, 56400 an Alre. 5 euros. Pellgomz : 02.97.29.16.58. Postel : STENKIDNA2@wanadoo.fr.

Les Hurons, les filajoù et Saint Goustan autrefois

Le numéro 59 d'An Dasson ("L'écho") vient de paraître. Il est édité par le Cercle culturel breton d'Auray Sten Kidna et propose plusieurs voyages. Un premier voyage du côté des "filajoù", des veillées durant lesquelles Bretons et Bretonnes aimaient se retrouver pour conter, chanter, danser, tout en travaillant (coudre, bricoler...), jusque dans les années 50... Mais l'Eglise voyait d'un mauvais oeil ces réunions où hommes et femmes se côtoyaient. Daniel Carré est allé chercher dans les textes religieux en breton pourquoi les prêtres combattaient (en vain) les filajoù.
Deuxième voyage dans le temps avec le témoignage personnel d'Anna Quigna-Marie sur la vie du port de Saint-Goustan il y a une centaine d'année. Un port très actif où accostaient les bateaux de Belle-Île venant chercher ou déposer des marchandises ou des voyageurs, parfois très célèbres comme Sarah Bernhardt (article en français).
Le vendredi 21 octobre prochain, au soir, le Cercle Sten Kidna invite une troupe de théâtre à présenter, au théâtre d'Auray, un western en breton, Malachap Story, dans laquelle des fermiers sont aux prises avec les Hurons. C'est l'occasion pour Christian Le Meut d'aller voir du côté du Québec l'état de la langue huronne, et des langues amérindiennes. Enfin, Jean-Claude Le Ruyet propose une traduction en breton d'extraits du "Tao te king", de Lao Tseu.
Le numéro 59 d'An Dasson est en vente au Cercle Sten Kidna, 6 rue Joseph Rollo, 56400 Auray. 5 € port compris.
Tél. 02.97.29.16.58. STENKIDNA2@wanadoo.fr

18/07/2005

Choukrane, Ahmed

Ahmed Benamra est décédé le mardi 19 avril dernier à l’hôpital de Montargis, des suites d’une longue maladie, la sclérose en plaques.

Né en 1967, Ahmed Benamra a passé sa jeunesse dans l’agglomération montargoise, jouant, enfant, au club de foot de Chalette. Il a obtenu son Bac au lycée en Forêt, puis un Deug d’histoire à Orléans. Les signes de la maladie apparurent dès l’adolescence : chutes, difficulté à courir, fatigues... Jeune adulte, Ahmed Benamra devait déjà se déplacer en fauteuil roulant. Cela ne l’empêcha pas de devenir un grand voyageur : deux séjours au Québec, un voyage en Australie, plusieurs au pays de ses parents, l’Algérie, et un séjour au Pérou. Ahmed put monter, seul, jusqu’en haut de la ville mythique de Machu Picchu (2.000 m d’altitude).

Passionné de photographies, il rapporta des images de ce pays qui firent l’objet d’une exposition à Chalette. Il travailla plusieurs mois dans l’agence photographique parisienne Ciric, mais ne put faire son métier de cette passion à cause de la maladie. Ses photos, prise à hauteur d’un homme en fauteuil roulant, gardaient un regard d’enfant qu’Ahmed a toujours conservé. Une faculté à rire, à s’étonner, à s’amuser et à rencontrer l’autre. Un regard bienveillant et curieux.

Lorsqu’il était encore suffisamment fort, il partait seul avec son fauteuil et sa tente de camping, parcourant ainsi des centaines de kilomètres de routes de campagnes. Les habitants l’accueillaient, impressionnés par ce voyageur en fauteuil ne se déplaçant qu’à la force des bras. Il pouvait ainsi faire Montargis-Gien et retour, 40 km dans la journée, pour le simple plaisir de voir la Loire...
Lorsque ses forces déclinèrent, c’est en fauteuil électrique qu’Ahmed arpentait les rues de Montargis, s’indignant face aux voitures mal garées qui le contraignaient à des manœuvres dangereuses sur la rue.

Puis vint le temps où même manœuvrer un fauteuil électrique ne fut plus possible.

Jusqu’à l’année dernière, cependant, Ahmed Benamra put continuer à se rendre à Msila, ville d’origine de Tahar et Zineb, ses parents, en Algérie. Le climat et l’hospitalité des habitants lui faisaient du bien, disait-il. C’est à Msila qu’Ahmed rencontra Zakia, qui allait devenir son épouse en 1998. Une petite fille est née de cette union en 2000, Chaïma.

