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30/12/2008

Vague de froid : la France atomique sauvée par... l'Allemagne antinucléaire !

"L'option nucléaire face au réchauffement climatique n'est pas seulement dangereuse, elle est aussi parfaitement inefficace", estime le réseau Sortir du nucléaire dans un communiqué du 27 décembre, rappelant qu'en période de pointe la France nucléaire importe de l'énergie d'Allemagne. La suite du communiqué :

"A partir de ce samedi (27), une forte vague de froid est annoncée sur la France, avec des températures négatives sur une grande partie du territoire. A cette occasion, l'absurdité de l'option nucléaire française va une fois de plus être démontrée : en effet, bien qu'engagée dans un plan de sortie du nucléaire, c'est l'Allemagne qui va approvisionner une bonne partie des chauffages électriques de l'Hexagone.

L'explication est simple : pour "justifier" leur politique nucléaire, EDF et l'Etat français ont procédé à l'installation de millions de chauffages électriques. Or, chaque fois que la température baisse, la consommation due aux convecteurs électriques est telle que, malgré 58 réacteurs, le parc nucléaire français est largement dépassé : ce sont alors des centrales thermiques (gaz, fuel, charbon), françaises et étrangères, principalement allemandes, qui sont mises en service pour chauffer la "France électrique".

Le fait est que les centrales nucléaires ne sont pas du tout adaptées aux variations de puissance, elles fournissent une puissance constante... quelle que soit la demande en électricité.

Comme EDF continue de promouvoir le chauffage électrique, on note le recours de plus en plus important à des centrales thermiques.

D'ailleurs, dans son Rapport d'information n° 357 de juin 2007, le Sénat constate que "la France, pour assurer sa sécurité d'approvisionnement, doit consolider ses moyens de pointe. En effet, le parc de production dispose de surcapacités en base autorisant des exportations d'électricité mais semble insuffisant pour assurer la pointe".

Résultat, comme l'ont récemment reconnu le RTE (Réseau de Transport de l'Electricité) et l'Ademe (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie), l'utilisation du chauffage électrique entraine de fortes émissions de co2 qui, même si elles ont lieu en Allemagne, devraient être attribuées à la France et même au nucléaire français.

Ces données disqualifient de fait la réponse "de bon sens" qui nous est parfois faite, c'est à dire... augmenter le nombre de réacteurs nucléaires : cela ne répondrait en rien au problème de la consommation de pointe. De toute façon, il serait techniquement dangereux et financièrement suicidaire pour EDF d'utiliser des réacteurs nucléaires seulement pour couvrir les pointes de consommation, et de les laisser à l'arrêt le reste du temps. Voilà la France bien handicapée, face à de fortes chutes de température, avec ses 58 réacteurs nucléaires incapables d'alimenter des millions de chauffages électriques.

De fait, depuis 5 ans, c'est l'Allemagne qui est exportatrice nette d'électricité vers la France (*), et non l'inverse comme le prétendent ceux qui, par ignorance ou mauvaise foi, clament que l'Allemagne sortirait du nucléaire... en important l'électricité nucléaire française. Certes, la question de la lutte contre le réchauffement climatique reste entière, mais il est important de comprendre que la "solution" nucléaire n'est pas seulement dangereuse, elle est aussi totalement inefficace et aggrave même la situation.

Une fois de plus, le Réseau "Sortir du nucléaire" rappelle que la seule option d'avenir consiste à économiser l'énergie et développer massivement les énergies renouvelables. C'est seulement ainsi qu'il sera possible de sauver la planète du réchauffement climatique... et du péril atomique. "


NB : Voir la campagne en cours "Ni nucléaire, ni effet de serre" (http://ninucleaire-nieffetdeserre.org)

(*) cf http://www.rte-france.com/htm/fr/mediatheque/telecharge/rtse_2007.pdf
http://www.rte-france.com/htm/fr/mediatheque/telecharge/rtse_2006.pdf, etc.

Lien permanent vers ce communiqué: http://www.sortirdunucleaire.org/actualites/communiques/a...

08/07/2008

Langues régionales : un point de vue allemand

E-mesk lizhiri lennerion lec'hienn internet Le Télégramme m'eus kavet an destenn-se, skrivet get ur gazetennerez a Vro-Alamagn. Talvoudus.

