Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

11/11/2006

Sinema/cinéma : Mémoires de nos pères

Film nevez Clint Eastwood n'eo ket ur film brezel ouzhpenn, d'am sonj, met ur film a ziar benn an Istor, eñvor pep den hag eñvor ar pobloù. C'hwec'h soudard zo bet tennet e plantiñ banniel Stadoù Unanet e lein mennez uhelan un enezenn a Vro Japan (iwo Jima), e penn kentañ 1945. Ar foto, brav tre, a zo embannet war kazetennoù ar Stadoù Unanet a bezh, hag a gas kalon en dro d'an Amerikaned erru skuizh get ar brezel. Ar gouarnamant a c'halv ar soudarded-se d'ober un droad er vro da zastum argant evit kenderc'hel get ar brezel kar diouer a argant zo.

Met tri soudard zo marv. Chom a ra tri bev, hag un Indian en o mesk a faota dezhan chom en talbenn met kaset eo en dro d'an USA dre ret. An tri faotr yaouank, kollet awalc'h, a zo degemeret get ar prezidant e unan, get pennoù bras a beb sort, get ur bochad tud deuet d'o selaoù ha... get mammoù an tri soudard marv. Ha ret eo dezhe livañ gevier dirak unan ag ar mammoù-se rak ur fari zo bet graet : unan ag ar soudarded marv n'eo ket war ar foto, met difennet eo bet dezhe anzav an dra se evit nompass lakaat douetans barzh spered ar bobl. Pal an droiad a zo serriñ argant ar muian posupl ha pas tabutal war ar wirionez.

Clint Eastwood a zispleg perak ha penaos a zo bet graet ar fari se, penaos e vez savet harozed (daoust dezhe a wezhoù), penaos e vez implijet skeudennoù brav evit bruderezh politikel (propaganda). Evit mont pelloc'h war an dachenn-se, savet en deus ur film all evit diskouezh an istor-se d'an tu ar Japaned, e japaneg ha get aktourion a Vro Japan. Lakaet vo er maez e penn kentañ 2007.  

Mémoires de nos pères a zo ur film da welet met ret eo lâret memestra eo kriz a wezhoù ha diaes da welet. Diskouezh a ra ar brezel evel m'emañ get tud lazhet, gloazet, gwad ha taerded.

Un film à voir 
Je conseille le dernier film de Clint Eastwood qui n'est pas un film de plus sur la guerre mais une réflexion sur l'histoire, personnelle, nationale, mondiale, comment elle se construit, comment on fait des héros. L'histoire est celle de six soldats pris en photo alors qu'ils plantent un drapeau sur le volcan d'Iwo Jima où ils ont débarqué, et où 20.000 soldats japonais leur résisteront pendant quarante jours, début 1945. La photo, symbole de victoire, est publiée dans les journaux étasuniens et les six soldats demandés pour faire une tournée de récolte de fonds aux Etats-Unis, car l'argent manque. Mais trois d'entre eux sont morts. Les trois survivants, un peu perdus, sont présentés comme des héros aux foules, utilisés par la propagande. Mais ils doivent mentir, car une erreur a été faite sur l'identité de l'un d'entre eux, mort, officiellement sur la photo mais qui ne l'était pas en réalité. On leur interdit d'admettre cette erreur, même devant la mère du soldat concerné, pour ne pas nuire à la collecte d'argent... Un film dur, mais qui montre la guerre telle qu'elle est.

Un second film réalisé par Eastwood également et montrant la version japonaise de la bataille d'Iwo Jima, sortira en 2007.

Christian Le Meut 

22/10/2006

Sinema : Indigènes

medium_Indigenes120.jpg Ur wezh em boa bizitet ur vered, en ur gêr vras awalc'h e kreiz Bro Frans. E mesk ar bezioù kristen oa bet kempennet ur “c’harré militaire”  get un nebeut bezioù musulman evit soudarded ag Afrika marv e 1944 hag interet du hont, pell ag o bro. Roudoù ag an “Indigened” deuet da zieubiñ Bro Frans a chom un tammig e pep lec’h e reter pe kreisteiz ar vro.Met roudoù ankoueit.

Un nebeut tud a ouie pegen bras oa bet plas an “Indigened” barzh arme Bro C’hall savet e Afrika hanternozh get ar marechal Juin e 1943. Met ne oa ket anavet an dra se get razh an dud e Frans. A gres d’ar film a feson savet get Rachid Bouchared, anavet eo bremañ. Gwell a se. Prantadoù an istor vras a vez ankouiet buan awalc’h mod se.

Plaset mat omp, e Breizh, evit goueit an dra se. Ankoueit eo bet hor istor ganeomp ni. Hag hor yezh ivez, get ur bochad Bretoned a Vreizh Izel... Klewet vez komz arabeg barzh ar film Indigènes, ar pezh a zo bourrapl bras. James m’eus gwellet ur film a ziar ar brezel bed kentañ get soudarded e komzehe brezhoneg, pe korseg, pe... Brezhoneg a veze komzet neoazh barzh meur a rejimant get miliadoù a Vretoned mobilizet...

Barzh Indigènes ar soudarded nevez a zesk o micher nevez. Kaer o deus ober o seizh gwellañ evit lazhiñ ar muian posupl a soudarded alaman, chom a reont “bougnouled” e begoù soudarded gall zo. O serjant, ur “pied noir”, unan gwenn neuze, a zo anvet da “sergent chef” met o c’haporal, ur muzulman, n’eo ket anvet da “gaporal chef”. Chom a ray kaporal... Ha dipitet bras.

Ase emañ an dalc'h : ar re ag ar Vaghreb (hag a Afrika dre vras), daoust dezhe ober o gwellan posupl evit dont da vout Fransizion, daoust dezhe bout e mesk ar soudarded kourajusan, a chom war bord an hent. Gwir oa e 1944, sur awalc’h...

Hag e 2006 ?

Christian Le Meut

Indigènes, ur film savet get rachid Bouchareb, get Sami Bouajila, Roschdy Zem, Samy Naceri, Jamel Debouzze ha Bernard Blancan.