Cet homme au grand cœur voulait aussi alléger la souffrance des autres. Il fit convoyer des fauteuils roulants en Algérie lors de ses voyages. Six, l’année dernière. Pour des handicapés nécessiteux de là-bas. A la veille de sa mort, il a exprimé le souhait de faire don de tout le matériel médical dont il bénéficiait. Souhait respecté par sa famille. Ahmed luttait pour la vie, espérant toujours en la recherche médicale. Mais celle-ci n’est pas allée assez vite. Il a été enterré au cimetière de Chalette-Vésine.

Ahmed ne se plaignait pas, quand tant d’autres passent leur temps à geindre.
Ahmed luttait pour la vie, quand tant d’autres passent leur temps à faire la guerre, à se faire la guerre.
Ahmed est parti, mais sa famille et ses nombreux amis n’oublieront pas la leçon de courage, de générosité et d’humanité que fut sa vie.

Merci, Ahmed. Choukrane.

Christian Le Meut

* Choukrane : "merci" en langue arabe.

Pipriac, "Piperia" ou Presperieg ?

Quand j’étais enfant, j’ai habité à Pipriac, en Ille-et-Vilaine, près de Redon. Je suis arrivé là-bas vers l’âge de trois ans mais mes frères, un peu plus âgés, eurent quelque mal au début à comprendre leurs petits camarades de l’école publique. Ils parlaient avec un fort accent et des mots différents, du français mélangé de gallo probablement. Moi, je ne me souviens pas avoir eu de difficulté à comprendre les enfants du coin, mais j’ai probablement été mis dans le bain, en immersion, dès que j’ai commencé l’école... Je me souviens cependant de quelques mots en gallo et notamment du nom gallo de Pipriac, "Piperia", disaient mes copains d'école. Aussi, j’avais été un peu surpris, l’année dernière, en voyant la carte éditée par l’Office de la langue bretonne*, tout en breton. Pipriac y figurait sous un nom breton, Presperieg (ci-dessus), mais pas la forme gallèse, pourtant encore employée... D’où vient ce Presperieg ? Pourquoi ressortir ce nom des vieux grimoires où il dormait probablement depuis des siècles ?...

Cousine du français
Le Pays gallo est donc la partie Est de la Bretagne où l’on parle le gallo, cette langue descendante du latin, comme le français, alors que le breton est une langue d’origine celte. Le gallo et le breton ont ceci de commun qu’elles n’ont pas de statut officiels, qu’elles ne sont pas uniformisées, standardisées comme l’est le français. Pourtant, elles sont parlées depuis des siècles par des populations importantes. Le gallo demeure peut enseigné, alors que le breton l’est et que des écoles bilingues breton-français ont même été créées en pays gallo : à Nantes, Rennes, Questembert, Ploermel...
Le département du Morbihan a voté à l’unanimité, l’année dernière, la pose de panneaux bilingues dans toutes les communes du Morbihan. Un ancien maire de Monténeuf, Joseph Orhan, s’est élevé contre cette mesure affirmant au journal Ouest-France, que “depuis huit siècles on ne parle plus breton dans cette région, mais français”... Sauf que, français ou gallo, ce n’est pas pareil. M. Orhan ne semble pas faire beaucoup de différences entre les deux. Pourtant il y en a, et il m’étonnerait que la majorité des gens du peuple parlaient français à Monténeuf il y a encore un siècle. Gallo, je ne dis pas. Mais si des communes du pays gallo refusent les panneaux en breton, comme c’est le cas de Réminiac, pourquoi pas ? Et pourquoi ne pas avoir pensé à des panneaux français-gallo comme à Loudéac ou le nom gallo, Loudia, est affiché ?
En ce qui me concerne, je trouve important de voir des panneaux bilingues (breton-français ou gallo-français) en Bretagne, pas forcément partout, mais au moins suffisamment pour rappeler à la population vivant dans la région, que nôtre région est multilingue et pluriculturelle depuis longtemps. Bien des habitants de la Bretagne, baignés dans l’école républicaine ou privée, gavés de médias quasi exclusivement francophones ou anglophones, oublient cette réalité que les panneaux viennent leur rappeler. Les panneaux bilingues donnent une visibilité et une sorte de statut non officiel au breton. Ils peuvent faire de même pour le gallo.