Parmi les courriers de lecteurs publiés sur le site internet  du Télégramme, j'ai trouvé ce témoignage d'une journaliste allemande. Intéressant.

http://courrierdeslecteurs.blogs.letelegramme.com/archive...

07/07/2008

Eradication des langues régionales en France : un point de vue québécois

War al lec'hienn "Oui au breton" e c'heller lenn ur pennad-skrid embannet get Le Devoir, ur gazetenn a vro gKebek, a ziar-benn politikerezh stad Bro C'hall evit lazhiñ ar yezhoù rannvroel. Interesus bras !

Le site Oui au breton met en lien un article paru dans le quotidien québécois Le Devoir, sur la politique menée par l'Etat français pour éradiquer les langues régionales :

http://ouiaubreton.com/spip.php?article5052
 

24/06/2008

Langues régionales : la charte européenne et la justice en France

Un argument des opposants à la reconnaissance des langues régionales dans la Constitution est qu'elle serait une porte ouverte à la ratification de la Charte européenne des langues minoritaires. Cette charte signée par Lionel Jospin quand il était premier ministre n'a jamais ratifiée ni appliquée car elle fut déclarée non conforme à la Constitution par le Conseil constitutionnel. Par contre, elle est entrée en application chez certains de nos voisins, au Royaume-Uni par exemple.

Justice en langues régionales en France ? Faux 
Un argument des opposants est de dire que, si la France ratifiait la Charte, la justice devrait (ou pourrait) se faire en langues régionales dans les régions concernées. Ils voient là une atteinte au principe d'égalité des citoyens et d'unité du pays. Sauf que cette crainte n'est manifestement pas fondée. Le gouvernement Jospin avait choisi, dans la Charte européenne, un certain nombre d'articles afin de pouvoir la ratifier. Dans la partie 3 de la Charte, qui concerne les mesures concrètes, l'article 9 concerne la justice et le gouvernement Jospin n'avait adopté qu'un seul alinéa de cet article, le troisième, qui dit ceci : "Les parties s'engagent à rendre accessibles, dans les langues régionales ou minoritaires, les textes législatifs nationaux les plus importants et ceux qui concernent particulièrement les utilisateurs de ces langues, à moins que ces textes ne soient disponibles autrement".

Il s'agit là de la traduction de textes législatifs en langues régionales et pas de procès ni de procédures judiciaires ! La France ne s'engagerait pas sur ce terrain si elle ratifiait la Charte, aucunement, mais cet argument est avancé par certains intervenants sur les médias, notamment hier, lundi, lors d'un débat sur France Culture. Et personne pour le contredire.

Que la Charte, qui est européenne, le propose, c'est normal : il est des pays d'Europe où certaines populations ne parlent pas la langue officielle, ou très mal. Il est préférable que, pour ces populations, la justice puisse se rendre dans la langue régionale. D'ailleurs est-on si sûr que ce ne serait pas nécessaire en France dans certains cas, notamment dans les Dom-tom ? Est-on bien sûr que tous les citoyens français, parlent parfaitement la langue française ? Est-ce beaucoup demander que la justice fasse en sorte d'être comprise des justiciables ?

Débats sur des croyances
Comme souvent en France, les débats se fondent sur des croyances plutôt que sur des faits. Ceux-là mêmes qui nous disent tout d'abord qu'ils sont pour la survie des langues régionales (être contre, cela ferait mauvais genre, n'est-ce pas), déploient toutes sortes d'arguments pour éviter que la République française évolue sur ce terrain et pour qu'elle continue de cultiver son monolinguisme monomaniaque.

Oui, une reconnaissance des langues régionales comme faisant partie du patrimoine français serait utile. La France est née d'une diversité culturelle qu'il faudrait qu'elle cesse de combattre un jour, pour l'intégrer et en faire une richesse. Et cette diversité culturelle est toujours d'actualité, grâce aux langues régionales et aux langues des migrants.

Oui, la ratification de la charte européenne des langues minoritaires nous serait utile, à nous, locuteurs de ces langues régionales, car elle garantit des droits (et avec moult précautions de langage !), et donc des moyens pour l'usage de ces langues, leur enseignement et leur pérennité.

