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25/06/2008

Sénat : les parents d'élèves des écoles publiques bilingues pas d'accord

Kemenadenn a-berzh Div Yezh/Communiqué de l'association Div Yezh :

"Div Yezh association de parents pour l’enseignement du breton à l’école publique regrette le rejet par le sénat de l’amendement visant la reconnaissance des langues régionales dans la constitution. Les débats ont montré avec quel mépris certains sénateurs considèrent les différentes cultures de France, et par la même occasion les citoyens locuteurs de ces langues. Selon les sondages les plus récents, 68 % des Français sont favorables à l’inscription d’une mention sur les langues régionales dans la Constitution. Les sénateurs ne sont donc pas en phase avec la population française.

La reconnaissance des langues n’a pas qu’un aspect purement symbolique. Les instances internationales et les linguistes savent qu’une langue qui n’est ni suffisamment enseignée, ni présente dans la vie publique est une langue qui meurt. Div Yezh rappelle que chaque année des projets de classe bilingue breton-français ne voient pas le jour en raison de cette absence de reconnaissance. La demande des parents n’est pas respectée et ce sont leurs enfants et la langue bretonne qui payent.

Une grande partiedessénateurs de Bretagne a soutenu ce projet en faveur des langues régionales : Charles Josselin (22-PS), Claude Saunier (22-PS), Louis Le Pensec (29-PS), François Marc (29-PS), Yolande Boyer (29-PS), Charles Gautier (44-PS), Odette Herviaux (56-PS) et Joseph Kerguéris (56-Union centriste). Merci à eux. Gérard Le Cam (22-PC) s'est abstenu et Philippe Nogrix (35-Union centriste) n'a pas pris part au vote.

Par contre, les sénateurs suivant ont voté contre : Alain Gérard, (29-UMP), Michel Esneu (35-UMP), Yves Fréville(35-app. UMP), Gisèle Gautier (44-UMP), Josselin de Rohan (56-UMP) et André Trillard (44-UMP)

Div Yezh encourage les députés et les sénateurs ayant voté pour l’inscription des langues régionales dans la constitution à poursuivre leur action et invitent les autres à ressaisir, afin que les citoyens français locuteurs de langues régionales soient, pour paraphraser Aimée Césaire, des Français à part entière et non plus des Français entièrement à part. Ne laissons pas quelques censeurs, issus du XIX°siècle, imposer leur peur de la différence et une conception désincarnée du citoyen français. La réforme constitutionnelle est loin d’être terminée, les langues régionales doivent être reconnues et protégées.

Paul MOLAC Président de DIV YEZH"

20/06/2008

Sénat : petits commentaires sur un débat

Le refus du Sénat de modifier la Constitution afin d'y accorder une place aux langues régionales ne clôt pas le débat : les députés porteurs du projet à l'Assemblée nationale reviendront à la charge, qu'ils soient socialistes (Mme Lebranchu), ou UMP (Le Fur). Le parlement, réunion du Sénat de de l'Assemblée, se réunira en juillet et c'est seulement après le vote final de modification de la Constitution que l'on pourra tirer des conclusions de cet épisode parlementaire. Pour l'instant, un aspect positif, me semble-t-il, est que ce débat met les langues régionales en discussion en France, ce qui n'a pas été le cas depuis longtemps. Nous passons d'un stade de non-existence, d'ignorance, de non-débat, voire de mépris, à un stade de prise en compte. C'est une avancée, même si certains propos tenus sont désagréables.

Et l'Europe ? 
J'observe cependant que des vieux clichés ont toujours cours, notamment celui de porter le discrédit sur les langues régionales en niant le fait qu'elles soient des langues (lire ci-dessous les propos du sénateur Autain, de Loire-Atlantique). Certains sénateurs ont montré leur profonde ignorance sur la question des langues. J'observe aussi, dans les discours de nos élus, qu'ils soient sénateurs ou députés, l'absence totale de prise en compte de ce qui se passe en Europe. Robert Badinter craint, par exemple, que l'amendement en question ne permette l'adoption de la Charte européenne des langues minoritaires. Celle-ci a pourtant été signée par... Lionel Jospin, alors  premier ministre, avec moultes précautions (1) ! Entre socialistes, ils n'ont pas l'air de s'entendre.

