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23/09/2008

Noms, sacrés noms...

La version bretonne de cet article, parue en mars 2005, suscite actuellement des commentaires. Je  l'ai donc rééditée, ainsi que la version en français, que voici.

"J’ai commencé à parler breton début 2002 et je découvre, petit à petit, le monde des bretonnants. Commencer à parler une langue, à la lire, à comprendre les gens qui la parlent, à être compris soi-même, est un grand plaisir. Avec la découverte de la langue elle-même, vient la découverte d’un univers, d’une façon de voir le monde, d’une culture qui fut celle de mes ancêtres jusqu’à mes quatre grands-parents.

Mais il y a aussi la découverte, collatérale, des us et coutumes du monde bretonnant. Ainsi, j’ai découvert qu’il fallait “bretonniser” les noms de familles, et donc le mien... J’ai commencé à envoyer des articles en breton à tel ou tel journal, en les signant de mon nom, et j’ai eu la surprise, une fois imprimé, de voir mon patronyme transformé sans qu’on m’ait demandé quoi que ce soit. A la place de Christian Le Meut, j’ai eu droit à du Christian Meut, ou du Christian Ar Meut... Cachez donc ce “Le”, trop français, que nous ne saurions voir... Une revue m’a indiqué que si je voulais continuer à écrire dedans (bénévolement je précise), il fallait “bretonniser” mon nom. Mon nom ne ferait pas assez donc breton : ça alors ! Et comme je suis un peu têtu, j'ai dit non. Non. NON. NANN.

Cristiano El Moto ?
Voilà une vingtaine d’années que j’écris des articles, c’est d’ailleurs mon métier, et certains ont été traduits en espagnol, en allemand, en anglais... Mon nom n’a pas été changé pour autant, pour devenir “Cristiano El Moto” ou “Chris The Meuth”... Mais c’est ainsi dans le monde des bretonnants, si vous avez un petit quelque chose de trop français dans votre nom, il faut le “bretonniser” d’urgence. Et, dans ce sport là, l’injustice est de mise car il en est qui doivent changer leurs noms et d’autres qui n’ont rien à changer dedans...

Mais, si l’on admet ce principe de bretonnisation, comment le mettre en application ? Si je suis Christian Le Meut selon l'Etat civil français, comment traduire cela en breton ? Kristen (équivalent du "Christian" français) ar Maout, Kristen Meut; Kristen Er Meut... “Maout”, signifie “bélier”, en breton vannetais mais, du côté de Crac’h et de Ploemel, près d’Auray, où sont nés mes grands-parents, ont dit plutôt “meuw” que “meut”. Qui donc choisira la meilleure traduction et prononciation ? L’Office de la langue bretonne, l’université de breton de Rennes ou celle de Brest ? Ces professeurs éméritees et spécialistes ne sont pas toujours d’accord entre eux...

Et si l’on bretonnise les noms de familles d’un côté, pourquoi ne pas les franciser de l’autre ? Mon nom de famille signifierait donc “le bélier” ou “le mouton”. Comment choisir ? Selon les dictionnaires, ce mot peut aussi désigner un “champion”, puisqu’un mouton était, et est encore (mais ne le répétez pas à Brigitte Bardot), donné au champion de lutte bretonne ayant gagné un tournoi... “Champion”, ce ne serait pas mal sauf que, comme il est également question de bêtes à cornes, un de mes dictionnaires bretons indique une autre traduction : “cocu”...

Effacer la part française ?
Dur dur, donc, de franciser comme de bretonniser. Les noms de familles, comme ceux de lieux, sont le fruit de longs processus historiques, familiaux, culturels. Si j’en crois le mien, je suis donc d’origine un peu chrétienne du côté de mon prénom, breton du côté de mon nom de famille mais avec une part française... Et c’est tant mieux. Car quelle est donc cette idée de vouloir “bretonniser” les noms, qu’est-ce que cela signifie ? Pourquoi chercher à effacer, à couper, à nier ainsi, une partie de notre identité ? Ce type de procédé a été utilisé contre la langue bretonne pour l’effacer du paysage, et c’est justement une bonne raison de ne pas l’utiliser à nouveau contre, cette fois, notre part française (et nos autres parts !).

Alors comment résoudre le problème ? Et bien en laissant les noms da  familles tels qu’ils sont et en laissant chacun libre des les “bretonniser” ou pas, et de signer à sa guise... Mais, en continuant de chercher, j’ai découvert récemment que mon nom de famille pourrait venir du gaulois, via le breton ! Voilà l’idée : le gaulois étant une langue celte, ancêtre commun à la langue bretonne et à la langue française. Pourquoi ne pas “gauloïser” plutôt les noms de familles ? Mais comment ? Eh bien à la façon d’Astérix, pardi, et c’est signé :

Christianix Le Meutix