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30/09/2006

Plouhinec et les feux de l'amour

Un mardi soir, fin juin dernier, après plusieurs journées de boulot, direction la plage, à Plouhinec. Et là, surprise : personne, ou quasiment. Au loin, quelques marcheurs qui ont vite disparu. Etonnant, pour un soir de juin. Où sont les gens du coin qui viennent se promener ? Où sont les touristes ? C’est marrant, d’ailleurs, on a inventé un mot pour les “juilletistes”, un autre pour les aoûtiens, mais pas de “juinistes” ni de “septembriens”. Mais c’est peut-être une règle lexicale : les minorités trop peu nombreuses n’ont même pas de nom.

Mais ne boudons pas notre plaisir. Une plage immense pour moi tout seul, à perte de vue, youpi. La mer est (presque) tiède. Puis, au retour du bain, je me cale dans un coin pour bouquiner, face à l'Ile de Groix. Le ciel est superbe, le soleil, un peu voilé, réchauffe l’atmosphère malgré petit vent légèrement frais. J’ai vue sur la côte lorientaise à ma droite, et jusqu’à la presqu’île de Quiberon et Belle-Ile à ma gauche. Dans cette immensité, un léger sentiment de solitude m’envahit : comment se fait-il qu'un lieu si beau soit déserté en cette saison ? Ce peut-il que tous les autres soient restés... collés devant leur télé ?...

Saint Zizou, marquez pour nous !
Pas tous, non, car quelques millions de personnes travaillent, quelques centaines de milliers dorment probablement déjà et quelques millions n'en ont sans doute rien à faire de la coupe du monde de foot, comme moi. Car voilà, ce soir-là, un match de l’équipe de France est diffusé à la télé. Je ne sais plus lequel, mais les Français ont encore, à l’époque, l’espoir de gagner la coupe du monde. La finale n’aura lieu qu’une ou deux semaines plus tard. Zizou est en encore cours de béatification nationale et laïque.  Le capitaine des bleus n’a pas encore pété les plombs en mettant un coup de boule à un joueur italien provocateur... Quand quelqu’un est porté au nues par les médias et par l’opinion publique, le voir mettre délibérément un coup de boule surprend un peu.

Dans notre société personne n’a le droit de se faire justice soi-même, sauf en situation de légitime défense ce qui n’était pas le cas,  et le coup de boule est interdit. L’injure également mais quand on est capitaine de l’équipe de France on doit savoir garder son self  contrôle d’autant que la provocation fait, hélas, partie de la tactique de certains joueurs et de certaines équipes. Et Zizou, se faisant ainsi expulser, a contribué à faire perdre la coupe du monde à la France. C’était d’ailleurs le douzième carton rouge de sa carrière a-t-on appris à cette occasion... Zizou cartonnait dans plusieurs sens du terme.

Qu’un match de foot puisse intéresser, comme un bon film à suspens, je peux comprendre. Mais je n’ai jamais pu adhérer au fait que onze personnes courant derrière un ballon me représenterait en quoi que ce soit. Le beau jeu collectif, l’exploit sportif, sont des choses qui peuvent être belles à voir et à vivre mais pourquoi prendre partie pour une équipe plus que pour une autre ?  Pourquoi siffler l’équipe étrangère ? La foule en délire me ferait plutôt peur mais la solitude totale aussi. Et être seul sur cette plage immense, ce beau soir de juin, m’inquiéte un peu, non sur moi-même, mais sur mes congénères. 

Loin des zizanies
Et puis voici qu’en arrivent trois, des congénères, un peu surpris de me trouver là, semble-t-il : un trio, deux mariés et un photographe. Ce n’est pas la première fois que je vois des mariés venir faire des photos à cet endroit; ces photos qui seront vendues lors du mariage, qui resteront des années dans les albums de famille, que l’on mettre sous un cadre cloué au mur ou posé sur la télé.Les mariés sont habillés comme pour leur jour de mariage. Ils commencent par faire des photos dans les dunes, classique, puis ils se rapprochent de l'eau. Là, le marié quitte ses chaussures, la mariée aussi, et il l’a prend sur le dos pour courir pied nus dans l'eau. Original, comme idée de photo...

Puis les mariés se lâchent : roulant sur le sable et dans les vagues, enlacés, mouillés, s’embrassant sous l’objectif du photographe et dans le soleil se couchant. Je les quitte là dessus, laissant les (futurs) mariés encore dans l’eau continuer leur séances de photos. La note de nettoyage des vêtements a dû être salée...