29/08/2006

Cinéma : Le vent se lève...

La scène se passe dans la campagne irlandaise, en 1920. Quelques jeunes, après une partie de cricket, se retrouvent dans une ferme, saluent les anciens, discutent. Une troupe britannique arrive, hurlante. Les jeunes sont alignés le long d’un mur et doivent décliner leurs identités sous la menace des armes. Un jeune de 17 ans s’obstine a répondre “Micheail”, à la façon gaélique. “Dis ton nom en anglais” lui intime, furieux, l’officier britannique. Le jeune homme ne veut (ou ne sait) pas. Il est torturé et fusillé sur place sous les yeux de sa mère, de sa soeur, de ses amis. Plusieurs d’entre eux rejoignent l’IRA, l’armée républicaine irlandaise. Notamment Damien et Teddy, deux frères, les deux personnages principaux du film avec Sinead, la soeur de Micheail.
Ainsi commence le dernier film de Ken Loach, Le vent se lève. Fiction inspirée de l’histoire réelle de l’Irlande.

medium_levent114.2.jpgEn 1916 la première révolution irlandaise a été réprimée dans le sang à Dublin mais, juste après la guerre, la population irlandaise a donné la majorité de ses voix aux candidats indépendantistes irlandais du Sinn Fein. Ces députés ont constitué leur propre parlement et proclamé l’indépendance de l’Irlande, indépendance refusée par le Royaume-Uni. Les Irlandais bâtissent pourtant leur nouvel Etat, avec une armée, un parlement, une justice, ce que le film montre bien. Ils sont soutenus par une part importante de la population. Des dénonciations ont lieu : les traîtres sont fusillés, riches ou pauvres. Les jeunes membres de l’IRA deviennent des soldats capables de tuer de sang froid pour leur cause.

Choisir la paix ?
En 1921, le Royaume-Uni propose un accord de paix, signé par les leaders irlandais, notamment Michael Collins, qui sera tué un an plus tard en Irlande par un Irlandais en désaccord avec le traité. L’Irlande est reconnu comme un Etat indépendant mais reste un “dominion” membre du Commonwealth. Pire, le nord du pays, l’Ulster, est détaché et reste dans l’empire britannique. Dans la troupe de Teddy et Damien le débat est rude. Faut-il accepter cet accord imparfait ou continuer la guerre ? “Il y a 3.500 fusils en Irlande, comment espérer battre le Royaume-Uni ?” demande l’un, partisan du traité, et Teddy est d’accord avec lui. Mais la majorité n’est pas d’accord et veut continuer le combat. Damien est sur cette ligne parce qu’il veut aussi bâtir une république plus juste, plus sociale. Une véritable guerre civile s’engage entre Irlandais, entre partisans des accords et opposants. Entre amis, entre frères, entre Teddy et Damien. Et la fin du film est éprouvante...

Les guerres d’indépendances, des guerres civiles, existent depuis longtemps, et il y en a encore aujourd’hui. En voyant ce film j’ai pensé à Jean-Marie Tjibaou, tué par un autre Kanak pour avoir signé les accords de Matignon, en 1988, sur l’avenir de la Nouvelle Calédonie. J’ai pensé à Gandhi également, assassiné après la séparation de l’Inde et du Pakistan, séparation à laquelle il s’opposait mais qu’il n’avait pu empêcher...

La tentation de la violence 
J’ai repensé aussi à ces propos que j’entends parfois en Bretagne : “Si nous faisions comme les Corses (sous entendu en posant des bombes), nous obtiendrions plus”... Trois Corses se sont tués depuis le début de l'année 2006 en posant des bombes, est-ce là ce que nous souhaitons pour la Bretagne ? Il est clair que l’Etat français donne souvent l’impression d’être plus à l’écoute des violents que des non-violents, cruel paradoxe d’une démocratie imparfaite. Mais une fois la violence enclenchée, personne ne peut plus la contrôler, et les frères en arrivent à s’entretuer. L’histoire en montre de nombreux exemples, comme le film de Ken Loach.

L’Irlande est devenue indépendante après 1921, mais la guerre a duré encore longtemps en Irlande du Nord. En 1998 de nouveaux accords de paix ont permis des avancées, mais ils semblent en panne depuis plusieurs années.

Le vent se lève est un film remarquable. Il nous force à réfléchir à la guerre, la guerre entre les peuples, entre les Etats, mais aussi à la guerre civile, à la guerre dans les familles. Pourquoi faire la guerre, jusqu’où ? Pour bâtir un nouveau pays, mais quelle sorte de pays, quel type de société ? Quand et comment arrêter une guerre et choisir la paix ? Et quelle sorte de paix ? Toutes questions essentielles que le film de Ken Loach aborde sans détours.
Christian Le Meut

* Hasard de l'actualité, l'Agence Bretagne Presse a publié récemment cette brève : "Une Irlandaise arrêtée pour avoir parlé gaélique dans les rues de Belfast. Une Irlandaise du nord qui parlait gaélique avec ses amies dans une rue de Belfast a été insultée par la police qui aurait qualifié le gaélique de langage des leprechauns. On lui aurait demandé de parler la langue anglaise de la reine . Ayant refusé d'obtempérer, elle a été arrêtée pour obstruction et désordre public... Les leprechauns sont l'équivalent des korrigans bretons. Le mot anglais leprechaun vient du gaélique Lechorpan qui signifie petit bonhomme.
 

Sinema : "Le vent se lève"...

medium_levent114.jpgUn Iwerzhonad  a seitek vloaz eo : “Micheail” e anv bihan. Met an doare-se da lâr e añv ne blij ket, tamm ebed, d’ar soudard saoz a zo e huchal  warnan : “Lâr da anv e saozneg !”. Ha Micheail ne asanta ket pe ne ouia ket lâr e anv e saozneg... Dirak e familh hag e vignonned, Micheail 'zo jahinet ha krouget, diouzhtu, heb bout barnet. E vignonned zo spontet; en o mesk Damien ha Teddy (Cillian Murphy ha Padraic Delaney), daou vreur, a ya da stourm barzh an Irish Republican army goude bout gwellet an torfed se. Setu penaos e krog film diwezhañ Ken Loach¨.
 