Et les droits de l'Homme ?
La République et la langue française ne seront menacées que si elles se recroquevillent sur elles-mêmes et ferment la porte à ces évolutions. Beaucoup préfèrent présenter la Charte européenne des langues minoritaires comme le nouveau grand méchant loup qui va manger grand-mère la République. Hier, par exemple, j'ai constaté que les intervenants qui, hier, sur France culture, nous parlaient de République (comme si elle était en danger et comme s'ils en étaient les seuls défenseurs), ne prononçaient jamais les mots de "droits de l'Homme" ou de "démocratie".

Pourtant, à mon avis, la République doit être, en premier lieu, un outil pour fonder la démocratie et les droits de l'Homme. Et elle ne peut se résumer à un modèle unique, centralisateur, uniformisateur et colonisateur, comme l'a été, hélas, mille fois hélas, la République française. La République a moult visages, moult modèles : le monde entier nous le prouve.

Christian Le Meut 

Le texte de la Charte européenne des langues minoritaires :

http://conventions.coe.int/Treaty/fr/Treaties/Html/148.ht...

Les articles que le gouvernement Jospin proposait d'adopter : 

http://conventions.coe.int/Treaty/Commun/ListeDeclaration... 

26/05/2008

Nations Unies : "La France sévèrement rappelée au respect du droits des langues et cultures régionales"

Kemenadenn/Communiqué : "EBLUL-France, comité français du Bureau européen des langues moins répandues, qui est intervenu au cours de l'examen du troisième rapport périodique de la France au Comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations Unies, entre le 28 avril et le 16 mai, se félicite des observations finales et des recommandations qui ont été faites à la France par le Comité des dix-huit experts indépendants des Nations Unies.

Le Comité déplore à nouveau « l'absence de reconnaissance officielle des minorités à l'intérieur du territoire ».« le droit d'utiliser une langue minoritaire, qui ne peut être exercé qu'en commun avec les autres membres du groupe minoritaire » ne sont pas respectés en France. 

Le Comité déplore aussi que « l'absence de reconnaissance officielle des langues régionales et minoritaires a contribué au déclin constant du nombre de locuteurs de ces langues. »

Le Comité rappelle à la France que « l'égalité devant la loi et l'interdiction de discrimination ne permettent pas toujours d'assurer l'égalité et l'effectivité de la jouissance des droits de l'homme, en particulier des droits économiques, sociaux et culturels, par les personnes qui font partie de groupes minoritaires ».

Le Comité des Nations Unies appelle la France à réviser sa Constitution afin « qu'elle reconnaisse officiellement la nécessité de protéger la diversité culturelle et tous les groupes minoritaires sous la juridiction de l'État partie ».

Le Comité réitère et confirme ses demandes à la France pour qu'elle lève ses réserves sur les articles 27 du Pacte international sur les droits civils et politiques et sur l'article 30 de la Convention des droits de l'enfant (droit des personnes faisant partie de groupes minoritaires), et qu'elle ratifie la Convention cadre du Conseil de l'Europe pour la protection des minorités nationales, aussi bien que la Charte européenne pour les langues régionales ou minoritaires et le protocole n° 12 de la Convention européenne des droits de l'homme contre toutes les formes de discrimination.

Le comité demande à la France d'accroître ses  efforts pour préserver et promouvoir les langues et cultures régionales, notamment dans l'enseignement public, à la télévision et à la radio et demande la reconnaissance officielle de ces langues dans la Constitution.

EBLUL, se réjouit du premier pas important du Gouvernement et de l'Assemblée nationale de la France qui viennent de prévoir une reconnaissance des langues régionales dans la Constitution. Mais il constate aussi que beaucoup d'autres étapes sont à franchir pour que la France rattrape son retard considérable par rapport aux autres pays européens et par rapport aux principes qu'elle a ratifiés dans le traité de Lisbonne notamment, avant que tous ses citoyens puissent jouir de leurs droits culturels fondamentaux, étroitement liés à leurs droits économiques et sociaux."

