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16/11/2006

Libé, les trois socialistes et les langues régionales

Les membres du Parti socialiste choisissent aujourd'hui leur candidat ou leur candidate pour l'élection présidentielle. J'ai envoyé en fin de semaine dernière une question aux trois candidats par le biais du site de Libération, sur le futur statut des langues régionales en France en cas d'élection d'un président socialiste. Mercredi, pas de trace de réponse sur le journal papier qui consacre plusieurs pages aux questions posées par les "Libénautes"; mais guère plus de réponse sur le journal en ligne... Je retrouve ma question, il y en avait plusieurs autres sur le même thème, mais impossible de trouver les réponses. L'explication est donnée dans l'article d'accompagnement : "Des langues régionales à la taxe Tobin, des emprunts russes au vote des étrangers, des OGM au cumul des mandats, du logement aux 35 heures, l'Internet a permis de «faire remonter les préoccupations» des internautes. Et aux candidats de répondre aux questions sélectionnées par nos soins, en fonction de leur fréquence, de leur intérêt, de leur complémentarité par rapport aux sujets abordés pendant la campagne, de leur caractère plus personnel."  L'absence de réponse signifie que la question n'a pas été retenue. Merci Libé ! J'aurais mieux fait d'aller directement poser ma question sur les blogs des candidats concernés. 

Christian Le Meut 

15/11/2006

Sinema/Cinéma : Une vérité qui dérange

medium_gore124.jpgGwelet m'eus prezegenn filmet Al Gore, "Une vérité qui dérange", a fed an aergelc'h a ya da vout tommoc'h tommañ : nehansus, nec'hus bras eo an afer se. Displeget eo an traoù d'an doare skiantel get Al Gore, war e seblant (n'on ket skiantour) met mod Hollywood un tammig. Ha setu Al hag e mab, e dad, e c'hoar; Al e zonet en dro barzh tachenn e dud e lec'h ma veze hadet butun; Al barzh ar c'harr nij, Al e Bro Sina, Al en Arktik, Al barzh ul lestr-spluj, Al bet trec'het get Georges Bush... Ul liam 'zo etre an traoù se memestra... Al Gore zo bet eil-prezidant Stadoù Unanet e pad eizh vloaz (1992-2000), met ne lâr ket kalz a dra a fed ar pezh a zo bet graet getan ha get Clinton evit an natur hag en endro. Gwell a se, moarvat, d'ar re all da varniñ. Met kalz a vern, mallus eo, dober zo a dud evel Al Gore memestra a zispleg pegen fall eo stad an natur, stad an aergelc'h, ha pegen mallus eo chanch hor doare da veviñ. Embannet m'eus en dro testennoù m'boa skrivet war an afer se (da heul).

En français maintenant !
  Je suis allé voir la conférence filmée d'Al Gore sur le réchauffement de la planète (qui pourrait signifier une glaciation en Europe de l'Ouest !). La réalité montrée dans "Une vérité qui dérange" est extrêmement inquiétante et semble être expliquée de manière relativement scientifique par Al Gore, mais le film a un caractère un peu hollywoodien agaçant : voici Al Gore et son fils, son papa, sa soeur, Al battu par Georges en 2000, Al en Chine, en Arctique, sous la mer, dans les airs qu'il pourrait finir par nous pomper un peu s'il n'y avait quand même un peu d'humour et de distance dans son propos et, surtout, une urgence. L'urgence que des gens comme lui alertent sur l'état de la planète. Il se garde d'en dire trop sur son propre bilan en tant que vice-président des Etats-Unis qu'il fut pendant huit ans quand même... Un film à voir donc, pour le propos plus que pour la forme, pour le fond avant que nous ne le touchions !