Lorient : panneaux bilingues mais ville unilingue ?
Ainsi Lorient est une ville bilingue du point de vue de la signalisation. Sauf, paradoxalement, pendant le festival interceltique où des panneaux uniquement en français viennent couvrir certains panneaux en breton. Les responsables du festival interceltique soutiennent-ils la langue bretonne ? La question reste posée...
Lorient donc, a beaucoup de panneaux bilingues, jusque dans les couloirs de sa mairie. Mais on n’y parle pas plus breton pour autant. Les panneaux ont une fonction symbolique importante mais ils ne font pas tout. Ils ne remplacent pas une vraie politique linguistique de réhabilitation du breton et du gallo comme langues de la vie quotidienne. Et il y a sûrement mieux à faire que d’imposer des panneaux en breton dans tous les communes du pays gallo.
Les animateurs de l’émission en gallo réalisée par Plum FM et diffusée le mercredi sur Radio Bro Gwened ont dit, eux aussi, leur désaccord avec cette mesure dans une émission diffusée début juillet. Pour moi, je ne suis pas choqué de voir des panneaux en breton dans les grandes villes du pays Gallo (Rennes, Nantes...), et dans les communes où il y a des écoles bilingues, voire de temps en temps le long des axes routiers importants. Mais pourquoi vouloir imposer; et pourquoi partout ?

Et derrière les panneaux ?
J’entendais récemment le président du conseil général, Joseph Kerguéris, expliquer, également sur Radio Bro Gwened que le but des panneaux bilingues étaient d’abord de montrer que nous avons, dans le Morbihan, deux langues, deux cultures, aux gens qui viennent de l’extérieur (deux seulement ? Et le gallo alors ?).
Il s’agit donc de montrer aux touristes, donc, combien notre pays est exotique... Mais qu’y-a-t-il derrière les panneaux bilingues, derrière le décorum ? Il reste actuellement autour de 50.000-60.000 personnes capables de parler breton dans notre département. 50.000. Il y a donc urgence à encourager les écoles bilingues, les médias en breton, la transmission entre générations, toutes sortes d’activités culturelles et quotidiennes en langues bretonne et gallèse. Faute de quoi, un jour, peut-être pas si lointain, le Morbihan risque de compter plus de panneaux bilingues que d’habitants bilingues, bretonnants et gallèsants compris. Le but sera-t-il atteint, ce jour-là ?
Christian Le Meut

*La carte de Bretagne en langue bretonne est disponible à l'Ofis ar brezhoneg, 8 bis straed Félix Faure, 29270 Karaez-Plougêr. 10 euros.

Pipriac, "Piperia" pe Presperieg ?

Pa oan krouadur eh oan e chom e Pipriac, e tal Redon en Il-ha-Gwillen. Erruet oan du-hont d’an oad a dri bloazh, er bloaz 1967, met diaes oa get ma daou breur, kozhoc’h un tammig, kompreñ bugale ag ar vro. Komzet veze galleg gete, met ivez, gallo (gallaoueg), get ur pouezh mouezh, un aksent, kreñv. Me, m’eus ket sonj bout lakaet diaes a gaos d’ar gallo ur wezh bout kaset d’ar skol. Akourset oan bet doc’htu get ar vugale all, dre soubidigezh moarvat. Ar lerc’h, aet oamp kuit, pa oan eizh vloaz met sonj m’eus a gerioù-zo evel anv gallo ar gumun e lec’h ma oamp e chom: "Piperia". Lâret veze "Piperia" get ur bochad tud du hont, d’ar c’houlz-se, war-dro tregont vloaz zo...

Ur gartenn souezhus
Ha souezhet oan bet, ar bloaz paseet, e wellet an anv lakaet get Ofis ar brezhoneg war ar gartenn Breizh savet getan e brezhoneg penn da benn : Presperieg. Presperieg oa, marteze, an anv kozh evit Pipriac, evit "Piperia", met den ebet a lâr an anv se hiriv an deiz. Perak kas a varv da viù anvioù kozh evel-se, ankoueit abaoe pell, pa z’eus anvioù all, e gallo hag a vez lâret c’hoazh hiriv an deiz ?
Bro C’hallo a vez graet ag ar vro e lec’h ma vez komzet gallaoueg. Morbihan reter zo e Bro C’hallo. Ne vez ket mui komzet brezhoneg abaoe pell e Ploermael (Ploermel) ha Kistrebrezh (Questembert), met skolioù divyezheg zo er parrezioù-se bremañ.