Quant à moi j’avais vu un beau moment de vie dans un lieu magique, loin des feux de l’amour frelatés des postes de télévision, et loin, très loin des zizanies du ballon rond.

Christian Le Meut 

 

Commentaires

ouais, bof, entre un couple bobo parisien qui vient chercher de l'authentique breton en se roulant dans le sable et des bretons scotchés à leur écran tv dans l'espoir de voir du beau jeu (et il y en a eu) je me sens quand même plus breton...

tu as choisi ton camp camarade, moi j'ai le mien

gra evel ma karez te, ar vretoned hag ar v/boboed a zo daou dra

Écrit par : if | 30/09/2006

Pourquoi venir bouquiner sur la plage si le paysage est si beau ? la beauté de la nature serait-elle boiteuse après l'avoir regardé 10 minutes ?

Écrit par : nevern | 02/10/2006

c'est quoi ce policing intellectuel, c'est qui ?

s'interesser au foot c'est méprisable, depuis quand ?

c'est quoi ces nouvelles mentalités de petits bourgeois ?

je parie que celui qui a pondu cet article un rien snob a lui aussi un lave vaisselle, la télé-satellite, qu'il paie ses impots en ligne, bref un citoyen ordinaire qui se veut plus, qui se veut mieux...

retenons le meilleur moment : il la prend sur le dos, en fait le gars il regardait M6 et c'était dimanche soir

Écrit par : pidji | 02/10/2006

If : N'ouion ket mard oa an danvez pried Parisianed pe pas; Bretoned moarvat kentoc'h; Boboed a zo e pep lec'h, d'am sonj, e Paris hag e Breizh.
If : je ne sais pas si ces futurs mariés étaient parisiens ou bretons, mais vu que la scène se passaient à Plouhinec dans le Morbihan un mardi soir, il est plus problable qu'ils fussent Bretons... Pour le reste, des "bobos" il doit y en avoir partout, en Bretagne comme à Paris et ailleurs.
nevern : est-ce incompatible d'admirer un paysage et de lire quand on reste plus de dix minutes dans un endroit ?
pidji : je ne crois pas mépriser le fait de s'intéresser au foot, je m'inquiète plutôt de la passion hystérique de certains et du phénomène de masse (un brin hystérique lui aussi). Je ne me sens pas supérieur aux autres mais j'use de mon droit à la critique sur le monde dans lequel je vis, et auquel je participe. Enfin je paie mes impôts par chèque ou Tip, je fais ma vaisselle à la main et je n'ai pas la télé (ni satellite ni rien) ce qui me donne plus de temps pour admirer la beauté du monde. Kenavo

Écrit par : christian | 03/10/2006

Non, bien sûr comme il n'est pas incompabible de rester devant la télé voir un match de football même si le paysage est magnifique.

Votre note remplie d'idéalisme ne serait pas violente si elle ne s'accompagnait pas de réflexions sur la violence, notamment celle du football et des autres: que font les autres? Serais-je le seul, le dernier à ne pas être enchaîné à la machine grégaire et à profiter de ce paysage si beau? cette solitude?. Pourquoi ne font-ils pas comme moi?

Mais bien sûr, c'est Rousseau et derrière vient l'ami Robespierre.

Votre note me fait penser aux dernières nouvelles des succès cinématographiques que me viennent de France. Une histoire de pinguoins marchant des heures: c'est blanc, c'est propre, c'est du sacrifice, c'est comme le thon naturel...et aucun humain pour polluer l'image.
Ou, alors: toujours une production de Jacques Perrin. Des oiseaux qui se tapent encore des kilométres des pays froids aux pays chauds. Pareil: c'est beau, c'est propre, c'est majestueux...et aucun humain pour polluer l'image.
Ou alors, la dernière: Un enfant qui a une voix d'ange (autre production: Jacques Perrin): c'était avant, c'était beau, c'est l'enfance.
Bref, n'y aurait-il pas du Monsieur Propre dans tout cela. Certes, l'écologie est comme la Chine en train de se réveiller mais si elle se transforme en dictature de la bonne conduite. Merci.

La boucle se boucle: serait-ce l'amour qui nous sauvera? bien sûr. Seuls, ceux qui s'aiment sauveront le monde. Les feux de l'amour, collection arlequin.