Christian Le Meut 

11/11/2006

Radio : action de l'UDB contre la réduction du breton

Il y a du bruit dans le Kemper depuis que la seule radio bilingue publique, France Bleue Breizh Izel, a réduit ses programmes en langue bretonne*. L'Union démocratique bretonne, parti membre de la majorité au Conseil régional, vient de manifester son désaccord en occupant les locaux de cette radio. Voici son communiqué :

"Une vingtaine de militants de L'Union démocratique bretonne (UDB). occupent les studios de France Bleu Breizh Izel à Kemper : Samedi 11 novembre à partir de 10 heures, une vingtaine de militants de l'UDB, Union Démocratique Bretonne ont occupé les locaux de France Bleu Breizh Izel à Kemper. Une délégation des manifestants a été reçue par Monsieur Emanuel Yvon le nouveau directeur de la station décentralisée de France Bleu. Les représentants de l'UDB ont une nouvelle fois demandé la suppression de l'émission de Patrick Sabatier Tous emsemble entre 12h 30 et 14h. Et demander le retour de la programmation en langue bretonne entre 20h et 21h.

Monsieur Emanuel Yvon a annoncé la création d'une nouvelle émission bilingue breton-français entre 13h 30 et 14h à partir du mois de janvier. Il a également annoncé l'extension de la zone de diffusion des émissions en breton sur une partie de la Haute Bretagne en ccopération avec France Bleu Armorique. Pour la reprogrammation d'une émission en breton entre 20h et 21h, Monsieur Emanuel Yvon a déclaré: qu'il n'y avait pas d'opposition de la part de la direction de France Bleu. Et que la grille de programmation serait revue au mois de septembre 2007. L'UDB ne peut se satisfaire de ces propositions, et demande que les bretons puissent avoir la maîtrise de l'organisation et du développement d'une radio de service public en français et en breton sur le territoire des cinq départements de Bretagne. Néanmoins l'UDB restera vigilante quand à l'application de ces maigres avancées.Herve Ar Gall : Mouezh UDB evit ar brezhoneg"

Source : Agence Bretagne presse 

* Lire note du 5 octobre 

Sinema/cinéma : Mémoires de nos pères

Film nevez Clint Eastwood n'eo ket ur film brezel ouzhpenn, d'am sonj, met ur film a ziar benn an Istor, eñvor pep den hag eñvor ar pobloù. C'hwec'h soudard zo bet tennet e plantiñ banniel Stadoù Unanet e lein mennez uhelan un enezenn a Vro Japan (iwo Jima), e penn kentañ 1945. Ar foto, brav tre, a zo embannet war kazetennoù ar Stadoù Unanet a bezh, hag a gas kalon en dro d'an Amerikaned erru skuizh get ar brezel. Ar gouarnamant a c'halv ar soudarded-se d'ober un droad er vro da zastum argant evit kenderc'hel get ar brezel kar diouer a argant zo.

Met tri soudard zo marv. Chom a ra tri bev, hag un Indian en o mesk a faota dezhan chom en talbenn met kaset eo en dro d'an USA dre ret. An tri faotr yaouank, kollet awalc'h, a zo degemeret get ar prezidant e unan, get pennoù bras a beb sort, get ur bochad tud deuet d'o selaoù ha... get mammoù an tri soudard marv. Ha ret eo dezhe livañ gevier dirak unan ag ar mammoù-se rak ur fari zo bet graet : unan ag ar soudarded marv n'eo ket war ar foto, met difennet eo bet dezhe anzav an dra se evit nompass lakaat douetans barzh spered ar bobl. Pal an droiad a zo serriñ argant ar muian posupl ha pas tabutal war ar wirionez.

Clint Eastwood a zispleg perak ha penaos a zo bet graet ar fari se, penaos e vez savet harozed (daoust dezhe a wezhoù), penaos e vez implijet skeudennoù brav evit bruderezh politikel (propaganda). Evit mont pelloc'h war an dachenn-se, savet en deus ur film all evit diskouezh an istor-se d'an tu ar Japaned, e japaneg ha get aktourion a Vro Japan. Lakaet vo er maez e penn kentañ 2007.  

Mémoires de nos pères a zo ur film da welet met ret eo lâret memestra eo kriz a wezhoù ha diaes da welet. Diskouezh a ra ar brezel evel m'emañ get tud lazhet, gloazet, gwad ha taerded.

