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05/10/2005

An Turki en Europa ?

Komzet vez hiriv an deiz ag an Turki. Ar vro se ne vehe ket en Europa, hervez tud zo. Ha perak ta ?
Sonj m’eus ag ur veaj m’eus graet e bro Kosovo, e 1995. Bet oan bet er vro-se, a zo etre Albania ha Serbia, get mignonned din evit en en gavout get tu ag ar vro, Albaned dreist holl. Ur wezh, ni oa bet degemeret en un tiegezh e-lec’h ma veze komzet albaneg get an dud (hag a ouie komz serbeg ivez). Met ar vamm gozh a gomze ur yezh dizhenvel. Goulennet hon eus get he merc’h peseurt yezh oa : turkeg oa, hag honnezh a gomze turkeg ivez... Turkeg e vez komzet en Europa, abaoe pell.
Araok lâret n’emañ ket Bro Turki en Europa, ret eo sonjal ag an istor hag an douaroniezh . An istor da gomans : an Turked zo chomet er broioù balkanik e pad pemp kant vloaz, memestra. N’eo ket netra. An douaroniezh ar lerc’h : hervez tud zo, an Turki n’eo ket en Europa, hag ar Russia ? Al lodenn vrasan ag ar vro-se ‘zo en Azia... Hag, hiriv an deiz, ar Martinik, ar Réunion, ar Guadeloupe a zo en Europa unanvet. Hag an Turki ne vehe ket ?

Emen emañ harzoù Europa ?
Met petra eo an Europa, benn ar fin ? Desket m’eus, eldoc’h-c’hwi marteze, ez eus pemp douar bras, pemp kevandir, er bed : Europa, Azia, Afrika, Amerika hag Australia... Met, hervez ar geriadur galleg Larousse, un “douar bras”, ur “c’hevandir, zo un douar “e c’hellomp treuziñ war droad hep tremen dre mor ebed”. Amerika, Afrika hag Australia zo douareoù bras da vat e c’hellomp treuziñ anezhe war droad... Met Europa ? Emen eman harzoù Europa ? N’eus ket, nemet ar mor Mediterranée marteze, d’ar c’hreisteiz. Met, war zu ar reter, harzoù ebed. Tu zo monet a Vrest betek Pekin, Vladivostok, Hanoï, Singapour war droad pe get an treiñ, hep tremen dre vor ebet... “Eurazia” e vez graet ag an douar bras-se e levrioù zo. Hag ar wirionez zo gete. An Europa n’eo ket un douar bras.
Hervez ar pezh m’eus desket ar mennezhioù Oural ha Kaukaze vehe harzoù Europa : perak an Oural hag ar C’haukaze ? Perak pas ar Pireneoù pe an Alpoù ? Hervez an harzoù se an Tchétchénie emañ en Europa ha pas ar Georgie, nag an Arménie... Ne dalvont ket netra an harzoù se, da ma sonj-me.

Met perak o deus lakaet, hon gourdadeù, harzoù faos evel se ? An Europeaned o deus sonjet, e pad pell, oa an Europa e kreiz ar bed. Ne faote ket dezhe marteze bout keijet, mesket, get pobloù a Vro Sina pe a Vro India, heretik anezhe ouzhpenn !

Ar relijion ?
Ha, neuze, petra eo an Europa mard n’eo ket un douar bras ? Ul lodenn ag ar bed get un istor hag ur sevenadur da vat ? N’eo ket sur. Istor Finland hag hani bro Spagn pe Gresia zo dishenvel bras. Ar yezhoù ivez zo dishenvel bras. Petra a chom ? Ar relijion ? Gwir eo, kristenion a orin int, tud a chom en Europa, dreist holl, abaoe pell : met katoliked d'an tu, protestanted d'an tu all, pe ortodoxed c'hoazh, ha katared gwezhall... Met n’eo ket trawalc’h, d’am sonj. Protestanted ha katoliked a zo kristenion anezhe, hag o deus en em gannet meur a wezh, en Iwerzhon ha Yougoslavia, da skouer...
Met, abaoe hanter c’hant vloaz breman, Europa zo ul lec’h hag un dra resis : stadoù a labour asambles evit bout krenvoc’h. Ha, tamm ha tamm, kresket he deus Europa unanet. Get lezennoù evit ober war dro an ekonomiezh, diwall doc’h an natur, doc’h gwirioù mab den, gwirioù ar merc’hed, ar pobloù ha sevenadurioù "bihan", ha c’hoazh. Ur raktress politikel eo, benn ar fin, Europa. Ha, mard int a-du an Turked da respetiñ lezennoù Europa, perak ne vehent ket degemeret en Europa unanet a benn dek pe ugent vloaz ? Labour zo gete c’hoazh evit lakaat o pro da vout un demokratelezh da vat... Sur eo, ha plas an arme ‘zo re vras c’hoazh er vro-se...
Met, mard a ya araok an Turki war an tachennoù- se, perak nompass degemer ar vro-se en Europa un deiz bennak ?

Christian Le Meut

04/10/2005

La Turquie, pas en Europe ?