Une proposition: "L'infini dans les yeux de mes semblables n'est jamais monotone". Ce n'est pas de moi. mais de Jean-Michel Maulpoix.

Écrit par : Nevern | 03/10/2006

Nevern : merci pour votre commentaire, mais j'aimerais savoir en quoi mon texte serait "violent". Oui, les phénomènes de masse m'inquiètent, surtout quand ils s'accompagnent d'une évacuation de l'esprit critique et du libre arbitre...
Hasta luego !

Écrit par : christian | 05/10/2006

D'autres commentaires l'ont spécifié. Votre note a un ton condescendant et hautain et évoque dans le mécanisme ce que font moi et ce que font les autres tous les avatars de la violence de la morale.

En quoi, le spectacle du football serait méprisable (cela a été posé et non répondu) et en quoi c'est une évacuation de l'esprit critique. Si c'est principalement de l'émotion et le sentiment de faire partie de quelque chose qui est senti, et surtout une catharsis affectif et salutaire.

Personne ne vous oblige à vous installer dans un car de supporters et d'aller crier un amour pour des couleurs à l'autre bout de la France.

Vous me faites penser à une blague récente, ici sur ces bonnes gens qui font la charité et donnent quelques pièces à des mendiants aux feux rouges, et qui disent, selon Peppinato "Et surtout n'allez pas le boire" "Que voulez-vous qu'ils fassent des économies pour acheter le dernier prix goncourt !".


Votre texte respire la violence. Car si eux au moins, les spectateurs de football se plongent et s'oublient, dans leurs émotions. Vous, au lieu de nous faire part des vagues, des goélands et de la couleur du sable, et nous mettre un lien sur Debussy. Pourquoi pas ?. Vous nous entretenez de ce que font les autres. On l'a vu: le sage qui va méditer dans la montagne et revient avec des articles de loi et des dogmes plein les poches en disant "J'ai tout compris, Dieu m'a parlé!".


Le bleu et l'horizon ne se donnent pas et comme dit Jean-Michel Maulpoix "ceux qui regardent, contemplerait l'enigme de leur vie" et non sans doute une pseudo-croisade de la raison ou des réflexions sur la violence illégitime ou non. Desproges le dit, aussi bien et d'une autre manière, en qualifiant "L'ouvrier-zingueur de Tournai, qui à Jean-De-Luz, rouge pivoine, les poings sur les hanches, les pieds dans l'eau, regarde l'horizon et se demande ce qu'il fout là."

Tous ont raison. La nature est vide. Vous la remplissez un oeil sur le livre, de vos méditations sur le monde. JMM de l'enigme et Desproges est le plus près du sens.

Mais forcémment l'anecdote quand elle se mêle avec la morale a force d'exemple.



Hasta luego

Écrit par : Nevern | 06/10/2006

Bonjour Nevern :
"Qu’un match de foot puisse intéresser, comme un bon film à suspens, je peux comprendre" : c'est dans le texte. Je ne méprise pas le spectacle sportif comme je l'indique. Non, je ne suis pas obligé d'aller dans un car de supporters, mais je suis obligé d'entendre parler de la coupe du monde de foot par médias interposés, et pendant des mois; d'avoir à me justifier mon absence d'intérêt auprès de certaines personnes; d'avoir à subir les manifestations bruyantes dans la ville où j'habite à chaque victoire de l'équipe de France... Et puis surtout, oui, je constate la mise à l'écart de l'esprit critique de certains médias, de certaines personnes, dans ce genre de circonstances, notamment par rapport au geste de Zidane qui a contribué à faire perdre son équipe. Jugement moral, et pourquoi pas ? Je n'impose pas ma morale, je l'exprime, il y a une différence. Et puis il y a des lois, les rappeler n'est pas inutile non plus car elles servent à vivre en société et à limiter la violence. Et puis, oui, je rêve un peu, parfois, qu'au lieu de sortir dans les rues pour crier leur joie que l'équipe de France de foot ait battu une autre équipe, des gens, des foules sortent pour dire leur joie qu'un traité de paix a été signé quelque part dans le monde, qu'une guerre s'est arrêtée, qu'une découverte scientifique a été trouvée, que les médecins ont sauvé tant de vies ce jour-là, que le nombre de morts diminue sur les routes, etc. De vrais évenements, quoi, mais là encore, c'est une affaire de jugement. Chacun le sien.