Ni zo e 1920 e Bro Iwerzhon, war er maezioù, da vare ar brezel etre an Iwerzhoniz a faota dezhe distag o bro eus Rouantelezh unanet, hag an arme Bro Saoz. E 1916 zo bet flastret an dispac’h kentañ e Dublin get ar re Saoz met, e 1919, an trec’h zo aet get ar Sinn Fein e pad an dilennadegoù. Kannaded ar Sinn Fein deus savet ur parliamant broadel ha bannet emañ distag, digabestr, Republik Bro Iwerzhon bremañ. Met n’eo ket bet anavet ar stad nevez se get Breizh Veur, na get broioù all. An Iwerzhoniz a sav, memestra, ur stad nevez, get un arme, ur parliamant, ur justis, ar pezh a ziskouezh mat ar film. Skoazellet int get ul lodenn vras ag ar  bobl. Krogadoù zo, tud zo fuzuilhet get o mignonned a gaos ma z’int treitourion; ar stourmerion yaouank a zeu da vout soudarded da vat, kriz a wezhoù.
 
Brezel etre breudeur 
E 1921  un emglev peoc’h a zo sinet e Londrez get pennoù bras a  Vro Iwerzhon, evel Michael  Collins (bet lazhet e 1922 get un Iwerzhonad a zo a enep an emglev peoc'h). Iwerzhon a zo anavet evel ur stad distag ag ar Rouantelezh Unanet, met a chom un “dominion” barzh ar C'Hommonwealth... Hag hanternozh Bro Iwerzhon (Ulster) a zo distaget hag a chom barzh Rouantelezh Unanet ! Barzh ar strollad soudarded dalc’het get Damien ha Teddy, razh an dud n’int ket a du. Bec’h zo etre ar re a gav gwelloc’h chom a sav get ar brezel, hag ar re a faota dezhe monet pelloc’h, sevel ur Republik sokialour en Iwerzhon a bezh. “3.500 fuzuilh a zo en Iwerzhon, n’hellomp ket trec’hiñ war Bro Saoz” a lar unan, ha Teddy a zo a du getan; met tud all a reskont n’int ket aet ken pell evit bout a du get un emglev ken fall, ha Damien a zo a du gete. Setu reuz zo etre an daou vreur, hag ur brezel nevez met etre Iwerzhoniz ar wezh mañ, e 1922-1923. Ne larin ket fin ar film met, gwir e lâret, stard ha kriz eo.

Brezelioù evit en em zistag ha brezelioù diabarzh a zo abaoe pell. E wellet “Le vent se lève”, sonjet m’eus e Jean-Marie Tjibaou, lazhet get un den ha ne oa ket a du get emglevioù peoc’h sinet e Matignon e 1989 war dazont Kaledonia nevez...
 
Hag amañ, hiziv an deiz, e Breizh : a wezhoù e klevan tud a Vreizh a lâr : gwelloc’h vehe deomp ober evel ar Gorsiz, lakaat bombezennoù evit chanch an traoù. Tri C'Hors yaouank zo marv e 2006 e lakaat bombezennoù e lec’hioù zo, ha marv int gete... Peseurt dazont a faota deomp sevel evit Breizh ? Gwir eo, ne vezomp ket selaouet kalz get Stad Bro C’hall pa manifestomp d’un doare habask evit ar brezhoneg, da skouer, met monet da stourmiñ d’un doare taer, e lakaat bombezennoù, zo danjerus bras. Ur wezh kroget evel se, n’eus ket fin ebet betek ar brezel diabarzh, sivil, evel ma wellomp barzh Le vent se lève. 
 
Ken Loach n’eus savet ur pezh a film hag hor c’has da sonjal ag ar brezel, brezel etre pobloù, brezel e barzh pobloù, brezel barzh ar familhoù. Perak monet da vrezeliañ ? Evit sevel ur vro nevez, met peseurt bro ? Pegoulz ha penaos chom a sav get ar brezel ? Pegoulz dibab ar peoc’h ha... peseurt peoc’h ?...
Christian Le Meut

11/03/2006

Sinema : Walk the line

Buhez ur c’hanour brudet er Stadoù Unanet a zo diskouezhet barzh ar film se : Johnny Cash (1932 - 2003). Cash oa e mesk ar rummad kanourion rock gentañ, get Elvis Presley, Buddy Holly, hag all.
Diskouezhet eo e vugaleaj e barzh ur familh a labourision douar paour en Arkansas, marv e vreur kozhañ, un tad taer ha mezwour, ur vamm a vourr kanal...

Johnny zo kaset d’an arme en Alamagn e lec’h e brenn e gitar gentañ, e zesk soniñ e unan hag e grog da skrivañ sonenoù. Sonenoù tost da vuhez an dud. Hag a gres d’e sonennoù e vo enrollet e bladenn gentañ, ur wezh deuet en dro d'e vro. Johnny Cash, a gemer perzh e troiadoù get kanerion brudet all d'ar marse se, evel June Carter. An daou se en em garr diouzhtu, met hennezh a zo dimezet ha tad, hag honnezh a zo just dispartiet (ar pezh a zo gwellet fall c’hoazh) ha mamm. Diaez ar vuhez.

Met gortoz pell...

Trenkiñ a ra soubenn Johnny daoust d’e vrud ha d’e argant. E wreg a ya kuit get ar vugale; tapet vez re a louzoù fall getan; kollet ar paotr...  Get sikour June Carter hag he familh, John a zeuyo a ben d’en em zisampoezoniñ... Ha d’en em zimeziñ get June er bloaz 1968.

Gortoz pell, gortoz gwell ! Ar c’houplad a chomay asambl betek fin buhez June (2000) met ar film a ya nemet betek 1968 hag ur sonadeg chomet brudet e Folsom Prison.