Har ag gallaoueg ?
Kuzul departamant ar Morbihan n’eus votet a unvouezh lakaat pannelloù divyezheg, brezhoneg ha galleg, e pep kumun an departamant, e fin ar bloaz paseet. Hag e Bro C’Hallo ivez ! Ha setu bec’h er vro-se. Tud kountant, ha tud kounnaret evel an aotrou Joseph Orhan, bet maer e Monteneuf. Hennezh n’eus savet ur gevredigezh a-enep ar raktress-se. “Perak lakaat pannelloù e brezhoneg ? Abaoe eizh kant vloaz ne vez ket mui komzet brezhoneg aman met galleg” emezan d’ar gazetenn Ouest-Frans... Ha bon, komzet vez galleg abaoe eizh kant vloaz e Monténeuf get al labourizion douar ? Gallaoueg, ne lâran ket... An aotrou Orhan ne ra ket an difor met ar galleg hag ar galloueg zo div yezh dishenvel, evel ar galleg hag ar spagnoleg. Kar int, merc’hed bihan al latineg, met n’int ket heñvel anezhe. Komzet veze, ha komzet vez c’hoazh, gallo get tud ag ar vro, labourizion douar, micherourien, met, gwir eo, nebeutoc’h nebeut. Ar gallaoueg ne vez ket desket nemet barzh un nebeut skolioù.

Un abadenn e gallaoueg savet get Plum FM a vez skignet bep merc’her da nozh war Radio Bro Gwened. Klewet m’eus an abadenn a ziout ar pannelloù divyezheg, skignet e penn kentañ miz Gouere. Hag ar pevar pe pemp den a gomze en abadenn-se ne oant ket a-du tamm ebed bout lakaet pannelloù e brezhoneg en o c’horn vro... Ne vehe ket “doujus” e kenver ar gallo, emezo ! Ur gumun a reter Morbihan, Réminiec, n’eus votet nompass lakaat ar pannelloù divyehzeg nevez roet get an departamant. Dezhe da welled. Ha perak pas lakaat panelloù gallaoueg-galleg evel ar pezh graet e Loudia, e Loudeac ?
Me, me gav bourrapl ha kalonekus gwellout pannelloù divyezheg e Breizh. N’eus ket afer anezhe e pep lec’h, sur awalc’h. Met ankoueit eo bet ar brezhoneg dija get ur bochad tud hiriv an deizh e Breizh... N’eus nemet ar pannelloù divyezheg evit o lakaat da zerch’el sonj er yezh-se. En Oriant, kalz pannelloù divyezheg zo. Brav eo met bon, ne vez ket komzet muioc’h brezhoneg du-hont a gres dezhe, gwir eo lâret...

Evit piv ?
Klevet m’eus an aotrou Joseph Kerguéris, prézidant kuzul meur Morbihan, n’eus ket pell-zo war Radio Bro Gwened. Hennezh a zisplege oa pal ar pannelloù divyezheg diskouez d’ar re all emañ Breizh ur vro get div yezh ha get ur sevenadur all... Diskouez d’an douristed, neuze, pegen exotik eo hor bro-ni ? Perak lakaat pannelloù divyezheg mard eo lesket da goll ar brezhoneg hag ar gallaoueg ? Evit diskouez yezhoù marv ag ar vro ? Perak pas lakaat pannelloù e latineg doc’htu neuze ?
Ar pannelloù divyezheg zo un arouez met ne reont ket ur bolitikerezh da vat evit lakaat an dud da gomz en-dro brezhoneg ha gallaoueg bemdez. Arouezioù zo traoù a bouez get ma n’int ket un digarez evit nompas monet pelloc’h. Sevel skolioù divyezheg nevez, mediaioù e brezhoneg (skinwell, skingomz), sikouriñ an tier embann e brezhoneg, ha c’hoazh. Mallusoc’h eo eget lakaat pannelloù divyezheg e pep lec’h e Bro C’hallo ! E kerioù bras, er parrezioù e lec’h ma z’eus skolioù divyezheg ha war an hentoù bras ivez, ur wezh an amzer, ne lâran ket...
Ne chom ket nemet etre 50.000 ha 60.000 den a gomz brezhoneg er Morbihan hiriv an deizh. Piv ouia ? A-benn un nebeut bloavezhioù e chomo muioc’h a bannelloù diviyzheg eget brezhonegerion en hor departamant. Ha tizhet vo ar pal an deiz-se ?
Christian Le Meut

15/07/2005

Jack Lang : "La République doit se réconcilier avec l'ensemble de ses langues"

Voici un entretien paru dans un numéro récent d'Historia (juillet), consacré à l'histoire de la langue bretonne. Jack Lang s'y exprime sur son soutien aux langues régionales.