Un film à voir 
Je conseille le dernier film de Clint Eastwood qui n'est pas un film de plus sur la guerre mais une réflexion sur l'histoire, personnelle, nationale, mondiale, comment elle se construit, comment on fait des héros. L'histoire est celle de six soldats pris en photo alors qu'ils plantent un drapeau sur le volcan d'Iwo Jima où ils ont débarqué, et où 20.000 soldats japonais leur résisteront pendant quarante jours, début 1945. La photo, symbole de victoire, est publiée dans les journaux étasuniens et les six soldats demandés pour faire une tournée de récolte de fonds aux Etats-Unis, car l'argent manque. Mais trois d'entre eux sont morts. Les trois survivants, un peu perdus, sont présentés comme des héros aux foules, utilisés par la propagande. Mais ils doivent mentir, car une erreur a été faite sur l'identité de l'un d'entre eux, mort, officiellement sur la photo mais qui ne l'était pas en réalité. On leur interdit d'admettre cette erreur, même devant la mère du soldat concerné, pour ne pas nuire à la collecte d'argent... Un film dur, mais qui montre la guerre telle qu'elle est.

Un second film réalisé par Eastwood également et montrant la version japonaise de la bataille d'Iwo Jima, sortira en 2007.

Christian Le Meut 

09/11/2006

Ploermel, ses caméras, sa future statue de Jean-Paul II, son parrain russe...

"Non à la statue de Jean-Paul II et aux caméras de surveillance publique à Ploermel" est le titre d'un communiqué de l'Union démocratique bretonne (UDB). Encore des qui voient le diable partout !

"L'union démocratique bretonne s'inquiète des derniers agissements de lamunicipalité de Ploermel. Elle condamne le projet d'installation d'une statue de Jean Paul II sur une place publique de la ville. L'UDB appelle au respect de la loi de séparation de l'Eglise catholique et de l'Etat qui stipule que: « : Il est interdit à l'avenir, d'élever ou d'apposer aucunsigne ou emblème religieux sur les monuments publiques ou en quelque emplacement public que ce soit à l'exception des édifices servant au culte,des terrains de sépulture privée ainsi que des musées ou expositions (Titre, article 21 -  loi de 1905) ».

Pour minimiser l'impact budgétaire sur la commune, le maire, Paul Anselin précise que la statue est un don de l'artiste Zurab Tseretelli. Toutefois il omet de préciser que les différents frais  relatifs  à la pose de la statue seront pris en charge par la municipalité soit la bagatelle de 130 000 euros... Il est inquiétant aussi de constater le mutisme du maire lorsqu'ilest interrogé sur les raisons qui motivent ce don à la municipalité de Ploërmel. Ce silence profond vient renforcer les soupçons de tout démocrateautour de la nature de l'accord passé entre Paul Anselin et un artiste controversé ;  que certains média n'hésitent pas à qualifier de "dernier grand parrain de Moscou" (selon la chaine NT1).

Il faut savoir cependant que la statue de Jean-Paul 2 cache la forêt des actions populistes menées par Paul Anselin. Les caméras de surveillancebraquées sur les habitants sont une autre illustration d'une volonté de mettre la population ploermelaise sous contrôle. Ploermel possède le tristerecord d'être la plus petite ville de cette taille en Bretagne et en France posséder un tel dispositif de surveillance. Dans la plupart des communesqui ont mis en place des caméras, il s'agit seulement de la surveillanced'édifices publics et non comme à Ploermel de la surveillance publique. L'activisme sécuritaire du maire de Ploërmel se poursuit donc et semblealler de pair avec un climat délétère qui entoure la vie politique de Ploërmel depuis un certain nombre d'années.

Les Ploermelais ne doivent pas accepter l'autoritarisme de Paul Anselin etde son équipe. La démocratie doit reprendre ses droits à Ploermel.Pour l'Union Démocratique Bretonne, Herri Gourmelen, Porte-parole délégué".

Des sous ?