Joaquin Phoenix ha Reese Witherspoon zo John an June. Daou aktor a feson o deus desket kanal ha dansal evit ar film se, ha deuet int da benn. Un Oskar zo bet roet da Reese Witherspoon evit ar film se; Joaquin Phoenix zo bet anvet iwez, hep bout oskarizet.

Ur film brav ha diverrus get sonerezh a feson (rock-folk-country); savet get James Mangold (2e 17).

Christian Le Meut 

A voir : Walk the line, le film biographie du chanteur étasunien Johnny Cash. 

25/01/2006

Sinema, daou film a enep d'ar c'hontrollerezh : "Viva Zapatero" ha "Good night and good luck"

Daou film nevez a zo bet savet a enep d’ar c’hontrollerezh (censure) en Italia hag er Stadoù Unanet.

Viva Zapatero, da gomans : ar film se zo ur sort reportaj a ziout ar mediaioù en Italia, Bro Berlusconi. Du hont e vez diaesoc’h diaesañ rebechiñ traoù d’ar gouarnamant. Ar mediaioù privez zo e daouarn Berlusconi, hag ar mediaou publik ivez, pe tost. Perak an titl se : “Viva Zapatero” ? Rak kentizh ma oa bout lakaet e penn gouarnamant Bro Spagn, an aotrou Zapatero n’doa savet ul lezenn evit distagiñ ar chadennoù skinwell d’ar gouarnamant. Ar pezh n’eo ket bet graet get Berlusconi !
Sabina Guzzanti zo un gomedianez fentus en Italia, brudet. E 2003 ur chadenn publik, ar Rai Tri, doa goulennet get Sabrina sevel un abadenn satirik farsus. Met un abadenn zo bet skignet hepken, sansuret eo bet ar lerc’h a gaos ma oa ur bochad sketchoù a enep Berlusconi ! Hag ar film a ziskouezh penaos a zo bet sansuret an abadenn skinwell; penaos Berlusconi n’eus gwasket ar mediaioù tamm ha tamm (skinwell, skingomz, kazetennoù...), daoust d’ar vonreizh ha d’al lezennoù; ha penaos a ya war vihanat ar frankiz en Italia...
Sabina Guzzanti a stourm evit an demokratelezh en he bro. Mont a ra da atersiñ pennoù bras politikel ag Italia, kazetennerion ivez, ur skrivagnour evel Dario Fo, a zispleg petra eo ar “satire”; ha kazetennerion pe animatourion tele e broioù all, evel Karl Zero (Le vrai faux journal) ha Bruno Gaccio (Les Guignols) e Frans.
Ma faota deoc’h gouiet penaos eo stad an demokratelezh en Italia, kit da welled Viva Zapatero.

Good night an good luck
Gwenn ha du eo ar film se, filmet evel ma veze filmet er bleadeù 1950, ha savet get an aktour brudet : Georges Clooney. Ni zo e 1953, er Stadoù Unanet, ur prantad amzer diaez : ar “brezel yenn”. Ur wezh bout trec’het an nazied get an allied, an URSS oa daet da vout enebour brasan d’ar Stadoù Unanet. Ha tud zo, evel ar senedour Mac Carthy, a welle kommunisted e pep lec'h : en arme, er gouarnamant, e Hollywood, ha c’hoazh.
Aktourion, savourion film, soudarded, kazetennerion, politikerion veze barnet ha tamalled dezhe da vout kommunisted (daoust ma ne oant ket) ha treitourion o bro. Tud evel Charlie Chaplin doa kavet gwelloc’h mont kuit d’an Europa rak ne oa ket mui posupl evitan labourat er Stadoù Unanet. Met, tamm ha tamm, strolladoù politikel, kazetennoù ha chadennoù tele o doa en em savet a enep d’ar senedour Mac Carthy, rak dremokratelezh hag ar frankiz oa en arvar. Hag ar senedour oa bet barnet get ar Senat evit monet re bell.
Barzh ar film se e weller kazetennourion ec’h ober o labour, e klask gouiet ar wirionez, ha pas hepken ar wirionez ofisiel. Ed Murrow, ur c’hazetennour brudet bras d’ar mare se, oa en o fenn. Ur stourm oa rak ar chadenn tele e lec’h ma laboure Murrow oa ur stall privez, paet get ar vruderezh.
Ur film brav, get sonerezh jazz a feson ouzhpenn.

Résumé en français : "Viva Zapatero" et "Good night and good luck", deux films qui dénoncent la censure; le premier, la censure dans l'Italie de Berlusconi; le second la censure et le climat politique aux Etats-Unis dans les années 1950.
Christian Le Meut

18/11/2005

Sinema : Nedeleg laouen - Joyeux Noël

Nedeleg laouen - Joyeux Noel a grog get un emgann bras. Soudarded a Vro c’hall hag a vro Skoss a fard war an Alamaned e redek betag o fongelloù. Met ur yoc’h zo lazhet hag emañ ret dezhe mont war gill... Da vare Nedeleg 1914 eo. Da noz Nedeleg un Alaman a gan, d’e du. Brav eo, ur c’hanour opera a vicher eo an den se. Met un den all, a vro Skoss, a gomans da soniñ ar memes ton get e binioù bras, d’e du ivez. An Alaman a sav evit mont war zu ar Skossed, hep bout lazhet gete. Ur beleg skoss ha soudarded all a ya er maez ag o fongelloù ivez... Un overenn a zo lidet get ar beleg evit an tri strollad, e latin... Ur sort troc’h brezhel a zo divizet get an tri ofisour yaouank ag ar c’hornad. Ar re varv a oa chomet war al leurenn, skornet, zo kemeret get bep arme, ha douaret int.
An deiz ar lerc’h, ar soudarded alaman, skoss ha gall a c’hoari football pe kartoù asambles, hag an ofisourien a ev ur banne kafe asambles !
Ar film se zo bet savet hervez traoù gwir. “Fraternisation” zo bet etre ar soudarded, met monet a ra un tammig re bell geti, d’am sonj. Un ofisour yaouank a zeu da welled e enebourion evit lâr dezhe e vint bombezennet araok pell, hag e c’hellint dont d’e du evit nompass bout lazhet... Digredapl !

