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24/11/2006

Langues régionales : ressources pédagogiques et... "Semaine de la langue française"

"La douzième "Semaine de la langue française" se déroulera du 10 au 20 mars 2007 et s'intéressera aux liens et aux échanges entre les langues, autour du thème des "mots migrateurs". Organisée par la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF) du ministère de la Culture et de la Communication, en partenariat avec le ministère des Affaires étrangères et avec le ministère de l'Education nationale, de l'enseignement supérieur et de la Recherche, cette Semaine vise à renforcer, fédérer et valoriser un large éventail d'initiatives en direction des publics scolaires. Dix mots ont été retenus pour cette édition : "abricot, amour, bachi-bouzouk, bijou, bizarre, chic, clown, mètre, passe-partout, valser".

De nombreuses animations sont prévues comme "Le voyage des mots" qui s'adresse aux collégiens et aux lycéens. Ils sont invités à produire une oeuvre à partir des 10 mots retenus. Un concours est organisé date limite d'inscription le 7 février).

http://www.education.gouv.fr/bo/2006/39/MENE0602528C.

htmhttp://www.imageimaginaire.com/concours/accueil-concours.htm

L'un des dix mots choisis, "bijou" est "en général considéré comme un emprunt au breton bizoù ("anneau pour le doigt" dérivé de "biz", doigt en français (dictionnaire historique de la langue française Le Robert).

Langues régionales : des ressources pédagogiques
Un portail sur les langues régionales a été créé par le Centre national de documentation pédagogique (et géré par le Scéren, Service culture éditions ressources pour l'Education nationale). On y trouve assez peu de choses sur le breton (des liens surtout), mais des ressources surtout sur l'occitan, le basque, l'alsacien, le catalan, et certaines langues des Dom-Tom (Nouvelle-Calédonie...). Les programmes officiels et accompagnements y figurent ainsi que des sites et dossiers thématiques concernant les classes bilingues et l'enseignement des langues régionales. A la une, deux publications en occitan : un livre de l'élève et un livre de poèmes bilingue avec un cédérom audio.

http://www.cndp.fr/secondaire/langregio/


Source : le Café pédagogique. 

23/11/2006

Livr : Priz Per Roy evit An amzer laeret

Priz Per Roy a zo bet roet  d'al livr An amzer laeret m'boa kinniget deoc'h un nebeut mizioù zo :

Pier-Mari Louz, un den a Wimaeg, e Bro Dreger, oa bet tapet prizoner get an Alamaned er bloaz 1940. Kaset oa bet da labourat d’ar Reich, d'an Aotrich, durant ar brezel, e pad pemp bloaz, get ur bochad soudarded all. Kontet en doa e vuhez prizoner, e brezhoneg, da Bernard Kabon, hag ul levr zo bet embannet get an istor se e miz Geñver paseet e ti embann Skol Vreizh, e brezhoneg hag e galleg, edan an titl “An amzer laeret”. Bourrapl bras eo da lenn, ha kentelius ivez war buhez pemdeziek prizonidi gall ha labourision douar alaman e pad an eil brezel bed...

Pier-Mari Louz oa bet kaset da labourat barzh un dachenn koste Thaya, en Aotrich hanternozh. Labourer douar a vicher oa, hag hennezh a ouie mat labourat an douar hag ober war dro al loened, gwelloc’h evit e vestr a wec’hoù. Ur strollad prizonerion a Vro C’Hall a laboure er c’horn bro se, hag a veze tolpet bep nozh barzh an ti bras anvet ar “C’homando”, da zebriñ ha da gousket dindan gouarn soudarded alaman.

Bec’h get an “Tort”
E penn kentañ, Pier-Mari a laboure get ur soudard all, a Lokireg, e bro Dreger ivez, Jean Guyomard, barzh un dachenn dalc’het get un den drouk. “An tort” a veze graet anezhan get an daou brizoner a gomze brezhoneg etreze. An Tort oa un den taer, digalon, a skoe war ar re a laboure evitan, tud ag ar Pologn, da skouer, kaset dre ret da labourat en Alamagn (hag an Aotrich a oa bet staget d’an Alamagn un nebeut bleadeù araok ar brezel)...

An “Tort” ne grede ket skoiñ war ar Fransizion met Pier-Mari ne faote ket dezhan chom da labourat evitan. Ha setu eñ d’ober ur sort un h harz labour, diskrog labour, e chom barzh ti ar brizonidi, ar C’homando, hag e rahuizein a labourat. Danjerus oa; Pier-Mari oa bet tost da vout kaset d’ur stalag, ur c’hamp evit ar brizonidi e lec’h ma veze kalz diaesoc’h, kalz kaletoc’h ar vuhez (du hont veze kaset an ofisourion).