Trouvé sur la "newsletter" de Télérama (L'espresso de Télérama) aujourd'hui : "Le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, a annoncé mercredi la création d'un fonds destiné à promouvoir la diversité et l'égalité des chances dans les oeuvres télévisuelles et cinématographiques. Baptisé "Images de la diversité", ce fonds sera doté de 10 millions d'euros."

Et une partie de cet argent ira-t-il à la création audiovisuelle en langues régionales ? 

07/11/2006

Pollution automobile : les constructeurs mettent en cause les consommateurs...

"Pollution automobile c'est pas moi, c'est eux" : sous ce titre Que Choisir ? aborde la question des voitures de fabrication récente et de l'attitude des constructeurs...

"La Commission européenne envisage de faire voter une loi afin d'obliger les constructeurs automobiles à respecter leurs engagements en matière d'émissions de CO2. Les constructeurs, eux, rejettent la faute sur les consommateurs.

Les voitures propres se font attendre, et ce retard sur les prévisions n'est pas du goût de la Commission européenne. Du coup, après avoir menacé à plusieurs reprises les fabricants d'automobiles, le commissaire européen à l'environnement, Stavros Dimas, semble plus que jamais décidé à proposer au Parlement européen le vote d'une loi destinée à contraindre les constructeurs à tenir leurs engagements en matière de réduction des émissions de dioxyde de carbone (CO2), l'un des gaz responsables du réchauffement climatique.

En 1998, les fabricants européens ont en effet promis à la Commission européenne d'abaisser les émissions polluantes de leurs véhicules à 140 g/km de CO2 en 2008, soit 25 % de moins qu'en 1995, et à 120 g/km en 2012.Or, au rythme où vont les choses, il y a très peu de chances pour que le contrat soit rempli à temps. Selon une étude dévoilée la semaine dernière par la Fédération européenne transport et environnement, seuls cinq (Renault, Peugeot, Citroën ainsi que Fiat et Ford) des 20 principaux fabricants officiant sur le continent européen seraient en passe de respecter les objectifs fixés. Les autres sont en retard sur les prévisions.

Parmi eux, sept constructeurs (Nissan, Suzuki, Mazda, Audi, Volvo, BMW et Volkswagen) ont abaissé leurs émissions de moins de la moitié de ce qui est nécessaire pour respecter les objectifs.L'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA) a officiellement fait savoir qu'elle s'opposait fermement à une telle loi. Si les constructeurs européens admettent que la baisse des émissions de CO2 s'est ralentie ces derniers mois, c'est, selon eux, la faute aux consommateurs qui délaissent les véhicules les moins polluants et préfèrent se tourner vers des véhicules grands et sûrs, plus gourmands en énergie et émettant plus de CO2. L'ACEA ose même affirmer que le ralentissement de la diminution des émissions de CO2 est dû « à l'acceptation décevante de la part des consommateurs des voitures très économiques ».

Un cynisme à toute épreuve qui justifie à lui seul les velléités législatives des autorités européennes.Dans le plan "Marshall Pétrole" que propose l'UFC-Que Choisir afin de réduire la dépendance au pétrole des consommateurs, un des axes prioritaires de ce projet de réforme concerne justement les voitures propres. Il consiste à baisser le prix de vente des automobiles à moteurs économes par un crédit d'impôt afin d'inciter les particuliers à privilégier ce genre de véhicules. Cyril Brosset

Henriette Walter : "Langues, patois, dialectes, c'est la même chose, au fond"

medium_arabesque123.jpgEn em gavet m'eus n'eus ket pell zo get Henriette Walter, ur yezhourez vrudet. Henriette Walter deus embannet ul levr nevez, Arabesque, get Bassam Baraké (ed. Robert Lafont/Le Temps) war plas an arabeg en Europa abaoe mil vloaz... Aterset m'eus H. Walter war ar yezhoù dre vras, ha setu un tanva ag ar pezh displeget geti.