Ar c'hazh : un treitour !
Ur c’hazh a ya d’an daou du, get an Alamaned ha get ar Franzision ar lerc’h. Toul bac’het eo e fin ar film evel “treitour”... Met, hervez ar pezh m’eus klewet, fuzuillet oa bet ar paour kaezh c'hazh se da vat ! Ar brezel zo krivoc’h evit ar pezh diskouezet er film-se. Ur film bourrapl eo, a gas da gompreiñ pegen sot eo ar brezel, met ne ziskoueza ket ar brezel da vat. Ur sort kontadenn eo, benn ar fin. Brav da welled, ha get krennarded, perak pas ?

Résumé en français : Le film "Joyeux Noël" montre un exemple de fraternisation, la nuit de Noël 1914. Le film comporte de très belles scènes, et montre l’absurdité de la guerre et de la violence. Mais il n’est probablement pas un tableau fidèle de ce qui s’est passé sur le front, ni même de ces fraternisations. Il raconte une belle histoire d'amour, ainsi qu'une histoire d’amitié impossible. C’est un beau conte, une réflexion sur la guerre et contre l’embrigadement...

Christian Le Meut

10/10/2005

Cauchemar de Darwin : conférences à Douarnenez et Paris

Un documentaire remarquable, "Le cauchemar de Darwin", passe encore en salle. Ce reportage montre la vie quotidienne des habitants de la ville de Mwansa, sur les rives du lac Victoria. L'introduction de la perche du Nil par des pêcheurs britanniques amateurs, friands de ce poisson, a complètement bouleversé l'équilibre écologique du lac et la vie économique de la région. La perche est devenue un produit d'exportation massif mais les autres espèces, qui nourrissaient la population, ont presque disparu. Le témoignage ci-dessous complète celui du film. Il est paru dans le bulletin Pêche et développement, fin 2003. Catherine Lozac’h et Didier Le Pallec, deux journalistes bretons, ont traversé l’Afrique d’Alexandrie au Cap pendant l'été 2003, en train et en bus. Leur traversée passait par l’Ouganda où ils ont rencontré des pêcheurs artisans et l’Association de femmes de pêcheurs.

“Dès le lendemain de notre arrivée nous avons appelé et avons été très bien accueillis” soulignent Didier et Catherine. L’association, très structurée, a été créée il y a une dizaine d’années et a des bureaux à Kampala.
Ils se sont rendus en minibus au port de Katosi, sur le lac Victoria à deux heures de route et de piste de Kampala, où est implantée l’association. Ils y ont passé quatre jours.
Katosi compte “quelques milliers d’habitants” répartis sur un vaste territoire mais avec un port-village. Tous les pêcheurs ne sont pas là en permanence, certains vivent sur des îles parce que les poissons sont assez loin du rivages “depuis que la perche du Nil a éradiqué les espèces locales” note Catherine Lozac’h. De petites îles servent ainsi que camps de base. “Il y a deux types de bateaux dans le village, explique-t-elle. “D’une part les pirogues qui servent à la pêche et d’autre part, les pirogues couvertes qui viennent chercher la pêche”.

Six kilomètres de filets
“Les pirogues, nous en avons vues une vingtaine à Katosi, sont toutes motorisées, ce qui est d’ailleurs un problème parce qu’il faut pêcher suffisamment pour que cela soit rentable : payer l’essence, réparer le moteur. Mais un petit atelier mécanique s’est créé avec quelques hommes qui travaillent. Ce ne sont pas des pirogues creusées dans des troncs d’arbres, mais en planche. Elles doivent bien faire dix mètres de long. Nous avons embarqué une nuit avec deux jeunes pêcheurs, l’un de vingt ans environ, Freddy, l’autre de 15-16 ans, Richard. Généralement, ils pêchent à deux. Ils embarquent six kilomètres de filets. 60 filets de cent mètres qui sont reliés les uns aux autres. Cela fait une bande de filets droit à mailles assez larges qu’ils mouillent dans le lac à la tombée de la nuit et qu’ils commencent à relever en milieu de nuit pour avoir fini au petit matin. Ils pêchent la perche du Nil, il n’y quasiment plus que cela, et le tilapia. Mais nous ne sommes pas parvenus à identifier ce poisson parce que, quand nous sommes allés en bord de mer dans d’autres pays, un poisson s’appelle également le tilapia. Cela ressemble à un nom un peu générique.
Nous avons quitté la plage à 16h30.

Nous avons fait près de deux heures de navigation puis Freddy, le patron, a mouillé les six kilomètres de filet. Richard, le plus jeune, était au moteur, et Freddy mouillait le filet, puis ils ont inversé les rôles. Une fois le filet mouillé, nous sommes retournés sur la bouée de départ du filet. Il était près de 19h, il allait faire nuit, nous avons mangé. Ils ont récupéré des planches qui étaient dans fond du bateau, les ont mis en travers pour faire des lits, avec une natte en bambou par dessus. Nous avions un peu peur du froid et des moustiques mais, finalement, cela a été. Vers une heure du matin, tout le monde debout : ils ont remonté chacun trois km de filet. Ils ont fini au lever du jour, puis on est retourné sur la plage. Cétait grandiose. On n’a pas l’impression d’être en mer, car il y a des îles un peu partout, mais on a vraiment l’impression d’être sur bateau fragile, sans lumières... D’autres pirogues étaient dans les parages. En une nuit les deux pêcheurs ont pris huit perches... Ce qui couvrent à peine les frais.
Les pêcheurs sont payés au pourcentage sur la vente. Mais la pêche n’est pas toujours aussi mauvaise, il y a aussi des histoires de saison, nous sommes tombés dans la plus mauvaise”.
Didier Le Pallec note, quant à lui, l’ingéniosité des pêcheurs: “Tout est récupéré : le lest est fait à partir de petits sachets plastic de lait, qui est vendu sous cette forme en Ouganda et dans beaucoup de pays africains. Le sachet est récupéré ensuite, rempli de sable, bien fermé, attaché, et cela fait du lest. Pour les flotteurs, c’est le même type de sachet, mais avec du liège dedans. Tout les bidons sont réutilisés pour servir de bouées de marquage des filets”.

