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28/12/2005

Nathalie Le Mel, un Bretonne à la tête de la Commune de Paris

Voici l’histoire surprenante d’une Bretonne, Nathalie Le Mel, née Duval, militante ouvrière qui s’est retrouvée à la tête de la commune de Paris. Nathalie Duval naît donc à Brest en 1826, sous le règne de Charles X. Elle se marie seize ans plus tard avec Jérôme Le Mel, en 1845 sous le règne de Louis-Philippe. Le couple a trois enfants, et il tient une librairie à Quimper, de 1849 à 1861. Nathalie Le Mel est une femme instruite avec des idées politiques de gauche, concernant, notamment, les droits des femmes.

Membre active de l’Internationale
En 1861, sous le règne de Napoléon III, le couple décide d’aller travailler à Paris. Là, Nathalie Le Mel devient relieuse. Les ouvriers n’ont pas le droit de créer de syndicats, alors elle participe à des “sociétés ouvrières” qui en font office. A l’époque, les femmes sont moins payées que les hommes (c’est encore le cas aujourd’hui, mais ce n’est plus légal). Nathalie participe activement aux grèves de 1864 et 1865 qui obtiennent, notamment, l’égalité des salaires pour les hommes et les femmes dans les ateliers de reliures. Elle est une membre active de la première internationale, créée en 1861 à Londres par Marx, Engels et Bakounine, pour rassembler les ouvriers du monde entier... Nathalie est placée à la tête d’un restaurant ouvrier, “La Marmite”, où l’on mange pour pas cher et où l’on parle beaucoup politique. Cela ne plaît guère à la police, qui la surveille, ni à son mari. Non seulement Jérôme Le Mel est devenu alcoolique mais il demande à sa femme de cesser ses activités politiques. Elle refuse, ils se séparent mais Nathalie continue de s’occuper des enfants.

Nathalie Le Mel sur une barricade
Guerre dans le couple, guerre dans le pays. Napoléon III déclare la guerre à l’Allemagne. Il est vaincu. La république est proclamée à Paris mais, rapidement, la commune de Paris refuse la politique du gouvernement de M. Thiers, qui se retire à Versailles. Nathalie Le Mel est une des femmes les plus actives de la commune des Paris. Elle créé l’Union des femmes qui y participe activement. Mais le gouvernement de Versailles envoie la troupe réprimer la commune de Paris. L’Union des femmes fournit des infirmières aux soldats communards. Mais les combats s’intensifiant, certaines femmes, dont Nathalie Le Mel prennent les armes et tiennent des barricades. La répression fait 20.000 morts. Nathalie Le Mel est arrêté, jugée, condamnée à la déportation à vie. Elle fait face à ses juges.

Déportée en Nouvelle-Calédonie et solidaire des Kanaks
Elle est déportée en Nouvelle-Calédonie dans le même bateau que Louise Michel. Les deux femmes sont amies, même si elles ne sont pas souvent d’accord. Louise Michel est proche des anarchistes, Nathalie est proche des socialistes... Louise Michel emporte avec elles dans son exil des livres en langue bretonne, pour apprendre la langue, notamment une grammaire, peut-être donnée par Nathalie Le Mel.  Nathalie reste six ans en Nouvelle-Calédonie, malade et éloignée de ses trois enfants... Elle est, comme Louise Michel, scandalisée par le traitement réservée à la population kanake : de plus en plus de terres sont prises aux Kanaks et les Français n’accordent aucun respect à leur culture. Étonnement, la majorité des communards déportés approuve la politique coloniale française... Pas Nathalie Le Mel ni Louise Michel. Cette dernière ouvre une école pour apprendre à lire et écrire à des enfants kanaks.

Une très longue vieillesse
Revenue à Paris en 1878, Nathalie Le Mel travaille comme ouvrière dans différents journaux. Toujours présente aux commémorations de la commune... Ses enfants morts, très pauvre elle-même, il n’y a quasiment plus personne pour s’occuper d’elle. Elle vit dans une pièce insalubre. Placée dans un hospice, elle y meurt le 25 mai 1921, au temps des cerises et à  l’âge de 96 ans.
L’histoire de Nathalie Le Mel est racontée dans un livre écrit par Eugène Kerbaul (décédé en août 2005) et intitulé : “Nathalie Le Mel, révolutionnaire et féministe”. Ce livre, édité à compte d’auteur, a été réédité par Le temps des cerises mais il est, hélas, épuisé... Il sera peut-être réédité en fin de cette année. Nathalie Le Mel n’a pas écrit ses mémoires. D’autres membres de la commune ont laissé des témoignages. Pas elle, et sa mémoire est un peu oubliée aujourd’hui. C’est dommage.
Christian Le Meut

Le livre "Nathalie Le Mel, une communarde bretonne, révolutionnaire et féministe" d'Eugène Kerbaul a été réédité aux éditions Le Temps des cerises,6 av. Edouard Vaillant, 93500 Pantin. Tél : 01 49 42 99 11.

http://www.letempsdescerises.net

Nathalie Le Mel, ur Vretonez e penn Kumun Pariz

Ur vuhez souezhus eo, buhez Nathalie Le Mel, ganet Duval. Ganet e Brest er bloaz 1826 ha dimezeet get Jérôme Le Mel e 1845... Ur stal levrioù oa bet dalc’het geti hag he gwaz e Kemper, e-pad daouzek vloaz, betek 1861, mare Napoléon an trived... Tri krouadur zo ganet en tiad-se. Ur vaouez desket oa  get sonjoù politikel ha sokial a gleiz, evit lakaat gwirioù ar merc’hed da vont araok, da skouer.