J'ai rencontré récemment Henriette Walter, une linguiste renommée, professeur émérite à l’Université de Rennes (elle a beaucoup travaillé sur le gallo). Elle vient de publier, avec Bassam Baraké,  Arabesque (Ed. Robert Laffont/Editions du Temps) sur la place de l'arabe en Occident depuis près d'un millénaire. Compte rendu de lecture... quand j'aurai lu le bouquin ! J'ai interviewé H. Walter sur les langues en général, voici quelques extraits de ses réponses :

Pour Henriette Walter, “langues, patois, dialectes, c’est la même chose dans le fond. Tout ça, ce sont des langues, des instruments de communication doublement articulé avec des sons (phonèmes) et desmots (monèmes). Lorsqu’une langue se répand sur un grand territoire, des différenciations apparaissent. Lorsque le latin s’est répandu dans l’Empire romain, il s’est dialectalisé et des langues sont nées ainsi, telles que le gallo, l’italien, le français, le toscan, le milanais... La dialectalisation créé parfois des différences de village à village, sur de petits territoires. Alors on parle en français de “patois”. On peut donc parler de patois qui se réunissent pour former un dialecte et de dialectes qui se réunissent pour former une langue. L’idée que les patois seraient moins bien qu’une langue est fausse. Pour les linguistes, ce n’est pas une question de valeur mais de quantité de gens et de territoire sur lequel cette langue est parlée. Parler un patois, ce n’est pas mal, au contraire, c’est intéressant car dans les patois se sont maintenues d’anciennes distinctions, d’anciens mots, qui ont disparu dans la langue commune. Au contraire, il faut rappeler aux gens que c’est une honneur de parler patois. Il faut en être fier. C’est ce que disent les linguistes, il ne faut écouter les autres”.

Le gallo
“Le gallo est une langue qui a souffert, à l’Est, à cause du français, langue de l’Etat, et à l’Ouest, à cause du breton, considérée comme une vraie langue alors que le gallo a longtemps été perçu comme un patois, pas comme une langue. Il faut replacer le gallo dans l’ensemble des langues de France avec ce renouveau pour la recherche de l’identité, des racines. Depuis une trentaine d’années, des associations essaient de mettre en relation des gallèsants, plutôt âgés, et les enfants. Les petits-enfants ont envie de connaître la langue de la grand-mère ou du grand-père, avec un échange qui leur fait connaître des choses anciennes de leur région, de leurs traditions. Mais il y a quelques problèmes, comme celui de la graphie. Chaque personne qui veut écrire une histoire voudrait représenter toutes les nuances de sa manière de parler Mais toute cette diversité ne peut être rendue par l’écriture. Il faut accepter que la langue écrite ne représente pas toujours exactement la façon de parler. C’est vrai pour toutes les langues Il faut accepter une écriture gallèse normalisée, mais on n’y est pas encore”.

Levrioù skrivet get/Les livres d’Henriette Walter :
- Dictionnaires des mots d’origines étrangères (Larousse)
- L’aventure des langues en Occident (Robert Laffont).

- Le français dans tous ses états (Livre de poche)

- L'aventure des mots français venus d'ailleurs (Livre de poche)

- Le dernier : Arabesque,  l'aventure de la langue arage en Occident (Robert Laffont/Ed. du Temps - 2006).

05/11/2006

Nicaragua : les candidats et les enjeux

Des élections présidentielles et législatives ont lieu aujourd'hui au Nicaragua. Commentaires d'un Français, Jean Loison, vivant dans ce pays, sur les candidats, leurs personnalités, et le enjeux de ces scrutins :

"Ceux qui se présentent: ils sont fondamentalement quatre, car le cinquième est un "m'as-tu vu" (Eden Pastora) qui arrivera avec peine au score de 1%.Depuis le début de la campagne électorale, il y a trois mois, les enquêtes ne varient pas beaucoup:

- Daniel Ortega, du parti sandiniste, veut incarner la gauche nica et se veut le représentant des pauvres, l'ami de Chavez (Venezuela) et de Fidel Castro. Il arrive toujours en tête et dans toutes les enquêtes. Pour gagner au premier tour, il doit remporter 35% (l'enquête d'hier lui donne 34%), avec plus de 5% de voix que le second. C'est tout à fait à sa portée. Sinon, il y aura un deuxième tour, que "Daniel" ne remportera pas, car il aura "tout le monde" contre lui.