Or cette charte est en application depuis des années maintenant dans une vingtaine de pays d'Europe. Quelles difficultés cela pose-t-il ? Est-elle un facteur d'intégration ou, au contraire, de tension ? Fait-elle avancer les droits de l'Homme ? Notamment pour les populations qui, dans certains Etats, ne parlent pas la ou les langues officielles ? On n'en saura rien, à écouter nos élus du peuple... Ni non plus, dans la presse, à ce que je peux en lire. On ressasse, par contre, les vieilles peurs comme l'a dit, fort justement, le sénateur David Assouline. Quant à l'intérêt du bilinguisme précoce à l'école : quasiment ignoré (2).

La place du français
Même chose pour la place du français. Robert Badinter encore, a pointé la place essentielle du français dans la construction de la France. Là encore, aucun recul, aucune prise de distance : l'imposition d'une langue unique pour construire une nation est-elle un moyen juste, suffisant, pour bâtir une société démocratique et respectueuse des droits de l'Homme ?  Un Etat est-il en droit d'imposer une éducation dans une autre langue que la langue maternelle, comme celà s'est fait en France, et en cherchent à éradiquer ces langues maternelles ?  Pas de réponse. Par contre, des sénateurs se sont moqués d'un récent rapport du Comité économique et social de l'ONU pointant les manquements de la France par rapport aux minorités linguistiques.

L'insistance de M. Mélenchon
Enfin, j'ai noté l'insistance de M. Mélenchon à affirmer que la France n'opprime pas les langues régionales. Une telle insistance est suspecte ! M. Mélenchon base-t-il cette affirmation sur des faits, ou s'agit-il seulement d'un argument de propagande ? Il dit avoir été insulté par des partisans des langues régionales. Si c'est le cas, c'est dommage. L'insulte personnelle est contraire à l'esprit démocratique. Mais quand il traite l'association Diwan de "secte", comme il l'a fait lors d'un débat récent au Sénat, M. Mélenchon cherche-t-il à apaiser le débat ? Mais, a-t-il expliqué, qu'il "parlait à son voisin"... Suffisamment fort toutefois pour être entendu et pris en compte par les secrétaires du Sénat. 

La suite au prochain débat, car il y en aura d'autres.

Kenavo deoc'h !

Christian 

(1) Sur les précautions prises par le gouvernement Jospin lors de la signature de cette Charte (finalement retoquée par le Conseil constitutionnel et non ratifiée), voir le site du Conseil de l'Europe :

http://conventions.coe.int/Treaty/Commun/ListeDeclaration...

(2) Lire également sur le site Oui au breton, cet éloge du bilinguisme scolaire précoce :

ttp://ouiaubreton.com/spip.php?article4847 

  

19/06/2008

Sénat : contre les langues régionales dans la Constitution

Dec'h ar senadourion o deus votet a-enep chañch bonreizh Bro-Frans evit anavezout ar yezhoù rannvroel, ar pezh a zo dipitus. Lâret traoù eo bet a-dreuz get senadourion a zo, evel da gustum, hag ivez get tud a-Vreizh, evel ar pezh a zo bet lâret get ur senadur a Liger Atlantel François Autain. Razh ar senadourion n'int ket yezhourion, pell a zo !

Hier les sénateurs ont donc voté contre le fait que la Constitution française reconnaisse officiellement les langues régionales, ce qui constitue une déception. Certains sénateurs ont montré leur méconnaissance du sujet, notamment ce député socialiste de... Loire Atlantique, François Autain. Les sénateurs ne sont pas des tous des linguistes, loin s'en faut ! M. Autain oublie de mentionner, parmi les dialectes du breton, celui de Guérande, proche du vannetais, qui se parlait dans son département il y a moins d'un siècle. Les bretonnants guérandais allaient vendre leur sel dans le Morbihan et jusqu'au Finistère nord, et parvenaient à se faire comprendre, en breton de leurs compatriotes, démontrant ainsi qu'il y a bien une seule langue bretonne avec des dialectes. Je note également que dans son intervention, M. Autain ne propose rien, il ne fait que démolir en se basant sur des connaissances pour le moins partielles. Dommage, pour un élu du peuple, de si mal connaître une langue du peuple.

"M. François Autain (sénateur de Loire-Atlantique - rattaché au groupe communiste). "- Je souhaiterais attirer l’attention sur l’utilisation inappropriée qui est faite de l’expression « langue régionale » ; ne rendant pas compte de la diversité des parlers qui existent dans une même région, elle contribue à l’appauvrissement de notre patrimoine linguistique.