Le débat sur l’admission ou non de la Turquie dans l’Union européenne m’a rappelé une rencontre faite lors d’un voyage au Kosovo. Le Kosovo est en Europe, entre l’Albanie et la Serbie. J’y suis allé en 1995 avec des amis et, un jour, nous avons été accueillis par une famille dans la ville de Prizren, au sud du Kosovo. Cette famille albanaise parlait donc l’albanais et nous communiquions en anglais avec la jeune femme qui nous avait invités. Mais la mère de celle-ci, la grand-mère donc, parlait une autre langue, inconnue de nous. Le turc, langue quotidienne dans cette famille. Cette langue est encore parlée dans ce coin de l’Europe depuis des siècles. La Turquie ottomane a occupé le Kosovo et les Balkans pendant environ cinq siècles, pas moins...

Avant d’affirmer, comme le font certains opposants à son entrée dans l'Union européenne, que la Turquie n’est pas géographiquement en Europe, il faudrait peut-être repenser nos façons de voir l’Europe. Vous avez sans doute appris à l’école, comme moi, que la Terre compte cinq continents : Asie, Europe, Afrique, Amérique et Océanie... Mettons. Mais, si je lis bien la définition de ce qu’est un continent dans mon dictionnaire Larousse, je découvre ceci : “Vaste étendue de terre que l’on peut parcourir sans traverser la mer”. La définition correspond à peu près pour l’Australie, l’Amérique et l’Afrique, mais pas pour l’Europe et l’Asie... Qui ne font qu’un ! On peut les parcourir de Brest à Pékin, de Lisbonne à Vladivostok, sans traverser aucune mer.

Un "continent européen" ?
Le “continent” européen, d’un point de vue géographique, est une vue de l’esprit. Certains atlas utilisent d’ailleurs le nom Eurasie pour définir ce vaste continent qui va de Brest à Hanoi. Et c’est eux qui sont dans le vrai.
Nous avons appris que l’Oural et le Caucase sont les frontières Est de l’Europe... Mais au nom de quoi ? Pourquoi pas les Pyrénées ou les Alpes ? D’après ces frontières virtuelles la Tchétchénie se trouve donc en Europe, mais pas l’Arménie ou la Géorgie voisines... Si la Turquie n’y est pas, la Russie y est-elle ? La majeure partie de la Russie est hors de l’Europe. Par contre la Guadeloupe, La Réunion, La Martinique, Mayotte, la Guyane sont dans l’Union européenne. On y paye ses achats en euro... Et la Turquie ne pourrait pas entrer dans cette Union ?
Les frontières de l’Europe géographique n’en font pas un continent. Pourquoi nos ancêtres les ont-elle inventées, alors? Parce qu’ils pensaient, peut-être, être le centre du monde ? Pour ne pas se mélanger avec ces populations hérétiques qu’étaient les Arabes, Turcs et autres Chinois ? Peut-être aussi pour s’auto-persuader que l’Europe est réellement un continent, avec sa propre entité, sa propre unité... Sa propre supériorité ?

Quelle unité européenne ?
Mais qu’est-ce que l’Europe, si elle n’est pas géographique ? Un patrimoine historique ? L’histoire de la Finlande et celle de l’Espagne n’ont sans doute pas grand chose en commun. Linguistique ? Là aussi la diversité est de rigueur... Religieuse ? Certes, l’histoire européenne est marquée par le christianisme (catholique, orthodoxe, protestant, mais aussi cathare, etc), mais le judaïsme et l’islam y ont aussi eu leur place, ainsi que l’athéisme et les religions pré-chrétiennes, celtes, romaines, grecques... Et puis l’on constate également que les Chrétiens entre eux savent très bien se faire la guerre comme l’ont démontré les Irlandais du Nord, les Serbes et les Croates, ces dernières décennies, ainsi que les multiples guerres de religion qui parsèment l’histoire européenne...

Un projet politique
Alors, quelle unité ? Politique ? Non, républiques et royaumes se côtoient... Démocraties et dictatures aussi.
Mais depuis 50 ans cependant, l’Europe signifie quelque chose. Des Etats démocratiques se mettent ensemble pour bâtir un espace économique mais aussi politique. Ils élaborent des lois sur le commerce, sur la monnaie, les droits de l’Homme, l’environnement, les conditions de travail. L’Europe prend corps et, depuis tout ce temps, elle a maintenu la paix en son sein (mais elle n'y est pas forcément parvenue dans les Balkans)... Alors pourquoi ne pas accueillir, même dans dix ou vingt ans, la Turquie si ce pays accepte de respecter les règles européennes ? S’il avance dans le respect des droits humains, s’il aménage les droits de ses minorités que sont, notamment, les Kurdes ? Certes, l’armée turque a encore une trop grande place dans les institutions turques, les droits de l'Homme et de la Femme n'y sont pas encore garantis, mais ce pays modifie ses lois, depuis des années, pour correspondre au cadre européen, aux lois de l'Union européennes. La situation peut évoluer dans un sens positif et la Turquie peut entrer dans l’Union européenne.
Cela dépend aussi de nous.
Christian Le Meut