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02/03/2007

Ecole : faut-il noter les enfants à la cantine ?

Beaucoup d’enfants mangent à la cantine, et certains adultes aussi, dans les cantines d’entreprises... Il ne faut plus trop dire cantines, d’ailleurs, mais “restaurant scolaire”, ça fait mieux mais la nourriture n’y est pas meilleure pour autant. J’ai beaucoup mangé à la cantine dire ma scolarité, et je me souviens même avoir manifesté, lycéen, contre la piètre qualité des repas servis à la cantine du lycée Colbert de Lorient. C’était il y a 25 et je ne sais pas si cela a changé du point de vue de la qualité de la nourriture...Mais il y a d’autres choses, qui changent.

Il y a peu Charlotte, huit ans, scolarisée dans une école du pays de Lorient, est revenue de l’école avec une innovation à faire signer à ses parents. Il s’agit du “Carnet de route du restaurant scolaire année 2006-2007”. L’équipe de la cantine, pardon, l’équipe du restaurant scolaire, a mis en place un carnet de liaison avec les parents.  Une page y précise les “règles de vie” : pourquoi pas ? Mais une des règles, par exemple, dit “Je goûte de tout (au moins une cuillérée) pour connaître de nouveaux aliments et être en forme pour le reste de la journée”. Je me demande ce qu’ont à voir le fait de goûter à tout et celui d’être en forme. Et puis, précise Charlotte, dans ce restaurant scolaire, on force les enfants à goûter, ce qui n’est pas forcément indiqué si on veut développer leur curiosité gustative...

Sous le regard des adultes...
Mais ce “carnet de route” ne se limite pas à une série de “règles de vie” qui ressemblent fort à une série d’ordres. Ce carnet est aussi un carnet de notes. Il y a aussi deux pages destinées à noter le “comportement de votre enfant au restaurant scolaire” avec des  observations, un “bilan annuel” et des notes, chaque trimestre, concernant la politesse, le respect des camarades, le respect des adultes, le partage et la “tenue à table”. Ce dernier critère se décline en choses précises :”mange proprement” ou “ne crie pas”. Les notes ne sont pas sur 20 mais exprimés à travers de petites icônes qui rient si la note est bonne, ou qui font la gueule si la note est mauvaise...

Les enfants à l’école sont constamment sous le regard et le jugement des adultes. Mais, en classe, ce sont leurs apprentissages, leurs progressions qui sont appréciés, leur travail, en quelque sorte, et pas leur personne. Si un enfant n’est pas propre en classe, cela figure-t-il sur une carnet de notes quelconque ? A priori, si je me souviens bien, cela se gère entre les parents et les instituteurs, voire les assistantes maternelles. Mais grâce au joli “carnet de route” imaginé dans cette école du pays de Lorient, cela risque d’être écrit noir sur blanc... Et par qui ? Et pour quoi faire ? Les personnes qui s’occupent des enfants à la cantine n’ont pas de formation pédagogique et n’ont pas vocation à intervenir dans ce domaine ni à juger le comportement de l’enfant.

D'autres idées ?
Le temps de la cantine, s’il est obligatoire pour les enfants inscrits, n’est pas un temps de classe... Pourquoi, là encore, instituer des notes qui figurent sur un carnet ? Dans un pays pas si lointain, la Finlande, les élèves ne commencent à être notés par les adultes qu’à partir de l’âge de 9 ans... Y-a-t-il besoin de noter les enfants partout et tout le temps ? Et si quels critères ? Ici, roter à table est considéré comme sale, ailleurs c’est normal, et même signe d’avoir bien mangé...

Travailler dans un restaurant scolaire n’est certainement pas chose facile : il y a le bruit, les enfants qui se chamaillent, ceux qui refusent, de manger, etc. Mais est-ce en instituant un carnet de note pour ce moment là qu’on règlera les difficultés ? Ne faudrait-il pas plus de personnel pour s’occuper des enfants, des salles plus petites et mieux insonorisées, un environnement plus agréable ?  Une meilleure formation pour les personnes chargées de ce travail et, peut-être, parfois... Une meilleure nourriture ? Et pourquoi ne pas réunir régulièrement les enfants pour échanger avec eux sur ce qui se passe à la cantine ? Les règles de fonctionnement peuvent aussi être conçues avec les enfants, voire même évoluer dans l’année...

Le but de l’école est de faire des enfants des adultes responsables capables de prendre part à la vie démocratique de leur cité et de leur pays. A trop vouloir gendarmer les enfants, à les noter et les juger partout et tout le temps, on risque fort d’en faire des adultes peureux et soumis à l’autorité.

Des moutons... Mais des citoyens ?

Christian Le Meut 

24/10/2006

Quelles langues pour les écoles en Afrique ?

"Quelles langues pour les écoles africaines ?" s'interroge le Café pédagogique, une revue de presse sur l'éducation diffusée sur internet qui cite un quotidien marocain, Libération :

"L'insertion de l'enseignement de la langue amazighe dans le système éducatif reste, sans conteste, l'une des marques majeures du Maroc du 3ème millénaire. Si d'aucuns parlent d'acquis, d'autres vont jusqu'à qualifier cet événement de révolution… Le Maroc a récupéré l'une des composantes essentielles de sa personnalité nationale… Toutefois, cet acquis est resté orphelin. Sa mise en application reste à la merci des conditions objectives et subjectives de chaque école à part". Libération, le quotidien de Casablanca, souligne les problèmes posés par l'entrée de l'amazigh à l'école. Outre les questions matérielles, il y a celles qui sont liées à la langue elle-même : " Plusieurs écoles n'enseignent pas nécessairement la langue amazighe comme l'élève l'a apprise et la parle dans sa maison et son douar.Deux langues cohabitent dès lors au sein du foyer. Les parents ont leur amazigh, les enfants ont la leur". Or ce qui justifie l'introduction des langues nationales à l'école c'est d'abord les nécessités de l'alphabétisation pour tous. On sait que celle-ci est plus aisée dans la langue maternelle. Encore faut-il que celle-ci soit codifiée, ce qui pose la question du codificateur.

"Le même jour, poursuite le Café pédagogique" à quelques milliers de kilomètres du Maroc, au Sénégal, le ministre de l'alphabétisation intronisait la 17ème langue nationale du Sénégal : le Kanjad. Il invitait les chefs locaux à collecter les traditions orales et à produire des textes pour un programme d'alphabétisation.Le même jour encore, mais un peu plus au sud, au Congo Kinshasa, A. Mbuyamba Kankolongo Unikin lançait un appel pour l'entrée de la littérature francophone congolaise dans les programmes de l'école".

http://fr.allafrica.com/stories/200609150061.htmlcongo http://fr.allafrica.com/stories/200609150948.htmlamazighhttp://fr.allafrica.com/stories/200609150460.html

http://www.cafepedagogique.net/