Élu d’un département dont l’identité bretonne est toujours incertaine, je prendrai l’exemple des parlers pratiqués en Bretagne. Il n’existe pas une langue régionale unique mais un nombre important de parlers rattachés à cinq grands dialectes. Dans la région rennaise, on pratique le gallo, qui est un dialecte de langue d’oïl parlé en Bretagne orientale ; dans le reste de la Bretagne, dite Bretagne bretonnante, on dénombre quatre dialectes celtiques : le trégorois, le vannetais, le léonard et le cornouaillais. Et chaque dialecte se décompose en sous-familles, celles-ci étant si diverses que les linguistes ne se réfèrent qu’aux parlers qui les composent. Au sein du cornouaillais, on distingue ainsi les parlers du pays Bigouden, du Poher, du Cap Sizun ou encore du pays de l’Aven.

Les choses se compliquent encore si l’on considère qu’à l’intérieur même de ces zones, il existe des sous-dialectes spécifiques. Ainsi, le sous-dialecte du pays Bigouden diffère entre les locuteurs de Quimper et de ses alentours et ceux de la région de Douarnenez.

En organisant la promotion des langues régionales en Bretagne par le biais des écoles bilingues, qui enseignent une forme d’esperanto composé des différents parlers bretons, incompréhensible par ceux qui ont l’un de ceux-ci pour langue maternelle, on contribue à la liquidation d’un patrimoine linguistique bien plus riche dans la réalité que dans la description sommaire que je viens d’en faire. Je rappelle par parenthèse que cet esperanto breton a été inventé en 1941 par un admirateur du régime nazi.

Pour toutes ces raisons, les langues régionales ne doivent pas figurer dans la Constitution."

14/05/2008

Langues régionales : propos de sénateurs

Deux débats ont eu lieu sur les langues régionales, l'un à l'Assemblée Nationale, la semaine dernière, l'autre au Sénat, hier. Ils ont été plutôt de bonne tenue, à ce que j'ai lu, sauf exception comme Jean-Luc Mélenchon. Le site Oui au breton (lien dans la colonne de gauche),  publie l'intégralité des interventions des sénatrices et sénateurs. Le débat à l'Assemblée peut être consulté sur internet (lien direct dans la note du 8 mai). J'ai relévé quelques citations intéressantes de ce qui a été dit au Sénat : je conseille particulièrement celles de Jean-Paul Alduy, sénateur UMP des Pyrénées-Orientales, et j'ai ajouté parfois des commentaires en italiques.

Gérard Le Cam, PC, Côtes d'Armor : "La langue bretonne est en danger, selon l’Unesco : trois locuteurs sur quatre ont plus de 50 ans, les locuteurs actifs représentent moins de 5 % de la population des départements bretons. Le processus historique de construction de la Nation française a confondu unité et uniformité ..."

"De 2000 à 2006, l’État a consacré 3,2 millions au breton, soit douze fois moins que les départements ! M. Alfonsi (sénateur de Corse à l'origine du débat - Note de Rezore) a raison d’évoquer des obligations à la charge de l’État, dont l’engagement reste très relatif. Je cite Csaba Tabadji, député européen hongrois, président de l’intergroupe Minorités traditionnelles, régions constitutionnelles, langues régionales : « En France, les cultures et langues dites régionales, qui font partie intégrante des cultures et des langues européennes et de l’humanité, exclues de l’espace public par la législation, marginalisées, sont en voie de disparition rapide de la vie sociale malgré la résistance de l’auto-organisation souvent exemplaire des populations, avec le soutien de leurs élus, dans un cadre juridique, administratif et idéologique hostile. Après des décennies d’éradication, l’enseignement de ces langues reste très marginal et leur place dans les médias, notamment la radio et la télévision, est extrêmement réduite. »

- Citation intéressante que celle de ce député européen Csaba Tabadji; Gérard Le Cam a été interrompu dans son intervention par le sénateur PS Jean-Luc Mélenchon qui a qualifié les écoles associatives non-confessionnelles gratuites Diwan de "secte".  Diffamons, diffamons, il en restera toujours quelque chose...

Colette Mélot (UMP Seine-et Marne) : "La langue française est garante de l'unité de nôtre pays".