Source : Kuzul sevenadurel Breizh/Conseil culturel de Bretagne  http://www;kuzul.info/

28/04/2008

Livre : "Le mythe national" réédité

35f02da921761f368298ebfa4f747c31.jpgJe conseille la lecture du "Mythe national, l'histoire de France revisitée", excellente étude historique de Suzanne Citron parue en 1988 et qui vient d'être rééditée, enrichie, en format poche. L'historienne y explique comment l'histoire de France s'est formée au cours des siècles, par qui et pourquoi. Elle montre particulièrement comment les historiens républicains du XIXe, comme Lavisse, ont bati un "roman historique" français cherchant à faire croire que la France et la nation française existaient de toute éternité, par le biais de "nos ancêtres les Gaulois... En cachant l'histoire de beaucoup d'autres peuples, commes celle des Bretons, par exemple.

Le but ? Prendre la place de la monarchie absolue (qui tenait son pouvoir de Dieu lui-même); légitimer la République. Mais, ainsi, des idées précises, voire étroites, ont été mises dans la tête de bien des gens : un peuple, une histoire, une langue. Les autres peuples ? Les autres langues ? Les autres cultures ? Dépréciés, méprisés, oubliés, évacués des livres d'histoires étudiés par les écoliers. Par exemple on y parle de la Bretagne une fois qu'elle est "rattachée" à la France. Avant ? Pas d'histoire. Et s'il ya eu des guerres et des milliers de morts pour aboutir à ce "rattachement", on ne l'explique pas aux écoliers.

C'est aussi ainsi que l'on a appris aux enfants d'Afrique, ou aux Kanak de Nouvelle-Calédonie, que les Gaulois étaient leurs ancêtres! C'était faux pour eux, mais ça l'est aussi pour nous : les Gaulois font partie de nos ancêtres mais ils ne sont pas les seuls. Il y a beaucoup d'autres peuples, parmi nos ancêtres mais cela nous a été cachés. Avec ce livre, Suzanne Citron nous rappelle que l'histoire est plurielle, comme le sont nos racines historiques, culturelles et humaines.

Christian Le Meut

Le mythe national, Suzanne Citron, Ed. de l'Atelier, 2008, format poche (11,9 €).

27/04/2008

Levr : Le mythe national

8b060d4ab930720ded55ff09667bb854.jpg"Le mythe national, l'histoire de France revisitée" a zo bet embannet en dro e miz Meurzh 2008. Skrivet get Suzanne Citron, al levr-se a oa bet embannet evit ar wezh kentañ e 1988. Suzanne Citron a zispleg e-barzh penaos a oa bet savet istor Bro C'Hall, get piv ha perak. Penaos e oa bet savet ar "roman national français" get istorourion brudet evel Lavisse, evit lakaat an dud da grediñ e oa Bro C'Hall hag ar Fransizion ur vro hag ur vroadelezh a vizkoazh, dre ar Galianed... E kuzhat istor ur bochad pobloù, evel istor ar Vretoned, da skouer.

Ar pal ? Kemer plas ar rouantelezh (roet veze d'ar roueed o galloud get Doue e unan !); lejitimañ ar republik. Met, mod-se, sonjoù strizh a zo bet lakaet barzh pennoù ur bochad tud : ur bobl, un istor, ur yezh. Pobloù all ? Istorioù all ? Yezhoù all ? Sevenadurioù all ? Dispriziet, dismeganset, ankouiet, skarzhet ag al levrioù istor roet d'ar skolidi. Komzet 'vez a Vreizh barzh al levrioù skol ofisiel, ur wezh daet da vout staget, "rattachet" (evel ma vez lâret), da vro Frans. Araok ? Istor ebet. Ha ma z'eus bet brezelioù ha miliadoù a dud lâzhet evit stagiñ Breizh a Vro Frans, an dra-se ne veze, ha ne vez ket c'hoazh, displeget d'ar vugale.

Mod-se ivez a oa bet desket d'ar vugale ag Afrika, pe d'ar C'hanaked, penaos e oa ar Galianed o gourdadoù ! An dra-se oa faos evite, met evidomp ivez : ar Galianed a zo e mesk hor gourdadoù, met n'int ket o unan. Ur bochad pobloù all a zo e-mesk hor gourdadoù met an dra-se a zo bet kuzhet deomp. Get al levr-se e c'hellomp kompreiñ gwelloc'h hon istor. Trugarez vras da Suzanne Citron.