Met diouer a labourizion douar oa er vro ha Pier Mari oa bet goulennet get tud un dachenn all, ar re Schreiber. Paseet oa mat an traoù gete betek fin ar brezel. Mibion ar familh se oa bet kaset da soudarded, unan oa marv dija... Ha poltred Hitler ebet barzh an ti daoust ma veze ret lakaat ur poltred barzh bep ti en Alamagn, d’ar c’houlz se ! Selaouet veze ar BBC get ar mestr, Joseph, un den a zek vloaz ha tri ugent, barzh ar c’hav. Difennet gronz veze selaou doc’h ar radio se, evel rezon, met kalon Josef Schreiber ne oa ket tost d’an nazied, tamm ebed. Ha Pier Mari a selaoue ivez ar BBC bep nozh, e galleg.

Jean Guyomard en e doull
E pad an amzer se ar subenn ‘doa trenket e tachenn an Tort etre Jean Guyomard hag e vestr. Jean ne faote ket mui labourat du hont ha kaset oa bet d’ur c’hamp... Met aet oa kuit doc’htu ag ar c’hamp se ha distroet e bro Thaya e unan. N’helle ket monet pelloc’h, treuziñ an Alamagn war droad evit monet da Frans ha da Vreizh oa re zanjerus. Jean Guyomard n’doa lakaet en e sonj chom e tal Thaya, kuzhet barzh un toull en ur c’hoad. Ne vehe ket bet klasket du hont get an nazied...

Sikouret get Pier-Mari hag ar brizonidi all, Jean Guyomard n’doa savet un toull e lec’h ma veze moian da chom, d’ober tan, da gousket... Pier Mari a gase dezhan boued, levrioù, lousoù ha traoù all a bep sort. E miz Mae 1943 e oa, ha Jean Guyomard zo chomet evel se daou vlead, ha daou c’houiañv stard awalc’h, hep bout gwellet get an Alamaned. E wiskamentoù veze golc’het e mesk re Bier Mari, get Johanna Schreiber, gwreg Joseph, hep bout gouiet geti...

Ar soudarded a c’helle monet ha donet e bro Thaya met ret e veze labourat bemdez ha donet en dro d’ar C’Homando, bep nozh. Ne vezent lakaet en un toull bac’h, met gouarnet vezent memestra, lakaet pell ag o familhoù hep goueit pegoulz e vehent distroet d’o bro. An darempredoù get an Alamaned sivil ne vezent berped fall. Goude bout paseet kement a amzer e labourat asambles, Pier Mari Louz ha Joseph Schreiber oa daet da vout mignoned. E fin ar brezel, Joseph n’doa lâret d’ar prizoner breton e oa anezhan “koulz hag e vibion”, get dour en e zaoulagad.

An distro
Ur wezh erruet ar Rused e Thaya, stard oa daet da vout an traoù evit an Alamaned : merch’ed veze pallforset, loened ha traoù a bep sort veze laeret dezhe. Spontet oa an dud. Jean Guyomard ha Pier Mari Louz a oa distroet da Vreizh hag o doa kavet en dro o familhoù, met n’int ket james aet en dro d’an Aotrich.
Jean Guyomard zo marv er bloaz 1964, ha Pier-Mari Louz e penn kentañ 2006.

Laeret oa bet dezhe o yaouankiz dezhe get ar brezel met ar pezh kontet get Pier-Mari Louz a lak da wellet un tu all : mignonned e klask beviñ daoust d’ar brezel.
Christian Le Meut

An amzer laeret, skrivet get Bernard Kabon ha Pier-Mari Louz, embannet get Skol Vreizh (40 quai de Léon, 29600 Montroulez/Morlaix), 20 €.

Livre : le prix Per Roy pour "Prisonnier en Autriche"

L'Association des écrivains bretons vient de décerner le prix Per Roy  à "An Amzer laeret" de Pier-Mari Louz et Bernard Kabon (Ed. Skol Vreizh), livre que je vous avais présenté il y a quelques mois, témoignage de la vie de prisonniers français en Autriche pendant la dernière guerre :

Pierre-Marie Le Lous, de Guimaeg dans le Trégor, est fait prisonnier par les Allemands en 1940 et envoyé, comme beaucoup de soldats français, travailler la terre sur le sol allemand pendant cinq années.
Il a raconté cette période de sa vie, en breton, à Bernard Kabon qui l’a mise sur le papier. Ce récit est paru en janvier 2006 en breton et en français aux éditions Skol Vreizh sous le titre “Prisonnier en Autriche” (“An amzer laeret” en breton). Un témoignage intéressant et émouvant sur la vie quotidienne des soldats prisonniers mais aussi sur celle des familles d’agriculteurs chez qui ils travaillaient.