- Ah bon ? Entre 1940 et 1945 les collaborateurs et les Résistants parlaient tous français, ce qui ne les empêchaient pas de s'entretuer. En ex-Yougoslavie, Serbes, Croates et Bosniaques parlaient la même langue, cela n'a en rien empêché l'éclatement. Et la guerre d'Irlande entre anglophones ? Et la guerre de sécession aux Etats-Unis ? Et les multiples guerres civiles dans l'histoire du monde ?... La Suisse officiellement multilingue est-elle plus ou moins "unie" que la France ? Le respect des droits démocratiques, civils et religieux, le respect des minorités, la justice sociale, l'accès à l'éducation, la prospérité économique, sont des garanties de paix et d'unité bien plus efficaces que l'uniformité linguistique, me semble-t-il.

Jean-Luc Mélenchon (PS) : "Je n’accepte pas la caricature qui voudrait faire croire que la République française réprime ou méprise les langues régionales. La France s’est dotée dès les années cinquante d’un cadre législatif très favorable, en avance sur beaucoup de pays d’Europe. La loi du 11 janvier 1951 du socialiste Maurice Deixonne a autorisé et favorisé l’apprentissage dans l’enseignement public du basque, du breton, du catalan et de l’occitan. Le corse a été ajouté en 1974, le tahitien en 1981 et quatre langues mélanésiennes en 1992. Depuis 1970, ces enseignements en langues régionales peuvent être pris en compte pour l’obtention du baccalauréat."

- La loi Deixonne de 1951, un "cadre législatif très favorable" ? De qui se moque notre cher sénateur ? J'en ai profité personnellement de cette loi : deux heures de cours par semaine en option, à partir du lycée seulement, entre 13h et 14h (pendant que les autres élèves se reposaient), par des professeurs volontaires (donc pas de relève en cas de départ d'un prof...). C'était une avancée par rapport à la situation précédente d'exclusion totale, mais une toute petite avancée. Insuffisant, en tout cas, pour garantir la pérennité d'une langue.

"Une définition aussi floue de ce qu’est une langue régionale ou minoritaire est discriminatoire et aboutit à des reconstructions de l’histoire. La langue bretonne est celle qui résulte du dictionnaire dit unifié de 1942, qui se substitue aux cinq langues bretonnes existantes. Je n’évoquerai pas son auteur, collaborateur qui fut condamné à mort par contumace, ni les conditions dans lesquelles ce dictionnaire fut rédigé et financé à l’époque..."

- Un grand linguiste, ce M. Mélenchon et un grand historien aussi, probablement, qui ignore, peut-être, que les lois françaises ont été, sous la Révolution, traduites dans plusieurs langues régionales, notamment le breton. C'était plus sûr pour être bien compris du peuple ! Donc, entre 1789 et 1793, la République traduisait ses lois en langues régionales et il y avait déja une écriture pour le breton; Les "cinq langues" dont il parle ici, sont les cinq dialectes bretons qui n'empêchent pas l'inter-compréhension. Enfin, le fait que des grammairiens et intellectuels bretons aient travaillé à l'unification de la langue écrite sous l'occupation nazie, et avec la bénédiction de l'occupant, est une erreur et une faute, j'en conviens aisément. Mais l'Académie française a-t-elle arrêté de travailler sous l'occupation ? Elle a continué, comme toutes les administrations françaises. Faut-il tirer de la collaboration vychiste des arguments contre la langue française ? Evidemment non, ce serait ridicule. Les vociférations antisémites de Louis-Ferdinand Céline ne discréditent pas la langue française (d'ailleurs il continue d'être étudié au lycée), alors pourquoi s'obstiner contre la langue bretonne ? Enfin "l'auteur" qu'évoque M. Mélenchon, s'appelait Roparz Hémon et n'a jamais été condamné à mort mais à dix ans d'indignité nationale en 1945.  M. Mélenchon, est-il soucieux des faits historiques ?

Raymond Couderc, sénateur UMP (Hérault) : "L’absence de statut juridique justifie de nombreux blocages. Ainsi, récemment, un recteur pourtant bien disposé à l’égard des langues régionales justifiait l’interdit de l’immersion en disant que si elle était accordée, il faudrait aussi la permettre pour le chinois, l’arabe et le turc. Mais le destin de ces langues ne se joue pas en France, contrairement à celui de l’occitan et des autres langues régionales !"