Une pêche industrielle sur le lac
Les deux journalistes continuent leur description de la pêche artisanale à Katosi : “L’autre type de bateau présent à Katosi, ce sont des pirogues couvertes, des bateaux frigos avec de la glace à bord (mais sans système de réfrigération) qui viennent chercher les poissons sur les îles ou au large, et reviennent pour vendre la pêche à Katosi d’où des camions réfrigérés la transporte à Jinja. Dans cette ville, il y a des usines de transformation.
Le poisson est déposé sur la plage (il n’y a pas de jeté) puis mis sur une plate forme en béton où il est déposé, pesé. C’est une sorte de criée couverte, mais sans mur, où les acheteurs viennent se fournir, puis le poisson est chargé dans les camions. Il y a aussi un petit marché local quant les pêcheurs arrivent encore à pêcher du tilapia, ils le vendent par lot à la criée.
Il y a d’autres flottes de pêche, mais qui ne partent pas de Katosi, il s’agit de pêche industrielle, l’équivalent de chalutiers de chez nous, en Bretagne, qui partent surtout de Jinja. Nous avons vu leurs lumières, la nuit, quand nous sommes sortis avec les pêcheurs. Comme ils pêchent beaucoup au large, ils contribuent à la raréfaction de la ressource”.

La perche ou la vie ?
L’introduction de la perche du Nil dans le lac Victoria, il y a une vingtaine d’années, a eu des conséquences graves sur la vie des habitants. “L’association, explique Catherine Lozac’h, s’est créée parce que la situation devenait intenable pour les pêcheurs, les familles crevaient de faim. Il fallait trouver des solutions alternatives pour rester au village, car la solution n’est pas de venir s’entasser dans les faubourgs de Kampala.
“Les femmes sont devenues armateurs. La pêche fournit un revenu aléatoire mais qui a le mérite d’exister et d’être assez facilement accessible. Le bateau sur lequel nous sommes montés appartient à l’association, qui a quatre pirogues en tout. Huit marins travaillent avec elle.
Le but, malgré tout, est de se désengager de la pêche par le biais des revenus qu’elle apporte, car la pêche est trop aléatoire. Donc, avec l’argent qui vient de la pêche, l’association finance des micros projets pour les femmes, une trentaine actuellement, afin qu’elles montent d’autres activités à revenu plus stables. Beaucoup sont seules avec les enfants. Les maris sont, souvent, décédés du sida, d’autres sont partis. Elles ont recueilli des enfants dont les parents sont morts du sida... La volonté de l’association serait d’aller jusqu’à aider une cinquantaine de femmes, mais il faut pouvoir financer”.

“Aucune perche n’est mangée à Katosi”
L’association fait également des formations pour sensibiliser les gens à créer leurs propres activités : l’une de ces femmes, par exemple, était devenue couturière mais a laissé cette activité à sa sœur pour monter un petit commerce d’accastillage. D’autres activités tournent aussi vers l’agriculture : production de vanille, plantations de bananiers, achat d’une vache pour avoir du lait et le vendre. Le lait permet aussi d’améliorer la nourriture fournie aux enfants parce qu’une des conséquences de l’apparition de la perche du Nil, c’est que ce poisson est très demandé à l’exportation (vers le Kenya, l’Europe, le Japon...). Aucune perche n’est mangée à Katosi.
Quand la pêche a été bonne, les femmes ont de l’argent pour acheter de la nourriture mais, si la marée a été mauvaise, pas d’argent... Et il n’y a pas de variété locale de poisson à acheter à un prix raisonnable. Dans le village, la qualité nutritionnel de ce qui est consommé a baissé depuis l’apparition de la perche du Nil. Ils ne mangent que rarement du poisson ! Le lait permet d’apporter un peu de protéine dans l’alimentation de base. L’apparition de la perche a également engendré également la disparition d’une activité traditionnelle des femmes : sécher et fumer le poisson. Comme il part directement à l’export, il n’est plus traité dans le village... Mais nous avons vu des familles qui fumaient encore le poisson dans des fours en terre. Ce poisson fumé est vendu dans le village ou consommé par les familles. Il a l’avantage de pouvoir se conserver en cas de disette...

Chance ou malchance ?
“J’ai l’impression, dit Catherine, que la pêche en Ouganda se divise en deux parties : les petits pêcheurs comme ceux que nous avons vus, qui ne sont pas très organisés et très à la merci des mareyeurs et, de l’autre, une pêche industrielle, très organisée, avec des capitaux qui ne sont généralement pas ougandais”.
L’apparition de la perche est-elle une chance pour l’Ouganda ou non. Outre ses conséquences écologiques (la quasi disparition des autres espèces), l’invasion du lac pour ce poisson carnivore a eu des conséquences sociales et alimentaires évidentes pour les populations locale. Mais, note Catherine et Denis, “elle a également permis la création d’une filière de pêche à l’exportation qui permet de donner du travail à des milliers d’Ougandais”.

L’Ouganda est un Etat également relativement stable dans cette partie de l’Afrique. Didier et Catherine y ont également rencontré des réfugiés d’autres pays. Mais, notent les deux voyageurs, “Kampala est stable : au Nord il y a les bases arrières de la guérilla soudanaise, à l’Ouest la guerre au Congo rend certaines zones dangereuses, et à l’est, vers le Kenya, il y a des conflits tribaux “. Ils ont également trouvé là un pays vert, comme leur Bretagne, “C’est le seul pays vraiment vert que nous ayons traversé en Afrique; c’est magnifique, la végétation y luxuriante, équatoriale”. Mais surtout, ils gardent en souvenir le dynamisme de la population : “C’est un pays pêchu où les gens ne sont pas résignés”.