Écrit par : christian | 06/10/2006

bonjour christian:

Ce qui serait reprocher dans votre note ne serait pas vos propos moralistes ou l'approche que vous faites mais l'anecdote, la scène, le descriptif dans lequel vous faites cette morale. Et cette impasse dans laquelle vous mettez le lecteur: le tout grégaire et affectif dans le stade confiné avec les personnes en transe tribale, suant et le seul, sage, dans la nature majestueuse, réfléchissant. Si cela n'est pas du grand écart. Si cela n'est pas une impasse et un choisis ton camp camarade, avec dans la petite chambre de bonne une haine de l'autre. Qu'est ce alors ?

Anecdotique et vrai: Il déambulait une coupe de champagne, dans la main, après la conférence qu'il venait de donner dans le salon doré de l'Alliance francaise de Buenos-Aires. Je m'approche pour lui poser une question justement sur le football et sa charge affective, sa charge d'identification. Effectivement, ayant vu dans la rue, un jeune avec un tee-shirt avec les couleurs de son équipe sur lequel écrit: "Eso no es una remera, es mi piel" "Ceci n'est pas un tee-shirt, c'est ma peau" (tee-shirt que nous ne voyons plus), je m'inquiéte un peu. Marc Augé m'écoute et me répond: "Bon, vous savez le manque d'identification, serait pire". Ah!.

Votre texte premier faisait l'amalgame et ceux qui regardaient le match de foot étaient eux. Maintenant, on y voit plus clair: les médias. Oui, sûrement. Pourrait-on demander au caméraman de ne pas filmer sur le terrain un visage grimacant de souffrance après un tacle assasin et plutôt une jolie fille dans les tribunes ? Pourrait-on demander aux journalistes de tempérer leurs propos pour éviter un phénoméne de contagion ? Mais cette question se discute dans la bibliothéque ou à l'université et non sur le bord de la mer.

James Frazer catalogue le football comme un rituel d'expulsion publique et de citer la soule : un rituel de fécondité, le ballon étant offert par la derniere mariée, il me semble. Et bien sûr, l'équipe ou le village réussissant à la mettre dans le camps adverse aura les meilleures récoltes. (Tout comme le maire s'appuie aujourd'hui son équipe pour gagner les élections). Bref, entres deux productions, on sacralise le champs en expulsant les démons : rituel agricole. Mais voilà, de récoltes neny, de temps sacré et temps profane, neny. Voilà, remontons à la source: le lieu du stade de part la catharsis affective ne serait pas le lieu de production d'une certaine violence, mais le lieu d'expulsion. Mais je m'égare.

Bref, il ne s'agit pas d'évacuer les questions du grégaire, de l'individu, de l 'identification collective, de la morale, du spectacle de la violence mais de les penser dans un collectif où tout le monde est impliqué et non désigner du doigt les pratiques culturelles à abolir et celles à conserver.

Le goeland qui plane, au ras de vagues ne vous répondra pas quand vous lui exprimerez un certain dégoût ou inquiétude du monde. Il s'en fout. Les questions de la place publique se posent sur la place publique par le débat contradictoire. Mais, il semblerait que l'angoisse d'un monde qui se transforme rapidemment ô combien ferait naitre en son sein un espèce d'écologisme radical, une tentation de l'innocence où les paysages magnifiques donneraient les certitudes définitives. Les pingoins marchent et marchent et les banlieues flambent.

Quant à Zidane, si les lois qui nous régissent étaient les mêmes que celles du football, nous n'aurions pas un arbitre, mais un policier sur le terrain et dans le rond central: une machine à café, deux à taper le carton et des meubles administratifs. Le cadre est autre. Sur son coup de boule, je me suis exprimé sur votre blog et m'exprimerais encore plus sur ma page, sur cela et ce qui vous évoquez le débat sur les styles de vie, la compréhension de ses styles de vie.

Relisez Aristote, en morale, il prone la modération. Nous sommes une collectivité, débattons!. Et allez jusqu'au dernier chapitre: la contemplation pour faire comme les Dieux et les dieux ne jouent pas au football !

