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02/07/2005

L'appel du 23 juin 1940

Le 23 juin 1940, soit cinq jours après l’appel lancé par le général de Gaulle sur Radio Londres, ce même appel fut traduit en breton et lancé sur les ondes de cette même radio par André Guillois, un Breton ayant rallié les Forces Françaises Libres. En juin 1940 une grande partie de ces forces étaient constitués de Bretons, soit des militaires de la marine nationale soit des civils comme ces 133 marins de l’île de Sein ayant rallié le Royaume-uni par leurs propres moyens.
Beaucoup de critiques sont adressées aux bretonnants, encore aujourd’hui, à cause de l’attitude de militants d’organisations de la cause bretonne qui, pendant la dernière guerre mondiale, ont travaillé avec les nazis, voire combattu à leurs côtés. Mais combien de Bretons, et de bretonnants ont combattu contre les nazis ? Dans combien de maquis de Basse Bretagne parlait-on le breton plutôt que le français ? Beaucoup, je pense, étant donné que le breton y était à cette époque la langue quotidienne de la plupart des gens...
Et dans le reste de la France, combien de gens ont travaillé avec les nazis, voire combattu avec eux ? Cela fait-il du français une langue paria ? Cela fait-il des personnes qui militent pour la langue française des “collabos” à stigmatiser pendant des siècles et des siècles ?
Hitler parlait allemand. Pétain, français. Franco, espagnol. Staline, russe, Pol Pot, khmer. Mao, chinois.... Serait-il juste, équitable, respectueux, de traiter ces langues de langues fascistes pour autant ? De langues dangereuses pour la démocratie ? De langues arriêrées ? De langues qu’il faudrait laisser mourir plutôt que d’être soutenues comme elles ont le droit de l’être au regard du droit international ?
Le breton est une langue parlée depuis des siècles, voire des millénaires, dans ses formes anciennes. Cette langue et la population qui la parlait et la parle ont forgé une culture orale et écrite. Des millions de personnes ont partagé les mots de la vie quotidienne en breton. Certes, il est possible d’employer cette langue pour exprimer des idées fascistes ou attiser la haine. Il est aussi possible de parler d’amour (karantez) et de paix (peoc’h) en breton, ou de résister au nazisme, comme l’a fait le bretonnant Charles Guillois le 23 juin 1940 sur les ondes de radios Londres en lançant la version bretonne de l’appel du général de Gaulle.

Christian Le Meut
Sources : la revue Ar Falz, numéro 86, d’après un article de Ouest-France de 1990.

Note : sur la seconde guerre mondiale, je recommande la lecture de "Déposition, journal 1940-1944", de Léon Werth, écrivain et journaliste d'origine juive, qui tint son journal pendant toute l'occupation alors qu'il devait se cacher. Profondément hostile au régime de Vichy, il montre l'évolution des mentalités et comment les gens, et lui même, étaient informés. Dès 1943 il mentionne Auschwitz sans avoir, cependant, conscience de l'ampleur du génocide. Ed. Viviane Hamy, 1992, 734 pages.

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