Christian Le Meut

Pêche et développement : http://wwwpeche-dev.org

19/08/2005

Les prolos*

Attention messieurs dames, écoutez bien : je vais vous livrer un scoop, une information extraordinaire : il y aura bientôt une émission intéressante à la télévision ! Je répète : il y aura bientôt une émission intéressante à la télévision ! Oui, je sais, vous trouvez ça incroyable, impossible, mais si, je vous l’assure, ce n’est pas de la science fiction, juste un petit miracle. Bon, évidemment, je modère tout de suite votre enthousiasme, elle va être diffusée à 22h50. C’est évident, il ne faudrait pas risquer que des enfants ou des personnes trop sensibles là voient, le manque d’habitude risquerait de les traumatiser... Évidemment, elle ne passera pas sur la une, mais sur la deux, comme quoi le service public ne fait pas que suivre les chaînes commerciales et peut avoir une programmation différente... Mais pas avant 22h50. Faut pas exagérer.
Il se trouve que j’ai vu au cinéma le documentaire qui va passer bientôt. Il est intitulé Les Prolos. Le réalisateur, Marcel Trillat, un journaliste chevronné, est allé à la rencontre du monde ouvrier. Et oui, de plans sociaux en délocalisations, on finissait par croire qu’il avait disparu, le monde ouvrier. Or il y a encore six millions d’ouvriers et d’ouvrières à se rendre chaque jour au travail en France. Et Marcel Trillat les a suivis dans six entreprises. Dans de grosses entreprises, comme Renault, où le syndicalisme est une culture d’entreprise, dans de plus petites entreprises comme celle établie en Isère où aucun syndicat ne s’est jamais implanté.

Queen Mary : bateau pour riches construit par des pauvres...
On découvre même, dans une autre boîte, un syndicat CGT qui travaille main dans la main avec le directeur pour améliorer la rentabilité, ce qui a permis d’éviter le démantèlement d’un des services destiné à être livré à la sous-traitance. Délégué syndical et directeur sont allés ensemble rencontrer les actionnaires de la multinationale propriétaire et ont réussi à les convaincre d’éviter de vendre ce service. Pari gagné pour cette fois, mais sans illusion: on voit bien que le directeur comme l’entreprise peuvent être délocalisés d’un jour sur l’autre...
Et puis Marcel Trillat et son équipe sont venus en Bretagne, plus précisément à St Nazaire, aux chantiers de l’Atlantique qui fabriquent le Queen Mary. Là, interdiction de filmer, les scènes sont donc en caméra cachées. On découvre des conditions de travail dignes de Germinal : des ouvriers soudeur qui étouffent, sans masque dans des endroits confinés, des ouvriers sous-payés, des toilettes qui ne méritent pas ce nom... Tout tient en un mot : sous-traitance, voir sous-sous traitance, et main d’oeuvre étrangère. Ici, les corporations ne se connaissent pas mais se tirent la bourre pour suivre les plannings. Les ouvriers ne se connaissent pas car travaillant dans des entreprises différentes, voire en intérim.

La course poursuite du cégétiste
On suit même un délégué syndical qui a pris en chasse un camionnette dans laquelle sont montés des ouvriers étrangers, pris en charge complètement par leurs employeurs : logés, nourris, encadrés... Ces ouvriers sont moins payés que ne le seraient des ouvriers français, ce qui est illégal... mais le travail syndical est compliqué par le fait que le monde ouvrier est ainsi atomisé par la sous-traitance et le recours à une main d’oeuvre qui accepte des conditions de travail illégales. Certains se rebiffent toutefois, et font grève, comme cela a été le cas à Saint Nazaire... Le Queen Mary, fabriqué à St Nazaire, sillonnent les mers désormais, avec sa clientèle de passagers fortunés. Marcel Trillat a montré l’envers du décor.
Et il emmène aussi ses spectateurs dans les rues de Paris ou des salariés, d’origine étrangère, sillonnent les rues la nuit en mobylette pour aller sortir les poubelles, et les ranger une fois que sont passées les ramasseurs. Un peu partout, les syndics ont supprimé les concierges et ce sont donc ces coursiers qui les remplacent. Celui qui est filmé avait eu un contrat de travail de quinze heures par jour, sans congés hebdomadaires... Après quelques mois, et quelques accidents, ll a avisé l’inspecteur du travail qui a fait... son travail, et a débarqué chez l’employeur. Le contrat a été saisi, et rectifié.
Il y aurait donc encore des freins à l’esclavagisme moderne ?

Christian Le Meut

* Chronique diffusée en 2003 sur Radio Bro Gwened

01/06/2005

Willy, Randy : animaux ou ?...