"En 2001, Jack Lang, alors ministre de l'Education nationale, souhaite développer des filières d'enseignement bilingue, de la maternelle à l'université. Retour sur un débat politique houleux.
Historia - De 2001 à 2002, vous avez fermement défendu le développement de l'enseignement des langues régionales contre ses opposants. Une circulaire prévoyait que le breton, le corse, le basque, l'occitan, le catalan, l'alsacien et le mosellan soient reconnues langues d'enseignement à parité avec le français. Pourquoi tant de détermination ?
Jack Lang - Je défends depuis toujours les langues et les cultures régionales, considérant qu'il n'y pas de langues minoritaires mais des langues particulières qui font toutes partie de notre richesse nationale. Pendant plus deux siècles, les langues régionales ont été combattues par les pouvoirs publics. Or, toutes les langues sont des trésors humains. Et on oublie trop souvent que les langues, comme les civilisations, sont mortelles. J'ai donc voulu que cette injustice historique soit réparée. J'ai pris des mesures en faveur des langues particulières dès 1981. Non sans mal ! On m'a alors accusé de vouloir balkaniser la République. J'ai mis en place en 1985 un Conseil national des langues et cultures régionales qui est devenu aujourd'hui le Haut Conseil des langues et cultures de France. Entre 2001 et 2002, j'ai souhaité que soit franchi un nouveau cap. J'ai ainsi lancé un vaste plan pour les langues, complémentaire du plan pour les langues étrangères. Il a permis de renforcer les réalités culturelles et linguistiques des régions. La République doit se réconcilier avec l'ensemble de ses langues. Je crois profondément que la meilleure façon de protéger la langue française, c'est de développer le plurilinguisme sous toutes ses formes.
H. - Vous êtes allé bien au-delà de ce que prévoyait votre programme de mise en place de filière bilingues en plaidant, en vain, pour l'intégration de l'école associative Diwan, qui pratique un enseignement exclusivement breton, dans l'Education nationale. Vous vous êtes heurté aux syndicats d'enseignants, partisans de l'enseignement pour tous en français, qui estiment que cette méthode d'immersion pédagogique porte atteinte à l'unité de la République. Agiriez-vous de la même façon en 2005 et pourquoi ?
J. L. - Oui. Mon combat en faveur de la langue bretonne est d'ailleurs beaucoup plus ancien. Dès 1982, j'ai été le premier à financer l'association Diwan - comme j'ai d'ailleurs soutenu des mouvements artistiques occitans, corses, basques ou bretons. Je pense notamment au Festival interceltique de Lorient. En 2001, je suis effectivement allé plus loin en voulant intégrer les écoles Diwan dans l'enseignement public. Cette proposition, contenue dans le plan en faveur des langues de France, a été malheureusement annulée par le Conseil d'Etat. Je le regrette beaucoup. Toutes les études montrent pourtant que les enfants qui ont eu la chance d'être immergés très jeunes dans la langue bretonne sont ceux qui réussissent le mieux, en particulier en français, au baccalauréat. Plus on apprend de langues et plus on peut en apprendre. Il faut encourager la diversité linguistique. Défendre les langues régionales n'est en aucun cas le signe d'un repli sur des particularismes. C'est au contraire l'expression de la reconnaissance de la diversité de notre patrimoine national.
H. - Que pensez vous de l'enseignement des langues régionales tel qu'il est prévu par la loi Fillon ?
J. L. - Peu de chose. Je ne crois qu'aux actes. Pas aux textes proclamatoires ! Je constate ainsi que, depuis 2002, les postes mis au Capes des langues régionales sont en constante diminution. Les concours spéciaux de recrutement de professeurs des écoles chargés d'un enseignement en langues régionales sont remis en cause. Notre plan en faveur de l'enseignement bilingue, permettant l'utilisation d'une langue régionale comme langue d'enseignement, est en panne."