Écrit par : Nevern | 06/10/2006

l'écologie d'il y a 20 ans ça avait quand même plus de gueule : un peuple qui se lève pour gueuler "marée noire y en a marre" ou nukleel nann trugarez ça me remue plus les tripes que les marchés bios et les petites boutiques équitablement écologiques et qui nous vendent de la bonne conscience au grain de riz ou à la petite cuillère à thé...

jean marie kerloch et alphonse arzel forever, jozé bové nicolas hulot da gousket!!!!!!!!!

if

Écrit par : if | 06/10/2006

Nevern : quand je vais à la plage, ce n'est pas pour y être seul (quand j'y vais seul), en général il y a du monde. Ce soir là, c'est le vide qui m'a surpris; il peut me convenir d'ailleurs d'ailleurs, mais trop longtemps...
Vous écrivez "le lieu du stade de part la catharsis affective ne serait pas le lieu de production d'une certaine violence, mais le lieu d'expulsion. Mais je m'égare". Je ne crois pas que vous vous égariez. Le sport, dans sa pratique personnel ou collective, peut-être une façon de canaliser sa violence ou son agressivité. Mais je ne crois pas que le stade soit un lieu "d'expulsion" de la violence; il est plutôt un lieu où l'expression de la violence est tolérée, plus qu'en dehors. Les insultes à caractère racistes, les bagarres dans les stades ou proches, le montrent. Et cette violence là pourra être reproduite dans d'autres domaines. Le spectacle médiatique actuel du foot professionnel alimente le chauvinisme et l'esprit de compétition à tout prix, plutôt que l'esprit d'ouverture et de coopération.

Écrit par : christian | 07/10/2006

If: Vous touchez du doigt du vrai que trop jeune, je n'ai pas connu les manifs contre Plogoff par exemple ou "Non, aux marées noires"...la résignation et l'obéissance !!! bah. Je m'interroge aussi : se soulager la conscience en achetant du café commerce équitable dans le supermarché...n'est ce pas une récupération d'une certaine tension qui souhaite changer le monde ?

Christian: si votre texte évoque le juste milieu dans le souhait d'être accompagné sur la plage, il serait économiquement souligné. Pas assez developpé, il en reste ce que j'ai voulu exprimer. Vous présentez des contraires qui s'entrechoquent, irritent et alimentent des radicalismes.

Vous voyez une violence tolérée dans le stade, alors que le rituel d'expulsion publique a une vertu curative. La violence devrait être sublimée dans le jeu. Elle est là, la tentation de l'innocence: penser que la violence dans le corps n'a pas pour objectif d'être sublimée. Si je vous dis corps à corps: les images évoquées pourront être: des gladiateurs s'entretuant dans l'arêne sous le regard de la foule. Mais cela pourrait être aussi le corps à corps amoureux dans lequel l'intime s'initie à la volupté, à l'autre et à un autre temps: un effort violent qui se transforme en amour. "Ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain". Si des injures à caractéres racistes, des bagarres apparaissent, ils ne seraient pas le fait du spectacle du football en lui-même mais des conditions et de ceux qui le créent: les quelques qui voient dans ce rituel, la possibilité non de sublimer la violence mais de lui donner la parole.
Voilà, comme tout rituel, il balance entre deux mondes et entre deux transformations. L'un vers la réussite, l'autre vers la régression.
Toujours sur le même sujet, vous défenseur de la langue bretonne et de son renouveau. Que diriez-vous si dans les places populaires à côté des gwenn a du, des chants ou des rythmes poétiques fleurissaient en langue bretonne ? Ne serait-ce pas un formidable tremplin pour la langue, les jeunes...? (je viens de recevoir un email du parti breton qui allait dans ce sens). Pourquoi l'amalgame concernant le fooball et non voir les conditions du regard sur la sublimation affective qui est censée se mettre en place ? Pourquoi alors que vous parlez de morale, de bien et de mal, ne pas considérer que des extrêmes nous gouvernent: le jour-la nuit, le masculin-le féminin...etc mon équipe- l'autre équipe. N'avez-vous jamais demandé à des gens qui ont beaucoup d'amis de leur dire qui étaient leurs ennemis et eux de dire que non ils n'ont pas d'ennemis, comme s'ils ne connaissaient que le jour et non la nuit ? Pourquoi cette tentation de l'innocence sur la catharsis qui est une expulsion d'une certaine violence sur l'individu dans des rituels? Que certains souhaitent que la fête dégénère oui? Que d'autres: l'émotion se sublime et crée du lien, du culturel, une communauté qui joue. Comme dans certains mariages, où la mariée pleure, malheureusement et dans d'autres, où elle rie.

