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03/11/2006

L'île mangée par la mer

Shishmaref est le nom d’une petite île proche des côtes de l’Alaska. Grande comme l'île de Houat, elle est habitée par 600 personnes, presque toutes issues du peuple amérindien des Inupiak. Pas d’eau courante dans ce bourg, pas de liaison maritime avec la ville la plus proche à plusieurs centaines de kilomètres. Il y a quelques années encore les petits avions et les hélicoptères pouvaient se poser sur la plage, qui servait aussi de terrain de football... Mais aujourd’hui, cette plage est engloutie sous l’océan. Des maisons sont tombées dans ma mer, d’autres ont été déplacées et toute la population devra partir... Pourquoi ? Parce que l’hiver n’est plus l’hiver d’autrefois, qui gelait la mer à partir du mois d’octobre. Et la glace mélangée au sable formait un rempart contre les tempêtes...

Aujourd’hui les grandes vagues mangent la petite île un peu plus chaque année... La mer ne gèle plus, et plus assez. La glace, quand elle se forme, est trop fragile. Autrefois, les pêcheurs y creusaient des trous, y posaient pièges et filets, et prenaient les poisons ou les phoques ainsi. Aujourd’hui, la glace n’est plus sûre, il faut donc, en hiver, prendre les bateaux, traverser la glace pour pouvoir avancer et affronter les tempêtes... Autrefois, les habitants voyaient des ours blancs. Ils n’en voient plus. Les ours sont partis plus au nord, mais ils voient des caribous qu’ils ne voyaient jamais il y a quelques années.

Autrefois, le froid limitait la population d’insectes et l’on pouvait faire sécher le poisson et la viande dehors. Aujourd’hui, les insectes viennent de plus en plus nombreux sur la nourriture en train de sécher. Mais le changement de climat n’a pas que du mauvais : les Inupiak sont devenus friands de mûres que l’on trouve de plus en plus par chez eux...

Un reportage paru dans libération du 19 janvier 2005 dresse un tableau de la situation. En 2002, les habitants ont voté sur leur avenir. Ils ont décidé de quitter l’île, devenue trop dangereuse, pour aller habiter sur le continent. Ils veulent que leurs maisons soient transférées, glissées, vers un nouveau village et que de nouvelles maisons soient bâties pour remplacer celles qui ne pourraient pas glisser... Cela coûterait des millions de dollars et les autorités de Washington n’ont pas l’air enthousiastes. Elle préféreraient, semble-t-il, une solution meilleure marché : transférer la population dans une ville déjà existante, mais à des centaines de kilomètres. Les habitants ne veulent pas de cette solution. Ils forment, depuis des siècles, une communauté et veulent rester ensemble.

es Inupiak habitent l’île de Shishmaref depuis plus de quatre cent ans, au moins. Mais ils ne savent pas quel sera leur avenir dans les cinq ans qui viennent. Ils ne sont pas, eux, cause du réchauffement de la planète, mais ils en sont déjà parmi les premières victimes. Christian Le Meut

Source : Libération 19/01/2005


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