Source "Historia", dernier numéro (juillet 2005).

09/07/2005

Dolmen et la légende des naufrageurs

Cette petite note pour indiquer à Charlotte, qui a commenté ma précédente note concernant la série télé Dolmen

qui passe actuellement sur TF1, trois sources concernant la légende des naufrageurs :

- la revue Bretagne magazine, n°27, dont un article s'intitule "naufrageurs un mythe insubmersible". L'auteur, Alain Tanguy, assure que la légende des naufrageurs est un mythe et, qu'au contraire, les populations bretonnes offraient soin et hospitalité aux naufragés. Par contre, les bateaux échoués étaient systématiquement dépouillés. Le même article signale deux sources bibliographiques :

- Le naufrage, ed. Honoré champion, 1990, article de jacques ducoin, "Naufrageurs et pillurs d'épaves sur les côtes bretonnes au XVIIIe siècle";

- Les côtes barbares, Alain Cabantous Fayard, 1993.

Bonne lecture !

Christian Le meut

06/07/2005

La lune est-elle carrée ?

La lune est-elle carrée ? La question vous paraîtra insolite, voire stupide, tant il est évident que la lune est ronde (ou à peu près), il suffit de la regarder pour le constater.
La Loire Atlantique est-elle en Bretagne ? La question peut paraître insolite, voire stupide, tant il est vrai qu’il suffit d’ouvrir les yeux pour constater que la Loire-Atlantique est en Bretagne.
A Nantes chacun peut aller visiter le château... des ducs de Bretagne, et la superbe cathédrale de Nantes donc un duc... de Bretagne décida, au quinzième siècle, de la construction... Et puis, hors de Nantes, dans les marais de Brière par exemple, près de Guérande, les noms de nombreux villages commencent par “ker”, preuve parmi d’autres que l’on parlait breton dans cette région il n’y a pas encore très longtemps, un siècle, grosso modo.
Et si la Loire Atlantique et Nantes ne sont pas en Bretagne, où sont-ils ? En Lorraine, en Alsace, en Corse, en Picardie, en Anjou, en Vendée, dans le Maine, ou dans le triangle des Bermudes ? Dans les “Pays de Loire” ?
Si une loi française décrétait que la lune est carrée, il y aurait des gens pour soutenir que c’est vrai, que la lune est bien carrée, et que ceux qui diraient le contraire seraient des sots. Et, selon la loi française, Nantes n’est pas en Bretagne. Nous en avons encore eu l’illustration en 2003 avec l’arrêt de la diffusion par France 3 en Loire Atlantique des émissions en breton le dimanche matin. Pourquoi cette décision ? Ces émissions étaient-elles trop peu regardées ? Ce n’est pas l’argument avancé par les “pennoù bras” (les chefs) de France 3 Pays de Loire, mais il paraît que “tout le monde ne comprend pas le breton”... Par contre, beaucoup de gens savent lire le français et, justement, ces émissions sont sous-titrées en français ! Mais c’est ainsi que l’on tue les langues, en en limitant progressivement la diffusion sous des prétextes divers et obscurs.
Heureusement l’histoire est tenace. Car si l’on peut changer les frontières administratives, créer des régions artificielles comme les Pays de Loire (rappel : la Loire n'y passe que dans deux départements sur cinq) on ne peut si facilement effacer les traces. Le Château des ducs de Bretagne et la cathédrale de Nantes sont là pour rappeler l’identité historique bretonne de Nantes et de la Loire-Atlantique .
Christian Le Meut

05/07/2005

Hag emañ karre al louar ?