Alima Boumediene-Thiery (Les Verts - Paris) : "Certains disent redouter un communautarisme. Pourquoi la reconnaissance, encadrée, des langues régionales créerait-elle du communautarisme ? Ces langues sont transmises depuis des générations, cela n’empêche pas de parler français ! Ce dont il s’agit, c’est d’organiser la coexistence de la langue française avec les langues minoritaires, pas de substituer l’une à l’autre. Les langues régionales sont source d’enracinement et de cohésion sociale, l’unité de la République n’est pas menacée par elles : au contraire, elle est préservée dans sa diversité. L’identité française est également faite de ses différences, de ces enrichissements linguistiques. Le nier reviendrait à nier une bonne partie de notre patrimoine. Reconnaître cette diversité culturelle plutôt que la nier est le plus sûr moyen de préserver l’identité républicaine. Si nous voulons être tous égaux, commençons par admettre que nous sommes aussi tous différents."

Jean-Paul Alduy (UMP - Pyrénées Orientales) : "Je ne m’adresserai pas à vous en catalan. Non que je sois incapable de m’exprimer dans cette langue parlée par 10 millions d’Européens, la huitième langue d’Europe. Certes, l’école de la République m’avait interdit l’accès à cette langue et, dans ma jeunesse, on écrivait sur les murs des préaux : « Soyez propres : parlez français!» mais, depuis lors, j’ai appris cette langue et conduit une politique active de reconquête de la culture et de l’identité de Perpignan la Catalane. Si je ne m’adresse pas à vous en catalan, c’est que je veux être compris par tous, que je veux respecter notre unité, forte de nos diversités. Je suis pour la catalanité qui enrichit et non pour le catalanisme qui dresse des frontières et réduit notre espace économique, social et culturel" (...).

"Le débat que nous avons aujourd’hui doit être abordé en termes sereins. Il ne doit être ni folklorisé ni caricaturé. Le fait de n’avoir pas, dès l’origine de notre République, dès la proclamation des Droits de l’Homme, considéré la protection de la langue et de la culture d’origine comme un droit fondamental, est, même si cela s’explique par la préoccupation de donner naissance à un État moderne et homogène, une erreur historique que n’ont pas faite d’autres pays européens. A l’heure où l’on défend la biodiversité comme une valeur cardinale, garante du respect des différences, cette exception apparait comme une crispation idéologique sans véritable fondement logique." (...) .

"Parler catalan, basque, alsacien, occitan, breton ce n’est pas ringard, c’est posséder une identité multiple, une interculturalité qui sera, demain, le socle de nos sociétés. Les langues régionales, ce n’est pas la France d’hier, ce sont les racines de la France de demain."

- J-L. Mélenchon  n'accepte pas que l'on accuse la France d'avoir réprimé les langues régionales. Pourtant, son collègue  des Pyrénées Orientales  donne un exemple très concret  à travers ce slogan qu'il a vu sur les murs des préaux : "« Soyez propres : parlez français!»

Jacques Gillot (apparenté PS - Guadeloupe) : "Le refus de l’ouverture engendre les communautarismes, les frustrations et, parfois, les blessures. Aucune langue n’est petite pour ceux qui l’habitent ! Je formule donc le voeu que la Charte européennes des langues minoritaires soit ratifiée sous peine de rétrécir linguistiquement une France méritant mieux que des refus obstinés et des aveuglements culturels. Les langues aussi ont besoin de liberté, d’égalité et de fraternité !"

Christine Albanel (ministre de la culture) : "Une loi donnera une forme institutionnelle au patrimoine linguistique de la nation en récapitulant les dispositions existantes et en ouvrant la voie à une avancée de la démocratie culturelle dans notre pays. Elle concernera l’enseignement, les médias, les services publics, ainsi que la signalisation et la toponymie. Originaire de l’Ariège et de Toulouse, j’aime, comme plusieurs orateurs, profiter des doubles noms indiquant les rues et les lieux. Ce texte, qui sécurisera l’usage des langues régionales, conformément au souhait du Président de la République, devrait voir le jour en 2009, et le Gouvernement compte sur la représentation nationale pour contribuer à l’améliorer".

- Un texte qui "sécurisera" l'usage des langues régionales, qu'en termes inquiétants et policés ces choses là sont dites. Pour l'instant la seule chose concrète qui sort de ces débats au parlement est le refus persistant du gouvernement de ratifier la charte européenne des langues régionales. La Constitution sera-t-elle modifiée ? Pas sûr... Quelles seront les avancées de cette future loi qui sortira en 2009, soit l'année précédant les élections régionales ? On n'en sait rien pour l'instant... 

Christian Le Meut