-Depuis quelques semaines, le deuxième dans les enquêtes est Eduardo Montealegre, un banquier, ex-fonctionnaire du gouvernement libéral du Président Aleman (celui-ci en prison chez lui pour battre tous les records de corruption).C'est ouvertement le candidat des E-U, et de Bolaños, le président actuel. Il s'est enrichi à la suite de la faillite frauduleuse de trois banques. Mais comme le Front sandiniste, le parti libéral, et le F.M.I sont impliqués et que l'Ambassade recommande de ne pas faire de vagues, personne ne dit rien ! Il s'agit de la plus grosse escroquerie des dernières années.

Avec de tels antécédents, Montealegre me fait très peur: Comment un banquier peut-il (au niveau de État, pas forcément au niveau personnel) avoir une sensibilité  pour ceux qui n'ont pas d'argent? "On ne prête qu'aux riches".Comment pourra-t-il affronter la pauvreté du pays si ça ne rapporte rien aux banques,  ni à ceux qui l'auront choisi ?Il ne fera probablement qu'imiter son prédécesseur et "parrain" Bolaños qui disposait durant son mandat de ressources pour les dépenses sociales. Mais les crises en santé et éducation ne se résolvent pas parce que la priorité de Bolaños a été le système financier.Vous allez mieux comprendre: Pour que le Nicaragua fasse partie du "club" des pays très endettés, les organismes internationaux lui ont remis une bonne partie de la dette extérieure afin que l'argent soit destiné au combat contre la pauvreté, notamment à l'éducation et à la santé. Or 60% du milliard qui était destiné à la dette externe a été détourné et est passé à payer la dette interne (et...à favoriser les banques). Et cette déviation s'est faite avec l'accord du F.M.I. Alors on dit que les chiffes de l'économie nica se sont améliorés. Oui, je le crois volontiers, mais au profit de qui? le commun des gens n'en voit pas la couleur.

- En troisième position, mais il lui arrive d'être deuxième (selon les intérêts politiques de ceux qui demandent le sondage): José Rizo, libéral également, le candidat de l'ex-président Aleman.

- En dernière position, avec seulement le tiers des voix obtenues par Daniel Ortega, vient Edmundo Jarquin avec le Mouvement Rénovateur sandiniste (MRS) détaché du Front sandiniste. Ex ambassadeur du temps des Sandinistes, il a dû en juillet remplacer comme présidentiable Herty Lewites, mort subitement et qui avait récolté beaucoup de sympathie quand il était maire de Managua(dans cette ville c'est ce parti qui arrive en tête).Le candidat vice président a été nommé également en juillet. Il s'agit de Carlos Mejia Godoy que beaucoup d'entre vous connaissent comme chanteur-compositeur, l'auteur de "Nicaragua, Nicaragüita". Il est connu aussi par son fils, objecteur de conscience aux E-U à la guerre en IRAK.

Le MRS regroupe beaucoup de sandinistes sympathiques et sincères, déçus du Front, par exemple quatre "commandants de la Révolution",  des ex-ministres, des figures connues comme Serge Ramirez, ex vice président à l'époque où le Front Sandiniste était au pouvoir, ou bien les frères Cardenal. Ce parti est encore récent et manque un peu de clarté pour être fiable. Dommage, car les dirigeants de ce parti sont ceux qui recueillent le moins de critiques dans tous les sondages. Et Ed. Jarquin a été jugé, dans l'unique débat télévisé de la campagne, comme le plus cohérent et le plus capable. Le plus capable notamment de présenter un programme réaliste de justice sociale et de souveraineté  face aux organismes financiers internationaux pour enlever au Nicaragua sa deuxième  place de pays le plus pauvre du continent derrière Haïti. Mais curieusement tout cela ne se traduit pas dans les intentions de vote . C'est une énigme! Dans le même sens: "Daniel" a trahi les idéaux de Sandino, il s'est fourvoyé avec Aleman, etc. etc., mais il garde invariablement son électorat dur(les voix assurées). Sa base électorale lui est traditionnelle: "il sait ce qu'il fait" entend-t-on dire quand on évoque une "ombre" dans le personnage."

