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05/01/2006

Avis de recherche !

Un ami de Montargis, Bernard Coly, alerte sur la situation d'enfants sans papiers dans le département du Loiret. Il fait un lien avec le combat d'une famille bretonne pour faire reconnaître des prénoms bretons par l'état civil, dans les années 70. Il cherche la trace de cette famille (répondre par ce blog et ce sera transmis):

"J'ai eu confirmation de ce que je préssentais : dans au moins 4 cas, des enfants nés de parents "sans papiers" n'ont pas pu être déclarés à l'état civil, l'administration leur refusant cette formalité. Ils sont "sans papiers " dès leur naissance ... J'ai alors pensé au Breton qui s'est battu pour que l'état-civil accepte les prénoms bretons que lui et son épouse avaient donnés à leurs enfants. Ils ont obtenu une loi sur les prénoms. Mais la loi n'est pas rétroactive et les aînés de la fratrie ont toujours des difficultés lorsqu'ils ont besoin de papiers officiels. Mon idée serait que ce Breton ou ses enfants lancent un appel symbolique en faveur des ces enfants nés "sans papiers" et poussent ainsi des journalistes à faire des reportages sur ces enfants "de l'ombre". Le jour de l'épiphanie, ce serait encore mieux ..."
Bernard COLY

En complément, cet article paru en janvier 2005 sur le site de l'Agence bretonne de presse :


"50eme anniversaire de la guerre des prénoms bretons

[ABP] Le 24 janvier 1955 naissait le septième des douze enfants de la famille Le Goarnig. C'est sur ce septième enfant que se déclencha la guerre des prénoms bretons. Pour beaucoup, c'est difficile à imaginer, mais il a 50 ans, il était interdit de donner des prénoms bretons à ses enfants. Les mairies, suivant des consignes très précises venant sans doute des préfectures, et donc de l'état, refusaient d'enregistrer les prénoms bretons.

2000 articles et 300 émissions radio et TV plus tard, donner des prénom bretons à ses enfants est devenue chose courante. Mais sans la détermination des Le Goarnig, les Bretons auraient sans doute dû attendre la mode des prénoms américains et des pressions venant de toute la France.

Malgré tout, la guerre des prénoms bretons n'est pas terminée. Du moins, pas pour les cinq derniers enfants de la famille Le Goarnig. L'état ayant refusé de les enregistrer, leur père avait dû les faire reconnaître à La Haye et à Strasbourg! Ces enfants n'ont donc jamais pu bénéficier des allocations familliales. M. Le Goarnig estime que l'état lui doit 300 000 euros. Malgré une promesse de Jacques Chirac, M. Le Goarnig attend toujours son chèque".

04/01/2006

3000 langues en moins en2100...

 3000 langues en moins en 2100 : c'est Le Monde qui l'annonce dans son édition du 31 décembre, histoire de nous donner du "begon" pour l'année qui vient ! La linguiste Colette Grinevald, chercheur au laboratoire dynamique du langage de l'Institut des sciences de l'homme Lyon-II, est interviewée. Spécialiste du monde amérindien, elle a aidé l'Unesco à définir les critères de vitalité des langues. Extraits.

"Le Monde : Le rythme de disparition s'accélère. D'ici un siècle, la moitié des langues parlées actuellement dans le monde auront disparu. C'est une estimation basse. En Australie et sur le continent américain, cette proportion sera bien plus élevée, de l'ordre de 90 %.

Avant l'arrivée des Blancs, 300 langues étaient parlées dans ce que sont aujourd'hui les Etats-Unis. En 1992, il n'y en avait déjà plus que 175 utilisées par au moins une personne. On estime que cinq seulement auront survécu à la fin du XXIe siècle. Même l'avenir du navajo est incertain, et pourtant c'est aux Etats-Unis la langue indigène qui a le plus de locuteurs, environ 120 000. Elle est de moins en moins apprise par les enfants.

Pourquoi cette accélération ?

La globalisation économique entraîne un exode rural des populations indigènes. Elles se perdent dans les villes et ne peuvent perpétuer leurs traditions et leur modèle familial. Dans le monde amérindien, les parents sont persuadés que parler une langue indienne est un handicap pour avoir un travail. Cette pression est aussi psychologique sur fond d'idéologie encore dominante du bienfait du monolinguisme dans un Etat-nation. Certains "monolingues" voient dans le multilinguisme un signe de division des capacités intellectuelles.

