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18/07/2006

Saint Zidane, tapez pour nous !

Sous le titre "Boule dure", le journaliste Eric Dupin livre dans son blog cette analyse des excuses de Zidane concernant son coup de boule lors du match de finale de la coupe du monde. Je me permets de le reproduire ici, en rappelant cette question subsidiaire : en agissant ici Zidane a-t-il contribué à faire perdre la coupe du monde à l'équipe de France ? La question mérite d'être posée, pourtant elle ne l'est pas, tellement certains médias idolâtrent le capitaine de l'équipe de France de football. Si tout celà ne concernait que le foot, je n'en parlerais pas. Mais l'affaire a pris une autre dimension, médiatique et politique, notamment dans notre rapport à la violence physique. Eric Dupin le décrit très bien ci-dessous. C. Le Meut.

    "Trois jours de réflexion n'ont pas permis à Zinédine Zidane de présenter son désormais fameux coup de boule de manière satisfaisante. En s'excusant auprès du public sans regretter lui-même son geste, le célèbre footballeur donne un signal négatif. C'est mal, mais je devais le faire, dit-il implicitement. "Zidane a voulu venger l'honneur de sa mère", peut titrer l'agence Reuters. Tant de violences sont justifiées au nom de "l'honneur". En assumant une violence physique répondant à une violence verbale, Zidane légitime la vieille loi du talion qui fait tant de mal à tous les niveaux, des rapports personnels aux relations internationales. Il reconnaît lui-même avoir réagi à une "provocation" sans toutefois déplorer être tombé dans ce piège. Beaucoup en retiendront qu'on a raison de "taper" quand on a été "traité". Et que la force vaut mieux que les mots. Sans parler de ceux qui pensent, avec un déterminisme sociologique épais, qu'on agit forcément ainsi lorsqu'on est issu d'une cité des quartiers Nord de Marseille.
    C'ette attitude est d'autant plus surprenante et regrettable que Zidane semble conscient des ravages de son geste. Il s'est particulièrement excusé auprès des "enfants" et des "éducateurs" en disant qu'il ne fallait "pas faire des choses pareilles". L'égocentrisme de ses explications - il n'a pas parlé des conséquences de son geste sur l'issue du match - et le refus de reconnaître son manque de sang froid vident cependant de portée ces belles paroles.
    A sa décharge, Zidane aura été encouragé dans le mauvais chemin par une certaine lâcheté ambiante. Alors qu'une majorité de sondés pardonnaient à l'idole, et même disaient comprendre son geste, chacun y est allé de sa présentation avantageuse. Bernard-Henri Lévy s'exclama, dans le Wall Street Journal ,"Ecce Homo": le coup de boule révélerait la troublante humanité du demi-dieu de stades. A la une du Monde, le romancier François Weyergans confia sa fascination pour cette "espèce de pulsion autodestructrice" en nous interdisant de juger le geste du héros. La classe politique a naturellement plaidé l'indulgence. Jean-Pierre Raffarin a déclaré sa flamme à cet "homme imparfait" tandis que Laurent Fabius saluait le pauvre "mortel". Et n'oublions pas l'essentiel: les précieux sponsors de Zidane l'ont assuré dés mardi de leur "soutien sans faille". Eric Dupin.

http://ericdupin.blogs.com/murmures/ 

Lire également le bloc du juge pour enfants Jean-Pierre Rosenczveig

http://jprosen.blog.lemonde.fr/jprosen/ 

 

Commentaires

" Nul n'est censé ignorer la loi".
Un classique. Le juridique du football ne permet pas depuis peu d'utiliser l'influence ou un harcélement moral pour faire basculer le match. A savoir que, l'arbitre a les moyens juridiques à sa disposition pour sanctionner le plongeon (imitation et corruption du jeu) et l'intimidation morale envers lui (insultes ou négations intempestives d'une faute commise). Mais les autres restent exposés à ce qu'y envers lui est considéré faute. Et les moyens de considérer la faute manquent. Si on considère que le mécanisme d'intimidation morale est un fait pour une personne dite morale sur le terrain, on peut penser que le mécanisme s'appliquerait aussi aux autres."Nul n'est censé ignorer la loi". Mais comment prouver ?
Or, certaines dispositions de l'organisme FIFA (mars 2006) entendaient contrôler l'intimidation morale du fait du supporter qui ne supporte pas son équipe mais intimide l'autre, ou du joueur qui ne joue pas mais déstabilise.
Mais comment prouver ?. Aucun dispositif n'était mis en place, alors que certains joueurs africains ou d'origine africaine face à l'harcélement moral et raciste trouvèrent la manière de protester qui consiste tout simplement à quitter le terrain et ne plus vouloir être en précense des délinquants de la parole et du geste.
Qu'aurait du faire Zinedine Zidane à quelques 10 minutes d'une finale de coupe du monde ? sortir du terrain ? appeller l'arbitre pour lui dire que si lui avait écouté les insultes, il aurait expulsé le joueur ? ronger son frein et faire une dénonciation par la suite ? venger l'affront par l'attaque physique ?
Qu'aurait pu dire Zinedine Zidane quelques jours après ? qu'il regrettait son geste ? que si cela était à refaire il ne le referait pas ? qu'il était dans un vide juridique et exposé à une violence d'ordre symbolique alors que celui qui fait la loi ne l'est pas. Cela amènerait-il à penser que ceux qui font la loi la font d'abord pour eux ? extrapolation hasardeuse ?

Écrit par : nevern | 18/07/2006

Vos explications sont intéressantes mais à la question "qu'aurait-il pu faire d'autre ?", il y a des réponses : ne pas passer à la violence physique, tout simplement et, en tant que capitaine, continuer à mener son équipe vers une éventuelle victoire sans prendre le risque de se faire expulser... Le coup de boule, en tout cas, a fait le jeu de l'équipe italienne.

Écrit par : christian | 19/07/2006

Pas forcément. Qui se rappellera de la victoire? Dans les sagas et autres traditions épiques, le héros est tué par un félon dont on ne chante pas la gloire. Le héros, lui, devient immortel...

Écrit par : Ingivaldur | 19/07/2006

Héroisme, peut-être. Cependant, nous privant d'une fête dite sportive ou patriotique, Zinedine Zidane aura certainement fait en sorte que quelques personnes respirent encore le lendemain. La fête aurait-elle tendance à dégénérer ?

Rappellez-vous le solde de victimes apres France-Portugal : 4 ou plus (?). En 1998, en France 1 (?). Augmentez le nombre d'invités chez vous pour une fête et vous aurez au moins deux coupes de champagne de cassées.

La tristesse et le final peu glorieux de cette finale de coupe du monde sur le gazon vert a-t-il épargné des drames hors du stade, ce dimanche-là ?. Je le crois intimement.

Ou quand le non dit de la violence dans le football ne s'exprime que hors du stade par comme disent les journaleux "quelques imbéciles qui ont gâché la fête".

Ou quand le dieu exemplaire devient bouc émissaire en dénoncant le monde de violence : arrêterait-il le mécanisme ?

Car dans cette histoire de violence et de principe et de plans sur la cométe, ils sont 4 ou 7 réellement (?) ceux qui ne sont plus là pour philosopher tranquillement avec nous. Ils sont partis pour une fête qui a dégénéré...aprés une victoire.

Saint Zidane pour avoir dit oui le monde du football est violent, priez pour eux.

Écrit par : nevern | 20/07/2006

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