D'où, mon interrogation de départ sur le côté boiteux de la nature et l'impossibilité de comparer ou penser une plage déserte ou trop déserte avec un stade rempli ou un living en attente du tragique du jeu.

Pour conclure sur votre rêve d'identification des gens à des événements dits effectifs : un traité de paix...etc. Des questions de raison et de logique n'auraient pas besoin de la catharsis affectif et si cela serait le cas, il serait le fait de populations adultes. Lionel Messi, le joueur argentin de Barcelone, a fait augmenter la facturation des marques qu'il sponsorise de 37 %. Pourquoi ? parce que les "jeunes" s'identifient. Je doute qu'ils s'identifieraient à un politique qui leur dirait: "La rue est à vous, on a abrogé le 49.3...youpi....". Toujours d'une certaine maniére la tentation de l'innocence. Il est vrai cependant que mon écran de télévision me renvoyait pendant la coupe du monde peu de visages jeunes et plutôt des gros bouffis pas toujours en pleine forme. Je le concède.

Pour conclure (entre nous, vous êtes chez vous, vous fermez le fil et les commentaires quand vous le voulez), je m'étonne que vous ne voyez pas le tremplin du football pour la langue bretonne, la nécessité de lister les désagréments d'une passion collective, de l'étudier et de proposer de réformes et non des anathémes.

hasta luego

Écrit par : Nevern | 07/10/2006

une question pour Christian : t'es tu déjà rendu au stade pour une rencontre de type L2 ou L1? tu réviserais sans doute ton jugement sur le côté raciste que tu évoques

au début des années 80 quand mon père m'emmenait au stade j'étais très choqué et ce malgré mon très jeune âge par les constantes insultes racistes et autres invitations à retourner "de là où tu viens s... bicot" etc...

aujourd'hui un spectateur qui se risque à ce genre d'invectives s'essuie des remontrances crues de ses voisins

et puis il y eut France 98 et cet espoir black blanc beur... le toucher magique de Zidane, plus tard c'était le jeu agile et racé de Thierry Henry qui faisait chavirer le (TV)spectacteur, Luis Fernandez était descendu bien avant 98 micro en main sur la pelouse du parc pour demander que cessent les cris de singes dans les tribunes du virage de Boulogne dès qu'un noir touchait le ballon...

aujourd'hui je ne vois pas beaucoup de lieux ou le talent des gens de couleur s'exprime dans toute sa mesure : l'accès aux emplois qualifiés reste inéquitable, l'élite reste blanche immaculée...

a t on vu des spectateurs s'en prendre à Frank Ribéry fraichement converti à l'Islam lorsqu'il prie paumes de la main ouvertes vers le ciel?

alors où est le racisme dans le foot? je ne vois pas, non...

de grâce M. Le Meut, descendez dans l'arène, encanaillez vous avec la plèbe et cessez de vous pamer devant de jeunes romantiques écervelés à l'esprit vacant comme ces deux niais qui se roulent dans le sable à la tombée de la nuit, n'a t ton pas idée? franchement... cette image me rappelle le bain de boue de Woodstock (voyez le film) , constamment repris dans les festivals anglais depuis... les cabines téléphoniques prises d'assaut pour sommer papa de venir chercher fiston après 3 jours de paix, d'amour et de musique : une illusion de bonheur et de liberté, jouissons sans entraves, il est interdit d'interdire, après moi le déluge, on voit le résultat aujourd'hui...


if

Écrit par : if | 07/10/2006

Nevern : Un plaisir du blog est, justement, l'échange d'idées, je ne vois donc pas pourquoi je couperais court, la seule limite en l'occurence étant la disponibilité des interlocteurs. Je veux bien croire que d'entendre chanter ou hurler en breton dans les stades serait un signe de bonne santé de la langue, sur awalc'h, (peut-être que cela se fait d'ailleurs) mais je n'apprécie pas l'état et l'évolution de la société dans laquelle je vis uniquement à ce critère, même s'il est important. Aucune langue n'immunise contre les phénomènes de masse, contre le totalitarisme ou la dictature.
If : Les phénomènes de racisme de supporters contre des joueurs (Noirs, maghrébins...) sont avérés, cela dit j'ai peut-être commis une généralisation abusive. Si le fait que l'équipe de France soit black-blancs-beurs fait reculer les préjugés racistes en France, c'est tant mieux, mais je n'en suis qu'à demi persuadé. Enfin, je suis aussi dans l'arène, je ne vis pas en ermite. Mais chacun sa manière d'y être. Kenavo.