Quelles langues risquent de disparaître ?

Une langue est menacée, selon les linguistes, si elle n'a plus de locuteurs d'ici la fin du XXIe siècle. C'est le cas d'une centaine de langues en Europe et autant en Amérique du Sud, selon l'Atlas publié par l'Unesco. Le breton, le franco-provençal ou le poitevin saintongeais sont ainsi "sérieusement en danger". Parfois, une langue paraît vivace car elle est utilisée par des millions de locuteurs, comme les langues quechua en Amérique du Sud. Mais celles-ci sont déjà, dans certaines régions en Equateur et au Pérou, comme des morts-vivants : aucune personne de moins de 20 ans ne les apprend ou ne veut les parler.

Quelles seront les conséquences ?

De nombreuses connaissances captées par ces langues vont se perdre. Comme les propriétés des plantes vénéneuses en Amazonie ou celles qui peuvent avoir un intérêt dans la pharmacopée. Les langues apportent également une ouverture d'esprit. Elles permettent de voir différemment le monde et de montrer les facettes les plus diverses du génie humain. Au Guatemala, par exemple, je travaille sur le popti', en péril, qui classifie tous les objets par la matière dont ils sont faits.

Que dire des répercussions sociologiques...

Cela peut créer de réels problèmes identitaires. La langue permet de s'ancrer dans une histoire, un lieu. Beaucoup d'Amérindiens ont dû renier leur langue maternelle au profit de l'anglais ou de l'espagnol. Cela crée ce qu'on appelle de l'anomie, un entre-deux linguistique et culturel, où aucune des deux langues n'est maîtrisée. Cette situation peut devenir source de violence et entraîne chez les Amérindiens diverses formes d'autodestruction, comme l'alcoolisme et le suicide. J'ai observé le même phénomène aux Etats-Unis chez de jeunes Mexicains et Portoricains. Je reconnais parfois en France ce même type de malaise chez certains étudiants maghrébins qui ne connaissent pas l'arabe et chez des sourds qui revendiquent la langue des signes sans dominer le français écrit. On apprend mieux toute autre langue si on peut être fier et bien ancré au départ dans la sienne.

Quel rôle joue Internet ?

Un rôle double, tout à la fois poison et antidote, facteur d'uniformisation mais aussi de diversité. Il existe par exemple de plus en plus de sites Internet de langues amérindiennes gérés par des Indiens, pour des Indiens. Au Guatemala, une collègue linguiste a passé plus de dix ans à former des Mayas qui sont devenus linguistes et s'occupent d'un site en espagnol et plusieurs langues mayas. Leur travail prolonge le combat de Rigoberta Menchu (Prix Nobel de la Paix en 1992) qui a permis une reconnaissance officielle des 28 langues mayas.

Quelles seront les langues majoritaires à la fin du siècle ?

L'anglais bien sûr, l'espagnol, à cause de l'Amérique du Sud, l'arabe, puis des langues d'Asie, comme le chinois et l'hindi. Sur le continent africain, le swahili, le wolof sont en plein essor et avalent les langues de la région.

(...)
Où en sera le français à la fin du siècle ?

Le français ira bien, mais les Français devront parler plusieurs langues. Regardez le Danemark, où la moitié du cursus universitaire se fait en anglais : il n'y a pas de confusion, les Danois parlent danois entre eux et utilisent l'anglais car personne d'autre dans le monde ne parle leur langue. Le multilinguisme est parfaitement à la portée de l'intellect humain. Les enfants sont tous capables d'apprendre trois ou quatre langues.
Propos recueillis par Laure Belot et Hervé Morin

Sur internet

www.teluq.uquebec.ca/diverscite/entree.htm

Langues mayas : www.okma.org/


Coup d'oeil sur 2005

Meilleurs vœux à toutes et à tous pour la nouvelle année qui commence. Mais jetons un coup d’oeil rapide à l’année écoulée, 2005, qui a vu la France signer une superbe “convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles”, sous l’égide d l’Unesco et de l’ONU. Ce texte “célèbre la diversité culturelle, caractéristique inhérente à l’humanité et “patrimoine commun de l’humanité” devant être préservée. Etc. Mais pendant ce temps la France refuse toujours de ratifier la Charte européenne des langues minoritaires. Certe, la langue occitane serait sur le point d’être reconnue officiellement... mais en Espagne ! Où elle est parlée par quelques milliers de personnes ! En France, rien, alors que plusieurs millions de personnes y parlent et y comprennent l’occitan. C’est ainsi, on signe de beaux textes pour soigner son image internationale et, à l’intérieur des frontières, on se garde bien de les appliquer. Cela s’appelle de la schizophrénie et peut finir par énerver.