Ha karre emañ al louar ? Setu ur goulenn iskiz awalc’h. Ront eo a louar : tout an dud a ouia an dra se... N’eus nemet da sellet doc’h an oabl, da nozh, evit goueit an dra se. Setu, ur goulenn all : ha Liger Atlantel ha Naoned n'emaint ket e Breizh ?
Petra kaver e Naoned ? Kastel an duked a Vreizh, hag an iliz braz, an iliz-vamm savet er XVe kantved get an duk a Vreizh... Koste Gwerrann ur bern a anvioù a grog get “Ker”...
Ma n’emañ ket Liger Atlantel e Breizh, emen emañ hi ? E Lorraine, en Alzas, e Korsika, en Anjou ?... E rannvro “Pays de la Loire” : met petra eo ar rannvro se, ur rannvro nevez savet get ar melestradurezh, pas get an istoer, pas get ar pobl...
Ma vehe e Frans ul lezenn evit lâret emañ kare al louar, tud zo a wellehe kare al louar.
Met gwir eo, hervez al lezenn n’emañ ket Liger Atlantel e Breizh.
Ha Frans 3 n’eus paouezet skignan abadennoù e brezhoneg bep sul mintiñ e Liger Atlantel, abaoe 2003. Perak ta ? Gwellet veze an abadennoù se get re nebeut a dud ? N’eo ket ar pezh a oa bet displeget get pennoù bras Frans 3. Hervez ar re se, diaesamentoù oa kar razh an dud ne gompren ket brezhoneg. Evel reson, met kazimant tout an tud a ouia lenn galleg, hag abadennoù brezhoneg Frans 3 'vez istitlet e galleg d’ar sul mitiñ ! Difenet e breman sellet doc'h abadennoù e brezhoneg e Liger Atlantel ! Mod se e vez lazhet ar yezhoù...
Met ne vez ket chanchet an istor. Kastel an duked a Vreizh a chom e kreisker Naoned, ar pezh n’hella ket bout chanchet get pennoù bras Frans 3.
Christian Le Meut

02/07/2005

L'appel du 23 juin 1940

Le 23 juin 1940, soit cinq jours après l’appel lancé par le général de Gaulle sur Radio Londres, ce même appel fut traduit en breton et lancé sur les ondes de cette même radio par André Guillois, un Breton ayant rallié les Forces Françaises Libres. En juin 1940 une grande partie de ces forces étaient constitués de Bretons, soit des militaires de la marine nationale soit des civils comme ces 133 marins de l’île de Sein ayant rallié le Royaume-uni par leurs propres moyens.
Beaucoup de critiques sont adressées aux bretonnants, encore aujourd’hui, à cause de l’attitude de militants d’organisations de la cause bretonne qui, pendant la dernière guerre mondiale, ont travaillé avec les nazis, voire combattu à leurs côtés. Mais combien de Bretons, et de bretonnants ont combattu contre les nazis ? Dans combien de maquis de Basse Bretagne parlait-on le breton plutôt que le français ? Beaucoup, je pense, étant donné que le breton y était à cette époque la langue quotidienne de la plupart des gens...
Et dans le reste de la France, combien de gens ont travaillé avec les nazis, voire combattu avec eux ? Cela fait-il du français une langue paria ? Cela fait-il des personnes qui militent pour la langue française des “collabos” à stigmatiser pendant des siècles et des siècles ?
Hitler parlait allemand. Pétain, français. Franco, espagnol. Staline, russe, Pol Pot, khmer. Mao, chinois.... Serait-il juste, équitable, respectueux, de traiter ces langues de langues fascistes pour autant ? De langues dangereuses pour la démocratie ? De langues arriêrées ? De langues qu’il faudrait laisser mourir plutôt que d’être soutenues comme elles ont le droit de l’être au regard du droit international ?
Le breton est une langue parlée depuis des siècles, voire des millénaires, dans ses formes anciennes. Cette langue et la population qui la parlait et la parle ont forgé une culture orale et écrite. Des millions de personnes ont partagé les mots de la vie quotidienne en breton. Certes, il est possible d’employer cette langue pour exprimer des idées fascistes ou attiser la haine. Il est aussi possible de parler d’amour (karantez) et de paix (peoc’h) en breton, ou de résister au nazisme, comme l’a fait le bretonnant Charles Guillois le 23 juin 1940 sur les ondes de radios Londres en lançant la version bretonne de l’appel du général de Gaulle.

Christian Le Meut
Sources : la revue Ar Falz, numéro 86, d’après un article de Ouest-France de 1990.

Note : sur la seconde guerre mondiale, je recommande la lecture de "Déposition, journal 1940-1944", de Léon Werth, écrivain et journaliste d'origine juive, qui tint son journal pendant toute l'occupation alors qu'il devait se cacher. Profondément hostile au régime de Vichy, il montre l'évolution des mentalités et comment les gens, et lui même, étaient informés. Dès 1943 il mentionne Auschwitz sans avoir, cependant, conscience de l'ampleur du génocide. Ed. Viviane Hamy, 1992, 734 pages.