“Il faut sauver Willy” (1, 2, etc) : vous avez peut-être vu cette série de films produite aux États-Unis où l’on voyait une orque surnommée Willy devenir ami avec un jeune garçon... Je me suis rappelé de ce film en allant en voir un autre, mais un documentaire cette fois, sur la vie dans les océans : “La planète bleue”. On n’y voit également des orques, mais un peu moins gentilles celles-là. Elles chassent en se laissant glisser, à marée montante, sur la plage où se dorent innocemment quelques phoques un peu trop jeunes pour avoir conscience du danger. L’on voit alors des orques débouler à toute allure sur le sable et attraper des jeunes phoques. C’est risqué, car l’orque peut aussi s’échouer dans cette manœuvre. Mais, dans le film, une orque saisit ainsi un jeune phoque qui, évidemment, tente de se dégager. L’orque retourne alors dans des eaux plus profondes et on la voit lancer le phoque en l’air, très haut. La pauvre bête fait alors des saltos pour retomber sur l’eau et finir assommée...
Une autre scène montre deux orques pourchassant un bébé baleine jusqu’à l’épuisement. Elles parviennent alors à le noyer pour le manger ensuite... On voit d’ailleurs la dépouille du pauvre bébé baleine, gros de six tonnes quand même... Des enfants assistaient à ce film dans la salle de cinéma. “-Qu’est-ce qui se passe ?”, a demandé à plusieurs reprises une petite fille à sa maman ou son papa. Difficile à expliquer...
Mais c’est la nature... L’orque qui avait joué dans “Sauvez Willy” avait été élevée par les hommes. Après la série de films, elle a été laissée dans un bassin trop petit et est tombée malade. Des millions ont été récoltés et dépensés pour remettre Willy en liberté, ce qui a été fait. Mais jamais Willy n’est devenu autonome. Elle ne savait pas chasser et il a fallu la nourrir jusqu’à sa mort.
Il y a une grande différence entre notre façon de voir les animaux, de nous les représenter, et la réalité. Trop souvent, nous voyons les animaux comme s’ils étaient êtres humains. L’orque qui tue un jeune phoque ou un bébé baleine est un animal en quête de nourriture. Il n’agit pas par plaisir ou par sadisme, il n’a pas la conscience de ses actes. C’est ce qui le différencie de nous, êtres humains, qui avons une conscience... Il est vrai que l’homme peut, lui, tuer et chasser sans aucune nécessité, uniquement par plaisir et sadisme...
Même des animaux réputés proches de l’Homme peuvent être dangereux, comme les dauphins. Un mâle surnommé Randy a été observé à de nombreuses reprises très près des côtes du Morbihan. Il se laisse même caresser par les baigneurs. Il n’est pas méchant mais a cherché, par exemple, à entraîner un plongeur avec lui dans les profondeurs marines, ce qui peut-être dangereux... Et parfois le grand bleu peut se transformer en grande peur bleue...

Christian Le Meut 

Loened, pe tud ?

Marteze peus-c'hwi gwellet ar filmoù savet er Stadoù Unanet hag anvet “Il faut sauver Willy” unan, daou tri, ha c’hoazh. Er filmoù-se Willy zo an ork, ur bleizh mor, jentil tre, deuet da vout mignon get ur paotr yaouank. Sonj m’eus bet ag ar filmoù-se e wellet ur film all anvet “La planète bleue”. Er film se e weller bleizhi mor e jiboes reuniged. Tostaad a reont d’an traezh e lec’h m’ema reuniged yaouank e rusiñ, disonj anezhe, ha tapout a reont unan en o mesk. Met n’eo ket echu. Bev eo atav ar reunig tapet e beg an ork, ha fichal a ra, klask a ra da vont kuit, evel reson. Hag an ork da vont en dro er mor ha da deurel en aer hag an amzer ar paour kaezh reunig evit lakaat anezhan da gouezhin ha da vout badaet. Ha ni, arvestourion, da welled ar paour kaezh reunig se ec’h ober troioù ha saltoioù en aer, just araok bout debret.
Bugale oa er sall sinema pa m’eus gwellet ar film-se, hag int da c’houlenn get o zudoù : “Petra eo an dra se ? ... “ Diaes da zispleg ur sort...
Met mod se eman an natur. Un difor bras ez eus etre hon doare ni da welled al loened hag ar wirionez. An ork en doa c’hoariet er rummad filmoù Willy oa bet desavet get tud en ur poull neuial bennag. Ul loen donv oa, tost d’an dud. Met, goude bout savet ar filmoù, kouezhet eo bet klanv e chom en un toull re vihan. Ur bern argant a zo bet dastumet ha fondet evit lakaat anezhan er mor bras. Met Willy ne ouie ket jiboesaat e unan. Ret a oa bet d’an dud a rae war e dro reiñ boued dezhan bemdez betek e varv.
Re alies, gwellet vez al loened ganeomp evel ma vehent tud, met n’in ket anezhe. Un ork a jiboes ur valum vihan pe ur reunig zo nemet ul loen e klask boued. Ha loened all, brudet evit bout jentil ha tost d’an dud, evel an dolphined, a c’hell bout danjerus ivez, evel ar pezh hon eus gwellet get an dolphin, lesanvet Randi, bet gwellet meur a wezh tost ag an aod, e Kiberen, Enez Guerveur, er Morbihan... Ne oa ket na droug, na fall anezhan, met klask a rae c’hoari, ha kas gantan tud e don ar mor, ar pezh a c’hell bout danjerus memestra ! Koustians n’o deus ket, al loened, eveldomp ni (sanset). Met, anzav a ran memestra, n’eus nemet an tud a lazh tud all, pe loened, just evit ar blijadur...
Christian Le Meut

05/04/2005

Sinema/cinéma : Hôtel Rwanda

Hôtel Rwanda : saovetet oa bet 1.200 den e miz Ebrel ha Mae 1994, e-pad al lazherezh-vras e Rwanda (800.000 den lazhet da nebeutan), get Paul Rusesabagina, rener "Les milles collines", un ostaleri bras evit ar re binvidik e Kigali. Hutu, Paul Rusesabagina oa dimezet get un vaouez Tutsi anehzi. An otel renet getan oa evit ar re bitaoed, pinvidik, met tamm ha tamm ur bern tud, du anezhe, zo deuet da glask sikour du-hont rak soudarded ag an ABU (ONU) a rae ar-dro al lec'h-se... Met soudarded-all ag ar broioù pinvidik zo daet da glask ar re wenn e lesket ar re-zu o-unan, tost bout lazhet... Ur vezh evit an Européaned... Un istor gwir eo. Lesanvet eo bet Paul Rusesabagina ar "Schindler ag Afrika" get kazetennoù-zo. E Beljik eman e chom breman get e familh.
Savet eo bet "Hotel Rwanda" get Terry Georges ha c'hoariet a-feson get Don Cheadle, Sophie Okonedo, ha c'hoazh. Padout a ra div euriad.


Hotel Rwanda : ce film, inspiré de faits réels, raconte comment Paul Rusesabagina, un directeur d'hôtel hutu, marié à une Tutsi, a réussi à sauver 1.200 personnes réfugiées dans son établissement, en avril-mai 1994, au péril de sa vie. Il montre aussi comment ces réfugiés ont été abandonnés par la communauté internationale. La honte. Un très beau film réalisé par Terry Georges sur un homme que certains journaux appellent désormais le "Schindler africain".