Et qu'est-ce que ça changera si D.Ortega l'emporte ?

"Il ne pourra pas s'attaquer aux grands traités internationaux de commerce (inégal) qu'il a lui-même votés ou laissé voter, et il ne pourra qu'obéir au FMI et à la BM s'il veut de l'argent. Par contre, oui, nous attendons  au moins qu'il fasse autrement que les trois gouvernements précédents, c'est à dire, qu'il montre une sensibilité sociale, ce qui ne s'est pas vu depuis 16 ans. "Qu'il fasse quelque chose pour soulager les pauvres, dit une voisine, même que ce soit une petite amélioration"

Pour en savoir plus sur l'action de Jean Loison au Nicaragua (il participe à différents projets humanitaires) : http://chweber.perso.wanadoo.fr/ 

03/11/2006

Les neiges du Kilimandjaro

Les neiges du Kilimandjaro sont connues dans le monde entier. Une chanson célèbre leur a même été consacrée par un chanteur tombé dan l’oubli, Pascal Danel. Des milliers de touristes viennent voir chaque année ces neiges éternelles du point culminant de l’Afrique, 6.000 mètres. Mais, selon des chercheurs, les neiges éternelles risquent de ne plus l’être, éternelles. Elles pourraient même avoir disparu dans les vingt ans qui viennent à cause d’un réchauffement du climat là haut ! Ce coup de chaud sur le Kilimandjaro n’aurait, cependant, pas de lien direct avec le réchauffement général de la planète, plutôt avec la déforestation autour du Kilimandjaro. Les forêts qui entouraient cette montagne maintenaient un climat stable, sans pics de chaleur trop élevés. Avec la déforestation, terminé ! Les neiges éternelles fondent comme neige au soleil...

En France, ce sont les glaciers qui diminuent. Ils ont été, eux aussi, victimes de la canicule et ont reculé, pendant l’été 2003, bien plus que les années précédentes. Les spécialistes constatent ces faits et craignent que la fonte des glaces n’entraîne l’éclatement de poches d’eau jusque là contenues par les glaciers. Des torrents de boues pourraient ainsi apparaîtrent et “fondre”, sans jeu de mot déplacé, sur les vallées les plus proches... Heureuses perspectives.

Pascal Danel disait dans sa chanson, à propos des neiges du Kilimandjaro : “Elles te feront un blanc manteau, où tu pourras dormir”... Fini donc, le blanc manteau. Prévoir plutôt des vêtements chauds pour le rendez-vous romantique, et un kayak biplace ou un raft en cas de fonte trop rapide des neiges !C’en est fini du romantisme....
Christian Le Meut

Erc’h ar C'Hilimandjaro

Erc’h ar c'hKilimandjaro a zo anavezet er bed ar bezh. Ur sonenn vrudet a zo bet savet war an dra se, e galleg, kanet get ur c’hanour ankoueit hiriv an deiz, Pascal Danel : “Les neiges du Kilimandjaro”. Ur bern a douristed a ya da wellet an erc’h se a bad a hed ar bloaz, ar pezh a zo souezhus awalc’h en ur vro ken tomm, Bro Tanzania. Ya, met tost echu eo get erc’h ar C'Hilimandjaro. A benn ugent vloaz ne vo ket mui erc’h war ar mennezh uhelan en Afrika (6.000 metrad a uhelded) : teuzet vo an erc’h.

Perak ta ? Tommoc’h tomman eo an amzer e Tanzania, evel amañ, met n’eo ket a gaoz d’an dra se e tay an erc’h da vout dour, met a gaos ma zo bet troc’het d’ar c’hoadoù a oa tro dro ar Kilimandjaro hag a lake an amzer da chom ingal awalc’h e kerzh ar bloaz, na re domm, na re yen. Goude bout troet ar c’hoadoù se, an amzer zo daet da vout tommoc’h e lein ar menez. Mod-se emañ an traoù get an nature pa ’vez graet un dra fall dezhi hep sonjal pelloc’h.