L’année 2005 a vu la montée de la colère dans une partie de la jeunesse française. Brûler des voitures et des bâtiments, agresser des policiers, des pompiers ou des passants, est évidemment condamnable. Il y a d’autres manières de faire en démocratie. Mais devant un gouvernement, un Etat et une société si bouchée, si sourde, il y a de quoi être en colère, effectivement...

Un arbitre contre le racisme
En France le racisme est un fléau qui nuit, notamment, à l’intégration d’une partie de la jeunesse. Mais cette plaie est internationale. Un arbitre de foot danois, Kim Milton Nielsen, s’est rendu célèbre en 2005 pour avoir exclu du terrain des joueurs professionnels ayant proféré des propos racistes à l’égard de joueurs d’origines africaines. Rien que de plus normal, me direz-vous ? Et bien pas tant que cela. les propos et les gestes racistes sont plutôt monnaie courante sur les terrains de football professionnels, et trop peu sanctionnés. Merci donc à Kim Milton Nielsen d’avoir le courage de faire, tout simplement, son travail.

La civilisation, c’est quand ?
Du travail, il va y en avoir dans le pays de Lorient grâce à une grosse commande de frégates de la part de la marine nationale française. 17 bateaux de guerre, plus dix autres pour la marine italienne. Cela donne du travail, youpi ! Le cancer aussi en donne. Espérons au moins que ces bateaux ne serviront jamais à faire à quoi ils sont destinés : la guerre. il y a trois cent ans, le commerce triangulaire avec l’Afrique, basé sur l’esclavage, a contribué à la prospérité de nombreux ports bretons, comme Nantes, Saint-Malo, et, dans une moindre mesure, Lorient... Il serait peut-être bon de civiliser et de pacifier un peu notre économie, vous ne croyez pas ?

Des raisons d’espérer
Mais il est des gens qui font quand même espérer, notamment les 54 personnes dont la revue Courrier international du 8 décembre dresse le portrait : 54 “héros de l’écologie” titre-t-elle. Parmi eux, Von Hernandez, jeune philippin qui a rejoint l’association Greenpeace. Avec elle, il a obtenu l’interdiction de l’incinération des déchets dan sons pays, en 1999. En France, l’incinération des déchets est monnaie courante et nous avons même un incinérateur controversé à Plouharnel (fermé sur décision administrative le 28 décembre dernier...). L’incinération des déchets produit des cendres contenant des métaux lourds, plomb, arsenic, cadmium, ainsi que des dioxynes... Les Philippines s’en passent désormais et il serait bon que la France aussi.

Bonne année 2006 quand même !

Christian Le Meut

03/01/2006

Un taol lagad war 2005

Krogomp ar bloaz nevez, 2006, e sellet doc’h ar bloaz paseet, 2005. Er bloaz 2005  a zo bet sinet get ur bochad broioù un destenn nevez anvet “Emglev evit mirout, gouarnin ha brudiñ al liessevenadurezh” da lâret eo, e galleg : “Convention sur la protection et la promotion des expressions culturelles”. Nag un destenn vrav, get frasennoù kaer ha hir spontus evit gouarn ar yezhoù hag ar sevenadurioù. Get an Unesco emañ bet savet an emglev-se... Souezhus eo memestra gwellout Bro Frans sinañ un destenn evel-se. Frans n’he deus ket ratifiet c’hoazh karta ar yezhoù bihan en Europa !