Christian Le Meut

Le mythe national, Suzanne Citron, Embannadurioù De l'Atelier, 2008, stumm chakod (11,9 €). 

 

"Ce que nous prenons pour "notre" histoire..."

Citation de Suzanne Citron extraite du "Mythe national", page 307, éd. 2008 : "Ce que nous prenons pour "notre" histoire résulte, nous l'avons vu, d'une manipulation du passé par les élites au service, ou à l'appui, des différents pouvoirs. Une historiographie apologétique de l'Etat et d'un "génie français" hors normes sous-tendait l'imaginaire national construit par la Troisième République.Distanciée, aujord'hui, comme "roman national", cette histoire n'en demeure pas moins prescrite dans les programmes du collège, étape décisive de la scolarité obligatoire. Les instructions officielles présentent le découpage traditionnel, qui remonte à 1802*, comme une histoire "patrimoniale", qui serait tout à la fois mémoire collective, mémoire nationale, mémoire partagée. Ce qui est faux, puisque le récit de la France-Gaule méconnait l'histoire des trois quarts des Français, qu'ils soient corses, alsaciens, juifs ou arabes, petits enfants d'immigrés et/ou d'anciens colonisés. (...).

La culture républicaine, façonnée avant 1914, est aujourd'hui obsolète. Les Français du XXIe siècle ont à inventer une francité nouvelle, plurielle, métissée, généreuse, ouverte sur l'avenir". 

Suzanne Citron 

* S. Citron a également publié "L'histoire de France autrement", ed. de l'Atelier, 1992. Elle remet en question également le découpage chronologique de l'histoire de France.

01/02/2008

"Biens Mal Acquis des dirigeants africains : Une information doit être ouverte"

J'ai entendu l'info qui suit ce matin sur France culture concernant le patrimoine de certains dirigeants africains en France. Ci-dessous, le communiqué publié par trois associations, dont Survie : 

"Une enquête préliminaire française pour le chef de détournement de biens publics contre plusieurs présidents africains vient d’être classée sans suite en dépit de la révélation de biens de luxe, de voitures et de dizaines de comptes en banque valant des dizaines de millions de dollars appartenant aux dirigeants, à des membres de leurs familles ainsi qu’à de proches collaborateurs.

Bien que constituant la première du genre en France, l’enquête constituait un test-clé suite à l’appel du président Sarkozy pour « un nouveau partenariat entre l’Afrique et la France dans leur engagement en faveur de la lutte contre la corruption ». L’investigation a pris fin en novembre 2007, suite à la décision du Parquet de Paris jugeant les infractions « insuffisamment caractérisées ».

L’enquête fut lancée en juin 2007 à la suite d’une plainte déposée par trois organisations non gouvernementales – Sherpa, Survie et la Fédération des Congolais de la Diaspora – alléguant que des familles dirigeantes d’Angola, du Burkina Faso, du Congo Brazzaville, de la Guinée équatoriale et du Gabon avaient acquis des biens en France pour des millions d’euros, sommes qui ne pouvaient provenir du fruit de leurs salaires officiels.(...).

Selon des documents vus par Sherpa et Global Witness en janvier 2008, la police française a dévoilé des centaines de pages de preuves documentaires relatives aux biens des familles dirigeantes du Burkina Faso, du Congo, de la Guinée Equatoriale et du Gabon.

Une voiture à un million d'euros !
Les points clés de l’enquête policière incluent :
- Teodorin Obiang, le fils du dictateur de la Guinée équatoriale, pays riche en pétrole, a acheté de nombreuses voitures de luxe incluant deux Bugatti Veyrons – considérée comme la voiture la plus rapide du monde – coûtant plus d’un million d’euros l’unité début 2006. Une enquête menée par Tracfin, la cellule française anti-blanchiment, relative aux paiements effectués conclut en novembre que « les flux [financiers] mis en exergue […] sont des lors susceptibles de traduire le blanchiment du produit d’un détournement de fonds publics». Une semaine plus tard, l’enquête fut classée sans suite.

- En 2004, la femme du président Bongo, qui n’est pas membre du gouvernement, a acheté une voiture de luxe Maybach de 300.000€ payée intégralement par le Trésor du Gabon. Aussi, le Trésor a versé 70 000 € supplémentaires qui ont servi à l’achat d’une Mercedes pour la fille du Président. Cette fille a acheté une autre Mercedes payée également en partie par le ministère des Finances gabonais.