Écrit par : christian | 07/10/2006

Christian: Il existe toujours autant de bon arguments pour dire qu'un verre à demi vide est plein et vice versa. Un peu la même chose concernant le thême évoqué: grégaire et plébe contre individu et patricien !. C'est pour cela qu'à un certain moment, le débat n'est plus productif et qu'il faut retourner dans la bibliothéque ou observer au plus prés comme le fait If. Car en attendant, lui, il précise des faits et vous surfez sur les grands mots: totalitarisme, dictadure, phénoméne de masse...etc. Des grands mots encore dans le vide si vous ne leur donnez pas leur consistance.

Que le football ne vous plaise pas, c'est une chose. Que le bruit de ceux qui fêtent aussi, sans doute avec raison, mais cela raméne aux politiques de lutte contre le bruit dans la ville, ni plus ni moins.

Entre nous, affinez votre critique et peut-être essayez de comprendre ce que vous ne pouvez pas comprendre. La vie est courte, je ne vois pas pourquoi vos méditations romantiques au bord de mer priveraient les gens d'un plaisir sous prétexte que vous ne le comprenez pas. Attention, ceci n'est pas un chéque en blanc concernant la pratique actuelle du football.

Simplement, votre angélisme évoqué me semble dangereux et contreproductif. Modération dans les jugements moraux, ni plus ni moins. Les autres ont droit d'être différents et nous de ne pas comprendre leurs plaisirs. Angélisme renforcé par cette scène de fin et le méli-mélo dans lequel vous mettez tout cela: "loin des feux de l'amour frelatés de la télévision".

Entre nous, cheval fringuant contre cheval couché!, que la série colombo soit doublé en breton, c'est bien, mais je souhaiterais que le porno de canal plus, aussi le soit. Car entre deux galipettes, ils disent des choses. Pourquoi ne serions nous pas comme tout le monde ?

Écrit par : Nevern | 09/10/2006

hag evit ober ar yezh un tamm e tegasin soñj eus un "arvest" eus ar re gaerañ em boa gwelet ur pemp bloaz bennak zo kostez an aberioù, dont a ra damdost eus "arvest" an 2 amourous o ruilhañ en traezh :

bez e oa en em gavet war vord ar mor ur stropad tud chic eus a vro "enezenn bro c'hall" a oa o paouez lammat eus mell kirri doare renault espas hag all ha tout... an holl anezho o doa gwisket treuzwiskamanchoù droll : ur seurt "costume breton" ha ne glote tamm ebet gant hini ar vro, livioù ruz, melen ha glas flamm, seurt orlajennoù seiz milc'hoarzus, ruz tan o nijal en avel ha boutoù kalz re cheuc'h evit ur vro ken paour ha teñval gwechall kozh...
edont en em gavet evit un eured (lod o dije divinet)... marteze e oa ganto un nebeud gwrizioù bennaket er vro pell pell milbell eus an amzer a-vremañ
edont o lammat amañ hag a-hont memes mod hag hini peus menneget gant an 2 amorous, laouenidigezh enno sur...

lakaet e oan bet diaes gant ar re se, gant ar sell nevez edont o reiñ d'an trowardroioù : folklorachoù ken a garc'h... evel ma ne vije bet eus un ugentved kantved en hor vro deomp ni, evel ma ne vije bet tud paour ebet er vro, pe vije gwechall pe bremañ, evel ma oa ar vro deut da vezañ o bro dezho... memes tra evit da amourouzed : c'hoari o chas diroll e-giz se evit diverkañ holl roudoù eus tud ar vro : pesketourien ebet mui, pouloutennoù mazout ebet, kazieroù pesketa ebet, merc'hed o rouzañ ? ket, aet an holl anezho kuit, gant o bugale o huchal war o lerc'h, plankennoù dre lien ? tra !... privatizet ar vro, gwerzhet tout, pebezh tristidigezh, pebezh follentez... setu ar pezh a wellan an deiz warlerc'h : motoioù skido o kas trouz ha reuz bras, pennoù broc'h pinvidik ha n'int ket ken troet gant chistroù romantel evel an 2 amourous, an hevelep gouenn avat!

if (ha pik achu war an danvez se)

Écrit par : if | 09/10/2006

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