An okitaneg, yezh ofisiel ?
Desket m’eus e penn kentañ miz An Avent, miz Kerzu, a vo an okitaneg anavet el yezh ofisiel a benn nebeut... Ya, met e Bro Spagn, e lec’h ma vez komzet okitaneg get un nebeut tud... Amañ e Bro Frans e vez komzet okitaneg c’hoazh get ur bern tud ha n’eo ket anavet evel ofisiel ar yezh se. Mod-se emañ, sinet vez traoù brav get ar Republik a Frans, met kentoc’h evit foenvañ er maez. E barzh, se zo un afer all. Ur sort skizofrenie zo e Bro C’hall, hag a c’hell lakaat ar soubenn da drenkiñ, evel ar pezh hon eus gwellet e fin ar bloaz. Losket eo bet ur bochad savadurioù hag otoioù, gloazet eo bet paotred an tan ha poliserion get tud yaouank zo, ar pezh a zo fall gober, sur awalc’h. Doareioù all a zo da vanifestiñ en ur vor demokratel. Met dirak ur Stad, ur gouarnamant, hag ur gevredigezh ken bouzard, ken dal, abegoù zo da huchal. Ur bochad tud yaouank ne gavont ket labour, na lojeriz, a gaos d’ar rasism e Bro Frans.

Un arbitre a enep ar rasism
Justawalc’h un den a vro Danemark zo deuet da vout brudet bremañ e bed ar fooball : Kim Milton Nielsen a zo arbitr hag hennezh n’eus lakaet er maez ag an dachenn football ur sportour, ur c’hoariour football en doa lâret kunujennoù rasist d’ur c’hoariour all ag Afrika. Normal eo, d’ho sonj ? Marteze pas kement se. Bout rasist ha lâr traoù rasist a zo un dra boutin war tachennoù football, war e seblant. Trugarez, mersi neuze da gKim Milton Nielsen evit brout graet e labour getan.
 
Pegoulz vo hor bed sivilizet ?
Labour justawalc’h. Ur bochad labour a vo e Bro An Oriant hag e Breizh e 2006 a gres d’ar Stad n’eus komandet seitek bag evit ar morlu ha dek a zo komandet evit evit morlu Italia. Brav ! Ha setu tud laouen : labour vo, labour vo, labour vo. Ya labour vo, evel ma vez roet labour d’ar vedisinourion get ar c’hrign bew, evel ma veze roet labour d’an dud get konverzh ar sklaved, e Breizh ivez, tri c’hant vloaz so. Ne vehe ket mallus “sivilizañ” hon ekonomiezh, d’ho sonj ?

Tud sivil e wellomp barzh niverenn Courrier International ag an 8 a Viz An Avent (Kerzu). Pewar den sivil hanterkant a stourm evit en endro, evit an natur hag evidomp, benn ar fin. En o meskl, Von Hernandez, ur paotr yaouank a zo e barzh Greenpeace, er Filipines. Von Hernandez zo un den paour e zo e chom e tal kerbenn ar vro, Manille, ha tost d’un toull lastez bras. Araok e veze losket ur bern ag ar restachoù met difennet eo bremañ a drugarez da Van Hernandez ha da Greenpeace. Rak danjerus bras eo, an “incinération” evit yec’hed an dud. Plom, kadmium, dioxine, vez lakaet er maez, en aer, mod-se, hag amañ ivez, e Breizh.  Ur stall “incinérateur” a zo bet serret e Plouharnel an 28 a Viz Kerzu. Tud zo a stourm evit ar re all hag evit an natur. Kement, memestra da gavout esperans un tammig en amzer da zont. Bloavezh mat c’hoazh !

Christian Le Meut 

02/01/2006

Des nouvelles du picard !

Voici un article paru dans l'Humanité du 8 décembre concernant le picard, langue d'oïl, comme le gallo en Bretagne, parlée encore de la Picardie à la Belgique (cet article figurait sur le site de Diwan, qui répertorie régulièrement des articles sur les langues régionales) :
 
"Les premières Journées interrégionales de la langue picarde ont mis en relief la discrimination dont souffre une langue parlée par deux millions d’habitants de Picardie, du Nord-Pas-de-Calais et du Hainaut belge.

