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28/12/2006

Etats-Unis : un étonnant symbole

Comme vous l’avez sans doute compris en lisant ce blog : les symboles nationaux sont pour moi choses sacrées. Je chante tous les jours la Marseillaise et le Bro gozh ma zadoù (l'hymne breton) au garde à vous sous la douche. Je vénère le drapeau bleu blanc rouge et le Gwenn ha du (drapeau breton), et je suis pour le classement comme espèces protégées du coq gaulois et de l’hermine bretonne... En faisant des recherches sur internet pour cette chronique, d’ailleurs, j'ai découvert avec étonnement que l’hermine, bretonne ou pas, n’est pas considérée comme une espèce protégée en France et peut être chassée, mais en matière de symboles nationaux sacrés, je dois avouer un autre récent étonnement...

Vous connaissez sûrement le symbole des Etats-Unis, ce bel aigle qui figure sur les billets verts et qui déploie son aile protectrice sur le monde entier. En voilà un beau symbole, l’aigle. Un animal courageux, chasseur habile et émérite, maître des airs et fidèle en amour puisqu’il semble que les couples d’aigles s’unissent pour la vie...

Un animal noble donc. Or qu’ai-je appris dans l’hebdomadaire Courrier International du 23  novembre dernier, sous la plume d’une scientifique étasunienne, Catherine Raven ? Eh bien, que l’aigle étasunien n’est pas un aigle mais plutôt un vautour ! Les deux espèces font partie de la même famille d’oiseaux, mais les vautours ont une capacité plus développée que les aigles à se nourrir de... charognes, d’animaux morts ou presque. Et ils sont moins bien adaptés pour la chasse que les aigles, d’après cet article.

medium_pygargue140.2.jpgCharognard, voleur, lâche...
L’oiseau symbole des Etats-Unis est donc un charognard. Des charognards, il en faut dans la nature pour s’occuper des animaux morts mais de là à en choisir un comme symbole national, il y a une marge. D’autant que ce charognard là à d’autres mœurs que la morale humaine réprouverait. Ainsi, il attaque certains autres oiseaux, plus petits que lui, pour leur voler leurs proies. Évidemment le pygargue ne se permet pas ce genre de fantaisie avec son cousin l’aigle royal, vivant dans les mêmes contrées... Un peu couard, le symbole. Il va bien à la pêche au saumon, mais il prend surtout ceux qui ne bougent plus trop, à moitié morts, épuisés par leur migration. Un peu fainéant, en plus, le pygargue...

Encore mieux, le pygargue va parfois chercher sa pitance chez les voisins, mangeant leurs œufs, leurs petits, ou la nourriture qui leur est destinée. Sympa, comme voisin, le pygargue....  Et ce n’est pas fini. Il semble que ce sympathique animal se délecte du vomi de vautour. Du  moins d’après l’article de Courrier international qui ne précise pas comment il s’y prend pour faire vomir ses petits camarades à plumes...

Voleur de proie, fainéant, charognard, pilleur de nid, amateur de vomi : tels sont les mœurs de l’oiseau symbole des Etats-Unis. Il fut choisi par un des premiers président de ce pays, Thomas Jefferson, alors même que des scientifiques de l’époque, comme Benjamin Franklin s’étaient élevé contre ce choix. Le célèbre savant américain, qui a débarqué à Auray il y a 230 ans afin de demander l’aide du roi de France face aux Britanniques lors de la guerre d’indépendance, Benjamin Franklin donc avait qualifié le pygargue à tête blanche de “couard lamentable”.

Le goéland démasqué
Drôle d’animal pour un symbole ! Comme si nous, Bretons, avions choisi le goéland, par exemple. Il présente bien, le goéland, comme ça, vu de loin. Mais vu de près c’est autre chose. Le goéland est aussi un oiseau qui préfère piller les nids des voisins, manger leurs petits ou leurs œufs, plutôt que de pêcher. Ou faire les poubelles. Ou encore attaquer d’autres oiseaux, comme le cormoran, pour leur faire dégurgiter leur pêche, comme je l’ai déjà vu faire. Ou encore, se nourrir de charogne, voire de charogne humaine comme les corps des noyés.  Il paraît que les goélands se précipitent d’abord sur les  yeux, très bons manger... Ouf, nous sommes passés à côté d’un symbole catastrophique.

Vu de loin, et pris pour un aigle le pygargue peut passer pour un symbole de puissance, mais ses mœurs peuvent tout autant symboliser, en négatif, la politique des Etats-Unis qui captent une grande partie des richesses de la planète à leur profit et gaspillent plus d’énergie que les autres. Loin de moi l’idée cependant que ce symbole négatif puisse caractériser l’ensemble de la population des Etats-Unis qui a, à plusieurs reprises, fait montre de son courage.

Un président déplumé 
Mais quand je vois le regard bête du pygargue à tête blanche, il me fait penser à quelqu’un de connu... Mais à qui donc ? Ah oui, peut-être bien à Georges Bush. Ce pygargue là a perdu quelques plumes aux dernières élections américaines (et en Irak, et lors  de la catastrophe du cyclone Katrina et...), mais il va planer encore deux ans au dessus de nos têtes avant de retourner dans son nid texan. Même déplumé, en deux ans, il a encore le temps de nous démontrer sa capacité de nuisance. Garez vos plumes !

Christian Le Meut