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05/10/2006

Radio : c'est l'automne, les heures de breton se ramassent à la pelle

 Chronique diffusée sur Radio Bro Gwened mercredi 4 octobre :

"Voici venue l’automne et, avec elle, les nouvelles grilles de programmes sur vos radios et télévisions préférées. Sur Radio Bro Gwened, vous avez désormais le bonheur d’entendre ma jolie voix et mes chroniques tellement intéressantes quatre fois par semaine au lieu de deux ! C’est  beau le progrès ! La rubrique que vous entendez maintenant en français sera donc rediffusée vendredi soir vers 20 h 15. De la même façon la rubrique en breton, diffusée le vendredi matin à 8 h 15, une heure très matinale donc, sera rediffusée le soir même vers 18 h 30 pendant l’émission d’Andréa Le Gal. C’était une vieille revendication de ma part, mais la direction de Radio Bro Gwened faisait de la résistance. Il faut dire qu’elle est très résistante, la direction, mais face à mes menaces d’entamer une grève de la faim dans les locaux mêmes de la radio, elle a cédé ! Ici, la bouffe, c’est sacré (et la boisson, je ne vous dis pas).

France Bleue Breizh Izel : bilingue ? 
Mais ce n’est pas facile, la vie  de directeur de radio comme je vais vous le montrer maintenant concernant une autre radio, publique celle-ci, c’est pourquoi je m’autorise à en parler ici. Il s’agit de France Bleue Breizh Izel, radio publique émettant de Quimper. Cette radio est censément bilingue, c’est même la seule radio publique bilingue français-breton. Mais, au fil des années, les programmes en breton se réduisent comme peau de chagrin. Ainsi le matin les auditeurs du matin ont droit à... neuf minutes de breton, ça ne fait pas beaucoup. Soit un flash d’information de trois fois trois minutes diffusé à une heure d’intervalle de six à huit heures trente le matin entre le dernier tube de la Star ak, de Johnny ou de Lara Bafian.

Il y a cinq ans, lorsque j’ai commencé mon apprentissage du breton, j’avais décidé d’écouter ces informations mais, malgré la qualité du travail des journalistes bretonnants de France Bleue Breizh Izel, je dois avouer que Johnny ou Lara ou la Starak, le matin, au réveil, c’est particulièrement éprouvant. J’ai le réveil lent et difficile mais alors là, j’éteignais vite mon poste au risque de ne pas me réveiller avant des heures pour évacuer le stress... Alors j’ai abandonné. Je suis resté sur Radio Bro Gwened où la musique matinale est  moins traumatisante et les programmes sont tout en breton jusqu’à 9 h. Le bonheur... Sauf que je ne suis pas toujours réveillé à neuf heures mais bon maintenant je peux écouter l’émission matinale le soir, puisqu'elle est rediffusée, c’est encore mieux.

Cinq heures de moins par semaine...
Détaillons donc les programmes en breton sur France Bleu Breizh Izel : le matin, donc, neuf minutes; le midi et l’après midi : quelques secondes distillées par ci par là mais aucun vrai programme en breton, netra bet,  restait l’émission du soir. 18 h 30 - 21 h, un long créneau tout en breton, interrompu juste par un flash d’information en français à 19 h. Je faisais donc quelques infidélités à Radio Bro Gwened pour écouter la concurrence. Mais, cette année, mauvaise surprise : l’émission du soir s’arrête désormais à 20 h au lieu de 21 h. Au début j’ai cru que c’était du provisoire, mais non, c’est du provisoire qui dure. Après 20 h les auditeurs ont maintenant droit à une émission en français mais sans intérêt (à mon goût).

Ainsi, cinq heures hebdomadaires de breton ont été supprimées sans aucune explication par la seule radio régionale publique “bilingue” en Bretagne. Cinq heures sur une vingtaine avant l'été, ça fait quand même beaucoup. A ce rythme là de débretonnisation, il n’y aurait plus un mot de breton sur cette radio dans trois ans. En mars dernier une manifestation avait été organisée devant le siège de FBBI à Quimper par un collectif d’auditeurs. Il s’agissait de protester contre une nouvelle émission animée par Patrick Sabatier sur l’heure de midi, remplaçant des programmes jusque là produit par les régions. A cette occasion le directeur de la radio avait rencontré une délégation qui comptait, notamment, Patrick Malrieu, président du Conseil culturel de Bretagne, Kristian Guyonvarc’h, Jean-Pierre Thomin et Mona Bras conseillers régionaux. Lors de l’entretien le directeur de la station déclara que, je cite, « Les heures de diffusion en langue bretonne sont sacrées, il n’a jamais été question de diminuer le nombre d’heures de programmation en breton…».

 ... Mais Sabatier est toujours là !
Six mois plus tard l’émission de Patrick Sabatier figure toujours dans les programmes de France Bleue Breizh Izel mais cinq heures de programmes en breton sont passés à la trappe, pourtant ils étaient “sacrés”, selon M. le directeur. Celui-ci prend le risque d’une nouvelle manif devant ses locaux; et puis un autre risque, celui que l’on arrête d’écouter sa station; après tout, il y a d’autres chaînes en Bretagne qui font une place sérieuse à la langue bretonne, ainsi qu’au gallo.

Ainsi j’ai compté plus de trente heures d’émissions en breton par semaine sur Radio Bro Gwened, sans compter les cours de breton d'Albert Boché ni l’émission en gallo du mercredi soir. Mais, après tout, nous pouvons constater que si la langue bretonne a désormais une vraie place à l’école, et encore il y a des écoles bilingues dans seulement 8 % des communes de Bretagne,  et une  place dans les médias (radio, papier), c’est d’abord par la volonté d’une partie de la population qui a créé et soutenu des associations comme Diwan, Divyezh (bilingue public) ou Dihun (bilingue privé) ou encore les radios associatives bretonnantes. Il est dommage, cependant, que le service public de l’audiovisuel français n’assume pas mieux son rôle d’être au service de tous les publics et de la diversité culturelle et linguistique existant en France depuis des siècles. Diversité qui est, plus que jamais, une réalité.

Christian Le Meut

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