En Europa, en Alpes, ar skornegoù bras a ya da zigreskiñ ivez, ar pezh a zo nec’hus. Er bloaz 2003, get an tommder bras e pad an hañv, ar skornegoù a zo aet war-gil muioc’h evit ar bleadeù araok... Hervez ar skiantourion, goude bout teuzet ar skorn e vehe posupl gwellout bernioù fank diskenn ag ar mennezhioù, ar pezh a vehe danjerus awalc’h... Get ma ma ne baso ket traou sort se, nag e Europa, nag e Afrika...

Pascal Danel a gane, barzh e sonenn war erc’h ar C’hilimandjaro : “Elles te feront un blanc manteau où tu pourras dormir”... Ne vo ket mui posupl kouskiñ en erc’h ar C'Hilimandjaro. Gwelloc’h vehe tapout gwiskmantoù tomm hag ur c’hayak (pe ur raft) da risklañ war ar fank ! Achu eo get ar romantism...

Christian Le Meut

L'île mangée par la mer

Shishmaref est le nom d’une petite île proche des côtes de l’Alaska. Grande comme l'île de Houat, elle est habitée par 600 personnes, presque toutes issues du peuple amérindien des Inupiak. Pas d’eau courante dans ce bourg, pas de liaison maritime avec la ville la plus proche à plusieurs centaines de kilomètres. Il y a quelques années encore les petits avions et les hélicoptères pouvaient se poser sur la plage, qui servait aussi de terrain de football... Mais aujourd’hui, cette plage est engloutie sous l’océan. Des maisons sont tombées dans ma mer, d’autres ont été déplacées et toute la population devra partir... Pourquoi ? Parce que l’hiver n’est plus l’hiver d’autrefois, qui gelait la mer à partir du mois d’octobre. Et la glace mélangée au sable formait un rempart contre les tempêtes...

Aujourd’hui les grandes vagues mangent la petite île un peu plus chaque année... La mer ne gèle plus, et plus assez. La glace, quand elle se forme, est trop fragile. Autrefois, les pêcheurs y creusaient des trous, y posaient pièges et filets, et prenaient les poisons ou les phoques ainsi. Aujourd’hui, la glace n’est plus sûre, il faut donc, en hiver, prendre les bateaux, traverser la glace pour pouvoir avancer et affronter les tempêtes... Autrefois, les habitants voyaient des ours blancs. Ils n’en voient plus. Les ours sont partis plus au nord, mais ils voient des caribous qu’ils ne voyaient jamais il y a quelques années.

Autrefois, le froid limitait la population d’insectes et l’on pouvait faire sécher le poisson et la viande dehors. Aujourd’hui, les insectes viennent de plus en plus nombreux sur la nourriture en train de sécher. Mais le changement de climat n’a pas que du mauvais : les Inupiak sont devenus friands de mûres que l’on trouve de plus en plus par chez eux...

Un reportage paru dans libération du 19 janvier 2005 dresse un tableau de la situation. En 2002, les habitants ont voté sur leur avenir. Ils ont décidé de quitter l’île, devenue trop dangereuse, pour aller habiter sur le continent. Ils veulent que leurs maisons soient transférées, glissées, vers un nouveau village et que de nouvelles maisons soient bâties pour remplacer celles qui ne pourraient pas glisser... Cela coûterait des millions de dollars et les autorités de Washington n’ont pas l’air enthousiastes. Elle préféreraient, semble-t-il, une solution meilleure marché : transférer la population dans une ville déjà existante, mais à des centaines de kilomètres. Les habitants ne veulent pas de cette solution. Ils forment, depuis des siècles, une communauté et veulent rester ensemble.

es Inupiak habitent l’île de Shishmaref depuis plus de quatre cent ans, au moins. Mais ils ne savent pas quel sera leur avenir dans les cinq ans qui viennent. Ils ne sont pas, eux, cause du réchauffement de la planète, mais ils en sont déjà parmi les premières victimes. Christian Le Meut

Source : Libération 19/01/2005