- Des membres de la famille des présidents Sassou Nguesso du Congo Brazzaville et Omar Bongo du Gabon détiennent des douzaines de maisons et appartements à Paris et dans le sud de la France, dont certains ont une valeur de plusieurs millions d’euros.

Guinée Equatoriale : pays riche habitants pauvres
La Guinée équatoriale est l’un des pays les plus pauvres du monde en terme de développement humain, bien qu’ayant le 4e PIB per capita mondial. En novembre 2006, Global Witness a révélé que Teodorin Obiang avait acheté une maison de 35 millions de dollars à Malibu, son salaire n’étant que de 5 000 dollars par mois. Le Gabon et le Congo Brazzaville, également des pays riches en pétrole, empochent des milliards de dollars mais restent englués dans la pauvreté.

En juillet 2007, la Haute Cour de Londres a bloqué une tentative du fils du président congolais Sassou Nguesso d’interdire Global Witness de publier des documents suggérant qu’il avait réalisé, selon les mots du juge, des « profits personnels secrets » de la vente de pétrole de l’Etat et qu’il avait dépensé des milliers de dollars en biens de marque de luxe.

La France a ratifié la Convention des Nations Unies contre la corruption et soutient l’initiative de transparence des industries extractives (ITIE), un effort global pour réduire la corruption et le détournement des revenus issus du pétrole, du gaz et de l’extraction minière.(...).

SHERPA, Global Witness, SURVIE : +33 (0)1 44 61 03 25; Fédération des Congolais de la Diaspora.

12/10/2007

ONU : une visite qui n'a guère fait de bruit...

Une experte indépendante vient d'enquêter en France pour le compte de l'ONU, sur la situation des minorités. Cette visite n'a guère fait la une des médias, et les conclusions sont plutôt passées sous silence... Etonnant, non ? Voici ce qu'écrit à ce sujet le site Eurominority:

"L'Organisation des Nations Unies a mandaté une experte indépendante pour faire le point sur la situation des minorités en France. Mme Gay McDougall conclut son rapport de manière sévère. Elle critique la manière dont les immigrants sont traités. Selon ses conclusion en France, le racisme est « vif et insidieux ». Racisme qui est souvent « dirigé contre les minorités 'visibles' d'ascendance immigrée ». Elle attaque donc les « rigides notions de l'identité nationale française », qui refusent les différences culturelles, religieuses ou linguistiques. L'ONU a rappelé, dans ce sens, le « refus historique » de la France d'admettre le concept de « minorité » en son sein. La reconnaissance des différences ne doit pas être considérée comme une menace aux principes d'unité et d'égalité. « En France, il reste beaucoup à faire pour accepter la diversité culturelle » a-t-elle conclu recommandant d'établir un cadre étatique pour mettre en marche des politiques effectives pour en finir avec la « discrimination généralisée » contre les minorités."

http://www.eurominority.eu/version/fra/reports-detail.asp...

14/09/2007

Jean Daniel : "Une langue, un territoire, une histoire..."

Petite suite à la précédénte note sur l'identité française. Hier, Libération (13/09/2007) posait la question suivante à Jean Daniel, du Nouvel Observateur : "Comment peut-on être français ?*". Extrait de la réponse : "La France a été la conjonction heureuse d'une langue, d'un territoire, d'une histoire, d'une grande Révolution et d'une volonté de pratiquer ensemble un art de vivre et une universalité des valeurs". Bigre : "une langue" où il y en a eu plusieurs (et elles sont toujours là, non reconnues : M. Daniel sait-il que les lois de la République étaient traduites en langues régionales entre 1789 et 1793 ?); "une histoire" là où il y en a plusieurs (occultées); une "grande Révolution" là où il y en a eu plusieurs à travers les siècles, et si le bilan de 1789 m'apparaît très positif (fin de la monarchie de droit divin, droits de l'Homme, démocratie parlementaire...), le bilan de la période 1793-94 l'est beaucoup moins : la fameuse "Terreur".

