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22/01/2014

Langues régionales : des sources précises sur la charte européenne

Une source fiable et très intéressante sur les langues du monde, et les politiques linguistiques, est celui de l'Université Laval, section linguistique, au Québec. Ces universitaires ont, ainsi, étudié de près la charte européenne des langues minoritaires et, notamment, ce que le gouvernement français a adopté en 1999 (mais non mis en oeuvre, la charte n'ayant jamais été ratifiée) :

http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/Europe/France-39engagements...

24/06/2008

Langues régionales : la charte européenne et la justice en France

Un argument des opposants à la reconnaissance des langues régionales dans la Constitution est qu'elle serait une porte ouverte à la ratification de la Charte européenne des langues minoritaires. Cette charte signée par Lionel Jospin quand il était premier ministre n'a jamais ratifiée ni appliquée car elle fut déclarée non conforme à la Constitution par le Conseil constitutionnel. Par contre, elle est entrée en application chez certains de nos voisins, au Royaume-Uni par exemple.

Justice en langues régionales en France ? Faux 
Un argument des opposants est de dire que, si la France ratifiait la Charte, la justice devrait (ou pourrait) se faire en langues régionales dans les régions concernées. Ils voient là une atteinte au principe d'égalité des citoyens et d'unité du pays. Sauf que cette crainte n'est manifestement pas fondée. Le gouvernement Jospin avait choisi, dans la Charte européenne, un certain nombre d'articles afin de pouvoir la ratifier. Dans la partie 3 de la Charte, qui concerne les mesures concrètes, l'article 9 concerne la justice et le gouvernement Jospin n'avait adopté qu'un seul alinéa de cet article, le troisième, qui dit ceci : "Les parties s'engagent à rendre accessibles, dans les langues régionales ou minoritaires, les textes législatifs nationaux les plus importants et ceux qui concernent particulièrement les utilisateurs de ces langues, à moins que ces textes ne soient disponibles autrement".

Il s'agit là de la traduction de textes législatifs en langues régionales et pas de procès ni de procédures judiciaires ! La France ne s'engagerait pas sur ce terrain si elle ratifiait la Charte, aucunement, mais cet argument est avancé par certains intervenants sur les médias, notamment hier, lundi, lors d'un débat sur France Culture. Et personne pour le contredire.

Que la Charte, qui est européenne, le propose, c'est normal : il est des pays d'Europe où certaines populations ne parlent pas la langue officielle, ou très mal. Il est préférable que, pour ces populations, la justice puisse se rendre dans la langue régionale. D'ailleurs est-on si sûr que ce ne serait pas nécessaire en France dans certains cas, notamment dans les Dom-tom ? Est-on bien sûr que tous les citoyens français, parlent parfaitement la langue française ? Est-ce beaucoup demander que la justice fasse en sorte d'être comprise des justiciables ?

Débats sur des croyances
Comme souvent en France, les débats se fondent sur des croyances plutôt que sur des faits. Ceux-là mêmes qui nous disent tout d'abord qu'ils sont pour la survie des langues régionales (être contre, cela ferait mauvais genre, n'est-ce pas), déploient toutes sortes d'arguments pour éviter que la République française évolue sur ce terrain et pour qu'elle continue de cultiver son monolinguisme monomaniaque.

Oui, une reconnaissance des langues régionales comme faisant partie du patrimoine français serait utile. La France est née d'une diversité culturelle qu'il faudrait qu'elle cesse de combattre un jour, pour l'intégrer et en faire une richesse. Et cette diversité culturelle est toujours d'actualité, grâce aux langues régionales et aux langues des migrants.

Oui, la ratification de la charte européenne des langues minoritaires nous serait utile, à nous, locuteurs de ces langues régionales, car elle garantit des droits (et avec moult précautions de langage !), et donc des moyens pour l'usage de ces langues, leur enseignement et leur pérennité.

Et les droits de l'Homme ?
La République et la langue française ne seront menacées que si elles se recroquevillent sur elles-mêmes et ferment la porte à ces évolutions. Beaucoup préfèrent présenter la Charte européenne des langues minoritaires comme le nouveau grand méchant loup qui va manger grand-mère la République. Hier, par exemple, j'ai constaté que les intervenants qui, hier, sur France culture, nous parlaient de République (comme si elle était en danger et comme s'ils en étaient les seuls défenseurs), ne prononçaient jamais les mots de "droits de l'Homme" ou de "démocratie".

Pourtant, à mon avis, la République doit être, en premier lieu, un outil pour fonder la démocratie et les droits de l'Homme. Et elle ne peut se résumer à un modèle unique, centralisateur, uniformisateur et colonisateur, comme l'a été, hélas, mille fois hélas, la République française. La République a moult visages, moult modèles : le monde entier nous le prouve.

Christian Le Meut 

Le texte de la Charte européenne des langues minoritaires :

http://conventions.coe.int/Treaty/fr/Treaties/Html/148.ht...

Les articles que le gouvernement Jospin proposait d'adopter : 

http://conventions.coe.int/Treaty/Commun/ListeDeclaration...