Pierre-Marie Le Lous est envoyé à Thaya, une commune du nord de l’Autriche, pays annexé par l’Allemagne quelques années plus tôt. Agriculteur lui-même, il s’adapte, connaissant parfois mieux le travail que ses propres maîtres. Un groupe de prisonniers français travaille dans les fermes et est regroupé chaque soir au “Commando”, une bâtisse où ils mangent et dorment sous la garde, plutôt débonnaire semble-t-il, de quelques soldats allemands.

La grève d’un prisonnier
Pierre-Marie commence par travailler dans la ferme d’un paysan qu’il surnomme le “Bossu”. Il y est en compagnie d’un autre Breton, de Locquirec celui-ci, Jean Guyomard. Mais le maître n’est pas facile et rend la vie impossible aux personnes qui travaillent avec lui. Il fouette même les travailleurs polonais réquisitionnés pour travailler en Allemagne, mais n’ose pas le faire sur les deux Bretons.

Pierre-Marie décide alors de quitter cette ferme. Un jour, il reste au dortoir, au Commando, et demande à changer de patron. Le risque est grand d’être envoyé dans un camp de prisonniers où la vie est beaucoup plus dure. Les officiers sont envoyés dans ces camps : la nourriture y est rare. Mais un agriculteur se manifeste alors, Joseph Schreiber : il a besoin de main d’oeuvre et prend Pierre-Marie chez lui. Là, tout change, les relations avec la famille Schreiber sont bonnes. Les fils de la maison sont soldats sur le front, l’un est mort déjà. Le portrait d’Hitler a été rangé depuis longtemps chez les Schreiber, alors qu’il est obligatoire de le mettre en évidence dans chaque maison. Le maître y écoute, dans la cave, la BBC, ce qui est formellement interdit. Du coup, Pierre-Marie écoute également la BBC, en français, et échange les nouvelles avec les autres prisonniers...

Jean Guyomard : deux ans au trou !
Mais dans la ferme du “Bossu” les choses s’aggravent. Jean Guyomard décide lui aussi de partir mais il est envoyé dans un camp, d’où il s’évade. Il décide de revenir se cacher à Thaya, pensant que les Allemands ne viendront pas le chercher là. Traverser l’Allemagne à pied pour rentrer en Bretagne lui paraît impossible. Il creuse un trou dans un bois qui devient une sorte d’habitation. Il peut y faire du feu et lire les livres que ses camarades lui fournissent. Ils lui fournissent également de la nourriture, des vêtements, des médicaments. Nous sommes en mai 1943. Jean Guyomard ne le sait pas encore mais il devra passer deux ans dans ce trou, dont deux hivers rigoureux. Ses vêtements sont lavés avec ceux de Pierre-Marie par Johanna Schreiber, la patronne de la ferme, qui n’en sait rien.

Comme un de ses fils
Les soldats français, bien que libres de leurs mouvements dans la journée, sont de vrais prisonniers, obligés de rentrer le soir au “Commando”, éloignés de leurs familles, ne sachant pas quand ils les reverraient ni s’ils les reverraient... Mais les relations avec les civils allemands ne sont pas forcément mauvaises. A force de travailler ensemble, une véritable amitié se forge entre Pierre-Marie et Joseph Schreiber. En mai 1945, le prisonnier cesse de travailler dans la ferme. En le quittant Joseph lui dit, ému et les larmes aux yeux, qu’il le considère comme un de ses fils.

L’armée rouge arrive et occupe la région. Pierre-Marie Le Lous signale des viols et des vols commis par les soldats de cette armée. Le retour prend encore un mois et demi mais Pierre-Marie finit par retrouver sa femme et son pays. Jean Guyomard également. Ni l’autre ni l’autre ne reprendra contact avec l’Autriche. Jean meurt en 1964 alors que Pierre-Marie vit jusqu’au début de 2006. Son témoignage est celui d’une jeunesse volée par la guerre. Mais il montre aussi une autre facette de ces événements terribles : deux belles histoires d’amitié.
Christian Le Meut

Prisonnier en Autriche, la parenthèse de Thaya, Jean-Marie Le Lous et Bernard Cabon, Ed. Skol Vreizh (40 quai de Léon, 29600 Morlaix), 20 €.. Tél. 02 98 62 17 20.