"La volonté de pratiquer ensemble un art de vivre" pourrait être une définition de la démocratie : mais comment et par qui cet "art de vivre" est-il défini ? Il est imposé d'en haut vers le bas, comme c'est très souvent le cas en France. Quant à "l'universalité des valeurs", qu'est-ce que celà signifie concrètement ? Le droit de vote aux femmes voté en 1944 ? La colonisation ? La répression des mouvements ouvriers ? L'étouffement des langues régionales ? La centralisation ? La bombe atomique ? Toutes pratiques, hélas, universelles, mais, en ce qui nous concerne, elles témoignent des limites de la démocratie française.

Christian Le Meut 

 * La formulation de cette question fait écho au livre de Morvan Lebesque, "Comment peut-on être Breton ?", paru en 1970.Ed. du Seuil.

13/09/2007

Levr/livre : Conversation avec mon chien sur la France et les Français

24962f65dc63ed736c3ad331ffb8868a.jpg Setu ul levr embannet e 2004 met bet lennet genin ar bloaz-mañ hepken. Skrivet eo bet e katalaneg get Joan-Lluis Lluis, skrivagner ha kazetenner e Katalugna hanternoz (tu Bro C'Hall neuze) ha troet e galleg get Cathy Ytak. Joan-Lluis Lluis a glask displegiñ d'e gi (unan speredek bras memestra), Bro Frans, he identelezh, he istor  ofisiel, plas ar galleg, plas ar yezhoù rannvroel, an diforc'h etre republik ha demokratelezh (n'eo ket ar memes tra, bout ur republik ne dalv ket bout un demokratelezh...)...

Diskouezh a ra ivez penaos a zo bet ankoueit istor Bro gKatalugna get istor ofisiel Bro-C'hall (sonj peus ? "Hor gourdadoù ar Galianed), penaos e oa bet skarzhet ar c'hatalaneg ag ar skolioù, ag ar vuhez sokial, ekonomikel, melestradurel... Penaos e veze kastizhet ar vugale a gomze katalaneg, penaos ne veze plas nemet evit ur yezh, ar yezh ofisiel ha santel : ar galleg.

An istor-se a zo tost d'ar pezh a zo bet graet e Breizh ivez evit skarzhiñ ar brezhoneg hag ar gallaoueg. Met ar skrivagnour a ya pelloc'h. Hervezan, Bro Frans n'est ket ur vro "met ur relijion"; ur sort relijion get delwennoù evel al laikerezh, ar yezh, an istor ofisiel, an harzoù ha n'hellont ket bout chanchet (daoust dezhe bout bet chanchet meur a wezh a-hed an istor...).

Danvez da brederiañ a gas al levr-se, skrivet evel ur "pamphlet". Kentelius hag aes da lenn (125 bajenn). 7€. Embannadurioù Le Cherche Midi (Paris). 

En français (e galleg) : Voici un livre édité en 2004 mais que je viens seulement de lire. Il a été écrit en catalan par Joan-Lluis Lluis, écrivain et journaliste en Catalogne du nord (côté français donc) et traduit en français par Cathy Ytak. Joan-Lluis-Lluis tente d'expliquer à son chien (très intelligent, la bête !), la France, son identité, son histoire officielle, la place de la langue française, celle des langues régionales, la différence entre république et démocratie (ce n'est pas la même chose, être une république ne signifie pas être une démocratie...)...

Il montre également comment l'histoire de la Catalogne a été oubliée dans l'histoire officielle de France (on se souvient de "Nos ancêtres les Gaulois"), comment la langue catalane a été exclue des écoles, de la vie sociale, économique, administrative... Comment les enfants qui parlaient catalan étaient punis, comment il n'y avait de place que pour une langue, la langue officielle et sacro sainte : le français. 

Cette histoire-là est proche de ce qui a été aussi fait en Bretagne pour exclure le breton et le gallo. Mais l'écrivain va plus loin. Selon lui, la France n'est pas un pays mais "une religion"; une sorte de religion avec ses croyances que seraient la laïcité, le français, l'histoire officielle,  les frontières intangibles (même si elles ont beaucoup changé au cours des siècles...). 

Ce livre, écrit comme un pamphlet, apporte matière à réfléchir. Instructif et facile à lire. 125 pages. Editions du Cherche Midi. 7 €.

Christian Le Meut