Plus de 120 personnes ont participé vendredi 2 décembre aux premières Journées interrégionales de la langue picarde sur le site du carreau de la mine de Wallers Arenberg à l’invitation de la communauté d’agglomérations de la porte du Hainaut. Élus, responsables associatifs, universitaires, artistes, conteurs ou simples locuteurs, ils ont adopté à la fin de la réunion un appel dans lequel ils « affirment leur appartenance à une communauté culturelle et linguistique interrégionale transfrontalière ». Les participants souhaitent renouveler la démarche des Journées de la langue picarde, pour qu’elles se tiennent alternativement dans les trois régions linguistiques, les régions françaises de Picardie, Nord - Pas-de-Calais et, en Belgique, le Hainaut. Dans cet appel, ils souhaitent « la mise en oeuvre de projets interrégionaux et transfrontaliers dès l’année 2006 » et ils « réclament l’application à la langue picarde des mesures existantes en faveur des langues et cultures régionales au sein de l’éducation nationale ». La discrimination fut en effet un des thèmes principaux des débats. Le picard est boudé par l’éducation nationale alors qu’il prouve régulièrement sa vitalité sur toutes les scènes artistiques des régions concernées ou tout simplement dans la vie courante. « Le picard ne meurt pas, il y a des salles pleines chaque fois que nous faisons des représentations en langue picarde », ont témoigné des artistes et des conteurs. Et contrairement à certaines régions qui soutiennent leur langue sur un fond de séparatisme politique, « la revendication du picard est purement culturelle. Elle n’implique aucun enjeu de pouvoir », a souligné Jean-Michel Eloy, professeur de linguistique à l’université de Picardie, directeur du Centre d’études picardes du laboratoire d’études sociolinguistiques qui a ouvert les Journées*. Jean-Michel Eloy prône un enseignement du picard, langue du dominé qui, après quatre siècles « de pression politique maximale », crée une identification négative. Mais, et c’est une de ses forces, à cause de cette mise à l’écart, le picard est une langue en liberté que les pouvoirs n’ont jamais investie. Parlée ou comprise par près de deux millions de personnes au sein d’une zone de sept millions d’habitants, elle est une des plus vivaces des langues régionales « endogènes » de France.

La langue peut devenir outil de développement économique. Dans une Europe où les régions sont confrontées à la concurrence, l’image, la notoriété deviennent enjeux de pouvoir. Le picard, dit Jean-Michel Eloy, « est un élément d’image très fort, disponible pour la modernité. C’est une langue de gens travailleurs, résistants, qui ont intégré les bases de l’immigration, qui sont plus malins qu’ils en ont l’air. Il faut rendre leur fierté à ces gens par une politique linguistique positive. Il y a 130 langues différentes parlées dans le Nord - Pas-de-Calais et qu’est-ce qu’on en fait ? Rien ». La langue, a dit Jacques Landrecies, maître de conférences en langue et culture régionales à l’université de Lille-III, « est un objet de savoir et c’est une réalité qui dérange ». Le picard peut devenir un outil incomparable d’insertion dans les régions industrielles sinistrées du Nord. L’expérience racontée par Pascal Laby, de l’Association pour l’insertion sociale d’Avesnes-lez-Aubert, auprès de 180 personnes montre que le picard a servi d’outil pédagogique, outil d’insertion sociale.

Organisées par les associations Insanne, le département langues et culture de Picardie du conseil régional et la maison de la culture du Hainaut, les Journées interrégionales ont ouvert une coopération inédite entre les trois régions en vue de la création d’un centre interrégional souhaité par Alain Bocquet, député communiste et président de la porte du Hainaut. La seule fausse note fut l’absence remarquée d’un représentant du conseil régional du Nord - Pas-de-Calais !

Jacques Moran/L'Humanité/08/12/2005
* Petit commentaire du responsable de ce blog (webmaster en français dans le texte) : en France, où règne le régime de la langue unique, demander un soutien public à une langue régionale, le picard, le breton ou une autre, est forcément un combat politique tellement la religion de la langue française est ancrée profondément dans les mentalités. Il est un peu naïf de croire que la langue picarde pourra survivre sans une action sur le terrain citoyen, donc politique. Les militants des langues régionales d'oïl, dont le picard et le gallo font partie, ont beaucoup de mérite car leurs langues, cousines du français, sont souvent assimilées à celui-ci, ou considérées comme des "patois" ou des "dialectes" du français alors que ce n'est pas le cas. Je suis toujours surpris, d'ailleurs, quand j'entends des militants de la langue bretonne, voire des bretonnants, qualifier le gallo de "dialecte"... Il y a peu encore, le breton était qualifié de "patois" sur un règlement de Wanadoo... Pas plus tard qu'hier et aujourd'hui, sur France Culture, j'ai entendu parler de "patois" dans la bouche de l'éminent historien Pierre Nora, et de "bas-breton" dans la bouche d'un critique littéraire du "Masque et la plume". Le "Bas-breton", késako ? Le terme est, pour le moins obsolète...
On est toujours le plouc - ou le patoisans - de quelqu'un.
Christian Le Meut