Nathalie hag he gwaz oa aet kuit evit moned da labourat e Paris e 1861. Du-hont Nathalie doa kavet ul labour evel “keinerez”. D’ar mare-se ne oa ket droad, e Frans, sevel sindikadoù. Kevredigezhioù, “sociétés” e galleg, veze savet neuze get ar vicherourion d’en em dolpiñ ha d’en em zifenn, ha Nathalie da vont e-barzh “kevredigezhioù” sort-se. D’ar prantad-se ar merc’hed veze paeet nebeutoc’h evit ar baotred. Ne oa na just, na reizh, met mod-se oa; dilezel eo hiziv an deiz me, neoazh, gobr ar merc’hed a chom izeloc’h evit gobr ar baotred. Nathalie Le Mel oa bet e penn an diskrogoù labour a oa bet dalc’het e Pariz er bloaz 1864 ha 1865. Hag a-gres d’an diskrogoù labour-se, ar merc’hed a laboure er stalioù “keinerezh” oa bet paeet evel ar baotred. Nathalie Le Mel oa daet da vout unan ag ar pennoù bras an Etrebroadel kentañ e Paris. An Etrebroadel oa bet savet e Londrez tri bloaz araok, get Marx, Engels ha Bakounine evit tolpiñ micherourion ar bed a-bezh.

E-penn “La marmite”
Goude-se, Nathalie Le Mel oa bet lakaet e-penn ur preti, anvet La Marmite. Ar stal se oa bet savet evit reiñ boued marc’hadmat d’ar vicherourion hag evit komz politik e-barzh. Ar bolis a daole ur sell ar-zu Nathalie hag he stal. Hag ar pezh a rae Nathalie ne blije ket tamm ebed d’he gwaz Jerôme, ivez. Hennezh n’doa troet fall : ul lonker bras oa daet da vout Jérôme Le Mel hag, oc'hpenn-se, eñ a faote paraat doc’h e vaouez a ober politik. Setu dispartiet an daou-se, pep hini d’e du. Met Nathalie a gendelc'he d’ober war dro he bugale.

Ur brezel etre Fransizion
Brezel oa er c’houplad-se, met brezel ivez etre Bro-Frans ha Bro Alamagn... Goude bout trec’het Napoléon an trived get an Alamaned, ar re-se oa erruet tro dro da Baris. Ar c’hrogadoù oa echu, ur republik oa bet savet e-lerc’h an impalerezh. Met kumun Paris ne oa ket a-du, tamm ebed, get gouarnamant an aotrou Thiers hag hennezh oa aet kuit betek Versailles e-lec’h chom barzh ur gerbenn en dispac’h... Ha Nathalie Le Mel, begon, startijenn geti c’hoazh, da sevel ur strollad evit ar merc’hed, “Unvaniezh ar merc’hed”, renet geti ha micherourezed all. Ar strollad-se a c’houlenne ingalded etre merc’hed ha paotred, hag ar justis sokial. Nathalie Le Mel oa unan a-verc’hed brudetan ar C’humun, get Louise Michel. Met ar gouarnamant staliet e Versailles ne faote ket dezhan lakaat Kumun Paris da vont araok; kaset n’doa an arme evit hi flastriñ... Ur brezel oa bet, etre Fransizion, Bretoned e-barzh, hag ar gumunarded da vout trec’het get an arme... Nathalie Le Mel hag he strollad merc’hed oa klandiourezed, kentoc’h. Met Nathalie doa dalc’het ur “barrikade” e-pad peder euriad, get merc’hed all, e tenniñ war ar soudarded.

Kaset da Galedonia Nevez...

Ur wezh echu ar Gumun, Nathalie Le Mel oa bet arrestet, barnet ha kondaonet da vout kaset da Galedonia Nevez get kumunarded all, ha chemel ase betek fin he buhez. Louise Michel ha Nathalie Le Mel oa bet kaset du-hont barzh ar memes bag. Louise Michel doa kemeret geti levrioù brezhoneg da zeskiñ hor yezh; ur yezhadur roet dezhi, marteze, get Nathalie Le Mel... Honnezh ha Louise Michel oa mignonnezed, met ne oant ket a-du kement-se. Nathalie oa tost d’ar sokialourion, ha Louise tostoc’h d’an anarkourion... Chomet int c’hwec’h vloaz er Galedonia Nevez. Nathalie oa klanv aliez, ha pell d’he bugale... Nathalie ha Louise oa bet spontet e wellet ar pezh veze graet d’ar re gKanak. Tapet veze dezhe muioc’h mui a zouar get ar Franzision hag ar re se n'o doa doujans ebet evit o sevenadur. Louise Michel 'doa savet ur skol evit deskiñ lenn ha skriv da vugale Kanak...

Marv d’an oad a 96 vloaz
Ur wezh deuet en dro da Baris, Nathalie Le Mel doa labouret e kazetennoù-zo. Met paour bras oa, ha klañv. Kaset oa bet d’an ospis. Nathalie oa erru kozh, met mont a rae bep bloaz da lidañ Kumum Paris. Trist eo bet fin he buhez. Marv oa he bugale ha ne oa ket kazimant den ebed evit ober ar he zro. Marv eo d'ar 25 a Viz Mae 1921, d’an oad a 96 vloaz. Istoer Nathalie Le Mel zo kontet barzh ul levr skrivet e galleg get Eugène Kerbaul hag anvet “Nathalie Le Mel, révolutionnaire et féministe”. N’he doa ket kontet he buhez he-unan dre skrid. Domaj eo.

Christian Le Meut

Eugène Kerbaul zo marv e miz Eost 2005. E levr zo bet adembannet get ar strollad : "Amis de la Commune de Paris", 46 rue des Cinq diamants, 75013 Paris.